Tumgik
marinebouquine · 2 years
Text
L’énigme de la chambre 622 - Joël Dicker
“La vie, comme un roman, doit être une aventure.”
J’ai lu pratiquement tous les romans de Joël Dicker, mais à chaque nouvel opus, je suis de plus en plus réticente à la lecture. La raison ? J’avais été très déçue par La disparition de Stephanie Mailer, qui n’avait aucun intérêt pour moi, et depuis, je crains d’être confrontée à un nouvel échec de lecture. J’ai tenté le tout pour le tour avec L’énigme de la chambre 622 que je me suis offert avec une carte cadeau - je me disais ainsi que je culpabiliserais moins si, in fine, le roman ne me plaisait pas... 
Tumblr media
Qu’est-ce que ça raconte ?
Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L’enquête de police n’aboutira jamais. Des années plus tard, au début de l’été 2018, lorsqu’un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver plongé dans cette affaire. Que s’est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier ?
Est-ce que je suis totalement réconciliée avec Joël Dicker ? Pas tout à fait. Je continue de lui trouver des imperfections que je ne détectais pas forcément dans ses premiers romans : des personnages caricaturaux, des schémas redondants, des remarques qui tombent comme un cheveu sur la soupe, des dialogues assez vides, et des dénouements totalement rocambolesques et invraisemblables. L’énigme de la chambre 622 était certes un bon page-turner, qui se lisait avec facilité; mais les clichés de banquiers suisses assoiffés de fortune et de réussite, de jeunes génies à qui tout réussit sauf l’amour, les séparations tragiques entre âmes sœurs qui se retrouvent plus tard, les révélations totalement absurdes, les déguisements, les masques qui tombent en manquant parfois de cohérence et de réalisme, une riche héritière, un roman dans le roman...Pour moi, c’était un peu trop. La lecture n’était pas désagréable pour autant, mais je n’ai pas été absolument entraînée par le suspense, et je n’ai pas été comblée par les solutions offertes par l’auteur. Des lecteurs appréciant les retournements de situation, les rebondissements par dizaines, et les révélations au compte-goutte y trouveront peut-être leur compte. 
Est-ce bien grave ? Non, parce que j’ai par ailleurs accepté l’idée que j’ai préféré les récits rythmés par la présence de Marcus Goodman et qu’en son absence, il m’allait être difficile d’apprécier autant les enquêtes de Dicker. J’ai lu tous les Joël Dicker sortis à date, et je n’ai rien aimé tant que La vérité sur l’affaire Harry Quebert et Le livre des Baltimore. J’avais même beaucoup apprécié ce deuxième opus et ces nouveaux personnages, comme Hillel. Est-ce par la faute de Marcus seul ou par tout l’univers construit par l’auteur autour de ce protagoniste auquel il s’identifie en créant toutefois une nouvelle personnalité ? Aujourd’hui, je me suis fait une raison, et avant même d’entamer un nouveau roman de l’auteur suisse, je me prépare à ne pas succomber immédiatement et à ne pas tomber sous le charme comme pour Harry Quebert. Ce n’est pas une fatalité en soi, et ça ne me gâche pas le plaisir de lire un roman policier; j’appréhende juste le livre désormais avec une approche plus adaptée au plaisir qui en découlera. 
Est-ce que je reconnais la vertu thérapeutique de ce roman pour son auteur qui faisait ses adieux en beauté à son éditeur et ami ? Inévitablement. J’ai parfois trouvé gênantes dans le rythme de lecture et lourdes les nombreuses références à Bernard de Fallois, à travers lesquelles on sentait Joël Dicker évoquer ses souvenirs avec transparence, honnêteté et intimité; mais il est difficile de reprocher à un auteur de vouloir rendre hommage à celui qui l’a découvert, qui l’a fait grandir et lui a tout appris. Je trouve cela juste dommage que ces éléments n’aient pas été insérées de façon plus naturelle dans le récit, parce que chaque souvenir évoqué à propos de Bernard causait pour moi une rupture forte dans le rythme de l’histoire, à tel point qu’il était difficile de se remettre dans la dynamique de l’enquête ensuite. Un autre élément qui m’a beaucoup gênée dans cette perspective d’introduire le réel dans la fiction et de faire tomber le quatrième mur, c’est cette tendance à s’autoproclamer l’Écrivain, et à se jeter des fleurs et à rappeler son succès tous les dix pages. Seigneur, qu’il était satisfait de quitter la temporalité de l’Écrivain, cela permettait d’être épargné pendant plusieurs chapitres des remarques pompeuses de Joël Dicker sur son propre succès dont il aime visiblement beaucoup parler à la troisième personne en se cachant derrière un alter ego littéraire. 
Ainsi, L’énigme de la chambre 622 n’était pas un coup de cœur pour moi, mais ce roman reste un page-turner accessible quand on ne veut pas se prendre la tête à lire un policier compliqué - quoiqu’on s’y perd parfois un peu. 
Vous voulez l’acheter ? J’ai profité d’une carte cadeau pour commander ce roman à la Fnac pour 9,50€. Vous pouvez le trouver facilement en librairie, chez des bouquinistes ou en revente; ou le commander auprès de votre libraire préféré. 
0 notes
marinebouquine · 2 years
Text
Heroes of Olympus: The Lost Hero - Rick Riordan
“Great victory requires great risk.”
C’est en 2021 que j’ai découvert pour la première fois l’univers de Rick Riordan, inspiré de la mythologique grecque et de ses récits les plus connus, adaptés à une époque moderne et connue du lecteur. J’étais tombée sous le charme de la série des Percy Jackson; bien que je ne représentais pas forcément le public cible comme j’avais déjà passé la vingtaine. Ainsi, j’ambitionnais depuis un moment de me lancer dans la lecture des Héros de l’Olympe, une deuxième saga de cinq livres permettant d’approfondir davantage l’univers de Percy Jackson avec des nouveaux héros, des nouvelles menaces, et de nouvelles solutions audacieuses (et souvent dangereuses) pour y faire face. C’est finalement mes amis qui m’ont offert la série pour mon 22ème anniversaire sur le tard et j’ai finalement pu commencer The Lost Hero en rentrant de mon échange à l’étranger. 
Tumblr media
Qu’est-ce que ça raconte ?
Jason, Piper et Leo étudient tous les trois à l’École du monde sauvage. Ils sont en sortie scolaire au Grand Canyon lorsqu’un événement étrange a lieu : ils se font attaquer par des esprits du vent qui ne demandent qu’à les faire disparaître. C’est ainsi que nos trois héros apprennent qu’ils sont des demi-dieux, enfin des divinités grecques qu’ils connaissent des légendes. Après une première aventure mouvementée, ils sont amenés par Annabeth à la Colonie des Sang-Mêlé, le seul refuge pour les enfants demi-dieux, et croient enfin être en sécurité. Pourtant, autour d'eux, le climat est à la guerre : Percy Jackson a disparu, Hera a été kidnappée, Jason - dépourvu de tous ses souvenirs- , Piper et Léo sont les élus d'une dangereuse quête et ont quatre jours pour empêcher une malédiction présageant la fin du monde de se réaliser...
