Tumgik
#Le graal du diable
angelitam · 1 year
Text
Partageons mon rendez-vous lecture #18-2023 & critiques
Voici ma critique littéraire sur Livres à profusion. Le Graal du Diable d’Eric Giacometti et Jacques Ravenne Le graal du diable de Giacometti et Ravenne – Editions JC Lattès En lecture, une Masse Critique Babelio, Objectif : Forces Spéciales de Matt Objectif : Forces spéciales Matt (II) tous les livres sur Babelio.com Présentation de l’éditeur :  Intégrer les forces spéciales, tel est…
Tumblr media
View On WordPress
0 notes
aurevoirmonty · 4 months
Text
Tumblr media
Les romans de la Table Ronde sont de grands récits d'amour. Autour d'Arthur, le roi légendaire, l'élite de la chevalerie s'adonne aux exploits qu'alimente la force du désir. Lancelot, l'amant idéal, éprouve pour Guenièvre, l'épouse de son souverain, une folle passion qui doit rester secrète ! Mais Gauvain, le neveu d'Arthur, peut faire état du prestige de sa séduction : beau et galant, ardent, il est disponible à la moindre invite des dames, parfois au risque de sa vie - car une nuit auprès d'une jeune fille nue et consentante qu'un père livre à son hôte est bien périlleuse : une épée aux attaches d'argent interdit la jouissance ! Gauvain se prête aux fantasmes les plus divers : sa force suit le cours du soleil… Le fantastique aussi imprègne les récits. Merlin l'Enchanteur, né d'une copulation du diable avec une jeune fille, est à l'origine de la Table Ronde. C'est grâce à lui qu'Uterpendragon, passionnément épris d'Ygerne, prend les traits de l'époux absent et c'est dans l'illusion d'une nuit que sera conçu Arthur. Merlin établira la souveraineté du jeune homme, roi de la Table Ronde. Une femme peut elle aussi accomplir un acte extraordinaire : pour sauver Caradoc, la belle Guinier accepte de se plonger dans une cuve de lait, une nuit de pleine lune, et de sacrifier l'extrémité de son sein blanc. Les quêtes des chevaliers de la Table Ronde mènent au Graal, qui garde le mystère de son nom et de son origine : objet magique, source de vie, il fait partie des talismans de l'autre monde. L'initiation du jeune Perceval et son échec dans cette quête imprégneront profondément la sensibilité occidentale. Du XIIe au XXe siècle, la légende arthurienne, en français et en langue d'oc, a essaimé dans l'Europe entière, témoin de la séduction de la "matière de Bretagne".
0 notes
ekman · 3 years
Photo
Tumblr media
Vu la coiffure, on pourrait penser que c’est là une ènième pirate des Caraïbes à l’assaut de la République diversifiée. Il n’en est rien, puisqu’Elisabeth Moreno nous arrive du Cap Vert grâce à ses parents qui, en 1977 (nous apprend sa notice Wiki sans doute écrite par sa Dir’Cab) quittèrent les rivages insulaires de l’ancienne possession portugaise pour venir tenter leur chance en France, célèbre République dite de l’emploi, du logement et des soins gratuits – gratuits pour les uns, mais payés par les autres. Précisons que les îles du Cap Vert furent découvertes par un Gênois qui débarqua au XVème siècle sur des terres rigoureusement vides de toute présence humaine. L’homme blanc fut donc, ici aussi, le premier. Quel rapport avec Madame la ministre Moreno ? Peut-être sa facilité naturelle à se déplacer dans un système conçu par l’homo occidentalis pour l’homo universalis. Car la petite Elisabeth est brillante autant qu’ambitieuse, ce qui la conduira à devenir avocate, puis dirigeante d’entreprise, jusqu’à atteindre la pédégérisation – avant-dernière marche du Graal marchand, dernier vestibule avant d’accéder au statut ultime de « partenaire associé avec prise de participations ». Pas encore pressée par l’âge (Elisabeth tutoie la cinquantaine), la fringante wineuse s’est laissée tenter par la politique – du moins par l’exercice du pouvoir public puisqu’elle n’est titulaire d’absolument aucun mandat électif. Mais en faut-il vraiment un pour présider aux destinées du ministère de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances ? Ce ministère, par essence l’un des plus inutiles qui soit, s’avère être, à l’usage, l’un des plus importants pour un gouvernement qui n’existe que dans le brouhaha et le chahut médiatiques. Précédemment aux mains potelées de Marlène Schiappa (rappelons que “essere una schiappa” signifie en italien “être nulle”), cette entité ô combien politique permet d’allumer à l’envi autant de feux ou de contre-feux que le débat public (c’est à dire Cyril Hanouna) en réclame. Aussi ne sera-t-on pas surpris d’apprendre, grâce au Grand Jury RTL-Le Monde – summum de la probité journalistique et consécration majeure pour tout politicien(ne) en mal de notoriété –, que Madame Moreno se demande s’il est de bon ton de célébrer le bicentenaire de la mort de Napoléon, car “c‘est l'un des plus grands misogynes que j’ai jamais lu et en même temps c’est un grand homme de l’Histoire française donc je ne sais pas”. Si tu es venue à Paris, Lily, pour vider les poubelles de l’Histoire sans même en connaître le contenu, il est évidemment urgent que tu te taises. Certes, nous comprenons tous qu’une femme de ta qualité puisse être choquée à l’idée qu’un macho corse qui a conquis l’Europe à dos de cheval (posture spéciste d’oppression), ose méjuger le sexe dit faible... mais quand même. Souviens-toi de Joséphine : Napoléon n’encourageait-il pas la diversité ? Mais toi, rien ne t’arrête. Tu enchaines donc (si j’ose dire), sans trembler : “Le congé paternité, en allant plus loin, permettrait de soulager les femmes qui pendant ces périodes de congé maternité, sont en difficulté”. Allons bon : voilà que le congé maternité, qui passait pour être une belle et utile avancée sociale, est devenu une épreuve pour les jeunes mamans. Dans ces conditions, terminons l’œuvre émancipatrice et supprimons tout simplement cet outil d’asservissement. Enfin, serez-vous surpris d’apprendre que notre humaniste déclare, à propos de la GPA : “À titre personnel, j’y suis favorable mais de manière très encadrée”... Faut-il comprendre qu’elle souhaite un encadrement du tarif des mères porteuses ? Wouahhh... Moreno, un gadget de plus dans la panoplie progressiste, une inutile faisant office de marionnette écarlate afin de focaliser l’attention des bovidés. On ne sera donc pas surpris d’apprendre qu’elle compte mettre en place une « convention citoyenne sur les discriminations » et qu’elle peaufine un « index de la diversité » pour les entreprises souhaitant mesurer l’espace accordé aux minorités (?) dans leur recrutement et leur gestion des ressources humaines. C’est pas merveilleux ça ? Avec son envahissante envie de ressembler à Michelle Obama, Madame Bounty se voit Progressiste-en-Chèfe, matignonisable par traorification du discours, macrono-compatible en diable. Jupiter génère toujours plus de personnages à l’incalculable vacuité, déprimantes poupées politiques destinées à être évacuées avec l’eau du bain, le moment venu. J.-M. M.
