L'Appel de Cthulhu de H. P. Lovecraft
“ Je prie seulement, au cas où je ne survive pas à ce manuscrit, que mes exécuteurs fassent passer la prudence avant le risque, et s'efforcent qu'il ne tombe sous aucun œil. ”
La difficulté en abordant les récits de Lovecraft est de savoir par où commencer tant ses œuvres sont nombreuses et complexes, la plus emblématique doit pourtant être L'Appel de Cthulhu publié en février 1928 dans le magasine Weird Tales.
La nouvelle s'implante dans un cycle intitulé le Mythe de Cthulhu, composé de six histoires : Dagon (1917), L'Appel de Cthulhu (1926), l'Affaire Charles Dexter Ward (1927), l'Abomination de Dunwich (1928), les Montagnes hallucinées (1931), Dans l'abîme du temps (1936) et le Cauchemar d'Innsmouth (1936).
Résumé détaillé
L'intrigue non linéaire nous amène à découvrir l'enquête du défunt professeur en langues sémites George Gammell Angell dont les documents ont étés confiés à son petit-neveu, narrateur du récit, essayant de découvrir ce sur quoi enquêtait son oncle avant son décès soudain.
Parmi les documents recueillis par Francis Wayland Thruston, le petit-neveu s'avérant aussi être anthropologue, se trouve un manuscrit portant le titre Le Culte de Cthulhu, des coupures de presse et une statuette représentant une sorte de chimère entre dragon, humain et poulpe.
Le manuscrit débute avec la rencontre du sculpteur de la statuette, Henry Wilcox, un jeune artiste disant avoir réalisé la statuette suite à un rêve angoissant. Ce rêve étrange représentait une cité perdue, recouverte de vase, à l'architecture invraisemblable et obscure. D'abord sceptique, Angell va devenir de plus en plus sensible au discours du sculpteur, pensant que le rêve et la sculpture pourraient avoir un lien avec un ancien culte païen. Ils vont se rencontrer à plusieurs reprises jusqu'à ce que Wilcox soit prit d'une crise de délire, entendant les pas d'une créature gigantesque.
Dans la seconde partie du manuscrit, un inspecteur de police, John Legrasse, entre en contact avec Angell au sujet d'une statuette réalisée dans un matériau inconnu, trouvée lors d'un assaut contre une secte vaudou se livrant à des sacrifices humains. Les suspects incarcérés, l'un d'eux confessera que la secte vénère les "Grands Anciens", dieux venus des étoiles venus il y a des milliers d'années et dormant désormais sous la terre et la mer. Ce culte aurait la capacité de se répandre à travers le monde, comme en témoigne le Necronomicon, grimoire ancien écrit par Abdul Alhazred.
Thurston, en découvrant l'existence de la secte, s'interroge sur la possibilité que son oncle ait pu être assassiné par un membre du culte en raison de son enquête.
La troisième et dernière partie du récit explique comment Thurston découvre un article de journal australien relatant un accident en mer ayant causé la mort étrange de tout un équipage, à l'exception d'un rescapé. Thurston voyage jusque Oslo où il découvre le journal du survivant. Gustaf Johansen, un marin norvégien, explique que son navire, l'Emma, alors dans l'Océan Pacifique, croise la route d'un yacht avec à bord des individus agités donnant l'ordre à l'Emma de faire demi-tour. Après avoir refusé, une bataille s'ensuit et l'équipage survit. Curieux de découvrir la raison pour laquelle le yacht insistait pour qu'ils partent, l'équipage poursuit son chemin.
L'équipage découvrir une île étonnante sur laquelle se trouve une étrange cité, l'équipage ouvre une porte et sans le savoir, libère un des Grands Anciens, Cthulhu. En le voyant, deux des hommes meurent de peur, trois autres meurent sous ses griffes. Johansen parvient à se sauver avec un autre membre de son équipage, qui mourra par la suite sur le bateau.
Johansen, avant de mourir, confit son journal à son épouse qui le donnera ultérieurement à Thurston. Ce dernier comprend que, tout comme son oncle, Johansen s'est probablement fait tuer. Il réalise également qu'il est lui-même en danger.
