Tumgik
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Un tel exercice fait aussi réfléchir au concept même de « livre préféré »: À mon sens c’est comme les meilleurs amis, ça n’existe que dans un monde où l’on compartimente tout pour se rassurer (et dieu que j’aime être rassuré), mais au fond, c’est un concept assez creux
Plutôt que de remettre toute mon existence en question et de m’interroger des heures sur la signification du choix de tel ou tel livre, je me suis simplement posé devant ma bibliothèque, et j’ai choisi à l’instinct Et bingo, j’ai retrouvé des livres que je n’avais pas lu depuis des lustres, et (le croirez-vous) lire leur première ligne m’a presque donné envie de les relire (finalement le concept fonctionne un peu) (comme si j’avais le temps)
C’est dimanche, je vous divertis.
Il y a ce truc en moi qui me dit que ce genre de choses est presque inutile, parce que : 1) la capacité de concentration de quelqu’un sur l’internet approche 0; 2) que lire une ligne de livre ne vas pas changer le cours de son univers; 3) et potentiellement encore moins lui donner envie d’en lire plus; 4) que ça fonctionne très peu dans mon cas; 5) certaines premières lignes de livres sont quelque peu décevantes. 
Pas très concluant, is it ?
Mais la partie surexcitée de moi à la pensée de conseiller encore et encore les 5 mêmes ouvrages sur lesquels j’ai très probablement basé toute ma personnalité m’enchante particulièrement (ça doit être un truc narcissique ou je sais pas) (ça me permet aussi de satisfaire mon obsession des listes);
C’est bien pour cela que, je vous ponds aujourd’hui ma version de ce concept très peu original :
J’ESSAYE DE VOUS CONVAINCRE DE LIRE MES CINQ LIVRES PRÉFÉRÉS GRÂCE À LEURS PREMIÈRES LIGNES (et accessoirement avec leur couverture)
Voici donc sobrement, cinq citations que je livre à votre appréciation :
1. Patti Smith, Just Kids, 2010.
« Je suis née un lundi, dans les quartiers nord de Chicago, pendant le blizzard de 1946. Je suis arrivée un jour trop tôt, dans la mesure où les bébés nés à la Saint-Sylvestre quittaient l’hôpital avec un réfrigérateur neuf. »
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2. Phoebe Hadjimarkos Clarke, Tabor, 2021.
« L’étreinte se relâche d’elle-même. Le mouvement semble neutre. Parti de nulle part : où commencent les gestes qui gouvernent les membres se laissant retomber, ces torses glissant de part et d’autre, ces poitrines s’immobilisant dans des respirations ralenties et conscientes de l’être, jusqu’à ce que l’air et les battements du cœur ne soient plus que de minuscules soulèvements de la peau ? Bon : c’est terminé et leur corps reviennent à la normale. »
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3. Alessandro Baricco, Noveccento : Pianiste, 1994.
« Ça arrivait toujours, à un moment ou à un autre, il y en avait toujours un qui levait la tête…et qui la voyait. C’est difficile à expliquer. Je veux dire… on y était plus d’un millier, sur ce bâteau, entre les rupins en voyage, et les émigrants, et d’autres gens bizarres, et nous…Et pourtant, il y en avait toujours un, un seul sous tout ceux-là, un seul qui, le premier… la voyait. Un qui était peut-être là en train de manger, ou de se promener, simplement, sur le pont…ou de remonter son pantalon… il levait la tête un instant, il jetait un coup d’œil sur l’Océan, et il la voyait. Alors là il s’immobilisait, là, sur place, et son cœur battait à en exploser, et chaque fois, chaque maudite fois, je le jure, il se tournait vers nous, vers tout les autres, et il criait (adagio et lentissimo) : l’Amérique. »
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4. James Baldwin, La chambre de Giovanni, 1956.
« Je me tiens debout à la fenêtre de cette grande maison, dans le sud de la France, tandis que tombe la nuit, la nuit qui mène à l’aube la plus terrible de ma vie. J’ai un verre à la main, une bouteille devant moi. J’aperçois mon image dans la lueur de plus en plus obscure de la vitre ; mon image est élancée, un peu comme une flèche, mes cheveux blonds brillants. Mon visage ressemble à un visage que vous avez vu maintes fois. Mes ancêtres ont conquis un continent, ils ont traversé des plaines jonchées de morts jusqu’à un océan qui, tournant le dos à l’Europe, faisait face à un plus sombre passé. »
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5. Réjan Ducharme, L’avalée des avalés, 1966.
« Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que je suis avalée, c’est dans mon ventre que j��étouffe. Quand j’ai les yeux ouverts, c’est par ce que je vois que je suis avalée, c’est dans le ventre de ce que je vois que je suffoque. Je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère. Le visage de ma mère est beau pour rien. »
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Trèves de bavardages. C’est tout pour moi.
Je retourne m’enterrer au fin fond de l’internet sans donner de nouvelles pour les 6 prochaines années. Bon dimanche.  
(Au fait, dites-moi si les parenthèses et les majuscules vous agressent)
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C’est dimanche, je vous divertis.
Il y a ce truc en moi qui me dit que ce genre de choses est presque inutile, parce que : 1) la capacité de concentration de quelqu’un sur l’internet approche 0; 2) que lire une ligne de livre ne vas pas changer le cours de son univers; 3) et potentiellement encore moins lui donner envie d’en lire plus; 4) que ça fonctionne très peu dans mon cas; 5) certaines premières lignes de livres sont quelque peu décevantes. 
Pas très concluant, is it ?
Mais la partie surexcitée de moi à la pensée de conseiller encore et encore les 5 mêmes ouvrages sur lesquels j’ai très probablement basé toute ma personnalité m’enchante particulièrement (ça doit être un truc narcissique ou je sais pas) (ça me permet aussi de satisfaire mon obsession des listes);
C’est bien pour cela que, je vous ponds aujourd’hui ma version de ce concept très peu original :
J’ESSAYE DE VOUS CONVAINCRE DE LIRE MES CINQ LIVRES PRÉFÉRÉS GRÂCE À LEURS PREMIÈRES LIGNES (et accessoirement avec leur couverture)
Voici donc sobrement, cinq citations que je livre à votre appréciation :
1. Patti Smith, Just Kids, 2010.
« Je suis née un lundi, dans les quartiers nord de Chicago, pendant le blizzard de 1946. Je suis arrivée un jour trop tôt, dans la mesure où les bébés nés à la Saint-Sylvestre quittaient l’hôpital avec un réfrigérateur neuf. »
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2. Phoebe Hadjimarkos Clarke, Tabor, 2021.
