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#ManonBaudemontChroniques
manonmanontroppo · 11 years
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Christine and the Queens - J’ai gagné mes galons
Paris - mai 2013
Félicitations pour ton troisième EP, même si c'est aussi ton premier EP depuis que tu as signé chez Because. Comment est ce que tu te sens à quelques jours de sa sortie ?
Ecoute, je me sens plutôt soulagée. Quand on fait un EP, en maison de disque en tout cas, il ne sort pas tout de suite après qu'on l'ait fini. Pour moi, cet EP est terminé et j'attends qu'on en parle et qu'on le vive comme quelque chose de terminé. Ce qui n'est pas le cas tant qu'il n'est pas sorti, donc j'ai plutôt hâte que ce soit le cas. Je suis plutôt contente.
Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
Il s'est bien déroulé. Tu sais, je travaille toute seule. Je commence à composer toute seule, chez moi, je fais mes maquettes avec mon clavier, tout ça… Et là, j'étais pas toute seule pour la première fois non plus, vers la fin du processus. Ça veut dire, j'ai collaboré avec un musicien qui a joué ce que je ne joue pas d'habitude : des basses, guitares et percussions. Et du coup, pour la première fois, j'ai amené mes chansons à quelqu'un qui m'a aidé, aussi, à ajouter des instruments, donc ça, ça a été super. Et ça a changé du processus qui était le mien avant, c'était d'être vraiment en autarcie, de faire tout, toute seule et de me livrer une chanson terminée. Donc deux temps : premier temps, moi toute seule, et deuxième temps, avec un peu de vrais instruments ajoutés.
L'EP, tu l'as quand même suivi de bout en bout ?
Oui oui ! Mais tu vois, les instruments que je ne pouvais pas jouer, en gros je faisais des guitares un peu pourries, (rires) c'est pas très joli, ça sonne un peu comme une guitare de synthé, et j'arrivais, je disais "bon, bien, voilà, tu me joues ça en vraie guitare". Donc, j'ai pu faire chef d'orchestre en plus, ce qui est bien.
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Est-ce-que les Queens te prennent au sérieux depuis que tu as un label ?
(rires) Oui, c'est vrai! Et bien oui, ça y est, j'ai gagné mes galons! Parce qu'en plus, Because comme c'est un label franco-anglais, il est un peu connu en Angleterre, tu vois? Donc j'ai eu un peu la caution Because Music… Oui oui, elles m'ont d'ailleurs écris pour me féliciter je suis allée jouer à Brighton y a pas longtemps, et y en a une qui est venue me voir. Oui, elles sont contentes pour moi. Après, elles ne veulent toujours pas venir avec moi, mais en même temps c'est bien aussi, elles voient le projet grandir de loin, et moi, j'en ai vraiment fait mon projet. C'est assez émouvant quand elles m'écrivent un petit mail pour me féliciter ou qu'elles passent me voir… Je vais les voir aussi quand je vais à Londres, c'est toujours un peu… on en rigole de cette période où elles ne me croyaient pas trop. C'est du passé.
Tu as rempli le nouveau Casino le 22 Avril dernier, comment s'est passé ce premier concert en tête d'affiche? Et t'en es-tu remise ?
Non (rires). Non. C'était très émouvant. D'ailleurs, je ne me souviens pas du concert. C'est à dire que lorsque les gens me posent des questions, j'essaie de me souvenir de la chanson, ou de mon état d'esprit je ne m'en souviens pas. C'est comme si j'avais été en flottement, tu sais, hors de moi. Et ça, dès le début du concert, parce que ça ne m'était jamais arrivé d'avoir, comme je l'ai dit, un public qui soit acquis. Enfin, qui soit accueillant dès le début. Je crois que ça m'a mis dans un état un peu … Je sais pas du tout comment je me suis comportée, j'ai du faire beaucoup de blagues, c'était pas trop ? Parce que moi j'étais très très émue. non je ne m'en suis pas remise, non, d'ailleurs, maintenant quand je refais des premières parties je suis un peu triste quand même parce que les gens ne sont pas aussi réceptifs qu'au Nouveau Casino, à chaque fois je suis là "Non mais au Nouveau Casino, les gens étaient plus sympas!" (rires). Mais c'était une date importante même parce que j'avais testé beaucoup de choses, des danseurs, un musicien avec moi, donc c'était aussi important pour ça. C'est bien parce que j'ai eu de bons retours de cette formule-là, qui était un peu un test pour moi. C'est bon aussi pour la suite, pour continuer à développer ça. Tu as joué à Liverpool et à Brighton, est ce que l'accueil, est ce que le public a été différent ?
Alors, (elle réfléchit)… bonne question ! Et bien, écoutes, j'ai pas senti trop de différences, non, j'ai eu peur de ça. Mais les gens étaient, … . J'avais un peu peur de mal me faire recevoir, je sais pas pourquoi, tu as toujours ce complexe de la française qui vient chanter en Angleterre et qui se prend des tomates, et, ça n'a pas été mon cas en tout cas. Par contre, ce qui est drôle, c'est que les Anglais comprennent mes paroles en anglais. Donc, une chanson comme Cripple, qui pour eux est vraiment prise … enfin Cripple, moi je pensais que c'était vraiment le double sens, tu vois, ça veut dire être abimé, mais être abimé un peu mentalement, avoir des séquelles de quelque chose ou être un peu abimé physiquement, alors qu'en Angleterre, apparemment c'est handicapé au premier sens, handicapé moteur, ou quelque chose comme ça. Du coup, il y a eu ce petit moment de gêne quand même quand j'ai chanté cette chanson, les gens comprennent vraiment ce que je dis, ils me regardent, "pourquoi elle chante ça?", tu vois. Et ça c'est drôle, parce que ça ne m'arrive pas en France, que les gens comprennent ce double sens, ou ce sens-là. A part ce petit moment de flottement, ça s'est très bien passé à chaque fois.
