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#La Bouche d'air (Scène )
arypurple · 11 months
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DL - Résumé foireux S01.ÉP07
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L'épisode commence alors que notre adorable Plante Verte dort... en pleine nuit ?! Euuuh, okay ? Claude Faustus n’avait pas dit qu’elle devait pioncer uniquement en journé ? Mais elle n'arrive pas à dormir et va voir par la fenêtre au cas ou un exhibitionniste passerait, je suppose ? Et bah non, c'est le retour de Casper qui se tient dehors au beau milieu de la pluie (si seulement elle pourrait se faire frapper par la foudre... deux fois au même endroit !). Bref, quand elle se tourne en affichant un sourire narquois, Yui s'évanouit devant la fenêtre. D’ailleurs, à quel point l’animation était foutue pour donner l’impression qu’elle s’allongeait au sol pour faire genre de s’effondrer. La fenêtre s'ouvre donc toute seule donnant un BON courant d'air qui soulève sa robe comme Marilyn Monroe au-dessus d'une bouche de vapeur ! La demoiselle reprend connaissance avant d'ouvrir les yeux, affichant un regard vide. Ensuite, elle se rend... dans un canal souterrain, étant visiblement dans les vapes (bof, c'est sans doute ce bon vieux Reiji qui a un faible pour les drogues et qui lui a filé du GHB). Elle essaie soit de trouver la planque des Tortues Ninjas... ou bien elle a décidé d'aller flotter en bas avec Pennywise. Elle se retrouve ensuite projetée dans ce qui semble être le passé... et sans l'aide de la DeLorean ! C'est le passé des six frères et on voit d'abord les triplets essayer de poursuivre des chauve-souris. Euh... okay, ouais... c’est un passe-temps comme un autre. Et moi qui passais mon temps à courser des poussins et des chatons innocents. S'ensuit alors un rappel à l'ordre pour Ayato et on apprend que l'inconnue aux cheveux violets est leur mère... et accessoirement une véritable connasse ! Madame oblige son fils à étudier et ce dernier doit devenir le meilleur sinon il ne sera plus son fils et devra aller se noyer dans le lac. Ensuite, elle fait venir Kanato vers elle pour chanter. On passe du côté de Shuu et Reiji alors que la blonde vient de se blesser avec l'épine d'une rose blanche. Le blondinet revient à la maison avec un adorable petit chiot alors que Reiji est plongé dans son bouquin. Sa daronne, pas mieux que Cordelia, n'accepte pas ce comportement et le majordome lui prend le chiot (je présume qu'il a été abandonné ou bien zigouillé), avant que Shuu ne parte, en colère. S'ensuit alors une "intéressante" discussion entre Reiji et sa mère qui se contente de l'ignorer quand le garçon lui annonce qui a retenu un livre en entier par cœur.
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Plante Verte est ensuite projetée vers un autre endroit où un mini Subaru se tient devant une tour en attendant que Raiponce se décide à lancer sa putain de chevelure regardant une femme qui semble bien être sa mère. Bien entendu, la femme ne semble rien vouloir savoir de son fils et ce dernier fait la moue en laissant tomber son couteau en argent. Yui assiste ensuite à une scène où le tonton fait la cours à Cordelia (car on apprend enfin son nom, mais connasse lui correspond le mieux). Visiblement, cette dernière est bien enclin à se taper le tonton de ses fils... alors qu'Ayato les observe. Et puis, bam ! Tout se fige et la blondasse se fait griller par Cordelia avant d'avoir de nouvelles douleurs à son cœur. De retour au présent, la voix d'Oréo-sama la réveille. Naturellement, elle ne se souvient pas de comment elle est atterrie dans la planque des Tortues Ninjas et a conservé la petite coupure à son doigt à cause de la rose. Qui voilà ? Fedora-chan qui arrive, attiré par son odeur et ça fait aussi envie l'autre con qui l'a déjà sentie quelque part. Car oui, il n'y a rien de plus excitant que de mordre une belle blonde en nuisette à deux dans le canal souterrain, voyons ! Plante Verte tente la fuite, mais la porte la plus proche est verrouillée. Pour UNE fois qu'elle fuit et on fout en l'air sa tentative ?! Ayato pousse son frère pour la croquer en premier, mais le cœur de sa proie fait des siennes encore. Du coup, pervers-kun prend le relais avec la cuisse... encore la cuisse avant de lâcher une réplique digne de Dio: muda. Et monsieur nous sort cette anecdote que tout psychopathe sort à sa victime pour l'effrayer: le coup de "plus le papillon se débat dans la toile d'araignée, plus il s'empêtre" avant de mordre sa cuisse en disant "l'aimer". Ayato se joint de nouveau à eux avant de vite se lasser... et de la laisser là avec l'autre con. Mais oui, mon grand ! Largue-la comme une merde dans les égouts. Quoique ça aurait été mieux si elle tombaient sur les Tortues Ninjas ou bien Pennywise...
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forayoff · 2 years
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Journal de la revanche pornographique dernier show au Havre, un cargo pour l’Amérique centrale.
La 13ème édition de Chansons Primeurs est finie. Je suis de retour chez moi, j’enchaine avec un concert au Trianon. Je suis fatigué mais heureux, j’ai encore les chansons de chacun en tête et je me surprends, le vague à l’âme, à chantonner des refrains qui n’existent nulle part ailleurs que dans ma mémoire immédiate. Hier, nous avons clôturé la tournée par un concert au Théâtre de la ville du Havre. Comme je l’ai déjà dit dans mon précédent journal, il faisait beau sur la cité Océane, nous en avons profité pour nous balader paisiblement parmi les immeubles en béton du centre ville. Thierry s’était chargé de nous trouver un restaurant sympathique pour déjeuner, c’était, selon ses dires, le spot de rencontre des personnalités du show biz, il n’était pas rare d’y croiser Little Bob, Maylis de Kerangal, Guillaume Hoarau, et même Luc Lemonnier, avant que son dickpick ne lui coûte son poste de maire. Et bingo, à peine installés à l’étage, nous tombions nez à nez avec l’équipe de la Rue Kétanou en train de se restaurer en chantant des airs de marins altermondialistes. Après leur avoir intimé de fermer leurs grandes gueules, Ignatus s’installa à son tour et commanda pour tous le menu de la mer, tout en guettant du coin de l’oeil, les faits et gestes de nos voisins de table. Encore une fois, la concurrence était rude, deux concerts de chanson française, le même soir dans la même ville, nous allions devoir nous battre pour une audience ! La vie ne fait pas toujours de cadeaux. J’ai toujours eu du mal à comprendre l’expression la fin justifie les moyens. Mais maintenant j’en ai enfin saisi le sens. Pendant tout le repas, Ignatus resta mutique et concentré. Visiblement il préparait quelque chose et rien ne pouvait le détacher de sa mission secrète. À la fin du repas, il envoya discrètement deux ou trois textos, puis se leva d’un bon, un petit sourire aux bords des lèvres. Il proposa alors à Mourad de se faire un petit apéro sympa et festif sur le port, avant nos shows respectifs. Il connaissait un lieu éthique et responsable qui leur plairait beaucoup. L’équipe de la Rue Két se réjouissait à l’avance de passer un moment conviviale avec nous. Ignatus devait les rappeler pour fixer un horaire. Il alla payer et nous partîmes dans la foulée, en ne manquant pas de saluer cette joyeuse bande d’intermittents. Là dessus, Ignatus nous octroya un quartier libre, chacun pouvait aller faire ce qu’il voulait. Il fallait juste que nous soyons à 18 heures au théâtre pour un simple line check. Personne n’osa parler de l’apéro. Comme si l’info n’avait été qu’un songe, une formalité amicale qui ne se produirait en fait jamais. un peu comme quand quelqu’un vous dit « je vais essayer de venir à ton concert »; une formule de politesse qui relève de l’oxymore. Comme je connaissais déjà la ville, je décidais d’aider Patrice au théâtre, celui-ci avait un peu de taf de calage à faire en amont. Je m’écroulais sur le canapé en peau de bête du catering pour n’en ressortir qu’une heure plus tard. Le dos de cabillaud au beurre blanc et son accompagnement frites avaient eu raison de moi. Je retrouvais Patrice qui arpentait la scène, en faisant comme à son habitude des petits bruits de bouches et des onomatopées afin de débusquer les fréquences et les buzz en tous genres qui peuvent nuire au bon déroulé d’un spectacle vivant. Sitôt fini, il sorti et accorda toutes les guitares, en me jouant automatiquement sa version de « Jealous Guy » de Lennon. Il s’arrêtait toujours à la fin du premier couplet, en se demandant si le Em était en réalité un Em7. À mon tour, je pris ma guitare et nous partîmes dans un boeuf de malade autour de nos morceaux préférés. Je ne pense pas qu’on en ai terminé un seul, sans le massacrer. Mais on a bien rigolé. Les autres arrivèrent petit à petit, un peu avant 18 heures. Ils étaient allés faire une grosse balade à travers la ville avec Thierry comme guide touristique hors pair. Ils avaient marché du quartier de l’Eure à Saint Adresse, en passant par la forêt de Mongeon, sans oublier bien sur, la fameuse rue des Tourelles, là où il vit le
Jour, un 18 juin. Ignatus nous rejoignit peu après, léger et guilleret, il faisait des jeux de mots à qui mieux mieux. Tout se passait bien, nous enchainions les balances dans une détente sincère et expérimentée. C’était à mon tour, et là bam, la tuile du destin me tomba en pleine face. Ma guitare, jusqu’ici plutôt serviable, n’émettait plus aucun son amplifié. J’eus beau triturer le volume dans tous les sens, mettre des piles neufs, le micro ne voulait plus rien savoir. Dans ces moments, vous sentez qu’il monte en vous cette petite alarme de panique, qui vous envahit le corps, l’esprit et qui devient aussi contagieuse que le variant Omicron. On chercha une solution collectivement. Je faisais les cent pas sur le plateau, suivit par Ignatus, qui me répétait « alors tu vas faire comment? » Alexis, Thierry et Abel, me proposèrent spontanément de me prêter leur guitare, c’était super gentil mais comme je suis gaucher, leurs offres ne menaient à rien et m’enfonçaient encore plus dans l’abîme de la loose. Il était 19h14, le concert était prévu à 20H. Soudain, un éclair me traversa, j’avais peut être la solution. Mon ami Erwan devait venir nous voir, il est guitariste, gaucher, naturiste. Vite je lui laissais un message. Il me répondit dans la foulée : « Panique pas, je prends mon camion et j’arrive, je ne laisserai jamais tomber un gaucher, tu m’entends ? ». Un quart d’heure plus tard, il débarqua au théâtre avec sa Taylor, je fis un rapide essai, hallelujah, j’étais sauvé.
Nous fumes surpris d’avoir autant de monde pour une première au Havre, même que les gens étaient un peu different de d’habitude, beaucoup étaient pieds nus, habillés de sarouels. Tous nos regards se tournèrent vers Ignatus. Avec son air malicieux, il nous avoua qu’on pouvait remercier la Rue Ketanou. Ceux-ci demeuraient introuvables depuis le fameux apéro sur le port, l’équipe du Magic Mirror avait été contraints d’annuler leur show. À l’heure qu’il était, ils étaient quelque part en mer sur un navire de charge et quand ils se réveilleraient, ce serait sûrement en Équateur ou à Panama.
Ainsi s’acheva la tournée de chansons Primeurs. Nous étions heureux et fiers du chemin accompli. Entre larmes et fous rires, nous nous sommes promis de nous revoir très vite, de garder cette petite étincelle de joie qui s’était allumée dès les premiers moments au gite, il y a 15 jours.
Je tiens à remercier chaleureusement Ignatus, pour tout cela, son sens du management et ses contraintes créatives qui nous ont tous bousculés vers les vertes vallées de la félicité collective. Merci à mes compagnons, amis et collègues. Vous me manquez déjà. Merci à Erwan pour ta guitare et ta gentillesse (vous pouvez participer au financement de son prochain EP ici : https://fr.ulule.com/shubni-the-gearing-machine/ ) merci au public de curieux, aux salles partenaires de ce projet de fou. Longue vie à vous et à Chansons Primeurs.
Je vous embrasse, à très vite, Foray
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oeild-translation · 3 years
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Volume I, Chapitre 1 (Partie 2)
Après trois jours supplémentaires passés avec Violet, Oscar se tint à nouveau sur ses lourds pieds. Il était inspiré par une scène spécifique. 
L'histoire qu'il faisait écrire à Violet racontait les mystérieuses aventures d'une fille solitaire. Ayant quitté sa maison, elle entrait en contact avec de nombreuses personnes, dans des endroits en tous genres, et ainsi, grandissait. 
Sa source d’inspiration était sa fille décédée. 
À la toute fin, elle reviendrait au foyer qu’elle avait quitté. Son père, qu'elle avait laissé derrière elle, l'attendrait, incapable de dire si c'était bien elle, tant elle avait grandi. La fille, découragée, le supplierait de se souvenir, évoquant la promesse qu'ils avaient échangée dans le passé. 
Qu'elle lui montrerait un jour qu'elle pouvait traverser le lac proche de leur maison en marchant sur les feuilles tombées sur l'eau. 
"Les humains ne peuvent pas marcher sur l'eau.
__ Je veux juste l'image. Dans l'histoire, je vais la faire assister par un esprit aquatique dont elle avait gagné la protection divine pendant son aventure.
__ Même ainsi... Je ne suis pas faite pour cela. La fille de cette histoire est enjouée, attachante et naïve. Elle est différente de tout ce que je suis." 
L'écrivain et la poupée de souvenirs automatique se disputaient. C'était parce qu'Oscar avait demandé à Violet de mettre des vêtements similaires à ceux de son personnage principal et de la jouer sur le bord du lac. Il était allé jusqu'à lui faire faire le ménage, le linge, et d'autres types de travaux domestiques, en plus, requérait une telle faveur. Il la traitait presque comme si elle était un factotum. 
Bien qu'elle soit une femme diplomatique et professionnelle, Violet se dit : "Quelle personne pénible..." 
