Des Ama de Toba a la MCJP avant un documentaire sur Arte
Des Ama de Toba, en tenue traditionnelle, à la MCJP ©TokyoatParis
A l’occasion de la diffusion le 8 novembre 2019 sur Arte de l’émission Invitation au voyage consacré aux plongeuses Ama, une conférence sur ce métier traditionnel et inscrit au Patrimoine du Japon avait été donnée 10 octobre dernier à la Maison de la Culture du Japon à Paris, en présence de plusieurs Ama !
Ces femmes fascinent tant que c’est un sujet fréquemment proposé par les candidat.e.s au Prix Robert Guillain, Reporter au Japon comme l’évoque le Président de la MCJP ! Il faut dire que ces Ama ou littéralement « femmes de la mer » sont des pêcheuses plongeant en apnée et dont le métier existe depuis plus de 2000 ans au Japon. Un métier féminin par tradition, pour des raisons physiologiques selon le professeur Akira TSUKAMOTO, professeur dans la faculté des sciences humaines de l’université de Mie, mais si important et fascinant que 82 poèmes leur sont consacrés dans le plus ancien recueil de poèmes du Japon, le Man’yôshû. Les peintres aussi se sont intéressés à ces sirènes régnant sur les mers, sans peut-être les avoir vues mais fantasmées, en attestent plusieurs représentations sur des estampes où elles sont vêtues de rouge. En réalité, jusqu’à la moitié du XXème siècle environ, les Ama étaient toujours traditionnellement vêtues de blanc comme le montre la photo illustrant cet article, car à l’époque l’habit blanc éloignait les requin.
Le talisman des Ama sur lequel deux symboles de protection sont dessinés. ©TokyoatParis
C’est aussi un métier qui comporte ses dangers comme l’explique la photographe et Ama Aiko ONO, ce qui ne l’a pas empêché de tout quitter à Tôkyô pour s’installer à Toba et devenir elle-même une Ama (elle documente aussi la vie des Ama en les photographiant). Mais Aiko ONO est une exception puisqu’il existe de moins en moins d’Ama, à peine 700 de nos jours d’après le Ministre de l’Ambassade du Japon en France, Monsieur HIGUCHI. S’il existe des plongeuses en apnée un peu partout au Japon, c’est à Toba dans le département de Mie que l’histoire des Ama est la plus importante. A tel point que « Toba et Shima, villes des Ama, les pêcheuses en apnée professionnelles » a été inscrit comme patrimoine du Japon ! Heureusement néanmoins, si les Ama venues à Paris pour cette conférence portaient la tenue traditionnelle, leur tenue de travail s’est modernisée puisqu’elles portent aujourd’hui une combinaison de plongée. Elles portent cependant toujours un talisman autour du cou, issu du sanctuaire Shinmei à Toba et comportant deux symboles destinés à les protéger : dôman et sêman. Notons aussi que ce sont traditionnellement les Ama qui pêchent les offrandes pour le sanctuaire sacré d’Ise, « le coeur spirituel du Japon ».
Hélas, ce métier semble de moins en moins intéresser aujourd’hui et notamment les jeunes - si Aiko ONO a moins de 40 ans, certaines de ses consœurs pratiquent la pêche en apnée à plus de 80 ans, pourtant les Ama s’inscrivent parfaitement dans la problématique actuelle de protection de l’environnement. Bien loin de pratiquer la surpêche, les Ama respectent et connaissent parfaitement leur environnement. Jamais, elles ne pêchent plus que nécessaire et attendent que les ormeaux, par exemple, aient plus de 5 ans et atteignent une dimension règlementaire pour les pêcher. De plus, elles pêchent selon les saisons des algues, des ormeaux, des oursins ou encore des poissons. Tous les jours durant 10 mois de l’année, elles plongent jusqu’à 7 à 8 mètres de profondeur en apnée, parfois plus profond pour certaines, et tout ce qu’elles rapportent sont ensuite distribués dans les hôtels et restaurants de la région ou dans les villes à proximité. D’ailleurs, les ormeaux, surtout les ormeaux noirs, sont des mets luxueux au Japon !
