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cuisinedegrandpere · 3 years
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Taboulé chaud sucré-salé
Ingrédients pour deux personnes : 1 patate douce, 1 oignon, semoule, un avocat et un citron, noisettes, feta et persil.
Couper la patate douce en petits cubes et cuire à la poêle avec l'huile d'olive. Au bout de 10min de cuisson ajouter un oignon haché finement.
Couper l'avocat et la feta en dés, hacher les noisettes et le persil. Faire cuire la semoule.
Quand les cubes de patate douce sont fondants, mettre la semoule dans les bols, puis ajouter tous les ingrédients. Ajouter le jus d’un demi-citron par bol.
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cuisinedegrandpere · 3 years
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Le ventre des artistes : Claude Monet
Un service militaire en Algérie et un long séjour à Montgeron chez son ami Hoschédé, ont averti le jeune Claude Monet que la nature n'est pas cette chose humide et verte où dorment les bohémiens. Il s'étonne maintenant qu'une église soit rouge au matin, bleue vers le soir et que cette infidélité nie toute la peinture classique. Il passera toute sa vie à restituer cette altération capricieuse des couleurs au fil du jour. On attendait pas moins d'un homme du Havre.
Cet appétit exige une vie ordonnée, bien nourrie. Physiquement le premier peintre impressionniste est une version calme et bucolique d'Apollinaire, avec un béret et une barbe d'enchanteur. C'est un gros Rodin.
Une santé fragile avait emporté sa première femme. C'est avec sa seconde épouse (l'ex-femme de son ami Hoschédé) que sa table prend forme autour de 1880 : une table bourgeoise garnie de quelques fleurs où on sacralise la nourriture, les produits frais et le fait maison. Cette famille exigente et gourmande fait exécuter par sa cuisinière Marguerite tous les plats de l'époque, ceux des restaurants fameux et de leurs amis cuisiniers, Cézanne, Mallarmé, Guitry, Whistler... Les recettes qu'aimait le peintre ont été inventées juste avant sa naissance. On peut donc restituer la cuisine de l'époque à partir de cette table. S'il mène une vie campagnarde à Giverny, il n'a pas l'esprit campagnard : « Tu veux vivre à la campagne sans servir les passions de tes voisins, sans même écouter leurs bavardages. Quelle faute ! » (Stendhal, Le Rouge et le Noir, II, 1).
Monet ne cuisine pas lui-même mais accorde une extrême importance à la qualité et à l'abondance de ses repas. Il ne se contente pas de s'alimenter : pour lui la bonne cuisine est une chose nécessaire. De même il ne chasse pas, on chasse pour lui. C'est la préciosité d'un chat exigeant des plats parfaits sans toucher aux fourneaux. Seule exception, il découpe la viande à table. Pourtant s'il ne touche qu'à ça, il gouverne absolument tout le reste et ne néglige rien de ce qu'il délègue. Il partage ces trois caractères avec Talleyrand (l'exigence pour la qualité et l'abondance, le gouvernement général et le découpage des viandes). Mais Talleyrand avait Carême pour cuisinier...
Il manifeste la même exigence pour son jardin. Dès son arrivée à Giverny il en jette rapidement les bases pour s'enroyaumer de couleurs. Ce jardin où se promenait Clémenceau, avec les nymphéas du bassin, est maintenant connu jusqu'en Chine. Le potager était inséparable du jardin : Monet contrôlait à la fois les larges commandes de fleurs et d'herbes aromatiques. Il y a aussi plusieurs arbres fruitiers, des cerisiers, des pruniers, des cognassiers. On peut même se demander si cet amoureux de la nature n'a pas aussi quitté Paris pour ça (il fait quand même venir ses thés depuis la capitale). Ici aussi il ne fait qu'ordonner et c'est son jardinier Florimond qui exécute tout. Monet lui aménage même une maison dans le domaine, qu'on peut désormais louer sur airbnb.
Monet a longtemps vécu misérable avec une famille à nourrir, avant de connaître enfin la richesse et la gloire grâce à l'exposition Monet-Rodin (1889). C'est Paul Durand-Ruel, le mécène des impressionnistes, qui a d'abord permis tout ce train de vie. Grâce à lui Monet renove son atelier et sa cuisine avec une importance égale. Il discute longuement avec le peintre en bâtiment pour toutes les teintes de la nouvelle demeure, et choisit finalement des tons pastels. Mais sa cuisine sera d'un bleu profond, qui la détache des autres pièces tout en s'accordant aux casseroles en cuivre. C'est une pièce à part.
La basse-cour n'a ni clapier à lapin ni pigeonnier, et Monet, également maniaque des volailles, n'y élève que des canards landais et mandarins, ainsi que trois races de poules. De même il ne conçoit pas de table décente sans potager, et il paye cher pour obtenir les meilleurs poissons. Pour lui il n'y a pas de bonne cuisine sans bons produits. Il est inutile d'exécuter parfaitement des recettes sophistiquées sans une bonne matière première. Dans un passage admirable d'À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Proust, à travers le personnage de Françoise, compare cette recherche en cuisine des bons produits à celle de Michel-Ange, « passant huit mois dans les montagnes de Carrare à choisir les blocs de marbre les plus parfaits pour le monument de Jules II ».
Ce caractère rappele Le locataire de Paul Morand : « Le ministre se disait écrasé par les détails administratifs ; il ne l'était que par l'excès de sa méfiance naturelle qui lui faisait dissiper son temps en menues surveillances ; non seulement il dirigeait ses directeurs, comme il se doit, mais il contrôlait les contrôleurs, inspectait les inspecteurs, grattait les virgules des expéditionnaires, ne déléguait aucune signature et se faisait montrer jusqu'aux balais des balayeurs. »
Monet travaille comme Balzac : tout doit s'organiser autour de lui et être impeccable. Il est maniaque de la cueillette des légumes, des endives « vapeur » et des épinard cuits avec à peine d'eau. Il est aussi très pointilleux sur chaque horaire : il a horreur du retard, des visite à l'improviste, et les menus d'invités sont réfléchis une semaine à l'avance pour faire amener les vivres. Ces invités sont Mallarmé, Valéry, Clémenceau, Caillebotte, Gallimard... Quelques-uns laissent des recettes, comme Mallarmé (girolles cuites pendant une heure au bain-marie), Sacha Guitry (une recette de palette de porc), Cézanne (une bouillabaisse morue avec des clous de girofle et du safran). Quant à Monet, on lui doit la recette du cèpe à l'huile d'olive.