16 notes · View notes
alain-keler · 3 years
Photo
Tumblr media
#89  Dimanche 18 septembre 2005
 Gaza, c’est fini, au moins pour cette fois. C’était intéressant, chaud, poussiéreux, décevant sur certains aspects, notamment sur le côté émotionnel auquel pourtant les foules arabes nous ont habitué. De toutes manières, pour un photographe, ce que l’ont retient, ce sont les photos. Et c’est là que le bât blesse. Je ne sais pas si j’ai des photos. J’ai l’impression que non.
 Vingt deux heures vingt. Mon repas est fini, tout comme ma demie bouteille de Valpolicella Masi 2002. Je suis toujours là comme photographe et je n’ai pas l’intention de finir en chef de service photo quelconque. Aussi longtemps que mes forces et ma tête me le permettront, je resterais photographe, même contre vents et marées. Au diable le 6 X 6 (au demeurant c’est sans doute le format le plus élégant), le 6 X 7, le panoramique, la chambre 4,5 X 6, le 100 X 200, le 1000 X 5000, 10.000, 100.000, un million de pixels, 10 millions de pixels, 100 millions de pixels, les écrits de tous les critiques ou pseudo critiques de la photographie, les beaux-arts de Paris, de France et de Navarre, même ceux d’Italie, d’Espagne ou d’ailleurs. Je ne fais pas de la photo pour eux.
Je sais, je me répète, j’ai déjà écrit quelque chose de similaire il y a quelques jours. L’écriture pendant le voyage est aussi une thérapie, la solitude des soirs fait réfléchir, encore un peu plus après quelques gorgées de vin, compagnon de soirées lointaines. Tout ceci est un choix. Il faut l’assumer. Derrière il y a les images, les rencontres, les aventures, les joies et les peurs, l’attente de voir son travail une fois rentré près des siens. L’errance du photographe à la recherche d’un graal qui n’arrivera peut-être jamais, tout cela se récite le soir lorsque l’action n’est plus là pour chasser ses peurs, ses obsessions, son histoire qui par moment ressurgit sur ces terres violentes quand on les aurait voulu belles et idéales.
 Je rentre demain à la maison. Je reviendrais fin octobre, début novembre.
 Mardi, dans 2 jours, c’est mon anniversaire. Je serai à Paris, mais maintenant je suis encore à Jérusalem, à la terrasse du restaurant Link, et je me sens bien.
 La photo d’aujourd’hui est décalée. Elle date d’il y a quelques jours, lorsque la foule est entrée dans ce qui avait été la synagogue de Kfar Darom. Place à ce nouveau monde qui est en train de prendre possession de Gaza.
Fin du septième voyage! La saison 8, le huitième et dernier voyage d’ici quelques jours ! « Stay tuned », restez en ligne.
3 notes · View notes
lefeusacre-editions · 4 years
Text
BOOKHOUSE GIRL & BOY #57 | ZAMZAMREC : Héloïse THIBAULT & Olmo GUADAGNOLI  | musiciens
Tumblr media
Ils sont privés de concerts. Comme vous et jusqu’à nouvel ordre. Pas de tournée pour le duo international ZAMZAMREC. Héloïse (électronique, claviers) et Olmo (batterie, mix) attendent en studio avec joie, sagesse et fringale - ça s’entend au téléphone - la fin du confinement pour inonder les salles européennes de leurs mélomanies bruitistes expérimentales, enregistrées dans leur tape bakery de Touraine. Éditeurs de musiques folles venues des soixante-dix-huit coins du monde (quoique plus space que world) immortalisées sur K7 et vinyles (GNOD, TRESQUE, JOHNNY HAWAY, SURPRISE BARBUE, DEAD LINCOLN,  REFURINN KITSUNE, RIEN VIRGULE et tant d’autres inventeurs des échos et boucans du futur), H&O se sont livrés au jeu des Bookhouse Boys and Girls l’été dernier, alors qu’ils fabriquaient comme de bons ébénistes leur propre mobilier de bibliothèque, laquelle n’a rien à envier à leur collection de 33T. Ah, l’été dernier... A l’époque, les vélos roulaient encore sous les chemtrails. Mais ça, souvenez-vous, c’était avant que les oiseaux ne remplacent les Boeings au-dessus de leur verger.
| Que trouve-t-on comme nouvelles acquisitions dans ​votre bibliothèque ?  
O : Fief de David Lopez ; « Ma vie » de C.G.Jung ; De la maison autonome à l'économie solidaire de Patrick Baronnet.
H : La Horde du Contrevent, La Zone du Dehors, Les Furtifs d'Alain Damasio.
| Quels livres marquants a​vez-vous découver​​t​s ​à l'adolescence et que vous possédez toujours ?  
O : Il Barone Rampante, de Italo Calvino.
Quand j'étais petit j'habitais dans une ancienne ferme en Italie où il y avait de très grands arbres et j'adorais y grimper, passer les après-midis perché là-haut et regarder le monde. Quand j'ai découvert ce livre ça a totalement résonné en moi. J'ai retrouvé les mêmes sensations et j'étais frappé de rencontrer quelqu'un qui comme moi, avait trouvé sa place, sur la branche d'un arbre.
H : La Mare au diable de Georges Sand.
J'étais intriguée par le titre de ce livre, qui évoquait un lieu de rendez-vous mystère, une invitation qui fait peur, et totalement fascinée par l'auteur qui avait choisi de s'appeler Georges et qui était une femme ! Plus tard, j'ai lu et relu Les Maîtres Sonneurs. Le disque de Zohastre Pan And The Master Pipers y rend d'ailleurs hommage. Et cet hiver, j'ai savouré, au coin du feu, les Contes d'une grand-mère, ces perles d'histoires qu'elle a écrites pour ses petites filles.
| Sans égard pour sa qualité, lequel de vos livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?
O : Le Petit Prince d'Antoine de Saint Exupéry. Ce livre parle et célèbre l'enfant en moi, qui ne m’abandonnera jamais.
H : Le Festin Nu, de William Burroughs. Mon père me l'a offert pour Noël. J'avais 18 ans. Ça m'a pété la tête !
| Lequel de​ vo​s livres prêter​iez-​vous à quelqu'un qui vous plaît ?  
O : Le Kamasutra, version intégrale et illustrée.
H : Les Lettres à un jeune poète de Rilke.
| Que trouve-t-on comme livres honteux dans ​vo​s rayonnages ?  
H & O : Que du bon : Journal d'un vieux dégueulasse de Bukowski, La Mécanique des femmes de Louis Calaferte, L'Histoire de l’œil de Bataille,  Lolita de Nabokov, Les Belles Endormies de Kawabata, Les Onze Mille Verges d'Apollinaire...
Tumblr media
| Quels livres a​vez-​vous hérité de ​vos proches ?  
O : Il Decameron de Boccace. Ce livre était bien en évidence dans la bibliothèque de mes parents, qui recommandaient toujours que je lise. Je me souviens aujourd'hui du conte de Griselda.
H : Ma mère : le rayon psycho. Épisode marquant : j'avais piqué dans sa bibliothèque, Un voyage à travers la folie de Mary Barnes, mais j'avais vite compris que j'étais trop jeune pour le lire, alors je l'avais planqué en attendant. Aujourd'hui on échange plutôt de la littérature engagée.
Mon père : le rayon polar ; des classiques, Les Essais de Montaigne, Don Quichotte de Cervantes ; et ce bijou : La Légende de Gösta Berling de Selma Lagerlöf.
Mon frère : tout Nietzsche, le Yi-king.