J’avais peur, en abordant cette nouvelle saga, de retrouver une pâle copie de la première série de Rick Riordan, mais que nenni. Le nouveau roman est prometteur et présage une bonne série d’aventure qui viendra compléter l’univers déjà connu de Percy Jackson. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce premier tome, plein d’action du début à la fin, il n'y a aucune longueur ; péripéties et combats s'enchaînent à un rythme infernal. Rick Riordan ne laisse pas de répit au lecteur, qui ne peut s’empêcher d’enchaîner les chapitres pour découvrir la prochaine mésaventure qui attend les jeunes héros. La construction de ce roman est d’autant plus intéressante qu’on change régulièrement de point de vue, passant de moments centrés sur Jason, à des moments plus centrés sur Piper et Leo. Et c’est heureux, puisque les personnages sont hauts en couleurs et tous très intéressants. Chacun d’eux porte un lourd passé qui a des conséquences directes sur l'histoire et la rend encore plus prenante. Évidemment, les personnages ont des côtés un peu agaçants : j’ai trouvé que Piper parlait très (trop) souvent de Jason, j’ai trouvé Jason moins intéressant qu’on ne le faisait paraître - mais c’est certainement dû à son amnésie qui ne permettait pas de creuser autant le passé du personnage que pour Piper et Leo. J’ai trouvé les personnages relativement attachants, mais j’ai moins d’affection pour ce nouveau trio que pour le précédent pour le moment !
L'écriture est toujours aussi fluide même s'il manque l'humour légendaire de Percy. Son absence est compensé par la présence de nouvelles divinités moins connues mais qui enrichissent le récit par leurs spécificités, comme Lycaon, Boreas ou Aeolus ; c’est également l’occasion de retrouver des protagonistes comme Médée ou Midas, qui appellent des mythes qui n’avaient pas encore été abordés jusqu’alors. La nouveauté majeure de cette nouvelle série reste l’introduction d’un deuxième camp de demi-dieux : les enfants de dieux romains. En effet, nous apprenons que les dieux peuvent choisir d’apparaître aux humains sous leur forme grecque ou sous leur forme romaine, ce qui prédestine l’enfant demi-dieu à un camp ou un autre. Et cerise sur le gateau, il existe des tensions ancestrales entre Grecs et Romains, ce qui explique que la Colonie des Sangs-Mêlés n’ait pas entendu parler d’un autre camp auparavant : tout l’univers du divin et de la mythologie s’est accordée à garder secrète l’existence de l’autre camp pour éviter de nouvelles batailles sanguinaires fratricides entre demi-dieux. Toutefois, les deux camps vont visiblement devoir unir leurs forces pour vaincre Gaïa et les géants et Jason et Percy forment ce lien entre Grecs et Romains. C’est donc très prometteur pour la suite et il me tarde d’entamer rapidement le deuxième tome pour en apprendre plus sur le passé greco-romain, et, je l’espère, retrouver Percy !
Vous voulez l’acheter ? J’ai reçu cet exemplaire en cadeau, mais la série étant sortie depuis quelques années maintenant, je pense qu’il est possible de la trouver assez facilement sous tous les formats (anglais, français, tomes individuels ou coffret...) en magasins ou sur Internet, d’occasion ou neuve. 
0 notes
marinebouquine · 2 years
Video
youtube
0 notes
marinebouquine · 2 years
Text
L’anomalie - Hervé Le Tellier
“En additionnant des obscurités individuelles on obtient rarement une lumière collective.” 
Cela fait maintenant des mois que j’entendais parler partout de L’anomalie. La critique l’acclamait - jusqu’à l’obtention du prix Goncourt 2020 - et un mentor me l’avait conseillé. J’attendais initialement désespérément qu’il sorte au format poche mais j’ai craqué avant la publication de la nouvelle édition et j’ai voulu découvrir et comprendre l’engouement autour de ce fameux livre. 
Tumblr media
Qu’est-ce que ça raconte ?
En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris - New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte. Nul ne comprend ce qui leur arrive : aucune explication scientifique réaliste ne peut justifier ce qui est arrivé aux passagers de ce vol de routine.
Je ne vais pas en révéler trop sur l’histoire, car tout l’intérêt du livre repose dans la révélation progressive de l’intrigue au lecteur qui accède à de plus en plus d’informations. Toutefois, je peux dire que je n’ai pas été convaincue à 100% par ce qu’on m’avait vendu comme un grand roman. Avais-je trop d’attentes ? M’avait-on dressé un portrait infidèle de ce livre ? Je ne saurais le dire, mais il est certain que je ne suis pas ressortie abasourdie par cette lecture alors que je m’attendais à un grand moment de littérature. Il est vrai que les nombreuses références, littéraire comme cinématographiques, et le mélange des styles, rendent L’anomalie intéressante et facile à lire. Seulement, je n’ai pas trouvé une immense profondeur dans la façon d’aborder l’histoire : le catalogue de personnages en début de roman est vite devenu très lourd, et j’ai trouvé ça dommage, au vu de l’intrigue complexe qui apparaît, d’avoir passé un tiers du récit à nous décrire autant d’individus, alors que j’aurais préféré qu’on approfondisse le cœur de l’histoire, et qu’on se penche un peu plus sur la résolution du récit. Certaines situations et thèmes auraient mérité plus d'espace et de liberté, ne serait-ce que pour permettre aux personnages d'avoir un peu plus de consistance et de crédibilité. Ils ne sont visiblement là que pour servir les idées, chacun un peu trop bien rangé dans sa petite case. C’était parfois trop superficiel pour moi. Je n’ai pas compris l’intérêt de certains passages : je pense notamment à la réunion des différents chefs religieux. Pour moi, il y avait matière à philosopher, à se plonger dans cette conversation compliquée de la spiritualité pour apporter quelque chose de plus concret à l’histoire; mais ça n’a pas été le cas ici et je ne vois pas toujours ce que ce passage apportait. 
Heureusement, la fin intrigue. Cette série de lettres qui s’égrène interroge : qu’est-ce que l’auteur a voulu écrire ? Y a-t-il vraiment une signification ou cette page n’est que synonyme d’un monde qui s’effondre et se réinitialise à la suite d’une simulation ratée ? L’interprétation de la fin est propre à chacun et Hervé Le Tellier n’a pas dévoilé quel était son projet d’écriture derrière cette dernière page, préférant laisser aux lecteurs la dure mission de trouver leur propre fin à ce roman alambiqué. 
Vous voulez l’acheter ? L’édition Gallimard coûte 20€ neuve, mais le format poche est désormais disponible pour 8,50€. 
0 notes
marinebouquine · 2 years
Video
youtube
0 notes
marinebouquine · 2 years
Text
Nous en resterons là - Chloé Lambert
“Est-il nécessaire d’être responsable de quelque chose pour susciter des comportements ambivalents ou des réactions agressives et incompréhensibles ?“
J’adore lire, j’adore les statistiques et j’adore organiser ma bibliothèque. Jusqu’ici, rien d’anormal pour une accro de la littérature. Pour concilier tous ces aspects de ma passion pour la lecture, j’utilise depuis quelques années maintenant une application très pratique qui s’applique Gleeph. Cette application permet de répertorier les livres lus (par recherche ou par simple scan du code-barre figurant sur le dos du bouquin), de créer des wishlist et des étagères par catégorie, de laisser des avis et de suivre des lecteurs avec des goûts similaires aux nôtres. Bref, c’est une de mes applications préférées, et je prends un malin plaisir à faire gonfler ma bibliothèque virtuelle à chaque nouvel achat et chaque nouvelle lecture. Il y a quelques semaines maintenant, j’ai été contactée par l’équipe de Gleeph qui me proposait de m’envoyer un roman de la rentrée littéraire 2022 pour que je puisse le découvrir et écrire une chronique à son propos. J’ai été très flattée, et comme l’exercice de lecture et d’écriture me plaît beaucoup, j’ai saisi ma chance. C’est ainsi que j’ai reçu la semaine dernière Nous en resterons là, de Chloé Lambert.
