Tumgik
#le seuil du vide
mailamoon · 5 months
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Pour bien finir l'année, voici une petite fantaisie inspirée par l'AU Lyon de @sibmakesart. One Piece dans la capitale de la gastronomie française, Sanji alsacien, Zoro breton ❤️
Pour les francophones qui passent par ici, je vous invite à aller visiter son Tumblr, elle est super douée et son délire sur Lyon est absolument délectable (moi je plonge dedans les yeux fermés !).
C'est parti pour une petite soirée lyonnaise avec nos pirates préférés !
Un soir à Lyon...
Au cœur de la nuit, dans la ruelle, une porte s’ouvrit, laissant de la lumière éclairer la rue sombre. Un jeune homme en franchit le seuil en s’allumant une cigarette, un sac en plastique à la main.
- Hé, l’aubergine, tu sors cette nuit ? Lança une voix autoritaire depuis l’intérieur.
Le jeune homme se retourna en soufflant sa fumée.
- En quoi ça t’intéresse vieux shnock ? Fit-il d’un ton ennuyé.
- Encore ce breton ?
- C’est pas tes oignons.
- Ah, claqua la voix, fais gaffe à toi !
- C’est ça, bonne soirée, àbgenutzdi.
-HÉ !
Le jeune homme referma la porte sans attendre de savoir ce que l’autre voulait répondre. Il regarda autour de lui, visiblement à la recherche de quelque chose, mais la ruelle était déserte. Un soupir bruyant quitta ses lèvres et il grommela quelque chose qui ressemblait à « encore en retard dawer säckel de breton ». Il donna un coup de pied à une cannette qui traînait tristement sur l’asphalte. Une sonnerie retentit de sa poche et il en sortit son téléphone.
- Allo ?
- Allo, Sanji ? Fit une voie féminine.
- Nami ! T’as pas vu Zoro ?
- Beeeeh si, justement, c’est pour ça que je t’appelle.
- Il est avec vous ? Demanda-t-il en entendant Usopp et Luffy se disputer derrière elle.
- Non il est pas… TAISEZ-VOUS ! Putain, j’essaie de parler au téléphone ! Je te disais, non il n’est pas avec nous. Il m'a dit qu’il devait passer te prendre à la fin du service mais il a fait tomber son portable dans le Rhône cet après-midi. Je sais que t’avais enregistré les coordonnées du bouchon dedans…
Sanji leva les yeux au ciel.
- Donc il est perdu ?
- Tu le connais, il n’est pas capable de distinguer sa gauche de sa droite. Bref, je voulais juste te prévenir, pas que tu l’attende et… VOUS ALLEZ VOUS CALMER ! LES VOISINS VONT ENCORE APPELER LES FLICS SI VOUS CONTINUEZ ! Pardon Sanji, je te laisse.
La communication se coupa.
-GOPFERDAMMI ! Cria Sanji en donnant un coup de poing dans le vide. Il tira rageusement sur sa cigarette. C’était GRAND Lyon, qui sait où ce connard de primate avait bien pu aller ?!
Sanji se mit en route, la nuit promettait d’être longue.
C’est au petit matin que l’alsacien retrouva enfin le breton. Après avoir parcouru la ville de long en large et en travers. Après avoir espéré que non, non, non ce bon à rien ne s’était quand même pas aventuré dans les sous-sols de Lyon… Il avançait enfin vers lui.
Zoro était accoudé à la rambarde de Fourvière en train de contempler les rayons du soleil qui commençaient timidement à pointer le bout de leurs nez sur la ville.
Après de longues heures de recherches, Sanji sentait une certaine fatigue gagner ses jambes. Il s’avança sans bruit derrière son petit ami.
- Hé, nixnutz !
L’homme aux cheveux vert ne sursauta même pas. Il tourna la tête vers Sanji. Malgré ses yeux cernés, un sourire éclaira son visage.
- Te voilà enfin cuistot !
Sanji roula des yeux. L’autre lui sortait ça comme si cette fichue basilique avait été leur point de rendez-vous depuis le début. Il appuya son dos contre la rambarde en frôlant le coude de Zoro.
- Tu m’as encore fais courir, fit-il en s’allumant une cigarette et en soufflant sa fumée dans l’air cristallin du petit matin.
- Genaoueg ! Je savais que t’arriverais à me retrouver.
Sanji lui tendit le sac qu’il avait transporté avec lui la moitié de la nuit. Zoro l’ouvrit pour y trouver une bouteille de chouchen et des bretzels enveloppés dans un papier kraft. Il prit la bouteille et sortit de sa poche un couteau suisse pour la déboucher.
- Pas de verre. Constata-t-il.
- Non, pas de verre. J’ai pas envie qu’on en casse d’autres. Le vieux va encore criser si les stocks continuent de diminuer.
Zoro porta la bouteille à sa bouche pour boire au goulot. La saveur lui rappelait sa région. Il passa ensuite le chouchen à Sanji qui bu à son tour.
- La prochaine fois j’amène du schnaps.
- C’est quoi ça ?
- C’est plus fort, ça devrait te plaire. Même si je préfère un bon pinot gris vieille vignes…
- Qu’est-ce que tu marmonne ?
Le blond lui sourit et, sans un mot, s’avança vers lui pour l’enlacer en collant son corps au sien. Ils s’embrassèrent puis s’appuyèrent de nouveau à la rambarde, coude à coude en se passant le chouchen et les bretzels. Ils restèrent là à regarder le lever de soleil sur Lyon en savourant ce petit déjeuner alcoolisé improvisé.
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lounesdarbois · 11 months
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Chaque été depuis une trentaine d'années la descente graduelle de la Civilisation direction Afrique suit son cours. C'est comme le long déboutonnage d'un homme qui se rend compte peu à peu être un singe et n'y voit aucun problème, et au point où il se trouve cet été, un bouton de plus ou de moins, se dit-il, quelle différence ?