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Tu jouais en festivals ?
A chaque fois, c'était dans un festival de showcase, Liverpool et Brighton c'était de gros festivals ou tu as vraiment plein de groupes qui jouent en même temps, y a un côté un peu tout le monde circule de groupe en groupe, tu vois. Tu es perdue dans une masse de plein de jeunes groupes indé, frais comme des gardons, tu vois. Mais ça s'est quand même bien passé, les gens sont restés, ils ne m'ont pas ignorés, ils ne sont pas partis voir ailleurs… Donc c'était bien.
En parlant de concerts, as-tu une tournée de prévue ?
Alors, j'ai une tournée mondiale, non je rigole (rires). J'aimerais tellement dire ça! "J'fais la première partie de Beyoncé partout". Pour l'instant, non. Tournée en tête d'affiche, pas encore. Souvent il y a une étape qui est celle du premier album, qui est en général suivie d'une tournée en tête d'affiche. Tant que c'est pas ça, t'as pas de tête d'affiche. Ce qui est raisonnable aussi vu que je suis un jeune projet. Donc, non, pas encore. En Septembre j'aurais des dates que je ne peux pas encore annoncer, c'est du genre confidentiel. On va essayer d'avoir beaucoup de premières parties, de suivre une tournée, avoir une première partie, mais je suis un projet un peu dur à caser artistiquement… C'est dur, enfin, avec des projets français, c'est pas forcément ce qui va, et avec des projets, souvent ils arrivent avec leur première partie, donc bon. C'est un peu dur de trouver un créneau, mais on va y arriver.
Y-a-t-il un projet de premier album de prévu ?
Oui ! Je ne m'arrête jamais de composer, donc je compose, je compose, … et normalement cet été on devrait commencer à travailler dessus. En fait, ce qui serait bien c'est qu'on le sorte en début 2014, donc janvier-février 2014. Je vais donc sûrement commencer cet été à le faire.
A côté de ça tu as d'autres projets ?
Ecoute, non, ça me prend vraiment tout mon temps, du coup. Après je suis pas contre, un petit cinéma, une petite pièce de théâtre, je ne dirai pas non ! Mais c'est vrai que c'est assez chronophage, enfin, tu vois, moi aussi je faisais des études avant, mais je les ai arrêtées, j'avais plus le temps (rires). Ah, les études !
J'ai appris que tu avais une formation classique, comment passe-t-on de Vivaldi aux Queens ?
Bah c'est pas si éloigné, en fait, bizarrement, pour moi, je trouve. Surtout Vivaldi. Pour moi Vivaldi, j'écoute ça presque comme de la pop en fait. Et tu te rends compte que de toute façon, ce qui est commun à toutes les musiques c'est les espèces de structures type. Par exemple, les chansons pop, y a des suites d'accords, qui reviennent dans beaucoup de chansons, Vivaldi c'est pareil il utilisait des structures, ça y est, je pars dans la théorie de la composition… Tout ça pour dire, que ça aide, du moins, moi ça m'aide d'avoir fait une formation classique, parce que tu as des notions harmoniques, de structure, et tu as une espèce de rigueur que tu retrouves dans une structure très pop ou tu sais tu as, couplet, refrain, pont… Et moi, en fait, j'aime bien, plus c'est structuré comme ça, plus j'aime, parce que ça me permet de mettre de la fantaisie dans la structure. Et en ça, ça rejoint ce que je faisais avant, quand j'étais au conservatoire. C'est une bonne formation, ça te forme l'oreille, ça me permet de trouver rapidement des harmonies, tout ça…
J'écoute des compositeurs comme Vivaldi, ou des gens comme Philipp Glass comme si c'était de la pop. C'est assez bizarre, je ne différencie pas trop les genres, en fait. Je trouve que tout se mélange tellement bien… j'avais écris une chanson, où je m'étais inspirée d'une structure classique et j'en ai fait quelque chose d'assez pop, donc tout se mélange assez bien…
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Après le théâtre, qu'est-ce-qui t'a ramené à la musique ?
Et bin, c'était très bizarre parce que, j'avais toujours fait du piano et du solfège, mais j'avais jamais écris de chansons. Je ne pensais pas du tout en faire un métier, ni d'en faire ma passion, alors je sais pas. il s'est passé vraiment un déclic quand j'étais à Londres, avec les travestis, je me suis mise à composer et je ne saurais pas te dire d'où c'est venu. C'est venu comme ça. Ce qui est un peu crétin de dire ça comme ça, mais, ou qui fait très romancé, genre "j'ai eu le déclic" (elle claque des doigts) mais c'est vrai. En fait je crois que j'étais malheureuse au théâtre, enfin, il me manquait quelque chose, ou alors je n'avais pas l'impression de correspondre à ce média là. En fait la musique ça m'a réconciliée avec tout ce que je n'arrivais pas à faire dans le théâtre. C'est à dire, avoir un personnage, pouvoir faire chanter la langue, pouvoir imposer un univers et pouvoir tout maîtriser aussi. Je crois que j'étais pas bonne comédienne parce que je ne lâchais pas prise, en fait. J'étais pas disponible. J'aimais pas me faire diriger, tu vois. J'ai découvert le plaisir de composer qui m'est venu, d'un coup, ça ne s'est plus arrêté. J'étais là, bon.