"Votre couleur de cheveux est peut-être un peu différente, mais ils sont blonds, juste comme étaient ceux de ma fille. Si vous les laissiez dénoués, et que vous mettiez une robe d'une pièce, sûrement...
__ Maître, je ne suis qu’une secrétaire. Une poupée de souvenirs automatique. Je ne suis ni votre épouse ni votre concubine. Je ne peux pas non plus devenir une remplaçante.
__ J-je sais cela. Je n'aurais pas ce genre d'intérêt pour une jeune fille comme vous... C'est juste... votre apparence... Si ma fille était vivante, elle serait certainement devenue un peu comme vous... c'est ce que je pense." 
L'absence d'expression de Violet qui refusait obstinément vacilla en entendant cela. 
"Je pensais que votre entêtement était trop fort, mais alors, votre jeune demoiselle est décédée ?" Elle se mordit légèrement la lèvre. Son visage laissait paraître un conflit  avec sa propre conscience. 
Il y avait une chose qu'il avait comprise à son sujet au cours des derniers jours. C'était qu'elle s'en tenait au côté "juste" quand elle était tiraillée entre le bien et le mal. 
"En tant que poupée de souvenirs automatique... je souhaite exaucer les souhaits de mon client... mais je me demande si celui-ci n’enfreint pas mes règles de travail..." 
Bien qu'il se sentit coupable pendant qu'elle marmonnait des réflexions pour elle-même, il donna encore une autre impulsion : 
"Si vous pouviez construire l'image de cette fille comme une adulte, revenant à la maison et tenant sa promesse, cela me donnerait tout de suite la volonté d'écrire. Pour de vrai. Si c'est un dédommagement, je peux vous donner n'importe quoi. Je peux payer le double du prix d'origine. Cette histoire est très importante pour moi. En l'écrivant, je veux en faire un jalon de ma vie. S'il-vous-plaît.
__ Mais... Je... ne suis pas une poupée à habiller...
__ Alors, je ne prendrai pas de photos.
__ Vous en aviez l'intention ?
__ Je vais le graver dans ma mémoire et écrire l'histoire avec. S'il-vous-plaît." 
Violet y réfléchit avec un visage maussade, mais finit par perdre face à la persistance d'Oscar, et lui obéit. Elle était peut-être du genre à ne pas supporter la pression. 
Seulement pour cette fois, il abandonna sa vie d’enfermement et partit de lui-même dans sa ville acheter des vêtements raffinés et une ombrelle pour Violet. La tenue se composait d'un chemisier blanc tout de dentelle sur une jupe bleue lacée à la ceinture par un ruban.  Quant à l'ombrelle, il en avait pris une cyan rayée de blanc à volants. Lorsqu'il la lui donna, elle l'ouvrit, puis la ferma, puis l'ouvrit, puis la ferma ; la faisant tourner avec un intérêt éveillé. 
"L'ombrelle est-elle bizarre ?
__ C'est la première fois que j'en vois une aussi adorable.
__ Ne portez-vous pas vous-même des vêtements mignons ? Ce n'est pas à votre goût ?
__ Je porte ce que le président de ma compagnie me suggère. Je ne visite pas très souvent moi-même les magasins de mode." 
C'était comme un enfant qui s'habillait selon ce que sa mère lui disait. 
__ Il se pourrait qu'elle soit bien plus jeune qu'elle ne le pense elle-même. 
Même quelqu'un d'aussi mature qu'elle ressemblait à une petite fille ainsi, ne serait-ce que légèrement. 
Alors que Violet n'avait pas encore changé d'avis, il lui demanda immédiatement de se changer dès qu’il eut fini ses achats. 
Il était tôt dans l'après-midi, un peu nuageux à l'extérieur. Il ne semblait pas qu'il allait pleuvoir, mais l'atmosphère s'y prêtait. L'air frais qui permettait de sentir l'arrivée de l'automne n'était pas encore assez froid pour piquer la peau. 
Oscar avait décidé d'aller à l'extérieur en premier, et d'attendre. Il installa une chaise en bois à côté du lac, en fumant une pipe. Alors qu'il avait été en quelque sorte prévenant et n'avait pas fumé depuis qu'elle était arrivée, la sensation de la fumée qui pénétrait son ventre se répandit à travers lui. Quelques minutes à en souffler des bouffées en forme d’ellipses qui s'ensuivirent. 
La porte d'à côté aux cliquetis de plus en plus insupportables s'ouvrit avec un bruit grinçant. 
"Excusez-moi pour l'attente." 
Il tourna seulement sa tête au son de cette voix aimable. "Vous..." 
"...ne m'avez pas fait tant attendre,” voulait-il dire, mais les mots ne vinrent pas, car son souffle se coupa une seconde. Il ravala brusquement un long soupir. Il était aussi sidéré que la première fois qu'il avait vu Violet.
Elle était trop belle avec ses cheveux détachés - une beauté qui aurait volé le temps de quiconque l'aurait regardée. Ses cheveux habituellement tressés s'étalaient doucement, formant de légères courbes. Ils étaient plus longs que ce qu'il avait imaginé. Et, surtout... 
__ Si ma fille avait pu grandir comme elle était...aurait-elle... 
Lui aurait-elle montré sa silhouette guindée après s'être apprêtée ? Alors qu'il se le demandait, quelque chose de chaud monta dans sa poitrine. 
"Maître, comment me trouvez-vous, alors que je porte les vêtements que vous m'avez donnés ?" Apparue au milieu d'un monde de couleurs d'automne, la jeune fille à la beauté inhumaine prit l'ourlet de sa jupe et essaya de la faire tourbillonner sur place. "Avec ceci, je n'ai qu'à faire comme si je traversais le lac, c'est ça ? Mais Maître, n'est-ce pas une scène que vous voulez vraiment écrire ? Plutôt que de simplement me déplacer dans cette tenue, même si c'est pour quelques secondes, ce serait mieux si je me montrais en traversant véritablement le lac. Maître, laissez-moi faire s'il-vous-plaît. Je suis spécialiste des activités physiques, donc même si ce n'est qu'un peu, je peux suivre vos attentes," expliqua Violet, comme toujours inexpressive et indifférente, ne prêtant aucune attention à Oscar, qui était submergé de trop d'émotions et incapable de répondre autre chose que des "aah" ou des "uuh". 
Celle qui se tenait là était une fille différente de la sienne. Bien qu'elle possède les mêmes cheveux dorés, il n'y avait aucune douce lueur dans ses yeux. 
Violet appuya l'ombrelle fermée contre son épaule tout en la serrant fermement dans une main. Elle prit une large distance du lac, le regardant fixement comme si elle examinait avec soin sa surface. 
Les teintes de l'automne flétries et tombées, ces feuilles mortes flottaient sur l'eau. Le vent était instable, soufflait, s'arrêtait, soufflait, s'arrêtait. L'air inquiet, Oscar l'observa alors qu'elle léchait un de ses doigts mécaniques avec le bout de sa langue, confirmant la direction dudit vent. 
En marchant gravement , elle lui jeta un coup d'œil et sourit faiblement. "Ne vous inquiétez pas. Tout... sera comme le Maître le souhaite." 
Après avoir déclaré cela avec une voix douce, Violet s’élança dans une large foulée. Bien que sa distance d'élan fut considérable, elle passa devant les yeux d'Oscar en un instant. Une telle vitesse était comparable au vent lui-même. 
À une courte enjambée de son entrée dans le lac, elle donna un coup de pied ferme à la terre. L'impact était suffisant pour creuser le sol. La force tenace de ses jambes lui permit de bondir à une hauteur effrayante. La manière dont elle sauta lui donna l'impression qu'elle allait grimper les escaliers vers le ciel. 
Oscar resta bouche-bée à cette action si loin de celles des gens ordinaires. À partir de ce moment, il vit tout au ralenti. 
Au point critique du saut, Violet leva largement la main qui tenait l'ombrelle et l'ouvrit aussitôt. C'était presque comme l'éclosion d'une fleur. L'ombrelle à volants se balança magnifiquement  et, au moment prévu, le vent balaya ses jambes. Sa jupe et son ombrelle se gonflèrent d'air, son jupon blanc dépassant en rabats. Juste devant ses yeux, ses bottes lacées enjambèrent doucement les feuilles mortes à la surface de l'eau. 
Cet instant. Cette seconde. Cette image. 
Elle se grava dans sa mémoire, aussi claire que s'il en avait pris une photo. Une fille avec une ombrelle suspendue et une jupe voletante, marchant sur la surface d'un lac. 
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Elle était comme une sorcière. 
Les mots de sa fille le jour de sa mort lui revinrent. 
"Un jour. Je te le montrerai un jour, d'accord ? Sur ce lac près de notre maison. Pendant cette période de l'automne où les feuilles qui tombent dérivent à la surface de l'eau. Un jour... Je te le montrerai, Papa." 
Il y avait une voix. La voix de cette fille, qu'il avait fini par oublier, résonnait dans son esprit. 
__ Tu n'en avais aucune idée, n'est-ce pas ? J'aurais voulu que tu continues à m'appeler, même une centaine de fois de plus. 
"Je te le montrerai un jour, d'accord ?" 
"Papa", dirait sa voix douce et zézayante. 
"Je te le montrerai un jour, Papa." 
__ Ta voix était plus agréable à écouter que n'importe quelle musique. 
"Je te le montrerai un jour." 
__ Aah, c'est vrai. Avec cette voix que tu as, tu avais innocemment dit que tu essaierais de me divertir, n'est-ce pas ? Nous avions fait une promesse. J'avais oublié. Je l'avais oubliée. Je n'ai pas pu me souvenir de toi pendant longtemps, alors je suis heureux de te voir. Même si ce n'est qu'une illusion, je suis heureux de te rencontrer. Mon adorable petite dame. La mienne, à moi. Mon seul et unique trésor partagé avec cette personne. Je savais qu'elle ne pouvait pas être réalisée. Mais je l'ai quand même promise. Cette promesse, ainsi que ta mort, m'ont rendu inutile, tout en me maintenant en vie jusqu'à présent. Elles ont allongé ma vie jusqu'à ce point. J'ai vécu dans le désordre, à la recherche de vestiges de toi. Je m'en suis voulu pour ça. Mais ce moment, le moment où quelqu'un qui n'est pas toi paraissait comme toi pour moi, ce moment fut une rencontre du destin, des retrouvailles et une étreinte pour un instant. Il se peut que je sois encore en vie parce que j'ai voulu en être témoin. Depuis toujours, j'ai envie de te voir, toi dont je ne peux même pas murmurer le nom par tristesse. Tout ce temps, j'ai voulu voir ton joli visage. Le dernier membre de ma famille qu'il me restait. Toujours, toujours. Depuis le début, j'ai désiré te voir. Je t'aimais. 
Il était tellement heureux qu'il avait envie de rire. "Fu... uh... uh..." Mais seuls des sanglots vinrent. 
Les larmes coulaient comme si elles commençaient à redonner du mouvement au temps immobile et gelé d'Oscar. 
"Aah... " Il pouvait entendre le tic-tac d'une horloge. Son cœur autrefois glacial émettait désormais des bruits sourds. "Je ... vraiment, vraiment..." Il couvrit son visage avec ses mains, mais réalisa que les rides en avaient horriblement augmenté. 
Pendant combien de temps au juste était-il resté figé depuis que ces deux-là étaient mortes ? 
"...j'aurais voulu que tu...ne meures pas..." murmura-t-il avec des sanglots dans la voix, son visage déformé par les larmes. "J'aurais voulu que tu vives, vives, que tu grandisses, devienne grande..." 
__ ... et que tu me montres à quel point tu serais devenue belle. J'aurais voulu te voir de cette façon. Et après t'avoir vue comme ça, j'aurais voulu mourir avant toi. Avant toi. Après que tu aies pris soin de moi. C'est comme ça que je voulais mourir. Pas, à la place, que je m’occupe de toi jusqu’à ta mort. Pas comme ça. 
"Je veux te voir..." 
Des larmes débordèrent des yeux d'Oscar, descendirent le long de ses joues et se répandirent sur le sol. Le bruit de Violet qui s'enfonçait dans le lac résonna dans son monde maculé de larmes. L'instant lumineux avait disparu, et la voix de sa fille, dont il avait pu se souvenir, fut bientôt oubliée à nouveau. L'illusion d'un visage souriant, elle aussi, disparut comme des bulles de savon. 
Oscar boucha encore plus son champ de vision, couvert par ses mains, en fermant les paupières. Il reniait ce monde où il l'avait perdu. 
__ Ah, ce serait bien si je mourais maintenant. 
Peu importe pendant combien de temps il s'apitoyait sur son sort, les deux ne reviendraient pas. 
__ Mon cœur, ma respiration, s'il-vous-plaît, arrêtez-vous. Depuis que ma femme et ma fille sont mortes, c'est comme si j'étais mort aussi. Alors, qu'il en soit ainsi maintenant. Tout de suite, à cette même seconde. Je veux être frappé par une balle et tomber raide mort. C'est tout juste comme quand les fleurs ne peuvent pas continuer à respirer si leurs pétales tombent. 
Cependant, même s'il faisait ce vœu plusieurs centaines de millions de fois, rien ne changerait. Ayant déjà imploré ces plusieurs centaines de millions de fois, il en était bien conscient. 
__ Laissez-moi mourir, laissez-moi mourir, laissez-moi mourir. Si je dois de toutes façons être seul, alors laissez-moi être mort à leurs côtés. 
Rien ne s'était réalisé par ses prières. Rien, et pourtant... 
"Maître-" 
... au-delà du monde duquel il s'était lui-même isolé, il pouvait entendre la voix d'une chose dont le temps s'écoulait maintenant comme le sien. Avec des respirations irrégulières, elle se dirigeait vers lui. 
__ Je suis en vie. 
Il était encore en vie. Et, de son vivant, il luttait actuellement pour laisser la prospérité à ceux qu'il aimait, sous une forme ou une autre. 
