Deux petits textes : Jihane et Khalid + un vieux truc retrouvé mais qui va bien avec le précédent billet
Bon, ça fait un moment que je disais que j'allais le sortir celui-là mais, le voilà "enfin" on va dire : un petit OS où on voie l'enfance de Claude (alors Khalid) à Almyra ainsi que sa soeur ainée - et première héritière du trône de shah - Jihane (ainsi qu'un autre personnage qui s'est rajouté à la dernière minute). Dans mon fanon, c'est la seule ou une des seules personnes de sa famille en-dehors d'Oswald avec qui Claude a une bonne relation, la décrivant souvent comme "la seule personne saine d'esprit dans une maison de fous" quand il sera adulte alors, j'avais envie de vous la présenter un peu.
Par contre, fans de Tiana qui la voie comme une girlboss badass et une bonne mère pour Claude, je vous conseille de passer votre chemin. Je ne la considère pas très bien (tout comme son cher et tendre qui ne s'appelle pas Sélim [comme Sélim II le Blond ou l'Ivrogne] et qui n'a pas accédé au trône comme l'empereur romain Claude pour rien) alors, cette version du personnage sera conforme à ces descriptions dans les supports de Claude : une femme qui rit en voyant son fils être attaché à la selle de son père, et qui doit courir derrière un cheval quand il est puni (petit rappel, un cheval au trot, c'est 14 km/h en moyenne, au galop, c'est 21 km/h en moyenne, jusqu'à plus de 60km/h pour les plus rapides et Alexandre le Grand a tué Bétis, chef de la ville de Gaza, en accrochant une corde à ses talons et en le faisant trainer derrière un char jusqu'à mort s'en suive).
De plus, il y a également de la maltraitance d'enfant et une situation où Claude a l'impression d'être mis à nu devant tout le monde car, Tiana a arraché son turban, les cheveux étant associé à une certaine pudeur qu'il faut couvrir quand on sort de la petite enfance dans cette partie d'Almyra.
Et pour le deuxième texte, je l'ai retrouvé parmi d'autres petits écrits de mes brouillons, "vraiment petits trucs écrits comme ça", qui sont des textes courts et que je ne finis pratiquement jamais. Etant donné que cela collait avec mes derniers billets, c'était l'occasion de le sortir de son trou sans en faire un billet entier vu qu'il est assez vieux. Ce texte était pratiquement fini (il manquait littéralement les 4 dernières phrases et la relecture) et il doit avoir un an, un an et demi alors, il ne doit pas être très à jour avec mon lore actuel alors, ne vous étonnez pas si des choses ne colle plus.
Il s'agit d'une histoire centrée sur la famille Gautier, où Miklan pense avoir réussi à se débarrasser de Sylvain. D'ailleurs, un des personnages de ce texte est Adeline, une précédente version de "maman Gautier" étant donné qu'il y a eu trois étapes avant d'arriver à Fregn. Elle est beaucoup plus semblable aux autres mères Gautier du fandom dans le sens où elle est très soumise et effacée, notamment face à Isidore, avant que son personnage n'évolue vers Fregn qui est - à mon avis - bien plus intéressant étant donné qu'elle est bien plus proactive et avec beaucoup de compétences.
Enfin bon, maintenant que tout est clair, bonne lecture et suite sous la coupe !
1 : Enfance de Claude
Khalid se glissa dans l’écurie des wyvern, attendant que le palefrenier s’en aille pour se glisser un peu plus loin. Les grandes bêtes couvertes d’écailles passèrent leur tête au-dessus de la clôture de leur stalle, regardant distraitement l’origine des petits pas les dérangeant pendant leur sieste, leurs yeux sombres le suivant dans sa course vers le fond de l’écurie.
« Bonjour Bavqar, bonjour Halqe… les salua-t-il tous à mi-voix, ne devant pas se faire remarquer, même s’il prit un peu de temps pour saluer les chefs de la horde, deux immenses wyverns brunes avec des zébrures sur les écailles, couvertes de cicatrices après avoir survécu à bien des batailles. Nader lui avait toujours dit de bien la respecter et c’était les montures de ses parents après tout. « Bonjour Nyrv, bonjour Brutal… ne dites pas à Père et à Mère que je suis venu, d’accord ? Il me gronderait… »
Les deux bêtes massives le fixèrent une seconde avant de retourner dormir, sans doute bien plus intéressante que lui. Khalid poussa un soupir de soulagement avant de repartir en courant, ne devant pas se faire prendre. Normalement, il devrait être à l’entrainement à la lance mais, il n’aimait pas du tout cette arme alors, il avait échappé à son instructeur pour venir ici. Sa mère lui avait également interdit d’aller aux écuries, elle disait qu’il était de trop haute naissance pour mettre les pieds dans le foin et le sable. Il se ferait gronder mais, si c’était par Nader ou les autres janissaires, ça irait. Si c’était son père ou pire sa mère par contre… le jeune garçon essaya de ne pas y penser, ses pieds et ses mains s’en souvenant encore que trop bien, se concentrant plutôt sur la recherche de la stalle d’Arezu.
Après quelques minutes de recherches, il finit par la retrouver, enroulée sur elle-même tout au fond de l’écurie, toute seule dans la paille et du sable, devenant un gros pois blanc au milieu d’un océan de jaune. Défaisant sans problème le nœud sur la porte, Khalid entra, l’appelant doucement en priant Ahura Mazda pour ne pas se faire remarquer.
« Eh… ! Arezu ! Pssst ! Viens ! »
La petite bête releva la tête, avant de foncer vers lui en le reconnaissant, le poussant dans le sable alors qu’elle le couvrait de coup de langue, le faisant rire, même s’il essaya de ne pas faire trop de bruit.
« Oui, moi aussi, je suis content de te voir, sourit-il en lui faisant un câlin, sortant un gros fruit rouge de son cafetan. Je t’ai apporté des grenades, on va pouvoir les manger ensemble ! »
Arezu poussa un grognement joyeux, cassant sans problème la peau épaisse pour dévorer les grains acides à l’intérieur, tout comme Khalid avec la sienne, heureux de la partager avec son ami. La mère d’Arezu l’avait rejeté et les autres petites wyverns s’amusaient à la mordre car, elle était toute blanche avec des ailes veinées de rouge au lieu de brune comme sa mère alors, elle était toujours toute seule, comme lui à cause de sa peau plus claire et de ses yeux verts étrangers, surtout que sa mère ne l’aidait jamais, ça créait des liens…
Quand ils eurent fini de goutter, Khalid et Arezu s’amusèrent ensemble, d’abord en silence puis, plus il riait avec la petite wyvern, oubliant complètement sa prudence alors qu’il sautait partout dans la paille, n’entendant pas les pas s’approcher de plus en plus de lui, préférant s’amuser à qui tirera le plus fort sur la corde avec son ami à écailles.
« Eh ! Qu’est-ce que tu fais là gamin ?!
Khalid releva la tête d’un coup, voyant un palefrenier le foudroyer du regard depuis la porte de la stalle. Son corps bougeant tout seul, Khalid fonça sans réfléchir se cacher dans un tas de foin avec Arezu mais, c’était peine perdu, l’homme le tira bien vite de sa cachette en criant, bien malgré les morsures d’Arezu mais, c’était peine perdue, elle n’avait pas encore de dent et l’homme semblait habitué à dompter des wyverns bien plus grosse. Il hurla sur Khalid, furieux avant de réaliser.
– Qu’est-ce que tu fiches là ? Voleur hein ? T’essayais de voler une des wyverns de notre vénéré shah ?! Je vais t’apprendre sale gosse… mais attend, bien habillé comme ça… t’es pas un enfant des janissaires toi ? Mais qu’est-ce qu’un enfant du shah vient faire dans… aïe !
Profitant de son étonnement et d’une morsure plus forte que les autres d’Arezu dans sa cuisse, Khalid échappa à son étreinte et se mit à courir à toute vitesse en direction de la caserne des janissaires, évitant le plus possible de se faire attraper par qui que ce soit. Sale comme il était, on le prendrait sans doute pour un voleur alors, il fallait qu’il trouve Nader avant qu’un garde plus bas que lui ne lui mette la main dessus ! Il se ferait gronder, et Nader le punirait surement en lui rajoutant des corvées à la caserne mais, ce serait toujours moins pires que si c’était sa mère ou son père qui lui tombait dessus ! Il n’avait pas envie de courir à nouveau derrière un cheval au galop ! Il avait fini trainé dans la boue sous les rires de sa mère et de ses demi-frères et sœurs, et il avait eu de la chance de finir avec juste une épaule déboitée et une cheville foulée ! Non ! Il ne voulait pas que ça recommence !
Paniquant en entendant la voix de sa mère au loin, Khalid se retourna une seconde pour voir si le palefrenier le poursuivait toujours et où elle était, quand il rentra dans quelqu’un, la violence du choc le faisant tomber par terre.
« Aïe ! D… Désolé, j’ai pas fait exprès !
Il releva le nez et vit une très belle femme qu’il reconnut comme sa demi-sœur Jihane, constatant les dégâts sur son « sari », la robe traditionnelle du pays de sa mère, recouvert du sable et de la boue de l’écurie d’Arezu là où Khalid était rentré, tachant le jaune éclatant tranchant avec sa peau brune très sombre et les quelques cheveux noirs dépassant de son voile avec du brun sale. Bon, au moins, c’était la meilleure personne sur qui tomber avec Nader mais, il devait quand même dégager en vitesse avant que sa mère n’arrive ! Il entendait sa voix s’approcher de plus en plus !
– Khalid… commença Jihane, posant ses yeux noirs comme la nuit sur lui. Mais qu’est-ce… qu’est-ce qui t’es arrivé ? Pourquoi tu…
– Je… je suis désolé… mais s’il te plait, je dois vraiment filé avant que…
– Khalid !
Le jeune garçon paniqua encore plus en entendant la voix furieuse de sa mère l’appeler, tentant de s’enfuir mais, il fut bloqué par le garde de sa grande sœur, l’empêchant de partir alors que Tiana arrivait, folle de rage. Avant que Jihane n’ait pu dire quoi que ce soit, elle lui attrapera le poignet, le serrant à l’en broyer, le tirant sur ses jambes alors qu’elle lui hurlait dessus.
– Khalid ! Qu’est-ce que tu as fait pour finir dans cet état ?! Tes vêtements sont fichus ! Tu es sale comme un paysan ! Et j’ai aussi appris que tu avais sauté ton cours de lance ! Tu es allé te rouler dans la boue à la place d’étudier ?! C’est ça Khalid ?!
– N… non… ! J’ai rien fait ! Je le jure devant Ahura Mazda ! J’ai rien fait de mal !
– Non seulement tu es sale, mais en plus, tu mens ! Devant un dieu avec ça !
Avant qu’il n’ait pu reculer pour l’éviter, Tiana le gifla, lui lacérant la joue avec ses ongles, avant de lui arracher son turban, exposant sa tête devant tout le monde. Non ! Il ne voulait pas qu’on voie ses cheveux ! Il ne voulait pas être tête nue devant tout le monde ! Mais il n’eut pas le temps de penser à sa honte d’être vu ainsi en public, que sa mère lui attrapait son oreille pour la tirer, lui hurlant encore plus dessus, furieuse.
– Tout ton habit est ruiné ! Un habit presque neuf ! Et tu sautes les entrainements et tu me mens avec ça ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu te rends compte de ce que tu fais ?! N’ose même pas croire que ton père ne va pas être au courant !
– Aïe ! ça fait mal ! S’il vous plait mère ! Lâchez-moi ! J’ai pas fait exprès ! Je… je voulais juste jouer avec Arezu ! Finit-il par avouer en espérant que ça ferait arrêter sa mère.
Khalid sut qu’il avait commis une énorme erreur en la voyant se figer, avant d’exploser encore plus fort, ses yeux semblant sortir de ses orbites, rouge de colère.
– Tu es allé jouer avec les wyverns ?! Je t’avais interdit de t’en approcher ! Je vais t’apprendre à te rouler dans la crasse comme… !
– Tiana, arrêtez immédiatement. Lâchez Khalid. Je vais le corriger moi-même.
Jihane s’était mise entre eux, passant son bras entre Khalid et sa mère. Tiana se figea, perçant sa belle-fille du regard alors qu’elle lui ordonnait.
– Ne t’en mêle pas Jihane. Tu n’as pas à me faire la leçon sur la manière d’éduquer mon fils ou à me donner d’ordre.
– Ce n’est pas mon intention. Simplement, c’est moi qui aie été lésée. C’est mon sari qui a été sali, il est donc normal que je m’occupe de corriger celui qui m’a fait du tort. De plus, vous n’avez pas à l’exposer tête nue en place publique. C’est indécent et choquant pour toutes les personnes dans ce jardin.
– Tu es choqué par une tête nue ? Ne te fiche pas de moi ! Ce n’est que des cheveux ! Et tu n’as pas à me donner des ordres ! Je suis ta belle-mère !
– Je sais que c’est surement difficile pour une étrangère telle que vous de comprendre mais, il est regrettable qu’après douze ans à vivre dans notre pays, vous ne compreniez toujours pas nos codes. Vous êtes dans la même situation que ma propre mère, vous auriez dû également vous adapter et comprendre que nous avons une notion de la décence différente de celle de votre pays d’origine. De plus, même si vous êtes un autre bijou pendu au cou de mon père, notre vénéré shah, comme toutes ses autres concubines, je reste la fille ainée du shah Sélim le deuxième et de Pari à présent Delaram, le cœur calme, sœur du raja de Pratihara Anil, héritière légitime du trône d’Almyra, » Jihane releva la tête, toisant Tiana de haut, nullement impressionnée par elle. « En cette qualité, je vous ordonne de lâcher votre fils pour me laisser le corriger par moi-même.
Il eut un long instant de silence entre elles, juste rompu par les halètements de douleur de Khalid, jusqu’à ce que sa mère le libère enfin de son emprise, lui laissant enfin reprendre pied alors qu’elle s’éloignait, finissant par accepter de se soumettre à Jihane. Cette dernière la jugea du regard avant de reprendre la parole, ordonnant cette fois à son petit frère.
– Khalid. Recouvre-toi et suit moi. »
Le petit garçon obéit immédiatement, enroulant aussi vite qu’il put son turban sur la tête pour se couvrir à nouveau, retrouvant sa décence avec soulagement avant de suivre sa grande sœur jusqu’à ses appartements. Jihane n’était pas très grande, ni très assidue à l’entrainement mais, elle marchait vite, à une cadence quasi militaire. Elle gardait toujours son dos très droit, lui donnant un maintien parfait. Il avait entendu une fois une autre enfant des janissaires raconter que leur sœur ainée pourrait se balader avec vase sur la tête toute la journée, qu’il ne tomberait jamais tellement elle restait droite et digne en toutes circonstances. Ça la rendait vraiment impressionnante malgré sa silhouette très fine et menue… elle était déjà si belle… leur père la désignait comme « le plus beau bijou de sa couronne » et vantait tout le temps sa beauté devant tous les ambassadeurs…
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent dans les appartements de l’héritière, immense par rapport à celui de Khalid qui n’avait qu’une chambre à la caserne étant donné qu’il ne vivait pas avec sa mère. Là, c’était pratiquement une maison entière dans le palais, avec une grande pièce à vivre gorgée de soleil et avec tout ce qu’il fallait. À l’odeur, le jeune garçon parierait même qu’elle avait sa propre cuisine personnelle pas loin.
Dès qu’elle fut à l’intérieur, Jihane se retourna pour la première fois vers eux, donnant ses ordres avec calme, mais aussi fermeté. Contrairement à Tiana, d’autres concubines ou leurs autres frères et sœurs, elle n’élevait jamais la voix mais, elle arrivait quand même à obtenir tout ce qu’elle voulait juste en parlant… c’était assez impressionnant à voir…
« Farnaz, allez chercher des habits propres pour Khalid, puis prévenez Nader que je m’occupe de lui. Informez-le aussi de la dernière colère de Tiana. Jabiz, apportez-moi la boite des premiers secours ainsi que de quoi se laver les mains et le visage. Assieds-toi Khalid, je vais m’occuper de toi.
– Mais je vais tâcher tes coussins… marmonna Khalid en frottant sa joue blessée, se souvenant des colères de Tiana quand il salissait quelque chose.
– Ce n’est pas grave, lui assura sa sœur. Le tissu, ça se lave. Ta plaie à la joue par contre risque de s’infecter à cause de la saleté si on ne s’en occupe pas rapidement, surtout si tu la frottes. Vous nous apporterez aussi de quoi manger Jabiz, », ajouta-t-elle alors que la servante revenait avec une grande boite assez simple, débordant de petits flacons, de pots et de bandes. « Tu as faim Khalid ? Une course pareille a dû t’ouvrir l’appétit…
Khalid lui jeta un regard méfiant, sachant que même si Jihane était de loin sa sœur la plus gentille, il fallait toujours se méfier quand on lui offrait de la nourriture… deux fils de concubines importantes étaient déjà morts après avoir accepté l’invitation d’un troisième, avant que ce dernier ne soit également retrouvé mort, chute dans les escaliers… il ne devrait même pas accepter de toucher un onguent venant de quelqu’un de sa fratrie ou d’une autre concubine…
Cependant, comme si elle lisait dans ses pensées, sa grande sœur lui assura.
– Le repas ne sera pas empoisonné, les potions aussi, ni les bandages. Je n’ai aucun intérêt à ta mort, je n’ai pas envie d’avoir le sang d’un de mes demi-frères sur les mains inutilement, et ta mort ne m’arrangerait pas non plus. Maintenant, assieds-toi, il faut qu’on regarde ta joue.
La fatigue lui faisant baisser sa garde, le jeune garçon accepta, s’installant sur le divan, observant tout autour de lui. Un autel décoré d’une statue d’un homme avec une tête d’éléphant était dans l’angle de la pièce, les bâtonnets d’encens le décorant embaumant encore la pièce de leur parfum, même si Khalid reconnaissait aussi des éléments almyrois dans sa conception. Tout dans cette pièce ressemblait à un mélange entre les deux cultures de Jihane, les murs reflétant celle de leur père, et une grande partie de la décoration celle de sa mère… mais ce qui l’intéressait le plus, c’était sa bibliothèque, recouvrant un pan entier du mur, tellement grande que Jihane devait utiliser une petite échelle pour accéder aux étagères les plus hautes, débordant de livres et de rouleaux. Il rêverait de pouvoir lire au moins une toute petite partie tout ça…
– Au nom des dieux, Tiana ne t’a vraiment pas raté…
Jihane s’assit à ses côtés, observant les griffures sur sa joue et les marques sur son poignet, laissé par les ongles de sa mère. Après avoir demandé l’autorisation d’un regard, elle lui prit doucement le visage pour le tourner, exposant sa joue blessée avant de se mettre à le débarbouiller, retirant la saleté avec un linge doux, puis elle nettoya la plaie avec un tissu imbibé de potion, le piquant un peu mais, il ne put s’empêcher de se détendre grâce à ses soins, apaisé par l’attention que lui portait Jihane, ses gestes doux… c’était rare qu’on s’occupe de lui comme ça…
– Et voilà, mieux… souffla-t-elle après avoir fini de s’occuper de ses plaies et lui avoir nettoyé son visage et ses mains. Comment va ton oreille ? Elle te fait mal ? Tiana n’y est pas allée de main morte…
– Un peu…
– Umh… on ferait mieux de vérifier si elle ne t’a pas déchiré quelque chose… enfin, même si on est de la même famille, tu préféreras sans doute que ce soit Nader qui s’en occupe, je comprendrais que tu ne veuilles pas relever ton turban devant moi… surtout après ce qui vient de se passer…
Khalid hésita un peu, n’ayant pas très envie de se montrer encore plus quasi nu à qui que ce soit. Cependant, malgré tout, il hocha la tête, imposant seulement pour condition.
– … Non… non, c’est bon, toi, tu peux… il est mal fait de toute façon… mais tu ne le relèves pas trop… vu que… tu sais…
– Je comprends, je ferais attention.
Prudemment, elle releva un peu le tissu serré, marmonnant quelque chose dans la langue de sa mère avant de prendre un nouveau tissu propre.
– Elle t’a aussi blessé là… ses ongles sont un vrai fléau… ne bouge pas.
Elle nettoya la plaie avant de la recouvrir d’un pansement, alors que Farnaz revenait avec des habits tout propres, s’inclinant devant sa maitresse alors qu’elle lui donnait.
– Cette fois, cela devrait être bon… merci Farnaz. Va te changer dans la pièce d’à côté, tu ne seras pas dérangé comme ça. Il ne devrait y avoir personne à cette heure-ci.