Ainsi nous aurons droit comme chaque année: -  aux clandos psychiatriques déambulant cul nu en hurlant sur le bitume fondu, ne s'arrêtant que pour chier accroupis sur les poubelles publiques (toujours en hurlant). -  à  la stupéfaction des pachas de l'époque ottomane écrasés de chaleur dans leurs chaises de plage sur les seuils, ne parvenant à manier leur éventail qu'à deux mains - aux filles de gauche voix enrouée dans la file d'attente des épiceries de nuit: "mais meuf what deux fuck?" pour faire américaine- canaille toujours trop bronzées, pieds sales, irrécupérables. - aux bandes de cailleras à la recherche de "chose-kek à gratter", blédards à teinture vendeurs de clopes, bonobos vomissant leurs lèvres marchant bras dépliés et mains sous le genou - aux lapeuses de glace au sucre de 40 berges cheveux courts, surpoids, cette fois tout à fait répugnantes, qui ont déjà renoncé à l'effort parce qu'elles ont leur gosse à la maison, leur chose  entièrement en leur pouvoir qu'elles vont malaxer tout leur soûl toute leur vie restante pour se venger de la vie - les bourges-"bohèmes" de plus en plus effeminés chaque année, de plus en.plus ambigus, toujours plus cocufiés, cambriolés, mais c'est justice. - aux transports en commun transformés en zoos roulants, bouillants, puants. - aux "événementiels", aux "fêtes", toujours les mêmes : un étal navrant d'objets à vendre sous une tente en toile cirée, une estrade vide avec des haut-parleurs crachant "du son", des brochures sur une table entourée de panneaux, c'est tout.
On ne le répétera jamais assez. Le processus d'extermination des Blancs est une guerre qui oppose non pas 2 fronts mais 3.
1/Le front des "vrais" avec les fas, les tras, "les petites gens les braves gens", les Gilets Jaunes, certains droitards, certains bourgeois, certains non-Blancs amis, nous, moi. 2/ le front des clandos, des envahisseurs, des colonisateurs, des métisseurs, des racailles, des profiteurs bien visibles, bien abrutis, identifiables, irréfutables. 3/ le front le plus méchant et le moins visible: bourges-bohèmes, planqués, banques, médias, synas, loges, PàB, boumeurs, antifas, élus, fonctionnaires, agents de l'étranger, bref toute la racaille du haut et de l'intérieur.
Il n'y a rien de pire que le front numéro 3, pas même la racaille même si elle était multipliée par clandestins au carré le tout au maximum de leur crasse en  fermentation sous cagnard dans maillot de foot synthétique. Le grand espoir de ces émeutes de sauvage c'est que ces primitifs une fois rassasiés de leurs bâtonnets de surimi au Capri-Sun chourrés dans les Lidl forcés à la Porsche-bélier s'en aillent demander un supplément d'argent de poche aux bourges-bohèmes du front numéro 2.
Par pitié les fas ne sortez pas du bois alors que la fête bat son plein! Nul ne doit risquer une minute de GAV pour un immeuble de bureau cramé. Je suis sorti du bois en novembre 2005, GAV pour extinction de feux de voiture à Echirolles. La belle affaire... c'est fini ce temps-là. Intervenir signifierait une interruption catastrophique de l'affrontement entre le front numéro 2 et le front numéro 3.
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Une idiote m'a dit que de toute façon tout le monde est bobo. Je lui ai dis non pas, pas les fachos. Et quand les bourges-bohèmes auront été bien détroussés, bien rossés, bien fessés, bien outragés par la racaille peut-être alors voudront-ils devenir des hommes c'est à dire, hélas pour eux, des fachos. "Mais nous on nique les fachos"...  Teu teu teu petites putes, tout beau, tout beau. L'arrêt des hostilités réveille une insolence refoulée ? Qui va niquer qui? Toujours des promesses. On vous renvoie trois mille autres cailleras sur la gueule ou vous avez suffisamment de quoi faire avec les dégâts des dix mille de la semaine dernière ?
Certains ont discerné quelle fabuleuse aubaine offrait le déchaînement de tous ces primitifs: - tout d'abord ces rats se sont donnés à voir au monde tels qu'ils sont vraiment et non tels que le monde voudrait qu'ils fussent. - ils ont cassé les barreaux de la prison des Blancs, ils ont saccagé, ridiculisé, piétiné presque chaque mirador du camp de concentration où nous à jeté le front numéro 3: magasins de vêtements franchisés, panneaux publicitaires, restaurants industriels, écoles publiques, mediathèques de gauchistes, etc. - ils ont menacé physiquement les insolents collabos ordinaires du front numéro 3: boumeurs, gauchistes, "activistes", hurleuses en surpoids, salopards anti-Blanc, insolentes, bouches inutiles de toutes sortes.
Toutefois que ces singes avachis dans leur hamac de sieste perpetuelle ne s'imaginent pas avoir accompli un quelconque travail lucratif. Ces quadrupèdes branlomanes sous shit ont encore beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent à se faire s'ils veulent bien mettre momentanément en sourdine leur lâcheté de pillards opportunistes de caravanes et tourner leurs groins renifleurs vers les opportunités fabuleuses des segments de marché encore intacts de la société de consommation. "La manière dont tu comptes en dit long sur ce que tu as brassé, la manière dont tu pompes en dit long sur ce que tu as sucé".
