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#monsieurleprof
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“Etre prof, c’est quoi en fait?”
J’aimerais partager une publication de @monsieurleprof issue de sa page Facebook qui résume selon moi très bien ce qu’est être prof aujourd’hui! Un tableau ambivalent et réaliste!
Publication Facebook Monsieur le Prof  08/07/19
“Être prof, c'est quoi en fait ?
Avec cette fin d'année chaotique, je n'ai même pas pris le temps de féliciter les nouvelles recrues, celles et ceux qui viennent d'obtenir leur CAPES / CAPLP / AGREG / CRPE etc durement acquis ! Félicitations et bravo à vous tous, welcome to ze mif', franchement on est un peu chelous, mais a priori si vous avez choisi cette voie, vous l'êtes aussi, donc ça devrait aller. Pour celles et ceux qui ne l'ont pas obtenu, ne lâchez pas l'affaire, ce n'est pas un concours qu'on obtient forcément la première fois, donc ça sera pour l'année prochaine, ok ?
J'ai reçu pas mal de messages de nouveaux certifiés (c'est comme ça qu'on appelle les détenteurs du capes, ça pète hein?) qui me disent qu'avec le gros bordel de ce fiasco du #Baccalauréat2019, le passage en force des réformes Blanquer et l'animosité de l'opinion publique à notre égard, bah ils se demandent s'ils ont fait le bon choix de se lancer dans cette voie. Certains m'écrivent pour me dire qu'ils ont carrément lâché l'affaire, que voir l’Éducation Nationale dans un tel état leur fait peur et ne leur donne pas du tout envie de se lancer là-dedans. Je les comprends.
Parce que ouais, j'avoue, en ce moment, c'est tendu. C'est pour ça que cette page est moins rigolote. Mais faut bien garder un truc en tête : le cœur de notre métier, c'est pas ça.
Ce qui fait la beauté et l'intérêt de notre métier, je pense que mes collègues seront d'accord, bah c'est le temps que l'on passe face à nos élèves. C'est les voir débouler en début d'année, ces inconnus, qui ne veulent pas forcément être là, c'est apprendre à les connaître petit à petit, à les apprivoiser, à leur faire comprendre qu'on n'est pas leur ennemi, qu'on a des trucs cools à leur enseigner. C'est très vite repérer cet élève qui aime bien attirer l'attention en faisant le pitre, ou cet élève très sérieux mais angoissé qu'il faudra savoir rassurer, ou bien cet élève totalement désintéressé pour qui il faudra faire preuve d'astuce histoire de le raccrocher, et vous aurez des dizaines de profils différents à découvrir au fil de l'année.
Être prof, c'est aller à la pêche aux documents sur Internet, c'est regarder un film ou une série et se dire « ah mais ça je pourrais trop l'utiliser en classe ! », c'est trouver de nouveaux thèmes à étudier histoire de dépoussiérer un peu l'image que les élèves peuvent avoir de la matière, c'est aller sur des groupes de profs ou discuter avec des collègues d'activités à mettre en place, c'est se remettre en question souvent, et se réinventer constamment. C'est mettre en place des stratégies pour susciter leur intérêt, pour éveiller leur curiosité. C'est leur faire comprendre que notre matière n'est pas juste une matière scolaire, mais bien un ensemble d'outils qui leur permet de développer leur réflexion.
Être prof c'est avoir des élèves qui ouvrent très grand les yeux quand ils comprennent enfin quelque chose, c'est avoir un élève qui à la fin d'un cours vient vous dire qu'il a maté le film que vous avez mentionné et qu'il a adoré, c'est entendre un « déjà !? » en fin d'heure qui vous faite comprendre que vous les avez happés au point qu'ils ont oublié leur montre. C'est rare et précieux !
Être prof, c'est être face à une forêt de mains levée (bon au collège hein, au lycée c'est moins le cas...), à des élèves qui VEULENT savoir, qui VEULENT comprendre, qui ont tout à découvrir... et parfois, pour certains d'entre eux, ben vous êtes leur seule fenêtre sur le savoir, parce qu'à la maison, ils n'ont hélas pas les clefs pour découvrir le monde.
Être prof c'est accompagner des élèves, des ados, dans la construction de leur rapport au monde, c'est faire partie des adultes qui essaieront au mieux de les guider alors qu'ils sont encore en train de grandir. C'est tenter de les faire atteindre un niveau qu'ils n'auraient jamais imaginé, les sculpter à la hauteur de ce qu'ils ignorent encore être.
Mais tout n'est pas rose non plus hé, on est pas dans un épisode de L 'Instit' non plus, et ma référence commence à être un peu datée là...
Être prof, c'est aussi faire face à des ados qui cherchent leur place dans le monde, et pour qui la façon la plus simple d'exister, c'est la confrontation. Parfois la violence. C'est devoir gérer la colère d'élèves par soi-même, et savoir pardonner quand il le faut, et sévir si nécessaire. C'est parfois se retrouver seul quand on est agressé, parce que notre hiérarchie ne nous défend pas. Dictature du #PasDeVague. C'est ne pas oser en parler à des collègues parce qu'on a peur d'être nul, d'être le seul à qui ça arrive.
C'est être confronté au désintérêt des élèves pour notre matière, parce que l'ascenseur social, ils n'y croient pas, ils disent que « ça sert à rien », que de toutes façons ils n'auront pas de travail, parce que personne ne veut d'eux. C'est être confronté au désintérêt de certains parents pour le travail de leurs enfants.