Tumblr media
Qu’est-ce que ça raconte ?
Margot est une enfant que l’on accuse de sensualité lorsqu’elle est victime d’inceste par son oncle de dix ans son aîné dans le secret du foyer des grands-parents, qui couvrent les abus sexuels de leur fils. Elle grandit pour devenir une adolescente traumatisée, les organes en vrac, en quête de réponses et de guérison, et, là où tous les médecins du corps ne savaient trouver de solution, Achille Donnelheur a réussi à mettre des mots sur les maux qui agitaient son cœur. Il l’aide à se souvenir, à accepter, et à se définir dans son passé. Margot reprend pied, ressemble de plus en plus à l’enfant qu’elle était, elle devient une jeune adulte idéaliste et curieuse. Tout cela grâce à son bon docteur, sans qui elle ne s’imagine plus vivre.
La thérapie s’arrête un jour pourtant ; pour mieux reprendre quelques années plus tard alors que Margot s’effondre sur elle-même. Pourtant le gentil psychiatre, le docteur qui l’avait guérie, n’est plus tout à fait le même. Achille est devenu capricieux, colérique, extrêmement sévère et se montre de plus en plus insatisfait par le développement de Margot. Elle essaie pourtant de suivre toutes les règles de l’exercice, mais il joue les girouettes avec les opinions émises lors de sa première thérapie et elle ne sait plus quoi faire des réponses qu’elle avait trouvées à l’époque. Margot finit même par se prêter au jeu de la psychanalyse pour faire plaisir à Donnelheur, qui voue un culte à la science de Freud. Allongée sur son divan, elle doit le voir trois fois plus souvent, elle doit l’écouter parler derrière sa tête de sujets qui la mettent mal à l’aise et le surprend même à mettre en place des contacts physiques, qu’elle considérait depuis des années comme un interdit tacite entre eux. Elle sent bien que la thérapie ne lui fait plus autant de bien, et elle se doute que son docteur n’est pas aussi sain qu’elle aimerait. Elle voit les signes d’une pente glissante, mais l’idée de perdre son psychiatre la terrifie et elle s’y engage les yeux bandés, isolée dans son admiration pour lui et la dépendance aux bons remèdes qu’il lui prescrit. Après avoir grandi et appris à s’épanouir en thérapie, Margot mûrit pour devenir une adulte dépendante, brisée par la trahison d’un être en laquelle elle plaçait toute sa confiance.
On ne va pas se mentir, les sujets traités par ce roman sont durs et la lecture s’en trouve parfois difficile : entre inceste, abus sexuel, emprise psychique, rapport au corps, pensées suicidaires et dépendance, Margot et le lecteur en voient de toutes les couleurs. Mais Chloé Lambert traite des sujets importants avec des mots choisis avec justesse et sensibilise son lecteur avec brio.
Je pense tout d’abord au sujet de la santé mentale. Margot l’écrit elle-même, la santé mentale, les troubles psychiques, tous ces problèmes qu’on ne peut pas saisir et guérir avec la médecine traditionnelle ou une bonne dose de magnésium ; dans sa famille, on préfère les passer sous silence. Margot se trouve donc seul face à ses démons, et c’est seulement lorsqu’un médecin spécialisé dans les troubles de l’adolescent la rencontre qu’elle trouve enfin l’aide et le suivi nécessaires pour oser effleurer des espoirs de guérison. Chloé Lambert décortique le processus de thérapie, présente les différentes étapes, la tactique et les règles établies par le psychiatre pour aider son patient à aller mieux. Elle décrit un métier difficile ; celui d’obtenir la confiance absolue de quelqu’un, d’obtenir qu’un inconnu vous ouvre son âme et que vous ayez la responsabilité de démêler tous les nœuds de sa psyché. Que ce soit pendant la thérapie plus traditionnelle, ou pendant le processus de psychanalyse, j’ai trouvé très intéressant la façon de décrire le déroulé des rendez-vous chez le psychiatre, de la phase de découverte dans la salle d’attente où Margot se sent comme une étrangère à la phase où la thérapie prend tout son sens, lorsque le patient se livre et que le docteur peut l’aider à comprendre. L’ensemble dédramatise un peu ce que l’on peut imaginer autour des maux de la santé mentale, il n’y pas besoin d’être « fou » pour avoir besoin d’un thérapeute et libérer la parole peut libérer le patient d’un fardeau lourd.
Ensuite j’ai trouvé que Chloé Lambert abordait les abus sexuels en général, et plus en particulier dans le cadre familial, avec des mots adaptés. Elle place sa protagoniste dans une situation complexe : elle cède aux avances d’Éric, cet oncle qu’elle adore de toute sa tendresse d’enfant, jusqu’à coucher avec lui. Elle se surprend à chercher ensuite ces rendez-vous avec lui, cette sensualité qu’elle trouve dans ses bras. À cette époque, personne ne la comprend. Quand, après son premier rapport avec Éric, elle craint d’être enceinte et que sa famille apprend qu’elle a couché avec un garçon, elle se trouve isolée. Seul Éric lui témoigne encore de la tendresse, de l’affection. Elle devient dépendante de tout cet amour qu’elle trouve chez lui, cette sympathie qu’on lui refuse désormais ailleurs. Quelques années plus tard, pendant sa thérapie, est traité le sujet de la culpabilité et de la responsabilité. Margot se demande : « Est-il nécessaire d’être responsable de quelque chose pour susciter des comportements ambivalents ou des réactions agressives et incompréhensibles ? ». Quand Achille Donnelheur est en colère, il s’amuse à ramener le sujet de l’inceste sur la table : il lui rappelle qu’elle n’a jamais refusé, peut-être voulait-elle consentir ? Elle s’est prêtée au jeu, alors peut-elle vraiment attribuer toute la responsabilité de l’affaire à Éric ? Est-elle vraiment victime ou a-t-elle participé à ce jeu malsain et interdit avec son oncle ? Margot s’interroge, remet en question son statut de victime. Son entourage la fait culpabiliser pour lui faire porter le chapeau, la mère d’Éric la dépeint comme une enfant perverse qui tournait autour de son fils dès l’âge de six ans. Le psychiatre lui dit que finalement, elle a peut-être détruit sa famille volontairement en se tournant vers l’oncle Éric parce qu’elle détestait avoir un frère. Alors qu’elle était sous l’emprise de l’homme en lequel elle avait placé toute sa confiance et sa tendresse, il a profité de son influence pour abuser d’elle, mais elle hésite encore sur son statut de victime. Dans le cas d’agressions sexuelles, les victimes sont souvent culpabilisées, sur leur comportement, leur tenue, leur attitude, comme si elles étaient forcément responsables des déviances de leur agresseur. Le sujet est remis sur la table et retourné dans tous les sens à travers l’histoire de Margot et j’ai trouvé cela très intéressant et accessible.
