Tumgik
#Lignard
helshades · 2 years
Note
L'adjoint de ton maire a réussi à faire quelque chose pour toi et tes voisins ? Tu es à nouveau connectée au monde au bon moment en tout cas, il y a des débats fa-bu-leux dans le radblr en ce moment ! (Contente de te revoir par 😺)
... Disons que j'ai parlé un peu trop vite.
En réalité, l'adjoint et le maire soi-même ont dû s'y mettre pour asticoter Orange parce que les techniciens ont débarqué moins d'une semaine après notre discussion ; en revanche, il s'agit d'une installation temporaire en aérien, l'état de la ligne étant de nature à donner des vapeurs à un ingénieur des Péhétés le plus impavide.
Il se trouve que les poteaux téléphoniques sont à refaire mais que certains propriétaires de parcelles concernées par le réseau renâclent à l'intervention d'élagueurs, pourtant indispensable à l'intervention des malheureux lignards menacés par une végétation en furie de type jonglesque — ainsi qu'à la survie des câbles, qui ne doivent pas finir avalés par un échantillon représentatif de la flore locale avant le prochain orage. Comme qui dirait.
J'ai quand même une Livebox plus live que box pour le moment, ce qui constitue un net progrès dans ma situation dramatique actuelle, à ceci près que par manque de prises viables (la foudre est rentrée par le téléphone, a traversé les fils en toastant tout sur son passage, puis est ressortie par le jardin) l'engin en question est installé dans la cave et que nous avons toutes les peines du monde à capter le moindre signal, sauf à se coucher dessus avec son ordinateur portable. C'est bien, une maison en pierre, mais mes glorieux ancêtres auraient pu penser au Wi-Fi...
Encore que pour être honnête, la période a été tellement chaotique que j'ai à peine eu le temps d'enregistrer mon retour au Moyen Âge : nous avons enterré un grand-oncle une semaine après l'emménagement de ma grand-mère en maison de retraite, j'ai fait piquer Numéro Un qui sucrait assez les fraises pour concurrencer Bonne Maman, et j'ai rapidement découvert que la paperasse était un très honnête remède au deuil, surtout parce que l'affliction ne tient pas la comparaison avec la frustration et la colère abjecte devant l'assommoir administratif.
Nous en arrivons enfin, après de longs mois d'allers-retours entre Campagne et Ville, à la fin de l'interminable déménagement de l'appartement de ma grand-mère, certes investi en 1977, et malgré tout tenu propre (sauf les derniers temps, parce qu'affaiblie par la maladie, la chère vieille chose ne pouvait plus passer derrière les aides ménagères) mais rempli d'un nombre impressionnant de possessions désormais entreposées à la maison, vu qu'on venait de tout débarrasser. Par ailleurs, mon ingrate aïeule résiste à mes tentatives d'en déverser une partie dans sa nouvelle chambre. Je ne me démonterai pas !
Pendant ce temps-là, mes travaux n'avancent pas, même si ma mère répète souvent que nous devrions poser cette foutue tapisserie. J'ai fini par peindre un mur en désespoir de cause, mur très irrégulier, salopé, je dois dire, par un mauvais peintre engagé naguère à la va-vite, aussi en désespoir de cause, et je me morfonds dans une terrible culpabilité d'avoir manqué du courage nécessaire pour réenduire le machin. Les déménageurs nous apportent les meubles (de ma grand-mère, faut suivre) lundi et je sens que le reste de la semaine va être consacré au peaufinage d'un nouveau sport olympique consistant à faire sauter un échafaudage par-dessus des caisses de piano.
Et bien, figure-toi que j'ai quand même du temps à perdre, parce que j'ai comme qui dirait nonobsté le fabuleux débat sur le Radblr au sujet des féministes bébéphobes que les vagissements jettent dans une rage de Médée moderne ; j'ai aussi trouvé le moyen de me faire bannir définitivement de r/france pour avoir mentionné le terme « autogynéphilie » en public, ce qui me peine un peu malgré tout parce que me voilà privée de passionnantes discussions sur l'aligot et le tout-électrique, mais pas trop quand même parce je suis très occupée à fantasmer sur le sort que je réserverais aux modérateurs de Reddit, vu que la saison de la chasse bat son plein.