« L’étreinte se relâche d’elle-même. Le mouvement semble neutre. Parti de nulle part : où commencent les gestes qui gouvernent les membres se laissant retomber, ces torses glissant de part et d’autre, ces poitrines s’immobilisant dans des respirations ralenties et conscientes de l’être, jusqu’à ce que l’air et les battements du cœur ne soient plus que de minuscules soulèvements de la peau ? Bon : c’est terminé et leur corps reviennent à la normale. »
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3. Alessandro Baricco, Noveccento : Pianiste, 1994.
« Ça arrivait toujours, à un moment ou à un autre, il y en avait toujours un qui levait la tête…et qui la voyait. C’est difficile à expliquer. Je veux dire… on y était plus d’un millier, sur ce bâteau, entre les rupins en voyage, et les émigrants, et d’autres gens bizarres, et nous…Et pourtant, il y en avait toujours un, un seul sous tout ceux-là, un seul qui, le premier… la voyait. Un qui était peut-être là en train de manger, ou de se promener, simplement, sur le pont…ou de remonter son pantalon… il levait la tête un instant, il jetait un coup d’œil sur l’Océan, et il la voyait. Alors là il s’immobilisait, là, sur place, et son cœur battait à en exploser, et chaque fois, chaque maudite fois, je le jure, il se tournait vers nous, vers tout les autres, et il criait (adagio et lentissimo) : l’Amérique. »
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4. James Baldwin, La chambre de Giovanni, 1956.
« Je me tiens debout à la fenêtre de cette grande maison, dans le sud de la France, tandis que tombe la nuit, la nuit qui mène à l’aube la plus terrible de ma vie. J’ai un verre à la main, une bouteille devant moi. J’aperçois mon image dans la lueur de plus en plus obscure de la vitre ; mon image est élancée, un peu comme une flèche, mes cheveux blonds brillants. Mon visage ressemble à un visage que vous avez vu maintes fois. Mes ancêtres ont conquis un continent, ils ont traversé des plaines jonchées de morts jusqu’à un océan qui, tournant le dos à l’Europe, faisait face à un plus sombre passé. »
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5. Réjan Ducharme, L’avalée des avalés, 1966.
« Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que je suis avalée, c’est dans mon ventre que j’étouffe. Quand j’ai les yeux ouverts, c’est par ce que je vois que je suis avalée, c’est dans le ventre de ce que je vois que je suffoque. Je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère. Le visage de ma mère est beau pour rien. »
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Trèves de bavardages. C’est tout pour moi.
Je retourne m’enterrer au fin fond de l’internet sans donner de nouvelles pour les 6 prochaines années. Bon dimanche.  
(Au fait, dites-moi si les parenthèses et les majuscules vous agressent)
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Le lien vers le blog !! (il est beau je vous assure) 
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POURQUOI JE NE CONSEILLERAI PAS JUSTE LA FIN DU MONDE DE JEAN-LUC LAGARCE (mais un peu quand même)
COMMENÇONS DE MANIÈRE ADÉQUATE CE NOUVEAU CHAPITRE DU CARNET DE LECTURE: 
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Juste la fin du monde, c'est une pièce de théâtre écrite à Berlin en 1990 par Jean-Luc Lagarce et ayant été adaptée au cinéma par Xavier Dolan en 2016,, Cette pièce d'inspiration biographique raconte comment, après douze ans d'absence, l'ainé d'une famille de trois enfants revient à l'improviste au foyer familial avec un oubli laissé sur le dos, quelque chose à dire. Un jour, un repas de famille, et tout commence... Sorte d'Odyssée moderne, Antoine frère jaloux, Suzanne la soeur à l'enfance manquée, la Mère, figure maternelle effacée, Catherine, l'inconnue et pourtant seul catalyseur, tous attendent le retour du fils prodigue dont les lettres se font sporadiques. De loin, tous l'aiment non plus comme un vivant mais comme un mort. Tous enfin sont surmontés par la figure absente, non nommée, fantomatique, du père, celle que Lagarce fait parler au moment de sa dernière heure avant la mort en 1995, dans Le pays lointain, sa dernière pièce; c'est l'ultime tentative de dire le malaise, à jamais insatisfaite. La pièce de Lagarce est un acte manqué, où rien ne se passe, où les mots se disent pas, presque. La communication est rendue impossible: le non-langage est maitre et les corps  entassés dans les lieux communs du canonique diner dominical - la salle à manger, le salon, la cuisine - sont autant de barrières aux révélations qui pointent sur le bout des lèvres de chacun, tombent à l'eau ou sont noyées sous les cris. Sur fond d'épidémie de SIDA, Lagarce décrit via Louis ses propres difficultés à avouer  son homosexualité, révélant en ce même temps des traumas familiaux plus profonds: la mort du père, le ressentiment du frère, le mutisme de la mère, la jalousie, les souvenirs qui se fanent irrémédiablement, la peur de mourir ou l'incompréhension entre les êtres sont autant de clous apportés au tableau d'une famille dissonante, qui peine à avancer. ect. ect.
Maintenant que je vous ai bien vendu l'intrigue et que vous avez quelques éléments de contexte, on peut passer à ce que j'ai à dire - non pas dire: à expulser
FRAGMENTS D'UNE NOTE À MOI-MÊME À CHAUD APRÈS LECTURE
Ce livre me frustre 
On y avance pas Ça parle fort pour rien Ça bégaie
On se fait chercheur d'or au fond de la mine
On lit beaucoup pour de maigres jouissances Mais Qui n'ont pas de prix PAS DE PRIX
Lorsque Lagarce fait finalement arriver les mots
On se mord On s'y mord
Rien n'a plus la même saveur et
On est pris
J'ai lu la première page
Qui a suffi à me convaincre de rester pour les soixante-quinze autres 
pour en Finir 
"Seul les imbéciles ou ceux-là, saisis par la peur, ils auraient pu en rire"
Ça m'a fait l'effet d'un coup de poing 
ceux-là c'est nous, et oui j'ai peur, Jean-Luc
Un coup de poing 
Pas en pleine face mais ceux qui frôlent créent l'hématome par dommage collatéral calculé Raide de précisions dans son apparente maladresse C'est ça Lagarce
"Louis - je ne les ai pas entendus."