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abridurif · 4 months
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L’ÉCART AU SUCRE
Monsieur P., homme à idées, tournait son sucre dans son café. À demi absent, il tournait et écrasait, écrasait et tournait, et il prolongeait cette opération au-delà de toute raison de la poursuivre, car tout le sucre était dissous. Mais le système vivant « Monsieur P. » ne pouvait absolument plus arrêter son mouvement : il était pris par l’infini ; tout acte local est par soi périodique et se reproduit indéfiniment ; comme on le voit par le balancement d’une jambe croisée sur l’autre. Cet acte, qui ne servait plus à rien dans l’affaire du café sucré, avait peut-être son utilité dans une autre série de causes. Il arrivait vaguement à Monsieur P. que cette répétition monotone absorbait quelque chose, de la nature d’une durée, et facilitait par là une certaine modification qui s’opérait en lui. Plus il faisait le vain geste de tourner et écraser son sucre, plus il se sentait approcher d’un certain point difficile à situer, mais contenu dans son crâne, en arrière de la région des visions et de la vue. Tout à coup ses regards rompent leur fixité, décrivent un arc, tombent sur un bouton de porte, reviennent à leur maître ; le tour de tasse s’interrompt – et l’Idée vient, se parle, existe – l’Idée-mère, qui fait que tout le corps se dresse, que l’œil brille comme une épée jaillie de son fourreau, que l’esprit a conquis son homme, vaincu la résistance du vide cérébral. Nous ne saurons jamais quelle était cette idée. Politique, science, affaires ? Problème résolu, projet conçu, expression atteinte, seuil franchi, commencement ou fin ? Il importe fort peu. Quel que soit le sujet, le sucre a joué son rôle, et le temps machinal du mouvement de la cuiller. Maintenant le regard se fait humain : il n’est plus ni absent, ni créateur. « Il faudrait cependant songer à Marthe », dit Monsieur P. « Elle est en âge… Elle n’est plus une enfant… » Un autre monde se déclare ; le monde n° Zéro, celui duquel toute chose remarquable nous écarte et auquel nous retournons fatalement. On dit que c’est le monde réel, mais ce n’est qu’une surface d’équilibre et le lieu des points les plus bas de je ne sais quel système de corps et d’esprit. Les roses du tapis renaissent, et les choses, de choses qu’elles étaient, redeviennent des êtres spécialisés, ornés de substantifs : piano, fauteuils, personnes qui parlent, personnes à qui l’on parle, et fantômes de personnes de qui l’on parle. Monsieur P. redevient Monsieur P. Paul Valéry, Mauvaises pensées et autres, in Œuvres II, Éditions Gallimard, 1960
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indra69 · 1 year
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Une hiérarchisation de l´espace selon des principes de complémentarité et d´harmonie - Les chaussures sont déposées au seuil que l´on franchira pour investir une partie plus privée de la demeure ... Respect donc aussi - Les marches franchies [ atteindrons-nous un lieu plus secret et intime ] sont le signe concrétement défini , si ce n´est d´une sacralisation , assurément d´une élévation , physique , spirituelle et morale - Quant au rapport aux éléments naturels , ils sont ici présents : la terre / les pierres , le végétal / et le bois qu´il alimentera le feu ... L´eau ou liquide contenu dans des bouteilles en céramique [ objet qui synthétise les éléments : la glaise et l´eau , le feu pour les cuire et l´air de par le vide crée en tournant la forme sur le tour du potier - Quant au ciel et à ses espaces infinis , c´est la courbe des toits qui nous y emmène ...
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anamorph0se · 1 year
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間 : Espace, Entre (vide, durée, silence, distance) se lit Ma
Wikipedia dit : le concept du Ma fait référence aux variations subjectives du vide (silence, espace, durée, etc.) qui relie deux objets, deux phénomènes séparés.
Moi je dis : 間 =¨les secondes que je respire au seuil de tes lèvres"
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professeur-stump · 1 year
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Narré du vide
2215.  Le chevalier inexistant, Italo Calvino (Italo Calvino, Le chevalier inexistant, 1959) (Seuil, 1962, Points, 1984)
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n-a-colia · 2 years
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Partie d'Echecs
Nouvelle du : 08/10/22.
Défi : Une image aléatoire à décrire dans une nouvelle.
         Je me tins face à un homme âgé en costume trois pièces qui avait une longue cravate noire. Il avait les traits amicaux mais il semblait fatigué. Il me sourit et se décala d’un pas sur sa gauche, me laissant l’accès à la porte qu’il gardait. Il s’inclina légèrement dans ma direction et fredonna :
« Bonne chance, Monsieur. »
Je restai immobile, ne sachant à quoi m’attendre.
         La porte était dans un bois ancien mais elle était entourée d’un gigantesque mur blanc et tellement lisse que s’en était surréaliste. J’avais le sentiment que quelque chose de terrible m’attendait derrière, mais que pouvais-je faire d’autre qu’entrer ? Revenir sur mes pas ? Ma marche jusqu’ici, dans un océan de vide blanc avait duré des heures et bien que cet endroit me terrifiât davantage que ma route, il était le signe que je n’étais pas perdu dans le néant.
         Je tournai la poignée prudemment, puis, l’homme en costume partit dans la direction d’où je venais. Je poussai la porte qui ne fit aucun bruit. Tout n’était que silence ici… Quand je franchis le seuil, j’examinai ce lieu nouveau et tout aussi absurde que le reste.
         C’était une pièce faite de carreaux noirs et blancs de la taille d’une main, comme sur un échiquier géant. Au sol étaient tracées des lignes verticales noires et blanches et il en était de même sur les murs, mais de façon horizontale. La salle était grande et cubique. Sur ma droite, des fenêtres sans vitre laissaient passer un filet de lumière qui provenait de je ne savais où… Le soleil n’existait pourtant pas ici. Au fond de cet endroit de folie, il y avait une petite table de marbre, placée de façon horizontale. Derrière elle, deux femmes se tenaient devant une sortie aux ténèbres insondables. Le plafond au-dessus de celle-ci dessinait une arche d’escaliers à l’envers.
         J’eus alors une impression étrange, comme si j’étais observé. Je tournai la tête sur ma gauche et m’aperçus qu’un autre homme était à mes côtés. Son visage plongé dans l’incompréhension m’indiquait que lui aussi était dans la même situation que moi. Il était un autre endormi.
Les deux femmes prirent alors la parole à l’unisson dans une parfaite coordination :
« Je vous en prie, approchez. »
Elles avaient toutes deux la même tenue élégante. Une robe longue au bas épineux qui touchait le sol et des gants qui remontaient jusqu’à leurs avant-bras. La seule différence entre leurs deux tenues se trouvait dans la couleur. Celle de droite était entièrement faite d’un blanc des plus purs, tandis que celle de gauche était d’un noir d’une profondeur absolue. En outre, les cheveux noirs de la femme en blanc tombaient sous ses épaules et il en était de même pour les cheveux blonds de la femme en noir. Elles se placèrent devant la table de marbre blanc et elles tendirent leurs mains dans notre direction.
         L’inconnu et moi échangeâmes un regard inquiet, puis, nous avançâmes vers la femme qui nous regardait. Arrivé à distance de ses mains, la femme en blanc passa ses bras autour de ma nuque, puis elle m’embrassa tendrement sur la bouche. La femme en noir fit de même avec l’inconnu. J’étais perdu, mais ce baiser fut d’un réconfort étrange malgré le fait que les lèvres de celle qui m’avait choisi étaient gelées. Elle recula légèrement son visage, toujours accrochée à moi, et planta ses yeux amoureux dans les miens durant quelques secondes. Ils étaient d’un bleu plus clair qu’un ciel d’été. Les paupières à demi fermées, elle murmura à l’unisson avec son alter ego :
« Mon roi, que la victoire soit votre ! »
Puis, nos reines nous tirèrent vers les extrémités de la table rectangulaire. J’étais face à l’inconnu, tandis que les femmes étaient placées sur ma droite, entre l’édifice de marbre et la porte des abysses.
