Signes avant-coureurs
Signes avant-coureurs
Prédication pour le deuxième dimanche de l’Avent par Andrew Rossiter à Villeneuve sur Lot le 10 décembre 2023
Esaïe 40.1-11 Marc 1.1-8
Tout le monde connait Rosa Parks. Tout le monde a entendu l’histoire de cette femme noire aux Etats Unis qui s’est assise à la place réservée pour un blanc dans un bus à Montgomery (Alabama) le 1 décembre 1955. Elle refusait de changer de place, et elle a été arrêté, jugée et elle a payé une amende de 15$ (Il faut savoir que le salaire hebdomadaire pour un noir était 10$). Rosa Parks était l’étincelle qui a provoqué l’engagement de Martin Luther King dans son combat contre la ségrégation.
Mais avez-vous entendu parler de la soldate Evans? Sarah K. Evans était une jeune soldate en permission, fatiguée de son voyage elle s’assoit dans les premières places d’un bus à Roanoke Rapids (Caroline du Nord) en novembre 1952. Elle refusait d’aller s’assoir au fond du bus sur les bancs réservés pour les noirs. Elle a arrêtée et mise en prison. Elle a fait appel et elle a eu raison dans un jugement rendu en novembre 1955, juste quelques semaines avant l’affaire Rosa Parks.
Sarah K Evans en 1952 et 2020 (décédée en 2023)
Ou encore qui parle de Claudette Colvin, une adolescente noire de 16 ans, qui en mars 1955 refuse de céder sa place dans un bus à un blanc. Elle a expliqué, « Nous venons d’étudier la constitution à l’école et je sais que j’ai le droit ». Elle aussi a été arrêtée et mise en prison.
Ce sont des voix qui crient, l’écho de leur paroles résonne plus tard dans la vie et l’engagement de Rosa Parks et dans les vies de beaucoup d’autres.
Esaïe lui-même est une de ces voix, une voix qui indique quelqu’un d’autre, qui proclame quelque chose d’autre que lui. Son message s’incarne cinq siècles plus tard en la personne de Jean-le-Baptiste. Jean est aussi quelqu’un qui vit et indique un autre. Il tourne notre regard de lui-même pour montrer un autre qui n’est pas lui: Jésus, qui a son tour, dans son ministère terrestre, nous présente autre chose que lui, la venue du Règne de Dieu.
Claudette Colvin et Sarah K Evans sont les signes avant-coureurs
qui préparent le terrain
qui ouvrent le chemin
et qui font aplatir la route de ceux qui viennent à leur suite.
Ces pionniers et précurseurs sont souvent oubliés ou rendus au deuxième rang. Leur combat est un combat qui n’est pas évident et nous ne souvenons pas d’eux et l’histoire ne nous fournit pas de détails de leurs vies. Mais leurs actions sont essentielles afin que d’autres puissent emprunter les chemins qu’ils ont préparé. Sans Claudette et Sarah il est possible d’imaginer que Rosa Parks et Martin Luther King n'y auraient pas eu leur place dans l'histoire.
Jean est justement une de ces personnes. Il sait que ce n’est pas lui qui va sauver son peuple. Il sait qu’il n’est pas celui que nous attendons. Il arrive sur la scène dans le récit de l’Évangile de Marc sans introduction. Là il n’y a pas de crèche, ni naissance, les bergers. Les autres additions folkloriques sont absentes dans Marc. Marc commence son évangile, tel un scénario d’un film blockbuster, avec un personnage hors-norme qui reprend le message de ce prophète de l’ancien temps. Et Jean va vivre en parallèle avec Jésus, ils vont partageaient quelques disciples ensemble et ils suivront chacun la carrière de l’autre jusqu’à ce que Jean est arrêté et condamné à mort par décapitation.
La vie de Jean-le-Baptiste nous dit que le chemin emprunté par ces avant-coureurs n’est pas sans danger et qu’il y a souvent un coût à payer. Tout comme Jean, Evans, Colvin et Parks ont été arrêtées et ridiculisées pour leurs actions. Tout mouvement de transformation a besoin de ces personnes qui œuvrent cachées, qui sont prêtes à être oubliées, qui poursuivent leurs convictions pour semer la récolte que d’autres vont ramasser.
Jean est dans le désert, il vient du désert et il appelle, là où il est. C’est dans le désert qu’il prêche, qu’il baptise et qu’il poursuit sa mission. Le désert était le lieu des démons et du danger. Le désert était le lieu où personne habitait, c’était un endroit à craindre et à éviter. Le désert est le lieu d’errance du peuple avec Moise pendant 40 ans. Ils y ont marché sans direction sûre, ils y sont tournés en rond. Le désert est la place où on se perd.