J'aurais presque pu en rire moi aussi
Nous spectateurs prisonniers de notre oreille universelle On entend tout mais nous sommes muets Prisonnier de réponses que Le Frère La soeur La mère n'auront jamais Sommes-nous LE PÈRE ? Lien distendu entre les corps ? Cloué au châtiment du silence face au drame ? J'aurais presque pu en rire
Mais à la place j'ai eu envie d'accuser tout le monde autour J'ai eu moi aussi envie De parler fort pour rien De bégayer (c'est chose faite aujourd'hui grâce au grand monde de l'internet)
J'ai peur de prêter ce livre
Parce que finalement (oui toujours des adverbes) Qui aurait envie d'arracher sa veste
Pour exposer son thorax palpitant de souvenirs vaseux et de pleurs 
À des inconnus (des connaissances)
source media : www.librairie-theatrale.com (mais vous pouvez aussi leur acheter des bouquins c'est bien aussi)
(PS: les parenthèses c'est pour les faibles)
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LES TESTAMENTS de Margaret Atwood
Ou l’art de sauver les meubles (refaire du bénéfice sur un produit qui a marché, mais avec brio)
Perçoit-on dans le ton doux amer de ce titre que j’ai ce qu’on pourrait qualifier de mixed feelings* à propos du livre d’aujourd’hui ?
Je suis naturellement sceptique lorsqu’il s’agit d’une suite d’un bestseller écrit trois décennies après son grand frère sur les nobles intentions de sa créatrice et sur son envie de satisfaire ses lecteurs avant son compte en banque (non miss JK, je ne me suis toujours pas remis de la catastrophe qu’était l’Enfant Maudit)
Mais avant de me jeter dans le grand bain de l’analyse, il est de mise de présenter Les Testaments :
Les Testaments de Margaret Atwood est la suite très attendue de La Servante Écarlate, écrit en 1984 - jolie coïncidence puisque celui-ci est une speculative fiction* au même titre que l’ouvrage d’Orwell -
Petit point de situation : Bienvenue dans la République de Gilead (correspondant géographiquement à la campagne profonde des États-Unis) qui, pour réguler le taux de natalité en chute de sa population, a la brillante idée de réduire les femmes en esclavage (le vrai, plus personne ne se cache) Les hommes y commandent et les femmes sont classées selon l’utilité qu’elles peuvent avoir :
CAS N°1 : Si tu es une femme lambda, tu seras une Martha, tu fais le ménage et la cuisine
CAS N°2 : Si tu es une femme riche et/ou que tu as des relations : tu seras une Épouse de dirigeant dont le doux nom est Commandant, donc tu restes à la maison et tu souris pour les photos officielles
CAS N°3 : Si tu es une femme intelligente : soit on te pend, soit tu deviens une Tante, tu éduques le reste de la populace
Et roulement de tambours pour le plus bel atout :
CAS N°4 : SI TU ES FERTILE, tu es une SERVANTE, autrement dit une esclave sexuelle
Une servante, c’est littéralement une marmite à faire des bébés sur pattes, qu’on traine de foyer de Commandants en foyer de Commandants, histoire de boucler la boucle
A ces femmes, on attribue une couleur : Gris pour les Martha, Bleu pour les Tantes, Vert pour les Épouses et ROUGE pour les Servantes Nous avons à présent nos Servantes Écarlates
On suit dans le premier volet une de ses dernières, Defred, devenue servante après avoir manqué son évasion vers le Canada de peu avec sa petite fille
S’en suit une longue suite de jours dans lequel le quotidien de Defred et les ressorts du système dans lequel elle est prisonnière se laisse à voir MAIS dans une tentative de ne pas vous divulgâcher -c’est ce qu’on me propose au lieu de spoiler, merci l’Académie- la suite, je n’irai pas plus loin
Vendu à des millions d’exemplaires et traduit dans cinquante langues, La Servante Écarlate a su trouver sa place dans la bibliothèque de chacun, devenant ce qu’on appellerait un classique de la littérature anglophone Ce qui est pointé notamment pour expliquer ce succès, c’est le réalisme de la situation : Parce qu’en effet, plus on avance dans le livre, plus on se dit que tout ceci semble vraisemblable
Le constat est glaçant, d’une part parce que parvenir à un stade ou imaginer des femmes en rouge lapider des criminels et servir de machine inséminatrice nous semble plausible est inquiétant D’autre part parce que justement une trentaine d’années après sa sortie, les événements nous paraissent TOUJOURS vraisemblables
En effet, La Servante Écarlate a, depuis quelques années, ressurgi sur les étagères de toutes les librairies et redonne des sueurs froides à une génération qui se dit (bien que très égoïstement et à juste titre) cela pourrait nous arriver
Le système dépeint par Atwood semble plus proche que jamais : de nombreuses lois limitant la liberté des femmes ayant été votées dans les États même qui constituent Gilead dans le livre C’est le cas en Louisiane (« Act 620 », passé en 2014, restreignant l’accès à l’avortement) ou au Texas
Le second point fort de ce livre, en bonne dystopie, est qu’en plus de nous donner à voir un système ultrapatriarcal et sanglant est qu’il n’offre pas d’issue à cette vision Lire 300 pages au bout desquelles on n’a pas de happy end*, dans lequel personne ne souhaite de happy end parce que bon, au final, chacun y trouve son compte, ça secoue Lire les 300 pages d’attente vaine de l’héroïne, ça secoue d’autant plus
Alors bien sûr on en redemande : 34 ans après, on nous sert sur un plateau les Testaments
L’objectif ici : répondre à toutes les questions que la Servante ne satisfait pas Comment Gilead s’est créé ? Comment fonctionne Ardua Hall, lieu où sont éduquées les Tantes, les Épouses et les Servantes ? Qu’est-il arrivé à Defred, à la fille de Defred ? Et ce qui nous taraude le plus, nous lecteurs utopistes : Le système possède-t-il UN TALON D’ACHILLE ?