Les amis : Guignol's band de Céline, Pylade, Contre la télévision de Pasolini, Le Bruit et la Fureur de William Faulkner, La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole, Mémoires d'un vieux crocodile de Tennessee Williams, Au-dessous du volcan de Malcom Lowry.
| Le livre que ​vous avez le plus lu et relu ?  
O : Cujo de Stephen King.
H : Baudelaire, Les Fleurs du Mal.
| Le livre qui suscite en vous des envies symboliques d'autodafé ?
H & O : Les trucs qu'on a envie de brûler c'est plutôt des fruits et des bagnoles !
| On ​vous propose de vivre éternellement dans un roman de votre choix, oui, mais lequel ?
O : Big Sur de Kerouac.
H : Dans le cycle arthurien.
| Quel est l'incunable que vous rêvez de posséder, votre Saint Graal bibliophilique ?  
O : Le journal intime de Kurt Cobain, l'original.
H : Le Livre des morts des Anciens Égyptiens – Livre pour sortir au jour.
| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?
O : La Divine Comédie de Dante.
H : Peut-être qu'il ne restera plus qu'à attendre Godot ?
A surfer : le ZAMZAM site | http://www.zamzamrec.org/
A écouter : le bandcamp de ZAMZAMREC | https://zamzamrec.bandcamp.com/
1 note · View note
manieresdedire · 6 years
Text
Un écho singulier
Pendant mes années de lycée, j'aimais, le jeudi et le samedi, errer dans Paris. Plus tard également, mais dans le prolongement de ce qui se mettait alors en place. L'université, n'y a rien changé, sauf un surcroît de liberté. À un âge plus avancé, après la formation d'une famille et l'adoption du statut de salarié, restaient les échappées belles, seul ou en compagnie des enfants. Souvent Beaubourg et ses spectacles de rue. Le Louvre, bien sûr. Le "Luxembourg" et les libraires...
À Nanterre, station SNCF "La Folie", jeune adolescent, je prenais le train qui desservait la grande gare parisienne Saint-Lazare. Sa verrière géante, le monde qui y déambulait, les informations délivrées par les haut-parleurs et qui saillaient dans le vacarme, les arrivées,  les départs des trains, les dernières machines à vapeur aux panaches de fumée blancs à quai, tout m'incitait à confondre cette entrée dans Paris et la sorte de rêve qu'elle m'inspirait, de film fantastique qu'elle projetait sur mon imaginaire.
J'arrivais dans le quartier de l'Europe, avec ou sans ma mère, pour réaliser quelques achats vestimentaires. Parfois, nous poussions jusqu'au boulevard Haussmann et ses grands magasins par curiosité et pour doper notre inspiration acheteuse. Mais là, tout était plus cher, nous n'en sortions qu'avec de nouvelles idées et des frustrations.
Les commerces, la foule des consommateurs, la révélation et la confirmation de notre faible pouvoir d'achat, la fatigue qui finissait par gagner ma mère et entamer sa vaillance, il n'y avait rien qui pût m'enchanter sauf ma nouvelle "élégance". Consciencieuse, ma mère remplissait ses obligations domestiques, ni plus, ni moins joyeuse que moi dans cette activité contrainte. Pour finir nous nous repliions sur notre vilain immeuble de la mortifère périphérie parisienne où la famille avait "échoué" après ses "dérives" étrangères et provinciales. Un invraisemblable "Koblenz - Casablanca - Dijon - Nanterre".
Seul ou en compagnie d'amis, j'ai osé le large, prendre le métro, direction le centre de la capitale. J'y ai découvert les cinquième et sixième arrondissements. Ils sont devenus mes espaces de prédilection.
Dire qu'ils m’enchantaient ne rend pas tout à fait compte de ce que les innombrables répétitions de nos retrouvailles déclenchaient en moi. Ils m'ont littéralement transporté dans un autre voyage qui n'avait plus rien de ferroviaire : une remontée vers les siècles antérieurs et ses lumières. Un professeur de français et mes lectures, n'ont pas compté pour rien dans ces représentations
Ce cœur là de Paris devint mon Graal, lui et ses indissociables fantômes d'intellectuels illustres, d'artistes fauchés qui voulaient bien quitter quelques heures durant, le Montparnasse voisin. Aussi le quartier latin, le jardin du Luxembourg, moins le palais éponyme, la Sorbonne, le Collège de France, les ruines de Cluny, l’École de Médecine, les prestigieux lycées, Henry IV et Louis-le-Grand, le Panthéon où je n'osais pas entrer. Les librairies, les bouquinistes des quais de Seine où je dépensais mon argent de poche. Les Presses Universitaire de France, Gallimard et plus tard, Maspéro, et les libraires pro-révolution culturelle chinoise dont j'ai oublié les enseignes. Les manifestations d'étudiants, l'occupation du théâtre de l'Odéon...
Mon Lycée de banlieue avait l'incroyable chance d’accueillir un professeur de français-latin-grec, agrégé de lettres classiques et moi, l'invraisemblable luxe de l'avoir comme enseignant en français, Charles Oriou. Il nous aimait, plus ou moins, et nous traitait en adultes. Il nous bousculait, se moquait parfois, nous tançait, mais nous progressions dans l'art de la dissertation et simultanément, grandissait notre intérêt pour la littérature. Il arrivait qu'il nous racontât des plaisanteries salaces qui nous faisaient rire et croire que nous étions des grandes personnes.
Il nous parlait de son Paris des années de manifestations violentes d'avant la seconde guerre, de livres et de philosophie. Il avait souvent à la bouche, un mot d'Alain - son professeur à Henri IV - à nous transmettre. Je me souviens de son "cherchez l'épingle !". Il nous parlait de la rue d'Ulm, de l'ENS, des jurys d'agrégation, des parti-pris politiques de la jeunesse d'alors.
J'adorais André Gide. Monsieur Oriou n'exprimait pas clairement qu'il n'était pas dans la même dévotion que moi. Je le devinais quand il disait lui trouver un grand mérite : écrire plus court que Proust. Je pense qu'il préférait la littérature des siècles précédents. Il abhorrait Jean-Paul Sarte que j'aimais bien et les existentialistes. Là, il n'hésitait pas à l'accabler et à me reprocher ma complaisance aux thèses de cet auteur. Il m'a personnellement administré une petite leçon en même temps qu'une grande vexation à propos de son credo,"l'essence de l’homme précède son existence", à l'opposé de celui de Sarte. Il était réactionnaire mais acceptait qu'on lui démontrât les aspects positifs du combat des Palestiniennes et des Palestiniens. Il se disait "anarchiste de droite, protestant" et en rajoutait avec une fleur de lys épinglée à sa cravate. Vaste ambition, au diable les paradoxes ! Nous en riions. A seize ans. Lui aussi, à près de soixante et pour la énième fois sans doute.
Il nous a donné le goût du débat et même des joutes, il était réac, mais humaniste, nous sommes devenus des humanistes mais de gauche... Pas tous. Moi au moins... Pas le futur général au nom allemand, trop "russe blanc" un peu le futur avocat, au nom de poète communiste, pas assez "neuilléen".
Et puis, j'ai eu des engagements dévoreurs, je me suis tenu éloigné de mes bases, j'ai cru possible qu'il y en eût de meilleures. Mais sous la cendre, la braise ne renonçait pas. Je ressentais confusément que je trahissais un peu mes rêves de très jeune homme.