Pour en revenir sur le sujet de l’emprise, il était également très présent dans ce livre. C’est certainement, avec la thérapie et les abus sexuels, un de trois piliers du roman. Chloé Lambert y parle de l’emprise que peut avoir une figure, qui inspire tant confiance, à laquelle on se livre sans aucune méfiance. Dans les relations asymétriques qu’elle entretient, avec Éric, puis avec Achille, Margot se retrouve sous l’emprise de figures masculines plus âgées qui lui inspirent confiance et à qui elle a le sentiment de pouvoir tout dire. Puisqu’elle les aime, ils lui veulent forcément du bien aussi. Pourtant, ils finiront tous deux par la trahir de la même façon et elle en ressortira brisée. Dans le cadre pervers de la famille, puis dans celui confiné du petit cabinet où elle a passé son adolescence et sa vie de jeune adulte – dans des cadres de confiance – Margot est brisée par des hommes qu’elle aimait et admirait.
Concernant le rythme de l’histoire, on se place dans la peau de Margot de par la narration à la première personne. Par son écriture dynamique et ses mots justement choisis, à travers ce personnage au langage souvent poétique et parfois fleuri, Chloé Lambert nous fait suivre facilement tout le fil de son roman : les stades de la guérison, de la rechute, les quêtes de réponses, les pertes de raison ; on découvre les doutes de Margot, ô combien reconnaissante et dépendante envers son docteur mais qui se doute que tout ne tourne pas toujours rond avec Achille Donnelheur. On a finalement l’impression de se plonger dans les notes que prend Margot en permanence, et par les tons employés aux différentes périodes, il est facile de se situer dans la temporalité de la vie de la patiente.
J’ai trouvé la dernière partie, « Répétition », particulièrement forte. Toute la mesure, le respect éprouvé par Margot pour son docteur laissent place au mépris, à la colère inspirée par cet homme qui a profité de son ascendant pour faire d’elle ce qu’il voulait, forgeant son esprit selon ses propres convictions, alimentant la fascination paternelle qu’elle lui vouait, lui faisant revivre le drame incestueux de son adolescence alors qu’il devait l’en protéger. Dans cette partie, elle s’adresse directement à lui, elle l’apostrophe, lui donne des noms d’oiseaux et peste contre lui. Tout ce qu’elle n’avait jamais réussi à lui dire, elle s’en libère, avec violence. On sent sa colère, on déteste le docteur avec elle et on ressent toute l’ampleur de sa trahison. C’est ainsi un livre extrêmement fluide, qui se lit très rapidement, ce qui est agréable.
Le roman tourne autour de la relation patient-docteur, on se trouve donc à beaucoup se concentrer sur le tandem Margot-Achille.
Margot, j’ai eu envie de la prendre dans mes bras plusieurs fois pendant ce roman. Peut-être que c’est parce qu’elle abordait la vie avec le langage psychique des enfants face à des gens qui en savent plus qu’eux. Peut-être que c’est parce qu’elle avait vécu suffisamment de choses horribles pour plusieurs vies. Peut-être que c’est parce qu’on la voit grandir, essayer tant bien que mal de sortir de sa douleur, pour tomber toujours sur de sombres individus qui la refont tomber. Margot est malheureusement le miroir de tant de femmes. Combien vivent des abus sexuels ? Combien tombent sous l’emprise d’un homme ? Combien s’engagent dans des relations toxiques qui les isolent ?
Le sujet du miroir revient plusieurs fois dans le roman. Margot n’arrive pas à affronter son reflet, elle fuit les miroirs, mais s’assure de saisir son existence en les croisant. Elle est victime de son propre corps, le déteste de tout son cœur. C’est le vaisseau de ces maux, c’est ce qui attire ces hommes qui l’ont touchée sans qu’elle le veuille, que ce soit l’oncle, le guide touristique ou le dermato de son adolescence, ou le psychiatre. J’ai eu beaucoup d’empathie pour Margot, parce qu’on voit qu’elle essaie de se démêler de l’emprise du psychiatre, qu’elle remet en question certaines de ses décisions, de ses analyses. Mais elle est seule au monde, elle n’a que lui ; si elle le perdait, elle le dit elle-même, elle n’aurait plus de raison de vivre. Cette jeune fille perdue m’a touchée.
Concernant Achille, je l’ai détesté assez vite. Derrière ses manières mesurées et ses grands principes éthiques, il est aussi malade que sa patiente. Mais là où Margot ne fait du mal qu’à elle-même, lui projette sur elle toutes ses craintes, lui fait du mal, la manipule. Il lui crée des problèmes pour pouvoir mieux les guérir, il la rend dépendante de lui et crée un cadre toxique. Alors qu’elle est terriblement mal à l’aise avec son corps et sa sexualité, il prend un malin plaisir à en parler, à en discuter plus fort que tous les autres sujets. Il fait d’elle son cobaye de psychanalyse. Il franchit souvent les limites.
Il évoque à Margot des grands-pères responsables pour l’acte incestueux sacrificiel qu’elle a subi comme une façon d’expier toute la haine familiale. C’est amusant qu’il insiste autant sur la responsabilité des papis quand on sait que lui-même pense être le fruit d’une relation incestueuse entre sa mère et son grand-père. Il semble transférer tout son passif familial sur Margot. Il n’a pas obtenu de réponse à ses questions, alors il fait douter Margot de toutes les certitudes qu’elle avait réussi à construire.
Puis un beau jour, il transgresse l’interdit. Il lui fait revivre l’expérience de l’abus sexuel, mais aussi quelque part de l’inceste, elle qui le considérait comme un deuxième père et qui lui portait un amour d’enfant admiratif. Dans ce cabinet où elle a appris à vivre de nouveau et à aimer, il s’impose à elle, la viole. Moi aussi, j’étais bien contente qu’il soit mort ce psychiatre abusif. Mais j’aurais préféré qu’il soit confronté à son crime, lui qui savait très bien quelle ficelle tirer pour manipuler le cœur de Margot. Pendant dix-sept ans de thérapie, il l’a fait douter sur sa responsabilité de l’inceste, insinuant que qui ne dit mot consent. Avec lui, elle a pourtant bien exprimé son refus, mais cela ne l’a pas empêché de passer à l’acte. J’ai détesté de tout mon cœur de lectrice cet infâme personnage abusant de tous ses pouvoirs ; et je suppose que c’est synonyme d’un roman bien écrit quand on hait à tel point un personnage fictif.  
« Nous en resterons là » était donc pour moi un beau roman, touchant, abordant des sujets marquants. C’est une lecture que je recommande, pour les âmes averties qui se sentent capables d’aborder les sujets évoqués précédemment. 
Vous voulez l’acheter ? Les Éditions du Rocher le proposent depuis le mois dernier au tarif de 18,90€ et vous pouvez trouver ce livre dans toutes les grandes librairies. 