Quinze ans après le premier tome, nous avons accès à des testaments (comme c’est étonnant) : des retranscriptions d’enregistrements vidéo (sortis d’on ne sait où) des déclarations de trois personnages, Agnès, Daisy, et Tante Lydia - entraperçue dans la Servante puisqu’elle assure la formation de Defred
On retrouve ainsi le même principe que dans la Servante, un récit-témoignage à la première personne, et donc, subjectif Ce qui change, c’est que l’on a accès ici à trois différentes strates d’analyses du système : Daisy vit au Canada, elle observe de loin Agnès est apprentie épouse, elle vit le système Tante Lydia est l’une des fondatrices, elle pense le système
Scénario très alléchant pour le lecteur avide de réponses, le synopsis semble crier : Curiosité prépare-toi tu vas être plus que satisfaite Le nouveau code couleur attire, annonciateur de renouveau de l’intrigue : fini la couverture rouge, l’heure est au vert et au bleu rayonnants
Pourtant, après lecture, POURRAIS-JE DIRE QUE C’ÉTAIT UN BON LIVRE ? Pas exactement
Je ne mentirai pas, j’ai pourtant avalé les 500 pages en trois jours J’ai retrouvé le sentiment d’empressement dans la lecture, si rare chez moi aujourd’hui Mais ma rapidité a plus été gage de divertissement passager que de réelle qualité
Car globalement, la recette est très réussie : de la première page à la dernière, le livre est distrayant Or c’est tout ce qu’il est DISTRAYANT
On sent derrière les mots l’autrice rodée dont le poids des années et les nombreuses lectures ont apporté la compréhension nécessaire du marché du livre pour fournir une suite intéressante, et qui correspond à un lectorat plus large que celui auquel était originellement destiné la Servante
Or si le résumé et le logo BOOKER PRIZE 2019 sur la couverture nous vend du rêve, on se rend vite compte que l’on est loin de lire une suite à la hauteur de nos attentes
Premier point divergent : l’intrigue Ou, si j’ose dire, la présence d’une intrigue Pardonnez-moi, LA PRÉSENCE D’UNE INTRIGUE DITE TRADITIONNELLE
Ainsi, si on a repris l’univers du premier tome, le second diffère en ce point qu’il va se passer quelque chose, que le livre à un but (dont on se rend compte dès les premières pages du livres qu’il est d’exposer les limites et la chute de Gilead)
Bébé Nicole est un bébé évacué clandestinement de Gilead que la République a transformé en martyr national Bebé Nicole trouve son utilité dans le quotidien des trois protagonistes principales : pour Daisy figure de l’espoir d’annihiler Gilead : SYMBOLE DE PROTESTATION pour Agnès figure de la cruauté des états qui entourent Gilead : MARTYR À ADORER pour Lydia figure à l’intérêt politique pur : INSTRUMENT DE PROPAGANDE
C’est la potentielle réapparition et sa localisation par Gilead au Canada qui déclenche l’histoire et petit à petit, les trois intrigues se resserrent toutes vers ce point convergent
La Servante Écarlate ne laissait pas de place à une quelconque issue ni pour son personnage, ni pour le système Le principe de la Servante, laisser à voir comment pourrait fonctionner un système totalitaire dont les femmes seraient les grandes victimes Autrement dit le livre il ne se passe rien, et pourtant ça marche  
Dans les Testaments les trois narrations partent d’un même point A, Bébé Nicole pour parvenir à un point B, ce qui va possiblement arriver à ce bébé
Le lecteur est en conséquence animé par les questions suivantes : Qui est réellement Bébé Nicole ? Va-t-on la retrouver et si oui, dans quel camp va-t-elle finir ? Quelles conséquences cela va-t-il avoir sur Gilead ? Le fait même que ce personnage dont on n’a jamais entendu parler dans le premier tome consiste le pivot même du récit parait forcé Conséquence : on ne s’attache pas à Bébé Nicole, on ne voulait pas de Bébé Nicole On se fiche de Bébé Nicole, et c’est mauvais signe pour le roman
Ce qui nous amène au second problème selon moi : LES PERSONNAGES  
Là encore, plus aucune trace de Defred (qui est simplement évoquée au détour d’une page) mais nous sommes confrontés à l’arrivée de deux personnages inédits : Daisy et Agnès Cette dernière offre un angle de vue intéressant : les descriptions de la vie à Ardua Hall sont très intéressantes, or ce sont les rares moments où le lecteur obtient des réponses à ce qu’il cherche en lisant les Testaments - si l’on met à part le récit de Lydia sur les débuts de Gilead et sur son accession au poste de Tante et est, à mon humble avis, ce que les Testaments offre de plus succulent à lire -
Il peut sembler tentant d’avoir accès à différentes strates d’opinions concernant Gilead néanmoins, on se rend vite compte que jouer le jeu de la pluralité des voix, c’est desservir ce qui constituait l’atout principal de la Servante : le lecteur n’avait accès qu’à un point de vue unique, la subjectivité pure celui de celle qui n’a pas choisi d’être là et qui subit
Dans la Servante Écarlate, Defred n’est ni assez crédule ou docile pour croire en Gilead, ni assez courageuse pour entrer dans la résistance Elle profite de ce dont elle peut profiter au moment où cela se présente à elle sans aucune autre intention que de rendre son quotidien moins terrible Ni héroïne, ni grande méchante, La Servante Écarlate était aussi le récit d’un individu dépassé par un système qui le domine Certes c’était à travers sa voix qu’on entrevoyait Gilead mais (et c’est ce qu’on aimait et détestait chez elle) Defred n’était pas un personnage fiable elle mentait (même au lecteur), elle pouvait être souvent lâche, complètement insensée ou étrangement courageuse, en somme elle était humaine
Ni bonne, ni mauvaise, tout simplement parce qu’elle n’avait pas la possibilité de choisir Defred n’était pas une héroïne et c’est encore une fois un des nombreux aspects qui rendait le récit magistral
Les Testaments piétine cette profondeur et nous fournit des personnalités préfabriquées : Agnès la pauvre victime soumise, Daisy l’adolescente rebelle mais héroïque, Lydia, la cruelle dont le retournement de veste est attendu à partir de la page 100