Il n'y avait pas de rêve qui se concrétiserait juste par les prières de quelqu'un, mais avec une vision engluée dans l'obscurité, que la lumière du soleil ne pouvait atteindre, Oscar supplia tout de même : "Dieu, s'il-te-plaît..." 
__ Si je ne dois pas encore mourir, que cette fille puisse au moins être heureuse, même si ce n'est qu'à l'intérieur d'une histoire. Que cette fille soit heureuse. Et à mes côtés. Qu'elle soit à mes côtés, pour toujours. Même si ce n'est qu'à l'intérieur d'un conte. Même en tant que fille imaginaire. Qu'elle soit à mes côtés. 
Il ne pouvait pas s'empêcher de le souhaiter. Après tout, sa vie continuerait. 
Alors qu'Oscar pleurait, anéanti, manquant d'égard pour ses années, Violet arriva à côté de lui, complètement trempée après avoir rampé hors du lac. Des gouttelettes s'écoulaient d'elle. Les habits dont elle était vêtue étaient également ruinés. Pourtant, l'expression la plus joyeuse qu'elle avait eu jusqu'alors, qui pouvait même être qualifiée de sourire, se dessinait sur son visage. "Vous avez-vu ? J'ai fait trois pas, c'est ça ?" 
Incapable de dire qu'il n'avait pas réussi à en être témoin à cause de ses larmes, il répondit en reniflant : "Hm. Yup, j'ai bien vu. Merci, Violet Evergarden." Du plus profond de son cœur, son respect et sa gratitude étaient immenses.
__ Merci d'avoir rendu cela possible. Merci. C'était vraiment comme un miracle. 
Comme il lui répondait qu'il ne pensait pas que Dieu existait, mais que s'il y en avait un, c'était probablement elle, Violet lui dit : "Je suis une poupée de souvenirs automatiques, Maître." Elle se contenta de répondre ainsi, sans nier ni confirmer l'existence des dieux. 
Plus tard, Oscar lui réchauffa un bain, comme elle était complètement trempée. 
Elle ne se montrait pas pour les repas. Pourtant, elle utilisait la salle de bain tous les jours et reposait très probablement son corps dans la chambre qui lui avait été donnée. C'était une poupée mécanique qui ressemblait à un être humain. 
__ Vraiment, la civilisation est étonnante ces derniers temps. Les progrès de la science sont révélateurs. 
Il était hors de question qu'il la laisse avec ses habits mouillés, même si elle était une fille artificielle. Elle avait probablement besoin de vêtements de rechange, alors tout d'abord, il prit son peignoir, qui était relativement propre, et se dirigea vers la salle de bain. Comme personne d'autre que lui ne l'avait utilisée depuis un certain temps, par réflexe, il y entra sans frapper et finit par la voir alors qu'elle n'avait encore rien mis. 
"Ah, je suis déso...lé...Eh ?" Il déglutit sec de surprise. "EEEH ?!" 
Ce qui se reflétait dans les yeux d'Oscar était un spectacle plus captivant et plus magnifique que n'importe quelle statue de femme nue. Des gouttes d'eau coulaient de ses cheveux dorés. Ses beaux orbes bleus ne pouvaient pas être représentés, même dans un tableau. Ses lèvres, en dessous, étaient d'une forme délicate. Son cou était svelte, sa clavicule remarquable, ses seins rebondis et son corps dessinait des courbes féminines. 
Elle possédait des bras prothétiques, c'est-à-dire des parties de son corps qui allaient de ses deux épaules au bout de ses doigts, comme si elles avaient été mises en place de force. Mais c'était les seules. En dépit des nombreuses cicatrices, à part les bras, le reste était clairement la peau dénudée d'une chair vivante. Les parties molles et bombées aussi, lui montrèrent qu'elle était un être humain et non une poupée robotisée. 
Sous le choc de voir tout ce en quoi il croyait jusqu'alors mis sens dessus dessous, il finit par examiner son corps nu à plusieurs reprises. 
"Maître," appela Violet avec une voix qui sonnait comme un reproche à Oscar, qui demeurait figé sur place et qui la reluquait avec un étonnement excessif. 
Ce fut alors qu'il réalisa finalement toutes ses erreurs. 
"UAAAAAAH ! UAAAAAH ! UAAAAAH-AAAAAH !" 
Le fait qu'Oscar était celui qui criait contribua à l'issue de cet incident. 
Après avoir hurlé à pleins poumons, le visage rouge écarlate et pleurant à moitié, il avait demandé : "Alors, vous êtes humaine ?" 
S'enveloppant dans une serviette, Violet rétorqua : "Maître, vous êtes vraiment une personne pénible." Alors qu'elle chuchotait ceci tout en baissant un peu le visage, ses joues étaient légèrement teintées de rose.
"Poupée de souvenirs automatique". Cela faisait longtemps que ce nom avait provoqué un scandale. 
Son créateur était un chercheur en matière d'automates : le Professeur Orlando. Son épouse, Molly, était écrivaine, et tout avait commencé lorsqu'elle avait perdu la vue. Devenue aveugle, elle avait sombré dans une profonde dépression, à cause de son incapacité d'écrire, ce dont elle avait fait le sens de sa vie, et s'affaiblissait de jour en jour. 
Ne supportant pas d'en être le témoin, le professeur construisit la première poupée de souvenirs automatique. C'était une machine qui transcrivait les mots d'une voix humaine - en d'autres termes, qui servait de secrétaire. 
Il était dit que les livres de Molly avaient ensuite remporté des prix littéraires de renommée mondiale, et l'invention du professeur Orlando avait été réellement considérée comme quelque chose de nécessaire pour le cours de l'histoire. Bien qu'il ait d'abord eu l'intention de n'en faire qu'une que pour son épouse bien-aimée, avec le soutien d'un grand nombre de personnes, cela devint plus tard très célèbre. 
Désormais, une poupée de souvenirs automatique pouvait être louée pour des prix raisonnables, et des établissements pour les emprunter avaient également été établis. En outre, il y en avait un autre type. Les personnes qui écrivaient en tant que secrétaire comme les poupées de souvenirs automatiques étaient désormais affectueusement désignées par le même nom. 
"Poupées de souvenirs automatiques", c'est cela. 
Oscar en parla à son ami après le départ de Violet, et il sembla qu'elle était quelqu'un de célèbre dans ce domaine. 
Quand il lui raconta qu'il l'avait d'abord prise pour une poupée artificielle, ce dernier éclata d'un grand rire. 
"Tu vis vraiment sous un rocher. Comme si une machine aussi belle pouvait exister. 
__ C'est parce que tu avais dit qu'elles étaient artificielles...
__ La technologie humaine n'a pas encore atteint ce niveau. C'est juste que ces poupées robotisées existent aussi. Mais elles sont plus mignonnes. Mais, j'ai pensé... que ce ne serait pas un bon remède pour toi, un casanier qui n'interagit pas avec les autres. Cette fille est une taciturne, mais elle a le pouvoir de restaurer les gens. Elle était bien, n'est-ce pas ?
__ Yep." 
C'était une taciturne, mais en effet, c'était une bonne fille. 
"Elles ne valent pas Violet Evergarden, mais le prochaine fois, je t'enverrai une secrétaire qui n'est pas humaine, pour que tu aies une assistante d'écriture pour un certain temps." 
Finalement, un paquet fut livré à la maison au bord du lac. Il contenait une petite poupée, complètement différente de violet Evergarden. C'était une dactylographe mécanique qui traitait toutes les sortes de voix humaines et en faisait des documents, revêtue d'une jolie robe et assise calmement sur le haut de son bureau. 
__ Je vois ; c'est vraiment extraordinaire.
"Cependant, je ne peux pas la comparer à elle..." Il sourit amèrement, regardant la chambre qu'il lui avait prêtée et où elle n'était plus là. 
S'il lui arrivait de dire "Je suis si seul", il était sûr qu'elle lui répondrait de sa voix qui sonnait si bien : "Maître, vous êtes une personne si pénible". Elle le dirait sans expression, avec seulement un petit sourire sur les lèvres. 
Même sans qu’elle soit avec lui, il avait le sentiment qu'il pouvait entendre cette voix.
Suivant (Chapitre 2) (à venir)
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traitor-for-hire · 3 years
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Les Quatre Filles March - Chapitre 27
Leçons de littérature
La fortune sourit soudain à Jo, et laissa une pièce porte-bonheur sur son chemin. Ce n'était pas exactement une pièce en or, mais je doute qu'un demi-million lui aurait donné plus de joie que la petite somme qui vint à elle de cette manière.
Toutes les quelques semaines elle s'enfermait dans sa chambre, enfilait son habit de scribouilleuse, et « tombait dans un vortex », comme elle le disait, travaillant à son roman avec tout son cœur et toute son âme, car elle ne connaîtrait pas la paix avant d'avoir terminé. Son « habit de scribouilleuse » se composait d'un grand tablier noir sur lequel elle pouvait essuyer sa plume à sa guise, et d'un bonnet du même tissu, orné d'un gai nœud rouge, dans lequel elle amassait ses cheveux quand elle était prête à passer à l'action. Ce bonnet était un signal aux yeux curieux des membres de sa famille, qui, durant ces périodes, gardaient leurs distances, se contentant de passer la tête de temps à autre pour demander, avec intérêt, « Le génie brûle-t-il, Jo ? » Ils ne s'aventuraient pas toujours à seulement poser cette question, mais observaient la position du bonnet, et agissaient en conséquence. Si cet accessoire expressif était planté bas sur le front, c'était signe qu'un travail acharné était en cours ; dans les moments excitants il était repoussé de travers, l'air canaille, et quand le désespoir s'emparait de l'autrice il était tout bonnement arraché et jeté au sol. Dans ces moments l'intrus se retirait silencieusement ; et personne n'osait s'adresser à Jo tant que le nœud rouge ne s'affichait pas joyeusement sur le front talentueux.
En aucun cas elle ne pensait avoir du génie ; mais quand l'envie d'écrire la prenait, elle s'y abandonnait entièrement, et vivait une vie en extase, inconsciente du manque, des soucis ou du mauvais temps, tandis qu'elle était heureuse et en sécurité dans un monde imaginaire, peuplé d'amis presque aussi réels et aimés qu'aucun de ses amis de chair et de sang. Le sommeil désertait ses yeux, les repas restaient intouchés, jour et nuit étaient bien trop courts pour apprécier pleinement le bonheur qu'elle ne connaissait qu'en ces moments, et qui donnait à ces heures la peine d'être vécues, même si elles n'aboutissaient à rien de plus. L'inspiration divine s'attardait généralement une semaine ou deux, et puis elle émergeait de son « vortex » affamée, fatiguée, de mauvaise humeur ou abattue.
Elle était justement en train de récupérer après l'une de ces attaques quand elle se laissa convaincre d'escorter Miss Crocker à une conférence, et fut récompensée pour sa vertu par une nouvelle idée. C'était un cours populaire - la leçon sur les pyramides - et Jo s'interrogeait sur le choix de ce sujet, pour ce public, mais se rassura en pensant que sûrement, quelque fléau social serait corrigé, ou quelque grand désir assouvi en présentant les gloires des pharaons à une audience dont les pensées étaient occupées par le prix du charbon et de la farine, et dont les vies étaient consacrées à résoudre des énigmes autrement plus difficiles que celle du sphinx.
Elles étaient en avance ; et tandis que Miss Crocker tournait le talon de son bas, Jo se distrayait en observant les visages des personnes qui occupaient les sièges à côté d'elles. Sur leur gauche étaient deux matrones aux fronts imposants, et aux bonnets assortis, discutant des Droits des Femmes tout en crochetant. Plus loin étaient assis un couple d'amoureux qui se tenaient par la main avec insouciance, une vieille fille lugubre qui mangeait des pastilles de menthe, et un vieux gentleman faisant une sieste préparatoire sous un foulard jaune. Sur sa droite, le seul voisin était un garçon à l'air absorbé lisant un journal.
C'était une revue illustrée, et Jo examinait l'œuvre la plus proche, se demandant vaguement quel infortuné agglomérat de circonstances nécessitait l'illustration mélodramatique d'un Indien en tenue de guerrier, tombant dans un précipice avec un loup qui lui sautait à la gorge, tandis que deux jeunes hommes enragés, avec des pieds anormalement petits et de gros yeux, se poignardaient l'un l'autre au premier plan, et qu'une femme échevelée s'enfuyait au loin dans le décor, la bouche grande ouverte. Au moment de tourner une page, le garçon s'aperçut qu'elle regardait, et avec une bonne humeur enfantine il lui offrit la moitié du journal, en disant carrément, « Vous voulez lire ? C'est une histoire du tonnerre. »
Jo accepta avec un sourire, car elle n'avait jamais cessé d'avoir un faible pour les gamins, et se trouva bientôt entraînée dans le dédale habituel d'amour, de mystère et de meurtres, car l'histoire appartenait à cette littérature légère dans laquelle les passions s'en donnent à cœur joie, et quand l'inventivité fait défaut à l'auteur, une grande catastrophe débarrasse la scène de la moitié des dramatic personæ, laissant l'autre moitié exulter sur leur trépas.
« Extra, pas vrai ? » demanda le garçon, quand elle parcourut des yeux le dernier paragraphe de sa portion.
« J'imagine que toi et moi pourrions faire aussi bien si nous essayions, répondit Jo, amusée par son admiration pour ce torchon.
— Je serais un gars plutôt veinard si je pouvais. Il paraît qu'elle gagne pas mal sa vie avec ces histoires », et il pointa le nom de Mrs. S.L.A.N.G. Northbury, sous le titre de la nouvelle.
« Tu la connais ? demanda Jo avec un intérêt soudain.
— Non, mais je lis toutes ses histoires, et je connais un type qui travaille dans le bureau où est imprimé ce journal.
— Tu as dit qu'elle gagne bien sa vie en écrivant des histoires comme celle-ci ? » et Jo regarda avec plus de respect le groupe en détresse et les points d'exclamation dont la page était très largement saupoudrée.