J'ai vieilli.
Julia est née. Elle a mené de brillantes études scientifiques, à l’Université. Mais passé une seule année à Paris. Jussieu, où parfois, quand j'avais pu quitter tôt le bureau, je l’accompagnais à un cours tardif. Pour parler un peu, seulement entre nous. Pour le reste, ses études se sont déroulées à Orléans, à Angers et à Montpellier - troisième plus ancienne université française, née moins d'un siècle après celle de Paris-Sorbonne, la "tienne" -. J'étais présent en Languedoc, lors de la soutenance de sa thèse. Elle y fut brillante, combative, belle... J'ai juste eu un peu peur que ses réponses ironiques et rudes aux questions d'un professeur qu'elle méprisait lui coûtassent son doctorat. Elle fut reçu avec la mention "très honorable", puis des articles et des images tirés de sont travail furent publiés dans des revues prestigieuses.
Toi, l'Orléanais qui aurait bien voulu rester à Orléans si l'Université t'avait proposé les meilleures filières sur place, tu as fini par quitter ta Province, t'installer dans un petit appartement situé à proximité du Panthéon et étudier à la Sorbonne.
Peux-tu imaginer mon chamboulement mental qui en résulta alors, qu'en même temps, j'avais fait le choix de me retirer en Occitanie ? Tu mettais, involontairement, un peu d'acide sur mes choix et donnais une nouvelle actualité à mes rêves.
À 21 ans, tu as fait les découvertes que j'y avais faites bien avant et de différentes que j'ignore. Avec des considérations, des songes qui n’appartenaient qu'à toi. Ce n’était pas la même aventure. Ou plutôt, c'était la même, à mes yeux, et tu devenais, non pas un autre que mon fils, mais, en plus, un personnage de roman, un acteur moderne de mes histoires tissées au temps de mon adolescence et qui m'accompagnent encore.
Math'sup, la physique, les mathématiques théoriques, c’était bien, mais tu t'y sentais assigné à devenir ingénieur alors que ta passion c'était la philosophie, la poésie et le roman. Je n'oublie pas tes goûts pour la musique, le Rock et le Jazz. Philosophie, ta matière passion qui te permettait d'embrasser le monde et sa culture par "le haut". Il t'a fallu bifurquer sévèrement. À nouveau "prépa", mais Khâgne.
Tu es passé "tout à côté" de l'ENS. Tu n'as pas voulu réessayer. Et bien t'en a pris. Le temps n'est pas une quantité négligeable. Je m’en rends compte tous les jours. Même si j'ai pu te dire le contraire.
Ton cap, c’était l'Agrégation de Philosophie. Une haute distinction française que j'aime vénérer. Pour son encrage et le mien - abus considérable de simultanéité - dans l'histoire et la culture françaises, pour son incrustation indélébile dans mes rêves et dans le Paris latin de mes déambulations.
Tu as suivi des cours et des conférences, vu des expositions dans tous les endroits où des générations d'intellectuels, d'écrivains, d'essayistes, d'artistes français et étrangers sont passés, ont été formés, ont enseigné ou ont mal vécu de leurs œuvres qui ne se vendaient pas. Tu as parcouru toutes les rues où pullulaient les cafés dans les salles enfumées desquels ils se sont enivrés, ont fait la fête, rencontré les compagnes et les compagnons d'une nuit, d'une vie, ont refait mille fois le monde. Pour découvrir le lendemain matin, tard, qu'il n'avait pas changé, qu'eux mêmes avaient mal à la tête et estimer qu'ils seraient bien avisés de procéder à un sérieux décrassage dans les allées du grand jardin face à la rue Soufflot, arrimé au boulevard Saint-Michel.
Je t'imagine avoir mis quelques-uns de tes pas dans les leurs.
Lorsque tu m'as dit que tu suivais quelques conférence au Collège de France, ma lanterne magique s'est remise à tourner et des figures héroïques de la pensée ont resurgi de mes souvenirs littéraires. Un regain qui me fit revenir quelques années en arrière et imaginer, mal informé que j'étais, que "Nuit Debout" réinventait la démocratie, Place de la République. Je ne suis plus à une erreur près.
Hier, tu m'informais de ta réussite au concours de l'Agrégation de Philosophie. Une délivrance en même temps qu'un grand bonheur pour toi. Pour moi une explosion d'émotions, un immense plaisir.
Tout le monde peut comprendre cela.
Être parent dit-on, c'est "aider un enfant à grandir". Je me méfie des revendications parentales d'une part de co-réalisation des succès de leurs enfants. Je les trouve suspectes. Et pour tout dire stupides. C'est l'inverse qui est authentique. Être parent, c'est donner une chance à soi-même de grandir.
On ne peut pas s'empêcher de percevoir dans la réussite de son enfant, en même temps que l'assurance qu'on a et qui se renforce qu'il sait résoudre les difficultés inhérentes à la vie, une parcelle de soi qui nous élève. On partage, subrepticement, du seul fait de la filiation, par contagion, diffusion spontanée des sentiments, par amour, son succès. En ressentant de la joie, du bonheur et incidemment, de la fierté. Cela seulement, me parait légitime, naturel.
Et parce que j'associe Julia dans cette célébration de deux arrondissements parisiens, de l'intelligence, de la romance et de ton succès, merci à tous les deux.
2 notes · View notes
Text
Samedi 13 février 2021
Elle, encore, toujours
Sylvain, le disquaire, celui de Rolling Rock, a posté une vidéo dans laquelle il présente quelques uns de ses derniers disques arrivés. J'ai repéré SF Sorrow des Pretty Things, « il me le faut! », me suis-je dis. J'avais prévu de faire le moins de dépenses possible pour moi ce mois-ci, parce que le mois précédent était assez compliqué, surtout la dernière semaine... Mais, je ne peux pas résister ! L'argent que j'ai la chance d'avoir, j'aime le dépenser pour faire plaisir aux autres et à moi même. L'autre jour j'ai envoyé une belle peluche Tchoupi à mon neveu (une idée de ma mère). Il avait l'air plutôt content. Je me suis dit que j'allais réitérer l'expérience plus souvent... quant à la Parisienne, je lui ai envoyé un joli livre avec des beaux textes et des belles illustrations. Je savais que ça allait lui faire plaisir, alors je n'ai pas résisté. Elle avait l'air sincèrement ravie, alors, là encore, je vais recommencer le mois prochain. Il faut gâter les gens qu'on aime ! Quant à mon père, je lui ai offert une grosse moto en Lego à monter. Je ne sais pas trop si il a rééllement apprécier le cadeau. Je ne sais jamais trop quoi lui acheter, aussi.