0 notes
marinebouquine · 2 years
Video
youtube
0 notes
marinebouquine · 2 years
Text
Les racines du ciel - Romain Gary
“Les hommes meurent pour conserver une certaine beauté de la vie. Une certaine beauté naturelle...”
Mon amour pour Romain Gary ne date pas d’hier. Toutefois, à chaque nouvelle lecture, je crains de moins m’émerveiller face aux récits de ce conteur poétique; et je finis toujours un peu plus conquise par les nouvelles histoires que je découvre. Après avoir goûté à son autobiographie romancée, à son dernier roman, et à son Goncourt obtenu sous Emile Ajar, j’ai voulu essayer un Goncourt façon Gary. Il s’agissait des Racines du ciel, un roman qui avait tout pour me plaire avec son histoire sur toile de fond écologiste et humaniste et qui m’a accompagnée quelques semaines pendant les vacances.
Tumblr media
  Qu’est-ce que ça raconte ?
Morel est un ancien résistant qui a trouvé refuge en Afrique pour entreprendre la plus grande des luttes : la défense des éléphants menacés tant par les chasseurs que par les lois dites "inexorables" du progrès. Puisque les gouvernements coloniaux, les institutions occidentales, les nationalistes africains et les conférences mondiales sont incapables de protéger ces grands pachydermes, Morel s’en charge, à coup de pétition, puis de fusil quand le pacifisme ne suffit plus. Aidé par quelques compagnons convaincus comme lui que le respect de la nature n'est pas incompatible avec les exigences du progrès, il prend le maquis contre la barbarie et la cruauté sous toutes ses formes, cependant que de tous les côtés des conspirateurs habiles essayent d'utiliser sa magnifique obsession et son apparente naïveté à leurs propres fins. 
Mon Dieu, que Romain Gary est fort. Chaque roman me plonge dans un état d’esprit différent mais j’en ressors toujours abasourdie et émerveillée; et je crois bien que Les racines du ciel va s’inscrire dans la lignée de mes livres préférés. 
Les racines du ciel est considéré comme le premier roman écologique. Et pour cause, pendant tout le roman; Romain Gary défend la sauvegarde des éléphants. Mais pas que. Il interroge finalement toute notre espèce : jusqu’où l’homme ira-t-il dans sa destruction aveugle de la nature et de lui-même ? Un accent de désespoir et de lassitude s’échappe de ce texte. En effet, depuis la parution des Racines du ciel, l’homme a, malheureusement, continué sa marche destructrice. Et je me demande moi-même s’il l’arrêtera un jour, au vu du chemin que l’humanité continue d’emprunter 65 ans après la publication du combat de Morel. 
À travers la défense de la nature, Romain Gary passe encore son éternel appel à la fraternité entre les hommes, à un combat pour une humanité plus humaine dans le contexte de l’après-guerre. Extrait choisi à l’appui :  “Il ne faut pas choisir ce qu’on défend : la nature ou l’humanité, les hommes ou les chiens. Non, il fallait s'attaquer au fond du problème : la protection du droit d’exister. On commence par dire, mettons, que les éléphants c'est trop gros, trop encombrant, qu'ils renversent les poteaux électriques, piétinent les récoltes, qu'ils sont un anachronisme, et puis on finit par dire la même chose de la liberté. La liberté et l'homme deviennent encombrants à la longue... voilà comment je m'y suis mis. (...) Il est temps de nous rassurer sur nous-mêmes en montrant que nous sommes capables de préserver cette liberté géante, maladroite et magnifique, qui vit encore à nos cotés.”. Des passages comme celui-là, il y en a tout un paquet dans Les racines du ciel, Romain Gary les assène, peut-être même trop souvent au goût de certains. Mais ce sont ces passages qui sont pour moi les plus forts, car ils nous transmettent toute l’essence du récit. C’est le message qu’il faut comprendre, assimiler, véhiculer. C’est le combat que l’humanité doit mener, et ce roman donne l’espoir de pouvoir le mener à bien malgré les obstacles et les opposants à la réalité difficile à accepter que nous sommes en train de nous auto-détruire. Morel cherche le respect de la vie, sous toutes ses formes. Et face à la haine raciale et religieuse, à la démagogie nationaliste, il poursuit sa campagne pour la protection de la nature, pour le respect de ce qu'il appelle "la marge humaine", quelque que soient les systèmes, les doctrines et les idéologies de rencontre. 
Par ailleurs, d’un point de vue historique, j’ai trouvé ce roman tout à fait riche, parce que je n’étais pas spécialement familière avec le contexte de cette période en AEF. On retrouve l’administration coloniale toujours soucieuse de sa tranquillité - et quelques commentaires bien sentis de Gary sur la gestion des colonies et de l’indépendance par la France - et sa lutte contre les nationalismes; incarnés par Waïtiri et ses hommes; et tout ce joli monde instrumentalise le combat de Morel pour en faire une histoire favorable à sa cause. L’histoire de Waïtiri était particulièrement intéressante : Waïtari est un homme africain, député français à l'Assemblée nationale, dont il démissionne pour entreprendre une lutte indépendantiste à laquelle il rallie peu de monde. Il a fait ses études secondaires et universitaires en France où il a d'ailleurs sa famille. Il essaye de se servir de Morel, en cherchant à faire passer le combat du Français comme un mode d'expression de la cause panafricaine et indépendantiste. En réalité, il méprise totalement le combat de Morel pour les éléphants, il pense au contraire qu’il faut les éradiquer : l’Amérique a exterminé les buffles avant de briller, la Russie a éliminé les loups, l’Afrique doit se débarrasser des éléphants. Il refuse et rejette l’amour occidental pour l’exotisme africain qu’il faudrait à tout prix préserver dans cet endroit reculé du monde, il veut tuer les éléphants pour accéder au progrès et leur préservation est pour lui une entrave au projet continental. L’avenir de l’Afrique ne saurait se réaliser qu’en l’absence de pachydermes appartenant à un passé fantasmé par des colons dont il ne veut plus. 
Bref, ce livre est tonique, bien écrit, passionnant, sans ennui. Il y a beaucoup de personnages avec des profils et des psychologies variés dont les projets nous tiennent en haleine. Mais on retient avant tout et surtout Morel finalement. Le personnage principal n’existe qu’à travers les récits d’autrui pendant la première moitié de l’histoire. On le voit successivement à travers le regard admiratif de Minna - une Allemande convaincue par son projet et voulant prouver que sa patrie n’est pas foncièrement mauvaise malgré ses actions récentes -, puis le regard las de baroudeurs fatigués par l’humanité qui ne voient en Morel qu’un excentrique allumé, et enfin le regard agacé de l’administration coloniale qui ne sait pas comment gérer cet électron libre qui enflamme la savane et tire sur les chasseurs comme ils tirent sur les pachydermes. Morel, ce farouche Français, finalement, comment ne pas l’aimer ? Il a ce charme des aventuriers, ce parler particulier, mi-bourgeois, mi-argot, il a des convictions, un idéal qu’il ne veut pas abandonner, des bons compagnons, une flamme dans le cœur qu’il laisse tout brûler, et il n’a pas peur de mourir pour défendre cette lueur d’humanité qui relevait déjà les hannetons. 
Ce livre, c’est surtout une quête de la vie et de la dignité humaine, comme Romain Gary sait si bien les écrire. Je ne peux que recommander cette lecture qu’il est grand temps de mettre entre les mains de toute notre génération. 