Avis
Considéré comme un classique de la littérature d'horreur et de ce qui sera qualifié par la suite de science-fiction, L'Appel de Cthulhu est une œuvre à part, frappante par son aspect sérieux et crédible, deux éléments importants dans l'écriture de Lovecraft. Appliquant une écriture journalistique sur des éléments mystérieux et obscures. Cthulhu, créature gigantesque et terrifiante, cruelle aussi, n'a absolument rien qui l'approche de l'Homme, donnant ainsi une sensation de fin du monde à la fin du récit, où le lecteur comprend que la libération du dieu ne peut que signifier la fin de la race humaine.
Toutefois, il est important de noter que les récits de Lovecraft reflètent aussi la mentalité d'une époque (il dit pas mal de trucs racistes/misogynes quand même), c'est pourquoi, même si je reconnais les qualités littéraires et horrifiques de ses récits, je peux difficilement dire qu'il s'agit d'un livre à lire absolument.
Édition
Édité très régulièrement dans diverses maisons d'éditions françaises, je me suis dirigée chez les Éditions Points pour cet achat. Publié en 2020 pour un prix de 7,10€, le petit ouvrage aux belles dorures en couverture présente une apparence rappelant les affiches d'anciens films de science-fiction.
5 notes
·
View notes
L'épi naissant mûrit de la faux respecté ;
Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été
Boit les doux présents de l'aurore ;
Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,
Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui,
Je ne veux point mourir encore.
Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort :
Moi je pleure et j'espère. Au noir souffle du nord
Je plie et relève ma tête.
S'il est des jours amers, il en est de si doux !
Hélas ! quel miel jamais n'a laissé de dégoûts ?
Quelle mer n'a point de tempête ?
L'illusion féconde habite dans mon sein.
D'une prison sur moi les murs pèsent en vain,
J'ai les ailes de l'espérance.
Échappée aux réseaux de l'oiseleur cruel,
Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel
Philomèle chante et s'élance.
Est-ce à moi de mourir ? Tranquille je m'endors
Et tranquille je veille ; et ma veille aux remords
Ni mon sommeil ne sont en proie.
Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux ;
Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux
Ranime presque de la joie.
Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !
Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin
J'ai passé les premiers à peine.
Au banquet de la vie à peine commencé,
Un instant seulement mes lèvres ont pressé
La coupe en mes mains encor pleine.
Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson,
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,
Je n'ai vu luire encor que les feux du matin ;
Je veux achever ma journée.
O mort ! tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ;
Va consoler les cœurs que la honte, l'effroi,
Le pâle désespoir dévore.
Pour moi Palès encore a des asiles verts,
Les Amours des baisers, les Muses des concerts ;
Je ne veux point mourir encore. »
Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois
S'éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix,
Ces vœux d'une jeune captive ;
Et secouant le faix de mes jours languissants,
Aux douces lois des vers je pliai les accents
De sa bouche aimable et naïve.
Ces chants, de ma prison témoins harmonieux,
Feront à quelque amant des loisirs studieux
Chercher quelle fut cette belle.
La grâce décorait son front et ses discours,
Et comme elle craindront de voir finir leurs jours
Ceux qui les passeront près d'elle.
André Chénier, La Jeune Captive.
8 notes
·
View notes
Partie d'Echecs
Nouvelle du : 08/10/22.
Défi : Une image aléatoire à décrire dans une nouvelle.
Je me tins face à un homme âgé en costume trois pièces qui avait une longue cravate noire. Il avait les traits amicaux mais il semblait fatigué. Il me sourit et se décala d’un pas sur sa gauche, me laissant l’accès à la porte qu’il gardait. Il s’inclina légèrement dans ma direction et fredonna :
« Bonne chance, Monsieur. »
Je restai immobile, ne sachant à quoi m’attendre.
La porte était dans un bois ancien mais elle était entourée d’un gigantesque mur blanc et tellement lisse que s’en était surréaliste. J’avais le sentiment que quelque chose de terrible m’attendait derrière, mais que pouvais-je faire d’autre qu’entrer ? Revenir sur mes pas ? Ma marche jusqu’ici, dans un océan de vide blanc avait duré des heures et bien que cet endroit me terrifiât davantage que ma route, il était le signe que je n’étais pas perdu dans le néant.
Je tournai la poignée prudemment, puis, l’homme en costume partit dans la direction d’où je venais. Je poussai la porte qui ne fit aucun bruit. Tout n’était que silence ici… Quand je franchis le seuil, j’examinai ce lieu nouveau et tout aussi absurde que le reste.