Enfin, je ne sais si mettre en scène des adolescentes sert le récit : elles apportent de la spontanéité certes, mais c’est la voie d’accès trop simple à un style d’écriture adouci, dont le vocabulaire est simplifié (plus besoin de dictionnaire pour comprendre les personnages, ô joie ô libération) et les phrases écourtées - Loin de moi l’idée qu’il est nécessaire d’avoir une grammaire impeccable pour écrire un bon récit, pourtant, encore une fois, la langue ardue et les phrases proustiennes constituaient une partie importante de l’ADN de la Servante –
D‘autant plus que cela amène un dernier problème qu’il me semble important de soulever : UNE DICHOTOMIE BIEN/MAL ENTRE LES PERSONNAGES TROP MARQUÉE Daisy est une adolescente, par définition, elle est révoltée, ce qui la rend vite insupportable, c’est pourtant sur elle que petit à petit le récit se concentre, c’est elle L’HÉROÏNE qui se bat contre le méchant régime tyrannique de Gilead, bouh
Si on mélange tous ces aspects du roman, on obtient une soupe certes bonne mais un peu fade, facile, presque forcée On obtient certes un bon roman dystopique, mais on a perdu l’essence du premier tome
Ce cachet très particulier dû à une écriture alambiquée, purement subjective, une intrigue volontairement obscure et propulsée par les vides disparait Le second tome, que je rechigne encore à qualifier comme tel, répond à ces vides, et ça a sur le lecteur le même effet que sur un enfant à qui on annonce que le Père Noël n’existe pas Oui, ce n’est pas parce qu’il n’existe pas qu’on a plus de cadeaux (ne nous méprenons pas, les Testaments reste une bonne lecture) mais on a perdu cette aura mystique qui tournait autour de l’origine du cadeau posé au pied du sapin
Margaret Atwood a pris le lecteur à son propre jeu Après avoir fermé la Servante Écarlate, j’aurais tout donné pour en connaitre plus sur le fonctionnement de Gilead, pour savoir ce qui arrivait finalement à Defred (ce que la série résout partiellement, et de manière très brillante) Maintenant que ces informations sont entre mes mains, j’ai la furieuse envie d’appuyer sur le bouton reset* et de n’en rien savoir
Parce que c’est bien ça le problème, le livre nous montre les limites d’un système qui passait dans le premier opus comme infaillible Il ne semblait pas exister de moyen pour faire s’effondrer Gilead La Servante Écarlate n’offre pas de happy end Et au fond, le lecteur que je suis n’en souhaite pas non plus
Si vous êtes encore prêt à soutenir une de mes énièmes analogies capilotractées, c’est comme tuer les cochons à la fin d’Animal Farm, on aimerait bien, mais on se rend bien compte que ça affaiblirait le sens Et bien Margaret, elle a tué les cochons (pour récupérer la poule aux œufs d’or, voyez-vous ça)
Je me trouve donc étiré de part et d’autre entre deux opinions contradictoires Oui, j’ai adoré avoir accès à l’intérieur du système grâce aux paroles d’Agnès, de Daisy et de Tante Lydia Oui, le développement des personnages est intéressant, notamment celui de Tante Lydia, qu’on ne perçoit dans la Servante que comme un lointain démon aux yeux de taupes habillé de gris mais qui se révèle être l’une des têtes pensantes du système Oui, voir l’envers du décor et se familiariser avec les grands méchants que secrètement, on préfère largement à Defred dans la Servante nous excite
Mais non, ça ne sert pas le monument qu’est la Servante Écarlate Non, je n’apprécie pas qu’on édulcore une telle intrigue sous prétexte que commercialement parlant, c’est le moment de sortir un second tome, et qu’une demi-douzaine d’éditeurs courent après la moindre page avec des dollars dans les orbites et qu’on applaudira pour sûr grâce à la popularité du premier tome
Je peux alors dire que j’ai aimé les Testaments avec l’âme d’adolescent que je possède toujours et qui a besoin de livres simples et efficaces, mais que je l’ai haï comme la pauvre suite de la Servante, sont il n’est pas à la hauteur
La Servante Écarlate est un livre complètement déroutant, qu’encore aujourd’hui je ne suis pas persuadé d’avoir compris Les Testaments est la petite sœur bien plus jolie et lisse que la Servante plus achevée, plus complexe dans sa construction dramatique et dans le développement de ses personnages, mais justement La petite sœur qui sait sourire parfaitement ne sait faire que ça Elle en devient par la même occasion totalement prévisible -  par-là, décevante Laissez-moi vous dire que quatre chapitres avant la révélation, vous savez qui est bébé Nicole (vous le savez, et vous avez raison)
Je ne nie pas que Margaret Atwood n’use pas d’un schéma narratif qui fonctionne : que nous fournir un récit à trois voix dont les évènements, les personnages et les temporalités s’entrecroisent sans qu’à aucun moment je ne sois obligé de relire le chapitre 38 pour comprendre le chapitre 52 (ce qui relève de la magie noire) Mais c’est comme boire pour la cinquantième fois son cocktail préféré, c’est toujours aussi bon, mais ça a des airs de déjà-vu
J’en suis venu à la conclusion que non, il n’aurait pas fallu de séquelle à la Servante Et que Les Testaments aurait pu être un bon livre, s’il n’en avait justement pas été sa suite
*parfois, l’anglais dit mieux les choses (signé l’imbécile qui ne peut s’empêcher de parler franglais)
NB : Comme il est plus facile de pointer les taches de graisse sur une chemise que de constater qu’elle est impeccablement repassée, j’ai axé mes propos sur ce que je reprochais au livre Afin de conserver un panel large d’avis, je vous liste ci-dessous les liens de certaines critiques, plus ou moins positives sur les Testaments histoire que ne pas vous décourager complètement (l’espoir fait vivre dirons-nous)
L’article de France Inter (qui reprend les critiques que je fais du livre mais de manière plus construite)  Celui très enthousiaste du Dévorateur  Une interview de Margaret Atwood sur son propre ouvrage, intéressant à écouter (il convient parfois de se tourner du côté du bourreau pour saisir pourquoi il tient la hache) 
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En règle générale, je n’aime pas la façon dont l’algorithme Youtube trie mes besoins et en déduit les ce qu’il conviendrait que je regarde ou non
Parfois tard le soir je me retrouve à regarder un reportage sur les Mini Miss America, je regarde le plafond et je me demande
Mais pourquoi tu perds ton temps comme ça ? 