Il se lève tôt, vers 5-6h du matin, déjeune à 11h comme dans les samedis de Du côté de chez Swann, et dîne tôt pour se coucher un peu après 22h ; tout l'inverse de l'heure espagnole. Le reste du temps, il travaille, uniquement, tant que la lumière du jour le permet. Que ce soit dans son rapport à la cuisine ou à la création artistique, Monet exerce un contrôle absolu sur tout l'approvisionnement de sa rétine et de son palais. La moindre agitation visuelle et le moindre œuf à la coque, tout doit être parfait. C'est d'ailleurs étonnant que ce Christophe Collomb des changements chromatiques ne laisse aucune marge au hasard.
La première vocation de Salvador Dali à six ans était d'être cuisinière, au féminin (première phrase de son autobiographie), disait « je sais ce que je mange. Je ne sais pas ce que je fais ». Monet pourrait dire : je sais ce que je mange et je sais ce que je fais.
Bibliographie : Les carnets de cuisine de Claude Monet, Claire Joyes, Jean-Bernard Naudin, éditions du chêne.
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cuisinedegrandpere · 3 years
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“Enfin, l'arrivée de la flottille couronna ce succès. Elle était riche de plus de soixante millions en or ou argent, et de douze millions de marchandises sans les fraudes et les pacotilles. J'avancerai à cette occasion le récit d'une aventure qui n'arriva que depuis que le roi d'Espagne fut à Madrid. En déchargeant les vaisseaux il se trouva huit grandes caisses de chocolat dont le dessus était: chocolat pour le très révérend père général de la compagnie de Jésus. Ces caisses pensèrent rompre les reins aux gens qui les déchargèrent et qui s'y mirent au double de ce qu'il fallait à les transporter à proportion de leur grandeur. L'extrême peine qu'ils y eurent encore avec ce renfort donna curiosité de savoir quelle en pouvait être la cause. Toutes les caisses arrivées dans les magasins de Cadix, ceux qui les régissaient en ouvrirent une entre eux et n'y trouvèrent que de grandes et grosses billes de chocolat, arrangées les unes sur les autres. Ils en prirent une dont la pesanteur les surprit, puis une deuxième et une troisième toujours également pesantes. Ils en rompirent une qui résista, mais le chocolat s'éclata, et ayant redoublé ils trouvèrent que c'étaient toutes billes d'or, revêtues d'un doigt d'épais de chocolat tout alentour; car, après cet essai, ils visitèrent au hasard le reste de la caisse et après toutes les autres. Ils en donnèrent avis à Madrid, où malgré le crédit de la société on s'en voulut donner le plaisir. On fit avertir les jésuites, mais en vain. Ces fins politiques se gardèrent bien de réclamer un chocolat si précieux; et ils aimèrent mieux le perdre que de l'avouer. Ils protestèrent donc d'injure qu'ils ne savaient ce que c'était, et ils y persévérèrent avec tant de fermeté et d'unanimité que l'or demeura au profit du roi, qui ne fut pas médiocre, et on en peut juger par le volume de huit grandes caisses de grandes et grosses billes solides d'or; et le chocolat qui les revêtait demeura à ceux qui avaient découvert la galanterie.”
Saint-Simon, Mémoires, tome 3, chapitre 5.
Recette : chocolat aux fleurs
Il suffit de faire fondre une tablette de chocolat au micro-ondes ou au bain-marie, puis le faire couler au fond du moule voulu, déposer dessus les fleurs comestibles comme sur la photo (vous pouvez également ajouter des graines, des noisettes, etc) et mettre au frigo pour au moins 2h. 
Les couleurs ressortiront mieux avec du chocolat blanc.
Les fleurs comestibles se trouvent facilement chez les herboristes (rose, bleuet, hibiscus, etc) et parfois dans les magasins bios.
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cuisinedegrandpere · 3 years
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Micro-nouvelle : Le meilleur goûter du monde
La tempête avait désorienté le capitaine, et l'orage éclaira des matelots mouillés par la pluie et la peur. Les vagues nous poussèrent vers l'ombre immense à tribord et la coque se brisa contre une muraille de récifs, puis tout s'évanouit dans le vacarme et la nuit.
Je m'éveillais dans une crique, étendu sur la moitié d'une chaloupe en proie au ressac. Une fade lumière rose et bleue annonçait l'aube. Je passais la main dans mes cheveux et aperçus à cent pas les restes du navire, dispersés comme un rêve.
Le jour apporta sa clarté et son calme. Je distinguais une rivière qui s'enfonçait dans l'île. Avec douceur, le courant m'emporta sans que j'aie à ramer. Des poissons dorés m'escortèrent. Bientôt une jungle épaisse et brillante enveloppa la rive, où j'aperçus des yeux rouges s'allumer immobiles. C'était de petits crabes aux airs de cerises.
La rivière fit un coude et j'accostais sur une plage ombragée. Je m'accordais un instant de répit pour songer à mes parents, à ma femme et à mes jouets restés à Cadix. J'ôtais des feuilles d'algues de ma chemise et m'avançais vers les bois, où je dénichais des fruits étranges et sucrés.
Je me reposais sur la pelouse quand une odeur de fille m'éveilla. Je me levais. L'arôme émanait d'un buisson mauve. Je m'approchais prudemment en écartant les branches. Un rugissement me fit tomber en arrière : une bête féroce bondit vers moi et j'eus à peine le temps de dégainer un poignard que j'enfonçais désespéramment dans sa chair. L'animal s'écroula sur moi dans un râle d'agonie et expira en plongeant ses griffes tout près de moi. J'entendis quelques battements d'ailes, puis le calme revint. Le dernier souffle du fauve réchauffa mon visage. Je m'endormis en caressant son pelage taché de sang.
J'ouvris les yeux sur un tout autre spectacle. On m'observait. Souris, taupes, furets, musaraignes, rats de mer et loutres des bois, tout un monde de rongeurs m'encerclait dans le calme inquiétant de la forêt. Je me relevais avec peine, et dans un couinement général ils reculèrent tous d'un pas. J'écartais le cadavre du fauve, qui était un jaguar, et me levais finalement. Les rongeurs portaient des tissus multicolores auxquels pendaient des clochettes. Ils couinèrent et sautillèrent à la vue d'un si grand jeune homme. Rien de tout cela ne m'étonna. Mais alors je vis de petits êtres accroupis dans les buissons et cachés dans les arbres, leurs yeux rivés sur moi, comme leurs sarbacanes.
- Qui êtes v...
Un sifflement suivi d'une violente piqûre sur la jambe m'empêcha de finir ma question. Je baissai les yeux et sortis de ma cuisse une fléchette ou plutôt un cure-dents, serti d'étoffes. Je reconnus mon agresseur : on le réprimandait sévèrement. C'était un enfant minuscule, qui me regardait tout effrayé en murmurant des sons inaudibles. Ses congénères avaient l'air de poupées pleines de poils. Étaient-ils humains ? L'un deux s'avança vers moi et se lança dans une longue déclaration, illustrée par des gestes indiquant le jaguar. Par ses mimes je compris que l'animal était leur ennemi et qu'on m'invitait à fêter sa mort dans leur royaume au cœur de la jungle.