Les Ama sont également très liées à la culture des perles, et à l’histoire de la joaillerie Mikimoto ! Ainsi, à proximité de Toba se trouve ... l’île Mikimoto. Kôkichi MIKIMOTO, fondateur de la culture perlière et de la Maison Mikimoto, était originaire de Toba. Les Ama ont joué un rôle de grande importance dans la découverte de la culture de la perle. Kôkichi MIKIMOTO avait fait appel à ces plongeuses pour rechercher des huîtres Akoya afin de permettre la perliculture, et ce sont elles qui viennent récupérer les perles une fois prêtes. Il y a d’ailleurs sur cette île un musée revenant sur l’histoire de Mikimoto et l’importance des Ama. Si dans notre esprit, on associe très volontiers les perles à Mikimoto, et par conséquent à la joaillerie, les perles n’ont pas seulement vocation à finir en bijou. Bien que la France soit le premier marché étranger des perles Mikimoto, et dont la boutique française se trouve au 8, place Vendôme à Paris, nulle trace ici ni même en Europe des produits de beauté Mikimoto Cosmetics ! Mikimoto a en effet développé dès 1966 des cosmétiques contenant de la perle et propose désormais des crèmes, soins ou encore nettoyants pour le visage, le corps et les cheveux à base de poudre de perle ! Il y a encore une autre expérience avec les perles Mikimoto depuis 2012 à faire au moins une fois dans sa vie, et qui ne peut se faire que si l’on se rend à Toba. Plus spécifiquement dans le ryokan Shiojitei, un établissement avec des onsen, notamment un onsen dans lequel des extraits de perle sont dilués donnant une eau blanchâtre et aux vertus bienfaisantes pour la peau. Vous ne trouverez ce onsen que dans ce ryokan, car Mikimoto Cosmetics a développé ce Pearl Aurora Bath exclusivement pour cet établissement !
A ne pas manquer: Invitation au Voyage « La perle du Japon » par Erwan LOUSSET sur Arte le 8 novembre 2019 à 16h30, puis en replay.
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«À ce moment la porte s'ouvrit, et sur le seuil, précédés par le majordome, quatre valets en livrée apparurent apportant, sur une espèce de brancard recouvert d'un magnifique brocart rouge aux armes des ducs de Tolède, un énorme poisson couché au milieu d'un immense plateau d'argent.
Un « oh ! » de joie et d'admiration parcourut la table, et en s'écriant : « voici la Sirène ! » le général Cork se tourna vers Mrs. Flat, et s'inclina.
Le majordome, aidé des valets, déposa le plateau au milieu de la table, devant Mrs. Flat, et recula de quelques pas.
Tous regardèrent le poisson, et pâlirent.
Un petit cri d'horreur s'échappa des lèvres de Mrs. Flat, et le général Cork blêmit.
Une petite fille, quelque chose qui ressemblait à une petite fille, était étendue sur le dos au milieu du plateau, sur un lit de vertes feuilles de laitue, dans une grande guirlande de branches de corail. Elle avait les yeux ouverts, les lèvres demi-closes : et contemplait d'un regard étonné le Triomphe de Vénus peint au plafond par Luca Giordano. Elle était nue : mais sa peau brune, luisante, du même violet que la robe de Mrs. Flat, modelait exactement comme une robe ses formes encore hésitantes et déjà harmonieuses, la ligne douce de ses hanches, la légère éminence de son ventre, ses petites seins virginaux, ses épaules larges et pleines.
Elle ne devait pas avoir plus de huit ou dix ans, bien qu'à première vue, tant elle était précoce et ses formes déjà féminines, elle parût en avoir quinze. Déchirée çà et là, ou élimée par la cuisson, surtout sur les épaules et sur les hanches, la peau laissait entrevoir à travers les cassures et les fêlures la chair tendre, tantôt argentée, tantôt dorée, si bien qu'elle semblait vêtue de violet et de jaune, tout à fait comme Mrs. Flat.
Et tout comme celui de Mrs. Flat, son visage (qui l'eau bouillante avait fait éclater comme un fruit trop mûr hors de son écorce) était semblable à un masque brillant de porcelaine ancienne. Elle avait, comme Mrs. Flat, les lèvres saillantes, le front étroit et haut,, les yeux ronds et verts. Ses bras étaient courts, des espèces de nageoires se terminant en pointe, en forme de main sans doigts. Une mèche de soies, presque des cheveux, ornait le sommet de sa tête, tombant le long du petit visage, tout ramassé et comme recroquevillé, dans une espèce de grimace pareille à un sourire, autour de la bouche. Les hanches, longues et fines, se terminaient, comme dit Ovide, in piscem, en queue de poisson.
La petite fille gisait dans son cercueil d'argent, et semblait dormir. Mais, par suite d'un oubli impardonnable du cuisinier, elle dormait comme dorment les morts auxquels personne n'a eu le soin pieux de fermer les paupières, elle dormait les yeux ouverts. Elle contemplait les Tritons de Luca Giordano soufflant dans leurs conques marines, les dauphins, attelés au char de Vénus, galopant sur les ondes, Vénus toute nue assise dans son char d'or, au milieu du cortège blanc et rose de ses Nymphes, et Neptune, debout dans sa coquille, brandissait son trident, emporté par la fougue de ses chevaux blancs, encore altérés du sang innocent d'Hippolyte. Elle contemplait le Triomphe de Vénus peint au plafond, cette mer bleue, ces poissons argentés, ces verts monstres marins, ces blancs nuages errant au fond de l'horizon : cette mer, c'était sa patrie perdue, le pays de ses rêves, le royaume heureux des Sirènes.