C’était une pièce faite de carreaux noirs et blancs de la taille d’une main, comme sur un échiquier géant. Au sol étaient tracées des lignes verticales noires et blanches et il en était de même sur les murs, mais de façon horizontale. La salle était grande et cubique. Sur ma droite, des fenêtres sans vitre laissaient passer un filet de lumière qui provenait de je ne savais où… Le soleil n’existait pourtant pas ici. Au fond de cet endroit de folie, il y avait une petite table de marbre, placée de façon horizontale. Derrière elle, deux femmes se tenaient devant une sortie aux ténèbres insondables. Le plafond au-dessus de celle-ci dessinait une arche d’escaliers à l’envers.
J’eus alors une impression étrange, comme si j’étais observé. Je tournai la tête sur ma gauche et m’aperçus qu’un autre homme était à mes côtés. Son visage plongé dans l’incompréhension m’indiquait que lui aussi était dans la même situation que moi. Il était un autre endormi.
Les deux femmes prirent alors la parole à l’unisson dans une parfaite coordination :
« Je vous en prie, approchez. »
Elles avaient toutes deux la même tenue élégante. Une robe longue au bas épineux qui touchait le sol et des gants qui remontaient jusqu’à leurs avant-bras. La seule différence entre leurs deux tenues se trouvait dans la couleur. Celle de droite était entièrement faite d’un blanc des plus purs, tandis que celle de gauche était d’un noir d’une profondeur absolue. En outre, les cheveux noirs de la femme en blanc tombaient sous ses épaules et il en était de même pour les cheveux blonds de la femme en noir. Elles se placèrent devant la table de marbre blanc et elles tendirent leurs mains dans notre direction.
L’inconnu et moi échangeâmes un regard inquiet, puis, nous avançâmes vers la femme qui nous regardait. Arrivé à distance de ses mains, la femme en blanc passa ses bras autour de ma nuque, puis elle m’embrassa tendrement sur la bouche. La femme en noir fit de même avec l’inconnu. J’étais perdu, mais ce baiser fut d’un réconfort étrange malgré le fait que les lèvres de celle qui m’avait choisi étaient gelées. Elle recula légèrement son visage, toujours accrochée à moi, et planta ses yeux amoureux dans les miens durant quelques secondes. Ils étaient d’un bleu plus clair qu’un ciel d’été. Les paupières à demi fermées, elle murmura à l’unisson avec son alter ego :
« Mon roi, que la victoire soit votre ! »
Puis, nos reines nous tirèrent vers les extrémités de la table rectangulaire. J’étais face à l’inconnu, tandis que les femmes étaient placées sur ma droite, entre l’édifice de marbre et la porte des abysses.
C’est alors qu’un plateau d’échecs apparut progressivement sur la table, comme s’il avait toujours été là mais que nous ne le voyions pas. J’étais du côté des blancs et l’inconnu, du côté des noirs. Je posai mes mains sur les coins de la table et examinai mon adversaire. Il était plus déstabilisé qu’avant. « Un novice ? » pensai-je. J’en étais un également, mais j’avais déjà joué quelques parties contre mon grand-père par le passé. J’étais mauvais et je ne pouvais que prier pour que mon adversaire le soit davantage. Cependant, je connaissais quelques coups stratégiques. Ma reine plaça ses deux mains sur mon épaule droite, puis elle déposa son menton dessus. Le regard plongé sur mon visage, elle souffla sur ma joue d’une voix généreuse :
« Les blancs commencent, mon roi. C’est aussi bien une bénédiction, qu’une malédiction… Faites-en sorte que cela nous procure un avantage. »
En m’embrassant, elle me laissa une trace de rouge à lèvre noir sur la joue, puis elle posa la sienne sur mon épaule pour observer le plateau de jeu.
J’étais hésitant. Qu’arriverait-il au perdant ? Cette dimension étrange ne semblait pas tendre avec ses invités et je me jurai de gagner cette partie, coute que coute. Je fis une ouverture à deux pions, devant les cavaliers pour libérer mes fous et la femme m’embrassa la joue de nouveau.
C’était au tour de l’inconnu de jouer. Sa reine vint se placer auprès de lui exactement de la même manière que la mienne l’avait fait pour moi. Mais elle lui murmura autre chose :
« Mon roi, l’ouverture de votre adversaire en dit long sur ses intentions. Au jeu du plus fou, c’est celui au galop qui remporte la victoire…
— Je ne sais pas jouer aux échecs. » paniqua l’inconnu.