Nous y allâmes à dos de tapir en emmenant le jaguar. Ces pygmées les montaient à cinq ou six comme des carrosses, jouant de la flûte et du tambour pour les faire avancer. J'eus droit à une bête à moi seul. Les rongeurs suivaient le cortège en courant et couinant tout autour. Je me laissais bercer par ce nouveau monde.
Des cabanes innombrables, éparpillées à perte de vue sous des manguiers constituaient l'essentiel de leur royaume. Des messagers nous ayant précédés, notre arrivée fut accueillie par une pluie de pétales de fleurs tombant des arbres ou du ciel, et couvrant bientôt la terre d'une fine pellicule molle et multicolore. Des fillettes en robe de paille apportèrent des fruits gros comme leurs têtes.
Je mis pied à terre et mon petit agresseur me prit par la main en gloussant, puis me guida sous un arbre où un lit de coussins m'attendait. Une fois allongé tel un prince d'orient, des furets s'installèrent sur mon ventre. On m'offrit des breuvages tandis que deux loutres jumelles m'éventaient avec des feuilles de bananiers. Puis on déposa en face de nous la dépouille du jaguar qu'une taupe à binocle dépeça rituellement. Des souris tournaient autour frénétiquement. Je savourais le spectacle avec amusement.
Un défilé de souriceaux transportait des objets et des fruits inconnus vers un lieu que je ne pouvais voir et où nous nous dirigeâmes. Apparemment une cueillette extraordinaire avait été ordonnée. Je me levais. Les furets s'aggripèrent à mes habits et je posais une loutre sur chaque épaule. Des odeurs exquises exhalaient de ce lieu qui attirait vers lui toute la forêt.
Au creux d'une clairière éloignée et délimitée par des chapiteaux mauves et jaunes, un monde s'activait autour d'une gigantesque marmite. Sous celle-ci, des ratons alimentaient un grand feu en y jetant des bûches et de la poudre. Les poupées en transe murmuraient des incantations. Je m'asseyais avec mes amis sur un tronc d'arbre couvert de mousse et de tapis. Depuis trois échelles posées sur le rebord de la marmite, trois grosses taupes à toque tournaient des cuillères grandes comme des lances dans la compote géante. Des papillons venaient chercher refuge dans les grands rayons de lumière, et sur la pelouse des souris dansaient en agitant des tambourins. Le reste de la tribu parsemait les flancs de la clairière, assis ou debout, agitant haut leurs bras ou grignotant des baies et des noix. Un détachement de campagnols armait chaque assistant d'un verre de bière ou d'hydromel.
Après notre arrivée, des lièvres apportèrent fièrement les morceaux de jaguar empaquetés dans des tissus bleus ; puis, après un roulement de tambour, ils les lancèrent un à un dans la marmite. Alors un hourra retentit dans toute la clairière et gagna la forêt entière. Mais au même instant, un bruit de tonnerre assourdit l'atmosphère. Les hourras reprirent de plus belle et le même bruit fracassa mes oreilles. Je m'étonnais d'être le seul effrayé. Un à un, les membres de la tribu se tournèrent vers moi en me dévisageant. Le tonnerre s'approchait, les hourras s'amplifiaient. L'air sembla se charger d'alcool ; les rongeurs affolés se mirent à grimper sur mes jambes ; je sentis mon corps s'immobiliser et tomber très lentement en arrière sans pouvoir les repousser ou même de crier, et ma chute interminable s’accéléra quand une pénombre assombrit la clairière et plongea mon corps dans un abîme de guilis.
Je m'éveillais en sueur, le visage collé au plastique de la nappe. J'écarquillais les yeux. Grisou jetait par terre mes petits soldats. Je le poussais de la table : il miaula d'agacement. Je me relevais en me débarbouillant la figure quand tatie entra dans la cuisine en chantant. Elle tira la queue de Grisou en le menaçant comme toujours d'en faire une compote. « Eh bien, je vois que tu rêvasses comme toujours » me dit-elle. Puis elle sortit du four, encore fumante, sa délicieuse tarte aux mirabelles et je poussais un gloussement de joie, car sa tarte aux mirabelles, c'est vraiment le meilleur goûter du monde.
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cuisinedegrandpere · 3 years
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«À ce moment la porte s'ouvrit, et sur le seuil, précédés par le majordome, quatre valets en livrée apparurent apportant, sur une espèce de brancard recouvert d'un magnifique brocart rouge aux armes des ducs de Tolède, un énorme poisson couché au milieu d'un immense plateau d'argent.
Un « oh ! » de joie et d'admiration parcourut la table, et en s'écriant : « voici la Sirène ! » le général Cork se tourna vers Mrs. Flat, et s'inclina.
Le majordome, aidé des valets, déposa le plateau au milieu de la table, devant Mrs. Flat, et recula de quelques pas.
Tous regardèrent le poisson, et pâlirent.
Un petit cri d'horreur s'échappa des lèvres de Mrs. Flat, et le général Cork blêmit.
Une petite fille, quelque chose qui ressemblait à une petite fille, était étendue sur le dos au milieu du plateau, sur un lit de vertes feuilles de laitue, dans une grande guirlande de branches de corail. Elle avait les yeux ouverts, les lèvres demi-closes : et contemplait d'un regard étonné le Triomphe de Vénus peint au plafond par Luca Giordano. Elle était nue : mais sa peau brune, luisante, du même violet que la robe de Mrs. Flat, modelait exactement comme une robe ses formes encore hésitantes et déjà harmonieuses, la ligne douce de ses hanches, la légère éminence de son ventre, ses petites seins virginaux, ses épaules larges et pleines.
Elle ne devait pas avoir plus de huit ou dix ans, bien qu'à première vue, tant elle était précoce et ses formes déjà féminines, elle parût en avoir quinze. Déchirée çà et là, ou élimée par la cuisson, surtout sur les épaules et sur les hanches, la peau laissait entrevoir à travers les cassures et les fêlures la chair tendre, tantôt argentée, tantôt dorée, si bien qu'elle semblait vêtue de violet et de jaune, tout à fait comme Mrs. Flat.
Et tout comme celui de Mrs. Flat, son visage (qui l'eau bouillante avait fait éclater comme un fruit trop mûr hors de son écorce) était semblable à un masque brillant de porcelaine ancienne. Elle avait, comme Mrs. Flat, les lèvres saillantes, le front étroit et haut,, les yeux ronds et verts. Ses bras étaient courts, des espèces de nageoires se terminant en pointe, en forme de main sans doigts. Une mèche de soies, presque des cheveux, ornait le sommet de sa tête, tombant le long du petit visage, tout ramassé et comme recroquevillé, dans une espèce de grimace pareille à un sourire, autour de la bouche. Les hanches, longues et fines, se terminaient, comme dit Ovide, in piscem, en queue de poisson.