Ça fait combien de temps ?
Ça va faire … 2010… Trois ans. Et depuis ça ne s'est jamais arrêté. (rires)
Comment tu choisis tes covers ?
C'est moi qui les choisis. (En chantant) "Cooontrooool freeaaaak, jamais personne ne m'imposera rien" (rires). Comment je choisis… déjà, souvent je vais vers les gens que j'aime beaucoup : Michael Jackson, William Sheller, Bashung, ce sont des artistes que j'écoute, donc je connais beaucoup de leurs chansons. Mais bizarrement je choisis pas tout le temps celle que je préfère. Une fois j'ai envisagé peut être de reprendre Week-end à Rome d'Etienne Daho, que j'adore. Mais. J'avais tellement pas envie d'y toucher, que je l'ai laissée. Je reprends souvent quand j'ai l'impression que je peux me l'approprier un peu et que ça peut répondre à mon projet, que ça peut correspondre aussi à ce que j'ai envie d'exprimer à un moment, donc c'est pas forcément celles que j'écoute le plus. Par exemple celle de Michael Jackson que j'ai reprise, c'est pas celle que j'écoute d'habitude, du coup, je suis moins intimidée aussi pour les reprendre. Je les choisis un peu comme ça. William Sheller, j'ai toujours voulu en reprendre une. J'ai pris celle-là, parce que j'avais déjà commencé à réfléchir à l'EP, j'avais déjà composé Nuit 17, et je trouvais qu'elle répondais à Nuit 17. Comme c'est une chanson qui parle du souvenir de quelqu'un qu'on a aimé je trouvais que ça répondait bien. Ça dépend du contexte, c'est souvent des chansons qui ne m'intimident pas trop. Enfin. Sauf Osez Joséphine, qui m'intimidait un peu, mais bon, je me suis dit qu'il fallait tenter le coup, je l'ai faite sobre, sans trop d'instruments, je voulais juste la dire, cette chanson.
Pourquoi as-tu choisis Nuit 17 en titre pour l'EP?
Et bien, bizarrement, cette chanson c'est pas une chanson cannibale… Je l'ai composée, elle est venue d'un coup je sais pas trop d'où elle est sortie, cette chanson, elle me paraissait bizarre par rapport à ce que j'avais fait avant, parce que c'est quand même un chanson que je trouve plutôt … pas classique, mais, je trouve qu'elle avait une tonalité différente de ce que je faisais avant, je ne comprenais pas d'où elle venait, et je sais pas, je trouvais que sa poétique débordait sur tout le reste de l'EP, ça me hantait un peu, j'imaginais plein d'histoires avec ce titre là, pour moi elle est assez forte émotionellement aussi, elle est chargée de choses, et quand j'y ai réfléchi, je me suis dit c'est vrai que la Nuit 17 à 52, comme je compose la nuit, j'imaginais une chronologie un peu étrange qui parcourt tout l'EP, que chaque chanson corresponde à une nuit, et du coup, je trouvais ça faisait sens. Tu vois, c'est celle qui reste dans l'esprit des gens, les gens m'en reparlent un peu plus comme si elle était un peu plus mystérieuse, je me suis dit "écoute il est temps d'appeler cet EP comme ça". En plus je voulais une couverture en noir et blanc, je trouvais que ça allait bien avec la chanson.
Tu as aussi été impliquée jusqu'à la photo ?
Alors, pour la première fois, j'ai contrôlé, mais j'ai travaillé avec un photographe, ce qui, quand même pour moi est assez incroyable, je ne faisais que de autoportraits, retardateur, t'appuies, tu cours, tous les trucs un peu craignos, tu mets sur des bouquins, t'éclaires avec tes lampes de chevet… N'importe quoi, bon bref. Et là, je suis allée dans un studio avec un photographe, et tout ça, moi qui suis très… en contrôle, ça a été un peu … mais ça va mieux, enfin je dis ça, mais ça commence à aller mieux, je me soigne, je fais ce que je peux. Même si j'avais tout le temps envie d'aller checker sur les écrans, quand tu prends des photos ça s'affiche. Mais ce photographe là je l'ai choisi donc, on m'avait proposé des photographes, lui je suivais son travail depuis longtemps, il avait fait de super belles photos de Zebra Kas, je sais pas si tu connais, un rappeur un peu queer, encore un truc un peu gay très bien, il avait fait de très belles photos, j'étais contente de travailler avec lui, mais cette photo, on a fait tout une série, et cette photo là s'est détachée très vite comme la pochette pour moi. Tout le monde a été d'accord avec moi, j'ai pas eu trop à imposer mon choix. C'était un très bon souvenir cette séance photo, je dis ça, je suis très "sous contrôle" mais ça s'est très bien passé ! Parce que ce photographe est très talentueux aussi, il est très, théâtral. On a fait tout une série, y en a pour la presse, d'autres qu'on a gardé de côté pour peut être plus tard, on sait pas trop ce qu'on voulait en faire… En même temps, moi comme je change tout le temps, je suis très inconstante, en fonction des trucs, j'ai envie d'un autre …. tu vois ? Si j'ai envie de revenir à la couleur… (elle grimace avant de rire)
Où en es-tu du lâcher prise ?
