Tumgik
#comment hanter ses pensées
elchercheur · 7 months
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J’étais dans le bain et j’ai pensé, un missile d’enfant 
Quel vide monstrueux, comment survivrais-je ? Le ciel que je rend absent, un espace vide revient me hanter, je suis vide et peut-être qu'à chaque fois que je suis vide, le ciel revient me réfléchir. Il faut mettre des choses à l'intérieur de moi, mais quoi ? Il me faut faire d'avantage de courts trajets en RER pour aller sortir et explorer des contrées et observer la nature et poursuivre les rivières en vélo. Sinon je ne tiendrais pas. L'hiver n'est pas encore là, nous sommes le 31 octobre, comment tiendrais-je ? L'année passée, j'avais un objectif, ne pas bouger et survivre, aujourd'hui quel est mon objectif, je n'ai plus vraiment de raison de ne pas bouger, j'ai réussi à le faire en voiture. Je ne sais plus vraiment, comment font-ils pour ne pas se poser de questions ? Je devrais travailler sur la nature, comprendre vraiment par delà le factice des villes, ce qui unit la présence des hommes à la terre, à la nature, à la vie qui se renouvelle. Pourquoi un mort donne naissance à des insectes et ainsi chérir les insectes ? Surtout chérir les insectes qui naissent tous les jours des morts. Me battre pour elle, vivre en son sein, dans son eau, sa forêt. Rêver, rêve plus fort, et le dire.
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matthieur · 1 year
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La dernière fois que je me suis senti vivant
La dernière fois que je me suis senti vivant, il y avait de l’eau.
Il y avait du vent, il y avait des vagues. L’eau était froide et giclait sur mon visage, comme une annonce. La barre était loin. Effrayante, presque.
On dit qu’au surf le plus dur c’est de se tenir debout. Mais être debout, ce n’est rien, ça ne demande presque aucun effort.
Le plus dur c’est de lire la mer. Observer les vagues. Éviter les mauvaises, attendre les bonnes. Et ramer, et ramer. Si on a bien lu la mer, on sera debout sur sa planche, sans même y avoir pensé.
Sinon, on sera emporté vers le fond, tourné et retourné, et seul le courant décidera du moment où il nous laissera sortir la tête de l’eau. Entre les deux moments, il faut tenir et accepter.
Ça va passer. Je vais remonter respirer.
La dernière fois que je me suis senti vivant, j’étais seul à l’eau. C’était en décembre, il faisait près de zéro, les prévisions étaient mauvaises mais j’y suis quand même allé, parce que plus rien n’allait, parce que plus personne ne m’attendait.
A l’eau, il n’y avait personne pour me voir ne jamais réussir à me mettre debout sur ma planche. Ce jour-là, je n’ai pas su lire la mer. La dernière fois que je me suis senti vivant, j’ai échoué.
Et puis, je suis rentré, et puis, elle m’a dit que c’était fini. L’habitude. Le malheur.
Je me souviens que la chambre était plongée dans la pénombre, j’étais allongé sur le lit et elle est venue s’assoir à son bord. Elle m’a dit, je veux qu’on se quitte, Matthieu. Les mots dans cet ordre, avec mon prénom à la fin.
Depuis, je ne me sens plus en vie.
C’est aussi simple que cela.
Parce que jusque là, j’étais elle. Depuis je ne suis plus que moi, et ça je ne sais pas comment faire, n’être que moi. Je crois que je ne l’ai jamais su. Je doute de le savoir un jour.
Il paraît qu’il faut passer à autre chose. C’est ce que tout le monde me dit. C’est ce qu’elle-même me dit, entre les fois où elle me dit comme elle était malheureuse avec moi.
Elle ne dit pas à cause de moi, mais bien sûr je n’entends que ça. Si elle était malheureuse, c’est que j’ai dû faire quelque chose de mal pour ne pas la rendre heureuse.
Est-ce que je l’ai trop embêtée avec ses tasses qu’elle laissait traîner partout ? Est-ce qu'elle n’aimait pas ce que je devenais ? Est-ce que je n’ai pas su l’aimer comme elle aurait voulu l’être ?
Pourtant, c’est tout ce qui m’importait.
Il faut passer à autre chose.
Oui mais moi, je pleure au Biocoop de la Mairie des Lilas. Je pleure dans les couloirs à Arts et Métiers. Je pleure à la salle d’escalade à Pantin. Je pleure devant mon chien. J’essaie de me cacher, mais je sais que ce n’est pas comme la dernière fois que je me suis senti vivant.
Cette fois, tout le monde me voit.
Ça me prend et m’emporte, comme une mauvaise vague que je n’ai pas su lire. 
Passer à autre chose, ça ne veut rien dire, parce que c’est impossible. Ce qu’il faut, c’est penser à autre chose.
Alors je fuis, je fais. Je grimpe, je roule, je conduis, je pousse, je marche, je m’essouffle. Tout à coup les journées sont trop courtes.
Dès qu’elles s’arrêtent, elle revient. Elle me hante.
Les fantômes ont toujours une raison pour hanter les vivants. Mais moi je suis mort, alors, pourquoi es-tu là ? Pourquoi ne sommes-nous pas fantômes tous les deux ? Pourquoi ne puis-je pas être fantôme avec toi ?
J’hante des endroits sans y vivre. Il y a des bruits et des visages, mais je ne les entends et ne les vois pas. Les mots disparaissent dès qu’ils sont en l’air.
La dernière fois que je t’ai vue, j’ai compris.
J’ai compris que j’étais emporté au fond. Que je n’avais plus qu’à mettre mes bras en croix pour me protéger, attendre de pouvoir remonter.
A-t-on déjà vu un fantôme debout sur une planche ?
Tu étais ma mer et je n’ai pas su te lire.
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douceconstellation · 1 year
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22:22.
Quelques jours seulement et déjà le manque qui s'installe,
Deux nuits sur trois à rêver d'elle, à croire que mon subconscient a l'envie de me faire du mal,
Partagée entre ne rien envoyer ou écouter mon cœur battant,
J'attends.
Un vendredi soir à relire ses textes,
Prête à les utiliser pour revenir comme un prétexte,
À croire qu'elle use de ces derniers pour savoir si je vais revenir, comme un test,
J'aimerai pouvoir dire que de me blesser et de me laisser, je la déteste,
Mais la vérité étant que je pourrais mourir pour elle, je t'en prie, reste.
J'espère égoïstement que jamais personne n'arrivera à toucher ton cœur avec des mots, l'impacter tout court, comme je le fais moi.
Des larmes qui roulent depuis cinq jours sur mes joues,
Fatiguée et impactée par ce petit jeu blessant auquel l'on joue,
Pardonne-moi d'un peu trop t'aimer, je l'avoue.
Les paroles de sa maman qu'elle a probablement oublié qui en moi se répète,
Le son de sa douce voix qui résonne me rappelant à quel point mon amour pour elle est réel,
Et son visage qui ne fait que de me hanter et pas seulement dans un coin de ma tête,
Ce soir je souhaiterai que tu prennes ma main pour qu'ensemble on puisse affronter les tempêtes.
Bien vite apparaît ensuite le sentiment que tu as honte de moi, celui-ci ne se décolle plus de ma peau,
Que ce soit en changeant mon nom, ne répondant plus à mes mots doux au téléphone, refusant de faire juste à deux des photos,
Je trouvais pourtant notre petit univers si beau,
Encore aujourd'hui je me demande si ce n'était qu'une impression et autrement pourquoi ne l'ai-je pas remarqué plus tôt.
Ça m'a fait si mal. Et peut-être que je ne connaîtrai même jamais la vérité.
Mon cœur en saigne encore.
Le souvenir d'une main que j'attrape tantôt dans la rue, serrant fort les uns contre les autres nos doigts nus,
Puis sur un canapé devant les adultes entre nos deux corps sans être vu,
Dans la voiture, m'en fichant et n'ayant aucune retenue,
Puis les magasins, m'affichant fièrement devant les inconnus,
Car je me fiche de ce que l'on peut penser de nous, à mes yeux tu es l'élue.
Un samedi soir un peu trop arrosé,
De mauvaises choses qui tournent et qui me sont proposées,
Je tire dessus comme pour combler le fossé que tu as laissé,
Et pourtant même avec tout ça, je n'arrive pas à te chasser de mes pensées.
Le brouillard tout autour de moi,
L'alcool coule à flot, je n'ai jamais eu autant froid,
Je te cherche partout sous la lumière de la pleine lune mais tu n'es pas là,
Je ne comprends toujours pas pourquoi même dans un tel état, j'entends ton nom résonner dans chacun de mes pas, comment se fait-il que tu ne me quittes pas.
Ce que je ressens pour toi remontant au fur et à mesure des conversations,
La sensation de retrouver l'un de mes vieux démons dont je ne veux à présent plus me débarrasser, tu redeviens ma délicieuse addiction.
Je n'arrive désormais plus à contrôler mes sentiments,
J'avais oublié à quel point je suis bien avec toi et qu'il fait bon vivre à tes côtés, exactement comme au bon vieux temps.
Une peluche rose offerte dans le creux des mes bras,
Lui donnant tout mon amour tandis que celle-ci depuis mercredi soir dort contre moi,
J'aimerai tellement et donnerai tout pour qu'il s'agisse en réalité de toi.
Je t'aimerai toute ma vie, promis.
"Je t'aime pour toujours."
Merci de m'avoir fait découvrir et ces derniers jours à nouveau re-découvrir ce qu'est le seul et véritable amour.
2020
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pharefeulu-blog · 2 years
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Coeur - définitivement - brisé.
Hier tu m'as dit que tu allais passer une partie du week-end chez la fille. Vous allez manger ensemble chez elle (elle va te faire à manger...) et vous allez aller jouer au ping pong (votre passion commune...). Tu vas dormir chez elle..... Et le lendemain vous irez peut-être à une exposition... Tu l'as même appelée par son prénom...
Tout ça devient sérieux, votre relation avance, se concrétise...
...
Quelle douleur.
Evidemment, je le redirai toujours et je dois m'y résoudre : c'est tant mieux pour toi. C'est génial, tu le mérites. C'est indéniable. Ce n'est pas ça le problème.
Le problème, c'est moi. C'est purement égoïste.
C'est réaliser que tu es et resteras à jamais mon premier amour, et que je suis si triste qu'il ne se soit jamais concrétisé.
Tout ça, ce qu'on vit chacun, ça aurait dû être nous il y a une dizaine d'années. C'est tout. C'est la pensée qui me hante, et qui refait surface à chaque fois que je te parle, à chaque fois qu'on se quitte (ou plutôt : que tu t'éloignes), pour que l'on (non, que "je") te retrouve quelques semaines / mois plus tard... Et c''est celle qui vient me hanter aussi quand enfin tu vis ta vie et entre dans ta première / l'une des premières relations...
Imagine tu tombes amoureux ? (Je suis sûre que c'est le cas et que tu me l'a "caché", peut-être pour "mon bien")... Imagine vous restez ensemble plusieurs mois, années... Imagine c'est la bonne ? Imagine vous emménagez ensemble ? Imagine d'ici un ou deux ans vous avez votre premier enfant ..?
Ce sera assurément le "point de non retour", ce qui fera que je devrai me résoudre à tirer un trait sur un rêve irréalisé.
"Le rêve" c'est assurément toi. C'est pas juste une idée, une "chose", c'est tout ce que ça représente : Toi, ta personnalité, tes idées, ta façon d'être, ta façon de penser, ta façon de parler...
Je réécrirai un milliard de fois l'histoire pour qu'on puisse arriver à une fin ensemble.
...
Si ça se trouve on était pas faits pour être ensemble, c'est pour ça que ça s'est jamais fait.
Après tout, j'y reviens, mais t'as jamais fait en sorte qu'il se passe quoi que ce soit. Au final c'est peut-être moi qui ai vraiment tout "fantasmé". C'est vrai, je pleure pour une histoire qui ne s'est jamais réalisée, mais elle ne se serait peut-être jamais réalisée en fait...
...
en tout cas voilà : ça fait mal. Tu as raison, je ressens ce que tu as pu ressentir. Et moi je te le dis, et je l'exprime. J'aurais peut-être pas dû...
...
je t'ai écrit un message de 10km de long, je crois que ça a fait buguer ton téléphone (comment c'est possible?)... :/
..
Le pire, c'"est de se dire que je ne peux rien changer à tout ça. Non pas que je veuille que tu ne vives pas le bonheur que tu as à vivre avec cette fille... mais voilà, même si elle n'étais pas là, je ne pourrais rien y changer... Je suis loin, tu ne m'as plus vue depuis 7 ans, tu n'avais pas donné suite pour qu'on se revoie en septembre dernier... On devait plusieurs fois s'appeler et ça ne s'est jamais fait (pas de mon fait, mais du tien)... je sais pas quoi en penser..
J'ai cherché du travail, je sais même pas ce que je pourrais faire...
Je me sens bloquée. Impossible d'y changer quoi que ce soit.
Je déteste la vie.
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aramielles · 3 years
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Kv1 : le long post de lila
Bon. Déjà, j’ai adoré ce film. J’ai vu quasiment tous mes personnages préférés (Caius i miss u), les costumes sont magnifiques, les vfx aussi, décors, musique, la PHOTO.
Et du coup je voulais partager quelques réflexions en vrac.
Le duc d’Aquitaine c’est juste le plus gentil. Mais je dois avouer que j’aurais bien aimé le voir plus moralement ambigüe et faire des alliances avec tout le monde (il veut pas dire non aux gens).
Quarto… c’est dommage parce que j’aurais adoré le voir plus. J’ai trouvé qu’il est parti un peu rapidement.
Et c’est ça le seul défaut que je peux faire au film. La première partie va vraiment super vite.
Calo avec des cheveux ???
Lancelot est chef’s kiss. C’est un de mes personnages préférés parce qu’il est bien écrit. J’adore comment son costume de LANCELOTORTUE est synonyme de son état. Dur mais retranché dans lui même. Il est brisé, exténué et ça se voit. Et pourtant, il a toujours son hybris. Une des questions pour les films suivants sera si il mérite la rédemption. Pas si il en aura une mais si il la mérite.
Et le duel. Encore une fois, j’adore la symbolique du noir chez arthur et du blanc chez lancelot. Arthur est en noir, ça rappelle sa dépression mais aussi ses motivations. Il fait le bien et ne fait le mal qu’en cas de dernier ressort. Lancelot pense faire le bien mais fait le mal.
Aussi, les flashbacks avec la jeunesse d’Arthur en maurEtanie sont supers même si j’ai eu la vague impression d’un retcon avec Shedda (alors que non).
Ce qui nous ramène au duel. La scène de flashback montre arthur qui tue furadja. Pour moi, c’est la première fois qu’il tue quelqu’un. Et il le fait par amour. Parce qu’elle a posé la main sur quelqu’un qu’arthur aime. Et arthur ne peut pas tuer lancelot. Parce qu’il l’aime encore. Parce que malgré toutes les conneries, il croit encore en lancelot et croira toujours en lui.
Quand lancelot dit « vous êtes un incapable », j’interprète ça comme s’il parlait de lui-même . Il sait qu’il ne sera jamais à la hauteur d’arthur. Et il veut mourir. Il provoque arthur pour qu’il le tue et abrège ses souffrances. Parce qu’il ne croit même plus en sa propre rédemption. Encore une fois : lancelot méritera-t-il sa rédemption ?
Arthur aussi est prêt à mourir. Et je pense que c’était un ultime test de courage envers lui-même. C’est très symbolique en plus. Mourir écrasé sous les pierres de la forteresse qu’il a fait construire. En un sens, c’est ça, l’idée de redevenir un héros. Il est de nouveau prêt à mourir pour kaamelott.
Honnêtement, j’ai pensé que la bassine de Fraganan c’était le graal.
EXCALIBUR MAINTENANT. On se faisait la réflexion avec Rarou mais excalibur ne flamboie plus pour plusieurs raisons.
Au début, les flammes reviennent car elle admet qu’arthur est le héros, l’élu. Mais sa destinée a changé. Peut-être était-ce justement le destin d’arthur que de tout laisser à lancelot pour revenir plus fort ?
Au moment du duel, excalibur 1) devient chargée d’éclairs bleus 2) noircie.