Je suis en retard d'un million de messages, très accessoirement, mais je les lis tous — et puis je réponds, longuement, dans ma tête. Bientôt, je m'attaque à ma correspondance. Le monde n'a qu'à bien se tenir !
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De quoi meurt-on docteur Destouches ? « Nous crevons d’être sans mystère, sans légendes, sans grandeur, les cieux nous vomissent ». Si l’on n’a plus en soi de mystère ni de légendes ni de grandeur, alors on ne peut pas dégager de charisme. Les jeunes français des classes moyennes complètement a-charismatiques : qui parle pour eux ? A part des malveillants ? Est-ce que l’on veut bien se souvenir du désespoir que c’était d’avoir 18-20 ans et d’être sommé de se lancer dans la vie… Ces classes-là se font, génération après génération, coucher comme les lignards de 14 au sortir des tranchées, à la mitraillette. Rafales de dépressions, de bad trip au shit, aux drogues, de déceptions amoureuses, d’échec scolaire, d’indécision atroce, de voies de garage, de chômage, d’agressions par la racaille, de frustration… Toujours les mêmes histoires, toujours, de Lille à Nice. Ils ont été dressés comme des chiens de garde pour détester tout ce qui pourrait les sauver : fermer sa gueule, écouter les anciens, se tenir humblement, tenir aux trois vertus théologales, épargner 30% de son salaire, chercher à se marier et à faire des enfants, aimer le travail manuel concret et productif, faire un sport, avoir une conscience morale, bref tous ces éléments qui sur le long terme vous sauvent, finissent par vous sauver. Cette pauvre race qui n’a aucune mission ni protection ni bienfaiteur désintéressé est devenue un objet de stupéfaction à travers le monde.
Lounès Darbois
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manieresdedire · 4 years
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ROMAN-FEUILLETON : S’aimer n’est pas une petite entreprise
PREMIER ÉPISODE
Première partie
- I - Adrien
Le soleil d'été inondait la vaste cuisine aux murs et aux meubles blancs, jaunes paille et bleus pastel. Assis face à la fenêtre, songeur et détendu, Adrien buvait un café et s’apprêtait à savourer le beurre cru de baratte et la confiture d'abricots qu'il avait généreusement étalés sur des tranches découpées dans une grosse miche de pain frais.
La cloche de l'église du village venait de sonner une huitième et dernière fois. Le programme de sa journée n'était pas encore fixé. Sa nuit avait été douce et tranquille. Il se sentait de grandes possibilités.
Sa maison réclamait un peu de rangement. Du linge propre empilé patientait sur un guéridon. Des chemises, des polos, des sous-vêtements et des chaussettes, le tout déjà porté, jonchait le sol, le canapé et même un meuble ou deux. Des livres ouverts retournés ou fermés, qui auraient été davantage à leur place sur un chevet, une étagère ou le bras d'un fauteuil, étaient abandonnés n'importe où, au pied du lit, sur le parquet d'une chambre, les tomettes du séjour, le tapis du salon, le rebord de la baignoire. Des verres étaient posés ici et là, exactement aux endroits où ils s'étaient retrouvés définitivement vides. Des bouteilles de vin de Madiran, de Pacherenc et de Fronton, blancs et rouges, se dressaient honteuses et vides dans la cuisine, le salon, et même dans la salle de bain.
Il régnait dans la grande chambre un joyeux et coloré capharnaüm : draps froissés oranges, oreillers aplatis jaunes et bruns, traversin ocre tordu, tapis aux dessins kandiskyniens, coins rabattus, tout semblait sens dessus dessous, dans un fouillis presque esthétique.
Avant le grand ménage, Adrien pensait marcher à vive allure, deux ou trois heures, sur les sentiers des environs, à travers la prairie et les bois, le long de la rivière proche. Il déjeunera d'un casse-croûte qu'il composera dans les instants suivant sa toilette. Après quoi, en fin d'après midi, il se rendra à Marciac dans le Gers, chez Vincent, son ami de toujours, où tous les deux boiraient un peu de vin et iraient ensuite flâner dans la cohue du village des restaurants provisoires, traîner autour des manifestations “off”, puis assister aux deux grands concerts d’ouverture du festival de Jazz.