Khalid prit tout de suite les habits propres et alla se changer dans la chambre que lui avait indiqué Jihane. C’était étrange… la chambre ressemblait à celle d’un enfant de shah mais, il y avait plusieurs lits, séparés par des rideaux pour donner un peu d’intimité à leurs potentiels occupants… et ce n’était surement pas celle de Jihane ou de ses suivantes, étant donné qu’il y avait un foyer pour Ahura Mazda, des tapis de prières orientés vers la ville sacrée du prophète du Seigneur des Levants et des Couchants, et même un petit autel pour les adorateurs de la secte de Seiros, mais pas de statuettes des dieux de l’Est… il y avait même tout ce qu’il fallait pour vivre ensemble… ça ressemblait à la salle commune de la caserne…
Khalid enfila en vitesse son habit neuf avant de rattacher son turban, le serrant assez solidement pour que personne ne puisse l’arracher, puis retourna dans la pièce principale de la maison où se trouvait Jihane avec un nouveau sari propre, un grand plateau recouvert de collation devant elle, remerciant d’un signe de tête Jabiz et Farnaz qui se retirèrent toutes les deux. Elle se tourna ensuite vers lui, lui demandant :
« Tu te sens mieux ?
– Oui, merci Jihane… mais dit, c’est quoi cette pièce ? On ne dirait pas ta chambre, ni celles de tes domestiques… il y a l’air d’avoir beaucoup de gens qui y vivent mais, il n’y a pas d’autel comme celui avec l’homme-éléphant, alors que beaucoup de tes servantes viennent du pays de ta mère…
– En effet, ce n’est pas ma chambre ou celle de mes préposées, c’est celle des invités. Beaucoup d’enfants des janissaires, de concubines de bas rang ou d’aventure d’un soir avec une servante viennent vivre avec moi. Ils savent qu’ils ne seront pas menacés par qui que ce soit ici. Comme je te l’ai dit, je n’ai aucun intérêt à tuer mes demi-frères et sœurs, encore moins ceux d’un rang inférieur au mien ou avec des mères qui ne sont guère ambitieuses. Je leur ouvre donc ma porte et les laisse vivre ici.
– Tu fais ça comme ça ? Sans rien demander en retour ? » La questionna-t-il sans vraiment y croire. Même si Jihane était très gentille et bonne avec ses cadets, même elle ne pouvait pas être aussi généreuse… pas ici en tout cas…
« Assez peu de choses, seulement qu’en échange, ils ne tentent pas de s’en prendre à moi et d’être compréhensif si je leur demande une faveur. Il est parfois plus utile et efficace de ne rien demander en échange d’un service rendu et d’agir sans arrière-pensée immédiate. Bien traiter les autres en continue est bien plus utile sur le long terme et surtout, bien plus sain pour le corps et l’esprit, » lui expliqua-t-elle calmement, « même si c’est surement difficile à comprendre quand on a vécu toute sa vie dans le harem où tout se monnaie immédiatement et avec une mère comme la tienne qui demande toujours des comptes sur le champ. Enfin, tu comprendras surement quand tu seras plus grand et que tu auras rencontré des gens en qui tu pourras avoir une pleine confiance… enfin, je te félicite pour avoir compris tout de suite que ce n’était pas la chambre de mes servantes en te basant sur ce qui s’y trouvait, tu es très observateur… même si Ganesh, le Meilleur des Guides, n’est pas le seul dieu que le pays de ma mère adore, c’est celui que je préfère et dont je voudrais suivre l’exemple, nota-t-elle en désignant respectueusement l’autel dans le coin de la pièce.
– Ganesh ? Le dieu à tête d’éléphant ? Pourquoi c’est celui que tu préfères Jihane s’il y en a plusieurs ? Lui demanda-t-il, se demandant pourquoi ce dieu était aussi spécial pour elle.
– Ces fonctions sont multiples mais, il est avant tout le dieu de sagesse, de l’intelligence, de l’éducation, du succès et de la prudence. C’est également le protecteur de ceux qui travaillent pour approfondir leur savoir. En tant qu’héritière au trône et en tant que personne, j’espère pouvoir agir avec autant de sagesse que lui en est capable et de rester prudente vis-à-vis des personnes dépendant de moi, souffla-t-elle, le regard sérieux et solennel, avant de dire d’un ton légèrement plus léger, même si elle gardait toujours la dignité qui la caractérisait. Et aussi parce que j’aime beaucoup apprendre de nouvelles choses alors, il est le dieu qui veille sur mon apprentissage et celui de tous les écoliers et étudiants.
– Un dieu de l’intelligence… mais pourquoi il a une tête d’éléphant ? Et ta statue est cassée ? Il lui manque une défense ! Et pourquoi il est assis sur un rat sur ton autel ? Et si c’est un dieu qui n’est pas associé à la guerre, pourquoi il tient une hache, un nœud de pendu et une grosse aiguille ? Et pourquoi il tient un bol remplit ? Et c’est quoi la guirlande tout autour de son cou ? Et il a plein de fonction ! Mais s’il en a autant, ils font quoi les autres dieux ? Ils ont autant de fonction que lui ? Et…
– Du calme Khalid, une question à la fois ! Ria de bon cœur Jihane devant l’avalanche de curiosité du petit garçon. Je vais tout expliquer si tu veux. En plus, mieux vaut que tu restes ici le temps que Tiana se calme et que Nader vienne te chercher. J’ai une version des védas traduite en farsi, tu devrais pouvoir mieux suivre si je te l’explique avec… songea-t-elle en se relevant, lui tournant le dos alors qu’elle cherchait dans sa bibliothèque. Une seconde… il doit être quelque part par-là…
Khalid ne put s’empêcher de penser qu’elle n’était pas très prudente de lui tourner le dos ainsi… lui, il évitait toujours de tourner le dos à qui que ce soit à part Nader, même avec sa mère… mais cette pensée s’échappa de son esprit, éjecté par sa curiosité quand sa grande sœur tira un livre de sa bibliothèque et l’invita à côté d’elle pour le lire ensemble. Trop curieux, le petit garçon accepta, écoutant Jihane lui raconter l’histoire de Ganesh, le fils que Parvati avait conçu seule quand son mari Shiva était parti méditer sur une très haute montagne, lui tenant compagnie et surveillant la maison de sa mère, jusqu’à ce que Shiva revienne et ne le décapite de rage car, il lui avait interdit d’entrée pendant que sa mère se baignait, ignorant son identité, projetant sa tête tellement loin qu’on ne put la retrouver. Pour consoler son épouse et se faire pardonner, le dieu à la peau bleu aurait remplacé sa tête par celle du premier enfant qui passait et que sa mère ne surveillait pas, qui fut un éléphanteau dont la mère dormait en lui tournant le dos. Par cet acte, Shiva acceptait Ganesh comme son propre fils, acceptant de réparer sa faute et de s’occuper de lui comme s’ils partageaient le même sang en devenant un père aimant. Cela pouvait également symboliser le fait que Ganesh se débarrassait de son propre égo afin de s’élever spirituellement mais, Khalid préférait la version où c’était Shiva qui acceptait de réparer ses erreurs en s’occupant de Ganesh… c’était une historie qui lui faisait du bien…
Sans s’en rendre compte, l’après-midi entière passa à une vitesse folle, Khalid écoutant sa sœur lui raconter les histoires du pays de sa mère tout en grignotant des en-cas salé et épicé, posant des milliers de questions auxquelles Jihane répondait patiemment. Le petit garçon était en train de lutter pour rester éveiller, pratiquement plus pour entendre la suite que par méfiance, quand on frappa à la porte. Farnaz alla ouvrir et vit Nader, saluant respectueusement Jihane en s’inclinant devant elle :
« Votre Altesse Jihane, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cette interruption impromptue. Je suis venu chercher votre petit frère, le prince Khalid, afin de le ramener à ses quartiers. Il est l’heure pour lui de regagner sa chambre afin de respecter le couvre-feu.
– Je comprends Nader, c’est vrai qu’il commence à se faire tard. Il est temps de conclure…
– Mais on était au milieu de l’histoire ! Protesta-t-il, ne voulant plus partir même s’il fatiguait. Et t’as pas fini de m’expliquer cette histoire de réincarnation ! Comment un esprit peut sauter d’un corps à un autre ? ça marche comment ? Je veux en savoir plus !
– Et bien, tu pourras revenir un autre jour pour que je te raconte la suite, qu’en dis-tu ? Comme ça, tu auras bien le temps de digérer tout ce que tu as entendu aujourd’hui, et tu pourras mieux comprendre ce qu’on verra la prochaine fois. Ma porte est toujours ouverte, et Tiana ne pourra pas venir te tirer d’ici par la force, tu seras tranquille comme ça, lui proposa-t-elle d’une voix douce, semblant plus détendue qu’au début de l’après-midi elle aussi.
– D’accord ! Répondit Khalid sans vraiment réfléchir, voulant juste continuer à en apprendre plus et pouvoir dévorer la bibliothèque de sa sœur. Je peux venir demain matin ? Ah non, c’est l’entrainement de tir à l’arc et ça, c’est bien… ou la prochaine fois que c’est le cours de lance ?
– Je ne pense pas que Dame Tiana votre mère accepterait de vous voir sauter l’entrainement prince Khalid… souffla prudemment Nader en posant sa main sur son épaule. Je comprends que tout ceci vous intéresse énormément mais, votre mère tient à ce que vous excelliez dans la pratique des armes…
– Hum… cependant, il serait bienvenu qu’un fils de shah et petit-fils de grand-duc sache aussi bien manier les armes de l’esprit que celles de fer, fit remarquer Jihane, pensive, ses yeux ténébreux posés sur son petit frère. De plus, si j’ai bien compris, Tiana vous fait complètement négliger sa formation intellectuelle, même si ce n’est guère étonnant de sa part, cette femme ne réfléchit qu’avec ces poings… ils se sont bien trouvés avec notre père… enfin, c’est ainsi. Je pense que sauter quelques entrainements ne lui fera pas de mal si cela lui permet de s’instruire un peu plus.
– Vraiment ?! Tu penses que je pourrais faire ça ? Mais… mais tu voudrais quoi en échange Jihane ? ça ne t’apporterait rien… lui fit-il remarquer, essayant de rester méfiant, l’offre semblant bien trop belle pour être vraie, même s’il voudrait croire que Jihane était sincère.
– Bien sûr, tu es fils de shah, il ne faut pas que tu négliges ta formation intellectuelle, elle te sera d’autant voir plus utile que celle par les armes. Et toujours avec ça… hum… alors, la prochaine fois que tu vas jouer avec les wyverns, demande l’autorisation à Nader ou à notre père. Cela évitera que tu salisses de nouveau mon sari parce que tu t’es fait prendre et que tu t’enfuis comme un voleur. Ainsi, mes domestiques ne devront pas enlever du sable maculé de crottin de wyvern de la soie. Cela te semble un échange de bon procédé correcte ?
– Tu dis ça sur l’entrainement parce que t’aimes pas ça aussi, arriva à la taquiner un peu Khalid. Et d’accord, ça me semble bien alors… et pardon pour ton sari… je n’ai pas fait exprès…
– Je sais, ne t’en fais pas. C’est surtout que ça t’évitera de t’attirer les foudres de Tiana. Le tissu se lave en quelques heures, les plaies se referment bien plus lentement. Je ne veux plus la voir t’exposer la tête nue devant tout le monde, personne ne mérite de subir une telle humiliation pour une simple bêtise d’enfant.
– D’accord… merci Jihane, parvient-il à sourire, rassuré par les mots de sa sœur, ne voulant que plus personne ne le voie sans son turban ainsi.
– Soyez-en remercier, Dame Jihane, ajouta Nader après une révérence profonde.
– C’est normal… ah ! Par contre, j’y pense, j’aurais encore quelques mots à vous dire Nader, pourrais-je m’entretenir avec vous quelques minutes ? Farnaz peut raccompagner Khalid jusqu’à la caserne.
Il eut un instant de silence avant que le général ne s’incline à nouveau, sachant qu’il ne pouvait rien refuser à Jihane quand elle lui demandait quelque chose, même ainsi.
– Bien Ma Dame. Farnaz, je vous confie le prince Khalid. Il sait ce qu’il doit faire en rentrant. Et n’oublie pas…
– Mes ablutions et remerciez Ahura Mazda pour cette nouvelle journée, je sais. T’en fais pas Nader, je m’en souviens ! Lui assura-t-il, avant de lui faire un câlin rapide puis de partir. À tout à l’heure à la caserne ! Et à une prochaine fois Jihane.
– À la prochaine Khalid, reviens vite, et je te tiendrais informer de cet entretien avec notre père, » lui jura sa sœur.
Farnaz emmena le jeune garçon avec elle, posant sa main sur son épaule avec douceur en le menant vers la caserne. Jabiz referma la porte derrière eux, puis servi un verre de thé au général avant de disposer sur ordre de sa maitresse. Cette dernière but une traite de son propre verre, laissant à son invité le temps de boire comme le voulait la politesse avant de demander, sérieuse et impénétrable, sachant à l’attitude de son petit frère avec lui que c’était le mieux placé pour lui répondre. Bien plus que Tiana ou leur père en tout cas.
« Est-ce que Khalid étudie beaucoup en-dehors des armes ?
– Il suit les cours élémentaires avec les autres enfants de la garde de son âge. Il apprend à bien lire les textes administratifs ou religieux, à écrire correctement, les rudiments des langues principales de l’Empire ainsi qu’un peu de fodlan étant donné que sa mère en vient, avec évidemment une formation en mathématique. Cependant, sa formation est principalement militaire sur demande de sa mère Tiana, ce à quoi votre père a donné sa bénédiction. Il est très bas dans l’ordre de succession et vous restez son héritière principale, il a dû penser qu’une formation intellectuelle plus poussée serait inutile, surtout qu’il n’est pas très assidu en cours, et cela ne se passe pas forcément très bien avec ses autres demi-frères et sœurs pour des raisons… des raisons que vous pouvez sans doute aisément comprendre… souffla tristement Nader, visiblement affecté par tout ceci. Il les saute assez souvent pour aller jouer avec les wyverns.
– Oui, j’imagine qu’il doit s’ennuyer mortellement, cela n’aide pas à rester concentrer, il comprend extrêmement vite. Il n’a surement jamais entendu parler des principes des croyances de Pratihara mais, il a très vite saisi plusieurs concepts pourtant assez éloignés du culte d’Ahura Mazda, et il est arrivé à identifier quel signe correspondait à quel son seulement en m’écoutant et en regardant les mots que je désignais. Il doit être très bon en langue. Et oui, je voie très bien de quelles difficultés vous voulez parler… il est difficile d’être de deux mondes si différents, surtout vu les relations avec Fodlan. J’imagine sans peine toute les insultes qu’il doit supporter, surtout qu’il n’a personne à part vous pour le protéger j’imagine, marmonna-t-elle, devinant aisément tout ce que son petit frère avait dû endurer à cause de son métissage, surtout sans personne pour le protéger. Saviez-vous qu’il avait un esprit aussi vif ? Sa mère et notre père sont au courant ? Autant pour ses capacités que pour ses brimades de la part de ses frères et sœurs. Pour ces dernières, je connais parfaitement les réactions de notre père mais, Tiana pourrait tenter de défendre son fils plutôt que l’enfoncer en l’humiliant.
– Oui, je sais depuis longtemps pour ces capacités… Vous devriez le voir quand il se sent en sécurité, il est capable de vous résoudre des problèmes et des énigmes que des enfants plus âgés et même des adultes ont bien plus de mal à résoudre ! Et il adore la petite wyvern blanche qui est née pendant la dernière couvée, Arezu ! C’est justement parce qu’il est allé la voir qu’il a séché l’entrainement aujourd’hui… c’est un petit coquin quand il n’est pas sur ses gardes mais, c’est un gamin formidable ! S’exclama-t-il avec affection, arrivant à faire légèrement sourire Jihane, même si son regard si noir restait toujours impénétrable, bien que le visage de Nader se rassombrit assez vite. Enfin, ça, c’est quand il se sent en sécurité… je crois que vous l’avez remarqué mais, il est souvent sur ses gardes, ce qui est assez normal vu qu’il est pratiquement tout seul dans le harem… Tiana se désintéresse de lui à part quand il lui fait honte et refuse de le laisser étudier comme il le voudrait. Elle veut que ce soit un bon guerrier car elle pense que cela est plus respecté… mais sans comprendre qu’un bon général doit aussi avoir une tête bien faite… plusieurs janissaires l’ont entendu croasser à ses dames de compagnie que le petit ressemblait trop à son grand-père, et au ton qu’ils m’ont décrit, ce n’est pas un compliment.
– Le grand-duc Riegan ? Je n’ai pourtant entendu que des éloges à son sujet, c’est un homme d’État reconnu et un fin diplomate. Honnêtement, j’ai toujours voulu le rencontrer, afin de vérifier si sa réputation n’est pas usurpé… enfin, cela ne m’étonne pas que Tiana ne l’apprécie pas, il n’est pas connu pour être cruel à sa différence… et pour les brimades que subit son fils, j’imagine qu’elle s’en fiche… la connaissant, ça pourrait même l’amuser… » gronda-t-elle, pleine de rancœur et de ressentiment, se souvenant des rires mesquins de cette femme quand, pour le punir d’avoir exploré une aile condamnée du palais, leur père l’avait attaché à la selle de son cheval et fait courir tout autour de la cour d’entrainement. Ce n’était même pas Tiana qui l’avait tiré de ce bourbier mais, sa propre mère Delaram qui avait fondu en larmes devant un tel spectacle et réclamé la grâce du petit, au grand désarroi de Tiana en voyant sa « punition » écourté pour les beaux yeux d’une de ses principales rivales.
« Pas exactement mais, elle pense que les brimades l’endurciront et le rendront plus fort… marmonna Nader sans cacher son inimitié envers cette concubine qu’il avait dû laisser gagner lorsqu’elle l’avait défié en duel, histoire de ne pas briser l’égo de Tiana et sa carrière par la même occasion. Et quant à votre père… comment dire… vous savez comment il est…
– …s’il s’est retrouvé sur le trône, c’est pas tant parce qu’il est un fin politicien mais, parce que tous les autres héritiers de sa génération s’étaient entretués pour le trône mais, qu’ils l’ont oublié tellement il était incompétent… je connais très bien les habitudes de mon incapable de père… le condamna-t-elle sévèrement. Autant dire que Khalid est coincé entre la peste et le choléra… un tel potentiel… ce serait du gâchis de ne pas l’aider à s’épanouir… une telle intelligence ne peut être que bénéfique pour Almyra, et nous manquons d’enfants de concubines supérieurs qui ne sont pas bouffis d’orgueil et impotents… non, pour le bien du royaume, il doit recevoir l’éducation qui sied à son rang et à ses capacités… elle se releva, regardant Nader dans les yeux, l’aspirant dans leurs ténèbres dont ils étaient impossible de se détourner. Je parlerai à mon père. Pour le meilleur ou pour le pire, il ne me refuse presque jamais rien, je devrais arriver à le convaincre de lui donner une meilleure formation intellectuelle.
– Bien Dame Jihane… cependant, pardonnez-moi si cela peut vous semblez direct mais, j’aimerais savoir pourquoi l’aidez-vous ainsi ? La questionna-t-il sans détour, ayant appris à décrypter les habitudes de l’héritière du shah. Désiriez-vous en faire un de vos fidèles ?
À force, il savait comment Jihane procédait : elle aidait très souvent les enfants de concubines de bas rang, maltraités pour diverses raisons ou ayant perdus les faveurs du shah, leur octroyait sa protection, ainsi que ce dont ils avaient besoins. Elle ne demandait jamais rien en échange mais, la plupart d’entre eux devenaient de fidèles alliés dans les luttes intestinales du palais. Nader ne se doutait pas que plusieurs d’entre eux étaient en réalité ses hommes de mains les plus dévoués… elle était suffisamment intelligente pour savoir que dans sa position, sa gentillesse pouvait être une arme redoutable.
La princesse garda le silence une seconde, réfléchissant avant de répondre, tout aussi franche avec lui et sans en prendre ombrage. Ce n’était pas dans son intérêt de se brouiller avec le principal général de son père et le chef de la garde du palais, surtout qu’ils semblaient avoir des opinions assez similaires aux siennes d’après ses sources.
– Ce serait mentir de dire que je n’aimerais pas le compter parmi mes fidèles quand il sera un peu plus grand. Il a un bel avenir devant lui et son intelligence pourrait m’être très utile pour maintenir la paix dans l’empire. De plus, j’aimerais pouvoir enfin résoudre nos différents avec Leicester au sujet des terres des opportunistes de Goneril. Ce conflit a déjà fait couler bien trop de sang alors que la principale responsable est morte depuis quatre cents ans. L’héritage mixte de Khalid pourrait être utile pour commencer à avancer sur cette question en prenant un premier contact, surtout s’il a pu entrer en contact avec sa famille maternelle. Cependant, je doute que cela arrive un jour. Il est déjà extrêmement méfiant pour son jeune âge et fait très attention à tout ce qu’on lui propose, il ne se laissera pas manipuler si facilement. Dans ces conditions, même s’il devient un concurrent un peu plus sérieux pour le trône, je préfère ne pas entrer en conflit avec lui. Qu’il soit ou non avec moi, son devoir de prince reste de servir le Royaume, et comme je vous l’ai dit, je pense qu’avec la bonne éducation, il sera un excellent élément pour l’avenir d’Almyra quand je deviendrai shahbanou à la mort de notre père. Il m’est donc bien plus utile vivant, bien traité et éduqué que mort, maltraité et ignare. Cela répond-t-il à vos inquiétudes pour votre petit protégé général Nader ?