Mais revenons au disquaire : je me suis donc rendu chez Rolling Rock avec beaucoup d'entrain. Je suis rentré dans le magasin peu après l'ouverture, en début d'après midi et j'ai mis le nez dans le bac des nouveautés afin de chercher SF Sorrow. Là, grosse surprise, je tombe sur un de mes graals : un exemplaire du Gilded Palace Of Sin des Flying Burrito Brothers ! Ca fait une éternité que cet album me fait envie. Sa réputation, et sa pochette (le design du logo du groupe, leur sapes, extraordinaires, allez voir à quoi il ressemble vous m'en direz des nouvelles) y sont pour quelque chose. Mince, ai-je pensé, je vais être obligé de l'acheter ! Et puis j'ai demandé à Sylvain si il avait encore l'album des Pretty Things et il m'a envoyé le trouver à l'étage. Ainsi, je me suis retrouver avec deux achats, alors même que je m'étais interdit d'en faire un. Mais, au diable l'avarice, et puis, il faut bien se faire plaisir, n'est-ce pas ? J'ai demandé à Sylvain si je pouvais avoir le joli tote bag à l'effigie de la boutique dont il avait reçu plusieurs exemplaires quelques jours avant. Il m'a répondu qu'il les vendait 5€ mais qu'il m'en offrait un parce que « tu me fais travailler depuis des années ». Il m'a fait choisir la couleur et m'en a donné un rouge, j'étais content. Ainsi, je suis reparti chez moi heureux comme un roi, non sans avoir jeté un œil à mon compte en banque. D'après mes calculs, il me reste de quoi finir le mois avec approximativement 37 par jour, ce qui est convenable, je pense. Mais surtout, il faut absolument que je n'achète plus de disque ou de bouquin jusqu'au mois prochain (mission impossible ? Je relèvre le défi!).
Mes journées, depuis deux trois semaines, je les consacre en partie à la Parisienne (aussi appelée la Tunisienne) : ainsi, au moment où j'ouvre les yeux la matin jusqu'à celui où je les ferme, la nuit, je pense à elle, nous nous échangeons des messages, sans cesse et nous avons aussi prit l'habitude de nous parler en visioconférence. Pour se dire bonne nuit. Sauf que le bonne nuit dure près de deux heures. Au début, j'étais plutôt stressé à l'idée d'apparaître en vidéo devant elle, sans possibilité de tricher (alors qu'à l'écris j'ai tout le loisir de réfléchir à la forme de mes phrases et à mes répliques), et puis, jour après jour, je me suis senti plus à l'aise et désormais je suis le premier à vouloir qu'on se fasse une visio le soir venu. Elle m'a même dit, ce soir, qu'elle me trouvais très à l'aise, elle ne pouvait pas me faire de plus beau compliment. Aussi, sous son influence, j'ai prit l'habitude de me coucher moins tard et de me lever plus tôt. Désormais, je goûte à nouveau aux matins, c'est fantastique !
Depuis quelques jours, je nourris le rêve de plus en plus intense d'aller la retrouver à Paris. C'est intenable, d'être là, à 400km d'elle ! Cependant, la période actuelle ne semble pas la plus propice à un séjour de rêve avec Elle : les restaurants et les bars sont toujours fermés et il y a un couvre-feu à 18 heures. Je ne peux qu'espérer que tout rentrera dans l'ordre d'ici le mois de main. Le mois de mai serait le moment idéal pour nous retrouver. En plus, c'est le mois où nous célébrons nos anniversaires. Alors je ne cesse de penser à ce jour où nous allons nous retrouver. En mai, il fera beau, certainement. Elle à peur que je sois déçu en la voyant, elle a tort de penser ça. Je la vois tous les jours en cam et elle est belle comme un cœur. Et si c'était elle qui serait déçu en me voyant ? Non, vous savez quoi, je ne veux pas penser à ça. Je veux juste la retrouver, enfin. Je ne pense qu'à ça, c'est mon rêve du moment. Vivement mai !
Bande son : McCartney III, Paul McCartney
0 notes
Text
Rappel : Il est à l'œuvre...
De vous tous à nous tous, on se retrouve demain ...
Face à la pandémie du COVID-19 qui frappe le monde entier sans exception aucune, certains se demandent où est donc leur Dieu ? ( Ps 42, 3. 11 ; 79, 10 ; 115, 2 ) et les autres tout en raillant et ricanant se demandent où sont partis vos prêtres et vos pasteurs, qui en temps de paix annonçaient une attaque contre le Diable et ses avatars du type : " la grande nuit du Carnage" ; "Marie qui fait tomber les murs" et bien d'autres...
A ceux-là, je dis : il est à l'œuvre. Je sais que vous me direz, mais où est-il à l'œuvre étant donné que des centaines de personnes meurent chaque jour du COVID-19 et que la contamination par ce virus sévit encore et encore chaque jour un peu plus selon les zones, les individus et les systèmes sanitaires répondant ou non à la situation actuelle...
Je vous dirai simplement que depuis la chute des premiers hommes, Il n'a pas cessé d'être à l'œuvre pour le salut du genre humain, et ce à travers les patriarches à qui il s'est révélé comme le Dieu Un (plus tard Trine) et Créateur du monde ; par les juges qu'il a institués comme guides charismatiques pour mener à bien son peuple ; par les prophètes qu'il a envoyés au long de l'histoire humaine pour qu'ils annoncent les voies à prendre ; par les rois à qui, il a donné de veiller sur son peuple ; et par tous les justes d'Israël pour qui il s'est fait Père...
Par la mort de son Fils sur la Croix, il a continué et achevé son œuvre de sanctification qui est largement poursuivie par des milliers d'hommes qui se donnent de diriger et de gouverner son peuple ...
Face au COVID-19, il continuer d'oeuvrer... Mais comment ?
Il est à œuvre quand les dirigeants des nations (États) prennent des décisions justes et nécessaires, favorisant la réduction ou la disparition de cette pandémie...
Il œuvre quand les Évêques soucieux de leur peuple font annuler des messes, des rassemblements non nécessaires et partagent les aspirations justes des États, afin que cette pandémie n'affecte pas davantage le monde ...
Il est à œuvre, lorsque des personnes conscientes et responsables acceptent de rester dans leurs maisons pour se protéger, et protéger le monde d'un virus qui peut nous décimer...
Il est à l'œuvre, toutes les fois où les malades ont pris des précautions pour éviter de contaminer les personnes saines, et quand les personnes saines en font autant...
Il est à l'œuvre quand, le personnel-soignant qui est à remercié, ne cesse de veiller sur les malades et lui-même, afin qu'aucune vie ne se perde restant sauves, celles qu'il ne pouvait plus sauver...
Il est à l'œuvre quand, les médecins, les chercheurs et tous les hommes de science pensent à une issue de sortie, un remède efficace et continuent de travailler pour sauver le monde...
Il œuvre lorsque, le personnel de nettoyage des hôpitaux continue de travailler et de mettre leur vie en danger pour la santé de tous et pour mieux accueillir les malades...
Il est à l'œuvre dans les prières de chaque chrétien (et autre) qui s'agenouille, pour implorer le Ciel afin que nous ayons la victoire - qui est déjà là - sur ce virus...
Ainsi prions le Seigneur qui est toujours à l'œuvre dans la vie des hommes, afin que son œuvre de salut atteigne en nous son apogée. Que le personnel-soignant, les médecins et chaque individu (sain ou malade), prenne des mesures convenables, pour qu'on nous ayons la vivtoire finale sur le COVID-19.
♥❤Un gros MERCI au personnel-soignant👩🏽‍⚕️👨🏽‍⚕️! Car vous risquez vos vies pour nous !!! Que le Seigneur vous garde et vous bénisse🧎🏽🧎🏽‍♂️ !
C’est vous les Héros🦹🏽‍♀️🦸🏽‍♂️🦸🏽‍♀️🦹🏽‍♂️ à l’heure là !