         C’est alors qu’un plateau d’échecs apparut progressivement sur la table, comme s’il avait toujours été là mais que nous ne le voyions pas. J’étais du côté des blancs et l’inconnu, du côté des noirs. Je posai mes mains sur les coins de la table et examinai mon adversaire. Il était plus déstabilisé qu’avant. « Un novice ? » pensai-je. J’en étais un également, mais j’avais déjà joué quelques parties contre mon grand-père par le passé. J’étais mauvais et je ne pouvais que prier pour que mon adversaire le soit davantage. Cependant, je connaissais quelques coups stratégiques. Ma reine plaça ses deux mains sur mon épaule droite, puis elle déposa son menton dessus. Le regard plongé sur mon visage, elle souffla sur ma joue d’une voix généreuse :
« Les blancs commencent, mon roi. C’est aussi bien une bénédiction, qu’une malédiction… Faites-en sorte que cela nous procure un avantage. »
En m’embrassant, elle me laissa une trace de rouge à lèvre noir sur la joue, puis elle posa la sienne sur mon épaule pour observer le plateau de jeu.
         J’étais hésitant. Qu’arriverait-il au perdant ? Cette dimension étrange ne semblait pas tendre avec ses invités et je me jurai de gagner cette partie, coute que coute. Je fis une ouverture à deux pions, devant les cavaliers pour libérer mes fous et la femme m’embrassa la joue de nouveau.
         C’était au tour de l’inconnu de jouer. Sa reine vint se placer auprès de lui exactement de la même manière que la mienne l’avait fait pour moi. Mais elle lui murmura autre chose :
« Mon roi, l’ouverture de votre adversaire en dit long sur ses intentions. Au jeu du plus fou, c’est celui au galop qui remporte la victoire…
— Je ne sais pas jouer aux échecs. » paniqua l’inconnu.
Mais sa reine n’eut aucune réponse à lui donner. Sans l’embrasser, elle posa sa joue sur son épaule pour observer le plateau.
         L’inconnu passa ses mains au-dessus de toutes ses pièces. Il gigotait ses doigts et réfléchissait intensément. Il ne savait que faire. Il attrapa le pion devant son cavalier et il l’avança d’une case. À ce moment, la femme en noir retira sa joue et ses mains de son épaule, puis, l’air sévère, elle lui asséna une gifle spectaculaire. L’homme laissa s’échapper un souffle de douleur, se tenant le visage à l’endroit de l’impact et le regard affolé dans la direction de sa reine. Après quoi, la femme reprit sa position sur son épaule.
         Ce jeu n’était pas qu’une simple partie d’échecs. J’en étais persuadé maintenant. Les entités qui nous accompagnaient, quelle qu’elles soient, n’étaient pas ici pour notre simple plaisir. Elles étaient là pour que l’on gagne, ou que l’on meurt.
         Je regardai ma dame qui avait tourné son visage vers le mien. Je sentais son souffle chaud contre ma peau tandis qu’elle avait encore la même attitude amoureuse à mon égard.
« Mon roi, avez-vous compris l’erreur de votre adversaire ?
— Oui, ma reine. »
Je déplaçai mon fou sur la case dégagée par mon pion et j’eus alors la tour de l’ennemi dans ma ligne de mire… La femme en blanc m’embrassa sur la joue.
         C’était de nouveau au tour de l’inconnu de jouer et il était plus réticent qu’avant. Le stress lui tiraillait l’estomac tandis que je restai confiant. Perdre une tour sans prendre la pièce qui l’avait volée était généralement très mauvais signe pour la suite. Cependant, il y avait une action toute simple qui pouvait le sortir de cette situation et j’espérai qu’il ne la voit pas. Sa reine lui susurra d’un ton attendrit :
« Mon roi, perdre une tour est mauvais présage. Perdre un tour est inconcevable. Vos soldats n’attendent qu’à donner leur vie pour vous. »
Il laissa s’échapper la tension qu’il ressentait dans un souffle, puis, il déplaça, comme je l’avais fait, son fou sur la case dégagée par son pion. Le pauvre ne savait vraiment pas jouer aux échecs… En tentant de défendre sa tour, il me donnait son fou en plus de la pièce convoitée. La reine en noir recula son visage de l’épaule du malheureux et ce dernier mit ses mains en barrière pour ne pas recevoir de gifle. Énervée, la reine lui envoya un coup de poing dans le ventre et l’homme se tordit de douleur. Ces femmes semblaient être dotées de plus de force que ce qu’elles auraient dû. Elles étaient belles avec une taille de guêpe, et pourtant, elles arrivaient à blesser fortement un homme en bonne santé. Quand l’inconnu se redressa, sa reine posa de nouveau sa joue sur son épaule mais il la craignait désormais. Il n’était plus apaisé par la présence de sa dame…
« Continuez ainsi, mon roi, et je vous épouserai. » me dit ma reine.
Évidemment, je pris le fou de l’inconnu, comme prévu. Là, ma dame me saisit le visage entre ses mains et elle m’embrassa vigoureusement. Ses lèvres étaient plus chaudes que lors de notre premier baiser et j’eus un sentiment étrange mais agréable, comme si mon cœur s’était embrasé rapidement avant de refroidir.
         La partie continua un moment. L’inconnu avait pris une pléthore de coups et il saignait du nez. Il était avachi sur la table, pour garder la force de tenir debout. Sa reine ne se donnait même plus la peine de venir sur son épaule, tandis que la mienne était collée à mon dos, accrochée à mon torse et la joue dans le creux de mon cou. Elle ne me tenait pas rigueur de la perte de quelques pièces car elle comprenait que je les sacrifiais par stratégie.