Ce temps-là m’obsède, j’ai le sentiment de ne jamais l’exploiter correctement, de la gâcher 
Pourtant, le robinet par lequel s’écoule le temps ne pouvant se fermer, à quoi se préoccuper du temps ? 
Je n’ai pas la réponse ce jour, je ne pense pas l’avoir demain, ça importe peu 
Ce que je propose en revanche aujourd’hui, c’est quinze minutes bien exploitées
Rien n’étant ou complètement noir ou excessivement blanc, aujourd’hui Youtube a bien fait son boulot
Reparler d’Emile Roy est peut-être un peu abusif, mais sa vidéo m’a fait du bien 
Pas comme une vidéo qui divertit, qui détourne l’esprit de son processus de pensée, à l’inverse, les images ont provoqué en moi un ras-de-marée de pensées à exploiter sur le champ
MON ESPRIT S’EST MIS À BOUILLIR 
Et de petites larmichettes ont perlé au creux de mes yeux parce que, voyez-vous, je suis un sentimental 
Expliquons juste ce phénomène par la justesse avec lequel un algorithme a su viser mes besoins profonds
Je n’avancerai pas que la vidéo changera votre vie (elle ne changera pas la mienne non plus, ou peut-être un peu), mais elle pousse à sortir du lit, ce qui est déjà un très gros point 
Elle est très bien montée (second point), la propos est clair (vous avez compris, je ne vais pas lister plus longtemps) 
En bref, c’est agréable, c’est émouvant, ça pousse à réagir, et c’est moins long que de relire le Dernier Jour d’un Condamné (pour les mêmes effets, on ne crachera pas dessus)
Je vous invite donc à cliquer sur le lien, et j’ose espérer que vous ne serez pas déçus 
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LE PROJET FOU - mise à jour des ressources
Pas de monologue interminable aujourd’hui mais il fallait que je note ici que j’avais créé UN DRIVE dans lequel j’essaierai du mieux que je peux de mettre à disposition en PDF les pièces de ma liste 
(Les Solitaires Intempestifs et autres niaiseries, ça coûte)
LIEN JUSTE ICI 
ET LÀ 
ET LÀ  (clique) 
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LE PROJET FOU ÉTAPE 1 : Définition et plan
Tout est parti d’une de mes énièmes pérégrinations le long de l’internet Même confinement étant, mes envies de voyages n’avaient pas cessé Couplées avec mon esprit contraint à ne compter que sur lui-même pour réfléchir, comme un chien jouant avec sa propre queue, une idée a émergé Je me suis dit : Lisons Puis : Lisons BEAUCOUP
J’ai déjà évoqué ma passion pour les listes, ainsi que celles pour les projets impossibles à tenir J’ai aussi été aidé aussi par les vidéos d’Emile Roy, dont le charmant accent nous parle de ses défis lectures (l’entendre parler avec émotion du Rouge et Le Noir te redonne franchement envie de lire) avec autant que passion que moi lorsque j’apprends qu’Arte a mis en ligne un reportage sur une star fraichement redevenue populaire et sûrement morte d’une overdose sur YouTube 
Tel un romantique sur son rocher, ma plume se porte avec plus d’entrain vers la poésie et le théâtre - J’aime à penser que ce n’est pas par facilité – tandis que mes lectures se résument tout de même à un bon nombre de romans et surtout d’essais théoriques À mon grand regret, la poésie et le théâtre peinent depuis mon entrée au lycée à se faire une place dans ma bibliothèque
Pourtant résolu de contrer avec mes petits bras frêles la suprématie du roman J’ai donc scellé mon destin : JE LIRAI DU THÉÂTRE ! Mea culpa : je suis poète à mes heures perdues, j’en suis très mauvais lecteur cependant
L’issue de cette année étant plutôt incertaine, j’ai convenu avec moi-même qu’il était nécessaire pour moi de lire assez de théâtre pour que la dernière image que je puisse posséder si la mort venait à se pointer serait une image de mes proches certes, mais d’eux sur les planches, en costume moliéresque, le menton haut levé déclamant des alexandrins
Ou nus, comme le voudrait le nouvel uniforme contemporain, plus moralement discutable lorsqu’il s’agit de s’imaginer son paternel (quoi que, merci Angelica Liddel*)
Quand je disais beaucoup, je pensais à ces listes que certains journaux pas du tout spécialisés, ou certains bloggeurs, encore moins spécialisés dirons-nous, (oui on est relou et alors, on ne lâchera pas) rédigent et intitulent sobrement :
CENT LIVRES À LIRE AVANT DE MOURIR
Charmante idée que d’établir en détail le plan du marathon menant à notre mort autant intellectuelle que physique Je ne vais pas mentir, j’aime ces projets englobants qu’on ne tient jamais jusqu’au bout et qui ont le mérite de me rendre euphorique pour une durée variable Être productif et euphorique, quoi d’autre ? En bref, j’avais pour but à présent de dénicher une édition SPÉCIALE THÉÂTRE dans les tréfonds des skyblog et autres Télérama et de sagement m’en délecter Quelle ne fût pas ma déception de voir qu’aucune liste de ce genre n’avait vu le jour
Énée brûlé jusqu’au crâne, le monde rose dans lequel le théâtre occupe la vie de chacun dans lequel j’évoluais n’existait pas PURE CHIMÈRE   Le théâtre n’est pas POPULAIRE, dans aucun sens du terme
Autre indicateur flagrant, le contenu de ces fameuses listes ne comportait que très peu de textes dramatiques, voire, à un ou deux Shakespeare près, pas du tout Mu par une vague d’injustice mêlée à un peu de déception désespérée, j’ai décidé de dessiner moi-même les contours de la liste de mes rêves
Au menu ce jour donc :
CENT CINQUANTE OUVRAGES DRAMATIQUES À DÉGUSTER SANS MODÉRATION
Plus ou moins raffinés, de l’Antiquité baby à nos plus loufoques auteurs-dramaturges-plasticien-performateur contemporains (ces barbares), en passant par les LÉGENDAIRES CLASSIQUES si chers à Madame D., professeure de français dans un lycée privé de province dans lequel j’ai purgé ma peine, et ses éminents collègues Le plaisir est sans limite !!