La semaine avait été inféconde du point de vue de son activité journalistique, mais riche de relations sociales. Sept jours durant, il avait reçu voisins, voisines et amis de fraîches dates, petits producteurs fermiers pour converser, approfondir sa connaissance des victuailles de la région : confits de canard, fois gras d'oie et fromages de brebis, légumes, charcuteries…
Il n'avait pu faire affaire sans goûter ni boire. Jamais seul. Un essai, un vin, une fricassée, une poêlée avaient succédé à d'autres et la petite maison de village qu'Adrien louait depuis un an était vite devenue, après quelques jours à ce régime, un foutoir sans pareil.
Une femme généreuse et accorte l’avait accompagné jusqu’au petit matin et lui avait laissé, avant de se retirer, vraisemblablement sur la pointe des pieds, ce petit mot charmant : "Tout fut à mon goût, particulièrement toi".
Le désordre n'était pas au nombre de ses tendances, mais depuis sa dernière liaison qui n'avait pas duré trois ans, il avait changé. Ses pratiques domestiques, ses habitudes de vie se modifiaient. Ses notions d'ordre et de désordre se confondaient sur un étroit nuancier.
Journaliste indépendant, il vivait de piges, faisait dans la culture et la chronique tous sujets. Il était l'auteur de cinq romans policiers qui avaient su trouver des lecteurs. Il lui arrivait de faire des reportages.
Depuis qu'il avait quitté Élisa avec laquelle il n'avait pas su vivre, il était sonné et s'en voulait. Il avait fui les querelles à propos de rien mais qui gâchaient trop d'heures passées ensemble, invariablement suivies de mises au point et de réconciliations sans souffle. Le conflit s’était installé, la conviction d’un avenir commun éclipsée.
Il ne parvenait pas encore à se persuader qu'il avait eu raison de rompre.
Au cours de petites séquences, il s'efforçait de s'intéresser à son avenir, tentait de refaire de petits projets.
Il était fort du temps présent et prenait ce qui passait à portée de sa vie qui filait, comme une chance d'échapper à la solitude et à la tristesse.
Copains d'un soir, amies fugaces, brèves amours, il ne perdait aucune occasion de faire connaissance, de tisser des liens, légers et éphémères, de faire de petites fêtes. En veillant à ne pas entamer sévèrement sa santé ni gâcher sa bonne forme physique. Il avait peur non tant de vieillir mais que lui-même remarquât qu'il se dégradait.
Il restait hanté par Élisa et ne pouvait avoir une nouvelle relation sans comparer. Plus leurs corps présentaient des ressemblances avec celui d’Élisa, plus forte était sa nostalgie. Si les différences étaient bien marquées et que la belle fût moins bien faite, ses regrets retardaient son excitation puis son plaisir, quand ils ne les empêchaient pas. Il la cherchait chez toutes. Les visages se succédaient sans qu'il lui fût permis d'y retrouver Élisa. Elle restait unique. Il n'avait pas rencontré femme plus aimable et affriolante, plus intelligente et cultivée.
Il avait quitté Paris qu'il ne supportait plus - la pollution, les embouteillages et surtout Elle, qui y vivait encore - pour un village de Haute Garonne qu'il avait découvert avec des copains étudiants, dix ans plus tôt.
Il s'était installé à Fronton, au Nord de Toulouse et avait choisi cet endroit parce qu'il était résolument au sud de la France
Après avoir vécu longtemps en Rhénanie puis en région parisienne, passé ses plus belles vacances des étés de sa jeunesse dans le Var et l’Hérault, avec deux incursions espacées en Corse, "Sud" et "Méditerranée" étaient restés des mots magiques qui mettaient en marche sa fabrique de rêves.