         C’est alors qu’après que sa reine eut pris la parole, l’inconnu avança son autre fou au centre du terrain. Il serra les dents et ferma les yeux, prêt à recevoir sa punition, mais sa dame lui déposa son premier baiser sur la joue. Surpris, je m’aperçus qu’il avait piégé ma tour alors qu’elle était centrale dans mon plan de jeu. Je commençai à stresser. Déstabilisé par ce manque d’anticipation, ma respiration s’accéléra. Mon regard se perdait sur toutes les pièces du plateau. Non… S’il prend ma tour, ce fou aura le champ libre sur mon terrain ! Ce sera un véritable massacre ! Je ne voyais aucune échappatoire et il se pouvait bien que je perde la partie sur ce coup de maître qu’avait exécuté mon adversaire. Ma reine me murmura alors, d’une voix plus fleurie qu’au départ :
« Mon roi, votre reine est toute à vous. Elle vous soutiendra dans les moments difficiles et elle vous montrera le droit chemin lors de vos manquements. »
Et je compris enfin :
         Ce jeu n’était rien d’autre qu’un jeu d’écoute. Nos reines nous prodiguaient des conseils énigmatiques qu’il fallait savoir déchiffrer pour mener les coups justes. Elles n’étaient pas de bonnes joueuses d’échecs, mais elles étaient toutes deux en symbiose et elles connaissaient parfaitement les coups de l’adversaire. Le vainqueur était celui qui tendait l’oreille et non le maître des échecs. Mon amour me parlait d’une reine de soutient et de droit chemin. Je pris ma reine sur l’échiquier, puis je l’avançai dans le camp ennemi, prenant un pion au passage et mettais en échec le roi adverse. De cette manière, sacrifier le fou qui me menaçait était la seule façon de sauver son roi coincé. Dans un coup des plus réfléchis, je sacrifiais ma reine contre un fou. Ma dame tourna autour de ma taille pour se placer devant moi. Elle entrouvrit la bouche et ferma les yeux. Je lui levai le menton de ma main droite pour lui donner le baiser d’amour véritable qu’elle attendait. Elle savait, dès lors, que nous étions sur la même longueur d’onde.
         Quelques coups plus tard, j’avais les lèvres noires et mon adversaire ne tenait presque plus debout. C’était mon tour et j’allai être le grand gagnant de ce jeu séduisant.
« Mon roi, je vous aime… me glissa dans le coup, mon aimée.
— Je vous aime, ma reine. »
Je déplaçai mon fou et coinçai ainsi le roi ennemi dans une prison de deux cases dont il ne pourrait jamais sortir…
« Échec et mat… »
         Ma dame se plaça sur le côté droit du plateau, les mains au niveau de son bas ventre et le regard toujours tourné vers le mien. La femme en noir, quant à elle, restait figée aux côtés de ma reine, les yeux rivés sur le roi piégé de l’échiquier.
         Sans prévenir, l’obscurité s’empara de la pièce lumineuse d’un coup. Les lumières qui simulaient le soleil par la fenêtre devinrent des éclaircis de lune et l’on pouvait à peine discerner ce qu’il se passait dans la salle d’échecs. L’inconnu poussa un cri apeuré face à ce changement d’ambiance abrupte tandis que je gardais l’esprit tranquille. La femme en noir prit une longue aspiration, puis elle tourna lentement son visage vers le perdant.
« Mon roi, on dirait que votre prison est éternelle…
— Quoi ?! répondit-il.
— Laissez-moi vous amener à votre nouvelle demeure. »
D’un geste, elle lui saisit la gorge et elle le tira vers le néant de la porte derrière elle. L’homme tenta de se débattre dans des cris étouffés, mais il ne put rien y faire… Ils disparurent à jamais dans l’obscurité.
         Je remarquai alors une bague qui était apparue autour de mon roi sur l’échiquier. C’était un anneau d’argent orné d’un petit diamant sur lequel la lune brillait. Je m’en emparai et me mis à genoux devant la femme dont j’étais inexplicablement tombé sous le charme. J’étais fou d’amour pour elle.
« Ma reine, voulez-vous m’épouser ? »
         Sous ces mots, elle bondit de joie en criant. Elle était plus vivante que jamais. Plus belle encore qu’à mon arrivée. Elle était celle pour qui j’avais combattu et elle était maintenant, et à jamais, celle qui partagerait ma vie.
         Elle accepta ma demande en m’embrassant de nouveaux puis, après lui avoir passé la bague au doigt, je la pris par la main et franchis cette porte abyssale derrière laquelle j’étais persuadé qu’un nouvel avenir m’attendait…
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les-portes-du-sud · 2 years
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Tu...
Soir. Vendredi. Un café et un cappuccino préféré, comme une sorte de récompense pour être arrivée à la fin de la semaine.
Devant moi se trouve un livre, une tasse et une soucoupe violettes, des serviettes en pile régulière, du rouge à lèvres, un carnet, un stylo avec un capuchon perdu quelque part. Ensemble standard. Le rouge à lèvres m'a toujours semblé trop brillant, mais la couleur elle-même était belle. A part mes lèvres.
Le livre de Marquez est Cent ans de solitude. Tu m'as un jour conseillé de le lire, et par une étrange ironie maintenant, des années après notre séparation, je le tiens dans mes mains... Parfois je me parle en m'imaginant que tu es assis en face et que tu écoutes attentivement. Parfois, tu es même d'accord. Quand nous étions ensemble, tu pensais rarement que j'avais raison.
Des litres de café versés dans la gorge, d'épais nuages ​​de fumée de cigarette autour, dans lesquels on suffoque, la compagnie de connaissances occasionnelles, des morsures nerveuses de la lèvre inférieure jusqu'à l'engourdissement sont devenues une habitude, pas utile et pas nécessaire.
Tout était simple, tu étais là.
Je me souviens quand nous nous sommes dit au revoir le matin, j'ai commencé à attendre ton retour dès la seconde où tu as franchi le seuil. Et je me sentais comme une petite fille abandonnée depuis longtemps par mes parents dans un appartement vide...
J'aimais te serrer les genoux, et tu aimais embrasser mes doigts...
Je me souviens avec quelle tendresse tu as pris soin de moi. Tu prodiguait de sages conseils. Tu m'as soutenu dans toutes les situations. Tu m'as protégé des erreurs...
Tu semblais impossible, comme le rêve le plus fou, mais tu étais réel. Et pour comprendre cela, je t'ai laissé en barrant tout d'un coup, comme si ça n'était jamais arrivé ?..
Une fois je t'ai dit, anticipant la fin de notre histoire :   - J'ai peur...