Vous voulez l’acheter ? J’ai profité d’une carte cadeau pour commander ce roman à la Fnac pour 9,40€. Vous pouvez le trouver facilement en librairie, chez des bouquinistes ou en revente; ou le commander auprès de votre libraire préféré. 
0 notes
marinebouquine · 2 years
Video
youtube
0 notes
marinebouquine · 2 years
Text
L’insoutenable légèreté de l’être - Milan Kundera
“L'esquisse qu'est notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau.”
J’ai entendu parler pour la première fois de Kundera lors d’une soirée tisane avec un de mes colocataires il y a de cela bientôt trois ans. Nous prenions souvent le temps de discuter ensemble autour d’une infusion le soir, pour se raconter nos journées, et cela s’accompagnait régulièrement de recommandations culturelles, que ce soit des expositions, des films ou des livres. Un beau jour, il m’a parlé de “L’insoutenable légèreté de l’être”, un roman de Milan Kundera qui avait été remis sur le devant de la scène l’été précédent. J’ai gardé cette recommandation en tête pendant longtemps, et j’ai finalement cédé à la tentation de m’y plonger cet été, sans trop savoir dans quoi je m’embarquais. 
Tumblr media
Qu’est-ce que ça raconte ? 
Tomas, Tereza, Sabina et Franz. Quatre destins, quatre visions de la vie, quatre personnages liés par des histoires d’amour et de passion plus ou moins partagées. Tomas et Tereza sont en couple depuis plusieurs années, mais, bien que Tomas aime profondément Tereza, il ne peut s’empêcher de la tromper régulièrement avec ses amies, qu’il côtoie au cours de rendez-vous bien établis. Tereza est au courant des aventures de Tomas et en souffre énormément, prise d’anxiété, de cauchemars récurrents la dévalorisant, hantée par les démons de son passé et par l’emprise maternelle, mais elle croit tout de même à l’amour véritable et unique et reste aux côtés de Tomas, coûte que coûte. Elle va même jusqu’à rencontrer la maîtresse préférée de son compagnon, Sabina, pour mieux le comprendre. Sabina est peintre, libre et volage, enchaîne des actes qu’elle qualifie de “trahisons”, envers ses proches, elle-même et ses amants, dont fait partie Franz, qui a quitté sa femme, sa fille et sa vie paisible pour un avenir durable avec Sabina, qui fuit vaillamment toute attache et n’a aucune attention de quitter ses idéaux pour lui. À travers ces quatre personnages, Kundera aborde plusieurs thématiques propres au sentiment amoureux : la fidélité, le sentiment d’appartenance, la liberté, le rapport au corps et à la sexualité, la passion, la peur de perdre l’autre... 
J’ai eu un peu de mal à entrer dans la lecture, n’étant pas familière avec les notions philosophiques posant les bases du roman de Kundera et devant m’approprier dans un premier temps les concepts d’éternel retour et de pesanteur et de légèreté d’après Parménide. Mais ensuite, Kundera a peint devant moi son tableau, me présentant Tomas, puis Tereza, Sabina, Franz et tous leurs univers amenés à interagir les uns avec les autres; et je n’ai plus eu aucune difficulté à suivre les aventures et mésaventures de ces quatre individus aux destins bouleversés. 
Les notions de légèreté et de pesanteur reviennent sous différentes formes tout au long du roman, sous des prismes différents. La légèreté est parfois valorisée, la pesanteur rejetée, et inversement selon les opinions mises en avant. Chaque personne s’inscrit plus ou moins dans une des catégories pour souligner ses attraits et ses défauts. Ainsi, Sabina incarne la légèreté, du début à la fin du roman, de Prague à la Suisse, entre les bras de Tomas jusqu’entre ceux de Franz. Elle ne fait d’ailleurs pas qu’incarner cette notion de légèreté, il s’agit presque d’une quête existentielle : elle fuit à tout prix les attaches et recherche une immense liberté sentimentale. J’ai trouvé que, de tous les personnages, elle figurait parmi les plus fascinants, d’autant plus que sa propre recherche de bonheur semble parfois la blesser dans ses contradictions. Tereza et Franz, eux, sont lourdement dépendants de la pesanteur : ils s’attachent sans pouvoir le maîtriser à des êtres qu’ils couvent de leur amour. Malgré la souffrance infligée, malgré le mal jamais totalement effacé, ils aiment tendrement et sincèrement la personne qui prend toute la place dans leur cœur, et ils ne sauraient s’en détacher et s’en séparer malgré ce que les élus de leur cœur leur infligent. Tereza souffre des infidélités de Tomas au point d’en être malade et d’en perdre le sommeil, mais elle ne peut pas vivre sans lui. Franz pense sans cesse à Sabina, et agit, même quand elle n’est plus là, pour satisfaire le songe qu’il a d’elle et qui l’inspire dans ses choix de vie. La teneur et la lourdeur de leurs sentiments les entravent. Tomas, lui, a un profil moins tranché, entre la légèreté de ses liaisons de courte durée, ayant pour seul objectif de l’aider à disséquer et comprendre l’immensité du monde, et la profondeur de sa relation avec Tereza, cette jeune femme qu’il ne peut s’empêcher de protéger et vers laquelle il revient toujours, abandonnant progressivement son métier, sa ville, son soi. Ces quatre personnes sont déchirées entre leur attachement ou leur détachement aux êtres et aux principes. 
Un autre point intéressant était celui concernant la teneur et l’origine de l’amour. Rencontrer l’amour, est-ce le destin ou est-ce le résultat d’une série de hasards ? Tereza et Tomas se posent la question sans cesse. Pour Tomas, il est quasiment insupportable de concevoir que sa rencontre avec Tereza n’est que le résultat d’une multitude de hasards, l’envoyant sur le chemin de la femme à laquelle il s’attachera toute sa vie, lui qui avait refusé toute sa vie de rencontrer une amie plus que nécessaire et qui fuyait les relations durables. 
Un dernier élément que je tiens à mentionner car ils m’ont beaucoup perturbée pendant ma lecture, ce sont les rêves de Tereza. Plusieurs fois, pendant le roman, la réalité des événements se confond avec les cauchemars que Tereza fait régulièrement. Il y a une confusion permanente autour de ce personnage, qui se torture l’esprit, le jour, la nuit, à cause de l’amour dévorant qu’elle ressent pour Tomas. Sa jalousie, domptée le jour, se réveille la nuit, déguisée en rêves qui sont en fait des poèmes sur la mort.
J’ai aimé aussi l’idée de la vie comme partition musicale. Enfin, il y a beaucoup d’éléments que j’ai aimés dans ce livre : des philosophies, des moments de poésies, des prolepses qui ne disent pas leur nom, et des tableaux très vivaces pour l’imagination du lecteur. Il y a aussi de quoi méditer sur la chute de l’Europe, le manque de foi des individus en l’avenir, une mort à double face, douce et triste, cruelle et ridicule. Je n’avais pas d’attente particulière en commençant ce roman, mais j’en sors assez bouleversée, et je pense que j’y reviendrai. 
Vous voulez l’acheter ?