La petite fille gisait dans son cercueil d'argent, et semblait dormir. Mais, par suite d'un oubli impardonnable du cuisinier, elle dormait comme dorment les morts auxquels personne n'a eu le soin pieux de fermer les paupières, elle dormait les yeux ouverts. Elle contemplait les Tritons de Luca Giordano soufflant dans leurs conques marines, les dauphins, attelés au char de Vénus, galopant sur les ondes, Vénus toute nue assise dans son char d'or, au milieu du cortège blanc et rose de ses Nymphes, et Neptune, debout dans sa coquille, brandissait son trident, emporté par la fougue de ses chevaux blancs, encore altérés du sang innocent d'Hippolyte. Elle contemplait le Triomphe de Vénus peint au plafond, cette mer bleue, ces poissons argentés, ces verts monstres marins, ces blancs nuages errant au fond de l'horizon : cette mer, c'était sa patrie perdue, le pays de ses rêves, le royaume heureux des Sirènes.
C'était la première fois que je voyais une petite fille cuite, une petite fille bouilllie : et je me taisais, étreint par une terreur sacrée. Tous les convives étaient pâles d'horreur.
Le général Cork regarda ses hôtes, et d'une voix tremblante s'écria :
- Mais ce n'est pas un poisson !... C'est une petit fille !
- Non, dis-je, c'est un poisson.
- Êtes-vous sûr que c'est un poisson, un vrai poisson ? Me demanda le général Cork en passant sa main sur son front baigné d'une sueur froide.
- C'est un poisson, dis-je, c'est la fameuse Sirène de l'Aquarium. »
Après la libération de Naples, les Alliés avaient, pour des raisons militaires, interdit la pêche dans le golfe : entre Sorrente et Capri, entre Capri et Ischia, la mer était barrée de champs de mines et parcourue par des mines à la dérive, qui rendaient la pêche dangereuse. Et les Alliés, surtout les Anglais, n'osaient pas laisser les pêcheurs aller au large, de crainte qu'ils n'apportassent des renseignements aux sous-marins allemands, ou ne les ravitaillassent en mazout, ou ne missent en danger, d'une façon quelconque, les centaines et les centaines de navire de guerre, de transports militaires, de Liberty-Ships, ancrés dans le golfe. Se méfier des pêcheurs napolitains ! Les croire capables de tels crimes ! Mais ainsi vont les choses du monde : la pêche était interdite.
Il était impossible de trouver dans Naples, je ne dis pas un poisson, mais une arrête de poisson : pas une sardine, pas une sole, pas une langouste, pas un rouget, pas une petit poulpe, rien. Si bien que le général Cork, quand il offrait à dîner à quelque haut officier allié, à une maréchal Alexander, à un général Juin, à un général Anders, ou à quelque homme politique important, à un Churchill, à un Vichinsky, à un Bogomolow, ou à quelque commission de sénateurs américains, venus en avion de Washington pour recueillir les critiques des soldats de la Vème Armée à leurs généraux, et leurs opinions, leurs conseils, sur les plus graves problèmes de la guerre, avait pris l'habitude de faire pêcher le poisson pour sa table dans l'Aquarium de Naples qui, après celui de Monaco, est peut-être le plus important d'Europe.
C'est pourquoi aux dîners du général Cork le poisson était très frais et d'espèce rare. Au dîner qu'il avait offert en l'honneur du général Eisenhower, nous avions mangé le fameux « poulpe géant » offert à l'aquarium de Naples par l'empereur d'Allemagne Guillaume II. Les célèbres poissons japonais appelés « dragons », don de l'empereur japonais Hiro Hito, avaient été sacrifiés sur la table du général Cork en l'honneur d'un groupe de sénateurs américains. L'énorme bouche de ces monstrueux poissons, les branchies jaunes, les nageoires noires et vermeilles semblables à des ailes de chauve-souri, la queue verte et or, le front hérissé de pointes, et crêté comme le casque d'Achille, avaient profondément déprimé l'esprit des sénateurs, déjà préoccupés par les difficultés de la guerre contre le Japon. Mais le général Cork, qui à ses vertus militaires joint les qualités du parfait diplomate, avait relevé le moral de ses hôtes en attaquant le « Johnny got a zero » la célèbre chanson des aviateurs américains du Pacifique, que tous avaient chanté en chœur.
Au début, le général Cork avait fait pêcher le poisson pour sa table dans les viviers du lac de Lucrino, célèbre pour ses féroces et exquises murènes, que Lucullus, qui possédait une villa aux environs de Lucrino, nourrissait avec la chair de ses esclaves. Mais les journaux américains, qui ne perdaient aucune occasion d'adresser d'âpres critiques au Haut Commandement de l'U.S Army, avaient accusé le général Cork de « mental cruelty », pour avoir obligé ses hôtes, « respectables citoyens américains », à manger les murènes de Lucullus. « Le général Cork peut-il nous dire, avaient osé imprimer quelques journaux d'Amérique, avec quelle chair il nourrit ses murènes ? »
Ce fut à la suite de cette accusation que le général Cork avait donné l'ordre de pêcher dorénavant le poisson pour sa table dans l'Aquarium de Naples. Ainsi, un à un, tous les poissons les plus rares et les plus fameux de l'Aquarium avaient été sacrifiés à la « mental cruelty » du général Cork : même l'héroïque espadon offert par Mussolini (qui avait été servi bouilli et garni de pommes de terre), même le magnifique thon, présent de Sa Majesté Victor-Emmanuel III, et les langoustes de l'île de Wight, gracieusement offertes par Sa Majesté Britannique Georges V.
Les précieuses huîtres perlières que S.A le duc d'Aoste, vice-roi d’Éthiopie, avaient envoyées en don à l'Aquarium de Naples (c'étaient des huîtres perlières des côtes d'Arabie, en face de Massaouah), avaient relevé le dîner que le général Cork avait offert à Vichinsky, vice-commissaire soviétique aux Affaires Étrangères, alors représentant de l'URSS à la commission Alliée en Italie. Vichinsky avait été très étonnée de trouver, dans chacune de ses huîtres, une perle rose, couleur de la lune naissante. Et il avait levé les yeux de son assiette, regardant le général Cork avec le même regard que s'il avait eu en face de lui l'émir de Bagdad au cours d'un dîner des Mille et une Nuits.
- Ne crachez pas le noyau, lui avait dit le général Cork, il est délicieux.