Et tu as répondu : J'ai
quelque chose à perdre… Café, paroles, fumée de cigarette, cendres sur la nappe. Beaucoup de mots, de café, l'horloge tourne. Les mots, il fait froid...
Les-portes-du-sud
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la-semillera · 2 years
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LEE KRASNER & HEATHER DOHOLLAU
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La maison de la vie
.
Je cherchais le réel
Hors la fuite des heures
Les lieux du mirage
Mais ce fut le cercle
Instable du présent
Qui livrait le monde
Ce fruit de l'air
Il suffisait de se retourner
Et de regarder comme dans un berceau
Le vide ourlé du temps
De se pencher sur la blancheur
Et de croire aux couleurs
A la mer réelle des marées
A la vie de la mort
...
Quelle maison est la mienne?
Une qui m'attend derrière le mur du jour
Ou loin en arrière au coeur d'une rue
Dans une ville autre et la même
Ou celle dont chaque instant est le seuil
Ces fleurs là-bas sur une table
Dans un bruissement de porte
 
Pages aquarellées
- Heather Dohollau, de Folle Avoine 1989
- Lee Krasner, Culminating Point, 1979
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already-14 · 2 years
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La parole obscure. Recours au mythe et défi de l'interprétation dans l'oeuvre de Michel Fardoulis-Lagrange
Anne Mounic
Chez Michel Fardoulis-Lagrange (1910-1994), poète d'expression française né au sein de la communauté grecque du Caire, l'œuvre est l'homme, même si celle-ci vise à l'impersonnalité du chœur de la tragédie antique, et le style est l'œuvre. La parole obscure se situe au seuil de l'autre monde. " La poésie restitue au langage, au-delà du récit et du roman, sa véritable fonction, celle de l'interprétation, de l'interprétation de l'interprétation, de la parole infinie. La réalité appartient à la mort, l'oubli de la mort est un chant qui se module éternellement. Les Grecs en savaient quelque chose, qui avaient une telle façon de scander les vers que ceux-ci introduisaient dans le langage un rythme se greffant sur sa propre sonorité. " Tel est l'enchantement, qui masque le vide en se fondant sur lui. Telle est la parole poétique, parole sans représentation, allusive uniquement par un réseau de signes à déchiffrer sur les parallèles effleurant l'aporie, la butée, du a-privatif et de poros. Le passage, la voie de communication par eau et par terre, puis la mer, le lieu de l'épopée, notamment celle des Argonautes, qui parcourt l'œuvre de Fardoulis jusqu'à l'Apologie de Médée. Opacité et pudeur s'allient en cette écriture fluide pareille à la membrane solaire sur les eaux et l'acte poétique projette le poète dans l'extase, qui est absence du sujet. Michel Fardoulis-Lagrange cherche le mythe par-delà la singularité héroïque, dans les catégories pures, dans le rythme du jour et de la nuit du plein et du vide, de la présence et de l'absence en une " dialectique du verbe et du silence ". En cette étude, Anne Mounic poursuit sa recherche sur le recours au mythe en poésie moderne. Le merveilleux se fonde sur la figuration du mystère déduit de l'effroi que suscite la mort, et l'imagination, se parant en l'absence de dogme des " yeux nouveaux et personnels " du mythe, selon l'expression de Nietzsche, inaugure une spiritualité laïque qui surmonte la dualité sujet-objet pour instaurer, dans l'intimité du monde, un nouveau mode de connaissance qui réponde aux interrogations et aux désirs de l'être.
L'Harmattan (2001)
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t-marveland · 2 years
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𝐉𝐮𝐣𝐮𝐭𝐬𝐮 𝐊𝐚𝐢𝐬𝐞𝐧 | Yuji Itadori
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ᵈʳᵃʷⁱⁿᵍ ᵐᵃᵈᵉ ᵇʸ ᵍᵉᵍᵉ ᵃᵏᵘᵗᵃᵐⁱ
𝐓𝐔𝐓𝐎𝐑𝐀𝐓
Yuji Itadori x Reader
Warnings : aucun
Mots : 924
Masterlist
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❝ jobu.❞
    C'ÉTAIT LA FIN de journée et je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi et me reposer. Alors quand la cloche sonna, je me dépêchai de ranger mes affaires et de foncer vers la sortie, mais tout ne se passa pas comme prévu. Au moment où j'allais passer le seuil de la porte, j'entendis qu'on m'appelait.
    ❝━ Mademoiselle (T/N) ! M'interpella le professeur.❞
    Je me suis arrêté sur mes pas et me suis tourné vers lui.
    ❝━ Oui ?
━ Pouvez-vous rester une seconde, s'il vous plaît ?❞
    Je hochai la tête positivement, n'ayant pas vraiment le choix de toute façon, et soufflai intérieurement. Je m'avançai vers son bureau.
    ❝━ Vous aussi, jeune homme.❞
   Yuji fit demi-tour et nous rejoignit. Je rougis en voyant qui s'était.
   ❝━ Nous avons fait quelque chose ? On va avoir des ennuis ? Paniquai-je légèrement.❞
    Mes parents me tueraient si je revenais à la maison avec une sanction et je n'imagine même pas la manière dont ils le feraient.
    Le professeur rigola légèrement coupant court à mes réflexions.
    ❝━ Bien sûr que non, vous n'avez rien fait de mal.❞
    Toute mon appréhension disparut et j'essuyai la petite goutte qui était apparue sur mon visage.
    ❝━ Mais j'ai besoin que vous me rendez un service, (T/P).❞
    Je fronçai les sourcils.
    ❝━ Voyez-vous, j'ai remarqué que Yuji ici présent ne faisait qu'échouer dans mon cours. Peut-être que ma méthode de travail ne lui convient pas et je me suis dit que la vôtre pourrait fonctionner.❞
    Le principale concerné rigola nerveusement et se gratta la nuque. Le professeur joignit ses mains, les posa sur le bureau et me regarda, déterminé.
    ❝━ Je veux que vous aidiez Yuji.❞
    J'écarquillais les yeux, surprise. J'allais devoir être la tutrice de Yuji ? Le Yuji ? Le garçon pour qui j'avais le béguin ? Ça n'allait pas être possible. Comment pouvais-je l'aider sans bégayer et paraître idiote ?
    ❝━ Je ne pense pas que ce soit possible. Déclarai-je le plus poliment possible.❞
    Le professeur passa ses yeux sur chacun de nous.