– … oui… merci pour votre mansuétude Dame Jihane… je n’oublierais pas non plus ce que vous avez fait pour lui… qu’Ahura Mazda veille sur vous…
– Merci à vous. Qu’Il veille sur nous tous, et continuez à prendre aussi soin de mon petit frère Nader, souffla-t-elle. Maintenant, si vous le voulez bien, Khalid doit vous attendre…
– Oui. Dame Jihane. »
Il la salua avec révérence avant de s’éclipser, retournant à son poste à la maison des janissaires. Peu de temps après, plusieurs de ses protégés revinrent passer la nuit dans leurs appartements, chacun se racontant leur journée, plusieurs lui posant des questions sur Khalid après avoir entendu qu’il avait passé l’après-midi avec elle.
« Tu penses qu’il va venir dormir ici Jihane ? Lui demanda un de leur frère un peu plus âgé que le fils de Tiana, le fils d’une conquête passagère avec une concubine de bas rang dont leur père devait ignorer jusqu’à son nom. Il parait qu’il adore les wyverns mais, il est bizarre… sa peau est toute pale, ses yeux sont trop clairs et il parait que sous son turban, ses cheveux ressembleraient à de la laine de mouton…
– Oui, c’est un demi-fodlan, c’est pour ça qu’il est pas normal. Il doit être un couard fourbe, comme Eudoxie l’Opportuniste, ajouta une fille de son âge, fronçant le nez. Il parait qu’il rase toujours les murs pour ne pas se faire voir. C’est ce que font les traitres non ?
– Je ne pense pas mais, j’espère pouvoir m’entendre avec lui. Et c’est que c’est difficile de s’intégrer dans une famille aussi grande, surtout qu’il y a beaucoup d’idées reçus sur les fodlans. Et ne parlez pas ainsi, un peuple n’est pas juste défini par un seul de ces représentants et tous les fodlans ne sont pas ainsi. Ce sont des êtres humains comme vous et moi. Si on suivait cette logique, je devrais être complètement lymphatique et passer mon temps à dormir, étant donné que c’est le stéréotype qu’on les almyrois des pratiharans, les rappela à l’ordre Jihane avec un ton sévère. C’est surement pour ça qu’il a dû mal à s’intégrer alors que vous pourriez vous entendre, parce que vous le jugez avant d’apprendre à le connaitre à cause de son métissage. Je ne veux plus entendre de tel propos sous mon toit, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
– Oui Jihane… marmonna sa sœur en baissant les yeux, honteuse. Je le dirai plus…
– Moi aussi, je ferai attention…
– Bien mais, que je ne vous y reprenne plus. Allez-vous débarbouillez tous les deux maintenant, et vous irez aider Konstandia à faire la vaisselle cette semaine. Cela lavera toutes ses idées nauséabondes et passer un peu de temps avec quelqu’un originaire de la frontière de Fodlan vous fera le plus grand bien. Filez maintenant, ordonna-t-elle en les congédiant.
Les deux plus jeunes filèrent sans demander leur reste, allant vite se cacher dans la chambre des invités après leur sermon. Jihane soupira, sachant qu’il faudrait bien plus pour arriver à éradiquer ses préjugés, que ce soit dans sa famille ou dans tout son empire. Enfin, il faudrait bien commencer un jour alors, autant tenter de commencer par-là, surtout que ce genre de propos était déjà interdit dans ses appartements.
– Pour le coup de la flemmardise, c’est en partie vraie. Tu fais tout pour que les gens croient que tu ne t’entraines jamais en public. Et j’ai appris pour le petit Khalid. Ta bonté te perdra, tu le sais ça ?
Jihane se retourna en entendant Hamza, son premier petit frère, malgré le fait qu’il soit bien plus grand et large qu’elle, et qu’ils n’avaient en réalité que quelques semaines d’écart tous les deux. Fils de servante, si leur père s’était un peu occupé de lui au début, il l’avait aussi vite oublié que la couche de sa mère pour aller batifoler avec d’autres jolies concubines mais, les deux enfants s’étaient bien entendus malgré tout ce qui les séparaient. Delaram leur avait raconté une fois que la seule crise de colère que Jihane avait faite, c’était pour que son frère vienne en cours avec elle car, ce n’était pas juste que seulement elle y aille et pas lui… avec le recul, elle dirait que c’était surement parce qu’elle n'avait pas envie d’aller à l’école toute seule mais, Hamza la taquinait souvent sur le fait que c’était plutôt qu’elle n’avait pas changé d’un pouce depuis qu’elle était petite et ne se couvrait pas encore les cheveux. Elle lui fit signe pour qu’il s’isole, sachant que personne ne devrait entendre leur conversation. Une fois seuls, elle rétorqua en le fixant, même si son regard très noir ne fonctionnait jamais sur lui, la force de l’habitude.
– Je n’allais pas laisser Tiana le battre et l’humilier ainsi en public. Tu aurais vu l’état dans lequel elle l’a mis en à peine quelques minutes… je ne pouvais pas le laisser comme ça. En plus, tu sais que ce serait contre-productif pour nous de nous le mettre à dos. Son intelligence ne pourra qu’être utile, il est très loin derrière moi dans l’ordre de succession, et même si je n’aime pas le reconnaitre, son ascendance fodlan le disqualifie encore plus. Il ne peut pas me faire d’ombre pour le moment.
– Je sais et je connais la chanson, surtout qu’elle a très bien marché sur moi. Évidemment, on ne peut pas le laisser comme ça mais, si Tiana se fiche de son fils car il ne lui sert pas à grand-chose pour le moment, cette vipère risque de se réveiller quand elle se rendra compte que maintenant qu’on lui donne des cours dignes de ce nom et qu’on ne l’enferme pas dans une cour d’entrainement, c’est qu’il a un esprit qui fonctionne le gamin. En plus, je crois qu’il a ce que les fodlans appellent un emblème, je l’ai déjà vu briller et se soigner instantanément après des brimades, même s’il apparait rarement. Ça va encore plus la motiver à enfin faire quelque chose d’autre que de juste être un autre bijou autour du cou de notre cher paternel adoré. En plus, je suis sûr qu’elle va adorer voir la fille de sa plus grande rivale le prendre sous son aile. Autant dire que ce serait comme s’il trainait avec moi, c’est pas des bonnes fréquentations pour le gamin.
– Je m’en doute, c’est pour ça qu’il va falloir la jouer finement pour éviter qu’elle ne prenne la mouche, même si on risque de devoir se plier un peu devant elle pour endormir sa méfiance.
– T’es sûre que je peux pas juste l’étouffer, l’empoisonner ou lui faire avoir un accident comme les autres cons ? Marmonna-t-il en fronçant le nez avec dégout. Pas envie de la voir avec son petit sourire mesquin en croyant avoir triompher et qu’on lui mange dans la main, comme quand elle pensait avoir vaincu Nader dans un combat « à la loyale ». Ça pourrait également entacher ton image de te soumettre à ses caprices en plus…
– Non, trop risqué, le calma tout de suite sa sœur. Tiana est quand même une fodlan de haut-rang et même si d’après nos informations, personne ne sait qu’elle est ici, je n’ai pas envie qu’ils l’apprennent avec sa mort, et la prendre dans un complot pourrait aussi retomber sur Khalid à cause de la réputation des fodlans. En plus, c’est un des bijoux préférés de notre père alors, il va soit la défendre si elle est prise dans un complot, soit tout faire pour découvrir qui est responsable de sa mort si elle se fait assassiner. Il va donc falloir arriver à la garder sous contrôle ou au moins avoir de bonnes relations avec elle, avant qu’elle ne tue son fils de négligence. Alors, patience Hamza. Après toutes les couleuvres qu’on a dû avaler, une de plus ne devrait pas changer grand-chose.
– Bien, bien, c’est toi la politicienne de nous deux, pas moi. Par contre, je proteste, c’est toi qui te les enfiles les couleuvres, moi, je les utilise pour étrangler les personnes qui tentent de me les faire manger. En tout cas, je te crois et si mes informations sont justes, ce serait dommage que Khalid se fasse prendre dans ses histoires, il a l’air sympa et prometteur. En plus, je sais que si tu le considérerais comme une menace, tu ne serais pas aussi gentille avec lui.
– Tu compenses sur le plan physique et le reste. Ce que tu fais, je ne saurais pas le faire et inversement. Et exactement, même si on va attendre quelques années avant de parler de lui comme ça, c’est encore un enfant. S’il devient comme les autres et une menace pour le pays, on avisera mais pour l’instant, il a l’air bien parti pour être un bon élément pour le futur d’Almyra alors, autant en faire un allié dès que possible. En plus, tu sais que je ne laisserai pas échapper le trône comme ça. On s’est bien trop battu pour le protéger des incapables pour le laisser filer entre nos doigts. En tout cas, j’espère que tu seras là la prochaine fois qu’il vient, je suis sûre que vous pourriez vous entendre, lui sourit-elle.
– Si tu le dis… en attendant, on va tenter de te faire rattraper ton « retard » physique, tout le monde à l’entrainement ! Tu retourneras à tes livres plus tard !
Jihane soupira mais, se rendit tout de même à l’entrainement même si contrairement à sa mère et Hamza, cela ne la passionnait pas, sachant qu’elle devait savoir se défendre, même si peu de gens étaient au courant qu’elle maniait des amulettes, soigneusement cachées dans ses manches. Même si certains critiquaient sa faiblesse, cela évitait également que qui que ce soit ne la défie au combat sans passer pour un lâche de défier un « joyau » fragile, ou alors craignaient d’affronter Hamza qui la défendait dans ses cas-là. Elle n’aimait guère ce surnom mais, il pouvait être très utile malgré tout. Enfin, il fallait bien passer par l’entrainement…
Quelques jours plus tard, Jihane revit le petit Khalid toqué à sa porte accompagné d’un janissaire proche de Nader, armé de mille et une question, même s’il restait toujours sur ses gardes, mais son regard restait curieux. Comme elle lui avait promis, leur père avait accepté de lui donner une formation plus poussée en lui enlevant un peu d’entrainement. Tiana avait très mal pris son intervention mais, Jihane l’avait amadoué en faisant mine de la respecter tout en la complimentant, minaudant que Khalid était aussi brillant que sa mère, et lui offrant un ensemble d’armes typique de Pratihara finement travaillés afin d’acheter la paix. Comme après sa « victoire » contre Nader, la concubine se pavanait en claironnant qu’elle avait réussi à soumettre l’héritière du trône mais, Jihane la laissait s’agiter toute seule. Si elle arrivait à utiliser correctement l’orgueil de Tiana, elle devrait arriver à garder une marge de manœuvre suffisante afin d’aider Khalid à développer son potentiel et lui éviter de mourir à cause de ses mauvais traitements…
De son côté, le petit garçon avança prudemment. Il savait que Jihane était gentille mais, malgré tout, n’importe quoi pouvait arriver… il paraissait qu’elle était très proche d’Hamza, le deuxième enfant de leur père, qui lui obéirait au doigt et à l’œil… c’était un homme qui ressemblait à leur père avec ses yeux bruns rouge et ses courts cheveux noirs mais, également très grand et large, encore plus que Nader, une vraie force de la nature que peu de gens avaient déjà vaincu et même si c’était mal de sa part de le juger ainsi, il devait avouer qu’il le trouvait très impressionnant aussi… c’était comme Jihane, c’était difficile de dire ce qu’il avait dans la tête, sauf quand on s’en prenait à elle…
Essayant peut-être de le mettre plus à l’aise, sa grande sœur lui montra le livre qu’ils avaient commencé la dernière fois, lui demandant s’il voulait qu’elle lui réexplique certains points. De nouveau happé par sa curiosité, Khalid se détendit et s’approcha, s’essayant à côté d’elle pour l’écouter et la questionner sur le pays de sa mère.
Petit à petit, venir la voir devient une habitude, les deux ayant la même passion pour les livres et apprendre, pouvant discuter pendant des heures, étant également à l’abri des brimades de Tiana ou des autres enfants du shah avec elle. Hamza devenait également plus sympathique à force de le voir chez Jihane. Pas bavard du tout et implacable avec les ennemis de sa sœur, il ne lui tournerait clairement pas le dos s’il était l’ennemi de l’héritière mais, plutôt gentil envers ceux qu’il ne considérait pas comme une menace. Plus il grandissait, plus son intelligence croissait également, arrivant très vite à cerner des situations complexes et à les résoudre. Par contre, Jihane regrettait qu’il ait encore du mal avec les relations humaines. À part avec Nader, le petit restait très solitaire et secret, même avec elle, préférant largement la compagnie des wyverns, en particulier sa petite blanche préférée qui l’accompagnerait partout s’il pouvait, Arezu, et des livres à celles d’autres humains… enfin, cela ne l’étonnait guère non plus… être métis n’était pas facile à porter, encore plus en étant à moitié Fodlan en Almyra… surtout que Tiana n’aidait clairement pas en délaissant son fils ainsi, ne s’intéressant à lui que pour ce qu’il pouvait lui apporter… ce n’était guère étonnant que Khalid ne fasse confiance à personne…
« Espérons qu’un jour, tu trouveras la force de t’ouvrir aux autres… pria-t-elle alors qu’il lui montrait un livre qu’il avait trouvé à la bibliothèque du palais, un recueil de croquis d’un certain Maitre Claude, un peintre verrier de renom ayant réalisé parmi les plus beaux vitraux de tout Leicester, avant à mi-mot qu’il aimerait bien se rendre à Derdriu un jour pour voir tout ça de ses propres yeux. Qu’une divinité, qu’importe son origine ou les croyants qu’Elle protège, te donne la chance de te faire des amis et de rencontrer des personnes en qui tu pourras enfin avoir pleinement confiance… »
2 : Miklan pense avoir gagné mais, le retour du karma fait mal.
Miklan regarda le voleur, un peu plus bas, en train de jouer avec un chien en riant. Il avait toujours eu un bon contact avec les animaux, les apprivoisant en quelques paroles et caresses à chaque fois qu'il en croisait un. Même les chevaux les plus nerveux s'arrêtaient de piaffer et de mordre quand c'était lui, devenant doux comme des agneaux quand Sylvain tentait de s'occuper d'eux. "Un don de Gautier" que les gens disaient, "C'est bien le fils de Gautier" disait d'autres, "Il domptera les srengs aussi facilement que les bêtes" en rajoutaient encore certains des généraux...
Connerie.
C'était juste que son voleur de petit frère voulait lui pourrir la vie encore plus que sa simple existence ne le faisait déjà.
« Un chien féroce... il était censé le mordre jusqu'au sang ! Il a déjà tué un voleur celui-là ! Il n'était pas censé se mettre à quatre pattes devant lui aussi ! Enragea-t-il en voyant Sylvain câliner le chien, ce dernier remuant la queue comme un toutou à sa mémère au lieu d'un animal d'attaque, le morveux de onze ans éclatant de rire quand l'animal passa sa langue sur son visage. Bon, il va falloir que je passe à l'autre plan... »
Le vrai héritier avait hésité à être plus direct que le poison, même s’il devait se méfier de cette méthode, trop facile à détecter, ou juste mettre des raclées à son frère dès qu'il pouvait mais, si rien ne marchait, il devait y aller plus franchement…
Son père lui donna l'occasion parfaite quelques temps plus tard, organisant une grande chasse peu de temps avant qu'une tempête de neige ne les empêche tous de sortir. Le porte-emblème détestait tirer à l'arc, encore plus la chasse qui faisait du mal à ses amis les animaux mais, leur père l'avait obligé à suivre le mouvement pour s'endurcir. Si le temps était en plus avec lui, ce serait parfait.
Le groupe s'enfonça dans la grande forêt de sapin, d'abord en rang serré avant que des petits groupes se forment. Allant moins vite sur son poney qu'avec un cheval plus grand, Sylvain pris du retard, et ce fut l'occasion ou jamais. Miklan s'approcha alors de lui, lui soufflant à voix basse, sautant à terre.
« Eh, débile, je vais là-bas, l'informa-t-il en montrant un coin où les buissons et les branches des arbres s'emmêlaient plus, rendant le passage difficile.
– Mais Père nous a dit de ne pas nous séparer du groupe... lui fit-il observer, se mettant presque en boule à ses mots, Sylvain avait juste assez d'esprit pour avoir peur de lui à raison.
– Je m'en fous, j'ai vu tout un tas de renard là-bas, derrière ses buissons. Il y a une petite rivière qui se jette dans la mer là-bas, ils vont surement y boire.
– Mais on doit chasser que des animaux comestibles, ça ne se mange pas.
– Non, je me contenterais de les écorcher, leurs fourrures feront un bon manteau, répliqua-t-il en accrochant son cheval à un arbre. A tout à l'heure débile. »
Miklan s'enfonça dans les buissons, comptant jusqu'à trois avant de voir Sylvain tenter de le suivre. Évidemment que cela allait marcher, surtout pour des renards, c'était les animaux préférés du porte-emblème, être roux devait rapprocher.
Une fois très loin des autres, trop loin pour qu'on les entende, l'héritier légitime finit par se cacher et le laissa s'enfoncer jusqu'au ruisseau qui n'existait pas, cherchant sur la côte des renards imaginaires pour les sauver de l'écorchement. Miklan récupéra une grosse pierre sur le chemin, traquant sans un bruit le voleur de place. Dès qu’il se mit à chercher les bêtes dans un buisson, ce fut le moment.
Miklan abattit le rocher en plein sur le crâne du voleur à emblème.
Il n'eut même pas le temps de supplier.
Il lui ouvrit le front dès le premier coup mais, il recommença, encore et encore histoire d'être sûr qu'il était bien mort.
Quand il eut fini, le corps de son frère ne bougeait plus, la tête fracassée à coup de pierre. Il respirait encore malgré tout, c'était résistant un porte-emblème mais, il n'en avait plus pour longtemps. Si ce n'était pas la perte de sang qui le tuait, ce serait soit le froid soit les bêtes affamées qui finirait le travail.
Miklan ne put s'empêcher de rire en pensant à l'ironie qu'un « fils de Gautier » finisse dévorer par une bête comme lui.
Il fit vite demi-tour pour rejoindre le groupe, récupérant une bête qu'il avait tué plus tôt pour justifier le sang sur lui, avant d'aller dire à son père que Sylvain avait disparu, remerciant le ciel quand la neige commença à tomber à gros flocons.
Son père chercha son précieux héritier de partout mais, rien à faire, Miklan l'avait emmené trop loin et la neige recouvrait tout, personne ne penserait à chercher là-bas, et il fit en sorte de fouiller cette zone seule avec un chien. Ce dernier pleurnicha quand Miklan l'empêcha d'approcher trop près du corps de sa victime mais, il le fit taire d'un coup sec sur son collier.
La tempête faisait rage, interrompant les recherches pour la nuit et le jour suivant.
Quand on les reprit leur surlendemain, Miklan retourna là où il avait laissé le corps de Sylvain. Il ne retrouva que son manteau et des tâches de sang au sol, pas de corps. Il sourit tout seul en pensant que son frère était dans le ventre d'un ours ou d'une meute de loup.
Il prit le manteau et le ramena à son père comme preuve de la mort de Sylvain.
Après encore quelques jours de recherches, Isidore finit par laisser tomber, déclarant officiellement la mort de son héritier et Miklan eut enfin ce qu'il voulait.
*
Tous les amis de son frère furent présents aux funérailles. Dimitri et Glenn soutenaient Ingrid qui pleurait à chaudes larmes la mort de leur ami, pendant que Rodrigue tenait Félix dans ses bras, braillant aussi toute sa peine. Quels faiblards... et ça prétendait avoir un emblème, majeur même pour le nabot aux cheveux noirs... Normalement, il devait encore être en train de se remettre de ses brûlures mais, il avait insisté pour venir apparemment, ne croyant pas que son ami Sylvain était mort…
Miklan fit tout pour ignorer le regard tranchant de Glenn, poser sur sa gorge comme une épée invisible. Il mettrait sa main au feu qu'il avait compris ce qui c'était vraiment passé. Il était assez con pour ne pas vouloir se débarrasser de son petit frère, alors que lui aussi avait tout perdu quand ce braillard de Félix était né en tuant leur mère au passage mais, pas à ce point. La reine Héléna, représentant le roi Lambert qui était tombé gravement malade quelques jours auparavant, aussi lui jetait des regards en coin, méfiante quant à sa version des faits mais, elle n'avait pas de preuve de sa culpabilité. Quoi qu'elle tente, sauf si elle interrogeait le fantôme de Sylvain, Miklan était blanc comme la neige du Nord, point.