- Mais c'est une perle ! S'était écrié Vichinsky.
- Of course, is a pearl ! Don't you like it ?
Vichinsky avait avalé la perle, en murmurant entre ses dents, en russe : « ces capitalistes pourris ! »
Il ne paraissait pas moins étonné que Winston Churchill, lorsque celui-ci, invité par le général Cork, avait trouvé dans son assiette un poisson rond et mince, de la couleur de l'acier, pareil au disque des anciens discoboles.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Churchill.
- A fish, un poisson, répondit le général Cork.
- A fish ? Dit Churchill en observant cet étrange poisson.
- Comment s'appelle ce poisson ? Demanda le général Cork au majordome.
- C'est une torpille, répondit le majordome.
- What ? Dit Churchill.
- A torpedo, dit le général Cork.
- A torpedo ? Dit Churchill.
- Yes, of course, a torpedo, dit le général Cork, et se tournant vers le majordome lui demande ce qu'était une torpille.
- Un poisson électrique, répondit le majordome.
- Ah ! Yes, of course, un poisson électrique ! Dit le général Cork tourné vers Churchill.
Et tous deux se regardèrent, en souriant, les couverts à poisson en l'air, sans oser toucher la « torpille ».
- Vous êtes sûr que ce n'est pas dangereux ? Dit Churchill après quelques instants de silence.
Le général Cork se tourna vers le majordome :
- Croyez-vous qu'il soit dangereux de le toucher ? Est-il chargé d'électricité ?
- L'électricité, répondit le majordome dans son anglais prononcé à la napolitaine, est dangereuse quand elle est crue : cuite, elle ne fait pas mal.
- Ah ! S'écrièrent Churchill et le général Cork.
Et poussant un soupir de soulagement, ils touchèrent le poisson électrique avec la pointe de leurs fourchettes.
Mais un beau jour il n'y eut plus de poissons dans l'Aquarium : il ne restait que la fameuse Sirène (un spécimen très rare de cette espèce de « sirénoïdes » qui, par leur forme presque humaine, ont été à l'origine de l'antique légende des Sirènes, et quelques merveilleuses branches de corail.
Le général Cork, qui avait la bonne habitude de s'occuper personnellement des plus petits détails, avait demandé au majordome quelle variété de poisson on pourrait trouver dans l'Aquarium pour le dîner en l'honneur de Mrs. Flat.
- Il reste bien peu de chose, avait répondu le majordome, une Sirène et quelques branches de corail.
- La Sirène est-elle un bon poisson ?
- Excellente ! Avait répondu le majordome sans sourciller.
- Et les coraux ? Avait demandé le général Cork, qui était particulièrement méticuleux lorsqu'il s'occupait de ses dîners, sont-ils bons à manger ?
- Non, les coraux, non. Ils sont un peu indigestes.
- Alors, pas de coraux.
- Nous pouvons les mettre comme garniture, avait suggéré le majordome, imperturbable.
- That's fine !
Et le majordome avait inscrit au menu du dîner : « Sirène à la mayonnaise, garnie de coraux. »
Maintenant tous les convives regardaient, muets de surprise et d'horreur, cette pauvre petite fille morte, étendue, les yeux ouverts, au milieu du plateau d'argent, sur un lit de feuilles de laitue verte, entourée d'une guirlande de branches roses de corail.”
Curzio Malaparte - La peau, p-319
Recette : tartare de truite aux pistaches
Hacher le filet de truite, les pistaches, une échalotte et de la ciboulette. Mélanger le tout dans les bols, ajouter 1cs d’huile d’olive par bol, ainsi que sel et poivre.
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cuisinedegrandpere · 3 years
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« Il était évident qu'en passant dans la salle à manger un même sentiment animait tous les convives. Ils se demandaient quelle bizarre influence les avait menés tous dans cette maison, et cependant, tout étonnés et même tout inquiets que quelques-uns étaient de s'y trouver, ils n'eussent point voulu ne pas y être.
[…]
Le repas fut magnifique ; Monte-Cristo avait pris à tâche de renverser complètement la symétrie parisienne et de donner plus encore à la curiosité qu'à l'appétit de ses convives l'aliment qu'elle désirait. Ce fut un festin oriental qui leur fut offert, mais oriental à la manière dont pouvaient l'être les festins des fées arabes.
Tous les fruits que les quatre parties du monde peuvent verser intacts et savoureux dans la corne d'abondance de l'Europe étaient amoncelés en pyramides dans les vases de Chine et dans les coupes du Japon. Les oiseaux rares avec la parties brillante de leur plumage, les poissons monstrueux étendus sur des lames d'argent, tous les vins de l'Archipel, de l'Asie Mineure et du Cap, enfermés dans des fioles aux formes bizarres et dont la vue semblait encore ajouter à la saveur de ces vins, défilèrent comme une de ces revues qu'Apicius passait, avec ses convives, devant ces parisiens qui comprenaient bien que l'on pût dépenser mille louis à un dîner de dix personnes, mais à la condition que, comme Cléopâtre, on mangerait des perles, ou que, comme Laurent de Médicis, on boirait de l'or fondu.
Monte-Cristo vit l'étonnement général, et se mit à rire et à se railler tout haut.
- Messieurs, dit-il, vous admettez bien ceci, n'est-ce pas, qu'étant arrivé à un certain degré de fortune il n'y a plus de nécessaire que le superflu, comme ces dames admettront qu'arrivé à un certain point d'exaltation il n'y a plus de positif que l'idéal ? Or, en poursuivant le raisonnement, qu'est-ce que le merveilleux ? Ce que nous ne comprenons pas. Qu'est-ce qu'un bien véritablement désirable ? Un bien que nous ne pouvons avoir. Or, voir des choses que je ne puis comprendre, me procurer des choses impossibles à avoir, telle est l'étude de toute ma vie. J'y arrive avec deux moyens : l'argent et la volonté. Je mets à poursuivre une fantaisie, par exemple, la même persévérance que vous mettez, vous, monsieur Danglars, à créer une ligne de chemin de fer ; vous, monsieur de Villefort, à faire condamner un homme à mort ; vous, monsieur Debray, à pacifier un royaume ; vous, monsieur de Château-Renaud, à plaire à une femme ; et vous, Morrel, à dompter un cheval que personne ne peut monter. Ainsi, par exemple, voyez ces deux poissons, nés, l'un à cinquante lieue de Saint-Pétersbourg, l'autre à cinq lieues de Naples : n'est-ce pas amusant de les réunir sur la même table ?
- Quels sont donc ces deux poissons ? Demanda Danglars.
- Voici M. de Château-Renaud, qui a habité la Russie, qui vous dira le nom de l'un, répondit Monte-Cristo, et voici le major Cavalcanti, qui est italien, qui vous dira le nom de l'autre.