« Je pense bien ! Elle sait juste ce que les gens aiment, et elle est bien payée pour l'écrire. »
Ici la conférence commença, mais Jo n'en entendit que très peu, car pendant que le professeur Sands pérorait sur Belzoni, Khéops, les scarabées et les hiéroglyphes, elle notait en douce l'adresse du journal, et prenait hardiment la résolution de tenter de gagner le prix de cent dollars offert dans ses colonnes pour une histoire à sensation. Au moment où la conférence prit fin, et où l'audience se réveilla, elle s'était bâti une splendide fortune (ce n'était pas la première à être fondée sur du papier) et était déjà profondément engagée dans la concoction de son histoire, incapable de décider si le duel devait avoir lieu avant la fugue des amoureux ou après le meurtre.
Elle ne dit rien de son plan à la maison, mais se mit au travail le jour suivant, au désarroi de sa mère, qui avait toujours l'air un peu anxieuse quand « le génie s'embrasait ». Jo n'avait jamais essayé ce style auparavant, se contentant de romances très légères pour Le Grand Aigle. Son expérience du théâtre et ses lectures variées lui étaient maintenant utiles, car ils lui donnèrent quelques idées d'effets dramatiques, et fournirent scénario, style et costumes. Son histoire était aussi pleine de désespoir et d'affliction que le lui permettait sa familiarité limitée avec ces émotions pesantes, et, ayant situé l'action à Lisbonne, elle termina sur un tremblement de terre, qui faisait un dénouement frappant et approprié. Le manuscrit fut expédié en secret, accompagné d'une note disant modestement que si l'histoire ne recevait pas le prix, que l'autrice n'osait guère espérer, elle serait très heureuse de recevoir toute somme pour laquelle on l'estimerait.
Six semaines sont un long moment à attendre, et plus long encore quand il s'agit de garder un secret ; mais Jo tint bon, et commençait juste à abandonner tout espoir de revoir son manuscrit un jour, quand une lettre arriva qui faillit lui couper le souffle ; car, en l'ouvrant, un chèque de cent dollars tomba sur ses genoux. Pendant une minute elle le fixa comme si c'était un serpent, puis elle lut la lettre, et commença à pleurer. Si le gentleman amical qui avait écrit cette gentille note avait pu deviner quel bonheur extrême il donnait à un camarade de lettres, je pense qu'il aurait consacré ses heures de loisirs, s'il en avait, à cet amusement ; car Jo apprécia la lettre plus encore que l'argent, parce qu'elle était encourageante ; et après des années d'efforts il était si agréable de découvrir qu'elle avait appris à faire quelque chose, même si ce n'était qu'écrire une histoire à sensation.
On avait rarement vu jeune femme plus fière qu'elle, quand, ayant repris ses esprits, elle électrifia la famille en annonçant, la lettre dans une main et le chèque dans l'autre, qu'elle avait gagné le prix ! Bien sûr tout le monde se réjouit grandement, et quand l'histoire parut tout le monde la lut et la loua ; même si après que son père lui eut dit que le style était bon, la romance fraîche et sincère, et la tragédie assez prenante, il secoua la tête et dit, à sa manière détachée des choses de ce monde,
« Tu peux faire mieux que cela, Jo. Vise au plus haut, et ne te soucie jamais de l'argent.
— Je pense que l'argent est la meilleure part. Qu'est-ce que tu vas faire avec une telle fortune ? » demanda Amy, qui regardait le bout de papier magique d'un œil plein de révérence.
« Envoyer Beth et Mère au bord de la mer pour un mois ou deux, répondit promptement Jo.
— Oh, quelle joie ! Non, je ne peux pas, Seigneur, ce serait si égoïste », s'écria Beth, qui avait joint ses mains fines et pris une grande inspiration, comme impatiente de goûter aux fraîches brises marines, avant de se reprendre et de repousser le chèque que sa sœur agitait devant elle.
« Ah, mais tu iras, j'y suis décidée ; c'est la raison pour laquelle j'ai essayé, et réussi. Je n'arrive jamais à rien quand je ne pense qu'à moi-même, aussi cela m'aidera de travailler pour toi, ne vois-tu pas. De plus, Marmee a besoin de changer d'air, et elle ne voudra pas te quitter, alors il faut que tu y ailles. Est-ce que ce ne sera pas amusant de te voir revenir à la maison ronde et rose à nouveau ? Hourra pour le Dr. Jo, qui guérit toujours ses patients ! »
Au bord de la mer elles s'en furent, après de longues discussions ; et même si Beth ne revint pas aussi ronde et rose qu'on aurait pu le désirer, elle se trouvait bien mieux, tandis que Mrs. March déclara qu'elle se sentait dix ans plus jeune ; aussi Jo fut satisfaite de l'investissement de l"argent de son prix, et se mit au travail, l'esprit joyeux, déterminée à gagner plus de ces chèques merveilleux. Elle en gagna effectivement plusieurs cette année-là, et commença à se sentir posséder un pouvoir dans la maisonnée ; car par la magie de sa plume, ses « sornettes » se changeaient en confort pour eux tous. La Fille du Duc paya la facture du boucher, Une Main Fantôme offrit un tapis neuf, et La Malédiction des Coventry se trouva être une bénédiction pour les March en matière d'épicerie et de vêtements.
La fortune est certainement une chose très désirable, mais la pauvreté a ses bons côtés, et l'un des avantages les plus agréables de l'adversité est la sincère satisfaction qui vient d'un consciencieux labeur de l'esprit ou de la main ; et à l'inspiration de la nécessité, nous devons la moitié des bénédictions utiles, belles et sages de ce monde. Jo profitait de cette satisfaction, et cessa d'envier les filles plus riches, grandement réconfortée par le fait de savoir qu'elle pouvait subvenir à ses propres envies, et n'avait nullement besoin de demander un penny à qui que ce soit.
Ses histoires ne se firent pas beaucoup remarquer, mais elles avaient trouvé une niche, et, encouragée par ce fait, elle résolut de tenter un pari osé, pour la gloire et la fortune. Ayant copié son roman pour la quatrième fois, l'ayant lu à tous ses amis intimes, et soumis avec crainte et tremblements à trois éditeurs, elle parvint enfin à le vendre, à la condition de le réduire d'un tiers, et d'en retirer tous les passages qu'elle admirait particulièrement.
« Maintenant je dois le remiser dans mon fourneau de fer-blanc pour y moisir, payer moi-même pour l'impression, ou le retailler pour convenir aux acheteurs, et en obtenir ce que je peux. La renommée est une très bonne chose à avoir, mais l'argent est plus commode ; aussi j'aimerais avoir l'avis de l'assemblée sur ce sujet important, dit Jo, en rassemblant un conseil de famille.
— Ne gâche pas ton livre, ma fille, il recèle plus que tu ne le penses, et l'idée en est bien travaillée. Laisse-le attendre et mûrir », fut l'avis de son père ; et il agissait ainsi qu'il prêchait, ayant patiemment attendu trente ans pour voir mûrir le fruit de son propre travail, et ne se hâtant nullement pour le récolter, alors même qu'il était tendre et sucré.
« Il me semble, à moi, que Jo bénéficiera plus de l'expérience que de l'attente, dit Mrs. March. La critique est la meilleure des épreuves pour ce genre d'ouvrage, car elle lui en montrera à la fois les mérites insoupçonnés et les défauts, et cela l'aidera à faire mieux la prochaine fois. Nous sommes trop impliqués ; mais les louanges et les critiques d'étrangers se prouveront utiles, même si elle n'y gagne que peu d'argent.
— Oui, dit Jo en fronçant les sourcils, c'est exactement ça ; j'ai planché dessus si longtemps, je ne sais vraiment pas si c'est bon, mauvais, ou indifférent. Ce sera une grande aide d'avoir des personnes impartiales pour y poser un regard froid, et me dire ce qu'elles en pensent.
— Je n'en retirerais pas un mot ; tu vas le gâcher si tu le fais, car l'intérêt de l'histoire est plus dans les esprits que dans les actions des personnages, et tout ne sera que confusion si tu n'expliques pas au fur et à mesure, dit Meg, qui croyait fermement que ce livre était le roman le plus remarquable jamais écrit.
— Mais Mr. Allen dit, "Retirez les explications, faites le tout bref et dramatique, et laissez les personnages raconter l'histoire", interrompit Jo en se tournant vers la note de l'éditeur.
— Fais comme il te dit ; il sait ce qui se vendra, pas nous. Fais un bon livre populaire, et tires-en autant d'argent que tu le peux. Plus tard, quand tu te seras fait un nom, tu pourras te permettre de digresser, et d'avoir des personnages philosophiques et métaphysiques dans tes romans, dit Amy, qui avait un point de vue purement pratique du sujet.
— Eh bien, dit Jo en riant, si mes personnages sont "philosophiques et métaphysiques", ce n'est pas ma faute, car je ne sais rien de ces choses-là, si ce n'est ce que j'entends Père en dire, parfois. Si j'ai mélangé quelques unes de ses sages pensées avec ma romance, tant mieux pour moi. Et toi, Beth, qu'est-ce que tu en dis ?
— J'aimerais tellement le voir imprimé bientôt », fut tout ce que Beth dit, en souriant ; mais il y avait une emphase inconsciente sur le dernier mot, et un air songeur dans ses yeux qui n'avaient jamais perdu la candeur de l'enfance, qui refroidirent un instant le cœur de Jo avec une peur prémonitoire, et la décidèrent à se risquer « bientôt » dans cette voie.
Aussi, avec une fermeté spartiate, la jeune autrice étendit son premier-né sur la table, et le découpa aussi impitoyablement qu'un ogre. Dans l'espoir de plaire à tous, elle prit l'avis de tout le monde ; et comme le vieil homme et son âne dans la fable, ne satisfit personne.
Son père aimait la veine métaphysique qu'elle y avait inconsciemment apportée, aussi cela fut autorisé à rester, même si elle avait ses propres doutes à ce sujet. Sa mère pensait qu'il y avait juste un peu trop de descriptions ; elles disparurent donc, et avec elles de nombreuses mailles de l 'histoire. Meg admirait la tragédie ; aussi Jo en rajouta une couche pour lui convenir, tandis qu'Amy s'opposait aux moments amusants, et, avec les meilleures intentions du monde, Jo étouffa les scènes spirituelles qui allégeaient un peu le côté sombre de l'histoire. Puis, pour achever de ruiner le tout, elle le réduisit d'un tiers, et, confiante, elle envoya la pauvre petite romance, comme un oiseau déplumé, tenter sa chance dans le vaste monde.
Eh bien, l'histoire fut imprimée, et elle en reçut trois-cents dollars ; ainsi que nombre de louanges et de critiques, en bien plus grande quantité qu'elle ne s'y était attendue, si bien qu'elle se trouva plongée dans une telle confusion qu'il lui fallut un certain temps pour se remettre.
« Tu as dit, Mère, que la critique m'aiderait ; mais comment est-ce possible, quand elle est si contradictoire que je ne sais pas si j'ai écrit un livre prometteur, ou brisé chacun des dix commandements », s'écria la pauvre Jo, en parcourant une pile de critiques, qui un instant la remplissaient de joie et de fierté, et le suivant de colère et de désespoir. « Cet homme dit, "Un livre exquis, plein de vérité, de beauté, et de sincérité ; tout y est doux, pur, sain", continua l'autrice perplexe. Le suivant, "La théorie de ce livre est mauvaise - plein d'idées morbides, d'idées spiritualistes, et de personnages artificiels." Bon, comme je n'avais aucune théorie d'aucune sorte, que je ne crois pas au spiritualisme, et que j'ai calqué mes personnages sur le vivant, je ne vois pas comment ce critique peut avoir raison. Un autre dit, "C'est un des meilleurs romans américains parus depuis des années" (je ne suis pas assez bête pour le croire) ; et le suivant décrète que "bien qu'il soit original, et écrit avec une grande force de sentiment, c'est un livre dangereux." Ce n'est pas vrai ! Certains s'en moquent, d'autres le louent de trop, et presque tous insistent sur le fait que j'avais une profonde théorie à démontrer, quand je l'ai écrit seulement pour le plaisir et l'argent. J'aimerais l'avoir imprimé en intégralité, ou pas du tout, parce que je déteste être si horriblement mal-jugée. »
Sa famille et ses amis lui offrirent généreusement réconfort et recommandations ; pourtant ce fut un temps difficile pour Jo, si sensible et vive, qui n'avait eu que de bonnes intentions, et avait apparemment si mal agi. Mais cela lui fit du bien, car ceux dont l'opinion avait une réelle valeur, lui prodiguèrent les critiques qui sont la meilleure éducation d'un auteur ; et quand les premières douleurs se furent estompées, elle put rire de son pauvre petit livre, sans cesser de croire en lui, et se sentit plus sage et plus forte de toutes les rebuffades qu'elle avait reçues.
« Ne pas être un génie, comme Keats, ne me tuera pas, dit-elle fermement, et c'est bien moi qui rit la dernière, après tout ; car les moments que j'avais tirés tout droit de la vraie vie, sont dénoncés comme impossibles et absurdes, et les scènes que j'ai inventées de toute pièces, sont déclarées "charmantes de naturel, tendres, et vraies". Aussi je vais me réconforter avec ça ; et, quand je serai prête, je me remettrai au travail et en écrirai un autre. »
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sijexistemaintenant · 5 years
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Respirer l'Humanité
Mise en situation : un mystérieux cachet fait son apparation sous le nom de X6X, il rend démesuré chaque sentiment, impossible de les dissimuler, ce qui nous oblige a être encore plus honnête. Et voir les choses qu'on ne veut pas s'admettre.