Dès qu'il put quitter la cérémonie sans faire de vagues, il le fit. Sa mère Adeline était inconsolable, pleurant la mort de son petit à chaudes larmes en oubliant encore que l'ainé existait. Elle avait déjà assez de soutien de la part des autres parents, et pour son père, Miklan ne savait même pas ce à quoi il pensait. Il s'en foutait en fait.
Il dériva jusqu'à la grande salle seigneuriale, et contempla la Lance de la Destruction, accroché au mur à côté de la chaire margravine. Elle remuait toujours malgré les liens, se tordant sur sa hampe.
« Maintenant, même si je ne peux toujours pas te toucher, tu es à moi, » lui annonça fièrement Miklan.
La gemme à la base du fer en os brilla d'un éclat lugubre, alors que les épines sur le côté s'agitaient de plus belles, comme pour protester contre la réalité. Miklan eut un air narquois avant de s'en aller, se moquant de la lance de son ancêtre qui avait eu le culot de le renier pour son frère. C'était surement le signe qu'il se sentait très con maintenant que le sans-emblème avait tué le porte-emblème malgré tout.
*
Rodrigue tenait Félix contre son épaule, son fils pleurant encore et encore. C'était dur pour lui... quelques semaines plus tôt, il se remettait de ses blessures avec Sylvain à ses côtés pour le faire rire et oublier sa peine et maintenant, il ne le reverrait plus... c'était une épreuve bien trop dure pour un enfant de son âge. Pour n'importe qui à n'importe quel âge... surtout qu'à l'attitude de Miklan... ce n'était surement pas un « accident »… pas après tout ce qu’il avait déjà tenté d’infliger à son petit frère… mais il n'avait pas de preuve...
Fatigué de le porter depuis des heures, Rodrigue se permit de s'asseoir dans la salle seigneuriale, tentant de calmer son cadet alors qu'il niait encore ce qui s'est passé.
« Il n'est pas mort... il n'est pas mort... il a promis... il m'a promis... il avait mon écaille pour le protéger... il m'avait promis qu’on vivrait et mourrait ensemble ! Il ne peut pas être mort ! Pour ça, Sylvain n’est pas un menteur !
Rodrigue ne sut quoi répondre, frottant le dos de son fils en l'entourant d'une étreinte protectrice. Si seulement cela pouvait être aussi simple...
Ce fut alors qu'ils virent tous les deux la Lance de la Destruction s'agiter, son éclat d'habitude sanglant devenant plus doux, plus chaleureux, alors que ses pointes bougèrent toutes ensembles, comme pour dire quelque chose. Félix fixa le fer, comme s'il arrivait à comprendre le message, avant de s'exclamer avec un grand sourire.
– Il n'est pas mort ! Sylvain n'est pas mort ! C'est Gautier qui l'a dit ! Il va revenir papa ! »
Sans trop savoir pourquoi, Rodrigue savait aussi au fond de son cœur que c'était vrai, comme convaincu par la relique elle-même.
*
Une dizaine d'année passa et Miklan se crut au paradis : il avait le titre d'héritier du margrave, sa mère n'arrivait pas à pondre un autre héritier, étant trop âgée pour le faire, et même s'il avait pris une maitresse pour tenter d'avoir un bâtard à emblème, son père avait également échoué à produire un autre enfant de Gautier. Miklan était donc assurer d'avoir tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, avec tous les avantages que le titre apportait : la richesse, le pouvoir, l'importance, les femmes... tout pour être au paradis ! En plus, l'empire qui avait tenté de conquérir Fodlan sous les ordres d'Eldegard s'était brisé les dents sur la résistance de Faerghus et Leicester. Une alliance de circonstance conclut par la régente Héléna avec les Riegan, Daphnel et Goneril avant que les autres seigneurs de l'Alliance ne suivent, tout ce petit monde ayant finalement réussi à briser les assauts adrestiens, donc il serait aussi tranquille au sud. Il n'aurait qu'à se préoccuper des srengs et eux, ce n'était que des sauvages faciles à mater alors, cela ne lui faisait pas beaucoup de travail.
Bon, sa mère était toujours aussi inconsolable, pleurant presque tous les jours depuis dix ans. Le seul réconfort qu'elle trouvait, c'était dans un petit chien de poche qu'elle avait commencé à élever avec son fils préféré, une petite créature toute carrée, blanche et rousse avec de grosse oreilles tombantes et bouclées. Sinon, elle passait son temps quasi seule dans le silence en compagnie d'animaux. Elle disait que cela lui rappelait son fils perdu.
Son père – comme toujours – ne disait rien mais, il semblait plus s'enfermer dans le travail qu'avant, comme pour compenser son échec d’avoir donner un héritier à emblème à leur fief. Miklan s'en fichait en fait, il faisait son boulot à sa place. On avait fini par le retrouver mort de vieillesse dans l'écurie, peu de temps après qu'on ait annoncé qu'un espion sreng étrange aurait été aperçu dans une ville proche, avec des détails que Miklan ne connaissait pas. Il avait voulu s'en charger lui-même mais, il était trop faible pour cela et son corps n'avait pas supporté. Alors après des funérailles formelles, Miklan se retrouva donc avec le titre bien mérité de margrave Gautier, le premier de l'histoire sans emblème. Il n'aurait pas été officiellement en période de deuil, il aurait fait une grande fête pour célébrer tout ça comme il se le devait.
Évidemment, les relations entre lui, Fraldarius, Galatéa et la famille royale ne commençaient pas sous les meilleurs auspices. Tous étaient persuadés que c'était lui qui avait tué Sylvain, à raison mais, ils n'avaient aucune preuve pour le prouver alors, ils l'avaient tous dans le cul. Ils l'accusaient aussi de mal s'occuper de son fief, ayant dû mater plusieurs révoltes frumentaires mais bon, un coup d'épée dans la gueule des bouseux suffisait à les faire taire. Ce n'était pas forcément bien pour le margraviat mais, l'important était qu'il avait tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, c'était tout ce qui comptait pour Miklan. Il se fichait d'eux, qu'ils soient princes héritier, à emblème, ou roturier. Il était margrave depuis trois ans et c'était tout ce qui comptait.
Le seul qui pourrait lui faire un peu peur, c'était Félix. La Lance de la Destruction agissait toujours bizarrement à chaque fois qu'il l'approchait, et à chaque fois, l'héritier des Fraldarius disait la même chose, comme une prophétie.
« Sylvain n'est pas mort. Il reviendra récupérer ce que tu lui as volé un jour. Et ce jour-là, Lui se chargera de ton sort. »
Puis il partait sans plus d'explication. Non pas que Miklan en ait quoi que ce soit à foutre de l'héritier des Fraldarius mais, à chaque fois qu'il le disait, c'était étrange... ses yeux d'ambre semblaient capter la lumière de la Lance de la Destruction pour la réfléchir sur lui, assez fort pour l'aveugler. Il ne savait même pas qui était ce "lui" mais bon, ce n'était que des paroles en l'air. Le margrave légitime n'avait pas peur d'un pauvre gosse incapable de finir son deuil, même après s'être illustré pendant la guerre contre l'empire comme le meilleur fossoyeur de tout Fodlan au côté de son frère.
Un jour qu'il devait se coltiner des visites de doléances, on annonça la venue d'un scalde, un poète sreng. Il serait venu afin de renouveler les vœux de paix entre leur peuple qui durait un peu plus longtemps que d'habitude. C'était plutôt lui qui allait les taquiner, avant que la reine-mère Héléna ne hausse le ton et le menace d'agir contre lui s'il s'en prenait encore à leurs voisins. Enfin, le sreng avait encore le réflexe d’être effrayé de la Lance de la Destruction, toujours accrochée à côté de la chaire de margrave, même si celui-là semblait un peu moins apeuré que les autres en sa présence. C'était un homme aux cheveux bruns assez longs pour être liés en tresse mais, avec de larges bandes blanches sur les tempes, ainsi qu'une grosse cicatrice sur le front. À son allure, il devait avoir une petite quarantaine d'année. Mouais... Miklan n'aimait pas beaucoup l'art sreng mais bon, fallait bien se plier à ce genre de corvée. En plus, les gens diraient qu'il négligeait sa mère s'il ne la laissait pas se changer un peu les idées... alors, il accepta de laisser le scalde déblatérer ses légendes pourries.
L'homme le remercia, s'installant pendant qu'un serviteur allait chercher Adeline, le temps d'accorder sa lyre. Quand elle arriva dans la pièce avec son toutou, l'animal se mit à aboyer en remuant la queue, tout content alors qu'il se précipitait vers le scalde. Ce dernier sourit en le caressant, mettant juste son instrument loin de ses pattes pour ne pas l'endommager.
« Gentil petit, gentil, ria-t-il avec son gros accent alors que le chien lui faisait la fête, comme s'il le connaissait depuis toujours.
– Oh ! Excusez-moi ! Rustine ne fait jamais ça d'habitude, je ne sais pas ce qui lui a pris, s'excusa Adeline en tentant de reprendre le chien avant qu'il n'abime l'instrument du scalde. Il n'est aussi affectueux qu'avec moi et... et avec mon fils cadet, même s'il nous a quitté depuis des années.
– Ne vous en faites pas ma Dame, j'ai l'habitude des animaux, il y a beaucoup de chien chez moi, lui assura-t-il alors que le toutou s'installait sur ses genoux. Et toutes mes condoléances, la perte d'un enfant est toujours une épreuve bien dure. Nous la connaissons bien, la faim emportant plusieurs des nôtres à chaque hiver. Alors, je vous chanterais une histoire que nous nous racontons pour apaiser nos âmes en deuil. Celle de la Déesse Frigg qui elle aussi, a connu la douleur de perdre son fils malgré tous ses efforts pour le sauver de son destin et qui à présent, veille sur les âmes de chaque enfant mort trop tôt… »
Il se mit alors à déclamer en vers une histoire par rapport à un grand arbre où neuf mondes s'accrochaient, de lieux où les morts festoyaient en attente de la fin du monde en compagnie des dieux, se préparant pour la grande bataille qui la précéderait, ainsi que d'un lieu pour les morts de faim et de froid toujours chaud et accueillant, loin des manigances d'un dieu maléfique dont le nom était une honte pour tout ce qui vivait et mourrait qu’on ne le disait pas, celui ayant tué le fils de cette Frigg... Miklan devait avouer qu'il s'était endormi en cours de route mais, s'il se fiait aux applaudissements, ça avait plu au moins à la foule. Adeline pleurait même un peu (encore…), alors qu'elle le remerciait…
« Merci beaucoup, c'était magnifique... faites-lui apporté un sac rempli de pièce d'or de ma propre cassette, avec également un collier d'ambre et des bracelets de pierres de lune.
Miklan laissa passer, ce n'était pas sur son argent à lui. Le scalde se releva après avoir fait descendre Rustine de ses genoux, baissant bien bas son chapeau à la Fodlan alors qu'il déclarait avec un sourire ravi.
– Merci pour votre générosité ma Dame, un simple scalde tel que moi ne pouvait imaginer recevoir autant après cette modeste prestation. Ma reine entendra parler de votre générosité, je vous le jure.
– C'est bien normal, vous l'avez amplement mérité... déclara-t-elle en le regardant étrangement, alors que Rustine remuait toujours la queue à ses côtés.
La prédiction du porte emblème de Fraldarius lui revient en mémoire, son esprit lui jouant des tours en essayant de coller le visage de son frère sur celui de cet homme… puis Miklan se ressaisit. Non, impossible, Sylvain était mort, il lui avait enfoncé le crâne avec une pierre, il ne pouvait pas avoir survécu à ça. S'il n'avait pas retrouvé de corps, c'était parce qu'un animal l'avait trainé dans sa tanière pour le dévorer, fils de Gautier ou non. En plus, cet homme avait bien quarante ans, impossible que ce soit lui. Sa mère se berçait juste de trop d'illusion.
Elle lui demanda son nom, trop d'espoir résonnant dans sa voix, avant de surement perdre ce qui lui restait quand l'homme déclara :
– Je m'appelle Snorri Fregnosson ma Dame, on me surnomme le Musicien, du royaume de Sa Majesté la reine Thorgil. Si vous voulez faire de nouveau appel à mes services, envoyer un messager là-bas, j'accourrais ! Leur jura-t-il.
– Bien... souffla-t-elle. Je vous contacterais alors surement un jour. »
Le scalde lui embrassa la main, fit une dernière caresse sur la tête de Rustine, puis s'inclina profondément devant le margrave. Bien, au moins, il savait où était sa place. Miklan ignora juste la manière dont il fixait la Lance de la Destruction, le mettant sur le dos de sa crainte et de la présence impressionnante de la Relique.
Miklan crut entendre un rire à côté de lui alors qu'il était seul.
*
« Alerte ! Alerte ! On est attaqué ! Les srengs ! »
Miklan se réveilla en sursaut, sortit de son sommeil par les hurlements d'alerte. Il s'habilla aussi vite qu'il put, passant son armure et prenant sa hache en vitesse avant de demander ce qui se passait à un de ses rares hommes de confiance.
« C'est la catastrophe ! S'écria-t-il malgré son calme légendaire. Des bateaux srengs se sont infiltrés jusqu'à la capitale margravine sans que personne ne sonne l'alarme ! Puis une fois près de nous, les soldats ont fait défection et nos gens leur ont ouverts les portes ! Seule la forteresse résiste encore ! Il y a toute une coalition et ils ont emmené leurs valravens avec eux !
Le margrave légitime jura dans sa barbe. Quelle poisse ! Quelle mouche avait piqué les srengs ?! ça faisait bien six mois qu'il n'était pas allé les taquiner, et il avait même envoyer leur scalde là, Snorri Fregnosson quelque chose, pourquoi ils les attaquaient d'un coup ?! Bon, c'était des sauvages donc, il imaginait qu'il n'avait pas vraiment besoin de justification. Il jura alors, donnant ses ordres en vitesse.
– Protégez la salle du trésor et empêcher n'importe qui de l'approcher. Pour les srengs, éradiquez-moi tout ça et toutes les personnes les aidant avec ! »
Il n'attendit même pas de réponse avant de courir à la rencontre des envahisseurs. Miklan avait tout fait pour avoir ce margraviat, ce titre qui lui revenait de droit en tant que fils ainé, jusqu'au meurtre de son propre frère, il n'allait pas laissé une bande de sauvage tout lui prendre !
Il courrait vers la cour pour les empêcher d'entrer, quand ils entendirent tous un grand bruit de chute, comme après qu'une bricole détruisait un pan de mur. Merde ! Ils avaient des engins de sièges en plus ?! Non, c'était trop lourd pour leurs bateaux ! Un autre soldat vient au rapport, mort de peur.
« Ils ont pris leurs magiciens avec eux ! Ils viennent de détruire un pan de murs pour pouvoir entrer dans le fort ! Nous sommes perdus !
– Non ! Pas encore ! Je suis enfin margrave, je les sacrifierais tous pour conserver ce titre, j'en fais le serment ! »
*
Quand les srengs enfoncèrent sa porte pour piller la pièce, Adeline n'eut même plus la force d'avoir peur. Elle se sentait vide depuis la mort de Sylvain, depuis la perte de la seule personne qui lui avait témoigné de l'affection sincère... son petit rayon de soleil dans ce nord froid et ce mariage sans amour... le fils qu'elle avait perdu aux mains de son autre fils... elle le savait elle aussi sans avoir de preuve et à quoi bon ? Sylvain était mort là-bas, dans le froid et la neige, et son corps assassiné avait été dévoré par les animaux sauvage, le laissant sans tombe... elle ne supportait plus cette situation... Si elle devait mourir maintenant, ainsi soit-il. Au moins, elle retrouverait la seule personne qu'elle aimait sincèrement. Elle prit donc Rustine sur ses genoux, calant son seul réconfort contre elle et ferma les yeux, s'attendant à tout et priant pour rencontre l'acier.
Cependant, aucune violence ne lui fut faite, une voix familière résonnant à la place, en fodlan.
« Eh ! Mais je vous reconnais !
Il eut alors un ordre en sreng et quand elle rouvrit les yeux, Adeline vit un guerrier sreng donner des ordres à ses hommes, habillé comme un chevaucheur de valraven. Il portait un casque à masque typique de son peuple mais, elle ne put que reconnaitre sa voix. Rustine aboya et sauta pour trotter à ses côtés, récompensé par une caresse sur ses oreilles. Snorri ajouta de nouveau en fodlan alors qu'il l'approchait, prudent, comme pour ne pas l'effrayer.
– Ne vous en faites pas ma Dame, ils ne vous feront rien. Vous avez été tellement gentille avec moi, je vous jure qu'il ne vous arrivera rien.
Il enleva alors son casque, dévoilant une tresse de cheveux roux en bataille dont les boucles encadraient le visage d’un jeune homme d’une vingtaine d’année, et le cœur d'Adeline s'arrêta. C'était... c'était bien... Déesse... non, c'était impossible... Déesse...
– Déesse... suis-je morte et au paradis ? Demanda-t-elle, ne pouvant empêcher ses doigts de passer ses doigts sur la grosse cicatrice sur son front... elle était à la fois si grande et si petite... comme faite sur le front d'un enfant...
– Ah non ! Bien sûr que non ! Vous allez bien, promis, on veut juste donner une leçon à ce roi sans yeux de Miklan ! Il attaque sans même avoir besoin de nourriture des gens qui n’ont déjà pas un sou alors, réaction solidaire entre srengs et avant qu'il s'en prenne à d'autres. Surtout qu'on est calme en ce moment… les récoltes ont été assez bonnes ces dernières années, et votre reine est clairvoyante, tout comme son héritier alors, pas de raison qu’on s’en prenne à vous. Et oui, vieille histoire cette cicatrice mais, c'est un peu long à raconter, peut-être plus tard... Hum, tenez ! » Il posa son propre manteau sur ses épaules et les attacha avec une grande fibule finement travaillée, le cœur saignant d'Adeline reliant les points entre eux pour créer une image claire de ce qui avait pu se produire, sans pouvoir quitter du regard ces yeux inchangés en dix ans et cette cicatrice. Malgré tout, il était toujours aussi attentionné et gentil... « Avec ça, on saura que vous êtes protégée. La reine Thorgil le Kaenn, c'est ma tante alors, les gens y réfléchiront à deux fois avant de s'en prendre à vous. On fait juste le tour, on trouve Miklan pour s'expliquer et on s'en va surement. En tout cas, c'est le plan. Vous, vous ne vous bougez pas, d'accord ?
– D'accord...
– Bien ! Et Rustine vous protège aussi non ? Sourit-il en reposant le petit chien dans ses bras, ce dernier aboyant avec enthousiaste, la queue remuant toujours en regardant l'homme qu'il avait reconnu dès le premier regard.
– Oui, il est très courageux et fort, comme son premier maitre... Adeline hésita une seconde avant de déclarer, voulant juste arrêter Miklan à ce stade. Dans la grande salle seigneuriale, il y a une lance qui est enchainée juste à côté de la chaire du margrave. Vous devriez essayer de la prendre Snorri.
– Quoi ?! C'est les crocs de Fenrir non ? Enfin, la Lance de la Destruction pour vous mais, dans les deux cas, c'est une arme maudite qui détruit le destin de tous ceux qui l'approchent ! C’est l’arme de la Dévoreuse de Cadavre qui est né après qu’elle ait assassiné le Bavard ! Je ferais mieux de la jeter au feu !
– Je ne pense pas qu'elle vous fera du mal, simple pressentiment. Vous devriez au moins essayer, l'encouragea-t-elle en priant pour ne pas lui donner trop d'information d'un coup et ne pas faire remonter quelque chose au pire moment.
Snorri la regarda, sceptique quant à sa supposition, avant qu'on l'appelle plus loin. Il répondit alors en sreng, puis lui répéta en fodlan avant de partir, remettant son casque sur sa tête.
– Restez ici en sécurité, et si qui que ce soit vient vous piller, dites-lui que Snorri Fregnosson le Renard, fils de Fregn l'Ombre et neveu de la reine Thorgil le Kaenn, vous a pris sous sa protection, ça les fera reculer.
– D'accord, merci beaucoup le Renard, » le remercia-t-elle à la sreng, en utilisant son surnom plutôt que son nom... elle ne savait même pas si elle aurait pu à nouveau l'appeler "Snorri"...
Le guerrier lui sourit avant de repartir après un dernier signe de main. Rustine aboya sur les genoux d'Adeline, tout aussi heureux qu'elle de l'avoir retrouvé, même si lui le savait depuis plusieurs mois contrairement à elle.
« Ne t'en fais pas Rustine, tout va bien se passer, je le sais... il est bien plus résistant qu'il n'en a l'air, n'est-ce pas ? » Sourit Adeline sans pouvoir s'arrêter de joie.