Je pense que les éclairs peuvent avoir un lien avec les dieux dans le sens où arthur passe un instant du "côté obscur". Les dieux l’accompagnent. Ils ne veulent pas de clemence pour lancelot, celui qui les a affrontés. Et arthur met toute sa rage.
Mais quand arthur s’apprête à tuer lancelot, elle noircie. Parce que ce n’est plus arthur. Il est guidé par sa colère, sa dépression, ses remords. Tuer lancelot, ce n’est pas la solution qui viendra mettre fin au bordel. Au contraire.
Mevanwi aussi. Je pense sincèrement qu’elle aura un rôle beaucoup plus important dans les prochains films. Elle a appris la magie et flirte avec le pouvoir pour devenir plus grande. Et je pense qu’elle ne se soucie même plus de ses enfants. Son personnage me rappelle Médée.
Et Méléagant. Je pensais sincèrement qu’on ne le verrait qu’à la toute fin du film MAIS qu’il jouait dans l’ombre, tirait les ficelles, venait hanter lancelot. Ce qui veut dire que tout ce qu’il s’est passé pendant dix ans est du fait de lancelot, de son libre arbitre. Notez que Meleagant n’apparaît que pendant les grosses conneries faites aux dieux : Mevanwi et l’échange d’epouses, lancelot qui fait sécession, excalibur replantée et la fragmentation du royaume. Pour cesar, je pense que c’était laisser l’empire aux mains de Sallustius.
Donc meleagant serait un champion des dieux, comme arthur et le champion des hommes. Il porte leur justice, leurs armes, tout ça sans scrupules. C’est l’épée des dieux, comme excalibur devient celle des hommes.
Et concernant bedivere, je pense qu’il aura un rôle plus important dans les autres films. C’est un personnage de la légende qui accompagne arthur avant de mourir et lance excalibur, que nimue récupère.
Gareth sweetheart. Un batard ou fils de loth et anna ? Il semble être un peu plus jeune que gauvain. Peut-être est-ce le fils d’une dame de la cour ou d’une paysanne. Mais il connaît la magie, ce qui laisse à supposer qu’il était assez proche de son père. Peut-être qu’il va trahir la résistance ou alors qu’il travaille pour le compte de son père…
Et Shedda. Au départ, j’avais l’impression d’un retcon vis à vis d’aconia, alors que c’est pas du tout ça. Je pense que c’est pour montrer les malheurs d’arthur en amour. Shedda a été la découverte de l’amour, la philia. Aconia, ç’a été l’eros, l’amour romantique, l’amour passionnel (au vieux sens du terme, qui fait souffrir). Mevanwi, aussi une forme de passion mais ce ludus, un amour de jeu qui se transforme en mania, l’amour obsessionnel. Et Guenievre, c’est le pragma, l’amour qui se construit, se développe au fil des ans.
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pauline-lewis · 3 years
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Calendrier de l’avent bilan - 2020
Parce que cette année j’en ai le temps et l’envie je lance un petit calendrier de l'avent qui fera aussi un peu office de bilan. L'idée c'est de parler, sans pression, d'une œuvre que j'ai aimée cette année. Film/série/livre/musique. Inspirée par le hashtag #choisirlesfemmes qui circulait suite à la polémique liée au "Génie Lesbien" d'Alice Coffin, je n'ai choisi que des œuvres réalisées par des femmes et personnes non-binaires. D'ailleurs je ne sais même pas si c'est vraiment un choix puisque cela fait partie de mon quotidien depuis quelques années de leur donner plus de place sur mes écrans et sur mes étagères. Parce que depuis le jour où j'ai intégré la fac de Paris 10 et que mes profs de littérature et ma lecture obsessionnelle de "The Bell Jar" de Sylvia Plath ont mis des mots sur toute cette rage sous-jacente, j'ai eu la chance, moi qui ne m'étais jamais reconnue dans la féminité, de me reconnaître dans le féminisme. Et quelle joie ! L’article sera mis à jour tous les jours par ici !
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Jour 1 - La captive, Chantal Akerman (2000)
Lorsque le premier confinement a été annoncé, nous avons commencé avec Aurore à regarder des films français (et francophones) réalisés par des femmes pour faire notre petit zine "Ce n'est pas joyeux mais c'est vivant". C'était chouette de voir ces films à distance, dans un moment où nous étions un peu perdues, et de les débriefer, de faire chacune quelque chose autour et de voir pourquoi ils nous touchaient. Nous avons choisi La captive de la réalisatrice belge Chantal Akerman parce que j'avais vu une autrice que j'aime beaucoup le conseiller sur Twitter (Jakuta Alikavazovic), que j'aimais l'affiche ET que je nourris une passion àlavieàlamort pour l'œuvre de Proust.
Je ne le dis même pas par pédantisme mais bien parce que la lecture de la Recherche s'est imprimée très profondément en moi : à la fois les mots en eux-mêmes et le souvenir de la lecture. Je peux repartir chercher dans ma mémoire ce que je ressentais à chaque tome. La Captive" s'inspire de La Prisonnière, un de mes préférés. Le film explore la jalousie de Simon (Stanislas Merhar) et son idéalisation de la vie d'Ariane (Sylvie Testud). Chantal Akerman disait que la seule manière d'adapter Proust c'était de partir de son souvenir de l'œuvre. C'est peut-être pour ça que, exactement comme La Recherche, La Captive m'a laissé des sensations et s'est mêlé aux angoisses du moment. La moiteur de la salle de bain, les couleurs de la nuit, les phares de la voiture, les regards complices devant l'horizon infini de la mer. Des émotions qui flottent encore en moi, huit mois plus tard.
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Jour 2 - Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux (éditions Libertalia)
Pendant le premier confinement j'ai lu ce petit essai (je dis petit parce qu'il est court, mais pas du tout parce qu'il n'est pas important) de Corinne Morel Darleux qui parle d'écologie et qui offre de nombreuses réflexions poétiques et politiques sur l'état de la planète. C'est un livre qui ne culpabilise pas, qui ne vous fait pas croire que vous allez sauver la planète en achetant vos lentilles en vrac à la biocoop, mais qui donne par contre vraiment envie d'agir et de s'organiser (ce que je n'ai pas encore fait, mind you). Ce qui m'a particulièrement touchée dans son essai c'est la manière dont elle fait appel à de nombreuses références littéraires et artistiques, de Romain Gary aux lucioles de Pier Paolo Pasolini. En plein confinement j'ai eu la chance de l'interviewer pour la newsletter interview de Women Who Do Stuff !
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Jour 3 - Yentl, Barbra Streisand (1983)
Fin 2019 j'ai regardé Funny Girl et j'ai développé une petite obsession pour Barbra Streisand. Avant de voir le film, je ne savais pas grand chose de Barbra, j'imagine que j'avais d'elle une image de diva capricieuse. Depuis, je l'adore et je pense qu'elle est bien plus que tous les clichés qui lui collent aux baskets. Je me suis lancée dans un petit marathon, avec de vraiment belles découvertes (The Way We Were de Sydney Pollack notamment, elle n'y chante pas mais elle y est merveilleuse) et notamment Yentl qu’elle a réalisé. Il s'agit d'une adaptation de la nouvelle du même nom d'Isaac Bashevis Singer (il n'a d'ailleurs pas du tout apprécié le film). Il raconte l'histoire d'une jeune femme juive qui refuse d'être une femme au foyer. Son père, en lui enseignant en secret le Talmud, lui a donné envie d'être, elle aussi, une intellectuelle, de s'éduquer et de réfléchir au sens de la vie. Elle décide donc de se déguiser en homme et d'intégrer une école religieuse normalement interdite aux femmes. Tout le film réfléchit aux opportunités que l'on ferme aux femmes, au désir d'émancipation et aussi, un peu, au sens de la vie. S'y mêle toutes sortes de quiproquos amoureux ET la musique du one and only Michel Legrand. Name a more iconic duo.
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Jour 4 - Atlantique (soundtrack), Fatima Al Qadiri (2019)
Ma découverte cette année du très beau film de Mati Diop Atlantique (oui j'étais un peu en retard) m'a permis de décrocher un peu de mon obsession pour la bande originale de Jackie composée par Mica Levi. Une obsession qui dure depuis quatre ans, ça fait long. Bref, je ne vous apprends pas que le milieu de la bande originale de film est très masculin. En juin 2020, un groupe de compositrices de musique de films a d'ailleurs poussé un coup de gueule après avoir appris qu'une seule femme figurait parmi les 28 nommés au prix UCMF (Union des compositeurs de musiques de films).
Il se trouve que la BO d’Atlantique, l'objet de l'obsession dont je voulais parler aujourd'hui, est particulièrement sublime et qu'elle a été composée par une femme. Fatima Al Qadiri, compositrice et productrice de musique éléctronique koweïtienne, qui a su capter quelque chose de l'ambiance étrange du film et du ressac de la mer. Une mer aussi belle qu'inquiétante, sur laquelle viennent se refléter les sentiments les plus complexes. Cette BO est une merveille qui a tourné en boucle dans mon casque toute l'année, tandis que j'étais moi-même hantée par le danger, l'incertitude et une forme insidieuse de résignation.
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Jour 5 - PEN15 saison 2 (2020)
L'année dernière la série PEN15, co-crée par Anna Klonke et Maya Erskine était très très haute dans mon bilan de l'année, toutes catégories confondues. Elle m'avait complètement éblouie par son humour décapant mais aussi par sa force émotionnelle. Chaque épisode était une petite bombe qui me faisait remonter des tonnes de souvenirs du collège, douloureux ou non. Jusqu'à cette scène euphorisante sur Dreams des Cranberries qui me rappelait les heures heureuses où j'étais amie avec la fille du gérant du Shopi de Concarneau qui était beaucoup plus cool que moi et qu'on courait dans la réserve comme s'il n'y avait pas de lendemains. J'ai retardé sans cesse le moment de regarder la saison 2 de PEN15 parce que j'avais super peur d'être déçue, comme si Anna et Maya étaient désormais mes amies à la vie à la mort.
Mais je n'aurais jamais dû douter d'elles : cette nouvelle saison est une merveille, notamment dans la manière qu'elle a de raconter les relations mères-filles (d'Anna et de Maya). Ça parle avec beaucoup de subtilité de jalousie, de slut-shaming, de harcèlement, de la douleur de se rendre compte de qui on est et de ne pas être sûre d'être okay. Elle est encore plus poignante que la saison 1 je crois.
En tous cas elle est superbement écrite et je ne peux que vous conseiller de vous lancer dans un marathon si vous l'avez ratée jusqu'ici (elle est visible sur Canal+ !), ce qui devrait rendre votre fin d'année 300% plus cool selon mes calculs scientifiques. J’avais écrit dessus pour Retard si ça vous dit !
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Jour 6 - Wanda, Barbara Loden (1970)
J'ai déjà parlé sur Instagram de Wanda de Barbara Loden, qui a été une belle découverte pour moi cette année. Je dis "belle" mais le visionnage de ce film a été aussi assez douloureux, parce que je trouve qu'il raconte vraiment quelque chose de la violence des hommes. Et j'ai eu depuis des conversations sur la passivité du personnage, sa manière de subir. C'est dur de voir l'image d'un personnage qui a un peu abandonné, qui semble complètement seule. Aussi cela semble contraire à ce que l'on veut aujourd'hui revendiquer dans un certain féminisme : les récits de l'empowerment individuel ou collectif, des "femmes puissantes". Oui mais il y a aussi des femmes qui restent, qui ne peuvent pas partir, qui sont coincées. Il faut aussi raconter leurs histoires. C'est ce que fait Wanda avec une force qui est restée me hanter des jours et des jours et des jours. Il m'a d'abord laissée dans une forme de torpeur avant d'infuser en moi sur le long cours. L'effet que me font les meilleurs films, imho.
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Jour 7 - The Watermelon Woman, Cheryl Dunye (1996)
J'ai aussi déjà parlé plusieurs fois de The Watermelon Woman de Cheryl Dunye mais c’est un film sur lequel je suis revenue plusieurs fois cette année, j’y ai beaucoup pensé. C'est une sorte de mockumentary dans lequel une jeune femme, interprétée par Dunye, part sur les traces d'une actrice noire. À force de la voir dans de nombreux films des années 30, sans jamais voir son nom au générique, l’héroïne se demande : mais qui est cette femme ? Pourquoi a-t-elle été sans cesse invisibilisée ? Cette recherche lui permet de réfléchir aux rôles stéréotypés que cette actrice a été obligée d'interpréter et à sa propre relation amoureuse avec une femme blanche. Elle y intègre aussi une histoire d'amitié complexe.
Le film explore vraiment son identité de femme lesbienne noire et la manière dont elle se reconnaît ou non dans l'histoire du cinéma, il mêle sans cesse les trajectoires individuelles et collectives. Alors Cheryl se demande : n'est-il pas temps qu'elle invente ses propres récits ? Comment le faire dans un milieu culturel très blanc ? Le film est tour à tour drôle et émouvant et il est vraiment porté par le charisme et l’énergie formidable de Dunye.
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Jour 8 - L’une chante, l’autre pas, Agnès Varda (1977)
Vous reprendrez bien un peu de ma théorie préférée : les-films-arrivent-au-moment-où-on-a-besoin-d'eux ? Ça faisait quelques temps que L'une chante, l'autre pas d'Agnès Varda était sur ma liste de films à voir absolument, parce que plusieurs personnes m'avaient indiqué qu'il se situait au carrefour de tout ce que j'aime : la comédie musicale, le féminisme et les amitiés fortes. Et pourtant j'ai attendu d'être au cœur du mal, dans le ventre mou du confinement, pour enfin voir ce film. Grand bien m'en a fait puisqu'il a vraiment insufflé quelque chose de joyeux en moi avec ses couleurs vives et ses chants de femmes. Il a aussi concrétisé une envie que j'avais depuis quelques temps et m'a donné le courage pour me dire que je pouvais y arriver (et avec moi ce n'est : jamais gagné, merci Agnès).
Il m'a rappelé le bonheur d'avoir des amies, d'écrire, la manière dont en racontant sa vie personnelle on raconte un peu du monde. J'ai toujours écrit des lettres dans ma tête, quand je marche dans la rue, et ça m'a vraiment bouleversée de voir ce même procédé dans le film comme si d'un coup j'étais un peu moins seule. Et ce film m'a surtout fait penser à toutes les personnes avec qui l'on a des relations en pointillés qui n'en sont pas moins précieuses, ces personnes dont on colle les carte-postales un peu partout dans l'appartement en attendant de futures retrouvailles. Bref ce film a rempli mon cœur comme peu de films ont su le faire à cette période et j'avais besoin de lui pour que quelque chose en moi se débloque et fasse un petit "clic !".
Ça parle du corps des femmes, d'avortement, de faire entendre ses droits, de se battre mais surtout de la douceur de l'amitié et des mots que l'on se dit les unes aux autres et qui guérissent et qui réparent et qui donnent envie, peut-être, de croire un peu en soi.
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Jour 9 - L’autre moitié de soi, Brit Bennett (éditions Autrement)
J'aime particulièrement Brit Bennett, déjà parce qu'elle est brillante, mais aussi parce que c'est l'une des personnes que j'ai préféré interviewer ces dernières années, à un des énièmes moments où je me questionnais sur mon envie d’être journaliste. Je l'ai rencontrée à la rentrée 2016 pour Le cœur battant de nos mères et je me souviens de ma panique au moment de la dernière question quand je me suis souvenue cinq minutes avant la fin qu'à force de décortiquer le livre avec elle j'avais complètement oublié de lui poser une question sur l'élection de Trump et que je me suis dit que j’étais la pire journaliste (tout simplement).
J'attendais donc beaucoup de ce second roman, que je ne suis pas loin de trouver encore plus beau et plus fort que le premier. Brit Bennett y raconte l'histoire de deux jumelles et des trajectoires très différentes que leurs vies vont prendre. C'est une étude très fine et profonde de la société américaine, ça parle de colorisme et d'être une femme noire aux États-Unis au fil des décennies. Mais ce que je préfère chez Brit Bennett c'est vraiment l'empathie incroyable avec laquelle elle écrit, sa manière de creuser chaque personnage, de leur donner une chance d'être pleinement qui iels sont, dans toute leur complexité.