J'ai prit quelques bagages, pour m'en aller, avaler une bouffée d'air. Comment respirer avec de la poudre qui bouche les naseaux ? J'dévisage encore ma gueule de tox devant le miroir de la salle de bain, le seul commentaire que je trouve à me dire : "T'es cerné jusqu'au lèvre, comme si la nuit te paraissait assez belle pour vivre". Je le connais le monde de la nuit, on traque l'épiphanie avec un esprit modelé sous les mains d'un bourreau. Tu veux le divin, tu danses, quelques conversations exhibés, des je t'aime qu'on avait pas assez prononcer auparavant, des cônes qui s'enflamment, des particules de molécule plein le cerveau, on se demande même qu'est-ce qu'on ferait si on était pas ici, dans le monde de la nuit. X6X venait à peine de faire son effet, et je me suis senti seul au millieu de cette foule, j'ai senti que la musique et mes mouvements qui la suivaient était en parfaite cohésion. Comme si, j'avais l'amour du son, au délà de toute souffrance. Je me suis senti triste, pas étonnant, j'ai voulu m'en aller. Je suis partie de la fête quelque idée en tête.
Et puis, sur les bords de la Seine, j'ai rêver du bord d'une scène, soulager à l'écoute, réveiller des coeurs, revendiquer mes idées à toute heure. Être entendu, tout simplement. Je parle très peu, pourtant j'ai des millions de penser par heure. Des questions, des tas de remises en question. Suis-je un grain de sable dans un vaste océan ou une étoile dans un trou noir ? Je croise un d'ces types malsain, qu'on recroise pas le lendemain, il m'disait :
"Tu pleures ? Tu meurs ? T'as peur ? T'as tout les syndrômes d'un paradoxe qui s'rend pas compte qu'il est oxymore. Je me présente je m'appelle Kaëlys, et toi ? "
Ma raison m'interpellait pour me prévenir, que si je commençais maintenant à lui détailler, il n'allait pas me lacher de la soirée. Je me suis laissé répondre, tel un enfant imprudent :
"Je m'appelle Lysandre, et j'avoue que j'ai pas trop compris, ce que tu voulais m'insinuer ?"
Il me prend par le bras, et m'dit qu'il faut pas que j'm'en fasse, que si j'suis déjà lassé, c'est que c'est pas terminé maintenant, c'est que le niveau a été passer, qu'il me fallait quelque chose de mieux. J'avais déjà abandonner l'idée d'un possible instant présent, servis sur un plateau d'argent, tu sais le genre de truc qu'on rêve souvent : l'Infirmière de Fauve, qui passe dans le paysage, et qui prend tout l'espace. J'crois que X6X c'était ça. Je pensais que je pensais sans aucun frein, j'avais oublier mon cœur sur la route. Incompris de moi-même et dépourvu de moyen, après trois heures sous X6X. J'ai compris que le bonheur était un sentiment à ce moment précis :
"Putain qu'est-ce que t'es beau, quand tu chiales !"
Comme si on pouvait m'aimer, à travers mes faiblesses. Je pouvais me sentir en sécurité quelques part. Dans un élan de folie, je l'ai embrassé. Le déclic se cachait donc par ici, sur le bord de la Seine. Ces trois secondes de courage qui boulversent toute une vie. Si je l'avais pas embrassé, je ne l'aurais jamais revu, on se serait sûrement perdu de vu. Et j'aurais jamais compris, ce que je recherchais reellement. Je voulais pas grand chose, juste quelque chose de vrai, dans ce décor aussi faux. La démarche la plus sincère pour déstabiliser ma tour de contrôle. Faire disparaître cette illusion de paraître insaissisable, alors qu'au final je connais très bien les règles de mon jeu. Ne pas se faire prendre, et attendre que quelqu'un réussissent à me surprendre. C'est clair ouais, il était pas en forme, p't'être qu'il savait pas c'qu'il disait. Mais j'vous jure c'est dans ses paroles que j'ai vu la première auréole. J'ai paniqué alors je lui ai dis :
" - Barre toi ! J'sais que donner des coups d'barres, des coups d'blues !
- Mais bordel, ouvre tes yeux, tu t'hypnotise, la réalité c'est qu't'as peur d'avoir mal, peur de perdre, peur de demain, peur de ne pas être armé d'un joint. Mais tout ça, ça sert à quoi ? Au final, tu t'pense météorite qui percutent la Terre, alors que t'es une étoile dans un trou noir. T'es pas foutu de voir que t'es trop belle pour ce monde, que t'es moche quand tu parles mal, que t'es magnifique quand tu montres ce que tu ressens. Faut que je te rappelle que l'amour c'est beau, allez viens danse un tango !"
Ce voyage était marquant, une autre perspective m'était offerte, celle d'un jour connaître le bonheur, tu m'diras avec quelques paroles on peut refaire le monde, j'te retorquerais qu'avec quelques espoirs j'aurais la gloire, quelques soupçons d'insolence, je crache sur les dirigeants, et propage un meilleur élan. Tu sais, celui dont on rêve bien trop souvent.
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manonmanontroppo · 10 years
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Gaël Faure - De silences en bascule
"Qui n’a jamais rêvé ne serait-ce qu’un jour de grandes épopées" ? C'est sur ces mots que le disque aurait pu commencer, mais ce voyage s'ouvre sur les côtes avec les Châteaux de sables. Une entrée en matière simple et efficace où les sonorités que l'on retrouve au cours du disque commencent à être esquissées.
La guitare folk est la deuxième véritable voix de ce disque. Du côté des percussions tantôt maracas saupoudrées ou baguettes cliquetantes sur les rebords des tommes, elles excellent parmi ce mélange de sons cristallins soutenus par une basse discrète et une guitare électrique au doux trémolo. Une éclaircie sur Comme si, laissez vous surprendre à entendre une trompette jazz. Du piano aux percussions, vous êtes en immersion dans un cabaret éphémère. On dirait l'Islande intervient ensuite, un murmure sourd souligne le titre afin de laisser éclater une envolée de batterie après que les choeurs se soient délicatement entremêlés au tout, avant de laisser place à quelques notes de piano pour clore le tout. À la tienne, laisse couler des arpèges de guitare, des notes de piano là où la voix sur Un peu semble plus grave, conférant au titre une ambiance plus sombre. Cet aller retour l'ombre et la lumière nous amène à Pour qu'un jour, plus ensoleillée que la précédente. Nous évoquions un voyage plus tôt, et notre itinéraire passe par Sibérie. Une nouvelle carte postale, où le texte est mis en valeur par l'aspect faussement dépouillé de la musique. À travers ces sonorités, c'est nouveau paysage nordique qui se déroule sous nos pieds, un court instant, une traversée magique dans l'emballement des percussions. Légère et entraînante, Surprise n'est pas sans rappeler quelques titres de la bande originale des Chansons d'Amour d'Alex Beaupain, "chut, n'ouvre pas la bouche, surtout ne dis rien, observe et écoute […]". La chanson suivante, Avoir sans être se base sur les paradoxes dont nous souffrons actuellement avec une rythmique marquée par les percussions et les choeurs. Enfin, mention spéciale pour cette fin sur Reste encore l'avenir, à laquelle on pourrait conférer une double lecture. Elle officie à la fois comme une conclusion et une ouverture. La douceur d'un morceau au cour duquel nous nous retrouvons seuls avec Gael Faure, une guitare, un piano, un trémolo pleurnicheur seulement pour soutenir les interludes musicaux. Un court silence, puis une envolée musicale, coda magique à la façon d'un générique fondu au noir sur lequel s'enchaîneraient les noms de ceux qui ont œuvré à cet opus. Le dernier tourbillon avant de se retrouver privés d'air et de grands espaces. Le disque joue sur un équilibre affirmé. D'abord dans le choix de l'ordre des pistes, tantôt entraînantes, parfois plus poétiques et sombres. La retenue joue aussi un rôle essentiel, il n'y a pas de grand écart ni même de virage trop abrupte d'un titre à l'autre. Dans cette unité, il est important de souligner la pluralité des plumes de Tété (On dirait l'Islande), à Ben Ricour, côtoyant notamment Fabien Bœuf (Tu me suivras), Barcella (Surprise) et Chet (Pour qu'un jour & Avoir sans être). Riche de ces rencontres et collaborations, le disque s'avère être une bonne raison d'avoir attendu aussi longtemps, cinq ans de travail, avant de le voir revenir le défendre sur le devant de la scène.
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De sa voix si particulière à la teinte de ses chansons, certains trouveront une filiation entre Cali, Julien Doré sur l'album Bichon, un air de Renan Luce peut être, sur Sibérie, mais ne vous y méprenez pas: sans vilain jeu de mots, Gael, fort d'une identité musicale s'inscrit doucement dans la lignée de ces auteurs que porte la chanson française. Rien n'est lourd ou de trop. Il n'y pas d'arrangement superflu, tout est à sa place pour notre plus grand plaisir. La bascule c'est cette surprise, le mélange des sonorités au service des textes et le fait d'accepter de se laisser guider et surprendre. Qu'on se le dise, en lançant la lecture des titres, nous n'avons d'autres choix que de nous fondre dans cet univers où le vent est doux, le ciel est gris, il fait frais, les espaces sont verts, et la première ville est à quelques kilomètres à pieds. Cet ardéchois offre une vue imprenable sur de nombreux paysages paysages où l'air est si pur. Quand le disque s'arrête, c'est sur le silence que l'on se rend compte de la distance avec la réalité, comme il est dur de reprendre pied de suite tant l'album est doux et agréable, telle une brise fugace et printanière, lors d'une escapade en pays inconnu. "Elle vient du coeur ma demande, je pars [...] aimerais-tu en être ?" sur une telle invitation difficile et inutile de résister. "Reste encore ce qu'[il] pourra construire, reste encore l'avenir". La scène maintenant; bonne route et bon vent.
Photo : Hélène Pambrun. Article initialement publié sur discordance.fr
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troubleeverynight · 5 years
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Rêve de la nuit du 9 au 10 juin
L. et moi sommes devant une église, en partie troglodyte, dédiée à une sainte dont je n'ai jamais entendu parler : Sainte Brigitte la Rouge. Cette église abrite les dépouilles de nombreuses saintes. Parmi elles figure ma grand-tante, récemment canonisée. Mais ma famille n'a jamais autorisé le transfert du corps, et j'entends donc réclamer des explications. J'entre dans l'église, déterminé. Je suis accueilli par une femme qui porte un turban noir et une longue robe sombre aux manches amples et bouffantes. Elle a l'air d'avoir une cinquantaine d'année. J'essaye de lui explique la raison de ma présence dans l'église, mais à peine ai-je ouvert la bouche que ma détermination disparaît, chassée par une vague de timidité. Je m'embrouille ; mon exposé de la situation est de moins en moins clair et de plus en plus confus. Je finis par me taire. La femme éclate alors de rire, dévoilant une bouche presque totalement édentée, où ne subsistent plus que les deux incisives inférieures. Elle me dit que je fais erreur, et que le corps de ma grand-tante n'a jamais été dans l'église. D'ailleurs, seules les saintes prénommées Brigitte y sont enterrées. Or, ma grand-tante s'appelait Marthe. Je me sens ridicule et perdu : je ne sais plus pourquoi je suis ici, je ne suis plus sûr de rien. Le doute me submerge. Ma gand-tante a-t-elle réellement été canonisée ? D'ailleurs, suis-je certain qu'elle est morte ? Rouge de honte, je me précipite hors de l'église, poursuivi par le rire de la femme. A l'extérieur, L. m'attend. je reprends rapidement mes esprits. Je ne comprends plus très bien pourquoi j'ai paniqué de la sorte et pourquoi j'ai laissé le doute m'envahir : la femme m'a menti, c'est évident. C'est bien dans cette église que se trouve la dépouille de ma grand-tante. Pourtant, je n'ose pas passer la porte à nouveau : mon intuition me dit que si je le fais, la peur, l'hésitation et l'embarras s'immisceront immédiatement en moi, et que la scène aura lieu exactement de la même manière que la premire fois. J'avise une boîte aux lettres à droite de la porte de l'église, et décide d'écrire un mot pour formuler clairement ma demande et mes griefs, sans subir l'influence néfaste qui m'égarerait si j'entrais dans l'église. Je m'apprête à poster ma lettre, mais lorsque j'approche ma main de la fente de la boîte aux lettres, je ressens une vive douleur qui me fait lâcher l'enveloppe. J'aperçois la tête d'un serpent, qui darde sa langue à travers la fente. Il y a sur le côté de la boîte aux lettres une trape. Je l'ouvre, et je tape sur la boîte afin d'effrayer le serpent et de le faire sortir. Mais j'ai la surprise de d'abord voir s'enfuir un chat feulant, l'échine hérissée, puis un énorme rat, suivi d'une farandole de rongeurs divers et variés. Je continue à faire du bruit et à marteler la boîte aux lettres. Enfin, le serpent commence à s'en extirper. Il sort en premier la tête, se laisse glisser jusqu'à ce qu'elle atteigne le sol, puis il déroule lentement ses anneaux et les laisse tomber un à un par terre avec un bruit mat, soulevant à chaque fois un petit nuage de poussière rouge. Il n'en finit pas de s'extraire de son antre, chaque anneau semblant plus épais que le précédent : c'est un véritable monstre, et il semble rigoureusement impossible qu'il ait pu tenir en entier dans un espace aussi réduit. J'entends L. crier et me tourne vers elle. Le serpent s'est redressé et siffle en agitant vers elle une langue d'une bonne vingtaine de centimètres de long. Il ouvre la gueule, révélant une effroyable denture. D'une main, L. se saisit de la langue qu'elle agrippe fermement. De l'autre, elle empoigne le cou du serpent, qu'elle serre de toute ses forces. Puis elle écarte les deux mains aussi largement que possible. Le serpent se contorsionne et se tord dans tous les sens, fait claquer ses mâchoires, cherche à rentrer sa langue pour pouvoir mordre L., mais celle-ci maintient fermement ses deux prises et reste donc hors d'atteinte des crocs. J'avise un arbre qui porte en guise de fruits une multitude d'épes, de sabres, de poignards, de dagues, de glaives et d'armes blanches diverses. Je me saisis d'un cimeterre, me précipite vers L. et tranche violemment le cou du serpent. L. laisse retomber la tête d'un côté, et le corps de l'autre. Très vite, la peau et la chair de l'animal se mettent à noircir puis à se décomposer, se liquéfiant en une sorte de margouillis noirâtre et poisseux à la surface duquel viennent crever de grosses bulles d'air. Le phénomène s'accélère : la flaque se met à clapoter puis à bouillonner et s'évapore totalement en quelques dizaines de secondes. Il ne reste plus rien du serpent, hormis une pierre lisse et noire de forme oblongue. Je la prends dans ma main ; elle est tiède. Je me réveille.
