George Benjamin. Lessons in Love and Violence. Philarmonie de Paris, 12 octobre 2023.
PARTITIONS, NOTES (AUTOMNE 2023)
1-Lessons in Love and Violence, George Benjamin/Martin Crimp. Le 12 octobre 2023, Philarmonie de Paris, dans le cadre du festival d'automne. Direction du compositeur. Mise en espace. Ce qui est frappant : l'opéra et ses effets reculent devant la musique et la simplicité des enjeux de disposition et de mise en scène. Éclatent la complexité des moyens musicaux mis en oeuvre, et la richesse et la variété instrumentale. Très belle précision de la direction, renforcée par l'extraordinaire acoustique de la salle. Exemple : les éléments de percussions qui rythment l'ensemble, très curieux, sons rares à peine perceptibles. Renforcé également : la gémellité des deux barytons (Stéphane Degout, le roi et Gyula Orendt, Gaveston, son amant) qui sont très simplement rapprochés, et comme tendrement unis, par leurs voix (scène 6, entremêlement des voix, et aussi de nombreux moments de superposition. Rares duettos). Jouer des contrastes cependant, dans une même tessiture : prouesse.
Tout est bien là-dedans : progression dramatique sans effets, par la seule musique ; le pouvoir royal (arbitraire), bien rendu, avec ses basculements tragiques : l'amour vaincu, la rigueur (compréhensible, il s'agit de sauver l'État) de Mortimer, qui se transforme en dictature ambitieuse. Aimé aussi : le jeune homme, qui devient roi en remplacement de son père. Cruel à la fin, dont le rôle s'épanouit à ce moment seulement, sans pitié pour sa mère. Joué (ténor : James Way) avec retenue (donc : glaçant). A la fin, le jeune roi a interdit la musique. Puis, théâtre dans le théâtre, on représente une conspiration, où l'amant du vieux roi apparaît comme un spectre. Le spectacle condamne la reine...Un nouveau tyran est né. Ce seront donc les mêmes jeux de pouvoirs, la même cruauté, mais l'amour en moins.
Curieux aussi : le ton grave et guerrier du cor/Dissonances des timbales/longs moments de cordes pincées/un diminuendo de castagnettes/des accès violents et emportés à la harpe (surprenant). Deux harpes/Absence de mise en scène classique opéra : excellente compréhension musicale, élucidation et exposition de chacun des personnages très bien rendues. De ce point de vue la direction de George Benjamin est détaillée, très claire.
Lent retour, très tranquille. Songeur bien sûr. Taboulé frais vers Laumière. Soirée heureuse.
2-Lohengrin. Wagner, mise en scène Kirill Sebrennikov. Opera Bastille, samedi 14 octobre 2023.
Vu il y a peu, avec Jenny, à Valence, La femme de Tchaïkovski du même Sebrennikov, précieux et maniéré, mais qui témoignait d'un univers chargé et lourd, décoratif et outré qui pouvait bien convenir à Wagner, me semblait il. Heureux d'être là, à saisir peut-être une occasion de rentrer dans Wagner, qui ne m'a jamais vraiment emballé (fatras mythologique, embardées sans joie, religiosité et grandiloquence musicale etc...). Mais ratage à peu près total, évident dès les premières scènes. Il m'a semblé que la direction d'orchestre était trop étale et ne variait pas ses effets. Pas de grâce des héros, pas de liberté face à leur destin (ils ne 'jouent' rien, donnés d'avance...Sans doute : la guerre, incessante et oppressante, ne leur laisse-t-elle pas le choix) Le choeur, par exemple, 'suit' la pièce, ne transforme rien, ne pèse sur rien. Grandeur, certes, et ampleur mélodique, mais à quoi on ne s'attache pas. Le fracas de la guerre, son décor, ses ruines, (qui ne sont pas dans le livret), insistant, emportent tout.
La mise en scène surtout est morcelante, diffractée et parfaitement envahissante. Sebrennikov nous impose trois (!) Elsa, comme démultipliées, dont deux danseuses, agitées. Simplisme des choix et décors, des oppositions : héroïnes chevelues/tondues, par exemple. Une croix lumineuse, aussi, dont notre orthodoxe ne peut se priver. Des sabres laser...La video répète les scènes, certaines projetées à l'envers. La division de l'espace, en lieux de projection distincts, force à la dispersion et heurte la réception (du chant en tout cas) : on y perd la ligne chantée, bien sûr...Ces pièces d'un appartement sont autant de cases et de cages (on rajoute même des cloisons) qui empilent les éléments dramatiques, qui dispersent le regard et l'attention, un vrai labyrinthe de points de vue. Un gros plan insistant sur un tourne disque est gênant. On a même droit à un cercle de lumière = le cercle des dieux : tout ce qui apparaît comme des artifices de remplissage, littéraux. Je ne suis pas mélomane, mais il me semblait que l'orchestre n'arrivait pas à suivre, et pataugeait. Lohengrin : héroïsme des forêts et des grands espaces, qui est ici rapetissé à de trop nombreuses scènes d'intérieur.
