Tumgik
#histoiretriste
quietudedelanuit · 2 years
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Soleil et Brouillard - Chapitre 1 (on Wattpad) https://www.wattpad.com/1208106870-soleil-et-brouillard-chapitre-1?utm_source=web&utm_medium=tumblr&utm_content=share_reading&wp_uname=NachtRaut&wp_originator=SIqy8S%2FhVzwsdDdWc8LItLg45ANEW4uIWcwLBEmqaZ6%2BiHuwIbEgZIv%2BeSDlixQWyEoe%2BwFvwwKCV%2BVh6hCy5OCysuJERYme8edS6dAhqT1d5LN2vX57iSJbkUhRFIh1 Il se souvient. Quelques pages pour quelques années d'une histoire à deux. Il y a Je et Lui. Ils peuvent être tout le monde et personne à la fois. C'est une histoire de tous les jours qui se passe n'importe où. Le récit d'un amour. Le récit d'une vie en quelques mots.
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Les Histoires du ciel (2 / 2)
II. Suzy
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J’ai pas les mots, Jo, pour décrire ma peine. Les tiens étaient toujours justes, mais moi, je suis une handicapée du verbe, j’en mets toujours trop ou pas assez. T’étais un chef pâtissier du langage. Moi mes gâteaux sont toujours ratés, ils ont des gueules toutes cassées et un goût dégueulasse. Les tiens étaient des chef d’oeuvres de saveur et de beauté. Et je pouvais en manger des tas sans jamais me lasser, sans jamais être écoeurée. Je vais quand même essayer, Jo, pour toi, de te sortir un gâteau pas trop pourri, mangeable. Te dire tout ce qui s’entasse et s’entremêle au creux de mon esprit torturé, de mon coeur en miettes. Tu feras pas « Whaou, Suzy, je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon ! Ces mots sont SU-CU-LLENTS ! » non rêve pas, mais tu vas pas vomir, promis. Enfin, j’espère. 
Jo. C’est pas juste ce qui nous arrive. Remarque si la vie était juste, on le saurait. Moi, Jo, ce qui me marque le plus dans toute cette merde c’est ton courage. Ta force et ton courage. À ta place je crois que j’aurais pété les plombs, j’aurais insulté tout le monde, j’aurais été immonde. Mais toi t’es resté digne, humble et t’as jamais flanché. Je suis tellement admirative, tellement fière de toi. Alors j’ai joué la fille forte, qui voit toujours la vie du bon côté, « l’optimiste à toute épreuve », comme tu disais. Tu parles. Je faisais bien semblant c’est tout. Bien semblant de pas m’enfermer tous les soirs dans les toilettes pour pleurer toute l’eau de mon corps, de pas cacher derrière tous mes sourires une Suzy qui tape sur tous les murs et crie à n’en plus pouvoir « Mais pourquoi ? POURQUOI ? ». Je voulais pas que tu saches, pour pas t’accabler, pour pas que t’aies à gérer ma peine en plus de la tienne. 
Ce que j’aimais, pas dessus-tout, c’était la façon que tu avais de me regarder. Tu posais sur moi un regard calme et tranquille qui faisait s’évanouir tous les doutes. Y avait une puissance venue d’ailleurs dans tes regards, qui faisait oublier le monde autour, qui rendait tout futile. Je pouvais pas vieillir sous tes yeux, je grandissais, je m’élevais, et les heures ne touchaient pas ma peau, elles les effleuraient gentiment sans l’abimer. 
Je suis pas une fille docile, loin de là. Je me laisse pas approcher et je fuis tout ce qui me suit. Je laisse personne me chérir et j’ai horreur qu’on me trouve belle. Je mords celui qui essaye de fendre ma carapace, qui est plus solide que les glaciers des banquises, que les icebergs du grand nord. Il n’y avait que toi qui arrivais à faire fondre un peu, beaucoup, la peur, la méfiance, le sauvage et l’indomptable. Il n’y avait que toi. Mais toi, mon Dieu, toi, Jo, toi t’étais quelque chose, tu me laissais pas croire, tu plantais des certitudes au fond de mon cœur. Toi seul, Jo, me comprenais. Je vais parler à qui, moi, maintenant ? Aucun être humain sur terre ne me regardera plus. Il n’y avait que toi qui savais me regarder. Je n’existe plus sans ton regard. Je traine mon obscurité partout où je vais, partout où tu ne seras plus. 