J’ai acheté ce roman lors d’un passage à la Fnac pour la somme de 7,70€. Il est également distribué dans toutes les grandes librairies, et peut se trouver d’occasion, chez Gibert ou Recyclivre par exemple, sans oublier les bouquinistes. 
0 notes
marinebouquine · 2 years
Video
youtube
0 notes
marinebouquine · 2 years
Video
youtube
0 notes
marinebouquine · 2 years
Text
Et la vie reprit son cours - Catherine Bardon
“Je suis à un âge où il est urgent d'être heureux.”
J’ai rencontré la famille Rosenheck il y a maintenant plusieurs mois, suite à un achat impulsif littéraire de ma mère. J’avais été passionnée par le premier tome de la saga Les Déracinés, qui était d’une fluidité et d’un brio assez marquants. Je m'étais laissée tenter par la lecture du deuxième tome, mais j’avais été déçue par cette suite, qui n’était pas à la hauteur de son prédécesseur à mes yeux. Cela ne m’a pas empêché de me plonger dans le troisième tome, curieuse de savoir si l’histoire allait retrouver le génie de ses débuts, si les personnages allaient redevenir aussi brillamment écrits qu’auparavant. Somme toute, je voulais me réconcilier avec ma famille d’expatriés autrichiens préférée. 
Tumblr media
Qu’est-ce que ça raconte ?
Jour après jour, Ruth se félicite d’avoir écouté sa petite voix intérieure : c’est en effet en République dominicaine, chez elle, qu’il lui fallait poser ses valises. Il lui suffit de regarder Gaya, sa fille. À la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée. En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère, son énergie et ses projets pour lesquels elle se démène sans compter. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth – tout comme Arturo et Nathan – sème les graines de sa nouvelle vie. Jusqu’au jour où Lizzie, malade, réapparaît. Dès lors, Ruth n’a de cesse de remettre son amie sur pied et s’y emploie avec tout l’optimisme qui la caractérise.
J’avais déjà été un peu déçue par le tome précédent alors que Les Déracinés avait été un coup de coeur. Malheureusement mon avis s’est confirmé avec cette lecture. Je trouve que cette fresque familiale est de plus en plus romancée, sentimentale. l'auteure joue moins sur l’aspect historique pour faire évoluer les personnages dans leur environnement. Pourtant il y avait de quoi faire avec la guerre des Six-Jours, assassinat de Martin Luther King, premiers pas de l’homme sur la lune, chute de Salvador Allende...mais on a l’impression que Catherine Bardon amène ces faits de façon totalement anecdotique, ils n’ont plus d’impact sur nos personnages, leurs choix, leur vie. Ils font partie du paysage, mais plus de l’histoire, ce qui est décevant au vu de la façon si naturelle et fluide dont les évènements historiques s’entremêlaient avec la fiction dans le premier tome. J’ai traversé deux décennies de vie avec indifférence, assistant à la construction familiale de Ruth, avec sa famille classico-nucléaire et ses préoccupations bien loin de ses aspirations à l’émancipation d’antan. 
J’ai par contre beaucoup plus apprécié le personnage de Lizzie, que j’avais trouvé jusqu’alors assez inconsistant et très cliché dans son écriture. On retrouve une jeune femme perdue, pleine de désillusions, qui a quasiment tout perdu et voit se dérouler devant elle la vie qu’elle aurait pu avoir en faisant d’autres choix. Ses questionnements, sa détresse, son isolement et ses appels à l’aide, sont pour moi la grande force de ce tome, bien qu’ils arrivent très tard pour dynamiser l’ensemble et donner sens à ce troisième opus très lacunaire. 
Ainsi, Et la vie reprit son cours fut une petite déception : pas désagréable à lire, peut-être même construit comme un page-turner sans prétention et sans plus vraiment d’ambition, l’ensemble se lit bien mais sans passion. Le format des sagas familiales a certainement atteint ses limites - est-ce que l’auteur a seulement encore quelque chose à raconter sur cette famille autrichienne désormais profondément dominicaine ? - et si Elena Ferrante a réussi à exploiter ce modèle jusqu’au bout de ses quatre tomes, ce n’est pas le cas de tous les auteurs et de toutes les histoires. 
Vous voulez l’acheter ? Ma mère a acheté cet exemplaire sur Amazon pour la somme de 7,70€. Toutefois, je vous encourage à l’acheter plutôt chez un libraire indépendant ou un grossiste français. 
1 note · View note
marinebouquine · 2 years
Video
youtube
0 notes
marinebouquine · 2 years
Text
L’Américaine - Catherine Bardon
“Le bonheur, on doit le fabriquer de ses propres mains.”
Il y a quelques semaines, je tombais sous le charme des Rosenheck, rencontrés dans les Déracinés de Catherine Bardon. Cette famille autrichienne, chassée de son pays natal par la guerre, installée par dépit en République Dominicaine à défaut d’avoir pu trouver refuge aux Etats-Unis, m’avait séduite et j’avais grandement apprécié le voyage proposé par Catherine Bardon, à travers le monde mais aussi l’histoire, car j’avais découvert alors un pays et un pan de la Shoah que je ne connaissais pas auparavant. Quand j’ai découvert qu’il y a une suite, je n’ai eu qu’une hâte et la lire, et c’est ainsi que je me suis lancée dans L’Américaine, qui nous relate les aventures de Ruth, la fille de Wilhelm et Almah.  
Tumblr media
Qu’est-ce que ça raconte ?
Alors que le pouls de New York bat au rythme des années 1960 et de la contre-culture, une jeune fille, Ruth, s'y installe pour y suivre ses études en rêvant de devenir journaliste. Elle y découvre l'amitié, le rock, l'amour... tout en se questionnant sur son identité. Pas évident d'avoir laissé derrière elle sa famille et sa terre natale, la République dominicaine... Septembre 1961. Depuis le pont du bateau sur lequel elle a embarqué, Ruth tourne le dos à son île natale, la République dominicaine. En ligne de mire : New York, l'université, un stage au Times. Une nouvelle vie... Elle n'en doute pas, bientôt elle sera journaliste comme l'était son père, Wilhelm. Ruth devient très vite une véritable New-Yorkaise et vit au rythme du rock, de l'amitié et des amours. Des bouleversements du temps aussi : l'assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre culture, l'opposition de la jeunesse à la guerre du Viêt Nam... Mais Ruth, qui a laissé derrière elle les siens dans un pays gangrené par la dictature où la guerre civile fait rage, s'interroge et se cherche. Qui est- elle vraiment ? Dominicaine, née de parents juifs autrichiens ? Américaine d'adoption ? Où va-t-elle construire sa vie, elle dont les parents ont dû tout fuir et réinventer leur existence ? Trouvera-t-elle la réponse en Israël où vit Svenja, sa marraine ?