- Celui-ci, dit Château-Renaud, est, je crois, un sterlet.
- À merveille.
- Et celui-là, dit Cavalcanti, est, si je ne me trompe, une lamproie.
- C'est cela même. Maintenant, monsieur Danglars, demandez à ces messieurs où se pêchent ces deux poissons.
- Mais, dit Château-Renaud, les sterlets se pêchent dans la Volga seulement.
- Mais, dit Cavalcanti, je ne connais que le lac de Fusaro qui fournisse des lamproies de cette taille.
- Impossible ! S'écrièrent ensemble tous les convives.
- Eh bien, voilà justement ce qui m'amuse, dit Monte-Cristo. Je suis comme Néron : cupitor impossibilium ; et voilà, vous aussi, ce qui vous amuse en ce moment ; voilà enfin ce qui fait que cette chair, qui peut-être en réalité ne vaut pas celle de la perche ou du saumon, va vous sembler exquise tout à l'heure, c'est que, dans votre esprit, il était impossible de se la procurer, et que cependant la voilà.
- Mais comment a-t-on fait pour transporter ces deux poissons à Paris ?
- Oh ! Mon Dieu ! Rien de plus simple : on a apporté ces deux poissons chacun dans un grand tonneau matelassé, l'un de roseaux et d'herbes de ce fleuve, l'autre de joncs et de plantes du lac ; ils ont été mis dans un fourgon fait exprès ; ils ont vécu ainsi, le sterlet douze jours, et la lamproie huit ; et tous deux vivaient parfaitement lorsque mon cuisinier s'en est emparé pour faire mourir l'un dans du lait, l'autre dans du vin. Vous ne le croyez pas, monsieur Danglars ?
- Je doute au moins, répondit Danglars, en souriant de son sourire épais.
- Baptistin ! Dit Monte-Cristo, faites apporter l'autre sterlet et l'autre lamproie ; - -vous savez, ceux qui sont venus dans d'autres tonneaux et qui vivent encore.
Danglars ouvrit des yeux effarés ; l'assemblée battit des mains.
Quatre domestiques apportèrent deux tonneaux garnis de plantes marines, dans chacun desquels palpitait un poisson pareil à ceux qui étaient servis sur la table.
- Mais pourquoi deux de chaque espèce ? Demanda Danglars.
- Parce que l'un pouvait mourir, répondit simplement Monte-Cristo.
- Vous êtes vraiment un homme prodigieux, dit Danglars, et les philosophes ont beau dire, c'est superbe d'être riche.
- Et surtout d'avoir des idées, dit Mme Danglars.
- Oh ! Ne me faites pas honneur de celle-ci, madame ; elle était fort en honneur chez les Romains ; et Pline raconte qu'on envoyait d'Ostie à Rome, avec des relais d'esclaves qui les portaient sur leur tête, des poissons de l'espèce de celui qu'il appelle le mulus, et qui, d'après le portrait qu'il en fait, est probablement la dorade. C'était aussi un luxe de l'avoir vivant, et un spectacle fort amusant de le voir mourir, car en mourant il changeait trois ou quatre fois de couleur, et, comme un arc-en-ciel qui s'évapore, passait par toutes les nuances du prisme, après quoi on l'envoyait aux cuisines. Son agonie faisait partie de son mérite. Si on ne le voyait pas vivant, on le méprisait mort.
- Oui, dit Debray ; mais il y a sept ou huit lieues d'Ostie à Rome.
- Ah ! Ça, c'est bien vrai, dit Monte-Cristo ; mais où serait le mérite de venir dix-huit cent ans après Lucullus, si l'on ne faisait pas mieux que lui ? »
Le comte de Monte-Cristo, tome 2, p.392-394 (poche, 1973)
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cuisinedegrandpere · 3 years
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Paul Morand, Flèche d'Orient, chapitre IX
« Déjà l'impatient Zafiresco l'entraînait vers un hangar aux planches mal jointes, calfatées de goudron, où les vitres en papier huilé laissaient passer une lumière douce et sans chaleur.
- Nous entrons au palais du caviar, dit-il. Comme tu vois, ce produit de luxe a des origines modestes.
Dimitri fut saisi soudain d'une odeur familière, odeur russe de cuir et de foie de morue. Des hommes souillés, hirsutes, maniaient les œufs d'esturgeons, les tamisaient.
-Dans ce baquet, le caviar gris que l'on mange frais. Goûte cette crème à reflets d'argent qui roule sur la langue. Dans cet autre, les petites grains salés, pressés et passés à la saumure, du caviar de conserve.
Zafiresco trancha la pâte noire avec un couteau de bois, et cria la bouche pleine :
- 800 lei le kilo ici ; 2000 à Bucarest ; 4000 à Paris ; 8000 à New-York. C'est le moment de faire tes provisions.
- Ça n'a pas l'air d'enrichir ces pauvres gens, répondit Dimitri.
Il regardait ces vieillards lourds, que seuls les rhumatismes empêchaient d'être en mer, malaxant de leurs doigts fangeux cet aliment commun qui s'en irait bientôt vers les grands restaurants où, présenté dans un bol de glace pilée, il deviendra à quatre mille kilomètres d'ici le mets le plus rare. Sur les couvercles de fer des boîtes qui allaient prendre l'avion à destination de l'Europe occidentale, il lisait des noms d'exportateurs, riches d'avoir spolié ces moujiks qui eux-mêmes vivent des dépouilles de l'esturgeon ; à la porte de la coopérative l'intermédiaire guette le pêcheur comme à l'entrée de l'estuaire le pêcheur guette le poisson de mer qui s'y réfugie pour la ponte en eau douce. »
Tagliatelles au caviar
Pour 6 personnes Ingrédients: -900g de tagliatelles fraîches non cuites -30g de parmesan -90 cl de crème fraîche liquide  -Du caviar 
Recette: 1.Faire cuire les tagliatelles, le temps indiqué, dans une eau bouillante. 2.Râper le parmesan avant de chauffer la crème liquide. 3. Verser la crème chaude sur le parmesan puis mixer l’ensemble. Réserver. 4. Dresser les pâtes dans l’assiette. 5. Ajouter une belle quenelle de caviar avant de servir.
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cuisinedegrandpere · 3 years
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« À cet instant, son attention fut attirée par un attroupement qui s'était formé à deux cents pas devant lui. De l'attroupement sortaient des cris. Des cris, le mot « voleur » revenait le plus souvent.
Avec la nonchalence des vieux soldats, d'Artagnan s'approcha. Un éventaire de confiseries s'était écroulé sous le poids du combat. Nougats, pains d'épice, fruits confits, amandes, sucres candis, roulaient sur le sol.