    ❝━ Vous n'avez pas vraiment le choix de toute façon. S'il rate, vous aussi.❞
    Mes yeux s'écarquillèrent encore plus. Ce n'était vraiment pas juste !
    ❝━ Très bien. Soupirai-je finalement.❞
    Le professeur commença à sortir ses papiers et mit ses lunettes.
    ❝━ Merci, vous pouvez partir maintenant. Et bonne chance. Sourit-il.❞
    Je partis de la salle, légèrement énervée et nerveuse en pensant à la suite des événements. Ma fatigue recommença à pointer le bout de son nez et je m'imaginais déjà emmitouflé dans mon lit.
    ❝━ (T/P) ! Attends !❞
    Je me tournai et vis Yuji sortir de la salle en courant. Il se posta devant moi et se gratta l'arrière de la tête. Il était vraiment mignon.
    ❝━ Désolé de t'infliger ça... Sourit-il, gêné.❞
    Je secouai la tête et tentai de cacher mes rougeurs comme je le pouvais.
    ❝━ Ne t'en fais pas. 
 ━ Je me demandais, quand est-ce que tu veux travailler et où ?
━ Commençons demain après les cours et allons à la bibliothèque ? Suggérai-je.
━ Génial ! Se réjouit-il.❞
    Yuji était vraiment un rayon de soleil, il suffisait qu'il soit là pour que je me sente de bonne humeur . Je souris légèrement face à son comportement enfantin et baillai.
    ❝━ Bon, j'y vais, à demain.❞
    Je passai devant lui et rentrai, enfin, chez moi.
    Le lendemain, comme prévu, on se retrouva à la fin de la journée dans la bibliothèque du lycée. J'avais choisi cet endroit pour ne pas me retrouver seule avec lui, mais c'était vide à cette heure-ci. La plupart des étudiants rentraient chez eux pour se reposer et seuls les plus vaillants ou ceux n'ayant pas le choix restaient.
    ❝━ J'espère que tu es motivé, Yuji.❞
    Il hocha vivement la tête et la leçon commença.
    Finalement, le contrôle pour lequel nous avions travaillé arriva. Lorsque le professeur nous distribua les copies, je croisai les yeux marrons de Yuji et lui lançai un regard rassurant accompagné d'un pouce vers le haut. Les questions n'étaient pas très compliquées pour quelqu'un ayant révisé et j'espérais vraiment que ce que nous avions fait cette semaine n'avait pas servi à rien.
    ❝━ (T/P) ! Cria quelqu'un pendant que je marchais dans les couloirs.❞
    Je me tournai vers la source du bruit et vit Yuji courir vers moi. Il avait un papier dans les mains et une fois à ma hauteur, il me le tendit. C'était le contrôle que nous avions fait il y a quelques jours et que le professeur avait rendu aujourd'hui. J'ai regardé la note pour voir un 14 écrit en rouge.
    ❝━ Bravo, c'est incroyable. Le félicitai-je.
━ En même temps, j'ai eu la meilleure des professeurs. Se vanta-t-il, joyeusement.❞
    J'évitai son regard et rougis, flattée par son compliment.
    ❝━ D'ailleurs, je me demandais... Commença-t-il.❞
    Je levai les yeux vers lui, curieuse.
    ❝━ Peut-être, pourrait-on sortir un jour ?❞
    Il se gratta la nuque, appréhendant ma réponse. De mon côté, mes yeux s'écarquillèrent et je souris largement.
     ❝━ Regarder une film ou un truc comme ça... Marmonna-t-il.
    ━ Bien sûr ! Rayonnai-je.
━ Parfait, je viendrais te chercher demain soir à sept heures. Soit prête ! Se réjouit-il.
━ T'en fait pas.❞
    Il partit en sautillant fière de lui-même et je restais planté au milieu du couloir avec un sourire idiot collé au visage.
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unalm · 21 days
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10.
L’homme ressemblait à une version trapue et un peu grisonnante du général Custer : moustache en guidon de vélo, longs cheveux blonds aux reflets gris dont les boucles dépassaient d’une casquette de base-ball Peterbilt maculée de taches. Des yeux verts, froids, des yeux de lendemain de gueule de bois.
Ils démarrèrent. L’El Camino rota et tremblota comme un vieil homme malade. Des boîtes de bière vides et des cartouches de fusil roulèrent sur le plancher.
22.
Le monde grouillait-il de gens frustrés et trahis ? Tous ceux qu’il rencontrait ces derniers temps – surtout dans les bars, il est vrai – paraissaient sous le coup de chagrin d’amour, de ruptures, d’espoirs déçus ? Il aurait toujours pu lui sortir un truc du genre, Ouais, je comprends, je suis passé par là, mais ç’aurait été à peu près aussi réconfortant qu’un verre d’eau glacée en pleine figure.
33.
Nous lui avions laissé ses illusions d’enfant qui consistaient à croire que les choses peuvent demeurer en l’état, que tout dans le monde ne doit pas obligatoirement devenir vieux, fatigué et condamné à dépérir.
(…)
Je craquais : des morceaux de moi s’éparpillaient à travers la maison devenue soudain trop grande. J’errais de pièce en pièce, traînant les pieds et renversant les objets sur mon passage tel un fantôme maladroit. Un jour, j’ai regardé par la fenêtre. Dans l’enclos de Jumpy, des vautours et des corbeaux étaient rassemblés, blottis le uns contre les autres comme s’ils discutaient d’affaires secrètes. J’ai pris mon fusil avec l’intention d’expédier ces charognards dans l’au-delà, mais compte tenu de mon état je n’ai même pas été capable de trouver le cran de sûreté, et les sales oiseaux s’en sont tirés à bon compte.
37.
Plié en deux, j’entre. Un courant d’air glacial d’air conditionné m’enveloppe et j’ai le sentiment de trébucher sur le seuil du paradis. Je referme derrière moi pour ne pas laisser échapper le moindre atome de ce souffle divin. Roy presse son nez contre le verre et me regarde comme si je l’avais trahi.
(…)
Sous son peignoir on distingue une jambe normale, bronzée, et une autre, couleur chair, en plastique brillant. Ses cheveux blancs ressemblent à des poils de balai à chiottes. Comment ma femme a-t-elle pu me quitter pour épouser ce représentant du troisième âge avec ses taches de vieillesse, son dentier et sa jambe artificielle ?