On y aura placé aussi bien sûr quelques perles non-francophones édulcorées par la traduction
(Bien sûr, si l’envie vous prend de lire Lars Norén* en suédois, grand bien vous fasse, en attendant, la majorité de la population amatrice de théâtre sera contrainte de se satisfaire de la version française)
On applaudit tout de même dans la foulée Peter Handke*, qui transporte lui-même ses pièces de l’autrichien au français (and i find it beautiful) à notre plus grande joie
J’ai essayé d’intégrer un corpus d’auteurs.rices diversifié (même si je ne vous cache pas que ce sont essentiellement des hommes, et blancs, patriarcat oblige) et large au niveau des époques
Reste que cette liste est n’est aucunement exhaustive, qu’elle ne représente que le travail de listing d’un individu qui aime le théâtre contemporain plus que son âme et qui donc possède un regard orienté sur le théâtre (Comédie Française, je vous hais, mais votre répertoire est très intéressant pour l’élaboration de listes, sachez-le)
J’ai tout de même fait en sorte de rendre cette liste la plus éclairante possible : Le but est de vous guider le long du grand boulevard qu’est le théâtre et de faire en sorte que vous vous arrêtiez dans un maximum d’enseignes La liste est à présent PUBLIQUE (et pimpée par mes soins) 
Libre à vous de la partager, d’y faire une sélection, d’apporter des corrections (faites-les moi parvenir si c’est le cas), d’ajouter, de retirer, de l’imprimer et de la balancer tel un tract dans les rues (ne la jetez cependant pas sur la voie publique, éco-conscious citizen que vous êtes)
Cette liste a pour but d’être utile, à n’importe qui*** *** surtout à n’importe qui
J’espère qu’elle le sera, dans les faits, à quelques-uns Vous êtes totalement libres
Quant à moi, je le suis moins Dans ma quête de sens commun, je voulais qu’elle soit accessible et utilisée par tous, dans ma quête de sens personnelle, je me suis lancé un défi La liste en l’état est faite pour être LUE Dans mon cas, elle est faite pour être lue EN ENTIER
Je dévoile à présent le beau pétrin dans lequel j’ai décidé de me mettre Cent-cinquante ouvrages, à raison de six ou sept par mois, cela en fait environ dix-huit pour tout lire (vingt-quatre si je me résous à n’en lire que quatre par mois) Je m’engage donc pour les trois prochaines années (deux et demi plus précisément, mais il convient de prévoir une marge liée à la paresse et aux divers mental breakdowns à venir) J’aspire à avoir fini lors de mon entrée en M1, c’est dire (vais-je jamais entrer en Master, telle est la vraie interrogation)
La règle est simple, à partir du premier jour de juin, je m’engage à tenter jusqu’au bout de cette épopée dramatique, et du mieux que je peux
Je ne cache pas mon excitation face à ce genre de projet Ça me permet de me projeter en avant, chose que j’ai beaucoup de difficultés à accomplir en temps normal Mais je ne me suis rien promis, si ce n’est que d’en retirer un rythme de lecture assidu et une culture un peu moins parcellaire au bout du compte Certains diront qu’il est stupide de s’imposer des quotas, que la lecture est faite pour être libérée de toute contrainte, délivrée de tout profit
OUI MAIS
Le petit paresseux que vous lisez présentement a besoin de tenir ses comptes pour s’y mettre correctement Et il ADORE ÇA Pourquoi lui retirer ce plaisir ?
Nous y voilà donc, à une vingtaine de jours de la grande ligne de départ, je vous révèle mon plan d’attaque L’objectif est à la fois de lire et d’en résumer les péripéties ici, quand l’envie m’en prendra Je reste très flou, et c’est tant mieux, je suis aussi resté très flou avec moi-même quant à la performance que je m’apprête à livrer Nous verrons bien où cela nous mène
Vous avez toute une vie pour lire ces ouvrages, en ce qui me concerne j’ai trois ans Il ne me reste donc plus qu’à nous souhaiter à tous une bonne lecture
*Tous ces auteurs sont à découvrir dans la liste bien sûr
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Pourquoi ce blog
Je n’ai pas inventé LA LUNE Disons plutôt que je surfe simplement sur la vague de notre copine le coronavirus qui me laisse pléthore (trop, beaucoup trop) de temps à occuper J’ai ce privilège d’être chez moi, bien au chaud, avec une connexion internet qui fonctionne, et du temps, tant de temps que je m’étouffe avec
Et c’est un sentiment très inhabituel
Qui dit trop de temps dit suranalyser l’utilisation de ce temps, dit angoisser à l’idée de perdre le temps Et la même question se répète : QU’EST-CE QUE JE VAIS BIEN POUVOIR FAIRE DE MON EXISTENCE ? On se trouve des occupations précaires, on passe des journées à regarder des films, on finit par abandonner cette bonne résolution de porter des jeans tous les jours et de se réveiller avant huit heures On se dit, pour quoi faire ?