C'était la première fois que je voyais une petite fille cuite, une petite fille bouilllie : et je me taisais, étreint par une terreur sacrée. Tous les convives étaient pâles d'horreur.
Le général Cork regarda ses hôtes, et d'une voix tremblante s'écria :
- Mais ce n'est pas un poisson !... C'est une petit fille !
- Non, dis-je, c'est un poisson.
- Êtes-vous sûr que c'est un poisson, un vrai poisson ? Me demanda le général Cork en passant sa main sur son front baigné d'une sueur froide.
- C'est un poisson, dis-je, c'est la fameuse Sirène de l'Aquarium. »
Après la libération de Naples, les Alliés avaient, pour des raisons militaires, interdit la pêche dans le golfe : entre Sorrente et Capri, entre Capri et Ischia, la mer était barrée de champs de mines et parcourue par des mines à la dérive, qui rendaient la pêche dangereuse. Et les Alliés, surtout les Anglais, n'osaient pas laisser les pêcheurs aller au large, de crainte qu'ils n'apportassent des renseignements aux sous-marins allemands, ou ne les ravitaillassent en mazout, ou ne missent en danger, d'une façon quelconque, les centaines et les centaines de navire de guerre, de transports militaires, de Liberty-Ships, ancrés dans le golfe. Se méfier des pêcheurs napolitains ! Les croire capables de tels crimes ! Mais ainsi vont les choses du monde : la pêche était interdite.
Il était impossible de trouver dans Naples, je ne dis pas un poisson, mais une arrête de poisson : pas une sardine, pas une sole, pas une langouste, pas un rouget, pas une petit poulpe, rien. Si bien que le général Cork, quand il offrait à dîner à quelque haut officier allié, à une maréchal Alexander, à un général Juin, à un général Anders, ou à quelque homme politique important, à un Churchill, à un Vichinsky, à un Bogomolow, ou à quelque commission de sénateurs américains, venus en avion de Washington pour recueillir les critiques des soldats de la Vème Armée à leurs généraux, et leurs opinions, leurs conseils, sur les plus graves problèmes de la guerre, avait pris l'habitude de faire pêcher le poisson pour sa table dans l'Aquarium de Naples qui, après celui de Monaco, est peut-être le plus important d'Europe.
C'est pourquoi aux dîners du général Cork le poisson était très frais et d'espèce rare. Au dîner qu'il avait offert en l'honneur du général Eisenhower, nous avions mangé le fameux « poulpe géant » offert à l'aquarium de Naples par l'empereur d'Allemagne Guillaume II. Les célèbres poissons japonais appelés « dragons », don de l'empereur japonais Hiro Hito, avaient été sacrifiés sur la table du général Cork en l'honneur d'un groupe de sénateurs américains. L'énorme bouche de ces monstrueux poissons, les branchies jaunes, les nageoires noires et vermeilles semblables à des ailes de chauve-souri, la queue verte et or, le front hérissé de pointes, et crêté comme le casque d'Achille, avaient profondément déprimé l'esprit des sénateurs, déjà préoccupés par les difficultés de la guerre contre le Japon. Mais le général Cork, qui à ses vertus militaires joint les qualités du parfait diplomate, avait relevé le moral de ses hôtes en attaquant le « Johnny got a zero » la célèbre chanson des aviateurs américains du Pacifique, que tous avaient chanté en chœur.
Au début, le général Cork avait fait pêcher le poisson pour sa table dans les viviers du lac de Lucrino, célèbre pour ses féroces et exquises murènes, que Lucullus, qui possédait une villa aux environs de Lucrino, nourrissait avec la chair de ses esclaves. Mais les journaux américains, qui ne perdaient aucune occasion d'adresser d'âpres critiques au Haut Commandement de l'U.S Army, avaient accusé le général Cork de « mental cruelty », pour avoir obligé ses hôtes, « respectables citoyens américains », à manger les murènes de Lucullus. « Le général Cork peut-il nous dire, avaient osé imprimer quelques journaux d'Amérique, avec quelle chair il nourrit ses murènes ? »
Ce fut à la suite de cette accusation que le général Cork avait donné l'ordre de pêcher dorénavant le poisson pour sa table dans l'Aquarium de Naples. Ainsi, un à un, tous les poissons les plus rares et les plus fameux de l'Aquarium avaient été sacrifiés à la « mental cruelty » du général Cork : même l'héroïque espadon offert par Mussolini (qui avait été servi bouilli et garni de pommes de terre), même le magnifique thon, présent de Sa Majesté Victor-Emmanuel III, et les langoustes de l'île de Wight, gracieusement offertes par Sa Majesté Britannique Georges V.