57.
C’est la première fois que je le vois dans ses habits du dimanche : chemise rayée, cravate criarde en polyester et chaussures si brillantes qu’on les croirait cirées par un Marine. Il s’est par ailleurs aspergé d’une espèce d’eau de Cologne au parfum si violent qu’il me fait larmoyer quand je m’approche trop. Je veux bien aller en Enfer si ce n’est pas la vérité : Buckeye a l’air d’avoir subi une renaissance, comme s’il sortait du ventre de sa mère, tout récuré, rose et luisant.
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latribune · 22 days
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abridurif · 1 year
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Ce n’est probablement pas sans raison que dans les époques dont l’esprit ressemble à un champ de foire, le rôle d’antithèse soit dévolu à des poètes qui n’ont rien à voir avec leur époque. Ils ne se salissent pas avec les pensées de leur temps, produisent une sorte de poésie pure et parlent à leurs fidèles dans le dialecte mort de la grandeur, comme s’ils n’avaient quitté l’éternité que pour un bref séjour sur terre, ainsi qu’on voit un homme, parti trois ans auparavant pour l’Amérique, écorcher déjà sa langue maternelle lorsqu’il revient faire un séjour au pays. C’est un peu comme si l’on posait au-dessus d’un trou vide, par compensation, une coupole vide ; comme la viduité sublime n’est que l’agrandissement de la viduité ordinaire, il est en fin de compte bien naturel qu’à une époque où l’on vénère les personnalités succède une époque où l’on tourne carrément le dos à tout ce qui sent la grandeur et la responsabilité.
Robert Musil, L’Homme sans qualités, tome 1, Éditions du Seuil, 1956
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mysteresurterre · 2 months
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Entre brumes et neige - épisode 24
Episode précédent
___
Après avoir libéré la jeune biche de sa cage, les quatre héros prennent un repos bien mérité. Tandis qu'ils récupèrent leurs forces, des lumières descendent au sol et se transforment en fantômes. Orvasa s'avance vers eux et rejoint le cercle qui s'est formé autour d'un feu éthéré. Il comprend la conversation quand bien même il sait qu'il ne devrait pas : il a autour de lui des esprits étégastes. Tout en questionnant sur les caravanes, le jeune Orvasa boit à la même gourde que les fantômes. Le liquide coule comme une cascade gelée dans sa gorge puis jusque dans ses membres. Secoué par la boisson, il écoute néanmoins la réponse à ses questions : les caravanes quittent le chemin pour passer entre les deux arbres morts, une information précieuse étant donné que la lanterne sensée guider le groupe ne s'allume plus.
Pendant ce temps, ses camarades font connaissance avec Ashlyn qui leur affirme à plusieurs reprises qu'il n'y a rien à voir dans la forteresse où elle était retenue prisonnière avec d'autres cerfs. En insistant, la biche accepte de les guider mais elle n'entrera pas dans la forteresse avec eux.
La forteresse en question ressemble plus à un donjon entouré d'une palissade qu'autre chose, dominée par un ciel gris et des nuages verdâtres qui s'accumulent au loin. Le fort peut paraître vide mais Orvasa découvre qu'il y a une charrette avec un dernier chargement de sang argenté qui s'apprête à partir. Quatre soldats qui vident les lieux. Le groupe a tôt fait de les maîtriser.
Alors qu'elle regarde les otages, Cynthia entend une voix qui lui ordonne de les étrangler. La voix revient quelques minutes après pour lui suggérer de boire le sang de ses victimes, lui promettant un grand pouvoir. Espérant chasser la voix, Cynthia sort de l'enceinte du fort, accompagnée par sa sœur qui s'est rendu compte que quelque chose n'allait pas. Teothos utilise le cœur - son cœur - pour parler avec Cynthia. Voyant qu'elle refuse toutes ses propositions, il lui indique qu'elle n'aura plus de pouvoirs.
Ashlyn observe toute la scène et lorsqu'elle voit Cynthia privée de sa magie, elle vient vers elle et la consacre comme sa première gardienne du seuil en répétant le rituel qui avait déjà liée Cynthia à Celunomos il y a près de sept cycles.
Les prisonniers informent Orvasa et Anthemos qu'un rituel visant à rendre son corps au roi Teothos est en cours. Tous les soldats pensent que le corps de Teothos est entier, pourtant son cœur est entre les mains de nos héros. Prenant la lanterne et brisant la charrette des soldats, nos quatre héros reprennent leur route. Le chemin cahoteux des Limbes les ramène jusqu'au village où se trouve Gaël.
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christophe76460 · 2 months
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LA SEULE RANÇON VALABLE
"‭‭Ce n'est pas par des choses périssables, par de l'argent ou de l'or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache." 1 Pierre 1:18-19
Que peut-on emporter au ciel ?
L'argent gouverne le monde dit-on. Mais sa valeur se limite à la courte durée de la vie terrestre et même sur la terre, il ne peut ni tout faire, ni tout donner. Dans l'au-delà, l'argent et l'or nont plus cours.
Quand on voyage a l'étranger, on peut changer son argent contre la monnaie locale, au passage de la frontière. Mais quand vous franchirez la frontière du temps pour entrer dans l'éternite, vous ne pourrez rien prendre avec vous bien sûr, pas vos biens materiels, mais pas non plus votre réputation, vos titres, vos mérites. Nous n'avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n'en pouvons rien emporter affirme la Parole de Dieu (1 Timothee 6:7).
Le patriarche Job disait : " nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu j'y retournerai." (Job 1:21)
Cest donc les mains vides que l'homme franchit le seuil de l’éternité. Ou plutôt, les seules choses qu'il emporte, s'il n'a pas cherché et trouvé le pardon auprès de Dieu, ce sont ses péchés. Tel qu'il est, il doit comparaitre devant Dieu qui est appelé le juge de tous (Hébreux 12:23). Jésus a posé la question : "Que donnera un homme en échange de son âme ?" (Matthieu 6:26). Des gens ont vendu leur âme pour de l'or mais inversement, pour racheter une âme de la puissance de Satan et du péché, l'or et l'argent n'ont aucun pouvoir. La Bible nous apprend que la seule rançon que Dieu accepte, c'est "le sang précieux de Christ" donné pour racheter ceux qui croient en lui.
Ainsi, celui qui croit en lui et en celui qui l'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie !
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