Linus du Graal
Tumblr media
0 notes
angelitam · 1 year
Text
Le graal du diable d'Eric Giacometti et Jacques Ravenne
Le graal du diable de Giacometti et Ravenne – Editions JC Lattès Le graal du diable d’Eric Giacometti et Jacques Ravenne, présentation Une femme, Nada la Noire, est à l’origine de massacres qui font peur, à l’été 1944 dans le territoire du Banat. Elle assassine toute une famille et laisse une petite fille survivante, Inge. C’est la déroute pour l’armée allemande. Paris, la milice procède à de…
Tumblr media
View On WordPress
0 notes
gimmickzine · 5 years
Text
Sweet Sweet Lonely Girl
Sweet Sweet Lonely Girl : objet culte
Tumblr media
Pauvre spectateur français passionné de film de genre… Encore un film que tu n'auras jamais l'occasion de voir sur grand écran ou de posséder dans ta dvdthèque. Les distributeurs français risquent de passer à côté de ce petit film indépendant, lui préférant une horreur facile et mercantile : la saga Paranormal Activity ou d'autres films destinés à un public adolescent à la recherche de frissons vite oubliés entre deux poignées de pop-corn dans des multiplex froids et sans âme. Pourtant Sweet Sweet Lonely Girl, réalisé en 2016 par l'argentin Alejandro Daniel Calvo, est un grand film d'horreur qui a une autre époque serait sans nul doute devenu un petit classique.
 L'histoire se déroule dans l'Amérique des années quatre-vingt. Adèle une jeune femme blonde, introvertie et d'origine modeste se voit invitée par sa mère à quitter la maison de campagne où elle vit avec sa famille pour aller prendre soin de Dora : une tante fortunée et agoraphobe. En arrivant dans la demeure victorienne de cette dernière, Adèle ne la rencontre pas. D'ailleurs sa tante ne lui transmet ses consignes que par écrit en glissant des notes sous la porte de la chambre dont elle semble ne jamais sortir. La sexagénaire suit, aussi, un régime alimentaire particulier (sardines importées, crackers et thé) et des règles de vie strictes : la porte de la maison doit toujours rester fermée à clef et personne ne doit y entrer. Peu de temps après son arrivée, Adèle rencontre Beth, une jeune femme brune, libre et extravertie. Une romance naît entre les deux jeunes filles et amène Adèle à déroger aux règles établies par sa tante. Bien évidement, cela va avoir des conséquences désastreuses....
Tumblr media
 Au détour d'une scène dans un bar, l'apparition télévisuelle de Donald Reagan nous rappelle le contexte socio-économique des États-Unies à cette période où les disparités entre les classes aisées et populaires ont explosé, cela avait d'ailleurs inspiré They Live (Invasion Los Angeles) à John Carpenter en 1988. Il n'est donc pas étonnant que l'argent ait une place centrale dans la venue d'Adèle chez sa tante et dans la suite du récit. Sa mère en l'y envoyant attend d'elle qu'elle subvienne au besoin de sa famille en leur reversant son salaire. Puis Adèle, envieuse des beaux vêtements et du rythme de vie de Beth, va commencer à s'intéresser de plus en plus à la fortune de sa tante. La jeune femme repasse plusieurs fois devant une boutique de vêtements pour y contempler un chemisier, mais puisque sa tante lui refuse une avance, elle économise sur les courses en prenant des sardines locales et surtout en échangeant son traitement anticoagulant avec des cachets moins onéreux censés avoir les mêmes vertus médicales. Pourtant les conséquences de ses actes n'affecteront aucunement sa conscience. En sous texte, nous pouvons constater que le diable est là dans ses désirs de richesse et de possession, tapis dans le capitalisme et dans la société de consommation.
Porte communicante, Adèle au service de sa tante agoraphobe.
 Au-delà de cette dimension critique, qui fait aussi écho à notre propre époque, le film dégage une atmosphère au parfum étrange. La tante recluse et sa jeune nièce, même si elles ne se rencontrent jamais, tissent une véritable relation partagée entre amour et haine dans une codépendance malsaine et intéressée. La relation entre Beth et Adèle n'a rien de rassurante, elle non plus, en effet la tension sexuelle entre les deux jeunes femmes et l'animalité de Beth ajoutent à l'étrangeté du métrage. La mise en scène vient aussi appuyer ces impressions. Esthétiquement le film possède une patine 70/80 qui n'est pas sans rappelé The House of the Devil (Ti West, 2009). À l'aide de longs zooms et de gros plans, le réalisateur insiste sur le malaise d'Adèle et prend aussi le temps de mettre en place son récit tout en instillant une ambiance très anxiogène. Le grain de l'image et les mouvements de caméra ne sont donc pas les seuls éléments du film qui font écho au travail Ti West, puisque la construction narrative s'approche de celle de The Innkeepers (2011), la tension monte crescendo tout au long du film pour nous conduire à un final inéluctable et effroyable.
 Sweet Sweet Lonely Girl s'avèrent donc être un grand film de hantise à la tension palpable. Ici et là, des fétiches reconnaissables sont donnés à voir aux spectateurs férus de film de genre, comme par exemple une statuette de Pazuzu (le démon présent dans L'Exorciste) ou encore ce plan final fortement inspiré du magnifique La sentinelle des maudits de Michael Winner. Pourtant, il semble fort peu probable que ce film parvienne à se frayer un chemin sur nos écrans. En connaissance de cause, cela donne à Sweet Sweet Lonely Girl une toute autre dimension. Celle d'un objet culte, d'un Graal que nous pouvons partager et chérir avec d'autres initiés curieux et demandeurs, eux aussi, d'une horreur plus insidieuse.
 Pinhead
0 notes
sports-topito-sport · 5 years
Text
10 clubs où José Mourinho pourrait rebondir
Tumblr media
José Mourinho vient de passer une petite annonce pour se trouver le club de ses rêves. De quoi motiver certains prétendants. Top 10 des clubs qui ont presque tout pour séduire le Special One.
1- L’Inter Milan Si José Mourinho a pour habitude de claquer la porte des clubs dans lesquels il a officié, celle de l’Inter Milan lui reste grande ouverte. C’est en effet la seule ex qui ne l’a pas jeté dehors. Pour rappel, en 2010, alors que le coach portugais et les Nerazzurri filent le parfait amour avec un triplé Coupe nationale, Championnat et Ligue des Champions, Mourinho annonce du jour au lendemain en aimer une autre : une belle espagnole drapée de blanc qu’il s’empresse de rejoindre pour 3 saison de batifolage. 9 ans plus tard, la passion semble intacte dans le coeur de la belle italienne éconduite, et des discussions seraient en cours pour une arrivée dès l’été prochain.
2- Le Real Madrid Entraîneur du club madrilène de 2010 à 2013, José Mourinho n’a pas laissé que de bons souvenirs du côté de Santiago Bernabéu, que ce soit au niveau du style de jeu pratiqué, que des tensions avec certains joueurs de l’effectif. Pourtant, 2 facteurs pourraient favoriser son retour au Real Madrid. Le premier repose sur le rôle d’Adidas, à la fois sponsor du club merengue et du coach portugais. La marque allemande ne cachant pas son envie de rabibocher les deux anciens tourtereaux. Un vœu que pourrait exaucer Florentino Perez qui a longtemps reproché aux joueurs d’avoir eu la peau de Mourinho à l’époque. Une injustice qu’il pourrait réparer dès la saison prochaine… au grand désespoir des socios… et d’Eden Hazard s’il devait signer au club.