Il me fallait une occupation Une vraie occupation Celle qui te permet de ne pas voir le temps passer justement
C’est à ce moment que resurgit du fond de ma mémoire l’envie de créer une plateforme où poster du contenu DONNER DU SENS OCCUPER LE TEMPS NB : On dit aussi merci à Miska, l’ange sur mon épaule, qui m’a foutu un petit coup dans les côtes pour que je m’y mette sérieusement
Le projet possède de nombreux (et très regrettés) grands frères mort-nés que j’ai fait chuter de moi-même Manque de confiance ? Inéluctable flemme ? Il a surtout fallu que moi n°1 (le paresseux), moi n°2 (le peureux) et moi n°3, (le rêveur déterminé) qu’on ne voit pas souvent, s’assoient enfin tous les trois autour d’une table virtuelle, allument la lampe de mon espace de travail mental et se mettent d’accord sur ce qu’ils voulaient vraiment VRAIMENT Et, après moult débats, ils se sont dit : Retentons (encore) de créer un blog
Pour qu’on comprenne bien d’où cette idée part, il faut à présent que passe aux présentations :
Bonjour (déjà) mon petit nom c’est Mao, j’ai 18 ans, et ce que je veux depuis que je suis aussi haut qu’un tabouret et que je sais aligner trois mots sans baver, c’est écrire. Voilà pourquoi me voici aujourd’hui, petit étudiant en philosophie et en lettres, ma plume digitale entre les doigts, prêt à vous partager les mille et une (non, plutôt trois) choses que je lis, écoute, regarde et écrit Nous en sommes là Parce que, comprenez-vous, ce que je veux dans la vie c’est ÉCRIRE Cliché oblige, je vais vous dire QU’AUSSI LOIN QUE JE ME SOUVIENNE, j’ai toujours écrit
Ce ne serait qu’à moitié vrai
Je fonctionne par périodes Parfois j’écris autant que je respire, parfois la chose la plus longue que je rédige est un tweet (si l’on met à part mes interminables commentaires de texte sur Descartes) J’écris au final peu de choses concrètes, disons que je divague, que je pose des pattes de mouches sur le papier de mon fidèle carnet noir, que je referme ensuite bien évidemment pour ne plus jamais y revenir
Bon d’accord Écrire, mais écrire quoi ? J’ai longtemps cru (et je crois toujours), écrire n’importe quoi Je suis passé par à peu près tout ; dans l’ordre nous avons :
Le journal intime WATTPAD (les fanfictions) Le carnet de textes (à base d’envie de décéder et de poèmes calqués sur les rythmes de FAUVE) La poésie (mauvaise) WATTPAD (rechute) Les nouvelles La poésie (un peu moins mauvaise) Les textes (écrits entre minuit et trois heures du matin)
Et le dernier en date : LA PIÈCE DE THÉÂTRE
En bref, rien de très convaincant, ni rien de pérenne Nous ne discuterons pas ici de l’intérêt de ce que j’écris (les avis sont néanmoins hautement sollicités, améliorons-nous) Ce que j’ai envie de faire ici, c’est de me donner les moyens de concrétiser les choses, d’apprendre à être fier de ce que je produis, que ce soit un texte littéraire ou une critique de livre Je voudrais que cette manie que j’ai de tout noter soit transmise sous un autre forme que les quatre mots rédigés dans le noir d’une salle de théâtre ou d’une chambre et autrement que cinquante ans plus tard, à un inconnu en combinaison argentée qui lira, d’un œil distrait, les reliques d’un vieil anonyme à l’esprit un peu trop romanesque Je voudrais cesser de me dire que je ne peux pas faire Arrêter de me bercer dans le brouillard des on verra demain et des oui mais quand je pourrais enfin écrire vraiment
Car dès aujourd’hui, je peux écrire vraiment Et je veux écrire au présent
Tout se résume à de la modulation de contenu déjà là À de la concentration d’idées pas forcément originales, mais qui débordent Rien de très compliqué en somme si je parviens à surmonter cette angoisse de l’à peu près qui me pousse à ne pas essayer par peur d’échouer rien qu’un peu Le spectre des lignes discontinues à base de discours alambiqué, d’approximations et de fautes d’orthographes m’habite Mais je dois comprendre, j’ai besoin d’intégrer Que je ne suis pas capable d’écrire quelque chose de parfait Et que ce n’est PAS GRAVE
NON JE NE SUIS PAS MÉDIAPART ET NON CE N’EST PAS GRAVE
J’aurais voulu débuter en grande pompe, avoir codé de A à Z un blog tiré à quatre épingles sinon rien
Mais rien n’est jamais totalement ce que nous voulons que ça soit, pas vrai ?Comme cette légende urbaine qui consiste à dire que les gens aux cheveux lisses les veulent bouclés et vice-versa  
Il est nécessaire de d’accepter de se contenter de ce qu’on peut accomplir
Alors aujourd’hui 11 mai 2020 est le jour où je prends mes mots tout emmêlés et où je les permanente afin d’en faire quelque non pas de parfait, MAIS QUELQUE CHOSE D’ACCOMPLI
Je voudrais aller au bout de cette matière qui me fait fantasmer mais que je ne me donne pas les moyens de réaliser Je veux lire mieux, et être capable d’en parler Avoir un planning Faire des listes (j’aime les listes) Je veux me rendre attentif, forger un avis, le faire entendre JE VEUX PARTAGER Je suis là (aussi) parce que j’aime l’idée que je peux faire découvrir à DES GENS ce que j’ai glané au fil de mes longues heures sur le merveilleux monde de l’internet et entre les pages d’un poche déniché bien heureusement pour une modique somme dans les bacs de chez Gibert Je veux vous faire lire ce que je lis Écouter ce que j’entend
Et vous permettre de ne pas acheter un bouquin à 18 balles alors qu’il n’en vaut pas la peine (je fais les erreurs à votre place, voyez)
Je ne m’étendrais pas sur les bienfaits purement pratiques de cet exercice (dont l’usage d’un Bescherelle et de synonimo.com ne seront pas de trop), ils font cependant partie de l’équation Ce que je souhaite pour cette page, pour ce petit bout de mon cerveau en ébullition constante, c’est l’apparenter à un apprentissage en commun de ce qu’est écrire Rien de mieux que la mise en pratique pour se forger Ce sera surement un bon gros capharnaüm Ça me fait peur (un peu) Mais lorsqu’on est comme moi très friand de théorie, il convient cependant de faire ses armes (de les aiguiser plutôt) en expérimentant vraiment
Alors bienvenue à toi, lecteur Et bienvenue à moi, écrivain**. 
**apprenti écrivain, laissons de côté la présomption
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