Quand on avait discuté en 2016 je lui avais dit en rigolant que j'étais en colère en lisant Le cœur battant de nos mères d'être aussi émue par le personnage masculin, qui avait pourtant typiquement le genre de discours qui m'irrite irl. Mais voilà le genre de romancières qu'elle est et j'ai vraiment hâte de lire ce qu'elle écrira par la suite. J'ai mis la couverture en anglais (parce que je l'ai lu en anglais) mais le roman est paru en français aux éditions Autrement, dans une traduction de Karine Lalechère. En en petit bonus voilà l'interview que j'ai menée avec Brit Bennett (par mail cette fois) en août dernier et qui est parue dans la newsletter de Women who do stuff !
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Jour 10 - Betty, Tiffany McDaniel (éditions Gallmeister)
Quand je travaille sur la rentrée littéraire, je lis beaucoup de livres à la suite. C'est un exercice que j'aime bien, une sorte de sprint de lecture. Je choisis ce sur quoi je vais écrire, et parmi cette sélection quelques romans surnagent vraiment. Je ne sais pas si ce sont forcément les *meilleurs romans*, je n'ai pas l'égo de penser que j'ai des goûts supérieurs à quiconque, mais ce sont ceux qui m'ont bousculée profondément. C'est ceux dont je vais parler ailleurs et plus tard, avec mes phrases à la première personne et pas mes mots de journaliste.
J'ai vécu avec l'héroïne de Betty une expérience très forte. Je me vois encore assise sur mon fauteuil rouge ne pas réussir à lâcher ce livre très dur dans lequel la poésie est brutale. Elle déchire le roman, elle force le passage. Betty est rempli des particularités de son héroïne (née d'un père cherokee, victime du racisme, confrontée aux violences sexuelles et à la précarité) mais quand son histoire a atterri en moi j'ai trouvé qu'elle racontait tout simplement ce que cela fait d'être une adolescence puis une femme. C'est aussi un roman très puissant sur la façon dont la beauté essaie de se frayer un chemin à travers la laideur - parfois c'est formidable et parfois ça fait un mélange indigeste que Betty a simplement envie de vomir.
Je ne saurais pas dire pourquoi Betty, plutôt qu'une autre, a su me tirer le bras si puissamment, pourquoi mes yeux sont devenus les siens et ses souffrances sont devenus les miennes et pourquoi j'ai oublié qui j'étais pour vivre ce qu'elle vivait et m'initier une nouvelle fois à cet univers étrange dans lequel nous vivons. Mais en tous cas quand la littérature me fait ça, j'ai tendance à me dire que je suis face à un roman que je ne suis pas prête d'oublier.
Paru aux éditions Gallmeister, traduit par François Happe
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Jour 10 - Travolta et moi, Patricia Mazuy (1993)
Travolta et moi n'est pas vraiment un film, c'est un téléfilm qui a été réalisé par Patricia Mazuy pour Arte. J'ai toujours eu une passion pour les films et livres qui traitent de l'adolescence parce que c'est une période de ma vie où je n'ai pratiquement rien vécu et qui pourtant m'a laissé des souvenirs infinis. L’adolescence a scellé plein de choses en moi : ma capacité à tourner en boucle, mon obsession pour la fiction et une certaine fragilité que, selon les jours, je chéris ou je hais. Sur ma veste, d'ailleurs, j'ai un pin's qui dit : "Relentless adolescence".
Travolta et moi c'est justement le récit de tout cela. L'histoire d'une adolescente que ses parents laissent gérer leur boulangerie un jour comme un autre et qui va se mettre à tourner en boucle. En boucle sur le garçon qu'elle a croisé dans le bus, en boucle sur John Travolta, en boucle sur les Bee Gees, en boucle sur cette rage adolescente tellement difficile à sortir de soi. Je crois que c'est l'un des films vus cette année qui m'a laissé le plus d'images, imprimées en moi à tout jamais : le regard de braise de Leslie Azzoulai, le froid de la patinoire, les corps qui tournoient qui se trouvent et se séparent. Jusqu'à cette scène finale qui m'a frappée le visage comme le premier matin froid de l'hiver.
J'ai souvent pensé qu'on ne représentait pas assez les adolescentes comme elles sont dans la fiction. Travolta et moi le fait, c'est le portrait tellement juste d'un âge absurde où l'on vit tellement profondément à l'intérieur de soi que presque tout fait mal. Aujourd'hui, j'ai beaucoup de tendresse et même d'admiration pour mes obsessions adolescentes. Je vous mets en visuel la superbe affiche d’Aurore qui, je crois, était ma préférée du zine. 
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Jour 12 - Les abysses, Rivers Solomon (éditions Aux Forges de Vulcain)
River Solomon est clairement l'un·e de mes auteurice contemporain·e préféré·e. L'année dernière au moment de la rentrée littéraire j'ai vraiment pris une claque avec L'incivilité des fantômes, un roman de science fiction extrêmement brillant, très politique, qui parlait du désastre économique et écologique et de lutte des classes.
Je me souviens avoir été très impressionnée de rencontrer Rivers Solomon dans une salle de la maison de la poésie. Nous avions parlé longtemps et j'avais trouvé que c'était l'une des personnes les plus passionnantes que j'avais pu rencontrer jusque là. Sa prose est un mélange vraiment savant d'un regard politique très affuté, de réflexions sur le genre et d'une vraie capacité à faire émerger la poésie au moment où on l’attend le moins. Iel construit des mondes d'une complexité infinie et s’approprie vraiment la littérature pour parler de sujets encore trop peu explorés.
Les Abysses est un roman plus court que L'incivilité des fantômes mais tout aussi réussi. Solomon y parle d'identité et surtout de mémoire, individuelle et collective, en explorant l’héritage de l'esclavage. Avance-t-on mieux en lui faisant une place ou en l'oubliant sans cesse ? Comment composer avec les injustices et les crimes dont ses ancêtres ont été les victimes ? Il y a beaucoup de beauté, aussi, dans ce questionnement douloureux. Et en bonus je vous linke un article que j'ai écrit pour Cheek sur la traduction dans lequel j'interroge notamment le traducteur des Abysses, Francis Guèvremont.
Paru aux éditions Aux Forges de Vulcain, traduit par Francis Guèvremont
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Jour 13 - Olivia, Jacqueline Audry (1951)
Quand on a travaillé sur notre zine avec Aurore (désolée d'en parler autant mais je crois bien que, avec le numéro 2 du magazine Women Who Do Stuff c'est bien la chose qui m'a apporté le plus de joie cette année), je me suis rendue compte du nombre de cinéastes dont j'ignorais tout. Du nombre de femmes dont l'existence et les films m'avaient complètement échappée. Parfois par ma faute (parce que je n'avais pas su aller à la rencontre de leur œuvre) et souvent parce qu'elles sont oubliées, invisibilisées. Absentes des rétrospectives, des diffusions à la télévision, des livres. Peut-être que c'est pour cela qu'on a autant parlé (dans mes cercles Twitteriens) de ce très beau film de Jacqueline Audry, Olivia et de sa diffusion sur Arte. Un huis clos lesbien qui se passe dans une école pour jeunes filles.
Tout comme Travolta et moi, Olivia parle de cristallisation émotionnelle, d'obsession et de tous les liens qui se nouent entre professeures et élèves. Olivia tait beaucoup de choses à l'écran mais la majorité des messages du film passent par les sensations, la sensualité qui déborde du cadre. Dans son très beau discours aux assises pour l'égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel, Agnès Jaoui a expliqué avoir regardé ce film avec un homme très cinéphile qui s'est endormi au bout de cinq minutes.
Jacqueline Audry a réalisé seize films et deux séries. Pourquoi ne connaît-on toujours pas son nom ?
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Jour 14 - Glass Town, Isabel Greenberg (éditions Jonathan Cape)
Je suis très triste que Glass Town ne soit toujours pas traduite en français parce que je crois bien qu'Isabel Greenberg est l'une de mes autrices de BD préférées et je trouve qu'elle mérite qu'on lise ses livres partout dans le monde. Elle a cette capacité à inventer des contes féministes et enchanteurs. Son imagination me semble sans limite et son dessin me bouleverse. Évidemment quand j'ai appris qu'elle allait travailler sur les mondes imaginaires des sœurs (et frère) Brontë, Glass Town, Gondal et Angria, j'étais plus qu'enthousiaste. Et le résultat est une pure merveille. Il ne s'agit pas d'un travail biographique, même si Greenberg dresse des ponts entre l'imaginaire et la réalité.
Ce livre raconte toutes les façons dont la fiction peut sauver nos vies, en aidant à surmonter un deuil ou en nous apprenant à comprendre le monde qui nous entoure et à l’accepter (utile, en 2020). La fratrie Brontë se réfugie dans ce monde inventé où ils peuvent exercer une forme de contrôle qu’ils n’ont absolument pas dans cette réalité cruelle qui leur file entre les doigts. Le style inventif et vif de Greenberg fait vivre sur les pages la démesure de Glass Town et son immense talent de conteuse lui permet de passer du monde réel au monde inventé avec beaucoup de dextérité, en explorant l'imaginaire dans tout ce qu'il a de merveilleux et de triste. Elle nous embarque de la première à la dernière page. Si vous aimez la littérature et que vous lisez l'anglais offrez vous Glass Town !
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Jour 15 - Le jour où le désert est entré dans la ville, Guka Han (éditions Verdier)
Je crois qu'il s'agit de l'un des premiers livres que j'ai lus cette année. Peut-être que je pressentais que cette année allait être particulièrement merdique, en tous cas en janvier j'ai enchaîné une ou deux semaines d'insomnie à lire la rentrée littéraire sur le canapé-lit. Tous les romans de cette période me semblent donc comme autant de souvenirs de longues balades étranges aux confins de mes angoisses.
Le jour où le désert est entré dans la ville est le premier livre de l'autrice coréenne Guka Han, qui écrit en français. Ce sont des nouvelles (toutes liées) très étranges et écrites avec un style remarquable qui explorent un monde dont les personnages essaient sans cesse de s'échapper. Quand j'y repense aujourd'hui je trouve que ce livre épousait parfaitement ce qui deviendrait notre quotidien dans toute sa singularité et son irréalité. Je vous conseille vraiment de le rattraper si vous ne l'aviez pas lu et je vous conseille aussi ce très bel entretien mené par Johan Faerber pour Diacritik que j'avais trouvé particulièrement passionnant où l'autrice explique notamment ce que cela fait d'écrire dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle.
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Jour 16 - I May Destroy You saison 1 (2020)
J'aime beaucoup l'idée d'avoir découvert et aimé Michaela Coel en 2016 avec la mise en ligne sur Netflix de la géniale Chewing Gum et de la retrouver en 2020 avec une proposition radicalement différente et tout aussi brillante. I May Destroy You raconte l'histoire d'Arabella, une jeune autrice qui vit à Londres. Un matin, après être sortie avec des ami·e·s alors qu'elle devait avancer sur son manuscrit, elle se réveille avec le souvenir qu'un homme inconnu l’a violée dans les toilettes du bar où elle buvait des verres. Elle porte plainte. Commence alors l'après. La suite de cet événement, qui semble aux yeux de tous·tes très ordinaire mais qui ne l’est pas du tout pour Arabella. I May Destroy You parle de syndrome post-traumatique et des marques que cette nuit va laisser sur l'héroïne.
Le ton est fort, percutant, par moment on a presque du mal à regarder parce que cette histoire est singulière mais qu’elle ressemble à tant d’autres que nous avons déjà entendues. Aussi parce que Michaela Coel a ce talent pour imaginer des personnages profonds, complexes, et qu'elle creuse toutes les storylines avec la même rigueur. I May Destroy You parle du viol et de la culture du viol mais de beaucoup d'autres choses : d'être une autrice noire en 2020, d'amitié à la vie à la mort, d'éducation, de consentement, de zone grise, des réseaux sociaux et en règle générale de la confusion. Confusion des corps, des sentiments, du monde qui nous entoure. Les costumes sont sublimes, la musique aussi, le rythme est incroyable, et le casting est parfait. Du premier au dernier épisode on est avec Arabella, pour le meilleur et pour le pire, pour une introspection à couper le souffle. À rattraper sur OCS !
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Jour 17 - Between the Lines, Joan Micklin Silver (1977)
J'ai découvert Between the Lines un peu au hasard en regardant les ajouts de Criterion. J'ai vraiment beaucoup apprécié ce film et j'ai été assez surprise (bon, pas tellement) de voir que Joan Micklin Silver n'avait pas eu une grande carrière au cinéma par la suite. Il ne nous reste donc qu'à découvrir son second long métrage dans lequel elle suit le quotidien de la rédaction d'un petit journal indépendant qui attend de savoir si le titre va être vendu et perdre son indépendance. Rassurant de voir que ce sujet n'a jamais cessé d'être d'actualité ! L'équipe est peuplée de personnalités fortes : le journaliste égocentrique qui pense que sa petite amie n'est là que pour l'aider à se dégager plus de temps pour lui, le critique rock qui est ravi de toucher sa paie sans rien faire du mois; la photographe pleine de talent sous-utilisée à la rédac...
Tous ces personnages réfléchissent au prix de l'indépendance, à leurs engagements et à leur rapport à l'écriture et les nombreux questionnements qui animent le film ont toujours beaucoup de sens en 2020. Comment la mission d'information du journaliste peut-elle s'inscrire dans une société capitaliste obsédée par le profit ? J'ai particulièrement aimé, évidemment, les personnages féminins qui essaient de tirer leur épingle du jeu dans cette rédac' peuplée d'hommes. Elles refusent d'être condamnées à être les cheerleaders des hommes alors qu'elles aussi elles écrivent, elles réfléchissent, elles photographient. Et souvent mieux que leurs homologues masculins.
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Jour 18 - C’est comme ça que je disparais, Mirion Malle (éditions La Ville Brûle)
J'ai tellement aimé C'est comme ça que je disparais que j'ai double-interviewé Mirion cette année, pour Cheek et pour la newsletter de Women Who Do Stuff. Ça a été sans conteste mon premier coup de cœur de l'année, je l'ai lu dans cette période molle et sensible de janvier, au moment où personnellement je me trouve la plus fragile, accablée par les bonnes résolutions qu'il faudrait prendre et que je n'ai toujours pas envie de tenir. Donc la BD de Mirion Malle et les larmes de son héroïne qui coulent dans la neige froide sont arrivées à un moment idéal.
C'est comme ça que je disparais parle de ces moments où l'on perd le goût de vivre. Elle raconte l'isolement, les amitiés qui se fissurent, les mots qui ne veulent pas sortir, les phrases tapées sur le clavier qui n'ont plus autant de sens qu'avant, les joies qui n'arrivent plus à sédimenter. Je pense souvent à cette phrase de François Truffaut que mon père me cite régulièrement qui dit que pleurer c'est une joie et une souffrance. Il y a de ces deux sentiments dans la bande dessinée, dans les mots mais aussi dans le trait mélancolique de Mirion Malle, dans les grandes mains qu'elle dessine et qui recouvrent les yeux de son héroïne. Dans les yeux immenses de Clara où l'on se plonge volontiers. La douceur et la douleur se rencontrent.
Bref, j'en ai beaucoup parlé cette année mais c'est un récit d'une grande force et d'une grande douceur (parce que les deux ne sont pas incompatibles) que je ne peux que vous conseiller de rattraper asap.
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Jour 19 - Ce que je ne veux pas savoir et Le coût de la vie, Deborah Levy (éditions du sous sol)
J'ai tout de suite eu envie de lire les deux premiers tomes de l'autobiographie de l'autrice britannique après avoir vu sa traductrice Céline Leroy en parler sur Twitter et aussi grâce aux couvertures et aux titres que je trouve magnifiques. Grand bien m'en a fait. C'est un livre qui parle d'être une écrivaine, de soucis matériels et existentiels, de maternité et de filiation, de relations qui s'achèvent, du quotidien dans tout ce qu'il peut avoir de tristement banal et de parfois incroyable. Deborah Levy y explique qu'il lui a fallu du temps pour trouver sa chambre à elle. Et bizarrement, et je crois que c'est la première fois qu'un livre m'aidait à combattre ma peur de vieillir. En la lisant je me suis dit que le temps n'était peut-être pas l'ennemi de l'écriture. Et que, malgré tout ce qu'on nous disait, il n'était peut-être pas non plus forcément l'ennemi des femmes.