*
Snorri partit en courant dans les couloirs, tâtant son sac de butin en faisant la liste de ce qu'il avait récupéré : surtout de la nourriture qui pouvait se conserver longtemps, des médicaments et des potions, ainsi des objets précieux à revendre en cas de nouvelles disettes afin d’éviter de faire d’autres raids. Avec tout ce qu’il allait pouvoir récupérer, cela devrait les aider à tenir… au moins jusqu’à la belle saison… même s’ils avaient été tous assez déçu en découvrant un aussi petit trésor mais bon, ce n’était guère étonnant, l’argent brûlait les doigts du margrave apparemment, et le plus important pour eux, c’était la nourriture.
Il rejoignit la salle seigneuriale, dominée par les crocs de Fenrir mais, ils étaient inoffensifs maintenant que plus personne ne pouvait les manier. Ils avaient explosé le mur de cette pièce afin de pouvoir pénétrer plus facilement au cœur du château et s'en servir de point de ralliement, leurs magiciens bien aidés par leur espion qui avait mis une potion explosive entre les pierres. D'ailleurs...
« Mamma ! » S'écria-t-il en voyant Fregn aux côtés de son valraven à lui, Igie.
Il ne savait pas ou plus d'où il avait tiré ce nom mais, quand il avait vu cet adorable créature à la fois déterminé et autoritaire tout en étant gentille, ce nom s'était imposé comme une évidence. C'était comme pour son chien Dima et son chat Filix. Aucune idée d'où venait les noms mais, ça lui semblait familier alors, il les utilisait.
Sa mère répondit à son signe de main, avant de l'enlacer, aussi soulagé l'un que l'autre de se retrouver en vie. Fallait dire, cela faisait bien six mois qu'elle était infiltrée et il l'avait à peine vu quand il était aussi venu prendre le pouls de la forteresse alors, il s'inquiétait pour elle.
« Je suis content de te revoir. Ça va ? Tout s'est bien passé ?
– Moi aussi mon petit. Et ne t'en fais pas, ça va. C'était l'infiltration la plus facile de ma carrière.
– Vraiment ?! À ce point ? S'esclaffa-t-il. Faut dire, ça n’a pas l'air d'être une flèche leur margrave Miklan.
– Une brute épaisse oui. Il n'en fiche pas une et quand les gens disent qu'ils ont faim trop fort, il les nourrit à coup d'épée dans le ventre. C'est un vrai tyran même pas capable de bien gérer son argent et son peuple. Je n'ai même pas eu à les pousser à la révolte, tout le monde était furieux de base et veut juste le chasser d'ici, expliqua-t-elle posément, habituée à ce genre de situation quand ce n'était pas elle qui semait la zizanie. D'ailleurs, tu t'es très bien débrouillé quand tu t'es infiltré à ton tour. Ton maquillage était très réussi et même s'il y a eu des imprévus avec ce chien qui semblait te reconnaitre, tu as très bien su les gérer tout en ne trahissant pas ta couverture. Vraiment, un sans-faute.
– J'ai eu un excellent professeur l'Ombre, la complimenta-t-il sincèrement, sa mère était de loin la meilleure espionne de tout Sreng et même de Fodlan.
– Tu as bien su te débrouiller aussi. Le seul problème, c'est cette cicatrice, elle est trop grosse pour être caché mais bon, c'est ainsi. ... et toi ? Comment tu te sens ? Lui demanda-t-elle, attentive, lui tenant les mains pour le maintenir, alors qu'Igie frottait sa tête contre son compagnon d'arme.
– ça... ça va... je crois... ça fait comme des flashs quand je suis ici... avoua-t-il. Je suis déjà venu ici avant de m'infiltrer mais, je n'arrive pas à me souvenir comment... C'est comme si quelque chose voulait remonter à la surface mais, n'y arrivait pas. Il me manque quelque chose mais, je ne sais pas quoi...
– C'est normal, les souvenirs sont quelque chose de difficile à récupérer, surtout vu l'état où on t'a trouvé... ces pêcheurs seraient venus quelques minutes plus tard et Huld n'aurait pas été avec eux, tu serais mort dans la neige, souffla sa mère en ordonnant ses mèches, et tant pis si ce n'était pas par le sang, Fregn était la seule qu'il reconnaissait comme sa mère avec ses tantes.
– Vive le braconnage, on sauve des vies grâce à ça, arriva à en rire Snorri, posant ses doigts sur sa cicatrice, un des seuls vestiges de sa vie d'avant avec son porte-bonheur. Après, je ne sais pas trop si j'ai vraiment envie de me souvenir de certaines choses... je veux dire, ça me semble familier ici mais, j'ai pas vraiment envie de retrouver ceux qui m'ont abandonné dans la neige avec le crâne ouvert et plusieurs fractures car, ils m'ont surement fracassé à coup de pierre. Limite, je préfère m'en souvenir pour comprendre, puis tout oublier pour juste refermer la boucle et ce chapitre de ma vie.
– C'est ta mémoire, c'est à toi de voir ce que tu veux en faire. En tout cas, je ne te forcerais pas à te souvenir si ce n'est pas ce que tu veux.
– Merci Mamma... lui sourit-il, avant d'ajouter après un regard en coin. En fait, ce qui m'intrigue le plus... tu vas me prendre pour un fou...
– Dis toujours, histoire que je fasse ma propre opinion, répliqua Fregn.
– Ce qui m'intrigue le plus, c'est les Crocs de Fenrir, souffla-t-il en montrant l'arme enchainé dans la pièce, personne ne s'en approchant à moins de dix pas. Je sais, tout le monde se pose des questions sur ce truc mais, c'est pas de la peur... en fait... elle m'intrigue et... et elle me dit vraiment quelque chose...
– C'est ce qui t'intrigue le plus ? Comment cela ? Elle te semble familière ?
– Oui, comme si je l'avais toujours connu... elle... elle a un lien avec ma mémoire, j'en suis sûr... et... et j'ai vraiment envie de la toucher... admit-il, presque honteux de vouloir toucher une telle abomination capable de briser le destin, Igie continuant à se serrer contre lui pour le rassurer. Quand j'ai croisé la margravine-mère, elle m'a aussi dit que je devrais tenter de la prendre et... et ça me donne encore plus envie de tenter...
Fregn resta silencieuse une seconde, avant de déclarer en posant sa main sur son épaule, toujours ce roc inébranlable à ses côtés et sur qui il pouvait compter. Que sa famille de sang rejoigne Fenrir et sa sœur Hel pour se faire dévorer, Fregn, c'était une vraie famille à elle toute seule !
– Je suis aussi sceptique que toi sur le fait que ce soit une bonne idée mais, si c'est ce que tu ressens et que tu penses que cela te rendra peut-être la mémoire, alors je ne peux que te soutenir si c'est ce que tu veux. Si tu ne la touches que quelques instants, elle ne devrait rien te faire et de toute façon, elle mord toute personne qui n'a pas d'emblème. Parfois, tu as une lumière qui s'active autour de toi quand tu combats, comme l'emblème des fodlans alors, qui sait ? Tu en as peut-être un et cela te protégera surement de son influence ?
Snorri lui sourit, rassuré par ses mots. Timidement, il s'avança avec sa mère vers la chaire du margrave et les Crocs de Fenrir. Dans le fond de sa tête, ce décor lui disait quelque chose mais, il était incapable de dire quoi... peut-être quelqu'un qu'il n'avait jamais vu et qu'il ne connaissait pas sur la chaise... mais pas sûr... mais ce qui l'attirait le plus, c'était cette lance, comme des insectes autour d'une bougie la nuit...
Elle était terne, inerte, desséchée comme un cadavre mort depuis des siècles mais, malgré tout, une force au fond de sa poitrine et de son sang le poussait vers elle... sans qu'il sache pourquoi... le jeune homme ne savait plus.
Il jeta un dernier regard à sa mère et à son valraven, embrassa le sachet où se trouvait son porte-bonheur de toujours, accroché à son cou. Puis, après avoir pris une grande inspiration, il effleura la gemme écarlate des doigts.
Snorri recula un peu en la voyant s'illuminer à son contact.
La chaleur d'une présence rassurante, une protection au-dessus de son épaule...
C'était quoi ça ?! Il n'avait jamais pensé ou ressenti quelque chose comme ça ! Il sentait sa cicatrice pulsée, quelque chose en ressortant enfin après tout ce temps. Engaillardi par ce premier contact, Snorri recommença, prenant la lance entre ses doigts.
Des moments avec trois personnes de son âge et quelqu'un plus âgé... des adultes aux regards bienveillant... leur départ trop rapide à tous... la protection éphémère de bras... une main sur sa nuque qui l'arrache d'elle... l'épuisement... des bruits flous, des images mélangés entre elle... des coups, des coups, des coups, du froid... immobile... s'enfuir... impossible... les chaines des blessures et de la neige... une présence toujours aussi forte au fond de son cœur, toujours là malgré l'oubli... le protégeant encore malgré tout... lui jurant quelque chose... l'appelle... son nom... son vrai prénom...
« S... »
« Grand-père... »
« S... Snorri ! Tu es encore avec nous ? Reviens ! Snorri ! »
S... Snorri se réveilla d'un coup, se rendant compte qu'il s'était noyé un instant dans l'étreinte de la lance. Elle n'était plus sur son présentoir, il l'avait détaché sans s'en rendre compte et la serrait à présent contre son cœur, comme pour s'y accrocher. Il tourna des yeux exorbités vers Fregn, tout tremblant après ce qu'il venait de vivre, sa mère le regardant avec inquiétude.
« Je... je me souviens... elle... la lance... elle fait revenir des choses... pas tout mais... mais c'est la première fois... c'est net... mais c'est aussi flou... je... je ne comprends pas... c'est... je crois... ma tête...
– Du calme, prends ton temps... souffla-t-elle en posant ses mains froides sur ses joues, l'ancrant un peu dans la réalité, même s'il était incapable de lâcher cette lance. Ne t'en fais pas, on est en sécurité ici, les troupes ennemies sont pratiquement maitrisées. Souffle un grand coup et prend le temps de te reprendre. Là... chut... ça va aller... tenta-t-elle de le rassurer en le prenant dans ses bras, se fichant d’approcher cette lance malgré le danger, Snorri commençant à pleurer alors que tout se bousculait dans sa tête. On est avec toi, les dieux aussi veillent sur toi.
– Mamma... merci... ça... ça fait tellement de chose d'un coup... cette lance... c'est celle de mon grand-père mais, pas de mon grand-père... c'est plus au sens... d'ancêtre, quelque chose comme ça... je... ça va tellement vite...
Il souffla un grand coup, essayant de se reprendre comme il pouvait en faisant le point, jusqu'à ce que tout se calme. L'amnésique arrivait à retrouver un peu pied, la lance toujours contre lui, blottit au creux de l'aile de son valraven avec sa mère à ses côtés, quand ils entendirent un coup de sifflet venant des airs, puis un cri demandant des renforts sur le toit. Aussi vif qu'il le pouvait malgré son crâne qui martelait toujours, Snorri enfourcha sa monture pour aller en renfort et compris pourquoi ils avaient besoin d'aide. La garnison avait trouvé refuge sur le toit, avaient bloqué les escaliers et les valravens étaient les seuls à les atteindre, les troupes de Miklan refusant de se rendre.
Snorri trouva sa cousine Hlif, en train de manœuvrer avec sa propre valraven contre trois pégases, l'homme en faisant tomber un pendant qu'elle descendait le second, avant qu'ils n'achèvent le troisième tous les deux d'un coup de lance.
« La situation ?! Lui cria-t-il et en faisant courir son regard sur elle, heureux de la voir en entier, même si elle semblait proche de la surchauffe de magie.
– Ils refusent de se rendre ! Miklan surtout ! Hurla-t-elle pour se faire entendre en montrant le margrave au milieu de ses troupes, protégé par ses hommes au lieu de les défendre lui-même, puis elle posa la question évidente. Et Snorri, qu'est-ce que tu fous avec les Crocs de Fenrir ?! Tu es fou ?! Ils vont te dévorer et briser ton destin !
– Pour le moment, ça va ! Et longue histoire, je te raconterais ça après la bataille ! Pour faire simple, ces crocs ne peuvent rien me faire de mal on dirait !
– J'espère, reste en vie ! »
Ils refoncèrent dans la bataille, attaquant un côté de la garnison. Les Crocs de Fenrir semblaient agir tout seul dans sa man, lui indiquant où était le danger comme s'il le sentait et voulait le protéger. Comment une arme aussi maléfique pouvait-elle être aussi prévenante avec lui ?! ça n'avait pas de sens ! Enfin, il avait déjà assez de question qui attendrait la fin de la bataille...
« Regardez ! S'écria un soldat. Un sreng a volé notre Relique !
– Il ne l'a pas que volé, elle le reconnait comme son maitre ! Ajouta un autre.
– Mais comment c'est possible ?! »
« J'aimerais bien le savoir aussi, » songea Snorri en les voyant aussi étonnés que lui.
Miklan se tourna alors vers lui, le foudroyant du regard sous son casque, comme s'il voulait lui arracher la tête de loin, encore plus en le voyant manier cette lance.
« Non... non, c'est impossible ! Plus personne ne peut manier cette foutu Lance ! Il est mort ! Il est mort ! Il est mort ce salopard !
– Honnêtement, j'en sais rien mais, rends-toi ! Tout le château est sous notre contrôle et la ville s'est déjà rendue ! C'est fini margrave ! S'écria Snorri en fodlan. Rends-toi !
– Jamais ! Je suis margrave ! Le seul margrave ! Le titre est à moi ! À moi ! Jamais je ne le laisserais à des sauvages comme vous !
Il lui envoya une hachette sur lui mais, le chevaucheur de valraven l'esquiva sans souci, Igie agile comme la brise dans le ciel, avant d'en repousser une autre du bout des Crocs. Voyant qu'il refusait de se rendre, il descendit en piqué pour tenter de lui arracher sa hache des mains et la faire tomber par-dessus les créneaux, ce qu'il arriva à faire mais, Miklan s'accrocha à sa (leur ?) lance, hurlant comme un possédé que les Crocs était à lui seul et pas à un sauvage sortit d'il ne savait où.
« La Lance de la Destruction m'appartient ! S'époumona-t-il, alors que Snorri sentait l'arme hurlé le contraire, essayant de forcer son « propriétaire légitime » à la lâcher en lui mordant les doigts, le sang suintant de ses gantelets.
– Elle n'est clairement pas d'accord mais bon, très bien, comme tu veux. Igie ! »
Son valraven hurla en reprenant de l'attitude. Elle était assez forte pour porter deux personnes sans problèmes et même si Miklan devait pesé son poids avec son armure lourde, elle arriva à s'élever dans les airs, même s'il s'accrochait obstinément aux Crocs de Fenrir comme de la poix sur les mains. Snorri aurait préféré qu'il lâche mais bon, il ferait avec. Le plus dur, c'était de ne pas lâcher la lance avant le bon moment mais, il sentait Hlif utiliser sa magie pour lui donner plus de force. Il lui devrait un bain bien glacé après la bataille.
Ils étaient à plusieurs pieds au-dessus du sol à présent, Miklan suspendu au-dessus du vide, criant toujours que la Relique lui appartenait. Et bien soit.
« Elle est à toi cette lance ? Et bien garde-la ! » S'écria-t-il en lâchant tout simplement l'arme, Igie partant d'un coup plus vite en l'air sans ce poids mort, tellement qu'il en perdit son casque mal accroché dans la précipitation.
Le margrave tomba en faisant un fracas de casseroles qui chutaient de leur étagère, s'écrasant contre la pierre. Il n'avait même pas de sort pour amortir les chutes de trop haut ce con... la Lance de la Destruction roula à côté de lui, inerte alors qu'il gémissait un ordre, peut-être de continuer l'attaque mais, plus personne ne l'écoutait. Sans aide, il ne pourrait même pas se relever à cause de son armure une fois sur le dos, comme une tortue retournée et de toute façon, plus personne ne faisait attention à lui. Tous les regards étaient tournés vers Snorri, incrédules, comme s'il voyait un fantôme.
Puis l'un jeta son arme.
Puis un autre.
Puis encore un autre.
Puis tous se rendirent.
« Par les Vanes et les Ases, jura Hlif alors qu'ils redescendaient tous les deux au sol, les soldats ne tentant rien contre eux quand ils le firent. Qui es-tu Snorri ?
– Je ne sais pas, souffla-t-il à sa cousine, récupérant la Lance de la Destruction qui semblait ronronner entre ses doigts, brillant à nouveau avec lui, comme rassurée que ce soit lui qui la tienne plutôt que Miklan, alors que des souvenirs de plus en plus clairs de l'origine de sa cicatrice remontaient en lui. Mais je crois qu'on va bientôt le savoir. »
Il se releva, tenant fermement les Crocs de Fenrir en regardant les hommes de Gautier, hésitant un peu avant de se décider de crier en fodlan aux hommes autour d'eux, imitant sa tante et reine dans les moments graves ou face à un ennemi, s'excusant auprès d'elle de lui prendre son rôle quelques instants.
« Les Dieux et le destin ont décidé, le combat est à présent achevé. Que les glaives et les épées soient rengainés, que les blessés et les morts puissent se reposés. Notre armée guidée par Thor a triomphé, aux ennemis de s'agenouiller ! »
Les soldats obéirent, mettant sans trop discuter un pied à terre à ses ordres. Au moins, ils se rendaient sans violence, c'était déjà ça. Snorri s'approcha alors de Miklan, gémissant par terre dans son armure, puis pointa le fer d'os vers lui en déclarant, les souvenirs tapant assez fort dans sa tête pour faire exploser son crâne.
« On a des choses à se dire. »
*
Dès qu'ils surent ce qui s'était passé à Gautier, Dimitri, Félix et Ingrid partirent sur le champ à la place de leurs parents avec plusieurs régiments de soldats. S'ils se fiaient à ce qui était écrit, les habitants avaient ouvert les portes et rejoint volontairement les srengs à condition qu'ils les débarrassent de Miklan, et le messager avait confirmé mais mieux valait être prudents. Cela ne leur plaisait pas d'aider l'assassin de Sylvain, mais ils devaient également penser à la sécurité aux habitants de la capitale margravine. Ils se préparèrent donc à affronter les srengs ou à tomber dans une embuscade, de plus en plus sur leur garde quand ils entrèrent sans souci en ville avec leurs hommes. Les gautiens vivaient comme d'habitude, mais avec quelques srengs qui partageaient la nourriture de la réserve seigneuriale, ceux parlant le fodlan les saluant cordialement. Les niches dédiées à Sothis et aux Braves aux quatre coins de la ville étaient même déjà remplis de statuettes de dieux srengs. Cela faisait plus d'un mois que l'attaque avait eu lieu et que les srengs avaient visiblement établis un début de camp ici, mais quand même, c'était rapide...
Quand ils arrivèrent aux portes, ils tombèrent sur Dame Adeline, en grande conversation avec des marchands à la porte du fort. La mère de Sylvain rayonnait, semblant en bien meilleure santé et bien plus heureuse que pendant les dix dernières années. Elle avait repeigné ses boucles rousses et son habit noir de deuil avait été remplacé par une robe colorée typique de Sreng, avec deux grosses broches sur la poitrine. Rustine n'était pas à ses pieds aussi, même si les trois amis sentirent qu'il était encore en vie. Le petit chien était presque la raison de vivre d'Adeline, elle ne pourrait pas être aussi joyeuse s'il était mort.
Elle les salua tous d'une révérence quand elle les vit arriver, respectueuse de l'étiquette.
« Votre Altesse, Bouclier du Royaume et Ailes de Faerghus, c'est un honneur de vous voir en notre ville. Je voie que vous avez une escorte importante. Je comprends cette précaution mais, cela est inutile. Nous vivons en paix avec les srengs depuis quelques semaines à présent. Il y a encore des échauffourées mais, la chasse de Miklan nous a donné l'occasion de trouver un accord de paix temporaire, le temps que les choses se calment un peu après une telle frénésie.
– Salutation Dame Adeline. Mais pouvez nous nous expliquer précisément ce qui s'est passé ? Demanda Dimitri. J'avoue que nous avons un peu de mal à comprendre...
– C'est une longue histoire mais, je vous la raconterais après vous avoir introduit auprès du nouveau margrave. Il a très envie de vous voir, même si je dois vous prévenir que cela vous fera un choc. »
Intrigués, les trois amis descendirent de selle pour la suivre, accompagnés de leurs gardes et toujours armés par précautions. Ils traversèrent les couloirs où tous les ajouts macabres de Miklan avaient été retirés, enlevant tous les trophées de renards morts des murs. Depuis la mort de Sylvain, il adorait mettre partout la peau de cet animal, surement parce que sa fourrure avait la même couleur que les cheveux de sa victime... Félix aurait rêvé de tout arraché devant Miklan mais bon, les relations diplomatiques, tout ça... cependant, il se sentait assez léger, sa marque pulsant dans son dos, sachant au fond de lui quelque chose sans oser le dire à voix haute.