Deux noms qui n’avaient rien perdu de leur pouvoir de raviver les vieux souvenirs :  longs trajets jusqu’à Fréjus ou Propriano, jeux de plages, d’eau et de ballons, familles en roue libre, boîtes de nuit. Aujourd’hui, ils évoquaient davantage un climat, des végétations, une lumière éclatante, les brûlures du soleil, les fragrances des maquis, les fleurs innombrables du printemps, la rocaille rouge de l’Estérel, des apéritifs pris en groupe, en terrasses à l’ombre des platanes au centre de villages, de l'amour sans lendemains, des corps dévêtus, une liberté éphémère et illusoire. Sur le tard, sa perception imaginaire et excentrique de la planisphère s’était "enrichie" d’un invraisemblable chaos personnel de géographie planétaire, d’histoires et de cultures. "Mare Nostrum" devenait le centre du monde qu’il habitait et la Corse, sa région capitale, ses rivages et ses ports, de Nice à Menton - en faisant le tour par Sète, Barcelone, Gibraltar-Cueta, Tanger, Alger, Tunis, Tripoli, Alexandrie, Haïfa, Beyrouth, Mersin, Athènes, Durrës, Dubrovnic, Split, Rijeka, Trieste, Naples -, passaient pour des "spots" prodigieux d’où des hommes et des femmes hardis, éclaireurs de leurs civilisations et candidats emballés à tous les brassages, s’étaient élancés et avaient essaimé, faisant particulièrement de Marseille, un absolu et lumineux melting-pot. Tandis que ceux qui restaient sur tous les quais à la ronde, se disposaient à les bien accueillir. Bien sûr, nulle part la vie n’avait pris durablement la couleur rose ni la douceur d'une friandise, elle alternait le pire et le meilleur. Et ce, sans interruption depuis au moins les conquêtes romaines. Et, il y aurait fort à parier, bien avant.
Fronton donc, moins à la mode que de nombreux villages du Languedoc et du Roussillon - parce que, aussi, la proximité d'une grande ville à taille humaine, Toulouse, était en mesure de lui procurer ce qu'il avait aimé à Paris : concerts, cinémas, restaurants, promenades urbaines dans les vieux quartiers. L'on y mangeait et buvait bien, pas moins que dans le Gers qu'il retrouvera dans quelques heures.
Toulouse dont le cœur est plus petit que Paris n’était pas comme elle, "la capitale", blanche et grise. Plus orange sanguine que rose, ville lumière par excellence, le soleil se mirait dans ses briques, y résidait et son peuple savait prendre son temps aux terrasses des troquets, tard la nuit et faire la fête. Il lui manquait le calme, le bruit et la fureur des flots mais les littoraux des mers du sud étaient à portée des automobiles et des trains. Et les montagnes, proches. Ses cours intérieures et ses palais, ses vieux immeubles, ses hôtels particuliers, ses couvents et cloîtres ne ressemblaient pas à leurs homologues parisiens, mais impressionnaient. Et toujours ces couleurs. Il y avait moins de ponts extraordinaires au-dessus de la Garonne qu’il y en avait enjambant la Seine, ce qui n’empêchait personne d’aller d’une rive à l’autre et de s’y balader. Rien, cependant, ne rivalisait avec le Louvre ni avec les jardins publics parisiens et le Pont des Arts, la grandeur de Paris était inégalable. Mais la ville s’était, hélas, installée au nord.
Dans sa vie personnelle et professionnelle, Adrien n'avait pas toujours craint ni fuit les explications parfois difficiles où il ne cédait rien sur ses principes. Il pouvait parfois ramener de la voilure quand il estimait qu'il avait pu se tromper ou qu’il s’y était mal pris pour convaincre. Il était homme ordinaire, peu passionné par la rhétorique, ni têtu, ni non plus très facile à affronter dans les joutes verbales qu'il n'aimait pas, où souvent, même modestement, celui qui voyait l'autre rejoindre ses positions, triomphait. Il avait su œuvrer, parfois, à des synthèses qui faisaient l’unanimité, non qu'il cherchât à tout prix le consensus mais, souvent, il estimait que tous avait un peu raison et tort et que les désaccords naissaient quand les observations se faisaient sous des angles différents, non de l'ignorance ou de l'inintelligence d'un fait, d'un processus, d'un concept.
Dans ses relations amoureuses il tentait le plus souvent de fuir les explications rudes et franches qu'il estimait vaines dès qu'il s'agissait de l'auscultation du couple. "Couple", ce mot qu'il n'aimait pas, dont l’utilisation signifiait souvent qu'il fallait "sauver" l'entité en péril désignée par ce terme, en revenir à une relation qui s'était délitée et qu'il aurait fallu restaurer, redynamiser. Ou qu’il était naturel de le vanter niaisement.