3- Le Benfica Lisbonne S’il a connu ses premières heures de gloire avec le FC Porto, Mourinho a connu un court passage à la tête du Benfica en 2000. Un intérim qui dura 11 rencontres soldé sur un bilan de 6 victoires , 3 nuls et 1 défaite, sans oublier un sompteux tacle par derrière en conférence de presse sur l’Égyptien Sabry alors joueur vedette du club. 19 ans plus tard, les Diables Rouges portugais auraient quand même tenté de profiter de sa mise à pied de Manchester United pour lui proposer le poste d’entraîneur dès ce mois de janvier. Invitation poliment déclinée… pour le moment.
youtube
4- Le Bayern Munich Champion dans 4 championnats différents, le coach portugais pourrait être tenté de poser ses valises (en carton) en Bundesliga et plus vraisemblablement du côté du Bayern Munich. L’occasion pour Mourinho de faire mieux que son meilleur ennemi Pep Guardiola (3 titres consécutifs en championnat, aucun en Coupe d’Europe). Surtout le Special One aurait une équipe comme il les aime. Costaude derrière, avec une solide pointe en attaque et des joueurs d’expérience, le tout animé par une discipline à l’allemande. Deutsche Qualität !
5- L’équipe nationale du Portugal La rumeur circule depuis l’été dernier après la Coupe du Monde en demie teinte du Portugal. Mourinho apparaît pour certains observateurs comme la solution logique à la succession de Fernando Santos, l’actuel sélectionneur en place depuis 2014. Reste à régler quelques détails, comme le salaire du Mou et sa capacité à bonifier un effectif sans pouvoir réclamer des renforts à coups de centaines de millions d’euros.
6- Wolverhampton Rachetés par un fond d’investissement chinois en 2016, les Wolves sont devenus le nouveau terrain de jeu de Jorge Mendes, qui n’est autre que l’agent de José Mourinho. Actuellement dans le top 10 en Premier League, l’équipe des West Midlands tout droit sortie de Championship, pourrait profiter de l’arrivée du coach portugais l’été prochain pour franchir un nouveau cap. Une opportunité pour Mourinho qui pourrait de son côté compter sur la capacité financière des propriétaires actuels du club pour bâtir son équipe sans trop regarder à la dépense.
7- L’Olympique Lyonnais On tombe là forcément dans l’ultra spéculatif, mais rappelons quand même que JM Aulas aurait déjà tenté de faire venir José Mourinho à Lyon en 2008 avant d’opter finalement pour Claude Puel, puis courant 2015 avant de miser sur Bruno Genesio. On appelle ça du bluff, ou avoir de l’ambition à géométrie variable. Avantages du Special One, non seulement il parle français, mais il a surtout déjà gagné la Ligue des Champions (le Graal de JMA dans les 5 ans). Autre atout, Mourinho a déclaré « chercher un club ambitieux au plus haut niveau même si ce dernier n’est pas un chasseur de trophées à très court terme, mais qui ambitionne de le devenir ». Pile la philosophie du proprio lyonnais !
8- Chelsea Jamais deux sans trois. Après ses passages à la tête des Blues de 2004 à 2007, puis de 2013 à 2015, José Mourinho pourrait profiter des difficultés actuelles de Maurizio Sarri pour tenter un come-back. Rappelons que le Special One avait quand même remporté avec Chelsea 3 titres en Premier League en un peu plus de 6 saisons ! De son côté, Roman Abramovitch ne serait pas à un retournement de veste près.
9- Guangzhou Evergrande Le club chinois s’est fait une spécialité de se faire refiler à prix d’or des joueurs moyens (Jackson Martinez et Paulinho 42 millions). Prochaine étape : faire la même chose mais cette fois, avec un coach à la réputation en berne. Reste à savoir si le nombre de zéros sur sa fiche de paie suffiront à convaincre Mourinho d’abandonner ses ambitions sportives.
10- Le Paris Saint-Germain Sait-on jamais, une place pourrait se libérer...
Crédit photo : Aleksandr Osipov
0 notes
mypoesidon · 7 years
Text
le poto noir
Le capitaine fait alliance avec ce qui nait de l'enfer environnant
à savoir les poètes les incompris du chemin du bastion
du chemin des frondeurs les illégal aux portes de la noirceur
ils doivent négocier leur liberté face a leur destiné
car tel est l'échec de leur vie
à trop être fasciné par les chimères
par les sciences du mystique
ils en ont perdu le sens des réalités
mais peu importe tant ils naviguent en paix
sur les océans de graal et de torpeur
là où rivage est une aliéné destination
prélude à l'interaction des éléments feu et eau
fièvre des cieux au chevet de Lucifer
par le feu la destruction
par l'eau la création
par la fusion le rôle de la vie sur terre
enfer et paradis tel est le mélange incompris
en quoi navigue l'obsolescence d'une civilisation
d'une sensation le rite de l'infernal torpeur
qui mène aux ténèbres lugubre
a trop côtoyer le trésor du règne de la vie
l'on fini par oublier notre quête
et l'on reste perdu là le verbe incompris
prêt à négocier avec le diable
qui rêve cette tyrannie cette hiérarchie
1 note · View note
lefeusacre-editions · 5 years
Text
BOOKHOUSE BOY #55 | Arthur-Louis CINGUALTE, écrivain
Tumblr media
Arthur-Louis Cingualte était trop rare à notre goût, lui qui insère des bonbons métaphysiques déguisés en élégies et états d’ivresse de-ci de-là dans la presse, les Internets, les recueils dirigés par les uns, les unes ou les autres. Une présence trop parcimonieuse, abstraite, pour ne pas que l’on tire sur le linge du fantôme en exigeant qu’il reste dans la chambre afin de nous y écrire ce qu’il a sous le drap. Certes, Le Feu Sacré fut le premier à publier - ici même, cherchez-le, il est tagué pour les siècles des siècles - les poèmes critiques du beau Cingualte. Et certes, certes, il se chuchote que le premier livre à son seul nom enfin voit le jour chez nos confrères des éditions de l’Eclisse. Qu’il sera un comprimé de grâce toxique dévolu à la cause gentlemaniaque de Nick Cave, de ses Bad Seeds, de leurs disques australofères, leurs danses sabasiennes, et la hantaison de poèmes du gars Cave. Mais ce n’est pas assez, (hurlé) ce n’est encore jamais assez : quand on a mordu au style en vampire affamé on y repique, c’est comme la drogue. C’est pourquoi Arthur-Louis Cingualte, dont un essai fabuleux [SPOILER] sort chez nous en 2020 (et 2020 c’est bien trop loin comme dirait Pacôme Thiellement), est le bookhouse moonboy du lundi.
| Que trouve-t-on comme nouvelles acquisitions dans ta bibliothèque ? 
J’ai récupéré pas mal de choses dernièrement. Mu le continent perdu de James Churchward, Fukushima. Dans la zone interdite de William T. Vollmann, La Mort et le rêveur de Denis Saurat, Lords of Chaos de Michael Moynihan et Didrik Søderlind et les poésies complètes de François Villon ; je n’ai maintenant plus qu’à instiguer pour trouver la cohérence cachée qu’il y a là dans cette pile. C’est toujours, très prosaïquement, affaire d’alpinisme quelque part. Il faut atteindre le sommet. Mais ce somment n’est pas forcément conditionné par la lecture intégrale de chacun des livres qui composent la pile. Ce qui importe c’est le point de vue, pas l’exploit.
| Quels livres marquants as-tu découverts à l'adolescence et que tu possèdes toujours ? 