J'ai mis plein de post-it dans le livre pour marquer les phrases qui parlent de l'écriture ("j'avais dit à l'épicier chinois que pour devenir écrivaine j'avais dû apprendre à interrompre, à parler haut, à parler fort, et à revenir simplement à ma propre voix qui ne porte que très peu"),  les petites références qui me touchaient : "Judy voulait ressembler à Liza Minnelli dans Cabaret." Et ces phrases qui restent comme si elles m'étaient destinées, écrites puis pliées sur des petits papiers que j'aurais trouvé sur mon chemin. "Cette façons que nous avons de rire. De nos propres désirs. Cette façon que nous avons de nous moquer de nous-mêmes. Pour devancer les autres. Cette façon dont nous sommes programmées pour tuer. Nous tuer. Mieux vaut ne pas y penser." Je vous conseille l'entretien qu'elle a mené avec Marie Richeux dans son émission (toujours parfaite), un moment magique et vraiment suspendu dans le temps.
Paru aux éditions du sous-sol, traduit par Céline Leroy
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Jour 20 - Losing Ground, Kathleen Collins (1982)
Kathleen Collins m'a beaucoup accompagnée cette année et j'en ai parlé à plusieurs endroits. J'ai notamment chroniqué son livre posthume Journal d'une femme noire paru aux éditions du Portrait cette année pour Cheek, un recueil de textes réunis par sa fille. Kathleen Collins est morte en 1988 mais j'ai aimé me dire que son œuvre, même si je la découvrais tardivement, m'atteignait à travers les années. Après avoir été très touchée par ses textes (et notamment par ses lettres à sa fille), j'ai regardé Losing Ground, un film sorti en 1982 mais redécouvert par le public américain en 2015. Elle l'a écrit, réalisé et il est souvent considéré comme l'un (le ?) des premiers films américains réalisé par une femme noire.
Il raconte l'histoire d'un couple de new-yorkais, une universitaire et un artiste, qui décident de quitter la ville pour l'été. Elle se retrouve à tourner dans un film (et qu'elles sont belles ces séquences musicales) tandis qu'il se rapproche d'une jeune femme qui l'inspire. Ce que j'ai aimé dans Losing Ground c'est la manière dont Kathleen Collins fait voler en éclats le mythe de "l'intelligence universitaire" vs la "créativité". Son personnage montre qu'elle contient des multitudes, qu'elle est bien plus qu'un rat de bibliothèque. Et puis ce film est bourré de scènes très inventives, notamment celle de l'image présentée ici où le regard masculin est symbolisé par ce monocle. Deux conseils en un donc, voyez "Losing Ground" et lisez les textes de Kathleen Collins, peut-être qu'elle vous fascinera autant qu'elle m'a fascinée cette année.
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Jour 21 - High Fidelity saison 1 (2020)
Je sais que ce reboot de High Fidelity, imaginé par Veronica West et Sarah Kucserka, n'a pas fait l'unanimité. D'ailleurs la série a été annulée par Hulu, ce qui m'a fait beaucoup de peine (on a connu pire cette année me direz-vous). La première adaptation du roman de Nick Hornby par Stephen Frears en 2000 a été très importante à un moment de ma vie, comme elle l'a d'ailleurs été pour beaucoup de personnes fans d'indie rock (whatever that means). Pour autant elle confirmait à mes yeux que je n'avais pas vraiment ma place dans ce monde dominé par des hommes à la recherche de meufs cool. Et puis la série est arrivée, avec une Zoë Kravitz magnifique de flegme dans le rôle de Rob, et elle a agi comme une sorte de catharsis pour moi. Qu'est-ce que j'ai trouvé ça cool de voir une meuf parler à un mec de musique pendant 10 minutes sans être interrompue. Que ce soit elle qui merde, qui soit parfois difficile à aimer, arrogante, pédante. Qu'elle mette, elle, les disques sur la platine.
J'ai adoré les deux personnages qui l'entourent, Simon (David H. Holmes) et surtout Cherise (Da'Vine Joy Randolph) qui reprend avec une fougue incroyable le rôle de Jack Black (et j'adorais ce personnage dans la version originale, même s'il critiquait Belle and Sebastian et que ça me brisait un peu le cœur). RIP la saison 2 qui devait se concentrer sur elle. Bref, il y avait quelque chose de très libre dans cette série, notamment au niveau de la bande originale, qui me laissait entrevoir que les choses seraient moins cloisonnées et pénibles pour la nouvelle génération. Et je vous hook up sur un texte que j'ai écrit sur mon blog au moment de la sortie de la série, qui parle basiquement d'être une meuf pas cool et pas jolie sur la scène indie de la fin des années 2000. Daughters of Albion, tmtc.
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Fiona Apple, Fetch the Bolt Cutters (2020)
J'ai pas mal réfléchi aux raisons pour lesquelles je n'ai pas écouté beaucoup de disques en 2020. Je crois que c'est parce que j'étais angoissée à peu près tout le temps et que je cherche vraiment refuge dans la musique. J'ai un disque pour chaque occasion, il sert un but précis. Je peux vraiment vivre deux mois dans la même chanson. Donc très certainement que 2020 sera l'année la plus vide de nouveautés. (le seul chanteur qui est entré dans mon cœur c'est Lee Hazlewood)
Mais évidemment, j'ai trouvé une place entre mes oreilles pour le nouveau disque de Fiona Apple cause true love lasts a lifetime et que je l'attendais depuis bien longtemps. Je pense régulièrement à cette chanson de l'album qui dit "I grew up in the shoes they told me I could fill / shoes that were not made for running up that hill / and i need to run up that hill". Fetch the bolt cutters est un disque de rythme et de sensations, qui me parle vraiment à un niveau très intime et personnel. J'ai l'impression que Fiona Apple l'a écrit pour tous·tes les anxieux·ses de cette planète et qu'elle leur chante à l'oreille que l'on finit par s'en sortir en s'entourant bien et en réussissant à s'en foutre un petit peu.
2020 était une année vraiment décevante sur à peu près tous les tableaux et ça m'a vraiment fait ressentir beaucoup de joie que Fiona ne nous déçoive pas et de sentir (et peut-être que je me trompe totalement) qu'elle est un petit peu plus libre qu'avant. Vivement la suite.
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Jour 23 - Qui sème le vent, Marieke Lucas Rijneveld (éditions Buchet/Chastel)
Je me souviens d'avoir lu Qui sème le vent cet été à Brest et d'avoir été un peu sonnée. Je ne pouvais pas me permettre, il me restait plein de romans à lire, il fallait immédiatement que je me remette en selle. Marieke Lucas Rijneveld est un·e auteur·trice de 29 ans qui écrit de la poésie et travaille dans une exploitation agricole aux Pays-Bas. Pour écrire son premier roman, iel s'est inspiré de son enfance dans une famille protestante orthodoxe réformiste.
Qui sème le vent raconte l'histoire d'une famille qui vit dans une ferme des Pays-Bas et dont le fonctionnement quotidien va être complètement bouleversé par la mort de l'un de ses enfants à l'âge de 12 ans. Le roman est narré du point de vue de Jas, 10 ans, persuadée d'être responsable du décès de son frère. Le récit, écrit avec un style très cru et imagé qui m'a vraiment retournée à chaque page, est une longue balade dans les méandres du cerveau de Jas tandis qu'elle essaie de comprendre les mensonges de ses parents, les non-dits et qu'elle explore ses désirs. J'avais rarement lu un roman qui explorait avec autant d'acuité la bizarrerie de l'enfance. Le rapport de l'héroïne au sexe est l'un des points les plus étranges et réussis du roman. Tout m'a fascinée dans ce récit d'un "coming of age" très singulier. L'auteur·trice a remporté l'International Booker Prize, je m'en fiche un peu des prix à vrai dire mais ça ne m'empêche pas de trouver que celui-là est plus que mérité.
Paru aux éditions Buchet/Chastel traduit par Daniel Cunin
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Jour 24 - Moi aussi je voulais l’emporter, Julie Delporte (éditions Pow Pow)
J'ai choisi l'ordre de ce calendrier en mélangeant toutes les œuvres pour avoir un résultat très aléatoire. Toutes, sauf celle d'aujourd'hui. J'étais sûre que je voulais que la BD de Julie Delporte ferme la marche, parce qu'elle a eu une importance toute particulière pour moi. Elle a vraiment redéfini le cours de mon année. L'année dernière j'ai interviewé Catherine Ocelot et j'avais été très émue par la manière dont elle parlait d'œuvres de ses contemporaines en disant qu'elles lui donnaient des "permissions". Je me disais mais comment Catherine Ocelot, qui est si douée, peut avoir besoin de permissions ? Tout cela pour dire que les livres de Julie Delporte m'ont donné des permissions. Parce qu'elle parle d'écrire sur soi, de partir de soi pour faire une œuvre, de tendre à exprimer beaucoup en disant peu.
Après avoir lu Moi aussi je voulais l'emporter je me suis sentie autorisée à écrire et ressentir. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en lisant ce livre et pourtant il m'a fait faire un reset complet. J'ai repris des projets d'écriture mis sur pause. J'en ai imaginé de nouveaux et je me suis dit que ce n’était pas grave si j'abandonnais tout, d'ailleurs. Si vous vous faites un cadeau de Noël je vous conseille vraiment de vous acheter Moi aussi je voulais l'emporter, de vous mettre sous la couette, de la lire du début à la fin et puis de la relire une deuxième fois. Vous allez voyager avec Tove Jansson. Vous allez ressentir de la peine, entrevoir des colères sourdes. Vous allez voir des objets du quotidien qui vous sembleront superbes. Vous allez réfléchir à votre passé. Vous allez comprendre pourquoi ce que vous avez à dire peut avoir une importance. Pourquoi les règles de grammaire, les Moomin, les souvenirs d'enfance sont politiques. Vous allez lire des phrases de parfois cinq mots et découvrir qu'elles ont des échos infinis. À la fin, vous aurez appris un secret précieux. Peut-être que vous ferez comme moi et que vous prêterez ce livre à votre meilleure amie pour qu'elle ressente cela aussi. Et combien de livres font cet effet-là ? Combien ?
Merci de m'avoir lue et passez une bonne soirée, peu importe ce que vous avez prévu de faire ! See you on the other side of 2020.
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fallenrazziel · 4 years
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Les Chroniques de Livaï #484 ~ MONDE, JE TE FAIS MES ADIEUX (mai 846) Nadja Rosewitha
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes. 
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J'entre dans l'hôtel de ville en faisant le moins de bruit possible ; cependant, le son de mes bottes me semble tonitruant, et je remarque que de nombreux regards se tournent vers moi. Je suis tentée un instant de repartir, sachant les minutes déplaisantes qui vont suivre, mais ce qui doit être fait ne peut attendre...
Je baisse la tête et remonte le couloir en regardant le sol. Il y a beaucoup de civils ici, quelques uniformes aussi. J'aurais peut-être dû retirer ma veste, car je crains qu'on ne m'arrête pour me poser des questions. Ces derniers temps, il est très difficile pour les explorateurs de circuler sans se faire interpeller au sujet de la prochaine expédition... J'ai beau faire partie de l'escouade spéciale, je ne sais rien de plus que ce que veut bien nous dire le caporal-chef. Il a été très occupé avec les civils à former rapidement, aussi nous a-t-il laissés nous débrouiller seuls entre nous. Nous avons passé beaucoup de temps tous les quatre, mais bizarrement, nous avons peu parlé...
J'espère que le major nous donnera quelques jours de congé afin que nous puissions aller voir nos familles. Je n'ai pas pu voir ma mère ni Mariele depuis l'annonce et je ne sais pas comment elles se sentent... Ont-elles confiance ? Je porte la main à mon pendentif et le roule entre mes doigts. Je suppose que Erd voudra aussi voir sa fiancée avant de partir. Quant à Gunther... c'est plutôt à moi de décider si je veux lui avouer quelque chose ou pas. Je pourrais le regretter si jamais nous... Non, je ne dois pas penser à ça, il me faut des idées positives. Je suis la plus âgée de l'équipe, je ne peux pas me laisser aller à imaginer le pire.
Je trouve enfin le bon corridor et me dirige vers les bancs d'attente situés devant la porte du notaire. Il y a déjà quelqu'un qui attend ; c'est Claus. Les mains crispées sur les cuisses, il regarde par terre sans faire attention à ce qui l'entoure. Il réfléchit sans doute. Je ne sais pas si... Techniquement, nous sommes tous en droit de déposer notre démission et d'espérer une retraite modeste, mais je ne pense pas qu'aucun d'entre nous ne se résoudra à cette lâcheté. Je ne peux pas affirmer n'y avoir jamais pensé. C'est peut-être vrai pour lui aussi. Je m'assois à côté de lui, pas trop près, et attends qu'il relève la tête.
Il prononce mon nom sans me regarder. Tu as su que c'était moi ? Toi aussi, tu as choisis aujourd'hui ? Il hoche la tête mais son expression reste triste et fermée. Il a tellement changé ces derniers temps. Il était toujours si bravache et vantard, ça me manque parfois ! Contrairement à moi, il a vécu l'évacuation des plaines de Maria, et des images de cauchemar reviennent peut-être le hanter. Il aurait toutes les excuses pour avoir peur, pour ne pas vouloir revivre cette horreur des civils poursuivis par les titans...
Nous savons tous deux pourquoi nous sommes ici ; pour mettre à jour et valider définitivement le testament que nous avons rédigé au moment de notre entrée dans le régiment. Je me souviens du jour où je l'ai fait. A ce moment, cela m'avait paru une banalité, quelque chose de futile, car la mort me paraissait loin. Mais aujourd'hui, il n'en est rien.
La mort ne m'a jamais parue plus proche et certaine. Et pourtant, je me sens si calme... Ou alors je ne réalise tout simplement pas encore ce que ça représente. A mon âge, on ne pense pas à mourir, même si nous prenons ce risque chaque fois que nous sortons. Gérer ma vie et celle de mes camarades m'a toujours paru simple, mais à présent, nous allons devoir guider des milliers de personnes et être responsables d'elles. Cela change tout. Il y a tant de facteurs à prendre en compte, tant de choses qui peuvent mal tourner...
Je fais confiance à nos supérieurs pour organiser les choses au mieux. Mais en mon for intérieur, je sais, je sens... que cette expédition ne peut pas bien finir.
Claus, regarde-moi et parle-moi, ça me donnera du courage pour relire les lignes que j'ai déjà écrites et que je ne vais sans doute pas modifier. Et toi, tu vas y changer quelque chose ? Que possèdes-tu que tu voudrais léguer ? Et ta famille, tu vas aller les voir ? Il me répond en se tournant légèrement - une mèche de ses cheveux me cache encore son visage - qu'il y pense depuis une bonne demi-heure mais qu'il ne sait pas encore. Tout comme moi, il ne doit pas posséder grand chose.
Tu sais, j'aurais voulu que les premiers jours durent encore. Les expéditions avec le caporal, la formation de détection du major, les titans qui tombent comme des mouches. Juste nous cinq. Revoir le Mur Maria avant de... je veux dire... Cette époque me manque, et pourtant elle n'est pas si loin. Quand le caporal nous faisait tout récurer et que tu te plaignais sans arrêt ! Cela fait un peu moins d'un an, mais... finalement j'ai l'impression de te connaître aussi bien que Erd et Gunther.
Il ricane de façon forcée et rétorque que je suis loin de tout savoir de lui. Ah bon ? C'est peut-être le moment alors. Dis-moi quelque chose que j'ignore, d'inattendu, qui me surprendrait totalement ! Vas-y, étonne-moi !
J'ai à peine fini de prononcer ces mots que je sens sa main se glisser derrière ma nuque pour m'attirer vers lui et quelque chose de chaud se plaque sur ma bouche, me coupant toute possibilité de protester. Mon premier réflexe est de le repousser en appuyant sur ses épaules, et il s'écarte enfin en n'opposant aucune résistance. Je jette des coups d'oeil dans les parages mais il n'y a personne... Je reprends mon souffle petit à petit, la main posée sur ma poitrine. Mon coeur bat si fort... Je n'en reviens pas, c'était mon premier baiser ! J'avais imaginé autre chose, et avec quelqu'un d'autre... J'ai encore la sensation du contact de ses lèvres sur les miennes, et pourtant je ne trouve rien à lui dire. Lui non plus ne semble pas pressé de s'expliquer. Je ne pense pas qu'il ait besoin de le faire... Il évite seulement mon regard, pour finalement murmurer un "désolé..." furtif et honteux.