Adeline les annonça alors qu'ils entraient dans la grande salle. Tous les trophées et les armures des Gautier précédent avait été retiré, remplacé par de grandes tables où s'accumulaient des papiers en tout genre, surement des rapports de comptes, des terriers, des registres de lois et d'impôts à la tête. Ils virent d'abord une petite femme blonde aux yeux très bleus debout, en train de plancher sur une liasse de parchemin qui semblait être le terrier de la ville. Les trois amis la reconnurent comme la reine Thorgil le Kaenn, la plus puissante reine des srengs qu'ils avaient déjà rencontré pendant des pourparlers diplomatiques. Cela devait être son Royaume qui avait dirigé l'expédition contre Gautier, Adeline leur ayant expliqué entre temps que l'attaque avait été un coup de semonce pour punir Miklan de ses précédents assauts. Ils se demandèrent une seconde si c'était elle « le nouveau margrave » avant de voir un homme assis à la table d'à côté, en train de discuter avec elle dans leur langue.
Félix, Dimitri et Ingrid n'en crurent pas leurs yeux en le découvrant mais, ils le reconnurent tout de suite : ils reconnurent ses cheveux roux rouge presque sanglant, ses yeux miel affutés et doux, son nez piqueté de tâches de rousseurs et de plus encore aujourd'hui... même sa voix était familière, bien qu’il ait mué comme eux tous entre temps... ils ne purent pas non plus ignorer la grosse cicatrice en forme d'étoile sur son front, signe qu'on lui avait sans doute fracassé le crâne. Mais Déesse... Déesse...
Quand l'homme tourna la tête vers eux, ses yeux s'exorbitèrent à son tour, tout aussi incrédule qu'eux. Doucement, après avoir fait descendre Rustine de ses genoux, il se leva, pour mieux les voir, avant de s'avancer vers eux, sans un mot. Il était plus âgé qu'eux de deux ans alors, quand ils l'avaient perdu, il était plus grand mais, s'il l'était toujours pour Ingrid et Félix, Dimitri le dépassait à présent de quelques centimètres... ça... c'était presque étrange, même s'ils l'oublièrent assez vite... leur esprit crut une seconde qu'on leur jouait un tour, que c'était une mauvaise farce du destin ou alors un rêve trop beau pour être vrai.
Mais le nouveau margrave sortit alors un très vieux sachet qui pendait autour de son cou, toujours le même depuis des années, puis en sortit une minuscule écaille sarcelle. Une de Félix... la trace du miracle de Fraldarius qui lui avait sauvé la vie… il ne se séparait pratiquement jamais de ses écailles sauf pour les donner à quelqu'un de confiance qui ne la revendrait pas... et elle était si petite... cela ne pouvait qu'être celle qu'il...
« Je... je crois que c'est toi qui me l’as donné, déclara-t-il en regardant Félix, la voix tremblante, son autre main allant sur son crâne et sa cicatrice. C'est... c'est encore très flou mais, j'ai l'impression... non, je sais que je vous connais... désolé si c'est pas grand-chose de plus mais, ma mémoire vient à peine de revenir depuis que j'ai touché les Crocs de Fenrir alors, c'est un peu compliqué...
En réponse, le jeune homme aux cheveux noirs s’approcha du rouquin en confirmant, refermant ses doigts sur son écaille.
– C’est bien une des miennes. Je savais que tu reviendrais… comme on se l’était promis Sylvain…
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Chose promise, chose due : critique détaillée de la scène "Le Bandit" Three Nopes
Bon ! Comme je l'avais dis dans un précédent billet, j'ai passé en revue toute la scène "Le Bandit" (où on apprend que Dimitri a recruté Miklan dans l'armée du Royaume et la réaction de Félix surtout, Ingrid un peu, et Sylvain passe en coup de vent), pour critiquer tout ce qu'il ne va pas dedans, et en essayant de réfléchir un peu à ce que les auteurs ont tenté de faire quand ils l'ont écrit. A la réflexion - et même si ça n'engage que moi, je ne suis pas dans sa tête -, je ne pense pas qu'ils avaient de "mauvaises intentions" en écrivant cette route, ils n'ont pas voulu écrire quelque chose de mauvais pour juste massacrer tous les personnages présents dans la scène, ou alors, qu'il n'en avait juste rien à cirer d'écrire un mauvais scénario. L'auteur de cette route semblait le moins branquignole des trois vu qu'il s'intéressait vraiment à l'histoire d'après les interviews, et en grattant un peu, je pense qu'il y a une logique dans les différents choix scénaristiques. ça ne veut pas dire que c'est bien fait mais, j'ai l'impression que l'auteur a tenté quelque chose, qu'il s'est méchamment planté et que ce qu'il a écrit a des implications très douteuses car, il n'a soit pas assez réfléchit, soit a des biais qui transparaissent dans ses écrits, soit qu'il s'est planté dans ce script pour des raisons inconnues et que je ne peux pas connaitre.
C'est une conclusion que je tire en grattant la scène pour essayer de comprendre ce bazar alors, c'est un peu comme un prof devant la copie d'un élève qui a pondu énorme absurdité : on réfléchit à ce qu'il a pu tenté de faire ou ce qui lui est passé par la tête pour croire que c'était la bonne réponse. C'est un constat et une tentative d'explication de ce qui a bien pu se passer pour qu'une telle scène arrive et pourquoi on a eu une telle scène. Je ne prétend pas détenir la vérité absolue, je livre juste mon ressenti et ma manière de voir et d'interpréter les choses. Ce sera alors sans doute très subjectif, comme toutes les critiques du monde, même si je m'appuie le plus possible sur les lignes du jeu et que j'argumenterai mon point de vue.
Cette intro a également été rédigé à froid, après avoir fini d'écrire la critique qui sera surement plus sur le vif et sanguine, avec quelques passages où le ton est plus exagéré afin de tenter de la rendre plus dynamique / divertissante à lire, tout en retranscrivant mon état d'esprit quand j'ai lu les lignes de la scène.
On est bon ? Alors, la suite est sous la coupe. On va suivre le plus possible la scène dans l'ordre et aller ligne par ligne car oui, y a à redire sur chaque ligne, même si je peux partir plus en avant pour rendre la scène plus clair pour ceux qui lise la critique sans le contexte. Bonne lecture :
On commence déjà sur les chapeau de roues ! Dimitri décide donc d'engager un bandit de grand chemin car, il manque de généraux, et il justifie son choix de prendre Miklan en disant qu'il sait que Miklan est compétent car, Matthias lui a tout appris... ça commence déjà très mal (et j'ai sauté quelques lignes mais, on va y revenir plus tard). Dimitri, le prince qui veut donner plus de pouvoir au peuple et aux roturiers, vient de faire monter un noble déchu qu'il sait être dangereux (Ingrid confirme dans l'exploration de ce chapitre qu'ils voyaient souvent Sylvain blessé quand ils étaient enfants et qu'elle était consciente qu'il mentait pour ne pas dire que c’était Miklan qui le battait, que même petite, elle savait que ce n’était pas juste des accident donc, Dimitri doit le savoir aussi) par ce qu'il a reçu une éducation noble... d'accord, qui êtes-vous et qu'avez-vous fait du vrai Dimitri ? (attendez-vous à ce que je la dise souvent celle-là…) Le vrai n'aurait jamais laissé un type pareil, un fratricide potentiel, monter aussi haut et ne pas recevoir de sanction pour ses crimes. Il vient juste de passer l'éponge dessus car "il est noble donc compétent deuh !"
De plus, à quel point c'est la dèche dans le Royaume si des vétérans roturiers de l'armée ne peuvent pas juste monter en grade et devenir généraux ? Ils sont tous incompétents ? C'est comme dans l'armée impériale, faut cacher les légumes dans la nourriture pour qu'ils les mangent parce que SB est une énorme farce qui ne s'assume pas ? (j'ai dit qu'AG essayait de faire des efforts et se plantait, pas que le reste du jeu n'était pas complètement débiles) ça n'a aucun sens que dans la meilleure armée de Fodlan, il n'y ait pas des roturiers qui puissent monter ! Et si vous me dites que c'est parce que des postes sont réservés aux nobles, je répondrais que Dimitri peut casser ça vu qu'il est littéralement le roi et que dans une situation pareille, osef du protocole, on prend les gens les plus aptes à faire survivre tout le monde sans se faire envahir !
Surtout que Dimitri l'a déjà fait dans cette histoire : à son arrivée sur le trône, il a créé sa propre armée privée dirigé par Shez (un roturier donc, un roturier aux supers pouvoirs mais un roturier quand même) car, il pensait que les idées nauséabondes de Rufus avaient contaminé les chevaliers de l'armée régulière qui sont corrompus alors, il veut faire le ménage dans les rangs. Donc, en deux ans, je pense qu'il a eu le temps de dégager les éléments problématiques, ainsi que repérer les bons soldats de cette fameuse milice qui est surtout composée de roturiers alors, il pourrait les faire monter eux au lieu de chercher un type aussi pourri que les chevaliers de son oncle, surtout qu'il a déjà nommer un roturier général avec Shez, tout en précisant qu'il a choisi Shez car, il gagnera plus facilement la confiance de ses nouveaux soldats car, il est un roturier tout comme eux et connait leur difficulté contrairement à un noble déconnecté. Donc, pourquoi il ne recommence pas ? Surtout qu'il doit avoir plus d'aplomb et d'influence que juste après son coup d'Etat.
Avec ça, Miklan dit dès sa première ligne de texte qu'il fait tout ça "uniquement là pour l'argent" (citation du texte) alors, t'es sûr qu'il est de confiance Dimitri ? T'as pas peur que ton « super général trop bien formé par Matthias » ne vous tourne pas le dos pour rejoindre Sailor fuku Delagarde qui lui dit « emblème = caca et tu as eu trop raison de tenter de tuer ton frère, j'aurais fait pareil à ta place UwU » et Hubert derrière qui lui propose un plus gros chèque que Dimitri ? T'es sûr que c'est pas mieux qu'un soldat roturier de confiance ? (bon, vous me direz, il fait confiance à Shez dans cette histoire mais, au moins, Shez a fait des choses pour gagner sa confiance et c'est la seule route où il a une ou deux neurones actives et où il sort de son rôle de mercenaire)
Et attend… quoi ? ça fait deux ans que tu as décidé ça avec Matthias Dimitri ? Donc… pile après le coup d’Etat à Fhirdiad contre Rufus (tu le précises même), alors que le Royaume ressort de plus de quatre ans de tyrannie avec Rufus qui gère rien, il y a eu le massacre des duscuriens qui a dû couter cher, tout comme le voyage en lui-même, une instabilité constante qui n’aide pas à lever les impôts, et le Royaume est défini par le fait d’être pauvre au point qu’ils n’ont pas les moyens de laisser un seul port qui n’est pas gelé aux srengs et l’enjeu même de leur conflit est l’accès à des ressources rares dans les deux camps (ce qui est une bonne précision apporté par Nopes, faut l’avouer)… et vous me sortez qu’il y a eu assez de thune pour poursuivre un seul gars dans tout le nord pour le faire devenir général ? Et bé, j’espère que Gustave en a profité pour arrêter tous les brigands qu’il a croisé ou confondu avec la bande de Miklan, ça aura au moins servi à quelque chose de cramer autant d’argent pour ça… et s’ils l’ont attrapé rapidement (vu que le moment de sa capture n'est pas clair), il doit être ultra discret le Miklan pour que personne n’ait eu vent de sa présence, dont Félix qui doit être au courant de beaucoup de choses en tant que duc de Fraldarius.
Car oui, y a juste Matthias et Gustave qui sont au courant ! Bon bah déjà favoritisme power, Matthias a juste arrangé la place pour son fiston préféré et Gustave est juste un gentil toutou obéissant à la famille royale (y a qu’à l’entendre dire que Rufus ne devrait pas être condamné publiquement comme les autres pour ses crimes car, c’est la famille royale, ce type est fanatique de la famille royale à ce point !). Tu m'étonnes que Félix soit énervé, lui disent de ne pas rentrer dans les détails de son "recrutement" (surement pour ne pas vomir) pour expliquer son choix car bon, c'est ça le fond du problème en fait, et qu'il ne réponde rien quand Dimitri dit en substance "fort parce que fiston de Matthias UwU" tellement l’échange est lunaire ! C'est le seul avec des neurones ici ! (même si soyons réaliste, si Félix ne dit rien, c’est surement pour signifier qu’il n’a rien à répondre à Dimitri sur ce qu’il vient de dire : Miklan est le mieux qualifié pour diriger car son papa noble lui a appris à être un bon général [sous entendant au passage que ses propres hommes de confiance roturiers au sein de l’armée n’en sont pas capable... car ils n’ont pas les techniques du margrave Gautier… népotisme et favoritisme familial power…])
Ensuite, Dimitri sort tout un discours sur les "emblèmes = mal" alors que dans un chapitre avant ça, il dit que le pouvoir est un outil qui est bon ou mauvais selon ce qu'on en fait. Son discours s'applique aux emblèmes vu qu'il utilise et la force qu'il lui donne comme exemple. Le jeu n'est même pas cohérent avec lui-même... Et je sais, il parle du fait que les emblèmes ont trop d'importance, ce qui posera un problème pour protéger le Royaume car ils se raréfient et que cela laisserait le pays sans défense si tous leurs porteurs mourraient mais, un emblème ne fait pas d'une personne une armée à elle toute seule. C'est pour ça qu'ils ont une armée et que les soldats roturiers se sont encore une fois battus pour protéger le Royaume, il n'y a pas que des seigneurs à emblème dans l'armée (genre, Ashe et Dedue entre autres exemples évidents). Dimitri peut être dévastateur avec son emblème pendant ses 5 ans d’errance mais d’un, c’est le seul porteur d'emblème à avoir une super force de ce qu’on en sait, et de deux, quand il tente d’affronter l’armée impériale de front dans VW alors qu’il n’a pas les forces suffisantes (que ce soit sur le plan numéraire ou tactique), il se fait massacrer à coups de lances. Paye ton armée en un seul homme.
Le jeu est souvent coincé vu qu'il doit tout faire pour dire que les emblèmes (et souvent les nabatéens au passage car les victimes sont responsables du mal qu’on leur fait évidemment mais, on va y revenir) sont le mal et la source de tous les problèmes histoire de dorloter les pleurnicheries des personnages (et en particulier celles de Delagarde) mais, sans se rendre compte que les problèmes existeraient quand même sans les emblèmes mais là, ce discours sur les "emblème = mal" est aussi coincé par le gameplay du jeu : si les emblèmes étaient si puissantes que ça, les unités à emblème seraient complètement pétées et les joueurs n'utiliseraient qu'elles pour gagner facilement en laissant les autres de côté alors, en l'état, le gameplay dit que les emblèmes et les Reliques ne sont pas assez puissants / suffisant pour vaincre des armées à elle toutes seules car sinon, Dimitri aurait déjà régler ça en deux temps trois mouvements, surtout que les porteurs d'emblème ne peuvent pas être partout à la fois, ils ne sont clairement pas assez nombreux pour tenir chaque point stratégique de Fodlan.
Qu'on fasse une forme de magie surpuissante qui transforme vraiment une personne en armée à elle toute seule, pourquoi pas, cela peut être une super idée (je l’ai fait moi-même avec ma sorcellerie) mais, en tant qu'unité de jeu vidéo, ça colle mal avec le fait qu'il ne faut pas que le joueur roule sur le jeu avec un God Mod ou alors, c’est un élément qui correspond plus à un boss très dur à battre et où il faut trouver la faille ou la bonne stratégie... donc, ça sonne très creux et hypocrite comme justification, surtout dans la bouche de Dimitri qui ne nous a pas habitué à ce genre de discours.
De plus, on a le coup des emblèmes qui se raréfie et donc, on a besoin de personnes sans emblème compétentes... bon, déjà, pourquoi ils se raréfies ? ça fait plus de mille ans, doit plus rester grand-chose du sang de base depuis quelques générations maintenant et de mémoire, Ingrid dit à Shez à un moment que toutes les familles nobles ont un peu de sang à emblème à force de se marier les uns aux autres dans Nopes (c'est dans leur soutien, et Ingrid dit même que maintenant, on est plus trop regardant sur l'emblème qu'ont les gamins tellement c'est mélangé, sauf quand il y a une Relique dans la famille... mais c'est pas le sujet)… et son propre emblème avait disparu pendant quelques générations avant de réapparaitre dans son sang alors, qui nous dit que ce n’est pas une période avant que les emblèmes ne reviennent ? Un autre trou dans le scénario qui ressemble à un emmental on va dire mais, on a encore le trou dans le barrage de Granjean de "pourquoi pas donner des responsabilités aux roturiers ?!" ça règlerait tous les problèmes de ce passage et surtout, ça éviterait d’absoudre complètement un type comme Miklan alors que sa seule place, c’est en prison à purger sa peine ou au bout d’une corde ! Pas d’avoir une rédemption gratuite !
D’ailleurs, petite cerise sur le gâteau : Dimitri fait sa petite démonstration à Félix, soit un des deux personnages avec Catherine à avoir un emblème majeur naturellement, et également un des deux personnages avec elle qui ne se plaint jamais de son emblème, il dit toujours que la force vient en fait de l'entrainement, les deux travaillant durs pour devenir fort et ayant un rapport sain vis à vis de leur emblème respectif (et Catherine est même assez prudente avec sa Relique et ne l'utilise qu'en cas d'urgence, même si c'est celle de sa famille). Laissez-moi croire que ce coup-là est une fulgurance des créateurs qui savent que tout le discours sur les emblèmes de Delagarde et le faux-Claude de Nopes (et malheureusement Dimitri ici) est juste un cache-misère et un bouc émissaire pour oublier les vraies causes des problèmes.
De plus, c'est fameux d'entendre Dimitri dire à son ami d'enfance à emblème majeur, qu'il sait être un accro à l'entrainement pour devenir fort et protéger ses proches "oui mais, tu sais, si on était fort, c'est juste parce qu'on avait les emblèmes et les Reliques dans nos rangs quand le sang était encore assez concentré – tu sais, comme chez toi vu que tu as un emblème majeur –, pas parce qu'on a une bonne armée, une bonne cohésion de groupe et un entrainement solide, c'est juste grâce au pouvoir que les généraux (dont toi) ont dans le sang, c'est juste normal que tu sois fort avec un emblème, t'es juste cheaté grâce à ton sang". Oui Félix, tu as le droit de le défoncer et d'arracher son masque à cet agarthan, défoule-toi ! Surtout que le jeu t’oblige à dire « oui, c’est vrai » alors que Dimitri vient de dire n’importe quoi mais heureusement, tu as eu le droit de rappeler à Dimitri que ton problème n’est pas tant de faire monter des sans emblèmes (car Nopes arrive à se souvenir que toi, tu t’en fiches, ce qui compte, c’est les vraies compétences des gens qui se développent grâce à leur travail acharné) mais, de propulser un criminel aussi dangereux comme général !
Ensuite, Ingrid et Félix font remarquer que leurs soldats ne vont surement pas accepté d'obéir à un ancien brigand aussi dangereux (surtout qu’Ingrid dit que tout le monde est au courant de l’histoire de Miklan), et très bon point pour eux : si les hommes ne respectent pas leur général, il y a plus de chance qu'ils l'abandonnent face à l'ennemi ou s'en débarrassent eux-mêmes car juste, c'est connu que c'est un monstre et encore une fois, c'est des roturiers, c'était sur eux que les attaques de Miklan tombaient. Miklan a beau dire que ses hommes sont juste des hommes de mains de Dimitri qui surveillent le moindre de ses faits et gestes et obéissent plus au roi qu’à lui, les autres soldats, la masse qui compose la grande partie de l’armée qui n’a pas eu la chance de naitre fils ainé de margrave, apprennent que Miklan a eu une telle promotion grâce à son père et le roi malgré tous ses crimes, et que ce n'est pas l'un d'entre eux qui a eu le droit de monter en grade (et ça va se savoir vu qu'il combat avec eux, tout se sait dans un camp militaire), je vous parie une pièce que ça va finir en mutinerie pour le dégager, voir le tuer histoire de faire justice eux-mêmes, encore plus vu le caractère de chien de Miklan, il va juste se faire haïr en deux minutes (et tu vas dire bonjours aux mutineries aussi Dimitri car, personne ne croira jamais qu’il n’y a pas eu de favoritisme dans sa nomination vu que c’est le fils de Matthias Gautier, surtout si ce n’est pas à cause d’une menace de Matthias que son fils est là où il est, bon courage pour les calmer).