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[Seitora]Pyrophobe
« Cours, et surtout ne t'arrête pas, je te rejoins vite c'est promis. » lui chuchota t-il, accroupie à sa hauteur, un sourire rassurant aux lèvres.
L'enfant regarda autour d'elle pour essayer de se rassurer,mais la vision d'horreur qui s'offrait à elle lui fit immédiatement regretter son choix. Tout n'était que ko: les grands hommes en noir tranchaient de leurs sabres les personnes avec qui elle avait vécu pendant toutes ces années, laissant retomber leurs corps au sol, sans vie, comme s'ils n'étaient que de simples ordures dont il fallait se débarrasser. Les flammes qui embrasaient la forêt et le dojo illuminaient les alentours comme en pleins jour, et l'odeur de brûlé mêlée à celle du sang était insupportable. Elle était terrifiée, il n'y avait aucune chance qu'ils s'en sortent, peu importe à quel point son frère était fort.
« Ne regarde pas » dit-il en la tirant dans ses bras pour lui cacher le visage, caressant doucement sa chevelure. Entre deux sanglot, elle finit par répondre, la voix tremblante :
« R-ryota...Je t'en supplie ne me l-laisse pas toute seule, j'ai peur. 
-Tout vas bien se passer, je te le promet. Tu me fais confiance pas vrai ?»
La fillette acquiesça silencieusement mais n’eut pas le temps de rétorquer quoi que soit. Le buisson dans lequel les deux enfants se cachaient fut soudainement tranché, les reflex du plus âgé les empêchant de justesse de finir dans le même état. Un homme se tenait là, grand, imposant, aucune émotion lisible sur le visage, l'habit couvert du sang des personnes qu'il venait d'éliminer. Seira savait qu'ils devaient fuir immédiatement, mais elle ne fit rien. Son corps était paralysé par la peur. Ryota de son côté se releva et se posta fièrement devant lui, sans flancher. Même dans cette situation, la jeune fille ne pouvait s’empêcher d'être impressionné par son frère. Comment pouvait il être si courageux ? 
« Seira...cours. » 
Ce n'est qu'à ce moment là, qu'elle réalisa que les mains de son aîné tremblaient. Il avait peur autant qu'elle et pourtant, il restait fort. Les larmes lui montèrent aux yeux. Pourquoi était elle aussi faible ? Elle voulait l'aider, pouvoir le protéger à son tour comme il l'avait toujours fait, arrêter d'être un fardeau. Elle se sentait inutile.
« J'AI DIS, COURS !! »
Sans réfléchir, elle se releva et se mis à courir le plus rapidement qu'elle le pouvait. Elle ne voulait pas s'en aller, elle ne voulait pas partir sans lui et l'abandonner, mais son corps réagissait contre sa volonté. La chaleur insupportable du feu qui l'entourait l'étouffait, ses larmes lui brouillaient la vue, et sa gorge lui brûlait, mais elle ne s’arrêta pas, comme son frère lui avait demandé. S'échappant par la forêt sans se retourner, elle ne savait pas à ce moment là qu'elle ne reverrai jamais la seule personne qui comptait pour elle.
Lorsque Tora avait proposé à sa meilleure amie, toute excitée, d'aller ensemble au festival annuel d’Edo, cette dernière s'était montrée étrangement réticente. Elle avait d'abord essayé de trouver une excuse : « Désolé, j'ai du travail à rattraper... » ou encore « Non, je peux pas, je me sens pas super bien » mais la Yato connaissait Seira par cœur et savait surtout se montrer convaincante. Elle pensait qu'il était mieux qu'elle vienne s'amuser avec elle plutôt que d’aller chercher des ennuis à droite à gauche avec Eiji comme elle en avait tant l'habitude, donc elle insista. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'elle finisse par accepter, à contre cœur. Elles étaient toutes les deux allées plusieurs fois à ce genre d’événement et n'en avait tiré que de bons souvenirs : de la nourriture à gogo, des tonnes d'activités, des feux d'artifices, forcer Seira à porter une tenue traditionnelle malgré qu'elle ne soit pas à l'aise dedans, passer une bonne demie heure au stand de tir à rafler ensemble la moitié des prix jusqu'à se faire virer par son propriétaire... Tout était parfait et elle attendait à chaque fois ce moment de l'année avec impatience. De plus, ils allaient cette fois-ci allumer un grand feu à côté de la rivière une fois la nuit tombée. Tora n'avait aucune idée de quelle tradition humaine était censé être célébrée par cet acte, mais pour être honnête elle n'en avait pas grand chose à faire : ce serai certainement magnifique à voir, donc elle avait hâte !
Tora ne se rendit d'abord pas compte du malaise de son amie tout au long de la soirée. Serte, elle était plus silencieuse que d'habitude et ne réagissait presque pas à ce qu'elle lui disait, répondant vaguement par un hochement de tête de temps en temps mais ça ne choquait pas la Yato : Seira était certainement en gros manque de sommeil, comme souvent, donc elle n'y prêta pas spécialement attention. Ce n'est qu'en fin de soirée, quand elle senti une grosse pression sur son poignet qu'elle comprit enfin que quelque chose n'allait pas.
« Seira, est ce que … ça va? »
Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'elle vit son amie là, planté devant l'immense brasier qu'elles étaient venus admirer, le regard dans le vague, animé seulement par les flammes qui s'y reflétaient. Elle avait le souffle court et la respiration saccadé, comme si elle manquait d'air et ne semblait pas entendre quand Tora l'appelait. C'était comme si elle était en trans, perdu dans ses pensées, comme si rien n'existait autour d'elle à part le feu qu'elle fixait. Seira était allé jusqu'à enfoncer ses ongles dans sa peau et, bien que la douleur était largement supportable pour quelqu'un de sa race, le fait qu'elle ai l'air d'y mettre toute sa force fit paniquer la Yato de plus en plus. 
Après quelques longues secondes sans savoir comment réagir, Tora posa fermement ses deux mains sur les joues pâle de son amie dans le but de la forcer à la regarder droit dans les yeux et la faire sortir de sa fixation.
« Seira regarde moi, tout va bien je suis là. » lui dit-elle d'une voix se voulant douce et rassurante.
En reprenant enfin ses esprit, son expression plus tôt vide se transforma en terreur, comme si elle se se rendait enfin compte d'où elle était. Les larmes lui montèrent aux yeux et les quelques mots qu'elle essaya de balbutier était incompréhensibles. Tora ne l'avais jamais vu comme ça. Depuis qu'elle la connaissait, Seira avait toujours été quelqu'un de maître d'elle même, sachant garder son calme dans n'importe qu'elle situation. La voir autant affolée et terrifiée lui brisait le cœur.
« Viens, on s'en va. »
La meilleure chose à faire pour l'instant était sans aucun doute de commencer par l'éloigner d'ici. Prenant sa main tremblante dans la sienne, Tora l'emmena s’asseoir un peu plus loin sur un des nombreux bancs qu'offrait l'allée d'à côté pour lui permettre de se calmer. Malgré l'heure tardive, cette dernière était loin d'être vide, au contraire beaucoup de familles et de couple y passait, sûrement à cause des festivités qui continuaient pas loin.
Seira posa sa main sur sa poitrine en fermant les yeux, essayant de stopper les battements intensifs de son cœur en prenant de grandes inspirations. Après de longues minutes silencieuses, Tora décida d'enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres :
« Qu'est ce qui vient juste de se passer ? »
Elle ne lui répondit d'abord pas, recroquevillant ses genoux contre elle même. Il était clair qu'elle fuyait son regard, ayant soudainement trouvé un grand intérêt pour les quelques fourmis qui défilaient sur le sol mais elle ne la pressa pas, attendant patiemment qu'elle trouve le courage de lui parler.
 « J'ai toujours eu une peur incontrôlé du feu. Je ne peux pas m'empêcher de réagir comme...ça. C'est plus fort que moi. »
Tout s'expliquait. Pourquoi elle ne voulait cette fois-ci pas venir au festival alors qu'elle avait toujours aimé y aller, son attitude toute durant toute la soirée, sa réaction disproportionné devant les flammes... c'était logique et elle ne l'avait pourtant compris que maintenant.
« Mais d'où est ce que ça vient ? Il t'es arrivé quelque chose quand tu était petite pour que tu ai peur à ce point ?
- Non, enfin... peu importe. »
Bien que curieuse de connaître la raison de sa phobie, Tora n'en demanda pas plus. Tout le monde avait des souvenirs douloureux dont il ne voulait pas se rappeler, elle la première. Alors qu'elle voulait poser une main rassurante sur son épaule pour lui montrer qu'elle comprenait, elle pu voir la bouche de son amie s'entrouvrir légèrement sous la surprise en voyant son bras désormais rougi et marqué de traces.
« C'est moi qui t'ai fais ça ?
- T'inquiète pas j'ai presque rien senti ! » Lui dit elle en souriant, le pouce levé dans les airs « Qui aurait cru que tu avais autant de force ? Est ce que c'est vraiment toi la personne qui me demande sans arrêt d'ouvrir ses bocaux par ce qu'elle n'y arrive pas toute seule ? »
La remarque fit lâcher un rire presque inaudible à la concerné qui enlevait un de ses deux protège-poignet pour lui tendre,
« Tiens, je sais que t'auras plus rien d'ici demain mais mets le quand même histoire de me faire un peu moins culpabiliser. »
La Yato accepta le geste avec joie et l'enfila directement, se promettant intérieurement au passage de tout faire pour que toute cette horrible situation ne se représente jamais.
De l’autre côte de la route, un policier en patrouille chargé du bon déroulement du festival avait assisté à toute la scène… 
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Tales of a chinese adventure 2
Morganna avait été une bouffée d'air frais dans le quotidien des jeunes chinois quand vint une émission de divertissement. Et pour le show, Morganna avait concocter quelque chose de très intense. Ils lui avaient donner une liberté totale sur la mise en scène et quand elle vit Zhen et Sören assis sur le bord du plateau a applaudir elle sourit légèrement hors d'haleine
« That's awesome. » dit Sören
« Very Morganna if I say so. » dit Zhen
« I hope. » Morganna sourit amusée « Elaine did an amazing job on my costume too. »dit-elle
« Jawdropping ? » demanda Sören
« Jawdroppingly Sexy ! » Morganna rejeta ses cheveux en arrière et sourit quand WayV arriva « Bonjour vous ! »
« Monaaa ! Zhen ! » Kun s'approcha d'eux avec le sourire « on a raté ta répétition ? »
« Eh oui mon chou. » Mona rit
« Bonjour. » Sören était tendu
« How about you show them a little bit ? » demanda Zhen
« I can do that ! » Morganna sourit
Morganna se leva, toujours en jogging avec ses talons aiguilles aux pieds. Oh elle ressemblait pas a grand chose, entre ses cheveux ondulant hasardeusement, son jogging remonté jusqu'au genoux gauche et baisser à droite, ainsi que son t-shirt beaucoup trop grand pour elle. Et pourtant Hendery la regardait encore comme si elle avait inventé la lumière. Elle attrapa sa chaise et montra quelques pas avant de rire.
« Sans musique c'est chaud..... » Morganna revint vers eux
« Et tu ne veux pas gâcher la surprise... ? » demanda Yangyang en souriant
« Tu as tout compris mon chou.. » Morganna s'assit et fixa Sören « On vous a pas présenter Sören.... la raison que Zhen ait survécu en Suède. »
« Oh ? » Kun observa Zhen « C'est donc vraiment vrai. »
« Je suis une clinche en cuisine. » dit Zhen. « 
« Tu vas Yangyang que Zhen est humain. » dit Xiaojun
« Pschiiiit » Yangyang rit « Laisse moi dans le déni. »
« Oh Ten, Lucas... Sören parle thaï » dit Zhen
« Vraiment ? » Lucas fixa le suédois
« J'ai passer 6 ans a Bangkok. » Il se détendait à vue d'oeil
« Can I keep him ? » demanda Ten
« No. » Morganna croisa les bras « we need him. »
« For what ? » demanda Sören
« shelf purposes.. » dit Zhen
« You only love me for my height. » dit Sören
« Yes. » Zhen sourit amusé
« Ahh ! I've got to go.... » dit-elle
Morganna se leva et embrassa tous les garçons sur les joues avant de partir, laissant un Hendery complètement bugger. Sören fixa Ten, puis Hendery et la silhouette de Morganna s'en allant.
« Il est complètement fou d'elle. » dit Sören
« Complètement. » dit Ten en souriant
« Il va être moyennement heureux. » dit-il « Le clip de ZiTao ? » demanda Ten
« Oui. » Sören fixa Hendery qui baissa un peu la tête.
« Il a mal au cœur, mais c'est le métier qui veut ça. » dit Ten
Doucement la soirée se mit en place et WayV prit place a leurs sièges désigner avec Zhen pour l'émission. Ils avaient performer leurs chansons et attendaient l'arrivée de Morganna. Et quelle arrivée. Sur un cerceau du plafond elle fut descendue sur la Bande Originale de The Greatest Showman 'The greatest show'. La chanteuse chantait d'une voix lascive et profonde avant d'être aidée par des danseurs.... et quelle tenue..... Un haut de forme noir, ses cheveux ondulant avec perfection sur ses épaules. Des cuissardes en cuirs a talons aiguilles aux pieds, un maillot et des bas résille, ainsi qu'une veste rouge sombre de maître de piste au cirque. Les dorures étaient brillantes et la veste cintré donnait une sublime vue sur le décolleté. Sa performance était simplement magique. Sexy et trèèèès très physique. Que se soit la partie sur la chaise, ou sur les mains des autres danseurs, dans les bras des autres danseurs. Elle passa entre les garçons de WayV et posa son haut de forme sur la tête de Hendery avant de se laisser faire faire des pirouettes pas Lucas qui souriait,  elle revint sur le plateau centrale pour terminer la chanson.. avec une roue et le grand-écart de fin, balançant ses  cheveux en arrière. Et ce clin d'oeil typiquement Morganna. Elle fut aider à se relever par le MC qui n'était autre que Hangeng.