J'assiste au désastre sans plus prendre de notes, à partir du moment où j'ai compris ; ne prends pas la peine de vérifier que tout sombre dans les dispositifs choisis, avec constance. Le tout est écrasé par la guerre, Lohengrin en soudard de journal télévisé, épais, aux déplacements sans grâce. Mais la vidéo est charmée par un jeune homme (effet publicitaire et homoérotique). Drame guerrier, contemporain, qui oublie la légende du chevalier au cygne, dont on a perdu la jeunesse. Je suis sans doute passé à côté du Lohengrin de Piotr Beczala, dont un article confus du Monde, lu après coup, m'apprend que c'est un grand wagnérien. Regrets supplémentaires, donc.
Payé trop cher (183 €, me force à l'économie pour le reste de l'année). Regrette mon argent. Bien placé cependant.
3-La femme sans ombre, Richard Strauss, opéra de Lyon, dimanche 22 octobre 2023, mise en scène Mariusz Trelinski. Direction Daniele Rustoni. Une grande 'machine', peu montée et réduite ici à un orchestre disons...normal. Pour une musique très riche, variée, sonore et éclatante.
Le livret est mythologique, féérique, et ça éclate dès la mise en place, dès les premières notes : une gazelle, fille du roi des esprits est blessée à la chasse par l'empereur ; elle est transformée en femme, qu'il aime. Elle vit au palais, mais rêve du royaume des humains, où elle doit chercher une ombre. Mais elle doit enfanter, sinon l'empereur sera pétrifié. Tout le spectacle va être marqué par la féérie du lancement. Très beau tout au long. Atmosphère magique et mythologique, féérique donc, à quoi s'oppose le prosaïsme du monde des humains, que l'héroïne veut rejoindre. La pièce est au point de rencontre des deux mondes, décors et chants, héros et héroïnes. Le décor est tournant : parfois dépouillé et sombre chez les dieux, et au contraire sordide et encombré chez les pauvres hommes/prolos : superbe rendu de cette situation de départ, tension tenue tout au long, les deux mondes sont constamment exposés, et opposés. La mise en scène tient les deux bouts de l'intrigue.
Passer de l'autre côté du miroir, accéder à sa véritable nature, pour l'impératrice, et, pour le teinturier et sa femme, ne pas tuer, rester du côté des humains et de la vie ...Le monde des dieux est radical, c'est celui des idées, de l'idéal qui dicte sa loi ; le monde des humains est bienveillant, hésitant, mais sûr finalement de sa vraie nature. Au point de rencontre des deux monde, la tragédie, forcément. Exemple : la nourrice (Lindsay Ammann, glaçante, très dure dans les aigus), guide de l'impératrice semble être la maîtresse de la nuit, très beau rôle, voix inquiétante. En regard, de l'autre côté du miroir, la très belle voix de basse, envoutante de Barak (Joseph Wagner), prolétaire au grand coeur, magnanime et généreux : 'je ne t'en veux pas/mon coeur est joyeux/Ich zürne dir nicht/Bin freudigen Herzens' (à sa femme qui se rebelle et ne veut pas d'enfant, au premier acte)
Très beau final : Barak : 'je vais chanter la joie/comme personne ne l'a chantée/Je vais travailler/comme personne n'a travaillé' (Nun will ich jubeln/Wie keiner gejubelt/Nun will ich schaffen/wie keiner geschafft). A quoi répond l'impératrice : 'Toutes deux élues/pour jeter une ombre/Toutes deux trempées/A la flamme de l'épreuve (Schatten zu werfen/beide erwält/Beide in prüfenden/Flammen gestählt) Importance et grande beauté (très conclusive) de ce final dans mes notes, que je complète ici de la citation exacte, prise dans le programme.
Suivre Joseph Wagner, très belle voix de basse, qui emporte le reste, qui tire vers les vibrations intimes, convaincant, chaleureux. Il insiste dans le final : 'à la flamme de l'épreuve...' (sous entendu, l'épreuve du monde...) Très beau.