Merci Félix de demander à Sylvain ce qu'il en pense ! Car bon, y a Félix qui parle quand le jeu l’y autorise, y a Dimitri qui est complètement torché avec la vinasse de Delagarde, Ingrid qui cherche où elle a mis ses dents vu qu’elle a perdu tout son mordant, Miklan qui crache des horreurs mais Sylvain, il n’a encore rien dit (surtout qu’on dirait qu’il pourrait ne rien dire si un évènement a ou n’a pas lieu d’après le datamine). C'est quand même le principal concerné alors, ce serait bien d’avoir son avis et vu que même s’il le comprenait dans 3h (parce que traumatisme dû à des violences domestiques), il disait aussi que c’était le pire être humain qu’il connaissait depuis l'ellipse et directement le chapitre où on allait l'arrêter à la tour alors… et zut… le conditionnement de Sylvain à penser qu'il ne mérite rien parce qu'il a un emblème revient au galop... bon, déjà, si son père a participé aux négociations, il va pas lui dire non vu que comme je l'ai dit dans le précédent billet qui a mené à celui-là, il doit savoir que son père n'aime que Miklan et l'a eu par obligation, et même s'il a la meilleure relation du monde avec Dimitri qui respectera surement son refus, avec Matthias juste à côté (et peut-être Gustave), ça aide encore moins pour dire « euh… non, je veux pas que mon meurtrier qui m’a battu toute mon enfance soit absout comme ça de ses crimes ». J’aurais bien aimé voir cette discussion, genre en flashback ou autre pour qu’on voie pourquoi Sylvain a accepté au lieu de l’expédier en disant "Sylvain a déjà tout dit ce qu'il avait à dire à Dimitri... hors champ..." tient…
En plus, c'est Sylvain (la VICTIME DE MIKLAN) qui s'écrase et s'excuse pratiquement d'être face à son frère ! Je sais que c'est censé être une taquinerie ou une blague mais, je trouve ça de très mauvais gout quand c'est dit face à celui qui a tenté de le tuer deux fois. C'est Miklan qui devrait lui demander pardon pour tout ce qu'il a fait ! Pas s'en tirer avec juste un soupir agacé et un "tout le monde sait à quoi s'en tenir..." ! C'est juste trop rapide et on a besoin d'une explication !
Ensuite… pitié qu’on en finisse… merci Félix d’être la bouffée d’air frais dans ce tas d’immondice avec ta pique sur « tous les moyens nécessaires » histoire de bien rappeler à Dimitri (enfin, à l’agarthan qui l’a remplacé) que ce qu’il fait est horrible et qu’il est juste en train de réhabiliter un ancien criminel en lui donnant les moyens de continuer à exercer son sadisme et sa cruauté. Car, franchement, qui pense ici que Miklan va arrêter d’aimer le sang et faire souffrir les autres, surtout une fois dans une position de pouvoir où il pourra diriger des gens qui devront lui obéir car c’est leur général ? Pas moi. Le tout en disant qu’il est conscient que Miklan a commis des atrocités quand il était brigand (non Dimitri, pas que pendant sa période de banditisme, souviens toi de quand Sylvain revenait de chez lui blessé de partout et tombait dans les escaliers toutes les deux minutes, Miklan a toujours été un monstre) Surtout que Dimitri reconnait que son action est stupide et qu’il mérite d’être critiquer pour ça ! Alors pourquoi le jeu ne laisse pas les autres personnages (dont Félix, notre sauveur à tous) le critiquer avec de VRAIS arguments ! C’est pas comme s’il n’en avait pas ! C’est pas vrai ! Nopes, c’est pas une enfilade de petites et grandes actions qui mène à une conclusion logique et en accord avec les personnages ! C’est qu’ils ont la conclusion et mettent tous et n’importe quoi pour justifier pourquoi il arrive là-bas ! Peu importe si c’est incohérent ! (une des raisons pour lesquelles j'ai un peu envie de croire à un scénario raté par incompétence plutôt qu'une vraie envie de faire les choses mal, c'est une erreur de scénariste débutant ce genre d'erreur où tu vas directement à la conclusion plutôt que de décrire le chemin pour arriver à la conclusion de manière satisfaisante).
« Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de me demander dans quelle mesure sa vie aurait été différente, moins tourmentée, s'il avait possédé un emblème. » Dimitri, pose le vin rouge de Delagarde, l’alcool, ça ne te réussit pas ! Miklan aurait eu un emblème, un de tes meilleurs amis d’enfance, un type qui t’a toujours soutenu, a toujours été là pour toi, une des seules personnes qui te croit quand tu disais que les duscuriens n’étaient pas coupables du massacre où tu as failli mourir, un type très fidèle à ta cause qui a toujours pris soin de toi, n'existerait tout simplement pas. Sylvain n’existe que parce que son père avait besoin d’un enfant à emblème et merci à la Déesse, il n’a fallu qu’une tentative aboutit pour qu’il ait le résultat qu’il voulait, j’ose à peine imaginer le sort de potentiels gamins sans emblème qui aurait pu avoir entre Miklan et Sylvain… Si Miklan avait eu un emblème, il aurait eu un autre frère ou sœur de sa mère si elle avait survécu (comme c'était en route pour le faire vu que ça rajoute du pathos au male pain de Matthias de tuer son grand amour enceinte de lui, soit au moment où elle est le plus vulnérable) ou alors, il serait resté fils unique à sa mort avec Matthias qui le pourrit gâte et lui passe tout.
Même en étant le favori de son père, il voulait encore plus, jusqu’au point de vouloir tuer son frère pour avoir le peu que Sylvain avait. Et ne me faites pas croire que ce type aurait pu être un bon margrave vu comment il se comporte et son attitude. Les habitants de Gautier ont dû remercier la Déesse le jour où ils ont su qu'ils n'allaient pas se coltiner Miklan à vie !
Emblème ou pas, on s’en tape, c’est pas important, on s’en cogne complètement. Ça n’aurait pas empêcher Miklan d'être un homme violent qui fait du mal aux autres pour avoir ce qu’il veut. Ça n’aurait pas changé qu’il est tellement envieux et jaloux que si quelqu’un a ce qu’il veut, il préfère le tabasser à mort pour récupérer ce qu’il veut, plutôt que de travailler pour obtenir ce qu’il convoite. Ça n’aurait pas empêcher qu’il n’arrive pas à se satisfaire de ce qu’il a déjà. C’est le fils ainé du margrave Gautier, une des plus grandes familles du Royaume et des plus puissantes, le tout en étant le chouchou de son père. Avec Sylvain dans l’équation, Miklan avait un ticket doré pour une vie tranquille, sans responsabilité en vivant de sa rente et aux crochets des citoyens de Gautier. Sans Sylvain dans l’équation, il l’avait toujours mais, il aurait dû bosser un peu de temps en temps et encore, il pourrait désigner des hommes de confiance pour gérer son domaine. Tout ce que ça change qu’il n’ait pas d’emblème quand Sylvain est là, c’est que s’il voulait des responsabilités et l’attention de tous, il aurait dû se bouger pour son fief et travailler pour mériter ce respect en devenant un grand guerrier, un bon administrateur, quelqu’un de bienveillant qui aide les pauvres, un érudit qui trouve des solutions aux problèmes de sa marche, un diplomate pour résoudre le conflit avec Sreng et éviter que quelqu’un d’autres ne perdent un proche comme lui à cause des raids… mais non, il a préféré juste tuer Sylvain car, c’était moins fatiguant que de bosser et parce qu’il voulait pas un peu de pouvoir, il voulait TOUT le pouvoir. L’emblème ne changera rien, il est juste bourré de défaut et n’a jamais travaillé dessus ! Avoir un emblème ou non n’y changera rien s’il ne fait pas l’effort de devenir meilleur !
Ensuite… qu’est-ce qu’il raconte le Dimitri bourré juste après cette tirade pareille piquée au scripte de Delagarde…
« Tout comme l'oncle que j'ai assassiné. »
…
… … …
Tout comme… l’oncle… qu’il a… assassiné…
…
MAIS BORDEL !!!
C’est quoi cette réplique ?! D’où Dimitri pardonne aussi facilement à son oncle, un des instigateurs de Duscur qui a massacré (ou au moins laissé massacrer vu qu'il était le régent) le peuple de Dedue qui est une des personnes qu’il aime le plus au monde et le commanditaire de l’assassinat de son père Lambert - et qui a tenté de tuer Dimitri aussi et le déshumanise également à cause de son emblème au passage -, en disant « s’il avait eu l’emblème, il aurait été moins méchant… :’( »
Car souvenez-vous les amis ! L’héritage par primogéniture, c’est bien mieux et bien moins injuste que l’emblème, on risque moins de tomber sur un c*nnard qui abusera de son pouvoir de son pouvoir comme ça ou un incompétent ! S’il est né en premier, il est forcément mieux que les autres ! Même quand on a vu dans Nopes et 3h que Rufus est juste un régent feignant et négligeant qui pense plus à s’enivrer avec toutes les filles de Fhirdiad qu’à bien régner ! (au point que même Félix veut que le « phacochère » prenne le trône au plus vite alors qu’il est encore un ado edgy en pleine crise et immature, pour dire le niveau de Rufus !) Delagarde ! On t’a reconnu ! Enlève ta perruque et dégage ! Rends-nous le vrai Dimitri !
Bon, dans les faits, je comprends pourquoi Miklan et nopes!Rufus sont comparés ici : ce sont deux fratricides qui ont tenté / réussi à tuer leur jeune frère pour le pouvoir, pouvoir qu’ils n’ont pas eu par droit d’ainesse car, leur cadet avait un emblème et pas eux.
Mais sur quelle planète, dans quel univers, DIMITRI excuse son oncle d’avoir assassiné son père ?! Je sais qu’il va mieux dans Nopes (sur le plan de sa santé psychatrique seulement) et que sa schizophrénie est moins forte que dans 3H mais, quand même, il a passé 4 ans de sa vie minimum avec et a surement encore des visions du fantôme de son père décapité lui hurlant d’aller le venger, et il a aussi développé un syndrome du survivant sévère à cause de la Tragédie provoquée par son oncle, ce qui lui faisait croire qu’il devait vivre pour les morts. Jamais du saint Jamais il devrait le pardonner comme ça ! Je sais que ça fait partie de son arc d’apprendre à laisser le passé derrière lui et à pardonner (ce qui a déjà des conséquences fâcheuses dans 3h, vu qu’il est prêt à pardonner Delagarde même après qu’elle se soit littéralement transformée en monstre pour défendre ses idéaux nauséabonds dans son dernier chapitre) mais là, c’est vraiment pardonner quelqu’un qui n’a rien fait pour mériter le pardon et qui a activement chercher à faire du mal autour de lui avec la victime qui s’en veut (et le visage triste de Sylvain juste après confirme que oui, on est censé faire le parallèle et penser que le pauvre Rufus le fratricide, régicide, potentiel infanticide, génocidaire des duscuriens, tyran, ivrogne fini, j’en passe des pires et des meilleures, ne méritait pas d’être puni pour ses crimes).
Mordant d’Ingrid, je retire tout ce que j’ai dit sur le côté madame je sais tout autoritaire et dirigiste que tu lui donnais à l’académie dans 3H… car ma chère Ingrid, ton mordant me manque quand tu te couches devant Dimitri sans protester plus que « je comprends où vous voulez en venir mais, il a fait du mal aux autres quand même :( » sans te mettre à lui refaire le portrait avec ton aplomb légendaire… elle peut être douce et compréhensive mais, ça manque que personne d’autre que Félix ne tente de mettre des claques à Dimitri pour le réveiller tellement tout ce qu'il dit est lunaire…
"S'il ne se montre pas disposé à expier ses fautes, il sera exécuté. Mais s'il se repent..."
Dimitri. Tu lui donnes un moyen légal de continuer à massacrer des gens (voir son petit frère s’il se débrouille bien car, comment ses nounous vont pouvoir le surveiller H24 sur le champ de bataille, j’en sais rien, le jeu n’en sait rien, personne ne veut savoir), à exprimer sa cruauté, le tout en étant lavé de ses crimes tout en continuant à les faire, le tout en étant logé, nourri blanchi au frais des faerghiens dont il n’a pas eu le temps de dérober les deniers avant le passage des impôts – qui ne vont surement pas apprécié que Miklan soit absout de tous ses crimes alors que rappelons-le encore, c’est un voleur, un meurtrier sadique et un vi*leur (car « enlever des femmes », dans un jeu PEGI 12, c’est pour dire qu’il les a surement v*oler).
Avec tout ça, évidemment qu’il va se repentir ! Tu lui demandes juste de continuer à tuer des gens mais cette fois, c’est pour toi dans un cadre légalisé ! Y a pas de « Ce qui est fait est fait. Ce qui a été dérobé peut être rendu, mais chaque vie volée est à jamais perdue. » ! Si tu reconnais que c’est un criminel, arrête tout de suite cette mascarade, envoie le devant un tribunal et laisse la justice décidée de son sort sans que Matthias ne tente d’interférer ! Réveille-toi, reviens sur ta décision stupide et fiche le en taule pour ses crimes !
Bon… avec cette phrase, « Et quel meilleur moyen de se repentir que de risquer sa vie pour autrui ? » et son visage froncé pour son sérieux, je crois comprendre ce que le jeu essaye de faire : Dimitri se considère comme quelqu’un ayant fait beaucoup de mal autour de lui (surtout dans 3h), se sent mal d’avoir tué son oncle et d’avoir laissé Faerghus sous son joug aussi longtemps, pense qu’il est coupable d’avoir survécu à Duscur, qu’il ne venge pas les morts assez vite… et sa manière de se faire pardonner est de risquer sa vie et de se tuer au travail pour Faerghus. Et donc, il fait un transfert sur Miklan en se disant que si même lui peut se faire pardonner des morts et des vivants pour ses « crimes », Miklan aussi (et il essaye de faire autre chose mais, j’y reviendrais plus tard).
Mais les deux personnages sont dans des situations complètement différentes : Dimitri n'a jamais décidé de se retrouver à Duscur, n’est pas coupable des crimes qu’il pense avoir commis (surtout qu’il n’y a pas l’épisode où il est un vagabond pendant 5 ans où il tue les impériaux qu’il croise dans cette chronologie), s’en veut profondément pour tout ça et surtout, il choisit activement de tout faire pour se racheter. Il fait tous les efforts du monde pour mériter sa rédemption.
Miklan, lui, a choisi de mal agir, a choisi de blesser les autres, et s’il est ici, c’est que le chef de la garde royale l’a capturé, ramener à Fhirdiad et qu’on lui a dit « ton papa t’a arrangé une place haut gradé de général dans l’armée car t’est son fiston, et le roi pense que ça te permettra de te racheter, intéressé ? » (et c’était surement ça soit la prison ou la corde), le tout en continuant à tuer et à propager de la violence. Il ne fait rien pour avoir sa rédemption, elle lui tombe juste toute cuite dans le bec et ce n’est pas tant une rédemption qu’une légalisation de ses crimes vu que là, il tuera dans l’armée, et ça ne va pas donner de supers résultats si on le laisse trop en roue libre, je plains sincèrement les civils qui vont tomber sur lui…
Donc, idée intéressante sur le papier mais, très mal exécuté.
« S'il en est parmi vous qui ne lui pardonnent pas ses méfaits, allez-y. Vengez-vous. » [entre dans le jeu pour cramer Miklan par le feu].
Blague à part, dans une situation pareille, évidemment que personne ne va faire quoi que ce soit.
Le roi en personne donne sa bénédiction à Miklan pour continuer à tuer des gens et l’absout au passage de ses crimes (temporairement mais, même Miklan est capable de comprendre que ce n’est pas dans son intérêt de sortir des clous pour montrer qu’il se repentit bien et éviter de finir suspendu à la lanterne), Sylvain es toujours coincé par ses traumatismes et que vu ce qu’il a vécu, ça ne m’étonnerait pas qu’il ait encore peur de Miklan, Ingrid a perdu ses dents, tous les autres lions sont moins hauts placés que les faerghus four et dépendent de Dimitri donc, ils ne vont pas aller contre lui (ils ne sont même pas présent), Rodrigue est heureusement hors de la scène pour que le jeu ne tabasse pas encore plus son personnage pour le forcer à se coucher face à Dimitri, et même si j’adorerais voir Félix agir en attrapant Miklan pour le trainer jusqu’au tribunal le plus proche, ça créerait des tensions avec Matthias qui pourrait faire pression pour libérer son fiston en menaçant de ne plus soutenir l’effort de guerre.
De plus le jeu fait tout pour montrer que Félix est en tort dans cette scène, c’est lui qui est censé être le méchant flic qui ne pardonne pas au pauvre Miklan d’avoir été un potentiel fratricide de Sylvain et un dangereux bandit qui a fait du mal à beaucoup de gens (dont sur ces propres terres dans 3h vu que la tour Conrad est à Fraldarius).
Ses deux dernières répliquent le prouve pour moi : il se couche en disant qu’il comprend Dimitri mais, que Dimitri devrait leur parler de ses raisonnements avant, alors que je suis désolé, même avec tout le développement de son personnage dans Nopes et même s’il est plus calme et mature que dans 3h, le vrai Félix n’aurait pas laissé passer ça, encore plus maintenant qu’il est duc. Il ne laisserait pas un criminel pareil se tirer et Dimitri s’en tirer aussi avec « déso Félix », surtout pas après tout ce qu’il a raconté avant (et que Miklan a également piller les terres de Fraldarius dans 3h donc, il y a des chances qu'il ait dû réparer les dégâts qu'il a fait à son propre territoire).
De plus, je pense qu’ici (et même s'il y a surement de la surinterprétation), on essaye d’opposer deux choses : la voie de la justice et de la rédemption défendu par Dimitri, et la voie de la vengeance et de la punition trop sévère à cause des émotions, idée que Félix semble défendre dans cette scène.
Évidemment, je n’étais pas dans la salle de réunion quand les auteurs ont écrit cette scène (sinon, j’aurais pété un câble) mais, je pense qu’ils ont essayé de montrer que si Félix agi de manière impulsive en étant guidé par son ressentiment envers Miklan, que ce soit pour son passé de criminel ou ce qu’il a fait à Sylvain, et est donc dans un optique de vengeance, là où Dimitri arrive à passer outre son ressentiment et ses propres envies vengeresses et donne à Miklan une chance de se racheter, montrant son évolution d’arme vengeresse des morts à roi bienveillant sachant accordé son pardon (même s’il finit par se venger de Thalès à la fin, n’épargne Delagarde que parce qu’elle a de nouveau 12 ans d’âge mentale à cause d’un lavage de cerveau qui ne sert qu’à la blanchir à la chaux, et que la guerre continue même si les deux têtes de l’Empire sont tombés mais, c’est pas le sujet. Une scène foireuse à la fois). Et sur le papier, pourquoi pas, ça aurait pu être une très bonne confrontation avec un thème qui collerait à Dimitri.
Cependant, cette fois, ce qui pêche, c’est la situation, le contexte et les personnages impliqués, surtout que cette discussion n’est pas tant autour de « justice Vs vengeance » mais plutôt « ne pas pardonner quelqu’un qui ne cherche pas à s’améliorer Vs donner un passe-droit à quelqu’un qui a fait des chose de mal et qui ne fait rien pour le mériter » si on extrapole un peu. De plus, même le jeu sait que son débat ne va nulle part car, il ne laisse pas Félix opposer de bons arguments à Dimitri, alors qu’ils sont évidents.
Dans le texte, Félix ne demande pas à venger qui que ce soit mais, pourquoi Dimitri a décidé de nommer général un criminel aussi dangereux que Miklan en pleine guerre.
Toute l’incartade sur les emblèmes ? Complètement inutile, ça ne justifie pas pourquoi prendre Miklan et pas un bon soldat roturier, je crois que je l’ai assez expliqué ici. Mais Félix n’a pas le droit de répondre à ça, il doit juste rappeler à Dimitri que ce n’était pas ça sa question puis, Dimitri répond en faisant un parallèle foireux en pardonnant un tyran qui a tué des centaines de personnes et a provoqué les deux Tragédies de Duscur.
Le coup de « s’il avait un emblème, il aurait été différent » ? La belle affaire, avec des « si », on mettrait Fhridiad dans une bouteille, Paris avec et elle flotterait. Là, de ce qu’on en sait dans le présent et pas dans une réalité parallèle, Miklan est un homme violent et dangereux qui prend du plaisir à faire souffrir les autres, et préférera utiliser la violence pour obtenir ce qu’il veut plutôt que de travailler dur, le tout en étant surement haï de tous pour ses crimes.
De plus, ce n’est pas Miklan qui a voulu se repentir dans cette histoire. Rappelez-vous, c’est Dimitri qui a envoyé Gustave lui courir après Miklan dans tout le nord, et ce n’est que quand on lui donne directement l’occasion en or de se « repentir » tout en continuant à tuer qu’il rejoint Dimitri et si on l’a cherché, c’est parce que c’est le fils du margrave Gautier, le tout en disant ouvertement devant Dimitri qu’il n’est pas là pour la rédemption mais, pour l’argent.
Ce n’est pas Miklan qui s’est soudainement trouvé une conscience et a décidé de rejoindre l’armée royale anonymement comme soldat de base afin de défendre son pays car, il est doué pour se battre, puis se met à travailler d’arrache-pied pour se racheter, tout en n’acceptant aucune aide extérieur le jour où sa vraie identité est révélée. Là, ça aurait déjà plus de sens pour une rédemption, même si ce serait surement Out of Character pour Miklan.