Je ne veux pas l'accabler. Je n'ai qu'à peine l'impression d'avoir été agressée... Il est mon coéquipier et je sais qu'il ne me ferait pas de mal... La porte du notaire s'ouvre et un explorateur en sort, l'air abattu. Claus se lève et je me retrouve alors seule dans le couloir avec mes doutes et ma stupéfaction de ce qui s'est passé. Pendant un moment, cela éclipse même la perspective de la reconquête de mon esprit. Le goût que je sens sur mes lèvres, c'est celui de sa peur, de son incertitude, de son courage aussi... Je ne peux pas me résoudre à lui dire... Claus, tu as pu partager ces émotions avec moi mais cela n'ira pas plus loin... Je ne peux pas répondre à ça, pas avec toi. Mais si ça t'a permis de te sentir mieux, si ça a pu te donner un peu plus de force et d'assurance, alors...
... ne sois pas désolé...
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unechappatoire · 4 years
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Le manque commence à se dissipé en moi petit à petit. Après 5mois de pure manque c'est enfin arrivé. J'espère vraiment que cette fois ce sera la bonne, que ce n'est pas seulement une illusion. Que tu arrêteras de hanter mes pensées. Ça ne me dérange pas tellement de pensé à toi quelques fois, mais pas aussi souvent qu'avant. Je veux vraiment passé au dessus de tout ça, de toute notre relation qui était tout sauf saine. Elle n'a jamais vraiment été saine, on a fait n'importe quoi dès le départ. Aucun de nous deux savait comment si prendre avec l'autre. Moi j'avais peur de te brusquer et toi peur de me détruire intérieurement. On a tout les deux souffert au final, moi le plus
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wehadtodayandstuff · 5 years
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4. Écouter
“Tu ne parles pas beaucoup.”
Si vous saviez combien j’ai pu entendre ces mots au cours de ma vie. Adressés à ma personne, bien évidemment. Que ce soit la famille, les amis, les petites amies, ou simplement des personnes que j’ai tout juste rencontrées, que je ne reverrai peut-être même jamais. Le constat est inlassablement le même, mon manque cruel de conversation est marqué d’une grande croix rouge lorsque vient le moment de juger ma personnalité et de cocher la liste des défauts imputables à l’individu que je suis. Et vous savez quoi ? Ils ont totalement raison. Je parle peu parce que je ne sais pas quoi dire, parce que je ne sais pas comment le dire. J’évite de prendre la parole parce que j’ai peur de dire une bêtise, de lâcher un commentaire gênant, ou essayer d’être drôle et me planter sur toute la ligne. Je parle peu parce que j’ai peur que les sons qui sortent de ma bouche et se transforment en mots au contact de l’air ne disparaissent jamais vraiment, qu’ils continuent à flotter et finissent par me hanter pour le reste de mes jours. Parce que oui, cette phrase totalement déplacée d’il y a sept ans en arrière me travaille encore. Cette manière de m’adresser à toi cette autre fois, totalement en décalage avec ma personnalité, me fait encore honte et me donne envie de me cacher dans un trou de souris pour ne plus jamais en sortir. Pire encore, je parle peu parce que j’ai peur que ça ne me tombe dessus, sans prévenir, comme toujours. Bégayer. Balbutier. Devoir me débattre avec un mot. Être coupé dans mon élan verbal et ne plus retrouver le fil. Je n’imagine même pas ce que l’on peut penser de moi dans ces moments-là. Enfin, si, je me l’imagine très bien, en images et en couleurs et en boucle, et c’est bien là que réside le problème : j’accorde beaucoup trop d’importance à ce que les gens pensent de moi. Alors je me liquéfie. Ce qui peut s’avérer pratique, si jamais on ne veut vraiment plus me voir, il suffit de me boire. Mais maintenant que j’y pense, je dois sûrement être insipide, alors autant rester à la bière et me racler dans le caniveau. Et puis de toute façon, je n’aime pas “faire la conversation”. Ça m’ennuie, je ne vois pas l’intérêt de déblatérer des banalités dans le but de créer un semblant de lien. J’aime les conversations sérieuses, profondes, qui font réfléchir et s’interroger et qui, elles, nouent de vrais liens sincères. Mais ça n’arrive pas souvent, et même là, je ne suis pas forcément aussi doué que j’aimerais l’être, je n’ai pas autant de repartie et d’arguments pertinents à avancer que je l’imagine dans mes fantasmes. Alors, du coup, ben j’écoute.
Mais n’allaient pas croire que c’est “plus simple” d’écouter. N’allaient pas imaginer que c’est un choix par défaut. Non, écouter demande de s’intéresser, de s’impliquer, d’être concerné par autre chose que soi-même. Écouter demande de l’empathie, de présenter une attitude positive, avenante, rassurante. Écouter demande aussi d’avoir constamment l’esprit ouvert et d’être capable d’assimiler un sacré paquet d’informations. Écouter, en vérité, c’est être curieux. C’est avoir envie de connaître, d’apprendre, de progresser, de développer son propre système de pensée et d’esprit critique. L’écoute se pratique dans tous les moments du quotidien. J’aime écouter les gens qui ont besoin de se confier, bien sûr. Écouter des conversations qui ne me concernent pas forcément et essayer de comprendre les gens, de creuser derrière les mots, de m’insinuer entre eux pour déceler des vérités et des non-dits, pour en dégager une personnalité. Mais j’aime aussi écouter de la musique, mais pas simplement les mélodies ; les paroles, l’interprétation, ce qu’il y a dans le fond de la voix, dans le fond du cœur. J’aime écouter les personnages de fiction, de films ou de séries TV, parce ce qu’ils disent a été écrit et réfléchi à l’avance, ils ne peuvent pas se tromper, il y a toujours de la beauté dans les paroles dont on peut se souvenir, ou des leçons que l’on peut assimiler. On peut écouter un professeur, un conférencier, des gens experts dans des domaines qui ne sont pas les nôtres. On peut écouter le miaulement d’un chat ou le chant des oiseaux, elles ont beaucoup de choses à nous raconter ces petites bêtes. Un orage, la pluie qui tombe, le vent qui souffle. Écouter, c’est être conscient de son entourage, de son environnement. C’est finalement prendre le temps, tout simplement. Mais attention, tout n’est pas bon à écouter. À entendre, oui, mais pas forcément à écouter. Par exemple, quand ils te disent que tu n’es pas assez bien, que tu ne fais pas ce qu’il faut, que tu n’y arriveras jamais. Que tu n’es pas habillé comme il faut, que tu ne fréquentes pas les gens qu’il faut, que tes choix de vie sont insensés parce qu’ils n’entrent pas dans la norme. Quand ils te disent que tu ne parles pas assez. Tends l’oreille, enregistre, mais n’y accorde pas plus de temps et d’énergie.
Alors à tous ces gens qui nous balancent sans vergogne que l'on ne parle pas assez, est-ce que vous, vous écoutez assez ?
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vue-du-ciel · 5 years
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Yunmeng Duo Days - Jour 6
Prompt: Pride (Words Unspoken - Lotus - Golden Core)
Mots: 2 187
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Ils échangèrent un regard, empli de paroles silencieuses et d’émotion palpable bien que dissimulée du mieux qu’ils le pouvaient. Puis, Wei Wuxian hocha la tête et Jiang Cheng fit claquer Zidian devant lui, abattant le drapeau noir et doré des Wens qui couvrait les murs extérieurs du Lotus Pier. 
Ce fut comme si un même soupir avait franchi les lèvres de tous les gens, disciples ou non, qui étaient postés derrière eux. Un soupir empli de soulagement et de satisfaction. Un soupir qui se transforma bien vite en un même cri de victoire qui fit trembler le bois sous leurs pieds. Et même s’ils auraient voulu pousser la même exclamation, attirer des proches dans une étreinte ravie, les deux frères se contentèrent d’échanger un nouveau regard encore légèrement triste. Mais ils sourirent, et Wei Wuxian souffla, se rapprochant pour se faire entendre parmi les cris et passant un bras encourageant autour des épaules de son frère:
-Tu l’as fait.
Jiang Cheng sentit une vague de douce chaleur lui serrer le coeur, mais il se devait d’être honnête, et ce même s’il aurait pu pouvoir dire que c’était sa victoire. Après tout, ils étaient les Twin Prides de Yunmeng: il n’aurait jamais pu y arriver sans lui. Alors, il mima le geste de son frère et répondit:
-Nous l’avons fait.
Une lueur émue éclaira le regard étrangement fatigué de Wei Wuxian, et leur étreinte se resserra un instant, le temps de transmettre remerciements et encouragements silencieux. Ils restèrent ainsi quelques temps, bercés par les exclamations de joie derrière eux, face aux murs du Lotus Pier enfin repris, puis, d’un même pas, sans qu’ils aient eu besoin de le dire, ils franchirent la haute porte.
Ils étaient enfin de retour chez eux. 
Cette guerre avait définitivement tué les enfants qui avaient dû fuir le Lotus Pier en flammes, elle avait brisé quelque chose en eux qui ne pourrait jamais être complètement réparé, ils le voyaient tous les deux dans les yeux de l’autre. Wei Wuxian savait que la douleur et le deuil continuaient de hanter son frère, qu’un nouveau poids, une nouvelle responsabilité, s’était déposé sur ses épaules. Et la colère qui avait stagné dans son coeur avait éclos, une manière de se protéger du monde trop cruel qui les entourait. De son côté, Jiang Cheng observait son frère du coin de l’oeil, légèrement mal à l’aise, inquiet.
Quand Wei Wuxian avait été capturé par les Wens, quand il avait disparu sans laisser de traces et sans donner de nouvelles pendant des mois, Jiang Cheng avait imaginé le pire pendant un instant. Pendant une folle seconde, il avait cru que son frère l’avait laissé. Qu’il était…
Il se secoua mentalement: non, il refusait de même le penser.
Il avait imaginé le pire le temps d’un soupir. Mais il n’avait pas pu y croire. Avait refusé d’y croire. 
Jiang Cheng l’avait cherché, avait retourné ciel et terre pour le retrouver quand il n’était pas sur le champ de bataille ou en réunion militaire. Puis, Wei Wuxian était reparu, et le soulagement avait envahi son coeur quand il avait posé les yeux sur son frère. Il l’avait serré dans ses bras, n’avait pas pu s’en empêcher. Lui qui avait toujours repoussé les étreintes débordantes d’affection de son frère, lui qui avait passé la majorité de son temps à lever les yeux au ciel, il s’était jeté sur lui et l’avait serré contre lui. De toutes ses forces. 
Mais Jiang Cheng avait compris que quelque chose avait changé, s’était brisé. 
Wei Wuxian n’avait pas levé les bras avant trois longues secondes, il s’était même tendu, comme s’il ne savait pas comment répondre à cette marque d’affection. Lui qui avait toujours été le premier à exprimer ses émotions avait semblé hésitant. 
Alors, Jiang Cheng avait compris, avait remarqué les cernes sous ses yeux, avait cherché sans pouvoir la retrouver cette étincelle dans son regard gris soudain sombre,… Il avait su que quelque chose clochait mais aussi que jamais son frère ne lui en parlerait. Il voulait le protéger de quelque chose, voulait garder ce poids pour lui quitte à être écrasé par ce qu’il cachait. Il voulait se taire pour ne pas le préoccuper d’avantage. Et malgré tout, Jiang Cheng lui en voulait.
Pourtant, il refusait de lui poser la question qui lui brulait les lèvres:
-Qu’est-ce qui s’est passé?
Il ne pouvait pas le forcer à parler s’il n’en avait pas envie. Après tout… Oui… Il avait aussi des choses qu’il voulait garder pour lui. Des choses qu’il ne voulait pas, ne pouvait pas, partager à son frère. Sans doute que, comme lui, Wei Wuxian ne pouvait parler de ce qu’il avait vécu parce que sa fierté l’en empêchait. Mais était-ce de la fierté? Jiang Cheng ne projetait-il pas sa propre expérience sur son frère? Ne tentait-il pas de se convaincre qu’il faisait mieux de garder tous ces mots pour lui? 
Il détestait penser à ça. Détestait réaliser que, contrairement à lui, Wei Wuxian n’avait pas cette même fierté mal placée. Il était fier, mais il savait comment utiliser cette qualité qui pouvait bien vite se transformer en défaut. Sa fierté à lui était mauvaise. Elle lui serrait la gorge, l’empêchait de laisser échapper des mots pourtant si importants, de manifester certains sentiments envers son frère et ami. 
Et elle ne lui permettait pas de parler de ce qui était arrivé après leur fuite. Elle refusait que Jiang Cheng explique qu’il avait été repris par les Wens non pas parce qu’il tentait de retourner au Lotus Pier, mais parce qu’il s’était interposé pour sauver Wei Wuxian. Alors qu’il avait cru que la colère et la douleur l’empêcheraient d’agir, quand il avait vu les hommes vêtus de blanc et de rouge se rapprocher de son frère, il avait agi par instinct. 
Il ne pouvait pas voir un autre membre de sa famille mourir.
Il ne pouvait pas voir quelqu’un qu’il aimait mourir.
Non, il ne pouvait pas lui parler de ça. Il ne pouvait pas parler de ce qu’il avait pensé à ce moment, et il ne pouvait pas parler des horreurs qu’il avait dû subir par la suite. Ne pouvait pas parler du fouet, de la perte si douloureuse de son golden core. Sa fierté ne le lui permettait pas. Mais que lui ne parle pas de ses problèmes à Wei Wuxian était une chose, l’inverse en était une autre. Au fond de lui, il était déçu et blessé que son frère ne se confie pas, ne lui parle pas de ses tracas, de ses nouveaux pouvoirs, de ses yeux fatigués et de son visage amaigri et de plus en plus pâle.
Jiang Cheng fronça les sourcils et fit claquer sa langue contre son palais en un mouvement légèrement rageur, s’attirant un regard attentif de la part de Wei Wuxian:
-Tout va bien? 
Ils étaient maintenant seuls, loin de la foule qui continuait de se répandre dans le Lotus Pier, et ils se trouvaient devant la porte qui menait à la grande salle. Celle où ils avaient partagé tant de repas, où ils avaient passé tant de temps. C’était comme si leurs pas les avaient naturellement menés là. Jiang Cheng se contenta de hausser les épaules et de grogner:
-Bien sûr que ça va. 
Wei Wuxian sourit doucement mais ne répondit pas, ne lança pas de pique ou de blague concernant l’air tracassé de son frère. Il savait que sa fierté déjà problématique car teintée de manque de confiance en soi s’était exacerbée avec l’horreur qu’il avait vécu. Alors il ne dit rien, se contentant de passer une main distraite sur sa poitrine, comme pour vérifier une fois encore que le transfert s’était bien passé et que Jiang Cheng était désormais de nouveau complet et en sécurité. 
Non… Il ne disait plus rien… De parlerait pas de ces sacrifices, de ses choix, de cette nouvelle manière si sombre de continuer de pratiquer la cultivation. Il ne parlerait pas du Burial Mounds, ne parlerait pas de ses nuits sans sommeil, des voix qui hurlaient dans sa tête, du visage blessé de Jiang Fengmian et des dernières paroles de Madame Yu:
-Wei Ying, écoute-moi bien. Protège Jiang Cheng. Protège-le de ta vie. Est-ce que tu m’entends?
Il posa la main sur une colonne et la caressa lentement, presque avec tendresse: 
-Ne vous en faites pas, Yu Furen. Jiang Cheng est en sécurité et je ne laisserai plus personne lui faire du mal. Il ne lui arrivera plus rien. 
Wei Wuxian veillerait personnellement à ce que son frère soit en sécurité. Il était prêt à tout plutôt que de le laisser souffrir encore d’avantage. Il avait déjà tant donné, un peu plus ne lui ferait pas de mal. 