Moi, je trouve ça très dur, mais parce que, je pense que, j'ai toujours peur qu'en lâchant prise, le projet ne soit plus ce que tu veux qu'il soit. Il y a toujours une question de confiance, je pense que tu peux y arriver, à être dans le lâcher prise, enfin ça m'arrive peu, mais ça m'arrive, avec des gens où je sens qu'il y a un dialogue qui s'instaure… Après je vais commencer à faire ma féministe de service, mais, y a souvent des gens qui paternalisent assez qui sont en train de dire "Oh tu pourrais, tu devrais faire ça", et ça ne m'intéresse pas, qu'on me dise ce que j'ai à faire. Ce qui m'intéresse c'est même si c'est maladroit, qu'au moins, ça vienne de moi. Je me vois pas faire ça autrement. Le lâcher prise est dur parce qu'on a peur que ça t'échappe. Après en même temps quand tu es avec quelqu'un qui comprend ce que tu fais et qui t'apporte quelque chose, c'est quand même à ça que ça sert les collaborations, c'est là que c'est beau. En l'occurrence, cette s'ancre photo, j'aurais jamais pensé faire une photo pareil, et en même temps, elle correspond tu vois, au projet, c'est parce que j'étais en confiance aussi. Tout dépend vraiment des collaborations. Des fois ça m'est arrivé, j'avais fait des tests avec des producteurs pour réaliser l'EP, et tu sens que ça va pas être possible. Il cherche à en faire son projet. Surtout, prendre ce que tu as fait et faire quelque chose qui a déjà été entendu mille fois parce que lui, pense que c'est la meilleure manière de le faire. Et t'as envie de lui répondre "oui mais non, même si elle est bancale, je préfère ma maquette, que ton truc hyper produit qui ressemble à mille autres". Donc, bon. Après en l'occurrence, ici, chez Because, ils comprennent ça, enfin, ils signent en général les gens qui sont assez comme moi, control freak, alors ils sont habitués (rires). Quand ils voient que je fais la gueule, ils comprennent que bon …  
Ça arrive souvent ?
Non, ça m'est arrivé quelques fois d'avoir une tête un peu… (rires) J'ai plutôt hâte de collaborer. Pour cet EP là, je vais faire deux clips. J'en ai fait un la semaine dernière qui sortira cette semaine (Nuit 17 à 52). Où je joue tous les rôles, ça va être trop bien. Je pense que ça ne va pas arranger le problème de schizophrénie que j'ai déjà. Et un autre que je vais faire aussi avec un réalisateur américain (Loving Cup). Et c'est collaborations, je leur lègue la chose, parce que je leur fais confiance quoi.
Est-ce-que tu t'amuses autant sur scène que dans un clip ?
Je crois que je préfère quand même la scène, parce que la scène ça reste sensuel. Oui, y a ce quelque chose de l'instant présent. Le clip, tu reviens à l'idéologie du court métrage, j'en avais déjà fait avant, parce que bon, j'ai aussi fait un peu de comédie, ça n'a pas été concluant. C'est pas du tout la même énergie, y a beaucoup d'attente, tu tournes des scènes, tu t'arrêtes et t'es dirigé. Enfin, dirigé, mais ça c'est bien. (rires) La fille qui en fait veut pas se faire diriger… ! C'est plus dans un cadre où t'as moins d'improvisation possible, et moi j'aime beaucoup l'improvisation. Après je dis ça tout dépend des gens avec qui je travaille. J'adore les clips, tout l'aspect visuel esthétique du projet se fait dans ces moments-là, et ce qui reste sur internet ce qui circule, c'est les clips. Moi-même, je suis une grand consommatrice de clips, je regarde tous les clips des groupes. Des fois, mon amour pour un groupe se casse en regardant un clip. Je suis là, genre "tu m'as trahie". C'est hyper important. J'aime beaucoup ça.
J'assiste ce soir au premier montage du clip, j'ai peur, j'ai peur, j'ai peur. Non mais ça va être bien. Ça doit venir d'un côté complexé, mais contrôler mon image me rassure. En fait je sais pas, j'envisage pas ça autrement… Parfois des gens me font la réflexion comme si c'était un reproche, genre il faut que tu lâches prise. Ça me parait bizarre de déléguer les choses, ou de ne pas savoir ce que je veux faire d'une chanson en clip. Tu sais, ça me paraît fou. Quand je compose j'imagine des choses, donc bon, après tout dépend des artistes, certains juste interprètes ont peut être moins de rapport à la chanson, je ne sais pas… J'ai toujours aimé tout mélanger comme disciplines et faire dialoguer tout ça.
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Qu'est ce qu'on peut te souhaiter pour la suite ?
Beaucoup de choses ! (rires)
A part que Beyoncé fasse ta première partie?