Je garde tout près de moi les nuits étoilées. Il y en a maintenant à Paris, mais elles ne sont pas plus belles que celles de Belle-Île. Depuis que t’es parti, la nuit de Paris essaye de me réconforter. Elle n’y arrive pas, mais elle essaye, à coup d’étoiles qui brillent. Sauf qu’elles ne brillent plus. Le ciel sera toujours noir. Tout est noir quand on a du chagrin. 
Tu sais, sur ton lit d’adieu quand ils sont venus te chercher, tu avais les yeux ouverts. Je crois que tu voulais encore veiller sur moi, pour que la dernière image ce soit toi qui me regardes encore, toi qui me regardes toujours. On ira une dernière fois à Belle-Île, quand tout sera fini, le confinement et le mal contagieux, on ira encore sur la plage, pour admirer le coucher du soleil. Et je ne vais plus pleurer. J’ai pleuré avant et je pleurerai après, mais pour ce dernier coucher de soleil je ne vais pas pleurer parce que je n’aurais plus peur de te perdre. Je te disperserai ensuite sur le sable. 
Tu te rappelles, à chaque coucher du soleil, tu me demandais pourquoi je pleurais. Je te donnais des réponses un peu brumeuses, dont tu te contentais. La vérité c’est que ces moments-là me ramenaient à ta maladie et à l’incertitude de toi encore à mes côtés quand le soleil serait levé. Le soir de ton départ, on a fait une visioconférence avec quelques-uns de tes proches. Il y avait ta mère et moi à l’appartement, ton grand-père de Belle-Île, Lucie, tes amis Jules et Romain, ton oncle Boris et ta tante Gisèle. C’était une modeste cérémonie, un peu étrange parce qu’on était tous loin les uns des autres, mais tu nous as réuni. Chacun a pu dire un mot et on a prié tous ensemble pour toi. C’était très émouvant. 
Je suis restée un peu avec ta mère après tout ça. On ne s’imaginait pas rester seules, elle et moi, alors on s’est soutenues, mutuellement. On s’est beaucoup parlé. De tout, de rien. Pas forcément de toi mais, mais tout, malgré nous, ramenait à toi. On est devenues amies. Tu te rappelles ce soir-là, quand ta mère a sorti plein d’albums de famille avec toutes ces photos de toi, petit ? Tu étais tout gêné que je les vois. Moi je trouvais ça trop mignon, tes petites joues rouges, tes airs espiègles, ta malice. Il y avait déjà tout dans ton regard. Et puis ta mère nous a parlé de ton père comme jamais elle t’en avait parlé. Elle a tout dit, très simplement : « C’était un amant de passage. Un amour intense et bref. Un jour il est parti et il n’est jamais revenu. » Il y avait aussi des photos de ta grand-mère, une femme belle comme le jour, avec ses beaux cheveux blonds et ses yeux bleus profonds. Je trouvais qu’elle ne ressemblait pas du tout à ta mère. Et puis ta mère avec un peu d’anxiété dans la voix t’a demandé si tu ne t’étais jamais posé la question, pourquoi elle était la seule de ses frères et sœurs à avoir les cheveux bruns alors que ton oncle Boris et ta tante Gisèle étaient blonds tous les deux. Tu avais répondu que ça ne t’avait jamais vraiment frappé, parce que papy n’était pas tout à fait blond non plus et que la génétique fait ce qu’elle veut et qu’elle a ses mystères. Ta mère avait souri. Et elle t’a dit, droit dans les yeux, que ton grand-père n’était pas vraiment ton grand-père et que ta grand-mère lui avait révélé un grand secret peu avant qu’elle ne meurt. Mamie avait un amant. Elle a dit. Son ami marocain, Ali. Un homme grand, fin, élégant et fier sur la photo en noir et blanc d’un autre temps qu’elle nous a montré. Ils ont vécu une idylle qui a tout bouleversé. Une histoire dont ta mère était le fruit. Ton grand-père s’en était toujours un peu douté mais il n’avait jamais vraiment su. Il s’est toujours tu parce qu’il aimait trop ta grand-mère pour lui en vouloir, pour lui reprocher. Tous ses enfants étaient ses enfants, peu importe leur père. C’est ta mère qui m’a donné ces détails, plus tard. Elle en avait parlé avec ton grand-père après la mort de ta grand-mère. Et puis ta mère a continué à tourner les pages de l’album, comme si de rien n’était, comme si elle n’avait pas fait un peu tangué le monde. Tu l’as bien pris. En fait, la révélation de ce secret c’était presque comme un cadeau pour toi. Tu trouvais ça beau la vérité, qu’importe son poids. C’était OK pour toi, cet instant de déséquilibre. Ça faisait un peu tourner la tête mais il fallait bien trouver le moyen de se remettre droit, les deux pieds sur terre, et avancer. Il en fallait plus pour te désarmer. Qu’est ce qui pouvait te désarmer Jo ? Le monde aurait pu s’écrouler que tu n’aurais pas été désarmé. Le monde s’écroulait, que tu étais debout, et moi j’étais debout à côté de toi, ma main dans ta main. 