Mais il n’en parlerait pas, ne rajouterait pas ce poids sur les épaules de Jiang Cheng. Non, il devait se taire, ne pas parler de ses sacrifices, de sa souffrance et de ce qu’il avait vécu. Mais il sentait que son frère ne lui disait pas tout non plus. Wei Wuxian ne le forcerait pas, il continuerait de le soutenir et d’être là pour lui, mais il n’allait pas le pousser dans ses retranchements. 
Ils avançaient tous les deux dans la grande salle, foulaient le sol de leurs pieds avec autant de douceur que possible. Toujours dans un étrange silence qui leur serrait le coeur. Jiang Cheng s’arrêta devant un étendard long noir marqué d’un soleil doré, et même si ses poings se mettaient à trembler, il parvint à se forcer à souffler, à rester calme et dans une attitude de recueillement. Alors, il leva la main, agrippa le tissu et l’arracha d’un mouvement vif, révélant un lotus mauve qui les apaisa et les attrista en même temps. 
Le symbole de la secte se dressait toujours sur le bois de la salle, comme s’il n’avait jamais cessé de veiller sur le Lotus Pier, et ce, même en l’absence de ses protecteurs. Tous deux restèrent un long moment à contempler l’étendard, puis, Wei Wuxian souffla, comme s’il avait peur de troubler le silence:
-Nous allons rebâtir le Lotus Pier. Tu vas voir, on va le remettre sur pied et tout sera comme avant, si pas mieux. 
Jiang Cheng hocha lentement la tête et il passa doucement la main sur le tissu mauve, comme si une vague de souvenirs déferlait en lui et l’empêchait de répondre tant que sa gorge était si serrée. Puis, après quelques secondes, après que Wei Wuxian ait posé une main réconfortante sur son bras, il se dégagea:
-Nous commencerons les travaux au plus vite. Il faut pouvoir recevoir A-Jie quand elle arrivera. 
Wei Wuxian se força à sourire et hocha la tête avant d’emboiter le pas à son frère. Il savait à quel point ça devait être difficile pour Jiang Cheng. Wei Wuxian resta simplement à ses côtés tandis qu’il observait la pièce, en silence, prêt à l’écouter, à le soutenir, à le serrer contre lui s’il le voulait. 
Mais Jiang Cheng ne dit rien, ne souffla pas un mot.
Le soleil descendait dans la grande salle, teintait le bois d’une couleur chaude qui les fit frissonner pendant un instant. Mais comme les flammes dans leurs coeurs se taisaient, comme ils réalisaient que la guerre était terminée et qu’ils étaient de nouveau chez eux, ils se détendirent légèrement. Au fond, Wei Wuxian pensait savoir pourquoi ils restaient dans cette pièce. Ils espéraient encore entendre les pas de Jiang Fengmian et de Yu Ziyuan se rapprocher, le rire innocent de Jiang Yanli, les exclamations des disciples, le bruit paisible de l’eau le long des pontons,…
Ils attendaient de pouvoir se réveiller de ce cauchemar.
Mais personne ne vint, personne sauf des disciples qui leur apportèrent des bols de soupe de lotus et de porc. Alors, avec un même soupir, ils renoncèrent et se contentèrent de se jeter un nouveau regard silencieux, empli pourtant de paroles qui ne demandaient qu’à être prononcées: 
-Je me suis laissé prendre pour te sauver. J’ai sacrifié mon golden core pour toi parce que tu es mon frère et que je voulais te protéger. J’ai enduré mille souffrances pour toi, supporté mille coups de fouet, je serais mort pour toi et pour que tu vives.
-Je t’ai offert mon golden core pour te protéger, pour te rendre ce que tu avais si injustement perdu. J’ai fait tous les sacrifices pour toi mais je ne regrette rien parce que je peux te voir sourire, et c’est ma plus belle récompense.
Mais ils n’en dirent rien, se contentèrent de s’observer discrètement et de tenter de chasser cette impression de malaise qui naissait de leurs non-dits. 
Assis face à face dans la grande salle, se lançant des boutades et répliquant avec autant d’entrain que possible malgré le léger malaise qui subsistait dans leurs coeurs, ils entreprirent de faire honneur à la soupe de lotus déposée en leur honneur sur les tables.
Et si tout semblait aller pour le mieux, s’ils riaient et se taquinaient comme au bon vieux temps, c’était comme si la soupe avait un gout un peu plus amer que dans leurs souvenirs…
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Et voilà pour aujourd’hui! J’espère que l’OS vous aura plu! Vous pouvez retrouver les autres textes ici https://www.fanfiction.net/s/13396627/1/ ;) 
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Sort vaudou avec une mèche de cheveux : Un amour féroce - Marabout professionnel
Sort vaudou avec une mèche de cheveux : Un amour féroce – Marabout professionnel
Sort vaudou avec une mèche de cheveux : Un amour féroce – Marabout professionnel
Un charme d’amour d’inspiration vaudou avec un cheveu, ce rituel est censé avoir une influence puissante sur qui le sort a été jeté . Cette recette de sort avec une mèche de cheveux est destinée à lier homme et/ou femme, à travers un rituel de type vaudou.
Pourquoi ce sort fonctionne
Cheveux, tout comme les…
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christophe76460 · 4 years
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LA GRÂCE DE DIEU DANS LA SOUFFRANCE
Dieu est souverain
La souveraineté de Dieu constitue une réalité fascinante. Rien à voir avec un fatalisme ou un déterminisme froid. L’action providentielle de Dieu s’étend aux moindres détails de notre vie. Dieu sait et prévoit tout !
La grâce de Dieu à notre égard n’empêche pas que nous souffrions, mais Dieu, dans sa souveraineté, ordonne, arrange et mesure notre douleur, et dans les moments difficiles, il est là pour nous soutenir.
Mais la providence divine ne se résume pas à un concept théologique, qui pourrait nous aider à traverser une période difficile. Dieu est à l’œuvre afin que nous apprenions à le connaître, à lui faire confiance et à l’aimer.
Notre Dieu souverain n’empêche pas que nous souffrions.
Quand les difficultés sont là, un chrétien ne souffre pas inutilement. La souffrance sert à transformer sa vie pour que celle-ci ressemble davantage à Jésus. Ceci dit, rien n’échappe à Dieu, pas même un seul cheveu de notre tête. Si la souveraineté divine est ainsi précise et puissante, alors la lecture de nos souffrances prend une toute autre tournure. Rien n’est laissé au hasard. Dieu « arrange » et « mesure » notre douleur, et reste maître de toutes nos situations difficiles. Mais avant tout, Dieu nous aime !
J’ai beaucoup aimé l’approche pleine de sensibilité de David Powlison. Quand nous souffrons, Dieu est là, à nos côtés, avec tendresse et amour. Il vient à notre rencontre et nous console dans l’épreuve car nos vies sont dans sa main. Dès lors, nous pouvons nous décharger de tous nos soucis sur Dieu, qui prend soin de nous, car nous sommes faibles en nous-mêmes (1 Pi 5.7). Nos soucis nous dépassent très souvent et nous accablent. Mais Dieu s’occupe de nous car il est puissant et bon. Dieu fixe également les limites de nos afflictions.
Comment Dieu s’y prend-il pour faire intervenir sa grâce dans nos souffrances ?
Jacques écrit que nous serons exposés à « diverses épreuves » (Ja 1.2), et Pierre affirme que nous sommes « attristés […] par diverses épreuves » (1 Pi 1.6). Paul, lui, assure que notre Père et notre Seigneur Jésus-Christ nous consolent « dans toutes nos afflictions » (2 Co 1.4). (Dieu ne lui retire pas son écharde afin de le garder de l’orgueil).
L’affliction en elle-même n’est pas une bonne chose, mais Dieu la fait concourir à notre bien suprême. L’épreuve aiguise notre persévérance et affermit notre confiance et notre dépendance complète de Dieu. La foi persévérante et la soumission active au Seigneur constituent l’un des plus beaux fruits de l’Esprit. Or, on ne peut porter ce fruit sans avoir traversé une rude épreuve.
Abraham, Jacob, Joseph, David, Paul ont souffert. Et que pensez de notre Seigneur Jésus !
Dieu est avec nous et il faut que nous nous souvenions de cela, lorsque nous sommes dans l’épreuve !
Quand l’épreuve arrive ?
En règle générale, nous réagissons par la crainte et l’inquiétude, lorsque nous sommes touchés par un problème grave. Et c’est normal. David Powlison marie extrèmement bien le concept de la souveraineté totale sur tout ce qui nous arrive, « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Ro. 8.28) et nos émotions humaines souvent attristées et perturbées par les épreuves. Il y a une grande place pour l’expression de nos questions et de notre tristesse.
« La crainte et le désarroi sont des réactions normales, mais la situation s’aggrave lorsque Dieu ne fait pas partie du processus »Page 53.
L’auteur poursuit en décrivant le processus dans lequel nos épreuves peuvent nous plonger:
« L’inquiétude naturelle de la foi se transforme en irritation, dans laquelle Dieu n’occupe aucune place. Plus la difficulté subsiste, plus elle exerce d’emprise sur les pensées, les conversations, les émotions, l’avenir et la foi. Elle nous garde éveillés la nuit jusqu’à ce que nous tombions finalement endormis et revient nous hanter dès le réveil. Le désarroi couvre un vaste éventail de tentations : du simple trouble à la perte de la raison, de la déception au désespoir, de l’inquiétude à la panique, de la frustration à la rage ».
Le danger existe « d’évacuer » Dieu de nos souffrances lorsque nous nous renfermons sur nous-mêmes et que nous ne lui faisons plus confiance.
Faire face aux épreuves en s’appuyant sur Dieu
La bible nous encourage à regarder la faiblesse et la douleur en face, avec réalisme, à l’instar de Jésus et des psalmistes, et à nous confier pleinement en Dieu. Les épreuves nous donnent de bonnes raisons de nous inquiéter, certes, mais Dieu nous donne de meilleures raisons de lui faire confiance. De toute évidence, la douleur fait mal et le risque est réel de chercher en dehors de Dieu le soulagment. Mais la présence de Dieu reste pertinente, surtout, lorsque la souffrance nous obsède.
Certaines blessures ne seront pas guéries avant le jour où Dieu essuiera toute larme de nos yeux : une maladie ou une infirmité incurable, une injustice irréparable ici-bas, le décès d’un être cher, une rupture conjugale, une faillite financière…
Un cantique pour retrouver le courage
Ne crains rien, car je suis avec toi ;
Ne promène pas des regards inquiets,
car je suis ton Dieu ;
[et je t’aiderai quoi qu’il arrive].
Je te fortifie, je viens à ton secours,
[et tu ne seras pas ébranlé].
Je te soutiens de ma droite triomphante [et omnipotente].
(Quel solide fondement). L’auteur s’en est inspiré et y revient très fréquemment.
Un chemin de transformation
Dieu a commencé en nous une belle œuvre de foi et d’amour. Il va l’achever. La souffrance, lorsqu’elle est vécue en s’appuyant sur Dieu, devient un feu purificateur, qui produit l’or le plus fin, la persévérance, la patience, etc.
L’auteur partage ouvertement plusieurs expériences difficiles qu’il a affrontées. Voilà ce qu’il dit au sujet de ses propres souffrances et de ce qu’elles ont produit :
« Comment ai-je été transformé ? J’ai été transformé parce que Dieu ne m’abandonne pas et qu’il resplendit dans tout ce qui est beau. J’ai été transformé parce que les Écritures m’ont enseigné la compassion de Dieu, sa protection, sa force et sa volonté. J’ai été transformé à cause des amis qui m’ont soutenu. J’ai été transformé parce que j’ai dû emprunter une route sombre, parsemée d’obstacles dévastateurs, sans savoir s’il existait une solution ou une explication à ma souffrance ».
Dieu nous portera jusqu’au bout et ne nous abandonnera pas.
Les derniers chapitres du livre contiennent le meilleur encouragement pour tous. Dieu restera fidèle pour chacun d’entre nous jusqu’à notre dernier souffle.
Nous souffrons dans un monde où nos grandes afflictions actuelles témoignent de réalités plus profondes, plus sombres et plus mortelles. P.111
Mais si nous avons trouvé en Jésus notre repos, alors nous dépendonsde lui et savons qu’il sait ce qu’il fait avec nous et où il nous conduit.
Source: Evangile21
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The Old & New Me
17 ans, 68kg, introvertie et timide. Amoureuse mais désillusionnée. Triste et démotivée. Je me sentais mal dans ma peau. 
Le lycée a été une période particulièrement compliquée pour moi. Je ne me sentais pas à ma place au milieu de tout ces gens. Je ne m’aimais pas. Je n’aimais pas mon reflet dans le miroir. J’avais une opinion négative de moi-même et je crois bien ne pas avoir été la seule à penser ces choses. Je me souviens encore de ces regards qui jugent. Je me souviens encore du malaise que je ressentais au fond de moi lorsque je rentrais dans une pièce : les filles semblaient me regarder du coin de l’oeil  comme si ma simple présence les offensait, et les garçons, eux, n’en avait complètement rien à faire et me le faisaient bien comprendre. Je me sentais seule. La plupart de mes amies avaient déjà eu un petit ami. D’ailleurs, certaines adoraient s’en vanter. J’avais envie de vivre quelque chose de similaire. Je veux dire... pouvoir partager quelque chose avec quelqu’un. A cette époque, j’avais l’impression de demander le ciel. Cela me paraissait totalement impossible. Pas en l’état actuel des choses. Pas avec ce physique. Pas en étant aussi timide, réservée, désinvolte. Oui, désinvolte. Lorsque je suis entrée qu lycée, j’ai choisi de me laisser aller. J’ai volontairement cessé de faire des efforts : je n’avais plus envie d’étudier - j’effectuais le strict minimum -, je ne faisais plus de sport et je compensais le manque d’affection en mangeant. C’était un peu comme laisser un bateau à la dérive. Le laisser couler. Sombrer peu à peu dans les profondeurs de la mer. 
Et je me souviens aussi de ces petites remarques blessantes sur mon physique. Une violence verbale gratuite, qui, à certains moments, m’a clairement fait détester le monde. Au fond, j’aurais voulu tout envoyer balader. Dire à ces cons d’aller voir ailleurs; leur dire de s’occuper de leurs affaires. De me laisser vivre comme je l’entendais. Je ne comprenais pas cette méchanceté. Cette volonté de blesser. Utiliser les mots pour blesser, c’est cruel. 
Certaines choses vous marquent. Certains mots vous blessent. Mais en réalité, il s’agit de savoir ce que l’on veut. Etre une victime ou se battre ? Subir ou agir ?  Certains mots blessent. Certains ont le pouvoir de vous mettre plus bas que terre. Et d’autres vous provoquent un électro-choque. Ces regards que l’on m’a jetés; ces mots que l’on m’a dit - “tu ne seras jamais mince”, “tu devrais mincir, tu sais?”....
Je me souviens même de cette fois... J’étais au collège et les garçons s’amusaient à classer les filles de la classe de la plus jolie à la moins jolie... Je vous laisse deviner où je me situais ... Je me souviens de ce jour comme si c’était hier. Ces garçons étaient bêtes, aucun doute. Mais voyez comment de simples mots, de simples jeux d’adolescents peuvent hanter votre esprit pendant si longtemps-.
Et ces mots que l’on m’a écrit - oui, j’ai bien dit écrit ... Un jour j’ai trouvé dans mon agenda un message écrit par un anonyme. Il avait pris un malin plaisir à critiquer mon corps. Les gens me répugnaient de plus en plus. 
Lors de ma dernière année de lycée, j’ai décidé de prendre ma revanche. Une revanche contre le système scolaire qui ne croyait plus en moi, ma revanche sur tout ces cons qui m’entouraient. Et une revanche contre moi-même. Car j’étais tout aussi coupable ... Coupable d’avoir baisser les bras. Durant cette année de Terminale, j’ai eu comme un déclic. C’était soudain, mais il provenait du plus profond de moi. Je me suis fixé l’objectif de réussir mon baccalauréat, de prouver à tout le monde que cette élève en qui l’on n’avait plus aucun espoir pouvait réussir. Voire, faire mieux que les autres. J’ai travaillé jour et nuit. Sans m’arrêter. Le soir en rentrant des cours. Le week-end. Les jours fériés. A Noël, au jour de l’An, à Pâques... Bref... J’étais comme droguée. Au fond, ça me plaisait vraiment. J’avais trouvé un objectif. Réussir. Être la meilleure dans un domaine.