Ça, déjà (rires). Je pense qu'on pourrait me souhaiter de continuer dans ces conditions là, à savoir, rester en contrôle. De pouvoir faire ce que j'ai envie de faire, en fait. Et que ça puisse rencontrer du public. Je crois que c'est ça que je me souhaite, hein. Oui, c'est ça. Et de pouvoir continuer à faire des blagues pourries sur scène et que les gens rient, je sais pas (rires) "qu'on puisse m'accepter telle que je suis". Non mais c'est ça, pouvoir faire des choses assez exigeantes,  en même temps pop et que ça puisse rencontrer un public assez large. Le truc impossible à faire, tu sais. C'est mon défi en tout cas. Mes buts dans la vie. J'ai qu'un but, celui-là. J'ai une ligne, avec une colonne, avec ça comme but, j'ai pas encore coché parce que j'attends (rires). Et la santé, qu'on me souhaite la santé.
Ça va j'ai pas trop parlé ?
Merci à Cynthia @ Because Music, Photos Federico Cabrera Initialement publié sur discordance.fr
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manonmanontroppo · 10 years
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Gaël Faure - De silences en bascule
"Qui n’a jamais rêvé ne serait-ce qu’un jour de grandes épopées" ? C'est sur ces mots que le disque aurait pu commencer, mais ce voyage s'ouvre sur les côtes avec les Châteaux de sables. Une entrée en matière simple et efficace où les sonorités que l'on retrouve au cours du disque commencent à être esquissées.
La guitare folk est la deuxième véritable voix de ce disque. Du côté des percussions tantôt maracas saupoudrées ou baguettes cliquetantes sur les rebords des tommes, elles excellent parmi ce mélange de sons cristallins soutenus par une basse discrète et une guitare électrique au doux trémolo. Une éclaircie sur Comme si, laissez vous surprendre à entendre une trompette jazz. Du piano aux percussions, vous êtes en immersion dans un cabaret éphémère. On dirait l'Islande intervient ensuite, un murmure sourd souligne le titre afin de laisser éclater une envolée de batterie après que les choeurs se soient délicatement entremêlés au tout, avant de laisser place à quelques notes de piano pour clore le tout. À la tienne, laisse couler des arpèges de guitare, des notes de piano là où la voix sur Un peu semble plus grave, conférant au titre une ambiance plus sombre. Cet aller retour l'ombre et la lumière nous amène à Pour qu'un jour, plus ensoleillée que la précédente. Nous évoquions un voyage plus tôt, et notre itinéraire passe par Sibérie. Une nouvelle carte postale, où le texte est mis en valeur par l'aspect faussement dépouillé de la musique. À travers ces sonorités, c'est nouveau paysage nordique qui se déroule sous nos pieds, un court instant, une traversée magique dans l'emballement des percussions. Légère et entraînante, Surprise n'est pas sans rappeler quelques titres de la bande originale des Chansons d'Amour d'Alex Beaupain, "chut, n'ouvre pas la bouche, surtout ne dis rien, observe et écoute […]". La chanson suivante, Avoir sans être se base sur les paradoxes dont nous souffrons actuellement avec une rythmique marquée par les percussions et les choeurs. Enfin, mention spéciale pour cette fin sur Reste encore l'avenir, à laquelle on pourrait conférer une double lecture. Elle officie à la fois comme une conclusion et une ouverture. La douceur d'un morceau au cour duquel nous nous retrouvons seuls avec Gael Faure, une guitare, un piano, un trémolo pleurnicheur seulement pour soutenir les interludes musicaux. Un court silence, puis une envolée musicale, coda magique à la façon d'un générique fondu au noir sur lequel s'enchaîneraient les noms de ceux qui ont œuvré à cet opus. Le dernier tourbillon avant de se retrouver privés d'air et de grands espaces. Le disque joue sur un équilibre affirmé. D'abord dans le choix de l'ordre des pistes, tantôt entraînantes, parfois plus poétiques et sombres. La retenue joue aussi un rôle essentiel, il n'y a pas de grand écart ni même de virage trop abrupte d'un titre à l'autre. Dans cette unité, il est important de souligner la pluralité des plumes de Tété (On dirait l'Islande), à Ben Ricour, côtoyant notamment Fabien Bœuf (Tu me suivras), Barcella (Surprise) et Chet (Pour qu'un jour & Avoir sans être). Riche de ces rencontres et collaborations, le disque s'avère être une bonne raison d'avoir attendu aussi longtemps, cinq ans de travail, avant de le voir revenir le défendre sur le devant de la scène.
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De sa voix si particulière à la teinte de ses chansons, certains trouveront une filiation entre Cali, Julien Doré sur l'album Bichon, un air de Renan Luce peut être, sur Sibérie, mais ne vous y méprenez pas: sans vilain jeu de mots, Gael, fort d'une identité musicale s'inscrit doucement dans la lignée de ces auteurs que porte la chanson française. Rien n'est lourd ou de trop. Il n'y pas d'arrangement superflu, tout est à sa place pour notre plus grand plaisir. La bascule c'est cette surprise, le mélange des sonorités au service des textes et le fait d'accepter de se laisser guider et surprendre. Qu'on se le dise, en lançant la lecture des titres, nous n'avons d'autres choix que de nous fondre dans cet univers où le vent est doux, le ciel est gris, il fait frais, les espaces sont verts, et la première ville est à quelques kilomètres à pieds. Cet ardéchois offre une vue imprenable sur de nombreux paysages paysages où l'air est si pur. Quand le disque s'arrête, c'est sur le silence que l'on se rend compte de la distance avec la réalité, comme il est dur de reprendre pied de suite tant l'album est doux et agréable, telle une brise fugace et printanière, lors d'une escapade en pays inconnu. "Elle vient du coeur ma demande, je pars [...] aimerais-tu en être ?" sur une telle invitation difficile et inutile de résister. "Reste encore ce qu'[il] pourra construire, reste encore l'avenir". La scène maintenant; bonne route et bon vent.