Les précieuses huîtres perlières que S.A le duc d'Aoste, vice-roi d’Éthiopie, avaient envoyées en don à l'Aquarium de Naples (c'étaient des huîtres perlières des côtes d'Arabie, en face de Massaouah), avaient relevé le dîner que le général Cork avait offert à Vichinsky, vice-commissaire soviétique aux Affaires Étrangères, alors représentant de l'URSS à la commission Alliée en Italie. Vichinsky avait été très étonnée de trouver, dans chacune de ses huîtres, une perle rose, couleur de la lune naissante. Et il avait levé les yeux de son assiette, regardant le général Cork avec le même regard que s'il avait eu en face de lui l'émir de Bagdad au cours d'un dîner des Mille et une Nuits.
- Ne crachez pas le noyau, lui avait dit le général Cork, il est délicieux.
- Mais c'est une perle ! S'était écrié Vichinsky.
- Of course, is a pearl ! Don't you like it ?
Vichinsky avait avalé la perle, en murmurant entre ses dents, en russe : « ces capitalistes pourris ! »
Il ne paraissait pas moins étonné que Winston Churchill, lorsque celui-ci, invité par le général Cork, avait trouvé dans son assiette un poisson rond et mince, de la couleur de l'acier, pareil au disque des anciens discoboles.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Churchill.
- A fish, un poisson, répondit le général Cork.
- A fish ? Dit Churchill en observant cet étrange poisson.
- Comment s'appelle ce poisson ? Demanda le général Cork au majordome.
- C'est une torpille, répondit le majordome.
- What ? Dit Churchill.
- A torpedo, dit le général Cork.
- A torpedo ? Dit Churchill.
- Yes, of course, a torpedo, dit le général Cork, et se tournant vers le majordome lui demande ce qu'était une torpille.
- Un poisson électrique, répondit le majordome.
- Ah ! Yes, of course, un poisson électrique ! Dit le général Cork tourné vers Churchill.
Et tous deux se regardèrent, en souriant, les couverts à poisson en l'air, sans oser toucher la « torpille ».
- Vous êtes sûr que ce n'est pas dangereux ? Dit Churchill après quelques instants de silence.
Le général Cork se tourna vers le majordome :
- Croyez-vous qu'il soit dangereux de le toucher ? Est-il chargé d'électricité ?
- L'électricité, répondit le majordome dans son anglais prononcé à la napolitaine, est dangereuse quand elle est crue : cuite, elle ne fait pas mal.
- Ah ! S'écrièrent Churchill et le général Cork.
Et poussant un soupir de soulagement, ils touchèrent le poisson électrique avec la pointe de leurs fourchettes.
Mais un beau jour il n'y eut plus de poissons dans l'Aquarium : il ne restait que la fameuse Sirène (un spécimen très rare de cette espèce de « sirénoïdes » qui, par leur forme presque humaine, ont été à l'origine de l'antique légende des Sirènes, et quelques merveilleuses branches de corail.
Le général Cork, qui avait la bonne habitude de s'occuper personnellement des plus petits détails, avait demandé au majordome quelle variété de poisson on pourrait trouver dans l'Aquarium pour le dîner en l'honneur de Mrs. Flat.
- Il reste bien peu de chose, avait répondu le majordome, une Sirène et quelques branches de corail.
- La Sirène est-elle un bon poisson ?
- Excellente ! Avait répondu le majordome sans sourciller.
- Et les coraux ? Avait demandé le général Cork, qui était particulièrement méticuleux lorsqu'il s'occupait de ses dîners, sont-ils bons à manger ?
- Non, les coraux, non. Ils sont un peu indigestes.
- Alors, pas de coraux.
- Nous pouvons les mettre comme garniture, avait suggéré le majordome, imperturbable.
- That's fine !
Et le majordome avait inscrit au menu du dîner : « Sirène à la mayonnaise, garnie de coraux. »
Maintenant tous les convives regardaient, muets de surprise et d'horreur, cette pauvre petite fille morte, étendue, les yeux ouverts, au milieu du plateau d'argent, sur un lit de feuilles de laitue verte, entourée d'une guirlande de branches roses de corail.”
Curzio Malaparte - La peau, p-319
Recette : tartare de truite aux pistaches
Hacher le filet de truite, les pistaches, une échalotte et de la ciboulette. Mélanger le tout dans les bols, ajouter 1cs d’huile d’olive par bol, ainsi que sel et poivre.
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