Toutes les nuits tu me hantes, Jo. Le jour aussi. Mon esprit n’est peuplé que de toi. Tu es la seule étoile qui brille dans la nuit de ma vie. J’ai mal, je vais pas te mentir, j’ai très mal. Mais ça va aller, ne t’inquiète pas. Je me souviens très bien de tout, de tout ce qu’on a vécu. Je me chante nos folies. Ce sont de douces mélodies. Tu continues de me regarder parce que je sens tes yeux sur mes yeux, ces yeux que tu n’as jamais fermés. C’était facile de t’aimer, Jo. Et c’est facile de t’aimer encore. Allez, maintenant tu peux reposer en paix. Tu verrais comme le monde est fatigué, fatigué de se battre avec tous ses démons. Pour moi ce n’est pas tout à fait la paix, mais je n’ai plus de démons, parce que j’ai le plus beau des anges.
// Dédé //
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lesecritsdejulie · 3 years
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Seule
Elle était seule. 
Ou du moins elle se sentait seule. 
Elle n’était pas comme les autres.
Elle n’avait jamais vraiment eu d’amis. 
Et cette solitude lui pesait. 
Elle s’assit sur son banc habituel dans le parc en bas de chez elle, mis son casque de musique, choisi l’album de son groupe de rock préféré. 
Elle poussa le son encore et encore jusqu’à ce qu’elle n’entende plus les bruits extérieurs.
Elle s’alluma un joint.
 Et là... là, elle se mis à dessiner tout ce qu’elle voyait. 
Un canard dans un étang, un enfant sur un toboggan une glace à la main, le vent qui faisait danser les arbres, un bébé qui pleure dans une poussette. 
Tout ce qu’elle voyait dans le parc. 
Et tout à coup, elle se sentit moins seule.
 Elle avait l’impression de connaître chacune de ces personnes. 
Elle sourit. 
Elle rentra chez elle, ferma la porte de sa chambre, et se pendit.
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poetiquementvrai · 3 years
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Papy
  Des mois de souffrance, agonie, détresse articulée en cri. Des mois où la douleur sévit. Témoins de passage, personne ne peut ressentir ton mal-être. Par empathie, on tente malgré tout de le partager, pour te soulager. Enfermé entre quatre murs, les nuits comme les jours se font longs. Absence de présence, tu te raccroches à cette lueur d’espoir, aussi légère et intouchable qu’une plume surplombant ta tête. Mais ton corps s’enflamme après que le diable ait jeté sa dernière cigarette.
- Poétiquement Vrai
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Capucine
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#3 [ROMANCE TRISTE]
Une douce odeur atteignit ses narines alors qu’il se promenait. Le parfum l'attira dans les bois, l'écartant ainsi du chemin qu’il devait suivre. La richesse de la rivière éclairée par le soleil lui apparut moins attrayante.
Il ressentait une énergie inconnue dont il devait trouver la source. Mais sans s'en rendre compte, il s'enfonçait dans les ronces. Il s’arrêta un instant pour évaluer la situation. C'était le crépuscule et il commençait à entendre des bruits de bêtes sauvages.
Il fit un pas et son pied se retrouva enfoncé dans des marécages. Il essayait de se débattre sans savoir où aller. D'un côté la plage qu’il connaissait, où il serait en sécurité. De l'autre les ténèbres et l'inconnu, mais la possibilité de trouver l'objet de sa convoitise. Irrationnellement, il s'enfonça dans le bourbier en direction de ses futurs problèmes. Il réussit à s'en sortir, mais des sangsues s'étaient attachées à ses jambes.
Les moustiques volaient près de ses oreilles et les branches des arbres lui écorchaient le bras. Il se demandait pourquoi il s'infligeait tout cela et c'est là qu’il la vit. Elle était là, rayonnante malgré l'obscurité grandissante. Son parfum était plus doux et agréable qu’un églantier un jour de pluie. Il n'en avait jamais vu d'aussi belle. Il n'avait qu'une envie, la cueillir et la conserver à jamais auprès de lui.