Photo : Hélène Pambrun. Article initialement publié sur discordance.fr
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manonmanontroppo · 11 years
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manonmanontroppo · 10 years
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SAGE, In Between : ruptures et continuité
par Ma Non Troppo| mise en ligne le Lundi 20 octobre 2014
Catégories : CD
Contrairement à ce que certains pourraient penser, SAGE n'est pas un petit nouveau dans le paysage musical français. Fort d'une carrière déjà bien entamée avec divers projets (il est un tiers du groupe Revolver, compositeur pour l'album The Golden Age de Woodkid), Ambroise Willaume revient cet automne. Un nouveau projet, SAGE (pour Sagittaire, son signe astrologique), et un premier EP, In Between. Pour ce nouvel opus, pour lequel il a composé des textes aux arrangements d’orchestre, Ambroise Willaume s’est entouré de Benjamin Lebeau (avec qui il avait collaboré pour Woodkid), Jérémie Arcache (un de ses acolytes au sein de Revolver) et Julien Delfaud (qui a produit les deux albums du groupe), entre autres.
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Ouverture Dans ce nouveau départ, et presque seul aux commandes, il nous surprend dès la première écoute de l’EP. Pour les habitués du groupe Revolver, le dépaysement ne passe pas par le traitement des textes, puisque l’anglais domine toujours. On retrouve aussi les sens de l’harmonie et de la composition, dans leur sens traditionnel, qui ont pu caractériser le groupe. Cependant, la voix est seule, cette fois, quand bien même elle se retrouve parfois doublée, parfois complétée par une voix différemment traitée. Parfois elles semblent s’opposer. Ce choix d’une voix seule renforce la sensation d’intimité, déjà instaurée par la base du piano-voix. Et la véritable seconde voix de cet EP, c’est bien le piano. Il ouvre le disque avec In Between et déjà, le titre et les arrangements donnent la couleur. Ils nous avertissent que cet EP se situe sur une frontière, et qu’il regorge de compromis et de cohabitations, présents dès l’artwork.
Artwork coupé
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Seul devant un fond rose tendre, la silhouette d’Ambroise est coupée verticalement, le laissant apparaître à la fois de face, et de dos, un peu plus petit. De face, mais le visage baissé, la tête tournée vers sa droite, son regard posé sur l’angle inférieur gauche laisse présager une certaine mélancolie. La photo de son buste coupé, collé est altérée sur l’espace de sa veste sombre par des traces plus claires, comme ces échappées que l’on pourra entendre sur l’EP. Cette pochette est déjà une concession entre douceur et déchirure, savant mélange fait de ruptures et superpositions, tout comme les chansons qu’il renferme.
Chansons fragmentées Les chansons sont toutes fragmentées, évoluant chacune entre une écriture mélodieuse (telle une signature) malmenée par quelques coupures et intrusions. Le tout semble minimaliste et efficace mais il s’avère plein de secrets et de découvertes. Rien n’est accessible à la première écoute, tant et si bien qu’il est nécessaire de reprendre chaque titre pour en percer les différents degrés. La force de la composition réside dans la multiplicité des couches sonores, à la fois abyssales et sombres ou plus lumineuses, à la façon d’éclaircies. La recette des titres relève parfois de l’expérience chimique et peut prêter à confusion. Mais prêtez lui plutôt vos oreilles. Le titre In Between (voir ci-dessous) est paru il y a quelques jours sur Internet. Cette première chanson, par exemple, oscille entre deux traitements et deux voix qui se répondent et se complètent mais qui jamais ne se mélangent. D’un côté, cette voix haute, aérienne et chantée, de l’autre, la seconde, plus basse lui répond. Le titre offre une magnifique tension qui s’installe crescendo, avec l’entrée des cordes, sous forme de tempête audible, avant de disparaître dans un silence quasi complet, rapidement rompu par le retour au piano voix, en coda, reprenant le motif entendu auparavant.
https://www.youtube.com/watch?v=pBsd1hAYoCU Last Call Couples s’ouvre sur différentes sonorités successives interrompues par l’entrée du duo référent. Les voix associées aux claps créent un rythme. Elles mettent en valeur l’entrée du violoncelle, annonçant le refrain, où le traitement vocal diffère. Si le piano semble davantage enjoué sur Summer Rain, il s’agit cependant du plus mélancolique des quatre titres. La voix est plus haute et la spatialisation sur ce titre est remarquable lorsque quelques onomatopées sont saupoudrées tantôt dans notre oreille gauche, tantôt à droite. Cet effet confère au titre une dimension supplémentaire, comme communicant avec un autre espace, un autre temps, tous deux liés à la nostalgie ambiante. Enfin, l’EP se referme sur To The River. Aucune rupture entre les titres, ce dernier morceau se situe sans surprise dans la continuité de ce que nous venons déjà d’entendre. Cependant, le morceau se démarque par le choix des arrangements. Le piano se déguise en clavier, et les variations opèrent au cœur même de la chanson. L’emploi du pronom « we » met l’auditeur dans la confidence (« We’re not scared as long as we’re together, hold me in your arms »), ainsi toute l’intimité déployée dans cet EP atteint son paroxysme alors que les voix se démultiplient dans un chant de sirènes avant que le break de batterie ne laisse place à une courte et intense parenthèse musicale. Decrescendo, cette fin planante s’atténue, s’étouffe et met fin à la rêverie.