Impeccable ouverture de saison à Lyon. J'ai distrait ce billet de mon abonnement offert par Jenny au prochain Noël. Vif plaisir, qui dure. Voyage (train) avec Patrick Bombrun, tout à sa passion opératique. Amical.
4-La Esmeralda, de Louise Bertin, à l'opéra de Saint-Etienne, mardi 7 novembre 2023, avec Anna et Liam. Mise en scène de Jeanne Desoubeaux. Avant les Bouffes du Nord, à Paris, en décembre. Réduction de la partition à un court ensemble chambriste, bien, précis tout au long, mais insuffisant à 'porter' le drame, perdu dans un spectacle de grand guignol.
Choisi pour Hugo et Notre Dame de Paris, pour 'montrer' à Liam : grande différence avec Hansel et Gretel, même endroit, qui lui avait tant plu la saison dernière.
Rareté de Louise Bertin , femme compositrice (en 1836.) Unique livret d'opéra de Victor Hugo. Direction de Berlioz à l'époque. Bref un morceau d'histoire : on y traîne le petit fils, qui se laisse faire, volontiers.
Décevant. Manque d'ampleur et de moyens. Pas de belle voix. L'aimantation d'Esmeralda n'opère pas, sans désir objectif : Esmeralda est une jeune femme sans charme, mal sapée : on ne comprend pas le basculement de tous les hommes confrontés à sa beauté, mal rendue. Pas de grâce dans les mouvements, et pas d'envoûtement par le chant. Le viol d'Esmeralda est confus, très mal rendu (sous-vêtements couleur chair de contre-sens), avec un Phoebus bien peu dangereux, et approximatif tout au long, à la gestuelle par trop vulgaire et caricaturale. Frollo s'éjacule dessus : ça va bien comme ça.
On commence (trop long) par une cour des miracles (pauvres costumes, chorégraphie courte et confuse) qui alourdi tout le début et mélange tout : pas d'effet de contraste : laideur populacière//séduction du beau monde. On ne se relève pas de ce début laborieux. D'autant qu'une scène doublonne : une ripaille de cabaret, vraie redite. Dans les deux cas, un Quasimodo anecdotique et banal, qui ne signe pas l'amour fou du petit peuple pour une Esmeralda, dès lors sans soutien, qui sera laissée aux crimes (sexuels)(de premier degré) de Frollo et Phoebus.
On s'ennuie tous les trois, mais on décide que c'était une bonne 'sortie'...Prévu : Brundibar à Lyon, avec Liam, en mai...
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SÉANCE #13 | L’avocat du numérique
Depuis quelques années, les médias numériques exercent une grande influence dans notre société. Ceux-ci sont désormais utilisés aux quotidiens. Cependant, leur arrivée soudaine a permis à plusieurs de contourner diverses lois. En conséquence, certains gouvernements ont décidé de modifier les leurs afin qu’elles suivent l’évolution technologique.
C’est entre autres le cas du gouvernement canadien qui, en 2018, a créé un cadre pour l’intelligence artificielle. En effet, dans la déclaration de Montréal sur l’intelligence artificielle, il est stipulé qu’il est obligatoire de subordonner le déploiement des dispositifs techniques aux contrôles démocratiques. Cela étant dit, ses utilisateurs devront être compatibles avec la diversité sociale ainsi que culturelle. De plus, cela permettra à l’état d’améliorer leurs capacités à développer plutôt que de réagir aux pressions des entreprises.
Ensuite, afin de créer un cadre plus clair pour les transactions, la cour d’appel a apporté plusieurs modifications sur le sens de la loi qui encadre les activités numériques, c’est-à-dire la loi concernant le cadre juridique des technologies de l’Information. En effet, la cour a confirmé que les métadonnées peuvent servir à prouver la validité des documents. Puisque de nos jours, presque la totalité des documents est sur formats numériques, la nouvelle réglementation a été bien perçue par la population au pays.
Après une absence du gouvernement concernant les lois sur les médias numériques, l’état a finalement entremis des démarches pour corriger cette irresponsabilité. Selon moi, ces nouvelles réglementations sont favorables afin d’empêcher des passe-droits à certains modèles d’affaires. De plus, ils ont été mis en place afin de protéger la population ce qui rend le tout bien vu dans la société. Cependant, je considère que ces démarches auraient facilement dû être mises en place plus tôt, il y a quelques années. Espérons alors que le gouvernement sera plus proactif lors de l’arrivée de technologie future.
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