Mais sa reine n’eut aucune réponse à lui donner. Sans l’embrasser, elle posa sa joue sur son épaule pour observer le plateau.
L’inconnu passa ses mains au-dessus de toutes ses pièces. Il gigotait ses doigts et réfléchissait intensément. Il ne savait que faire. Il attrapa le pion devant son cavalier et il l’avança d’une case. À ce moment, la femme en noir retira sa joue et ses mains de son épaule, puis, l’air sévère, elle lui asséna une gifle spectaculaire. L’homme laissa s’échapper un souffle de douleur, se tenant le visage à l’endroit de l’impact et le regard affolé dans la direction de sa reine. Après quoi, la femme reprit sa position sur son épaule.
Ce jeu n’était pas qu’une simple partie d’échecs. J’en étais persuadé maintenant. Les entités qui nous accompagnaient, quelle qu’elles soient, n’étaient pas ici pour notre simple plaisir. Elles étaient là pour que l’on gagne, ou que l’on meurt.
Je regardai ma dame qui avait tourné son visage vers le mien. Je sentais son souffle chaud contre ma peau tandis qu’elle avait encore la même attitude amoureuse à mon égard.
« Mon roi, avez-vous compris l’erreur de votre adversaire ?
— Oui, ma reine. »
Je déplaçai mon fou sur la case dégagée par mon pion et j’eus alors la tour de l’ennemi dans ma ligne de mire… La femme en blanc m’embrassa sur la joue.
C’était de nouveau au tour de l’inconnu de jouer et il était plus réticent qu’avant. Le stress lui tiraillait l’estomac tandis que je restai confiant. Perdre une tour sans prendre la pièce qui l’avait volée était généralement très mauvais signe pour la suite. Cependant, il y avait une action toute simple qui pouvait le sortir de cette situation et j’espérai qu’il ne la voit pas. Sa reine lui susurra d’un ton attendrit :
« Mon roi, perdre une tour est mauvais présage. Perdre un tour est inconcevable. Vos soldats n’attendent qu’à donner leur vie pour vous. »
Il laissa s’échapper la tension qu’il ressentait dans un souffle, puis, il déplaça, comme je l’avais fait, son fou sur la case dégagée par son pion. Le pauvre ne savait vraiment pas jouer aux échecs… En tentant de défendre sa tour, il me donnait son fou en plus de la pièce convoitée. La reine en noir recula son visage de l’épaule du malheureux et ce dernier mit ses mains en barrière pour ne pas recevoir de gifle. Énervée, la reine lui envoya un coup de poing dans le ventre et l’homme se tordit de douleur. Ces femmes semblaient être dotées de plus de force que ce qu’elles auraient dû. Elles étaient belles avec une taille de guêpe, et pourtant, elles arrivaient à blesser fortement un homme en bonne santé. Quand l’inconnu se redressa, sa reine posa de nouveau sa joue sur son épaule mais il la craignait désormais. Il n’était plus apaisé par la présence de sa dame…
« Continuez ainsi, mon roi, et je vous épouserai. » me dit ma reine.
Évidemment, je pris le fou de l’inconnu, comme prévu. Là, ma dame me saisit le visage entre ses mains et elle m’embrassa vigoureusement. Ses lèvres étaient plus chaudes que lors de notre premier baiser et j’eus un sentiment étrange mais agréable, comme si mon cœur s’était embrasé rapidement avant de refroidir.
La partie continua un moment. L’inconnu avait pris une pléthore de coups et il saignait du nez. Il était avachi sur la table, pour garder la force de tenir debout. Sa reine ne se donnait même plus la peine de venir sur son épaule, tandis que la mienne était collée à mon dos, accrochée à mon torse et la joue dans le creux de mon cou. Elle ne me tenait pas rigueur de la perte de quelques pièces car elle comprenait que je les sacrifiais par stratégie.