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Verdict Il n’aura fallu à SAGE que quatre titres pour déployer un éventail de sonorités et de possibles autour de son piano. D’après ses multiples références (on peut penser à Neil Young, James Blake, Sufjan Stevens…), il part de cette intimité minimaliste sur laquelle il brode des arrangements et offre ainsi tout un monde contrasté. Tout au long de l’EP, deux atmosphères cohabitent: un entre-deux entre la lumière et l’obscurité. Les interférences électroniques, les jeux d’intensité, les ruptures et les silences bousculent le confort d’écoute et poussent à la découverte afin de dénicher certaines nappes sonores et subtilités. En voilà une bien belle surprise en cet automne. À suivre Et, si SAGE n’est pas là où on l’attend, il est recommandé de rester attentifs puisqu’un album est prévu pour 2015. D’ici là, la curiosité peut toujours mener à le voir en live, d’autant plus qu’il s’annonce seul en compagnie de machines. Des dates de tournée ont été annoncées par son label. Ce n’est donc qu’un (nouveau) début. Remerciements – Label Gum
Crédit photos – Ismael Moumin Article initialement publié sur discordance.fr
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manonmanontroppo · 12 years
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Comme des frères - Hugo Gélin
Un roadtrip à la française? Le pari est risqué et l'épreuve est passée avec brio. Mais Comme des Frères, c'est bien plus que ça.
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La route et trois hommes : Boris, Élie et Maxime, tous liés différemment à Charlie. Plus de 900 km ensemble, avec la même destination. Jusqu'où iront-ils pour Charlie? Jusqu'où peut-on aller pour quelqu'un?
Cette fratrie très spéciale compte trois membres. Le premier pourrait être "le grand frère" qu'on pourrait considérer comme un modèle. François-Xavier Demaison incarne un quadragénaire dont on pourrait tout envier tant sa situation semble idéale, d'un point de vue matérialiste (on se souvient de la voiture et de son écran de télévision). Il possède beaucoup de choses, et bien sûr: il n'est pas heureux. Le second, trentenaire, prend corps sous les traits de Nicolas Duvauchelle. Un faux dur au coeur tendre, avec des faiblesses, qui passe le plus clair de son temps à la FNAC "pour faire des recherches". Plus piquant, plus cynique, il n'hésite pas à se cacher derrière une façade. Enfin, le dernier mais pas le moindre, le cadet, naïf et insouciant. Interprété par Pierre Niney, il a ce petit quelque chose de touchant. Il est celui que l'on a envie d'aider et de protéger, que l'on ne peut qu'apprécier: à la façon d'un petit frère. Chaque personnage est traité de façon différente sans jamais tomber dans la caricature de ce qu'il est, que ce soit sur le papier ou dans l'interprétation. Il en est de même pour les lieux. Un roadtrip français, en France ? Sérieusement ? Pourquoi pas nous montrer du rustique du campagnard, de la France profonde et de la Creuse ? C'en est donc fini du nombrilisme parisien? Oui et non. En près de deux heures, on voit du paysage sans en avoir plein les jambes. Le voyage en vaut la peine : on prend l'autoroute, on reconnait le Théâtre de l'Atelier (Montmartre), la magnifique place d'Albertas et les ruelles d'Aix-en-Provence, on s'arrête dans un café parisien, on se retrouve sur l'autoroute. On en a plein les yeux.
La force du film réside aussi dans l'intelligence de l'écriture. Le gag et la vanne prennent fin au bon moment. Il n'y a rien de plus gênant qu'une blague qui tombe au mauvais moment ou qui s'étend de trop, vous en conviendrez. Ici, tout est dans la mesure, il n'y a jamais d'excès. On rit à gorge déployée, mais on verse aussi quelques larmes. On se sent libres de se laisser aller là où Hugo Gélin nous mène avec sensibilité.
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Deux trios, l'un à l'écran, l'autre à la musique. Un parallèle d'autant plus surprenant quand on pense que Parallel Lives est à l'origine de cette rencontre. Du côté de la BO, on retrouve Revolver qui ne signe pas tant 21 morceaux sinon 21 chapitres d'un voyage dans le temps à travers différents paysages. Ce sont aussi six morceaux autour desquels gravitent des variations comme des thèmes récurrents. Ils font échos dans le souvenir des personnages aux morceaux qui rythment leur présent. In dreams et Parallel Lives se déclinent en différentes versions instrumentales. Petites parenthèses musicales, ces simples bulles mélodiques mises à part donnent à revoir le film du fait de leur simple écoute et par la seule évocation de leur titre.
A l'image du film, la musique dépeint différentes ambiances et de nombreux paysages à la façon de clichés instantanés ou de cartes postales griffonnées sur le bord de la route. Les mélodies sont soignées et les harmonies enchanteresses. Revolver, encore une fois, renouvelle son répertoire en touchant à l'univers d'Hugo Gélin. La fusion est évidente: la musique épouse l'image. Elles semblent ne pouvoir se défaire l'une de l'autre, comme des soeurs.