Il continua de s'approcher en espérant la toucher, mais ses forces commencèrent à l'abandonner. L’homme continua son chemin en rampant. Il entendait le gueulement des sangliers se réjouissant d'avance de leur festin, mais cela ne l'effraya pas. Tout son corps ne voyait, sentait et ressentait qu'elle. La douleur s'était transformée en plaisir. Les plaies et les sangsues avaient vidé son sang. Il ne put qu'effleurer la capucine marron de sa main avant de s'éteindre, en même temps que le soleil qui se couchait.
Illustration faite par la talentueuse @paulinegwcz.art 
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Les Histoires du ciel (1 / 2)
I. Jonas
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Tu te rappelles les soirs d’étés, à Belle-Île dans la maison de mon grand-père ? On allait à la mer en fin d’après-midi, quand les gens partaient, et on aimait s’embrasser sous les yeux impudiques des vagues qui dansent. Tu te souviens ? On allait ensuite regarder le coucher du soleil du haut de la colline. Tu disais que tu aurais pu rester là des heures et des jours tellement c’était beau. Ça te faisait chialer. J’ai jamais connu quelqu’un d’aussi émotive que toi. Pleurer devant le coucher du soleil ! Remarque, ça a quelque chose d’unique cet astre absolu qui s’offre du repos, et aussi quelque chose de triste, de presque tragique, parce qu’on peut pas s’empêcher de se demander s’il aura la force ou l’envie de revenir, de se relever encore une fois pour que demain existe, si on a mérité que demain existe, si on n’est pas trop cons, et si on est capable d’autre chose que de tout gâcher, s’il vaut pas mieux que son repos soit éternel et qu’il nous laisse dans le noir, comme on l’est de toute façon même quand il nous éclaire. Alors tu vois, avec du recul, je comprends très bien pourquoi tu pleurais.
Tu te rappelles, quand on est revenus à Paris, pour reprendre la routine de nos vies étudiantes, tu m’as fait promettre qu’on retournerait encore quelques jours là-bas, vite, bientôt, parce que trop de ville t’angoissait et que tu avais l’impression de respirer un air neuf à la mer, encore pur et innocent de la fumée épaisse et invisible qui nous grignote doucement les poumons dans les métropoles pleines de trop, trop de voitures, trop de monde, trop d’incivilités.
Tu me parlais beaucoup des étoiles. Tu disais que ça te rappelait qu’on n’était pas seuls dans l’univers. Tu disais que le ciel bleu pétrole, lisse et homogène des nuits parisiennes nous mentaient, nous affirmait une solitude qui n’est pas réelle. Tu disais que les nuits de Belle-Île avaient la lumière des retrouvailles, le réconfort de se sentir aimé et le bonheur d’aimer en retour. Tu disais qu’elles nous racontaient une infinité d’histoires et d’épopées, qui ne nous connaissaient pas et qu’on ne connaissait pas, qu’on ne connaîtrait sans doute jamais, mais dont on connaissait l’existence, et cela suffisait. Nous, quand on était tous les deux, on était jamais seuls.
Quand on dormait à la belle étoile dans l’immense jardin, toi tu lisais ces histoires en regardant en l’air et moi je n’arrêtais pas de te regarder toi, tu te rappelles ? Tu m’ordonnais de regarder le ciel comme toi, de remplir mes yeux des autres mondes, parce que je pourrais plus, bientôt, à Paris qui ne sait pas raconter les histoires du ciel. Moi je ne t’écoutais pas et je continuais à te regarder. Je te disais que je préférais me remplir les yeux de tes yeux, de ton monde. Tu me disais que tu me donnerais une photo de toi après si c’était que ça. Mais moi je ne voulais pas de photo de toi. Parce qu’une photo de toi, ça aurait été juste un instant de toi alors que moi j’aurais voulu tous les instants de toi, tous les gestes, tous les regards, toutes les mimiques, alors c’est pour ça qu’il fallait te regarder beaucoup, pour te collectionner, ne pas prendre le risque de laisser filer une seule image. De toutes ces images, j’aurais voulu faire des expositions permanentes pour devenir un musée de toi dans lequel je pourrais me promener à toute heure du jour et de la nuit, à des nocturnes, qui ne finiraient pas avec la nuit, qui ne finiraient pas avec la vie.
Tu te rappelles les journées qu’on passait à réviser dans ta minuscule chambre de bonne ? Des nuits qu’on usait à refaire le monde ? Des « Et si » qu’on égrenait au fil des heures et des bouteilles qu’on buvait à la santé des rêves les plus fous qui jaillissaient de nous ? Tu aimais boire du blanc et moi du rouge. Alors pour te faire plaisir, on buvait du blanc et quand il n’y avait plus de blanc pour désaltérer notre soif d’idéal on finissait toujours par ouvrir une bouteille de rouge.