C'est faire cours à des classes surchargées, avec des élèves aux besoins très divers, qu'ils soient hyperactifs, surdoués, autistes, handicapés moteurs, sourds, aveugles, en proie aux crises d'angoisses, dépressifs, vous aurez à gérer tout ça, et bien trop souvent sans aide, il faudra apprendre par vous-même, et on peut se sentir dépassé face à tout ça. C'est faire de son mieux tout en sachant qu'on ne peut pas aider tout le monde dans ces conditions.
C'est être en compétition avec les téléphones des élèves, avec des réseaux sociaux où tout se dit en 280 caractères ou en snaps de 10 secondes, qui font que les capacité de concentration des élèves fondent comme neige au soleil, alors vous, les garder concentrés 1h ou plus dans une salle, c'est un défi de plus en plus difficile à surmonter.
C'est avoir un matos qui date d'un autre temps, peut-être du temps où vous étiez vous même élève. C'est devoir attendre patiemment parfois jusqu'à 10 minutes pour qu'un ordi s'allume, c'est ne pas pouvoir faire cours correctement si l'ampoule d'un vidéoproj' pète, parce que pendant plusieurs semaines elle ne sera pas remplacée.
C'est devoir faire semblant de rire quand pour la énième fois, un de vos proches vous fera une vanne sur les profs feignasses qui n'en branlent pas une, alors que vous êtes complètement lessivé, et que vous vous dites « j'vais quand même pas me plaindre, j'ai des vacances après tout... ». C'est voir passer chaque mois une nouvelle affaire sur un collègue agressé, ou un collègue isolé qui finit par se suicider, c'est voir des collègues s'arrêter pour burn-out.
C'est être baladé un peu partout, c'est être TZR (remplaçant) de trop longues années, déraciné de votre région d'origine, souvent balancé en région parisienne, où les loyers ne sont pas vraiment compatibles avec votre salaire. C'est corriger des copies, une activité très chronophage et répétitive, qui finira par empiéter sur votre vie personnelle.
Et puis surtout, c'est voir arriver un nouveau ministre qui va vouloir jouer les cowboys avec SA solution. SA solution pour régler tout ça, c'est pas celle que demandent les collègues. Très vite, comme tout le monde, ce que vous demanderez, c'est des classes à effectif réduits, c'est un matos et des bâtiments fonctionnels, c'est des moyens pour accompagner aux mieux les élèves, quoi !
Mais ce que le ministre vous demandera, c'est des ECONOMIES, c'est du boulot en plus, des papiers en plus à remplir, des heures en moins (mais avec un programme plus lourd), des effectifs en plus, des heures en plus, des responsabilités en plus, des pertes de moyens, de matières, une école moins égalitaire, qui promeut le privé, et si vous vous plaignez, attention, vous serez un sale « privilégié » qui « prend les élèves et les parents en otage », alors ouais, faudra bien serrer les dents pour continuer de croire en votre métier. Parce que si personne d'autre n'y croit, pourquoi vous ? Ouais, être prof, c'est parfois avoir l'impression qu'on est les derniers à croire en ce qu'on fait.
Parce que quand vous êtes face à vos élèves, c'est évident, et c'est comme ça.
Maintenant, vous savez quel genre de défis vous attendent. Vous êtes ainsi bien mieux préparés que beaucoup de futurs profs qui ont une vision un peu idyllique du métier, et tombent de haut quand ils sont lâchés en tant que néotit. Beaucoup abandonnent, le taux de démission de prof a doublé ces dernières années.
Alors bienvenue dans l'métier. C'est beau, c'est prenant, c'est dur, c'est fatigant, c'est fascinant, c'est déprimant, c'est motivant, c'est lassant, c'est marrant, c'est étonnant, c'est stimulant, c'est recommencer, inlassablement, année après année, et c'est tout ça qui vous attend. Have fun !”
Source: https://www.facebook.com/bongeourre/?__tn__=kC-R&eid=ARC1IKpl5SFRv19j_WNlDm-HZzaGfkCTYH-YIz0DXTKi6qhpZAkKtRWfzDV4Lc5FfHpRgLK7VaqMPQHK&hc_ref=ARQrP54-ekv8NiwnYrBOJpyOCLPy0-rq1xQNRQR6gmRIvogoqMchz0Ptch2uEcgVvS4&fref=nf&__xts__[0]=68.ARCoQhBhfeqlsrOf5vzVTn-wZmBAdd1WKQ07wuVIfLaERSNALqzeLT7X1H2KiqIAWQMWtfa3eBOsZgXU5jsD9t4o7KW9QJbIpEp38nfcH4jZVYSLgm6lmL3HUh7SVcZT9sS4LSeN7ZIYbDMKW_SoQspSdM9PoI2xEZosELgCl99YOAJ9SF3PXoXboY1prBEQCzCEL3Em5tZtAjindhNE0pUJFzqjVR5NoxKXoBAFn-R6WFUKGEUBx08L-rPa1B5B0-SiTmiUtK1-96dmis-9WHBogKpZzJS0xQDBR5q2tFygAPHnjFxAsErpeiGNUwQVvkkByZIM-_-9v7JJPPtSu0xL5-Jy1-6lueasd7qGKm754MggKYdJ
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enorachamiotponcet · 7 years
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