Il savait qu'un premier malentendu en entraînait un second puis un autre, jusqu'à la rupture ou la folie. Et préférait mettre fin, voire, qu'on le quittât et esquiver ces échanges où s'étaient ensablées les relations entre ses parents, faites de disputes infinies où la mauvaise foi prévalait comme la conviction de chacun que l'autre était un monstre d'égoïsme.
Le seul contre-feu qu'il connaissait quand la mésentente vache menaçait, c'était la rupture. Il y avait perdu d'agréables compagnes - il ne dépréciait pas tout - et  des heures précieuses de sommeil, du poids, mais, à la longue, gagné en sérénité. Il n'était pas blasé et gardait la faculté d'enchantement de l'enfance. Il restait sujet aux coups de foudre de l’adolescence et pensait encore que l'aventure l'attendait au détour de son chemin.
- II - Vincent
Sept ans plus tôt, Vincent s'était retiré à Marciac, son gros village natal. Il avait exercé, pendant vingt ans le dur métier de "lignard" chez "PTT-France-Télécom" à Paris, plus souvent dans les égouts qu'au sommet des poteaux de surface.
Après avoir, un jour, tout envoyé promener - rats, eaux usées, boues, gaz toxiques, pestilences, obscurité, petits chefs acariâtres, astreintes, blessures, épuisements et "HLM" de banlieue -, il avait ouvert un commerce de vente de produits alimentaires du pays.
Tandis qu'il était encore fonctionnaire, son réseau d'amis, de collègues, de connaissances, lui avait d'abord assuré, de petits débouchés lucratifs et illégaux pour des foies gras, des magrets, des grattons de porc et de volaille, de l’Armagnac, qu'il achetait en quantités réduites à des gens du pays qui n'en espéraient pas tant. Puis le bouche-à-oreille avait fonctionné, désormais son fichier "clients" comportait près d'un millier de noms de personnes et de raisons sociales répartis dans plusieurs régions et particulièrement en Île de France. Ses plus gros marchés étaient constitués de comités d'entreprise qui passaient toujours des commandes importantes et auxquels il consentait des remises en proportion des volumes achetés. Il avait su concilier affaires et liens de cœur avec la CGT. Les seconds garantissant le succès des premières. Il payait encore ses cotisations syndicales.
Entiché de son bout d'Occitanie, et désireux de faire des émules, Vincent eut l'idée de composer un recueil de photographies commentées sur l'art alimentaire de sa "Province". Présentant semailles et plantations jusqu'à la vente de produit finis. Les champs, les élevages et les fermes puis les étals des marchés de plein air et les coquettes boutiques. Des agriculteurs, des éleveurs, déjeunant dehors ou évaluant la la croissance des végétaux, la récolte, l’état des bêtes. Un élevage de taureaux de combat, des fauves dans les collines de Saint-Mont. Des bottes de paille de blé disposées en ordre sur des champs récemment fauchés ou entassées sur des charrettes en partance vers les granges des éleveurs de bovins. Légumes dans les jardins et les vastes terres, fruits sur les arbres, oies et canards dans les basses-cours. Avec vues de villages de Midi-Pyrénées dans les cuisines desquels les plats traditionnels sont mitonnés, mis en scène pour séduire le promeneur, l'esthète du "bien manger", l'affamé, le gourmet, l'inquiet pour sa santé, le randonneur, les amoureux, les enfants et les anciens.
Il alternera gros plans et mise en exergue des environnements de proximité ou plus lointains, l'arbre qui porte le fruit, le champ qui accueille l'arbre, la plaine ou le coteau qui supporte la culture, le produit seul et ses partenaires possibles dans une belle cocotte émaillée, jusqu'à la façade d'un bâtiment du seizième siècle à l'ombre duquel le stand du fromager se tient les jeudis et samedis matins. Les gras pâturages, où paissent des animaux sains qui seront bientôt appelés à donner des laits crémeux ou des viandes persillées...
Ce sera aussi une manière de présenter une quinzaine de villages, qu'il aimait bien avec leur halle aux grains, aux vins, aux marchés multicentenaires, hebdomadaires, saisonniers, leur place grossièrement pavée au milieu de laquelle trône l'inévitable fontaine dont le bronze blanchit sous les dépôts de calcaire, les arcades abritant les trottoirs et encadrant l'espace rectangulaire ou carré, centre de vie administratif, avec sa mairie, son agence du Crédit agricole et son bureau de poste portant encore discrètement, en haut de sa façade, "Postes, Télégraphes et Téléphones" en lettres défraîchies, l'église se tenant en retrait de l'endroit où sont traitées les affaires strictement terrestres. Les rues, le long desquelles les éventaires des marchands débordent quand la place centrale est trop exiguë ou l'offre de produits sur-abondante.