Tu te rappelles ? Parfois tu appelais ton amie Lucie qui arrivait toujours avec des heures de retard, quand on était trop fatigués d’avoir fait semblant d’avoir bien révisé et qu’on était déjà passé à la partie alcoolisée de la soirée. Elle inventait toujours les excuses les plus farfelues pour justifier ses retards. Un soir elle avait prétexté qu’elle avait sauvé un petit garçon d’un immeuble en feu. On s’était regardés et on avait éclaté de rire pensant qu’elle nous prenait une fois de plus pour des idiots. Le lendemain tu m’avais montré l’article qui parlait de son acte de bravoure, comment elle avait escaladé une façade d’immeuble pour récupérer le pauvre gamin coincé sur le balcon de son appartement en flammes. Alors on avait éclaté de rire de plus belle, réalisant que de toutes les fois où Lucie avait crié au loup, c’était ce soir-là qu’il était vraiment venu.
Tu te rappelles comme on était jeunes et insouciants, comme on voulait tout du monde ?
Tu te rappelles ce lundi où on a entendu à la télé Macron dire qu’on ne devait plus sortir, qu’il fallait rester à la maison pour échapper au virus ? Tu te rappelles, hein, dis, c’est le même jour où les résultats de mes analyses sont tombés. Le médecin disait au téléphone qu’il me restait un mois à vivre tout au plus et que la chimio n’y changerait plus rien, qu’il fallait rester chez moi, pas prendre le risque de choper l’autre virus et profiter de mes derniers jours. « Profiter » il avait dit, « profiter ». Mais il avait pas donné le mode d’emploi pour « profiter ». Comment on « profite » quand il nous reste un mois à vivre et qu’on peut même pas sortir de chez soi ? Finalement, ça tombait pas trop mal parce que moi je voulais juste être avec toi.
Et comme tu voulais pas me laisser sans toi, tu as pris ta petite valise, tu y as glissé quelques fringues, quelques livres et quelques DVD, et tu as marché jusqu’à chez moi.
On est restés des journées entières cloîtrés avec ma mère, qui s’est mis à nous parler de sa mère, de son père et de tas d’histoires de famille qu’elle m’avait jamais racontées avant. Ça m’a fait du bien, je crois.
On s’était arrêté de réviser, parce que de toute façon un diplôme me servirait plus à rien.
Tu te rappelles, comme je rêvais d’aller à New York et que je pouvais plus, tu me lisais des passages de l’Attrape-cœur de Salinger, et tu me demandais de fermer les yeux et de m’imaginer sur la 5e Avenue en compagnie de Holden Caulfield.
Tu m’avais dis « Tu pleures pas OK ? Je veux pas que tu pleures ! Sinon je vais pleurer aussi. Moi ça va, ça me dérange pas de pleurer. Mais j’aime pas quand tu pleures et que je pleure avec toi. Ça fait tragédie romantique à deux balles et on vaut beaucoup mieux que ça quand même, non ? » tu te rappelles ? Parce que les larmes ça servirait plus à rien non plus maintenant, d’ailleurs je crois que ça n’a jamais servi à rien, les larmes. Tu disais «  Je te laisse pas le choix : tu vas rire et être heureux, jusqu’à la fin ». T’as toujours eu une grande sagesse et de l’optimisme à revendre, ça contrastait avec moi qui choisissais toujours l’angoisse et la déprime.
Tu te rappelles qu’on avait vu cette étoile dans le ciel, ce soir de confinement, un petit point lumineux, tout seul, au milieu du vide-obscure et tu m’avais dit que c’était pas pour rien cette étoile, que c’était une belle histoire, et qu’on se la raconterait.
Je t’ai dit que j’étais désolé, je sais que tu te souviens t’as pas pu oublier, qu’on pourrait plus retourner à Belle-Île, dans la maison de mon grand-père, pour respirer le grand air, et voir mon grand-père, que tu adorais et que j’adorais aussi. J’ai dit que j’étais désolé qu’on soit coincé sur Triste-Capitale, désolé qu’on soit obligés d’abandonner les étoiles.
Tu m’avais répondu que tu t’en foutais complètement d’abandonner les étoiles, alors que tu en mourrais de m’abandonner moi, parce que pour toi, c’était moi toutes les étoiles, et ta plus belle histoire.
// Dédé ANYOH //
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