C’est alors qu’après que sa reine eut pris la parole, l’inconnu avança son autre fou au centre du terrain. Il serra les dents et ferma les yeux, prêt à recevoir sa punition, mais sa dame lui déposa son premier baiser sur la joue. Surpris, je m’aperçus qu’il avait piégé ma tour alors qu’elle était centrale dans mon plan de jeu. Je commençai à stresser. Déstabilisé par ce manque d’anticipation, ma respiration s’accéléra. Mon regard se perdait sur toutes les pièces du plateau. Non… S’il prend ma tour, ce fou aura le champ libre sur mon terrain ! Ce sera un véritable massacre ! Je ne voyais aucune échappatoire et il se pouvait bien que je perde la partie sur ce coup de maître qu’avait exécuté mon adversaire. Ma reine me murmura alors, d’une voix plus fleurie qu’au départ :
« Mon roi, votre reine est toute à vous. Elle vous soutiendra dans les moments difficiles et elle vous montrera le droit chemin lors de vos manquements. »
Et je compris enfin :
Ce jeu n’était rien d’autre qu’un jeu d’écoute. Nos reines nous prodiguaient des conseils énigmatiques qu’il fallait savoir déchiffrer pour mener les coups justes. Elles n’étaient pas de bonnes joueuses d’échecs, mais elles étaient toutes deux en symbiose et elles connaissaient parfaitement les coups de l’adversaire. Le vainqueur était celui qui tendait l’oreille et non le maître des échecs. Mon amour me parlait d’une reine de soutient et de droit chemin. Je pris ma reine sur l’échiquier, puis je l’avançai dans le camp ennemi, prenant un pion au passage et mettais en échec le roi adverse. De cette manière, sacrifier le fou qui me menaçait était la seule façon de sauver son roi coincé. Dans un coup des plus réfléchis, je sacrifiais ma reine contre un fou. Ma dame tourna autour de ma taille pour se placer devant moi. Elle entrouvrit la bouche et ferma les yeux. Je lui levai le menton de ma main droite pour lui donner le baiser d’amour véritable qu’elle attendait. Elle savait, dès lors, que nous étions sur la même longueur d’onde.
Quelques coups plus tard, j’avais les lèvres noires et mon adversaire ne tenait presque plus debout. C’était mon tour et j’allai être le grand gagnant de ce jeu séduisant.
« Mon roi, je vous aime… me glissa dans le coup, mon aimée.
— Je vous aime, ma reine. »
Je déplaçai mon fou et coinçai ainsi le roi ennemi dans une prison de deux cases dont il ne pourrait jamais sortir…
« Échec et mat… »
Ma dame se plaça sur le côté droit du plateau, les mains au niveau de son bas ventre et le regard toujours tourné vers le mien. La femme en noir, quant à elle, restait figée aux côtés de ma reine, les yeux rivés sur le roi piégé de l’échiquier.
Sans prévenir, l’obscurité s’empara de la pièce lumineuse d’un coup. Les lumières qui simulaient le soleil par la fenêtre devinrent des éclaircis de lune et l’on pouvait à peine discerner ce qu’il se passait dans la salle d’échecs. L’inconnu poussa un cri apeuré face à ce changement d’ambiance abrupte tandis que je gardais l’esprit tranquille. La femme en noir prit une longue aspiration, puis elle tourna lentement son visage vers le perdant.
« Mon roi, on dirait que votre prison est éternelle…
— Quoi ?! répondit-il.
— Laissez-moi vous amener à votre nouvelle demeure. »
D’un geste, elle lui saisit la gorge et elle le tira vers le néant de la porte derrière elle. L’homme tenta de se débattre dans des cris étouffés, mais il ne put rien y faire… Ils disparurent à jamais dans l’obscurité.
Je remarquai alors une bague qui était apparue autour de mon roi sur l’échiquier. C’était un anneau d’argent orné d’un petit diamant sur lequel la lune brillait. Je m’en emparai et me mis à genoux devant la femme dont j’étais inexplicablement tombé sous le charme. J’étais fou d’amour pour elle.
« Ma reine, voulez-vous m’épouser ? »
Sous ces mots, elle bondit de joie en criant. Elle était plus vivante que jamais. Plus belle encore qu’à mon arrivée. Elle était celle pour qui j’avais combattu et elle était maintenant, et à jamais, celle qui partagerait ma vie.
Elle accepta ma demande en m’embrassant de nouveaux puis, après lui avoir passé la bague au doigt, je la pris par la main et franchis cette porte abyssale derrière laquelle j’étais persuadé qu’un nouvel avenir m’attendait…
2 notes
·
View notes