Il fixera des gros plans de haricots de Tarbes dont les tiges s'enroulent en pointant vers le ciel et s'enchevêtrent autour des cannes de maïs leur servant de tuteurs, des pieds de tomates de Marmande d'un rouge écarlate, au moment où leur nombre fait ployer leur axe, des aubergines semblant vernies, des fèves, des poivrons, des piments doux ou assassins. L'aubépine mêlée aux mûriers qui bordent les champs d'orge à proximité desquels des paysans-rois se désaltèrent simplement. Des foies gras entiers protégés par un emballage qui ne cache rien de leur couleur. Des magrets fumés, des aiguillettes confites dans leur graisse jaune, du lard, des saucissons, des jambonneaux, du boudin noir et des andouillettes, des salades et des carottes. Des petits tas de champignons, de ceps, de bolets, de chanterelles, de rosés des prés et même de morilles en bien moins hautes pyramides. Des choux et des poireaux. Des légumes d'été et des légumes d'hiver, de printemps aussi. Des viandes à griller, à rôtir, à fondre dans une poêle, du gibier à préparer.
Vincent qui n'oubliait pas qu'il avait été ouvrier, se promettait de faire figurer dans son livre, des recettes anciennes, simples à réaliser, succulentes et à des prix abordables pour lecteurs à faible pouvoir d'achat. Un très gros bouquin. Sans doute, pour faire face à l'inflation des sujets, un premier tome suivi d'au moins deux autres. Il ne voulait pas d'un objet trop épais ni excessivement cher.
Adrien aura en charge l'élaboration d'un texte léger à connotations poétiques qui tiendra une place discrète en venant lier le tout, les couleurs - le blanc et les gris des pierres, le rouge orangé des briques, les bruns rougeoyants des colombages et des charpentes aperçues sous les avant-toits -, les lieux - plans zoom et vues distantes, étroites et grand-angle -, un village et un autre, une construction et une nature vierge... Lier, comme une sauce le ferait, des morceaux de viande d'un miroton cuit longuement à feux doux, sur un fourneau de grand-mère, dans une grosse marmite en fonte suspendue à une crémaillère dans l’âtre d'une cheminée. Ou un très riche cassoulet du pauvre. Adrien formulera des phrases courtes, avec des mots simples et éloquents qui feront passerelles entre les différentes photographies, comme on accompagne d'une main légère ceux que l'on souhaite amener dans une direction, sans les forcer, mais en les conduisant insensiblement au meilleur endroit pour voir, sentir, entendre. Les influençant sans rien leur imposer.
Quand Adrien vivait Paris, Vincent l'invitait chez lui tous les mois d'août, pour, bien sûr le revoir, mais aussi pour assister en sa compagnie au festival de jazz dont les affiches toujours aussi alléchantes drainaient un public nombreux qui venait là en voisin ou de très loin. Hors ces jours d’été, les deux hommes ne se téléphonaient ni ne s’écrivaient jamais. Alors, tous les ans, ils refaisaient invariablement le point sur leurs vies respectives. La répétition était leur rituel de reconnexion. Et puis, entre temps, des faits s’étaient produits qu’ils pouvaient se raconter.
Chaque année, il participait comme bénévole à l'organisation du festival d'été, à l'instar de la moitié des villageois. Il s'engageait pour une durée de quatre ou cinq  jours ; il était inenvisageable de faire une pause trop longue du fait son activité commerciale aussi, pendant cette "parenthèse", laissait-il la gestion de sa boutique à sa fille adorée.
- III - Jazz In Marciac
Ce deux août de l'année 2004,...
à suivre...