« Sacré performance. » Il sourit alors que Hendery vint gentiment lui ramener son haut de forme
« Merci. » Elle refusa le haut de forme et le plaça avec plus de style sur la tête de Hendery
« J'admire la souplesse. » dit Hangeng en riant, voyant Hendery rougir et s'en aller a sa place  « Vous passer pas mal de temps avec WayV, est-ce que vous trouvez le temps de vous entraîner ? »
« Le sommeil c'est quoi encore ? » fit Morganna en riant
« Quelque chose que tu devrais faire ! » cria Zhen du fond
« Ahhh... » Morganna rit un peu
La Chine avait adopter la belle Morganna en un battements de cils....
Ce soir là, elle était a une émission mais sans les garçons cette fois là. Accompagnée de Zitao elle riait et se laissait aller a son bras. Et Ten et Zhen regardaient avec un Kun très inquiet, le pauvre Hendery, renfrogner dans le coin du canapé, sans joie ni sourire. Pourquoi avait-il fallut que Yangyang insiste pour regarder l'émission ? Il s'en serait bien passer. Puis à la télé, un homme dans le publique demanda a Morganna qui était son idole favorite. Et Tao qui s'attendait à ce qu'elle réponde que c'était lui fut très très très dégoûté. Car Morganna avait dit sans réfléchir 'Hendery de WayV'... Elle expliqua qu'à force de le côtoyer on ne pouvait que l'adorer. Quand elle se sentait un peu triste, il essayait toujours de la faire sourire puis elle rit un peu quand on lui demanda si elle le trouvait beau.
« Il faut être aveugle ou vraiment de mauvaise foi pour ne pas trouver Hendery bel homme. Non seulement il a le sourire le plus communiquant et le plus solaire à mes yeux mais en plus de ça.... » Elle marqua un temps d'arrêt « Il a les plus beaux yeux... Je parle pas nécessairement de la couleur mais de leur intensité. Quand il vous regarde, parfois il me regarde …. et j'en oublie ce que je disais.... » Elle rit « Il a un bel avenir devant lui et ….. » Elle leva la main très haut « Je suis volontaire pour collaborer avec lui et WayV à n'importe quel moment ! »
Si le cœur d'Hendery sembla appaisé l'espace d'un instant les images du clip ou Morganna embrassait Tao, lui retournait l'estomac, à tel point qu'il n'entendit pas la porte du dortoir s'ouvrir et Morganna en Robe de soirée entrer. Elle fronça les sourcils en voyant Hendery tout déprimé...
« Our baby has his first Heartbreak. » nota Ten
« They grow up so fast.. » fit Kun
« What ? » Morganna fixa les deux puis Zhen « Who did this to him ?! »
« You did. » dit Zhen
« Wha-... » Morganna fixa la télé puis Hendery qui semblait se décomposer en voyant le baiser puis Zhen « He... what ... »
« Loves you. Obviously. » dit Zhen
« But I'm so old.... »
« Bitch you're 24. » grogna Zhen « I'm old. »
« 23. » corrigea Morganna
« Fuck you. » dit Zhen « He's head over heels.. »
Morganna secoua la tête et alla derrière le dossier du canapé avant de nouer ses bras autour des épaules d'Hendery. Elle embrassa doucement sa joue et sourit.
« Hé.... tu sais que c'est du cinéma pas vrai ? » murmura-t-elle
« Pas vrai..... » marmonna Hendery
« Oh for fucks sake... I'm gonna ruin you. » fit Morganna
« Wh- »
Elle attrapa ses cheveux et le tira en arrière pour l'embrasser à l'envers. Hendery resta un instant interdit, puis se retourna et tira Morganna dans le canapé pour l'embrasser à pleine bouche. Kun toussa légèrement quand a Ten c'était beaucoup moins discret.
« Room. » dit Zhen amusé
« Rrrrriiiiight » Morganna se redressa,  les joues roses alors qu'Hendery était rouge pivoine.
Morganna s'assit un peu plus convenablement,  Hendery se drapant presque entièrement autour d'elle. Ten soupira presque envieux.
« Ahhh why do you have to be with Yixing » fit Ten
« Wha-the... » Zhen toussa rouge pivoine « We're not ! It not lik... well It not that... eh goood »
« Ahah. » Ten sourit « Got you.. »
« Fuck you »
« Oh Gladly ! » Ten sourit
« Unfuck you.. »
« Ohhh too sad... »
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le Key West
Le samedi, il faisait encore beau, c'était le lendemain que ça allait se gâter, et ça, tout le monde le savait, si bien que le peu de personnes qui se trouvaient à cet endroit ce jour là étaient concentrées sur la plage, pieds nus sur le sable ou assises à la terrasse du Key West, le seul café donnant directement sur la mer sur une distance de 3 ou 4 km et pour cette raison, très bien achalandé.
Nous quittions les couches de vestes et de pull-over à mesure que nous restions sous le soleil qui réchauffait pour la première fois de l'année. Le déjeuner était terminé depuis quelques temps déjà, ce n'était pas encore l'heure de quoi que ce soit, c'était ce temps perdu dans l'après midi, l'heure de rien du tout, le moment où on touche du doigt les frontières d'un territoire enfoui depuis l'enfance, où rien de ne passe pendant des heures.
Le couple s'est avancé sur la terrasse et a choisi une table tout près de la plage, entre le pot de fleur et la paroi de plastique qui protège les clients des bourrasques par jour de grand vent. L'homme a salué poliment ses voisins de table, parce qu'il faisait beau, parce qu'on était tous là pour se détendre, passer du bon temps, et qu'on allait devoir se sourire et pourquoi pas se parler. Ses voisins de table étaient deux hommes adultes assis l'un en face de l'autre, mais en décalé, car ils s'étaient installés sur une table de quatre si bien que de loin, on ne pouvait pas savoir s'ils discutaient sans trop savoir de quoi ou s'ils attendaient en silence une troisième personne, absente de la table, partie marcher peut-être sur la plage, et comblant ainsi le vide laissé en face d'un des deux hommes et à côté du second (cette hypothèse s'est confirmée quelques minutes après). De loin, on ne pouvait pas voir non plus, à peine deviner, qu'un des deux hommes avait subi, peut-être quelques années auparavant, une opération de chirurgie esthétique sur le visage. Il avait depuis une bouche aux lèvres, supérieure et inférieure, de la même taille et de la même forme. Ses pommettes avaient l'air également plus hautes et plus rondes que la moyenne. Le tout donnait l'impression d'un visage qui avait été légèrement gonflé de l'intérieur, par un tuyau rempli d'air qu'aurait introduit dans une narine, ou une oreille, un chirurgien un peu fou. Ses yeux étaient bleu et donnaient l'impression d'avoir résisté tant bien que mal à cette pression pneumatique, seuls organes à peu près movibles dans cet ensemble qui avait été comme figé dans la résine.
La femme du couple leur a sourit en s'installant en face de son compagnon. L'homme au visage refait a répondu à leur salutation de manière bruyante, en souriant, en s'exclamant, comme s'il venait de trouver de nouveaux camarades de jeux. Il est évident que le contrat s'est un peu fissuré dès cet instant, avec cette réponse véhémente, faite de présentations (où quelqu'un me dira plus tard avoir entendu un nom à particule), de sourires et de regards appuyés envers l'homme comme envers la femme. Le contact visuel et sonore était donc supérieur à ce qu'on pourrait attendre dans cette situation, et visiblement à ce qu'en attendait le couple venu s'asseoir à la table à côté, car ils n'ont pas surrenchérit et la femme a continué à sourire et l'homme lui aussi souriait mais il s'était tu. Quant à l'autre homme, celui assis à côté de la place vide, il ne disait ni ne faisait rien et je crois que tout le monde a compris à ce moment là qu'il était habitué au comportement de l'homme qu'il accompagnait.
La femme a regardé brièvement sur leur table et je pense a trouvé la réponse à sa question intérieure : nous étions en fin de repas arrosé et au soleil. La peau de ces deux hommes était bronzée, très bronzée, presque mate, de ces peaux que l'on voit au bord des plages à la fin de l'été, même si nous n'étions qu'en mai ce jour-là. Les vêtements et les coupes de cheveux des deux hommes indiquaient qu'ils appartenait à une de ces classes éduquées, un peu oisives, mais économiquement dominantes.
L'autre homme, le plus discret, le plus silencieux, s'est levé. Il portait des lunettes de soleil mais pas de chaussures. Ses pieds étaient plein de sable. Il a marché un instant sur les planches de la grève puis s'est rapproché de la mer. Il s'est mêlé en silence à la petite foule éparse, constituée de retraités, de chiens, d'enfants et de quelques adultes les accompagnant.
Quelques minutes sont passées comme ça. Il est difficile de se souvenir de quoi ont parlé exactement l'homme et la femme. Une petite étendue de temps, comme une poche d'air dans le flux continuel des jours et des semaines, s'était étalée devant eux et semblait les attendre. Ils allaient devoir y pénétrer, et la traverser ensemble. Le lendemain ils en sortiraient pour rejoindre le flux. Ils parlaient alors sans doute de l'aménagement de cette petite étendue. Une promenade, un apéritif, un restaurant, puis une longue nuit de sommeil. Un réveil long et naturel.
Il est également difficile de se souvenir comment la conversation s'est renouée avec leur voisin de table, à ce moment là perdu dans ses pensées. Il a du, je pense, parler seul, à haute voix, suffisamment haut pour que l'on entende et que, ma foi, l'on réagisse si l'on voulait, par un sourire, un rire ou même une réponse. C'est sans soute ce qui s'est passé car il leur a posé quelques questions sommes toutes banales et même rassurantes au vu de l'impression qu'il avait jusque là dégagée.
"Vous êtes là en week-end ? Vous avez loué ? Ah, c'est une bonne idée, pour un week end, de prendre l'air"
"Moi aussi je suis là de passage. J'habite à Paris place des Vosges", dit-il aussi très sérieusement en regardant la mer et sa voix était soudain grave et agréable, étonnament profonde, et c'était dit d'un trait, d'un coup, comme Villiers-sur-mer ou Saint-Paul-les-trois-châteaux. Il séjournait souvent dans son manoir, un peu plus haut, à 5 minutes, vers là, dit-il en faisant un vaste geste rapide, comme si ce n'était pas important, où se trouvait le manoir par rapport au Key West – et en outre la commune était suffisamment petite pour qu'on puisse savoir où il se trouvait si on le désirait.
"Ici, c'est chez moi, je viens tout le temps." Son ton était grave, ce qu'il disait était important, et c'est pour ça qu'il le disait à ces deux inconnus qui acquiessaient en souriant. C'était intrigant, ça serait drôle à raconter, nous avons rencontré un homme au visage refait, à la bouche en canard, un aristo dévoyé complètement pété !
"Je suis décorateur d'intérieur et ici, je suis vraiment inspiré, je travaille comme un fou. J'ai grandi ici" et encore un geste flou en direction de la corniche, du manoir ou de la plage, on ne savait plus bien. "Trinquons..." et tout le monde a saisi son verre, comme à l'appel d'un signal.
"Ma mère refusait toujours qu'on trinque, comme ça, tchin..." a-t-il ajouté en faisant tinter son verre de vin contre verre de menthe à l'eau de la femme. Il parlait du bruit des verres, du bruit interdit pendant l'enfance, de ce geste perçu comme vulgaire sans doute. La mère était sans doute morte, à en croire le verbe au passé. Cette information se confirmerait également quelques minutes plus tard.
Sexuellement l'homme portait une certaine ambuiguité, peut être comme un flambeau, ou peut être sans le savoir du tout et sans avoir de prise sur elle. Son T-shirt était bizarrement très décolleté et ses regards appuyés visaient autant l'homme que la femme. Son visage refait ne ressemblait, finalement, à aucun genre prédéfini et flottait au-dessus de la mêlée, comme celui d'une poupée plastique.
Est-ce que c'est un truc d'aristo dégénéré,de draguer un couple, de se foutre de tout et surtout des personnes qui nous regardent ? La question n'était pas parvenue si clairement formulée à l'esprit de l'homme du couple mais elle prenait forme petit à petit, comme un amas de pensées résiduelles qui s'agglomérait doucement sur la table en face de lui.
Parce que la quatrième personne qui participait à ce dialogue était bien évidemment l'ensemble des clients du Key West, éparpillés sur la terrasse et suffisamment silencieux ou grogis pas le soleil pour pouvoir écouter et observer tranquillement la scène.
La scène n'allait pas les décevoir et avait commencé d'une manière très classique. Jusqu'à la fin ce serait l'homme du manoir qui parlerait le plus et n'attendrait de ses interlocuteurs que des réponses affirmatives prononcées pour l'encourager à parler.
Donc au début il parlait habitation, espace, géographie, en commençant par son manoir. A ce mot le couple a réagit par un sifflement admiratif auquel il a tendu un "Ici, dès qu'il y a quatre fenêtres on appelle ça un manoir", dont personne n'a pu savoir si c'était une réponse toute faite, tendue comme une carte à jouer au coeur d'une partie de poker, ou si il avait trouvé ça comme ça, prouvant par là qu'il avait de l'humour et du répondant. Sa voix était toujours grave et chaude, et contrastait avec son physique de plastique. Ce manoir, c'était sa vie, c'était son héritage, et voilà, comment c'est la vie, il avait grandi ici, sa grand-mère était morte, et n'aimait pas, de son vivant, qu'il joue là au milieu de (phrase interrompue par un autre geste vague dirigé vers le décor de la plage, des planches  en bois sur lesquelle jouaient quelques enfants), et puis sa mère était morte ensuite, bref, et maintenant, c'était à lui, c'est fou la vie, quand même.