En un mot comme en cent, voilà enfin une vraie comédie à la fois drôle et touchante, reposant sur un récit émouvant et une interprétation juste et sensible. La caméra caresse les visages et les paysages avec tendresse, et la bande originale est d'une infinie beauté. La recette idéale pour un premier film aussi réussi qu'attendu, avec ses maladresses émouvantes.
[initialement publié sur discordance.fr]
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manonmanontroppo · 9 years
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Lucy Rose @ Social Club (Paris) 6.10.15
Dernière date de la tournée européenne pour Lucy Rose et sa première partie Joco, à Paris, hier soir. Une soirée délicieuse pour clore ce dernier mois sur la route. Les aficionados s’étaient donné rendez-vous au Social Club, pour ne pas rater l’unique passage français de Lucy Rose. Alors que Joco, deux sœurs venues tout droit d’Hambourg s’installent, la foule se rapproche, les oreilles et les yeux grands ouverts. Elles ouvrent la soirée avec le rythmé Why didn’t I see et présentent ainsi leur premier album Horizon paru en Juin en Allemagne, Suisse et Autriche, produit par Steve Orchard (Memory Almost Full et New de Paul McCartney, Scratch my back de Peter Gabriel, entre autres). Pour leur première fois à Paris, elles ont su mettre le public dans leur poche avec des titres en anglais comme Isolation of the moment, Pilot, We draw a line, ou encore Over the horizon, qui aurait pu être emprunté à Agnes Obel. Elles ont aussi interprété un titre dans leur langue maternelle, intutilé Winter. Après une demie heure de set, elles ont quitté la scène sous les applaudissements. Quant à Lucy Rose, à l’aide se ses musiciens tapis dans l’ombre, elle a décidé de savamment mélanger ses deux albums au sein de sa setlist, avec une évidente dominance des titres issus de Work it out paru cette année. Ainsi, elle a entamé son set par Like an arrow, dont l’intro a été rallongée, pour le plus grand plaisir des fans massés dans le club parisien. Toujours issu de son second album, elle a enchaîné avec Cover up, qui, en live prend une autre dimension. For you a précédé Watch over,  ainsi la setlist s’est déployée comme une évidence. Avant d’interpréter Middle of the bed, Lucy Rose s’est amusée de jouer pour « une foule très polie ». Après ce titre issu de son premier album, elle pose ses guitares pour s’attarder au clavier et présenter Nebraska, une ballade gracieuse parfaitement adaptée en live pour la douce voix de son interprète. Avec ses musiciens (un guitariste, un bassite, une claviériste / percussionniste et un batteur), elle instaure une connivence avec son auditoire. Alors qu’elle reprend sa guitare électrique pour Shelter, on sent la salle se débrider un peu, oser chanter plus fort, notamment lorsqu’arrive Shiver, dans la continuité du titre précédent. C’est mains nues, face au public qu’elle entame She’ll move. Elle fait de Lines un titre moins sage que dans sa version studio. Ici, la chanson prend de l’ampleur, les variations au cours du titre sont millimétrées. Köln, dédiée à la mère du bassiste (présente dans la salle) commence après un léger faux départ, et se voit agrémentée de la participation du public. C’est avec leur cinq voix qu’ils introduisent Till the end. Sur Bikes, c’est le public qui reprend en chœur. Amusée, Lucy Rose fait participer la salle. Alors qu’elle annonce la dernière chanson, ils reprennent le refrain de Bikes, avec une légère variation, plus électrique afin de mieux introduire Our eyes, premier single de son deuxième opus. Les cinq musiciens quittent la scène sous les applaudissements. Mais le Social Club n’est pas résolu à rentrer de si tôt. C’est alors que mêlé aux applaudissement on entend scander « Lucy ! Lucy ! ». À son retour, quelques secondes plus tard, elle s’avoue ravie de « jouer quelques chansons de plus pour vous ». Elle choisit d’interpréter avec ses musiciens Red face ainsi que Work it out, qu’elle présente comme une chanson « égoïste, un peu plus triste. J’ai tellement de chansons tristes, si vous saviez !». Ses musiciens quittent finalement la scène à l’issu de ce titre, pour la laisser seule, en guitare-voix pour Into the wild, une chanson « pas prévue, on m’a forcée » plaisante-t-elle. Cette fois, c’était la dernière. De cette soirée, on retiendra que le temps s’est suspendu, laissant la magie opérer. Dans un lieu aussi intimiste à l’acoustique idéale, la proximité entre les artistes et le public permet de beaux échanges. Ainsi, une fois les lumières rallumées on a pu entendre les murmures reprendre : les seuls regrettés du set ont été Gamble et Place, « la prochaine fois ! ». On en avait presque oublié que l’on avait pas été seuls avec Lucy Rose et ses musiciens ce soir tant le concert mêlait des moments forts musicalement et tout à fait intimes.
Le Social Club était le cadre idéal pour cette date Parisienne, venue clore la tournée Européenne. C’était certes la dernière date, mais il y en aura d’autres. Pour ceux qui n’avaient jamais vu Lucy Rose auparavant, il est possible qu’ils y reviennent, tombés sous son charme, et celui de ses chansons.
Photos  // article initialement publié sur discordance.fr
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