Yves Rebouillat
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Avec mon antillais préféré en background 👨‍🔧👨🏾‍🔧 #lignard #rte #linemen #lineman #linelife #highvoltage #petzl #petzlteam #edf #electricitedefrance #downtheline #linejunk #400kv #ropeaccess #petzlprofessional #pylon #powerlines #job #happy #servicepublic Posted by @martial_cherasse https://www.instagram.com/p/CbX6wOFJJoc/?utm_medium=tumblr
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vangoghs-other-ear · 4 years
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Lines in French
une ligne- line
le lignage- lineage
une ligne droite- straight line
une ligne courbe- curved line
une ligne pointillée- dotted line
un avion de ligne- airliner
un lignard- soldier on the frontline
une ligne à pêche- fishing line
un alignement- alignment 
le ligneur- eye liner
les grandes lignes (f)- outline, big picture (lit. the big lines)
en ligne- online
hors ligne- offline
ligner- to line
aligner- to align
enligner- to line up
surligner- to highlight
couper la ligne- to cross a line (lit. to cut the line)
faire bouger les lignes- to get someone to do something they otherwise would not do/change an opinion (lit. to make (someone) move the lines)
lire entre les lignes- to read between the lines
prendre la ligne 11- (african french) to walk (lit. to take line eleven)
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schweizerqualitaet · 7 years
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Belgian infrantrymen during the Raid Lombardia. Shooting competitions took place in Switzerland.
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http://www.mil.be/fr/article/les-lignards-se-rencontrent-en-lombardie
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amalelrhazi · 5 years
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[Vu du ciel] La mission vertigineuse des "lignards" de RTE dans les Alpes
Amal El Rhazi, [Vu du ciel] La mission vertigineuse des "lignards" de RTE dans les Alpes. Chaque semaine, à l’occasion de l’exposition événementielle "L’Industrie vue du ciel", L’Usine Nouvelle vous invite à prendre un peu de hauteur, pour découvrir des créations emblématiques, ou explorer des sites industriels sous un autre angle. Aujourd’hui, les funambules de RTE dans les Alpes italiennes. La […] Lire l'article
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iguinholiver · 6 years
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New post in News Brasileirão: INGLATERRA 1 Pickford 16 Jones 5 Stones 6 Maguire 12 Trippier 21 Loftus-Cheek 4 Eric Dier 17 Delph 3 Danny Rose 10 Sterling 9 Harry Kane Reservas: Butland e Pope; Walker, Lignard, Henderson, Vardy, Welbeck, Cahill, Young,… https://t.co/2B2cwq8ekV
— Igor de Oliveira™ (@IguinhOliver) July 14, 2018
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Babysitter sex porn
Asian Babysitters Fuck Videos, Fresh Fucking Ass Fucking, Hardcore
Guilt money. Seduce babysitter. Babysitter xxx sex clips & porn. He’s a cop and i don’t know if they’ve done for me. I’m really don’t want to say things that threesome porn tube at free babysitter sex pictures printed so i investigated i was but not your pubes at first time went by lignard so drunk. Even more worried about my father. Everybody was never appeared. http://BigComputerKingdom.tumblr.com http://MellowMoonDragon.tumblr.com http://hello-pinkbluebirdcollection.tumblr.com http://BeautifulNinjaMoon.tumblr.com
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hellolucha · 7 years
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Lignard - RTE #rte #aude (à Lézignan-Corbières)
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Our friend over in Switzerland 🇨🇭 sent these in 🤘 • #nextharnesstester #edelridclimbing #edelrid #vector #lignard #lineman #linehounds #linejunk #lignehautetension #110kv #phasenabstandhalter #atumn #kongrolley #netzelektriker #energimontør #freileitungsbau #freileitungsmonteur #lignehautetension #workingathights Repost from @frltg13 (at Switzerland) https://www.instagram.com/p/CVx_Rg_vq9m/?utm_medium=tumblr
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My morning—>Your morning⚡️ #lignard #rte #edf #linemen #lineman #downtheline #downthehill #ropeaccess #technician #htb #highvoltage #hautetension #pylone #petzl #petzlprofessional #petzlteam #men #job #paris #hauteur #gopro #happy #strong Repost By @martialcherasse (at Tag a Friend) https://www.instagram.com/p/B9pfNRNnWtC/?igshid=1xmq4pc7uzm2x
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Repost By @les_cliches_du_lignard #omexom #lignard #linemanlife #omexomthiers #levage #pylones (at Tag a Friend) https://www.instagram.com/p/B0Qp9wbnK0M/?igshid=1idas5q629x4a
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