Que dire ? En toute sincérité, je ressors déçue de cette lecture, et je ne m’y attendais vraiment pas au vu de mon enthousiasme à l’issue du premier tome. Je pensais retrouver le brio des Déracinés, mais il se trouve que Wilhelm était le vrai cœur et moteur de l’histoire, et sans lui, les autres personnages ont perdu de leurs couleurs. Je les ai trouvés caricaturaux, loin des standards établis dans l’opus précédent. Almah, qui était une femme inspirante, unique, rebelle, n’est qu’une pâle parodie d’elle-même; je n’ai pas retrouvé la femme malicieuse et pétillante que j’avais aimée. Ruth, prometteuse, est finalement une héroïne avec peu de charisme, qui est assaillie par les mêmes doutes pendant tout le roman, qui tourne en rond, rêve de s’échapper de son île, puis la regrette, rêve de New York, puis l’exècre, rêve d’amour et de famille avec des hommes qui ne lui rendent pas son amour. Elle ressemble à beaucoup de protagonistes, manque de confiance et on se lasse rapidement de ses questionnements à trois francs six sous; ses indécisions et états d’âme prennent trop de place dans le roman, et c’est ce qui, à mon sens, mine l’histoire. Je ne parle pas du cliché Arturo, enfant mal aimé de sa famille et de son pays, meilleur ami gay de Ruth; ni de Frederick qui devient un patriarche agricole pas très malin; ni de Lizzie l’esprit libre embrigadée dans les expériences hippies jusqu’au fin fond du Mexique. 
La suite n’est pas désagréable à lire pour autant, elle est sympathique, se lit facilement, mais on ne retrouve pas le rythme et le riche tissu historique, complexe et bien amené, qui était un élément coup de cœur de la série. Pourtant il y avait de quoi faire; mais la guerre du Vietnam et la lutte contre les discriminations racistes sont évoquées de façon pâlotte. On imagine déjà bien la suite, je vois déjà Nathan et Arturo finir ensemble, les mariages et les naissances se multiplier...Ma mère a également le troisième, que je lirai certainement pour voir si la plume retrouve de son brio et ce que la vie réserve à nos héros. Mais, je maintiens que certains romans n’ont pas besoin de suite : Les Déracinés en tant que roman aurait pu être un chef-d’œuvre de littérature contemporaine, mais la saga est finalement peu inspirée et aurait mieux fait de s’arrêter au premier opus. Pour ma part, j’aurais préféré ne pas avoir entamer la suite pour garder un souvenir immaculé du brillant “Les Déracinés”. 
Vous voulez l’acheter ? Ma mère a acheté cet exemplaire sur Amazon pour la somme de 8,70€. Toutefois, je vous encourage à l’acheter plutôt chez un libraire indépendant ou un grossiste français. 
2 notes · View notes
marinebouquine · 2 years
Video
youtube
0 notes
marinebouquine · 2 years
Text
Changer l’eau des fleurs - Valérie Perrin
“Le passé est le poison du maintenant.”
Cela fait un moment que je lorgne sur le joli livre bleu qui orne les étagères de ma mère. Il a belle allure, de jolies fleurs sur la couverture, un titre qui intrigue, une quatrième de couverture qui n’en révèle pas trop sur son contenu. Ma mère l’a offert plusieurs fois avant même de l’avoir lu, et je ne peux plus attendre de savoir ce que contient ce roman que j’ai vu maintes fois en tête de gondole des librairies : succès purement commercial ou vrai intérêt, il était temps pour moi de le découvrir en me plongeant dans Changer l’eau des fleurs, de Valérie Perrin. 
Tumblr media
Qu’est-ce que ça raconte ?
Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café ou à l’eau-de-vie qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l’on croyait noires, se révèlent lumineuses.
La couverture, le titre, Changer l’eau des fleurs avait tout d’un roman feel-good et pourtant, je trouve que nous sommes très loin du récit que l’on pouvait attendre en voyant cette couverture très fleur bleue. On peut s’attendre à une histoire facile, gentille, mais on se trouve face à des événements d’une tristesse sans nom, face à des vies brisées, des mensonges, des déceptions, des amours qui voient le jour la nuit pour mourir le matin, des tromperies, des intrusions aux conséquences dramatiques. Ce qui porte ce roman, au-delà du quotidien de Violette au cimetière et des flashbacks sur sa rencontre avec Philippe Toussaint, la naissance de Léonine et l’arrivée du commissaire dans son havre de paix, c’est l’enquête autour de la disparition de Léonine, la vérité sur la liaison entre la mère de Julien et Gabriel et la mission de Sasha. 
Les personnages sont touchants et abîmés par la vie. On est souvent désolé pour Violette, enfant née sous X, qui n’a jamais été adoptée et qui a été trimballée de famille d’accueil en famille d’accueil, jusqu’au jour où elle rencontre le beau Philippe Toussaint. Ce beau Philippe qui a dix ans de plus qu’elle, mais qui, pour la garder jalousement auprès de lui, lui fera un enfant très tôt dans la vie. Sa relation avec ce bel homme fainéant ne fait qu’empirer avec le temps, il la trompe, ne travaille pas, ne l’aime plus comme il l’aimait avant, mais il lui a laissé le plus beau des cadeaux : sa petite Léonine. Le bonheur de Violette ne semble pourtant pas pouvoir durer, puisqu’elle perd son trésor de petite fille à l’âge de sept ans. Elle se laisse dépérir, noie son chagrin dans l’alcool, ne croit plus mériter le bonheur, jusqu’au jour où elle rencontre Sasha. Sasha aussi a beaucoup souffert de la vie, il a perdu femme et enfants il y a longtemps et depuis il guérit les gens. Julien a souffert de découvrir que sa mère était une femme adultère et qu’elle voulait reposer auprès d’un autre homme que son père dans la mort. Le père Cédric souffre de ne pas pouvoir avoir une famille à lui, des enfants. Philippe souffre d’être né de ses parents alors qu’il aurait voulu être le fils de son oncle, l’amant de sa tante par alliance, alors qu’il aurait voulu pouvoir protéger sa fille pour Violette. C’est finalement lui qui découvre la vérité sur ce qui est arrivé à Léonine au terme d’une longue enquête sur plusieurs années. La vérité, il aurait préféré ne pas la connaître car elle fait si mal. Ce personnage est à la fois détestable et attachant, on lui en veut terriblement pour son comportement envers Violette, et puis on comprend qu’il n’a jamais été heureux qu’en la présence de gens qu’on le contraignait à ne pas voir, qu’il a pendant des années cherché un coupable à la mort de Léonine pour mériter d’être son père, enfin, et que c’est sa révolte qui lui a permis de trouver la vérité. Violette aussi est attachante, un personnage lumineux qui se cache en permanence, une femme en robe d’été sous un manteau d’hiver. Elle a ses habitudes, ses rituels, a grandi, mûri, souffert, elle prend des gens, des morts et de son cimetière. Elle ne croit plus mériter l’amour, le bonheur, et part retrouver Léonine chaque été à Marseille, là où elle sent sa présence dans l’eau contre son corps, dans les parfums, dans les fleurs. 
C’était un beau roman, qui raconte les émotions, les petites choses de la vie. Je ne m’attendais pas à ce que cela devienne une longue enquête autour de la mort d’une enfant et le récit d’un amour interdit, mais j’ai trouvé l’ensemble très intéressant, parfois éprouvant à lire car riche en événements bouleversants, et plein de sentiments. Je recommande ce livre, même s’il n’est pour moi pas une lecture indispensable, cela reste une lecture agréable et accessible.  
Vous voulez l’acheter ? Ma mère a acheté cet exemplaire chez Cultura pour la somme de 10,90€. Il se trouve également au même prix au Furet du Nord. 
1 note · View note