Le couple ne voyait pas très bien ce qui était fou dans cette histoire mais continuait à sourire.
"J'ai 46 ans maintenant, et voilà, j'étais là gamin, et, non, tu trouves pas ?
- Oui, moi aussi, j'ai le même âge, enfin, je n'ai pas hérité mais ...
- mais je gagne très bien ma vie, je n'ai pas besoin de tout ça, dit-il avec une petite grimace. J'ai 46 ans, j'ai trois enfants. Enfin, ce sont les enfants de ma femme. Mais je les ai élevés. C'est normal ..."
Sa bouche semblait aller moins vite que son débit de parole, comme parfois chez les gens saouls. Mais ce décalage était infime. Et surtout il disparaissait presque derrière sa voix chaude et son timbre très sombre. Il parlait véritablement du fond de son ventre, le fond très très loin, là où il y a tout. Le passé, et aussi tout ce qu'on ne dit pas.
- Oui, bien évidemment, c'est normal.
Quelques fois, il se retournait et souriait à une femme assise derrière lui et donc en face de la femme du couple. D'une soixantaine d'années, enrobée, endimanchée et accompagnée d'une femme du même âge, étonamment petite et menue, pâle et habillée bien trop chaudement pour l'endroit et la saison. Les deux femmes regardaient l'homme sans réagir. En fait, beaucoup de gens regardaient l'homme sans réagir. Même cet ami qui avait quitté la table avait regardé l'homme sans réagir.
"On se verra dimanche à l'église !" leur dit-il dans un sourire entre deux gorgées de vins. "Je suis catholique pratiquant", précisa-t-il à ses deux interlocuteurs comme pour dissiper tout malentendu sur ce qu'ils venaient d'entendre. Ce n'était visiblement pas une blague.
"Je les connais bien.
- Elles aussi, elles ont l'air de vous connaître", lui dit la femme, et c'était la première phrase qu'elle prononça. Il haussa les épaules et dit :
"Vous savez, j'ai été violé. enfin, j'exagère. J'ai connu les attouchements du curé, quoi. Je suis très pratiquant mais tout ça, pfff, vous savez."
Une nouvelle gorgée de vin.
"Eh ben, Papi va être bourré !"
Le couple rigole à nouveau, on peut rire encore, ils sont soulagés que l'histoire du viol ait été évoquée puis balayée aussitôt par le vent comme les grains de sable qui leur piquent les yeux, malgré la paroi en plastique.
 "Je fais un dîner ce soir. Vous voulez passer prendre un drink ?" et ni l'homme ni la femme ne le voulait, mais en tout cas ils n'arrivaient pas à décider si le mot drink était utilisé de façon ironique ou sincère. Ils rigolèrent doucement en guise de réponse. L'homme au manoir ne sembla jamais s'offusquer de ces petits rires quasi-systématiques.
Les deux femmes de soixante ans se lèvent et quittent le Key West. Elles rejoignent la promenade qui longe la terrasse.
L'homme au manoir se lève et se précipite vers elles. Il se met à genoux et leur barre la route, en disant "le corps du Christ !", un coquillage tendu dans leur direction comme une ostie.
Puis il se lève et revient s'asseoir.
La femme peut alors voir certaines réactions parmi les autres clients : haussement d'épaules, hochements de tête désapprobateurs, yeux levés aux ciels. Autant de petits gestes qui bruissent sur la terrasse comme les feuilles d'un arbre carressées par un vent froid.
"Vous avez fait de l'effet", lui dit-elle quand il se rassoit.
- On se connait très bien, on se voit à l'église".
L'homme du couple rigole également. Ils trouvent ça vraiment drôle tous les deux.
C'était vraiment une après-midi agréable, de ces après-midi où l'on apprécie le retour du beau temps, où il reste quelques frissons derrière une sieste au soleil, car la chaleur arrive de loin, et n'écrase pas encore tout sur son passage. C'est la meilleure part, celle du début.
"Et voilà ma femme ... quelle beauté !" dit-il soudain,"attends, ne bouge pas !" et  il la prend en photo, une femme un peu plus vieille que lui, mais dont le visage était caché sous un chapeau et des lunettes fumées. Elle s'immobilisa un instant, le temps de la photo. On ne pouvait pas deviner son expression, car pour cela il aurait fallu se retourner et presque la dévisager. Elle avait un chien en laisse, un gros chien noir, sans race apparente. Aucun sourire et aucune parole envers le couple, comme le premier homme qui accompagnait l'homme au manoir. Elle reprit sa place, en face de son époux, celle-là donc qui était vide au début de la rencontre.
C'est à ce moment que la femme du couple se lève et se dirige vers l'intérieur du Key West pour payer et partir, qu'on n'en parle plus. L'homme au manoir, encore tout occupé à regarder les photos qu'il vient de prendre de sa femme, brandit une nouvelle fois son téléphone et le dirige vers la femme du couple qui passe devant sa table. "Super !" Comme s'ils jouaient à ce jeu, ici au Key West. Derrière lui, toute la terrasse les regarde. Regarde cette femme inconnue qui a parlé avec l'homme pendant 40 minutes et a ri poliment à ce qu'il a raconté. Elle fait le signe de la victoire en sa direction, car il faut bien faire quelque chose. "Attends, attends !" dit-il encore mais elle n'attend pas, néanmoins elle sourit. Elle va  payer, revient, prend son sac, dit aurevoir. Son compagnon qui avait compris est déjà debout quand elle revient. Ça se termine comme ça, ils saluent l'homme au manoir qui leur rend la politesse très simplement, avec un sourire sincère et un léger signe de la tête, comme s'il n'était pas saoul, comme si rien ne s’était passé.
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forayoff · 2 years
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Journal de la revanche pornographique Jour 2, 3, 4. Les matins et les après-midis se sont suivies à un rythme de malade ici. Ça fait deux jours que je n’ai pas eu le temps de regarder mon téléphone et mes nombreuses notifications. J’ai loupé une vente flashs de turbo aspirateurs 10000gigawatts et un lot de 23 verrines sur le bon coin. Et je ne parle même pas de l’actu; si ça se tombe les blindés russes sont à deux jours de Strasbourg... Ici, on se croirait à l’abris, entouré de passionnés, qui s’oublient dans le travail. Je vais me paraphraser, mais ça fait du bien. Ma grand mère alzheimer disait toujours; l’oublie c’est la vie. Mémé; j’ai carrément oublié d’écrire mon journal. Mardi, Mc Ignatus, la mort dans l’âme, nous annonca qu'il était contraint d’annuler la sortie poney, il pleuvait trop et c’est bien connu, le poney et l’eau ne sont pas compatibles (d’où l’odeur du poney). Un grand ouf de soulagement muet et collectif parcouru la table du petit déjeuner. Il faut dire que cette activité était retenue sur les salaires des 6 premières dates. Qu’à cela ne tienne, de nouvelles contraintes d’écritures nous furent proposées à la place; les syllabes rebondissantes, l'abstraction, les anaphores, l'interdiction de faire allusion à Alain Souchon. De nombreuses chansons ont vu le jour de cette manière, parfois facilement, parfois dans la douleur. Mais toujours dans la bonne humeur. Dans cette folle entreprise, c’est Thierry qui s’en sortait le mieux. En général, au bout de 5 minutes, il ouvrait la porte de sa chambre, paradait dans le salon carnet à la main et sourire aux lèvres. Encore un tube, encore un tube, qui veut mon tube, chantonnait-il. Mercredi à 10 heures, il en était à 21 hits. Les bras m’en tombaient, je n’étais pas le seul. Un subtil mélange d’admiration et d’envie se propageait sournoisement au sein de l’équipe, réveillant nos bas et vils instincts d’animaux sauvages. En bon chef d’équipe, Ignatus décréta de ne garder que les chansons de Thierry, les autres avaient leurs qualités intrinsèques, un charme enfantin et prosaique, mais elles n’avaient pas le supplément d’âmes, la fougue, le iench, la hargne, le velour, la sensibilité de l’enfant des Neiges (du Havre). Comme personne n’osa vraiment protester, la décision fut actée hunanimement par nos deux compères. Le mercredi après midi, fut consacré au partage, chacun passait de chambres en chambres, faisant vibrer cordes et organes à l’unisson, voir à la tierce. En fin de journée, Ignatus poussa le billard et les canapés pour créer un espace de filage digne de ce nom, Stephanie avait préparé un délicieux buffet de saveurs printanières, ainsi nous avons méthodiquement enchainé les chansons pour le premier gig à Nantes. Et quel concert ce fut ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas vibrer comme cela sur scène, avec mes bas noirs et mon long manteau de biche, revoir un public, partager les émotions du moment avec mes nouveaux camarades. Une foule ivre de curiosité nous attendait à la Bouche d’air. Afin d’attendrir les âmes, Alexis HK improvisa un long brulot antimillitariste de 45 secondes en préambule, le public se leva en lui jetant des feuilles de mâches, une tradition nantaise en signe d’approbation aux propos tenus. Ignatus lui repris le mic et lui fit signe d’aller s’assoir avec nous autres. Il descendit alors dans la fosse pour faire ce qu’il appelle la pêche aux mots. Il lui en fallait 8 avec la syllabe "mo". Ces 8 mots nous serviraient pour écrire d’autres chansons pendant le concert. Un genre de mise en abîme de l’idée même de la société et du spectacle vivant, un grand 8 scénique jubilatoire. Ainsi le concert fut ponctué de quelques saillies impromptues; Abel Chéret fit rimer hémoglobine et prostaglandine, Oré fit un poème sur la capillarité des playmobils, Luciole un slam sur la monnaie moldave, Thierry quand à lui, avait réussi l’exploit d’écrire une psalmodie en 8 motets qui mobilisaient 8 moments d’émotions au moyen âge en Moselle. succès de ouf. Le voyage était total, le public ravi et nous aussi. Aujourd'hui, nous sommes plus relax, mais
pas trop, j’ai encore beaucoup de travail de répétition, d’habitude je mets au moins deux ans avant de maitriser un texte. #petiteangoisse Nous sommes attendus au quai des Arts de Pornichet pour le deuxième concert de la tournée. Je t'embrasse, Foray
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forayoff · 2 years
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Cher journal, Suis de retour, sur les rails - TRAIN NOMAD 3117 - Paris-Rouen - 2e CLASSE - Placement libre. Côté fenêtre. 1h25. 2 sacs. 1e guitare. 1 sandwich triangle. Masque sinon il vous sera demandé la somme de 135€. C’est fou le nombre de choses qui me sont arrivées depuis la dernière fois où je t’ai écrit. J’en aurais beaucoup trop à raconter. De ce week-end, je retiens entre autres l’importance de savoir faire court ou de faire confiance à son instinct. Surtout à l’aune de l’effondrement de la civilisation et de Facebook, le lecteur a vite fait de zapper du spectaculairement nu à la réalité crue. Et c’est légitime. Moi-même n’ai- je pas, il y a de cela quelques minutes, regardé une vidéo de Neymar contre le Cameroun?
Je suis parti à Nantes, à la découverte du monde typique de la poésie atypique. Le mood brave et craintif, comme peut l’être le veau avant de se fondre dans le troupeau, tel un JD Pistone, je m’infiltrais dans la grande famille des poètes contemporains.
J’avais la joie d’y retrouver mon ami Julien d'Abrigeon que je n’avais pas revu depuis 8 ans. Il n’avait pas changé, c’était le même que dans mon souvenir. Vif et fin créateur, brillant à la relance, solide sur ses appuis et dans ses interventions, ne rechignant jamais à provoquer une bonne rixe, un grand coup de gueule dans ta gueule. Nous avons joué notre lecture-concert au pied de la cathédrale de Nantes, notre but étant d’enchainer chansons et textes, textes et chansons, jusqu’à rejoindre la cendre félicité, l’élégance à la nantaise. L’ ambiance soigneusement humide de la fin de matinée renforçait l’impact mystique des textes de Julien, une profusion d’harmonies éclatantes émanait de mon manche et ce, jusqu’à mes cordes vocales alors qu'il pleuvait sur Nantes. Quelque part, quelqu’un avait répondu à notre appel. Il y’a du bien dans le mal, comme du mal dans le bien. ok, bon, ça fait un peu chier de jouer dehors le seul jour où il pleut au sud du Massif armoricain. Malgré cela, des hordes de parapluies et de capuches étaient venues nous écouter vaillamment*. Lord’Abrigeon enchaînait ses douces invectives et ses rafales verbales issues de « Coupe courte », son dernier recueil, auxquelles je répondais par des mélopées teintées d’électro. Riff de guitares pop. Paroles aigres-douces. Spécialement conçues pour l’occasion sur le fil de faire de l’impro. Notre performance devenait un combat de rue, la scène un ring et la poésie un art martial pouvant aller jusqu’à la mort.
Finalement, après avoir exécuté en duo le dernier titre « l’emporte et puis le mange », le public se mit à applaudir chaudement 38 minutes**, visiblement satisfait et mouillé devant notre prestation. Nous sommes ensuite allés voir les collègues poètes de Julien, qui performaient de midi à minuit, entre le stéréolux et le Lieu Unique, non sans avoir avalé une bonne soupe au choux au préalable dans le bistrot du coin. La suite du festival s’est déroulée de la même manière, très bien et j’étais heureux de découvrir tant de richesses cachées entre les lignes, de styles et de propositions textuelles, qui pourraient, si on le voulait, rendre le monde meilleur. Enfin peut-être.
Alors bravo et merci Julien, aux poètes, à l’équipe de la Maison de la Poésie de Nantes pour tout cela. Merci à Nadine de la Bouche d'Air, aux élèves de LISAA pour les vidéos et les photos.
Je t’embrasse, brasse, brasse. Du love, love, love.
Foray
*Note-là un engagement du spectateur, qui touche à la fois au corps et à l’esprit. ** voilà une erreur classique de traduction, qui a été conservé par l’éditeur, qui visiblement est conscient de son manque d’engagement.
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