Cette même année, j’ai recommencé à faire du sport. 30 minutes par jour, puis 1 heure, puis 2 heures. Au début, j’y prenais plaisir. J’étais contente de constater les effets de l’activité physique sur mon corps. Je me sentais en forme. Plus dynamique. Un peu mieux chaque jour. 
Seulement voilà... Ma détermination était telle, que la chose m’a peut-être échappé. Je perdais le contrôle. 
Lorsque je suis entrée à l’université, je pesais 62kg. En réalité, je stagnais. J’avais beau faire du sport, manger plus sainement, rien n’y faisait. Et j’avais profondément envie de prendre un nouveau départ. Pourquoi ? Parce qu’à l’université personne ne me connaissait. Personne ne connaissait mon passé. C’était un peu comme écrire sur une page vierge. A l’université, je pouvais repartir de zéro et devenir celle que je voulais être. Faire ce que je voulais faire. Devenir moi. 
Un jour, j’ai eu une idée. La pire et la meilleure idée du monde. Durant la semaine, j’avais décidé de ne plus manger à midi. Facile... Personne ne pouvait me surveiller. Facile... il suffisait que je ne mange plus et que je fasse beaucoup de sport pour perdre ces derniers kilos qui font de la résistance. Facile ! 
Au début, j’avoue que c’était dur. Tôt le matin, je partais de chez moi pour prendre le bus. Je faisais un petit déjeuner minimaliste, avec des fruits et des tartines de pain. Des petites quantités. Juste de quoi tenir un peu. Juste de quoi faire croire à mon estomac qu’il était rassasié. Puis je m’en allais. J’allais à l’université en bus. Autant dire que c’était une vraie expédition. Tous les matins je me levais à 5h30 pour arriver avant le début du cours de 8h. Rappelez-vous que je vivais à la campagne. L’arrêt de bus était à plus de 10 minutes de chez moi. Je devais marcher dans le noir, sur un petit sentier, dans le froid. Et quand on n’a pas grand chose dans le ventre... c’est difficile. Un peu plus chaque jour. Plusieurs fois, je sentais ma tête tourner. Mes jambes faibles. Et quand j’avais du retard, je courais jusqu’à l’arrêt. Dans le noir. Sans rien dans le ventre. Il pouvait pleuvoir, il pouvait neiger ... Qu’importait. C’était la même chose.
J’ai souvent eu l’impression d’être dans une fuite en avant. Que les choses m’échappaient. Mais j’ai continué. Il le fallait. 
J’avais décidé de ne plus manger le midi et de faire beaucoup de sport. 2 heures par jour. Sans prendre de pause. Du sport intense. Il fallait que je transpire. Il fallait que je me sente épuisée à la fin de chaque séance. Sinon... ça n’en valait pas la peine. 2 heures : pas une minute de plus, et surtout pas une de moins. C’était une obsession. Je devais rester constante. Toujours. 
Après chaque session, je me sentais fantastiquement bien. Je trouvais toujours une source de motivation : le dîner. J’imaginais chaque plat qui m’attendrait après ma séance. C’était tellement réconfortant. C’était un peu ma récompense. Mais attention ! Il s’agissait de manger ... mais en restant raisonnable ... Peut-être trop raisonnable. En effet, j’ai poussé la logique jusqu’au bout : j’avais fait des recherches sur internet : sur les types d’aliments qui font grossir. Ceux qui, au contraire, font mincir. Leur valeur nutritive. Les calories ... Les calories ... Elles m’obsédaient de plus en plus. J’aurais pu dire plus ou moins combien de calories comportait tel ou tel aliment. Une partie de mon cerveau s’était transformé en calculatrice automatique. Je calculais tout. Tout le temps. C’était obsédant. Un biscuit : 70kcal - c’était trop -. Une part de gâteau : 240 kcal - trop -. Des frites : 500 kcal... Beaucoup trop ! Bref... j’ai banni ce qu’on pourrait qualifier de junk food. Je me suis tournée vers les aliments à calories négatives - vous savez, ceux qui requièrent plus d’énergie à être consommé que d’énergie effectivement apportée. Bref. J’avais l’impression d’être devenue une experte en nutrition. J’avais l’impression de tout contrôler. Après tout, ça paraissait logique... Moins on mange, plus on bouge, plus on mincit, non ? 
Le pire dans tout ça, c’est que ça fonctionnait. Oui ! J’avais perdu deux, trois, puis quatre kilos... Au bout de 5 mois, j’avais atteint 48kg. J’étais contente. J’étais musclée. Je n’avais plus ces joues rondes que je commençais à détester. Je n’avais plus de boutons sur le visage. Je sentais les os de mon bassin à travers ma peau. Les os de mes épaules, de mon dos... J’avais réussi. Enfin... Maintenant il s’agissait de maintenir mon poids. Une partie de moi avait peur. J’ai pensé : “Chrystelle, si tu arrêtes le sport et que tu continues à manger tu vas grossir.” Il n’était pas question d’arrêter de manger. J’aime beaucoup ça. Manger est un vrai plaisir... Mon seul moment de plaisir durant la journée. Je ne pensais qu’au moment du repas. J’imaginais les plats. J’imaginais les goûts, la texture des aliments... ça m’aidait à supporter les phases de faim. C’était réconfortant. 
Je ne pouvais pas complètement arrêter de manger. Alors j’ai choisi de continuer le sport. Peut-être à contre-cœur. Pas par plaisir. Par nécessité. Mon cerveau me l’ordonnait. Mes muscles en avaient besoin. J’étais devenue accro. Un jour sans sport et je devenais folle. J’avais envie de pleurer. Je devenais impatiente. Irritable. Insupportable. 
Malgré tout, j’ai continué à faire du sport, jusqu’au jour où ce sont produites des choses particulièrement inquiétantes : mon système hormonal était complètement déréglé, j’avais des vertiges - le matin quand je me levais, ou quand je faisais du sport...-, mes jambes étaient couvertes de bleus.
Je ne connaissais plus mes limites. Je ne savais plus quand m’arrêter. Après tout, pjourquoi continuer ? J’avais pourtant atteint mon poids idéal. Je me sentais relativement bien dans ma peau. Je me trouvais assez jolie. Je plaisais toujours un peu plus aux garçons. Aujourd’hui encore, je ne sais pas vraiment ce que je tentais de prouver à ce moment-là. Il n’y avait aucune logique ... 
En réalité, tout cela n’a pas de lien avec la logique. Tout ce passait dans ma tête. C’était moi et moi seul qui pouvait décider quand arrêter. Pour moi, c’était comme devoir franchir une montagne. C’était quasiment impossible. Je n’arrivais pas à m’imaginer arrêter tout ça. Revenir à ma vie d’avant. Plusieurs fois je me suis projeté dans le futur. Je m’imaginais plus vieille. A la retraite. Dans mes vieux jours... Et je me disais : “Chrystelle, est-ce que tu en seras toujours au même point à 80 ans ? Est-ce que tu comptes vraiment suivre ce même rythme toute ta vie ?” L’idée en elle-même m’a fait peur. Tout ça était absurde. Inimaginable. 
J’ai eu à nouveau un déclic. J’ai arrêté le sport. Du jour au lendemain. J’ai opté pour une activité physique plus douce. J’ai décidé de marcher. Marcher dans mon jardin. J’ai adopté un rythme un peu plus soutenable. Cependant, marcher ça prend du temps. Tourner en rond dans son jardin pendant des heures c’est improductif, c’est bête, et c’est ennuyant. J’ai eu une idée. Un jour j’ai pris mes fiches de cours et j’ai commencé à les apprendre en marchant. Puis j’ai pris des livres, des milliers et des milliers de livres, et je les ai lu. Un par un. J’ai redécouvert la lecture. Je dévorais chaque livre. J’ai bu chaque mot que je lisais. J’avais soif d’apprendre, de découvrir. Je me perdais dans chaque histoire, je voyageais à travers le temps, avec les héros. C’était mon petit monde. Mon lieu d’évasion. Je guérissais petit à petit.
2019 - Et puis j’ai découvert Barcelone. Une ville où tout semble possible. Une ville où personne ne semble vous juger. Une ville qui me fait ressentir tant de choses. Le bien-être. La liberté. L'indépendance. L’insouciance. La confiance en soi. Une ville où je suis moi. Pour de vrai. Une ville qui me fait ressentir la vie. J’ai mon cœur qui bât très fort quand j’y pense. Je n’avais jamais ressenti un sentiment si fort auparavant. Je ne mettais jamais senti autant à ma place dans un endroit. Aussi libre. J’aime Barcelone et j’aime ce qu’elle a fait de moi. 
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fallenrazziel · 5 years
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Les Chroniques de Livaï #362 ~ UN CHOIX SANS REGRET (juillet 845) Livaï
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
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Je déambule dans les rues d'Erhmich depuis déjà pas mal de temps, sans savoir si je veux rentrer ou non. Après l'annonce d'Erwin, je me suis lâchement enfui, n'en croyant pas mes oreilles. Et pourtant, je peux pas dire que je m'y attendais pas.
J'ai dormi dans un petit bois sur la route du nord, à la belle étoile, et ça m'a fait du bien. J'avais besoin de m'isoler des autres, et de faire le point. J'ai juste réussi à me coller un sérieux mal de crâne. Alors j'ai arrêté de penser et essayé sérieusement de dormir sinon mes yeux seraient tombés. Je me suis réveillé ce matin un peu moins fatigué et j'ai repris la route vers Ehrmihc.
Je connaissais pas tellement la ville alors j'en ai profité pour faire le touriste, tout en continuant de ruminer. Je me suis retrouvé près d'un champ de course et j'ai regardé les cavaliers galoper à fond de train sur la piste tandis que les bourgeois parieurs autour de moi gueulaient comme des gorets... En les regardant faire comme si de rien n'était, je me suis vraiment rendu que je vivais pas du tout dans le même monde. J'avais pas la tête à me mêler à eux. Mais c'était hypnotisant. Pendant quelques minutes, j'oubliais mon sujet d'inquiétude. Mais sitôt quittée cette foule bruyante, c'est revenu me hanter.
Je voulais pas que Erwin devienne major. Même si je me suis dit que c'était inévitable, ça me mettait en rogne. Et puis avec l'autre connard que j'avais chopé hier sans trouver le courage de lui faire sa fête devant sa petite famille... J'étais au bout du rouleau, j'avais envie de frapper quelqu'un, juste pour me calmer. Alors je suis entré dans le premier bar sur mon chemin, j'ai relevé mes manches et j'ai défié le premier venu de me battre au bras de fer. Deux se sont proposés, mais après les avoir vaincus sans difficulté, plus personne s'est présenté. J'avais encore de l'énergie à revendre, mais je savais pas quoi en faire. Alors, je suis revenu à Trost, à mon rythme.
Je traîne les pieds près du fleuve, tandis que la lumière baisse. Ca fait presque une journée entière que je me suis tiré. Et je suis pas plus avancé. Y a trop de trucs qui se bousculent dans ma tête. Je savais que nos vies allaient changer, mais certaines choses auraient pu rester les mêmes. Un major, ça mène pas son escouade, ça chevauche devant tout le monde en donnant des ordres ; ça se bat pas non plus, ça reste bien assis sur son cheval sans dévier de la route. Je connais Erwin, ça va l'emmerder d'en être réduit à ça. Ca me fait chier aussi... Je veux pas être sous les ordres d'un autre chef d'escouade... S'il m'inflige ça, je pourrais pas continuer à être explorateur... C'était pas ce que j'avais prévu, le jour où je me suis dit que...
C'était quand ? J'essaie de me remémorer le jour où je me suis fait cette promesse. C'était après la mort d'Isabel et Furlan, peut-être un mois plus tard, je sais plus. Erwin était en train de donner des instructions dans la cour et j'étais assis dans un coin à me morfondre en attendant l'instructeur des cours équestres. Mais je pouvais pas m'empêcher de remarquer à quel point il menait parfaitement tout le monde, avec toujours un temps d'avance, plein de prévoyance et... Je ne l'ai pas formulé directement comme ça mais je me suis dit qu'il avait quelque chose qui me manquait ; quelque chose que je n'arrivais pas à définir mais que je voyais très clairement en lui. Et je me suis promis de le suivre jusqu'à ce que je comprenne ce qu'était cette chose.
Je ne l'ai toujours pas trouvée mais la quête est grisante. Je veux pas qu'elle s'arrête. Mais tout ça... ce nouveau poids sur ses épaules... Quand je vois ce que Shadis est devenu, je veux pas que ça lui arrive... Je devrais lui dire de pas le faire, que c'est trop lourd... Mais je trahirai sa confiance si je faisais ça. Et puis, merde, il est le seul qui peut le faire, je le sais bien !
Je m'assois sur un trottoir, sous un réverbère qu'un type vient juste d'allumer et je pose mes bras sur mes genoux et ma tête sur mes bras. Toute ma vie me repasse devant les yeux, par bribes. Toutes ces vies que j'ai perdues... Maman... Clem... Isabel... Furlan... Greta... Et y'en a eu d'autres. Ils sont tous morts à cause de moi, d'une façon ou d'une autre. Je porte la poisse, j'y peux rien. Dès que je m'attache à des gens, ils disparaissent. Ma seule existence est une calamité...
Ces idées noires me traversent maintenant, alors que Erwin vient de nous annoncer sa nomination, le moment le plus important de sa carrière, de sa vie peut-être, et je ne peux que m'apitoyer sur mon sort. Je me sens nul. Erwin est à la hauteur, mais moi ? Est-ce que je suis encore prêt à subir des pertes douloureuses à cause de cette malédiction qui s'attache à moi ? Est-ce que je veux recouvrir de mon ombre tous ces gens qui ont foi en ce qu'ils font ?
Mon ombre... Non, ma fierté. Ca a toujours été ça ! Merde, v'là qu'il flotte ! Je me relève et va m'abriter sous une porte cochère en attendant que ça passe. Le son de la pluie me calme et je jette un oeil nouveau sur tout ça.
Réfléchis, Livaï. Pourquoi ils sont morts ? Clem m'avait demandé de rejoindre le gang et j'ai refusé ; par fierté parce que je voulais être libre. J'aurais pu accepter... et il serait peut-être vivant aujourd'hui. Ou pas, mais comment en être sûr ? J'aurais peut-être pu le sauver. Et Furlan et Isabel ? Ils sont morts parce que j'ai pensé qu'à moi, à mon envie de tuer Erwin, plutôt qu'à leur sécurité. Si j'avais écouté Furlan, ils seraient encore vivants je suppose... ou alors ils seraient morts à un autre moment, mais encore une fois, je ne le saurais jamais.
Et si j'avais pris de force le gaz de ce type au lieu de me laisser distraire par ses gémissements, Greta serait rentrée avec moi.
On ne peut pas savoir quelles seront les conséquences de nos actes. On peut juste avancer en espérant faire au mieux... C'est comme ça que Erwin fonctionne. Il avance toujours, même si tout s'écroule autour de lui. Il peut changer les choses car il n'a pas peur. Et moi, j'ai peur ?
Je me rends compte que je me suis menti pendant tout ce temps. Ce n'est pas mon existence qui porte malheur à mes proches ; j'ai juste fait... de mauvais choix. Des choix égoïstes. Je suis le seul à pouvoir décider de ce que je veux faire. Si je voulais être égoïste, je quitterai le bataillon maintenant, car ça sent tellement mauvais que je veux pas encore souffrir. Mais si je le fais... combien de gens vont encore mourir ? Peut-être plus, ou moins que si je restais ? Je n'en sais rien... Erwin le saurait peut-être...
Le tout c'est de ne pas regretter. Avancer, sans oublier les sacrifices, mais sans se retourner. Faire au mieux, faire ce qu'on peut... De toute façon, on ne peut pas savoir à l'avance de quoi l'avenir sera fait. Alors je vais m'en remettre à lui, car il en sait plus que tout le monde. Plus que moi en tout cas.
Pourquoi je me pose toutes ces questions alors que je sais que ma décision est déjà prise ?