La population d'Arles s'était aussitôt divisée en deux parties. L'une assistait. L'autre agissait.
Faut-il ajouter que la première était simplement composée d'Arlésiens et d'Arlésiennes, tandis que la seconde était faite de gamins et de chiens ?
Ces derniers s'employaient à démontrer qu'il ne se peut rien perdre dans la nature.
Quelque intérêt qu'il y eût à cette démonstration, d'Artagnan jugea utile de séparer les combattants.
L'un deux, serré par les mains d'acier, présentait la couleur violacée propre au nez de M. Mulot quand il avait poursuivi ses études trop avant dans la nuit.
Ayant agi par la force du poignet, d'Artagnan voulut parfaire son œuvre par la sagesse du raisonnement :
- Mes amis, la violence n'est pas l'habit de tout le monde. Tertullien a écrit...
Devons-nous préciser que d'Artagnan avait peu fréquenté Tertullien ? Son étonnement n'en fut que plus grand d'être aussitôt reconnu.
- M. d'Artagnan !
- Planchet !
Car c'était Planchet l'agresseur. Un Planchet inaltérable, vêtu de toile d'Alençon et qui portait une barbe.
Seulement la barbe était fausse et s'était à moitié séparée du visage dans l'effort du combat.
Planchet réajusta son déguisement piliforme avant de s'écrier :
- Silence ! Un officier de Sa Majesté vous écoute ruminer.
Puis il se tourna vers son ancien maître.
- Monsieur saura que je venais de commander à ce misérable cinquante livres de macarons, livrables ce matin.
- Tu as bel appétit, fit d'Artagnan.
- Oui, mais qu'est-ce qu'un macaron ?
- Tout est là.
- C'est un certain mélange d'amandes, de sucre, de blanc d'oeuf et de citron.
- Voilà qui est parlé.
- Monsieur veut-il goûter une de ces pièces ?
Planchet tendit un macaron au mousquetaire qui déclina cet honneur.
- Que nous dit notre palais, si nous absorbons cette chose ? Il nous dit tout d'abord que nous avons affaire à des noix au lieu des amandes.
- Oh ! Oh ! Des noix !
- Puis que ces blancs proviennent d'oeufs de canes et non pas de poules.
- Des canes ! Diable, mon ami, si le lieutenant criminel savait cela !
- Puis que ce sucre est mêlé de farine.
- De farine ? Le cardinal me confiait hier...
- Enfin !
Et Planchet leva un doigt doctoral.
- Enfin, le citron n'est que de l'orange, Monsieur. De la vulgaire orange.
D'Artagnan prit sa mine la plus grave pour se tourner vers le coupable :
- Son éminence me confiait donc qu'à son opinion on ne rouait jamais assez.
- Pitié, Monseigneur ! Ma femme est en couches et...
- Ainsi, non content de salir tes pâtisseries, tu t'en prends à ta femme ? Et cette pauvre créature va sans doute accoucher d'aussi grands criminels que toi. Qu'en penses-tu, Planchet ?
- Ma fois, Monsieur...
- Que je devrais en parler au roi ? J'y songerai, car Sa Majesté est fort exacte pour tout ce qui concerne les macarons.
Et, fendant la foule, d'Artagnan suivi de Planchet s'éloigna de la foire. »
Recette de macarons à l’orange de l’atelier des chefs
Ingrédients :
Pour les macarons
Sucre glace : 210 g
Poudre d'amande : 150 g
Blanc(s) d'oeuf : 130 g
Sucre en poudre : 90 g
Colorant poudre orange : 2 g
Pour la garniture
Orange(s) : 5 pièce(s)
Citron(s) jaune(s) : 1 pièce(s)
Oeuf(s) : 4 pièce(s)
Fécule de maïs : 15 g
Sucre en poudre : 50 g
Préparation :
1. POUR LES MACARONS
Préchauffer le four à 160 °C. Avec un robot coupe, réduire le sucre glace et la poudre d'amande en une poudre très fine, puis tamiser le tout. Monter en neige les blancs d'oeufs, puis les meringuer avec le sucre et laisser tourner pendant 3 min. Incorporer ensuite à la maryse le sucre glace et la poudre d'amande, puis "macaroner" la préparation (rabattre délicatement la préparation sur elle-même en prenant l'ensemble de la masse, l'appareil doit devenir moelleux et brillant et réaliser un ruban). Ajouter enfin quelques grammes de colorant orange. Avec une poche à douille, dresser les macarons sur un tapis de cuisson (12 grosses coques) et les laisser croûter à température ambiante durant 15 min. Les cuire ensuite dans un four à 160 °C pendant 14 à 15 min.
2. POUR LA GARNITURE
Presser les oranges et le citron. Dans une casserole, faire fondre le sucre dans le jus, puis laisser tiédir. Battre les oeufs entiers dans un bol et ajouter la Maïzena. Verser ensuite ce mélange dans le jus tiède, porter à ébullition puis battre jusqu'à épaississement. Laisser refroidir l'appareil. Garnir une coque de macaron à l'aide d'une poche, puis refermer délicatement avec une autre coque. Laisser les coques s'humidifier au frais pendant 24 h minimum avant de les déguster.
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cuisinedegrandpere · 3 years
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« Une recette orientale nous apprend à placer une olive dans une caille, la caille dans le corps d'une pintade, la pintade dans un dindon, le dindon dans un porc, le porc dans un veau, le veau dans un bœuf ; puis à faire cuire le tout à la broche et surtout à sucer négligemment le noyau de l'olive, débarrassé de ses chairs inopportunes.
C'est brave, mais c'est léger de conception et monotone d'exécution. Un grand chef de Vevey, M. Morand, ayant tâté les éléments et connu le secret des essences, agit plus noblement. Il prend une baleine, de celles qui ne dépassent pas 22m de longueur. Il les juge plus fines. Il les pêche au large de la Terre de Feu. Tout le long de la traversée, il demande qu'on l'oigne d'excellent cognac. La maison Delamain en fournit. Le monstre entré dans sa cuisine, il le truffe hardiment d'un millier d'écrevisses et d'un cent de sarcelles. Il y place, au centre, un éléphant du Siam qu'il a désossé (conservant cependant les os du pied). L'éléphant s'appelait Charlemagne, il ne parlait qu'allemand. Il a couru dans les bois qui entourent Kambaengbejra. Il est bourré de truffes du Piémont, la sauge embaume sa cervelle, des diamants de la plus belle eau sont cachés çà et là. Comme le dit sagement M. Morand, s'ils ne peuvent donner du goût, ils ne sauraient non plus en retirer.
L'éléphant est également farci d'une douzaine d'antilopes. Un taureau, un Pedro Domecq, vient faire nombre. Deux ou trois de ces antilopes ont par le corps un beau mouton de Castres. Chaque mouton est empli d'alouettes. Chaque alouette a son olive.