Là, on lui donne sa rédemption uniquement parce qu’il est le fils de Matthias. Il aurait été un bandit random, il serait déjà en train de se balancer au bout d’une corde comme tous les autres. Dans cette situation, je ne le voie pas comme quelqu’un qui veut réellement se repentir de manière sincère mais, seulement un opportuniste à qui on offre le pardon sur un plateau d’argent tout en lui permettant de continuer ses crimes mais, dans un cadre légal. On légalise ses crimes, on ne les punit pas.
Vous me direz, le fait de se battre dans l’armée contre son gré peut être sa peine après un jugement mais, comme c’est présenté dans cette scène, cela donne plus l’impression qu’un grand noble s’est arrangé avec le roi pour faire libérer un proche. C’est pas quelque chose que monsieur et madame Tout-le-Monde peuvent se permettre car, ils ne sont pas dans les petits papiers du roi, ils ne se connaissent pas, et un margrave en personne ne leur a pas appris la stratégie. Car dans le fond, c’est quoi la justice ? Un système décidé et exercé COLLECTIVEMENT afin de réglementer les conséquences des actes répréhensibles afin d’éviter qu’ils n’aient lieu, recommencent et pour punir les coupable, le tout en étant toujours en groupe afin d'être le plus neutre possible, de ne pas risquer qu’il y ait de la corruption, des biais car un juge connait le condamné… tout en étant accepté par le plus grand nombre car, c’est un système juste qui fonctionne et cela évite de tomber dans des cycles de vengeances sans fin qui ne font que provoquer que plus de mort. L’État sert d’arbitre dans les conflits entre individus ou entités qu’il a en charge, et ça part mal si on commence à faire des exceptions car le chef de l’Etat décide d’épargner un type car il le connait personnellement. C’est pour ça que normalement, la justice est le pouvoir qui doit rester le plus indépendant des trois et ne pas subir la moindre influence du monde législatif ou exécutif (je sais, je m’éparpille mais promis, ça va quelque part).
Dans toute la scène, Félix parle de Miklan comme d’un « bandit », il ne l’appelle pas par son nom ou par le sujet « il » une seule fois, pendant que Dimitri l’appelle « Miklan » ou alors « il » qui est quand même très neutre. Dimitri définit Miklan par ce qu’il est personnellement (Miklan fils des Gautier) ou le désigne de manière neutre, là où Félix le définit par ces actions de brigand. Ce que dit Félix pourrait s’appliquer à n’importe quelle situation où un criminel devient d’un coup général, il est assez général dans ses propos et demande pourquoi on offre à un criminel à peine sortit de sa vie de crime une place aussi importante, ce qui sont des arguments qui s’entendent.
De son côté, Dimitri se considère sur Miklan de manière plus personnelle. Ses arguments sont taillés pour correspondre à Miklan et à sa situation très particulière, vu que son histoire de ne pas avoir pu hériter à cause de son petit frère qui a un emblème et pas lui ne peut concerner qu’une toute petite fraction de la noblesse, qui représente aussi une petite part de la population, et Dimitri est allé le chercher lui en particulier car, il a reçu une très bonne éducation grâce à son statut de fils ainé de margrave (et donc sa noblesse). Remplacer Miklan par un brigand au hasard, Boris le Fracasseur de crâne, fils de Jean et Jeanne Dupain, boulanger à Fhirdiad, qui s’est tourné vers le crime pour x raison, une grande partie de son argumentaire s’effondre, d’où le fait que cela ressemble plus à un acte de favoritisme qu’un vrai acte de rédemption.
Alors, le « débat » entre Félix et Dimitri tombent complètement à plat car, il ne colle pas à ce que le joueur sait de Miklan, ni ce qu’on voie dans la scène même, et avec le scénariste qui est obligé de mettre des bâtons dans les roues de Félix en lui faisant ignorer des réponses évidentes, le tout avec cette conclusion et le « vengez-vous » qui sort de nulle part car, ce n’était pas la question de base. La question de base est que si oui ou non on peut donner une place pareille à Miklan sans qu’il n’ait rien fait pour le mériter et malgré toutes les exactions qu'il a commises.
Ce n’est pas impossible à faire pourtant, le personnage de Miklan est assez proche de celui de Shokan / Shogen dans le manga "Elusive Samurai". Ce sont deux brigands très violents et sadiques car, qui n’ont pas eu ce qu’ils voulaient, pensaient que cela leur prenait tout leur avenir et se sont tournés vers le banditisme pour obtenir ce qu’ils voulaient.
Sauf que pour Shokan, on l’a vu se faire rétamer par le héros qui est à deux doigts de le tuer (ce qui est d’autant plus ironique vu que le héros est un enfant, alors que Shokan est un chasseur d’esclaves enfants qui a l’habitude de tuer les deux parents pour les faire sombrer dans le désespoir comme lui), ce qui commence à le faire réfléchir sur ses actes, puis il se fait engueulé par son patron (un méchant) pour avoir massacré les paysans (car un paysan mort ne paye pas d’impôts mais, on prend quand même), et quand on le revoie, il a évolué pour devenir un bon intendant des terres que lui a donné son maitre, puis il est redevenu un vrai samurai se battant avec honneur pour son maitre dans son dernier combat, voyant le héros comme son égal et il pense à demander à son maitre qu’on traite bien ses hommes après sa mort (on est toujours du côté des méchant).
Et surtout, Shokan / Shogen est un méchant. Un méchant qui devient honorable avec une rédemption assez claire certes mais, un méchant quand même dans le camp du méchant gouverneur opprimant le peuple de Shinano, ce qui passe mieux que si c’était le héros qui acceptait de lui pardonner tous ces crimes alors qu'il a massacré ses fidèles, là où Miklan fini dans le camp des héros, c’est le chef des héros qui lui fait tomber sa rédemption dans la bouche, et il meurt même en martyr pour défendre le Royaume, alors qu’on ne l’a pas vu devenir meilleur.
Je ne suis pas contre les rédemptions de personnages, ça peut être de très bonnes histoires (que ce soit celle de Shokan ou de Zuko dans "Avatar le Dernier Maitre de l'Air" pour citer un exemple plus connu) mais, c’est comme tout, il faut que les bonnes conditions soient réunis pour qu’elles soient crédibles et tiennent la route… et surtout, il faut que ce soit bien écrit et cohérent avec le reste, ce qui n'est clairement pas le cas ici.
Bon ! Je crois que c’est clair mais, c’est catastrophique à tous les niveaux et surtout, c’est un concentré de tout ce que Nopes fait mal. La situation n’existe que parce que le scénario la force à arriver, au lieu de construire une jolie petite route pour atteindre cette situation, et tous les personnages présents ressortent amoindris par cet échange :
Dimitri ? Pardonne à un meurtrier ; lui donne l’occasion de continuer à perpétuer des horreurs ; a bu la bibine de Delagarde et se met à dire que les emblèmes sont la source des problèmes ; oublie son objectif de donner plus de pouvoir aux roturiers en faisant monter un ancien noble devenu brigand, plutôt qu’un roturier méritant ; se blâme pour la mort de son oncle
Ingrid ? A perdu ses dents, son caractère et son attachement à ses amis et se couche trop facilement face à Dimitri vu qu’elle proteste à peine
Sylvain ? On le force à devoir travailler avec son ancien tortionnaire et c’est lui qui doit s’excuser, le tout en parlant à peine et avec la discussion entre lui et Dimitri qui a lieu hors champ (car il ne faut pas comprendre pourquoi la victime agit comme ça et se concentrer sur son agresseur, c’est important)
Miklan ? Est fidèle à lui-même – ce qui est un problème en soi – et a juste eu sa rédemption offerte sur un plateau d’argent, avec la hache à planter dans le dos de Sylvain emballée avec…
Félix ? Le seul qui s’en tire la tête haute vu qu’il proteste et appelle Dimitri sur ses décisions mais, il doit toujours se coucher à la fin et dire amen à Dimitri à la fin
En plus, de ce que j’ai vu de ce feu de poubelle ambulant, cette scène est le concentré parfait de comment Nopes traitent les victimes et leur agresseur :
Miklan tente de tuer Sylvain ? C’est Miklan qui a le droit à la rédemption sans faire aucun effort pour la mériter, et c’est Sylvain qui doit s’excuser
Matthias maltraite aussi Sylvain ? C’est Matthias qui a le droit à des violons pour qu’on le plaigne et c’est Sylvain qui doit le pardonner et bien se comporter avec son père, alors qu'il est parfaitement au courant que son père l'a eu par obligation et préfère Miklan alors que c'est un monstre
Rufus tue Lambert et a tenté de tuer Dimitri en provoquant le chaos dans le Royaume au passage ? Les violons tristes sont pour Rufus avec Dimitri qui regrette d’avoir tué le tyran après coup
Delagarde provoque une guerre continentale qui tue des centaines d’innocent car elle veut refaire tout son empire ? La pauvre chérie est dorlotée par la narration qui trouve toujours un moyen de la dédouaner de ses actes, que ce soit en ne la faisant pas tuer Thalès dans SB, en se faisant trahir par Claude (on jure, c’est pas raciste de donner le rôle du sale traitre sans honneur à l’homme métis à la peau bronzé, surtout quand ça sert à dédouaner est une frêle femme tellement blanche qu’on l’a perdu dans la neige faerghienne), ou en sortant le lavage de cerveau par Thalès du chapeau qui l’a fait régresser à un âge mental d’une gosse, et Faerghus est blâmé de ne pas vouloir être envahi
Claude jette un baril d’essence à briquet sur les relations entre Sreng et Faerghus en provoquant une nouvelle guerre entre eux ? Bon, là, ok, on le tient un peu responsable pour ce qu’il fait (et toujours, ne voyez aucun racisme dans le fait que le seul qui doit subir les conséquences de ses actions est l’homme à la peau brune d’origine moyen-orientale, dont on a complètement saboté le caractère et le développement de personnage en le faisant provoquer une guerre entre deux pays alors qu’il veut la paix entre tous les peuples pour qu’il n’y ait plus de racisme, le tout en lui refilant les défauts de la jeune fille blanche car, si une blanche ne peut pas être bourré de défauts, être une sale menteuse hypocrite et belliciste doublé d’une impérialiste brutale et cruelle, un homme de couleur peut totalement l’être tout en même temps, qu’importe ses aspirations de base. Comme toujours, zéro racisme dedans [et pour ceux qui se pose la question, oui, c'est du sarcasme, évidemment que c'est un traitement extrêmement raciste !]), mais on a quand même des pleurnicheries à base « bouhou ! Le Royaume nous a envahi au lieu de nous laisser indépendant quand on s’est tiré d’Adrestia y a 400 ans, c’est trop des monstres cruels ! Vengeons nous sur leurs descendants et en collaborant avec l'Empire dont on s'est tiré à la base, même si tous les responsables sont redevenus de la poussière depuis le temps ! >:( »
TOUT LE CAST ou presque tape sur les emblèmes et veulent qu’ils ne soient jamais arrivés dans le sang de l’humanité, alors que c’est les humains qui ont massacré les nabatéens pour les avoir ? On expulse les nabatéens de l’intrigue, Rhéa est décrite comme trop méchante car elle a aidé les autres et ne s’est PAS vengé sur les enfants des gens qui ont massacré son peuple (tout en étant la seule vraie héroïne de SB, je dis ça, je dis rien, surtout que ce n'est pas la chute + l'attaque de Thalès qui va la tuer, elle a survécu à des explosions de simili armes nucléaires et Byleth s'est pris une dérouillée similaire mais, a survécu quand même), on leur reproche d’exister, et on donne tous les bons points ou presque à ceux qui les ont assassinés et transformé en arme, que ce soit les agarthans avec le paralogue du créateur d’Arval, ou le fait qu’aucun personnage n’est vraiment remis en question quand il chouine sur les emblèmes. En particulier Delagarde qui est soigné par le scénario comme la petite chouchoute des développeurs qu’elle est.
Tout dans ce jeu fait tout ce qu’il peut pour pardonner aux agresseurs tout en blâmant les victimes d’être ainsi, comme si c’était leur faute si elle subissait de la violence, alors que non. Ce ne sera jamais de leur faute, c’est toujours la faute de ceux qui ont choisi de les agresser, n’échange pas les rôles Nopes. Ton discours sur « l’impérialisme, c’est bien » est déjà extrêmement dangereux mais, tu ne fais qu’aggraver ton cas en ajoutant que c’est la faute des victimes si elles sont blessées, tu ne fais que légitimer les envahisseurs violents ! Et si je veux bien croire que pour le recrutement de Miklan de cette manière, on a plus à faire avec de l'incompétence qu'à de la malveillance, c'est tellement constant et régulier dans ce jeu de blâmer les victimes et de pardonner les agresseurs que selon moi, ça révèle que les auteurs y croient plus ou moins, même inconsciemment sinon, on ne le retrouverait pas de manière si régulière partout, sauf s'ils l'ont incorporés au reste de manière accidentelle mais, faut pas exagérer non plus !
En plus, est-ce que ce serait possible de juste garder cette scène sans détruire tous les personnages ? Ou au moins une rédemption pour Miklan ? Dans l'état, si on garde la scène et l'agencement tel quel, je ne pense pas que ce soit possible.
Comme je l'ai dit plus haut - et même si je pense que Miklan est allé bien trop loin pour avoir une rédemption -, il faudrait que Miklan soit bien plus actif, cherche la rédemption par lui-même et travaille énormément sur lui-même sans accepter aucune aide extérieur, tout en acceptant que les personnes autour de lui ne le pardonneront jamais. Scénaristes. Laissez Sylvain être en colère contre son frère, laissez le montrer son traumatisme, montrez le sur ses gardes quand Miklan approche, avoir des réflexes d'autodéfense quand Miklan ou Matthias ou quelqu'un d'autre fait des gestes trop brusque... laissez Ingrid et Félix traité Miklan de tous les noms quand ils le voient ou ne rien cacher de leur mépris. Laissez les lions faire barrage pour protéger Sylvain. Laissez Dimitri le condamner fermement. Cela ne nuira pas à votre scénario de montrer les personnages ne pas s'entendre à 100%, d'avoir des émotions négatives, une répulsion pareille pour d'autres persos... ce sont des aspects des émotions humaines qui font partie intégrante de la vie, c'est normal de les montrer dans vos histoires sans pour autant condamné à 100% les personnages ou les montrer être dans le tort. Cela rendra vos histoires plus crédibles et vivante.
Et sinon, si on reste sur l'idée que Dimitri a recruté Miklan lui-même, je pense qu'il faudrait le montrer comme dans tombant dans l'excès de pardon après avoir été dans l'excès de vengeance, puis montrer que cela ne lui réussit pas. Félix, Ingrid et Sylvain pourraient se disputer avec lui et décider de ne plus vraiment lui obéir, devenant des unités vertes sur le terrain pendant une ou deux batailles, Rodrigue de même en plus discret tout en donnant les bons conseils à Dimitri, même si ce dernier s'entête. Les autres lions ne diraient rien de peur de la réaction du roi et du margrave car ils sont moins bien placés que lui, et les quelques personnes qui encouragent Dimitri dans cette voie du pardon extrême le font soit parce que ce sont des carpettes (Gustave), soit par opportunisme et intérêt (Matthias) soit parce qu'ils n'arrivent pas à voir les implications d'une telle décision, tout en étant inquiet en voyant tous les amis de longue date de Dimitri être farouchement contre sa décision de nommer Miklan général (Shez pour qu'iel serve à quelque chose).
Ensuite, Miklan serait une unité jouable (de préférence très mauvaise ou médiocre pour enfoncer le clou sur le fait que même s'il est l'élève de Matthias, c'est un très mauvais combattant et une mauvaise idée de le faire devenir général) mais, en plus des protestations générales dans l'armée avant et après les batailles, ainsi que pendant l'exploration, dans la bataille suivante ou encore celle d'après, il trahirait Dimitri car, les idéaux de Delagarde l'arrange et qu'on lui propose plus d'argent, devenant une unité rouge qui attaque Dimitri sans pitié avec un dialogue dans le combat montrant à quel point Miklan est une ordure, avant que Félix, Sylvain, Ingrid et Rodrigue débarquent d'un coup sur le champ de bataille pour aider Dimitri et le protéger de Miklan, qui est vaincu dans cette bataille. On finirait alors avec Dimitri qui comprend qu'il faut un juste milieu entre la vengeance aveugle et le pardon aveugle, tout en promettant de faire de son mieux pour trouver un juste équilibre entre les deux, le tout en s'excusant envers ses amis (et en particulier Sylvain qui, comme le grand frère qu'il est, dirait que ça a été un coup dur de le voir recruté Miklan mais, qu'ils restent amis quand même et qu'il pensait éviter tomber dans son ancien travers vengeur, même s'il espère que Dimitri ne lui refera jamais un coup pareil).
Sinon, je ne voie vraiment pas comment intégrer Miklan... c'est comme pour Jéritza, sa simple présence aux côtés des gentils nuit à tous le cast et les font paraitre bien pire qu'ils ne le sont...
Je ne sais même pas comment conclure ce billet bien trop long… peut-être juste avec ces quelques mots : Three Hopes est un beau gâchis. FE3H, malgré tout l’amour que j’ai pour ce jeu, a beaucoup de trous dans son scénario et de zone d’ombre. Cela aurait pu être une bonne réécriture pour les combler, être une nouvelle voie d’or en plus d’AM, ou alors le jeu aurait pu explorer la guerre des héros ou la guerre du Lion et de l’Aigle. J’aurais aimé retrouvé des personnages que j’aime ou leurs ancêtres. Malgré le fait que je trouvais le redesign des trois seigneurs ratés, j’étais ouverte à ce qu’on me raconte une nouvelle histoire à Fodlan, j’aurais aimé y retourner pour une nouvelle aventure, surtout qu’on voyait Claude et Dimitri combattre ensemble dos à dos et que j’aurais adoré jouer une route où les deux classes fusionnent pour combattre Delagarde de manière scriptée, ce qui aurait permis pleins de nouvelles interactions entre les personnages.
Mais entre ses problèmes d’écriture, son ton, les fausses bonnes idées avec Shez qui n’est là que pour calmer les gens qui n’aiment pas les avatars silencieux et dont le concept boiteux ne tient pas la comparaison avec Byleth, les retcons dans tous les sens… déjà, ce jeu partait avec des sacs de sables accrochés au pied… mais ce qui le plombe le plus à mon avis, c’est que Delagarde DOIT être une waifu qui fait vendre. Et comme les gens n’aiment pas dire qu’ils aiment un méchant (alors que ça ne gêne pas pour Thanos, Dark Vador, le Joker les autres empereurs rouges de FE…), il faut tout faire pour la blanchir la plus possible, surtout qu’une femme ne peut pas être mauvaise à cause du sexisme des auteurs. Alors, on refile ses défauts à Claude, tant pis si ça en fait un énorme stéréotype raciste au final tout en massacrant son personnage. Tout le monde pleure sur les emblèmes et à quel point elles sont mauvaises, et pour être sur que personne ne conteste, on jette les nabatéens hors du scénario. L’impérialisme devient quelque chose de bien et de cool, c’est cool de conquérir d’autres nations, c’est qu’une partie de capture du drapeau grandeur nature et tant pis si on pave la route de vrais cadavres de vrais gens, avec les agresseurs comme elles ont toujours de bonnes raisons d’être violents et leurs victimes ont toujours bien cherché leur sort, tout en ayant tort de se défendre. Ces derniers points ont des implications très graves IRL, ça ne devrait jamais être le discours portés dans l’espace publique et en conséquences dans le jeu, on se retrouve avec des agresseurs systématiquement pardonnés et des victimes qui doivent se coucher, avec ceux qui les défendent montrer comme n’ayant pas d’argument, comme c’est le cas avec Miklan (et je crois que Dimitri est aussi montré comme étant en tord d’accueillir Rhéa et la protéger mais bon, je viens déjà de me taper l’analyse détaillée de toute une scène de ce brûlot, je vais pas aller chercher d’autres horreurs). Le tout en caressant dans le sens du poil la partie la plus toxique du fandom qui est connu pour harceler les personnes qui leur déplaisent, puis s’en vanter en volant leur nom d’utilisateur comme si c’était un trophée de chasse.
On se retrouve donc avec un jeu extrêmement mal écrit et pire que tout, avec des messages nauséabonds, extrêmement toxiques et qui sont d’autant plus malsains qu’ils viennent du Japon, un ancien pays impérialiste qui a beaucoup de problème pour reconnaitre ses crimes de guerres et tout ce qu’il a fait subir à ses voisons, que ce soit en Chine ou en Corée entre autres, et dont la recherche historique en interne est très limité avec très peu de sciences sociales, ce qui enferme encore plus l’Histoire dans le carcan du roman national.
Bref, malgré ses quelques rares bon point, Nopes est un gâchis complet sur tous les plans qu’il vaut mieux séparer de l’expérience de 3H pour éviter d’accentuer ses défauts. Je ferais le travail moi-même pour étendre l’univers de Fodlan avec mes propres idées. Au moins, je suis sûre de ne pas être déçu…
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