Il a besoin de moi. Ses ennemis le cernent déjà, ils vont en profiter pour lui nuire... Je dois veiller sur ses arrières, c'est dans mes cordes. Et puis je ferais quoi de ma vie ? Bordel, Erwin serait même foutu d'oublier de manger si je suis pas là ! Avec tout ce qu'il va devoir gérer... Je dois rentrer, leur montrer que je suis là ; même si je suis toujours en colère parce qu'il a gardé ça pour lui sans nous en parler aussitôt.
Comme si le temps reflétait mon état d'esprit, la pluie cesse et l'air se fait plus clair. Je note au loin les fenêtres illuminées du QGR au dernier étage. Ca bosse encore là-bas ou bien... la bigleuse a pas organisé cette putain de fête, quand même ?! Elle en serait bien capable. Elle va fatiguer Erwin avant même qu'il ne prenne son poste ! Va falloir que je m'en mêle. Quoique... un verre ou deux me feraient du bien...
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mymoonandstars · 4 years
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Mon Ange, https://www.youtube.com/watch?v=FFJE9TKj9Ik Aujourd’hui est encore un jour sans. Je ne sais pas comment je fais face à tout cela. Mon copain du moment est là, avec moi, nous sommes posé dans un café et pourtant je pense à toi et je t’écris alors qu’il doit probablement s’ennuyer en face. Mais je n’y peux rien, tu hantes mes pensées à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde de chaque jour, de chaque semaine, de chaque mois, de chaque année. Hier soir, j’étais avec lui et mon meilleur ami et en discutant, je me suis rendue compte que mon meilleur ami était la seconde personne que je ne voulais pas décevoir, toi la première, les autres, je leur accorde trop peu d’importance pour cela. Tu es et resteras la seule et unique personne dans mon coeur. Sans toi il est juste vide.
Cependant, hier soir, j’ai rigolé comme jamais avant grâce à mon meilleur ami, cela a presque duré une bonne heure tellement on riait et qu’on arrivait plus à se stopper, on rigolait vraiment pour rien mon Amour, tu aurais aimé me voir rire de la sorte, un rire franc, sincère, où rien n’occupait mes pensées à ce moment là et pourtant, tu as surgis dans mon esprit de la façon la plus soudaine qu’il soit. Une vague de mélancholie et de nostalgie m’a alors submergé. Tu me manquais. Encore. A un moment où je n’aurais pas dût y penser, tu es revenue me hanter. Pas un moment ne passe sans que je ne pense à toi et je ne peux rien y faire, tu es présente en moi et je ne veux pas que tu partes. Jamais. Hier soir encore une fois, je suis retombée sur une vidéo où tu parlais d’une histoire comme quoi tu avais mit tes chaussures. Cela m’a vraiment fait bizarre et je me suis mise à pleurer, me rendant compte que j’avais oublié le son de ta voix. Ça m’a déchiré. Moi qui ne voulait rien oublier de toi, plus le temps passe, plus j’oublie. Je m’en veux de cela, tu n’as pas idée. Une question m’a aussi effleuré l’esprit pendant que je naviguais entre photos et vidéos de toi, un plutôt gros dossier, presque six cents fichiers. Je me suis demandée “est-elle réellement morte?”, tu semblais si vivante sur certains clichés que je n’ai put m’empêcher de me demander si tout cela était réel. Après tout, si jamais je redescend dans le sud, avec espoir, je vais te trouver derrière la porte, à m’attendre tranquillement, prête à allée faire une montagne de course et à prendre rendez-vous chez le coiffeur au passage. J’ai toujours cet infime espoir que tu m’ouvres si jamais je fais les neuf cents kilomètres qui séparent nos deux demeures. Je me nourris de cet espoir, espoir qui est vain je le sais au fond de moi mais cet espoir me maintien sans doute en vie à l’heure actuelle. Cet espoir ne me quittera jamais et sachant que je finirais déçue si je descendais alors je n’en fais rien, je le laisse seul mais je n’ai pas la force de le voir dans un lieu où j’étais habituée à t’y trouver également. Je n’ai pas la force de faire face à la réalité. Plus maintenant. Je l’ai fait une fois et je ne compte pas recommencer de si tôt. Je le reverrais, sans doute un jour, mais pas là-bas, je ne peux juste pas sans toi. Je ne sais déjà pas comment je fais pour continuer à respirer et “vivre” en ton absence, le déni sans doute qui me maintien en vie. Si j’en sortais, je pourrais te retrouver plus rapidement, j’ai assez de médicaments pour passer l’arme à gauche, juste vingt petits cachets et c’est bon, tout sera fini pour moi et je pourrais enfin passer mon éternité à tes côtés mon Amour. Sans toi c’est un monde bien vide qui ne mérite pas que mes pas le foule. Ce monde cruel t’a arraché à moi alors à quoi bon? Je te dis à bientôt mon Ange, que ce soit ici par écrit ou dans l’au-delà. Nous nous retrouverons, un jour, très bientôt j’espère. Je t’aime.
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rivesdustyx · 7 years
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Avant que la lumière s’éteigne Prologue (0/6)
Avant que la lumière s’éteigne
Par
Raphaël C.
Prologue
Avant tout, le néant. Pas de lumière, de chaleur, d’odeur, de bruit, ni de pensée. Rien. Ni joie ni peine. Le temps suspendu. Aucune attente. Rien. Le néant. L’inexplicable et l’inimaginable inexistence. Celle que les consciences craignent. Celle dont la grandeur vertigineuse ou la petitesse sans horloge est réfutée et niée. Le non-être avant l’existence. Il suffira d’un soupir pour que tout bascule. Les fluides de deux corps opposés perturberont le néant. La dualité de deux êtres créera une substance qui, lentement, prendra la forme d’une vie. Cette dualité l’habitera pour toujours. Dans l’obscurité d’un corps, il y aura l’attente sans conscience. Une méditation pendant l’élaboration corporelle de l’être. Tout sera paisible. La vie en devenir semblera se laisser bercer dans le fin fond de l’océan. Cet état de tranquillité sera éphémère. Lorsque la chair sera formée, l’être ne pourra plus reposer dans un corps étranger. Il devra se réveiller. Dans un hurlement de terreur, la vie fera son entrée dans l’univers. La lumière violente agressera le petit être nu, frigorifié, souillé de sécrétion et de sang. Sans comprendre, on le manipulera et le balancera de tous côtés. Lentement, on le nettoiera pour ensuite l’apporter à ses créateurs. Enroulé dans une couverture dans les bras de corps chauds et aimants, le calme l’habitera. L’amour engourdira ses craintes. Fragile, l’être aura besoin de ses créateurs. Fragile, il le sera toujours.
Ce sera comme une chanson dans la tête. Les premières partitions se composeront le jour où il sortira de la maison pour découvrir le monde extérieur. Contrairement à d’autres malheureux, il aura la chance d’atterrir dans les bras de bons créateurs. Dès le départ, lorsqu’il ne sera qu’un corps qui vivra l’insupportable expérience du corps, ils seront présents pour combler ses besoins. Ne sachant pas parler, les larmes seront son seul moyen de communication. Ce langage élémentaire sera étouffé par l’orgueil dès l’âge de la conscience des apparences. Ils comprendront ce langage. Le jour où il ouvrira les yeux, il explorera son environnement. Ses créateurs contribueront à assouvir sa curiosité. Ils se tiendront près de lui dans ses expéditions du monde sensoriel, et ils l’éloigneront des dangers qui l’attireront. Ils seront encore présents au moment où son corps sera plus fort. Dans un désir de les imiter, l’enfant voudra se tenir debout. Après quelques chutes, il marchera. À cet instant, l’aspect sensoriel de son être laissera place à celui de l’intellect. Ses créateurs assouviront cette soif de connaissance par leur savoir, des histoires et des chants. Ils lui enseigneront les plus beaux concepts. Ceux qui lui feront croire que la vie vaut la peine d’être vécue. Ils lui présenteront la beauté de toutes choses. Ils lui apprendront comment transformer ses cauchemars en sublime onirisme. Ils lui légueront la puissance de l’imagination. Leurs paroles seront inspirantes. L’amour submergera la maison. L’avenir sera synonyme d’infinie possibilité. La vie sera belle et heureuse. Tout ce bien-être et cette harmonie seront éphémères. Tout sera éphémère. Le jour où il sortira de la maison, il découvrira la cruauté des autres.
Quelques heures avant son rendez-vous avec la Mort, il essaiera de déterminer l’origine de son mal. Dans sa profonde solitude, l’homme revisitera dans sa mémoire blessée les fragments douloureux de son existence. Enfant, il comprendra assez tôt que la vie ne sera que dualité. Rien ne sera en équilibre. Le bien-être, pour exister, doit être accompagné du mal-être. Toutefois, le bien-être disparaît le temps d’un soupir pour ensuite basculer longtemps de l’autre côté. Parmi ses pairs, il sera leur victime. Seul et aux prises de leurs attaques, il réalisera que l’imagination ne peut rien contre la cruauté. Il voudra trouver des yeux empathiques au milieu de ses semblables, or ils fermeront les yeux ou l’attaqueront par peur de l’être à leur tour. Ses pleurs deviendront sujets de moquerie en plus d’être une victoire pour ses tortionnaires. Il devra les cacher pour les priver de leur satisfaction. Chaque jour sera un supplice. La nuit, une guerre éclatera dans son ventre. Les moqueries des jours passés le hanteront et son imagination anticipera les prochaines. Confronté à l’incompréhension de la haine, il commencera à se détester à son tour. Un tremblement violent dans son être l’affligera, causant une fissure, dans laquelle le néant fredonnera sa chanson.
Seul dans son appartement, l’homme fera le grand ménage. Accroupi sur le plancher, il frottera tous les recoins de sa demeure. Il ne laissera aucune poussière ni saleté. Il rangera tout son désordre. Ses vêtements seront lavés et mis dans un sac à ordure, pour être ensuite envoyés dans une corbeille destinée aux plus démunis. Ses lectures et films seront également mis dans des boîtes pour ainsi être distribués à d’autres et faire disparaître, du même coup, son régime intellectuel. À défaut de ne pas pouvoir effacer son passé, l’homme qu’on aura privé de son futur essuiera toute trace de son passage. Entre les murs brutaux et ternes de l’école, l’enfant ne trouvera ni secours ni réconfort de ses maîtres. Ils seront complices et se révéleront encore plus impitoyables et injustes que les enfants. Ils le jugeront sévèrement. Une enseignante ira plus loin avec des sévices corporels. Les cris causés par les coups s’étoufferont dans les murs de l’école. Les autres professeurs se contenteront de le lui marteler dans la tête l’idée qu’il est un misérable sans avenir. Devant cette antithèse du discours de ses parents, une guerre éclatera dans sa tête. Il sera perdu et la fissure s’agrandira. Ces paroles s’incrusteront dans sa tête tel un cancer qui sécrétera des idées noires. Les beaux concepts sur la vie faite par ses créateurs s’effondreront pièce par pièce. Il voudra les récupérer, mais il sera trop faible. Néanmoins, les ruines de ces réflexions seront quelque part enfouies dans le plus profond de son être pour laisser une légère lueur d’espoir.
Malgré tout, il sera brisé. Déchiré par diverses idées imposées. Encore trop jeune, il sentira le poids de l’absurdité de la vie peser contre lui. Il refusera les bras consolateurs de ses créateurs. Il perdra confiance en eux et craindra le monde extérieur. Pour échapper à la persécution, il s’isolera dans un brouillard dense et opaque. Enfermé dans son royaume de la solitude, il croira trouver la paix. Seulement, la solitude sera comme un ver insidieux qui s’incrustera dans son crâne et pondra des œufs. Ils écloront uniquement le jour où le soleil fera disperser le brouillard. Avant ce jour, il plongera dans ses pensées. Il nagera dans cet obscur océan pour trouver des hypothèses sur la vie. La musique et l’encre deviendront ses alliées. À sa manière, il deviendra créateur. Il cherchera à expulser ses chimères et comprendre son univers. Dans ses créations, il vivra ses fantasmes. Prisonnier de ses ténèbres, il allumera des lumières pour se réchauffer. Il cherchera à taire cette chanson malsaine qui jouera en boucle dans sa tête. D’une certaine manière, il croira avoir trouvé le bien-être. Or ce sera une illusion. Son brouillard sera une fumée noire toxique qu’il respira pendant trop longtemps. À son insu, sa fissure s’agrandira davantage et le rendra encore plus vulnérable.
Après avoir aseptisé tout son appartement, l’homme qui a tout abandonné tentera de détruire ses créations. Devant son ordinateur, il regardera sa dernière œuvre confuse et quasi inachevée. Incapable de la supprimer, l’ironie de laisser ses mots exister l’amusera. Ce sera le reflet de sa vie. Son seul héritage qui n’aura jamais de successeur. Il se demandera ensuite combien de jours s’écouleront avant qu’on retrouve son cadavre.
Après de longues années d’isolement, un sourire fera disperser tout le brouillard autour de lui. Il connaîtra enfin l’amour. Les premières années seront enivrantes. Il sentira pour la première fois le bonheur. Elle sera douce avec lui et le fera grandir. Malheureusement, ce sera éphémère. Tout sera éphémère. Tranquillement, les œufs dans sa tête écloront et en sortiront des peurs irrationnelles. Ensemble, ils pourront contrôler uniquement les premières crises, puisqu’elles reviendront plus fortes et seront plus fréquentes avec le temps. La mélancolie le possédera. Il créera autour de lui un abîme sombre et sans fin. Sa raison sera corrompue. Incapable de lui redonner le sourire, elle perdra le sien. Elle devra partir pour ne pas chuter avec lui. Ce qu’il redoutera le plus arrivera. Il fera fuir le bonheur. Laissé seul dans son appartement, le désespoir s’emparera de lui. La solitude l’enlacera de ses bras glacials. Sa fissure s’agrandira. Son imagination le torturera. Nuit après nuit, les fantômes des supplices passés viendront le hanter. Sous le poids de ses tourments, il maigrira atrocement. Les nuits d’insomnie seront stigmatisées par des cernes creux. Son regard sera vide. Chaque jour et chaque nuit, il s’enfoncera de plus en plus creux dans son abîme. Le néant fredonnera dans son oreille l’inquiétante chanson. Le reste de lucidité qu’il aura l’amènera à avoir peur de lui-même. Il cherchera de l’aide. Il se tournera vers ses créateurs. Dans un appel, ses larmes communiqueront son désespoir. Contrairement à d’autres désespérés, il aura la chance de tomber dans les bras de bons créateurs. Fatalement, sur une chaussée glacée, voulant sauver leur fils de ses démons, les créateurs disparaîtront dans le néant.
Abandonné de tous, tout s’écroulera en lui. L’hiver s’installera dans son être. L’espoir le quittera. Léthargique, il avancera dans ce monde. Il tentera d’écrire une dernière fois pour retrouver une partie de lui-même. Il trouvera un miroir qui reflétera ce qu’il sera devenu; un monstre. Il maudira ses créateurs de l’avoir trompé. Il dira que la vie n’est pas belle et qu’elle ne vaut pas la peine d’être vécue. L’existence n’est nulle autre qu’une longue agonie aux trépas. La Mort lui aura longtemps fredonné sa funèbre chanson. Tant d’années à l’ignorer, il se laissera finalement séduire par sa mélodie. Il la chantera lui-même. La Mort se mettra belle pour lui. Dans son envoûtante robe verte, elle le charmera avec de séduisantes promesses. Il finira par accepter son invitation au bal. Il préparera en détail cette éternelle rencontre. Des cachets lui serviront de vecteur pour l’amener à ce grand rendez-vous. Ce soir-là, il ira danser avec elle.
Après avoir revisité les épisodes sombres de son existence, il se demandera encore quelle est l’origine de son mal. Nu, il entrera dans son lit. Allongé et prêt à attendre la mort, un souvenir le frappera. Une nuit, trop jeune pour avoir découvert le monde extérieur, il sera pris d’une violente angoisse causée par l’immensité qu’est la vie. Sa mère viendra le voir pour le consoler et, effrayé, il lui posera cette question; maman, pourquoi m’avez-vous mis au monde? Par ce souvenir, il réalisera que son mal-être l’a toujours habité. Du coup, il se dira que contrairement à d’autres, ses créateurs auront eu la malchance de recevoir un mauvais fils. Lentement, ses yeux se fermeront. Il sombrera dans le grand sommeil, mais avant…
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