Mais, paradoxalement, le désert est aussi ce lieu propice pour la rencontre avec Dieu, si nous trouvons le courage de s’y aventurer. C’est ici que Dieu a parlé dans un buisson, qu’il a chuchoté dans l’oreille d’Elie et qu’il a guidé Hagar après qu’elle a été éjectée par Abraham.
Le désert est à la fois lutte et promesse.
Tous les habitants de Jérusalem venaient pour écouter Jean. Ils ont trouvé dans ce lieu aride chose dont ils avaient besoin. Ils ont quitté le confort et la sécurité de leurs maisons de la ville pour venir aux abords du désert pour rencontrer un homme habillé en peau de bête qui leur disait qu’il faut tout changer dans leurs vies.
Ils étaient attirés par le message de cet homme qui se tenait aux marges de leurs vies. Un homme qui ne pouvait pas vivre avec eux, mais qui devait se trouver hors de leur porté. Il représentait cet aspect de notre vie qui n’est pas facilement contenu dans notre vie de tous les jours. Quelque chose dont nous soupçonnons l’existence mais qui ne se manifeste par directement devant nous. Il faut que nous tournions notre regard pour voir ailleurs, pour apercevoir sur la périphérie de notre vision une autre réalité qui prend forme.
Ce que nous cherchons le plus ardemment ne se trouve pas généralement juste devant nous, dans nos habitudes et dans les normalités de nos vies. Mais souvent il est un peu plus loin, marginal à notre existence, là où il faut faire un déplacement. C’est ce que Jean appelle un changement radical de vie. Un moment de réalisation que la vie n’est pas comme elle se présente tous les jours.
Il se peut que nous devons nous assoir sur un siège qui n’est pas destiné à nous recevoir. Ou encore qu’il faut refuser de bouger au nom d’autre chose que la convenance ou l’habitude de la société ou les lois injustes. Il se peut que notre manifestation n’aura pas de conséquences, que nous serons vite oublié, et que notre action sera considérée comme sans importance.
Sarah, Claudette, Rosa ont toutes déplacé des rochers qui encombraient le chemin du développement d’une société juste. Elles ont contribué en silence à fait émerger quelque chose qui les dépassait.
Il est bon que nous rencontrons Jean-le-Baptiste dans cette saison de l’Avent, lui qui nous oblige à poser un autre regard sur le chemin de notre vie. Lui qui nous offre la possibilité de saisir une autre réalité dans notre existence, d’entendre une autre voix et de pouvoir nous déplacer vers les marges de notre vie.
Avent nous fait entendre les voix de ces avant-coureurs qui tracent le chemin vers celui qui vient.
Alors si vous n’avez pas encore allumé votre deuxième bougie de l’Avent à la maison, faites une pause juste avant de mettre la flamme à la mèche.
Marquez un instant d’arrêt pour rendre grâce pour ces innombrables personnes qui ont ouvert la voie pour d’autres.
En silence, tenez-les dans votre esprit.
Et souvenez-vous de leur engagement et de leur sacrifice.
Pour que nous puissions aussi, dans nos paroles et dans nos actes, devenir avant-coureurs pour ceux et celles autour de nous, pour toutes ces personnes qui cherchent lumière et vérité dans leurs vies.
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« Jésus est le sourire de Dieu. Il est venu nous révéler l’amour de notre Père céleste, sa bonté. Nous avons besoin du sourire de Dieu, qui nous débarrasse de nos fausses certitudes et qui nous ramène au goût de la simplicité et de la gratuité. »
- Pape François, 21/12/19
#avent
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j -5 avant Noël. Une des plus belles fêtes pour moi. J’aime l’atmosphère de Paix et de joie que ce jour amène dans les foyers. N’en faisons pas tristement qu’une fête commerciale où seule la valeur des cadeaux dominerait au pied du sapin. Noël se doit d’être une fête avec de bien plus belles valeurs comme la générosité, le partage, le pardon, la miséricorde et surtout l’Amour. Il était d’usage il fut un temps de réaliser sa B.A., sa bonne action pour Noël. Peut-être qu’en ces circonstances troublées que la société vit actuellement, devrions-nous tous en multiplier leurs nombres ? Si chacun fait preuve de plus d’attentions bienveillantes pour sa famille, poor ses amis, poor ceux qui en ont besoin, alors même ceux qui veulent nous faire oublier que Noël est une célébration chrétienne ancrée dans notre histoire et notre culture, feront que cette fête lumineuse se parera de son plus beau manteau, celui de moments de bonheur partagés. 5 jours pour rendre heureux le plus de monde autour de nous… alors, on y va ? ✨✨✨ #noël #nativité #valeurs #bonnesactions #fete #christmas #chretiens #chretienslifestyle #avent #amour #christ #emmanuel (à Collégiale Saint-Salvi) https://www.instagram.com/p/CmYeW5Gjhcc/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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