Le chef Morand fait rôtir sa baleine dans le cratère d'un volcan. Il le prend en fin de carrière, mais toujours après un accès de mauvaise humeur. Le feu de la terre a son parfum. Le manquer serait tout perdre. Ce souci le conduit parfois au Pérou. Tout ce temps, il arrose inlassablement au cognac.
La cuisson terminée, il dépèce et recherche celles des olives qui ont le mieux profité de la préparation. Il en garde jusqu'à cinq ou six. Il a pour cela le goût le plus exquis. Elles sont brûlantes, devant lui. Il les emballe dans le dernier numéro du Financial Times, les place dans le coffre de sa voiture rouge, entre un bidon d'essence et un chiffon d'huile. Il parcourt ainsi quatorze mille kilomètres.
D'ailleurs, rentré à Paris, ces olives, il les perd. Il en achète quelques-unes, un peu plus tard, au Prisunic de Vevey. Elles nagent dans l'eau. Je suis là, je l'observe. Il les gobe. Il sait tout de celles qu'il avait préparées avec tant de soin. Il sourit. Les vivantes, il les déclare très bonnes.
C'est sa façon à lui de jeter les choses de ce monde. »
Roger Nimier - L’élève d’Aristote p. 270-272 (Gallimard, 1981)
Peinture : portrait de Paul Morand par Jacques-Emile Blanche
Recette : les ramereaux aux olives, par Toulouse-Lautrec.
Ingrédients :
4 pigeons ramiers ou poules de Cornouailles
3 tranches de bacon fumé, hachées
3 échalotes
1 oignon
1 bouquet garni
1,8 litre de bouillon de volaille
250 g d’olives vertes dénoyautées
¼ cuillère d’armagnac ou cognac
1 tasse de mélasse
Farce
225 g de bœuf haché (légèrement sauté)
225 g de saucisse à l’ail française ou une saucisse douce de porc ou de veau (légèrement sautée, si elle n’est pas précuite)
15 g de truffes (facultatif — à défaut utilisez du beurre ou de l’huile de truffe)
2 tasses de beurre de truffe ou de beurre ordinaire
1 tasse de marjolaine fraîche et de thym (facultatif)
muscade râpée
poivre, sel
Préparation :
Prenez quatre pigeons et mettez à l’intérieur de la petite cavité une farce de saucisses, de viandes et de truffes, assaisonnée d’herbes, de noix de muscade râpée, de poivre et sel. Glissez le beurre de truffe sous la peau, avec soin, car elle est très fragile. Salez et poivrez les volailles.
Attachez-les et faites dorer dans une cocotte en fonte peu profonde. Retirez-les et faites revenir le bacon, les échalotes et l’oignon.
Ajoutez le bouquet garni, salez, poivrez. Remettez les pigeons dans la cocotte et laissez-les mijoter doucement pendant une demi-heure sans couvrir. Ajoutez des olives vertes dénoyautées qui ont été bien dessalées, ajoutez l’armagnac et laissez cuire encore 10 minutes.
Chauffez le gril.
Laissez les oiseaux cuire bien dans la sauce, puis retirez-les pour faire réduire la sauce. Délayez la mélasse avec quelques cuillères à soupe de sauce pour en badigeonner les pigeons. Mettez sous le gril quelques instants pour qu’ils brunissent.
Servez les pigeons sur un plat entouré d’olives et de la sauce filtrée qui doit être riche et épaisse. Accompagnez de riz sauvage au beurre de truffe.
                                                           *
La meilleure façon de déguster ces pigeons farcis est de séparer la poitrine de la carcasse pour manger poliment (et ronger les petits os après). Ils ne doivent pas être trop cuits : la poitrine doit rester rose et tendre. Vous pouvez saumurer les pigeons dans l’eau salée pendant une nuit pour les attendrir.
Ce plat succulent était le chef-d’œuvre du peintre, qui lui faisait s’exclamer devant les béotiens de la peinture : « Ils n’auront jamais droit aux ramereaux aux olives, ils n’en sont pas dignes ! ».
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cuisinedegrandpere · 3 years
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« Une cuisine modèle. J'ai vu à Sainte-Menehould, raconte Victor Hugo, une belle chose, c'est la cuisine de l'hôtel de Metz.
C'est là une vraie cuisine. Une salle immense, un des murs occupé par les cuivres, l'autre par les faïences. Au milieu, en face des fenêtres, la cheminée, énorme caverne qu'emplit un feu splendide. Au plafond, un noir réseau de poutres magnifiquement enfumées, auxquelles pendent toutes sortes de choses joyeuses, des paniers, des lampes, un garde-manger, et au centre une large nasse à claire-voie où s'étalent de vastes trapèzes de lard. Sous la cheminée, outre le tournebroche, la crémaillère et la chaudière, reluit et pétille un trousseau éblouissant d'une douzaine de pelles et de pincettes de toutes formes et de toutes grandeurs. L'âtre flamboyant envoie des rayons dans tous les coins, découpe de grandes ombres sur le plafond, jette une fraîche teinte rose sur les faïences bleues, et fait resplendir l'édifice fantastique des casseroles comme une muraille de braise. Si j'étais Homère ou Rabelais, je dirais :
« Cette cuisine est un monde, dont cette chemin »e est le soleil. »
C'est un monde en effet. Un monde où se meut toute une république d'hommes, de femmes et d'animaux. Des garçons, des servantes, des marmitons, des rouliers attablés sur des poêles, sur des réchauds, des marmites qui gloussent, des fritures qui glapissent, des pipes, des cartes, des enfants qui jouent, et des chats, et des chiens, et le maître qui surveille. Mens agitat molem.
Dans un angle, une grande horloge à gaîne et à poids dit gravement l'heure à tous ces gens occupés. Parmi les choses innombrables qui pendent au plafond, j'en ai admiré une surtout, le soir de mon arrivée, c'est une petite cage où dormait un petit oiseau. Cet oiseau m'a paru être le plus admirable emblème de la confiance. Cet antre, cette forge à indigestion, cette cuisine effrayante est jour et nuit pleine de vacarme, l'oiseau dort. On a beau faire rage autour de lui, les hommes jurent, les femmes querellent, les enfants crient, les chiens aboient, les chats miaulent, l'horloge sonne, le couperet cogne, la lèchefrite piaille, le tournebroche grince, la fontaine pleure, les bouteilles sanglotent, les vitres frissonnent, les diligences passent sous la voûte comme le tonnerre ; la petite boule de plume ne bouge pas. – Dieu est adorable, il donne la foi aux petits oiseaux. »
Le grand dictionnaire de cuisine, « quelques mots au lecteur » p.45-46
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