Malheureusement peu de livres survivent à l’adolescence. Un prêt ne signifie pas systématiquement un retour à cette période. Mais je possède quand même encore quelques rescapés. Ils ont des stigmates improbables mais ils sont bien là. Dans les plus marquants il y a pas mal de Romain Gary (dont deux de ceux qui étaient mes préférés à l’époque, Chien blanc et Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable), un recueil de poésie de Jim Morrison, La Plage d’Alex Garland, Les Lois de l’attraction de Bret Easton Ellis et quelques romans de Louis-Ferdinand Céline prêtés par ma grand-mère et qu’en bon adolescent je me suis bien gardé de rendre. C’est aussi le truc : dans les rescapés on a toujours du mal à séparer ceux qu’on a achetés de ceux qu’on a gardés.
| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?
L’édition originale de Mon Général de Miguel Angel Asturias acquise par mon grand-père pendant ses années d’aventures guatemaltèques.
| Lequel de tes livres prêterais-tu à quelqu'un qui te plaît ?
Inferno de August Strindberg pour tous ses moments de parano tragi-comiques dont il est toujours formidable de pouvoir se souvenir entre amis. J’ai toujours trouvé qu’August Strindberg, dans ses récits autobiographiques qui le voient se battre contre les forces du mal, faisait, mystérieusement, par-delà toute forme de ridicule, un bien fou au cœur.   
| Que trouve-t-on comme livres honteux dans tes rayonnages ?
Je suis très client du livre « honteux » (je crois qu’une bonne bibliothèque a besoin d’improbables contrastes). Il ne faut jamais négliger sa dimension comique. J’ai des livres de curés sur le rock absolument irrésistibles.
| Quels livres as-tu hérité de tes proches ?  
Beaucoup. Je dilapide les bibliothèques familiales fréquemment.
| Le livre que tu as le plus lu et relu ?
Relire (bien plus que revoir), c’est continuel chez moi. Les Mille et une nuits, les livres de Cristina Campo, Diadorim de Joao Guimareas Rosa, les romans de Raymond Roussel, Rose poussière de Jean-Jacques Schuhl, les récits de voyage de Pierre Loti, les journaux intimes de Nabe, les poètes du Grand Jeu, les œuvres complètes d’Arthur Cravan, le très bizarre Autres électricités d’Ander Monson et énormément de livrets d’albums de musique, de lyrics… et j’en oublie plein. Par-delà le simple fait de l’obsession, Il y a tellement de livres que je n’arrive pas à épuiser. Je ne dirai pas que je les relis – une certaine conception du facteur « évasion » prime. Je dirais plutôt – en anticipant une des prochaines questions – que je retourne traîner dedans ; et je traîne dedans de façon à ce qu’à chaque fois je finisse par découvrir que l’idée n’était pas réellement d’errer vaguement dedans à la recherche d’une musique particulière, mais de me retrouver dedans. Les livres restent en nous mais, d’une certaine façon, on reste toujours un peu en eux.
| Le livre qui suscite en toi des envies symboliques d'autodafé ?
Je sais que je suis assez pervers pour garder, si l’occasion se présentait, un livre écrit par Laurent Wauquiez, ou même pire encore pour le déposer dans une boîte à livres, alors…  
| On te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, oui, mais lequel ?
 Plein ! Un génie me proposerait ça je mettrais des jours à me décider.
Tout de suite, comme ça, comme son Diable vert n’est pas loin de moi, je voudrais bien partir en Antivoyage avec Muriel Cerf.
Mais je dois dire aussi que je me verrais très bien dans les mondes, peints par Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov et les romans de Thomas Pynchon, où le grotesque du quotidien est toujours envisagé selon la présence de vertigineuses perspectives de transfiguration, et – aussi – que j’aimerais infiniment vivre ma vie de lapin de garenne dans Watership Down de Richard Adams (mais je vais attendre de voir quelle va être ma prochaine incarnation avant de me prononcer pour ce dernier).
| Quel est l'incunable que tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ? 
Je nourris une fascination absolue pour les codex mayas.
| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?
Là, sans réfléchir : Paradiso de José Lezama Lima. Le système d’engendrement des images à l’œuvre dans ce livre tient pour moi du miracle. Quand je l’expérimente je me dis à chaque fois que c’est l’une des choses les plus fondamentales qu’ait jamais proposé une œuvre d’art. On frise « la façon de vivre » – du moins je ne peux pas l’envisager autrement.
2 notes · View notes
philonhisway · 7 years
Text
Faut-il libérer les fous ?
Deux heures quarante-sept du matin. Mes yeux peinent à regarder l'écran, pleurent presque devant la lumière artificielle qui jaillit de la télévision, projetant directement sur nos rétines les images d'un monde qui m'appelait, qui me hurlait de le rejoindre, de danser sur la table avec les Hobbits et de parcourir les vastes étendues de la Terre du Milieu, pourchassant les gobelins et les wargs, l'épée brandie du bout de mon bras affermi par l'entraînement à l'escrime elfique. J'avoue n'être qu'à moitié réceptif : les bras de Morphée sont si confortables qu'on s'y laisserait volontiers glisser pour une éternité ou deux…
Mais je me ressaisis : quel crime odieux que de s'endormir devant l'oeuvre des maîtres Tolkien et Jackson ! Surtout à quelques instants d'un des passages les plus connus de la trilogie, moins pour la scène que pour sa seule ligne de dialogue rendue culte par l'usage.
Je confesse que, jusqu'à ce soir, je n'avais vu ces films que dans leur langue maternelle, en compagnie de puristes qui aurait hurlé au blasphème devant une traduction, et de n'avoir jamais eu le loisir de m'attarder sur leur version française. Reprenant un peu de contenance, je me penchais en avant, comme pour mieux entendre les mots qui allaient être prononcés par Gandalf dans sa descente aux enfers avec le Balrog, avide de savoir comment ils avaient été traduits… On y était ! Le Graal allait m'être offert...
« Fuyez, pauvres fous. »
… Fuyez, pauvres fous ? Fuyez, comme fuir ? Pauvres, comme démunis, à la rue, sans le sou ? *soupir* Que la langue de Molière (et de Damasio) put commettre un tel affront envers sa cousine saxonne me faisait voir plus rouge que la Flamme d'Udûn. Ce n'est pourtant diable pas compliqué ! Fly, you fools ! Pas besoin d'avoir fait une licence de langue pour comprendre qu'à l'heure qu'il est, la rotation exercée par le cadavre de sir Tolkien sur lui-même est suffisante pour alimenter tous les téléviseurs diffusant cette ignoble traduction, en plus du studio de doublage qui l'a autorisée !
Ah, vous ne voyez pas ? Pour vous il n'y a aucun souci ?
Cela m'attriste, car cela signifie pour vous qu'il n'y a pas de différence entre fuir et voler, et qu'un fou est nécessairement pauvre, suppliant, éthéré. Cela signifie pour vous qu'un fou n'a pas le droit de déployer ses ailes. Cela signifie, pour vous, que le fou est condamné à rester enfermé sur sa diagonale, noire ou blanche, et à se faire décapiter par une reine, libre de tous ses mouvements quant à elle.
Chers amis, devant vous aujourd'hui je veux proclamer que les fous doivent être libérés.
Attardons nous tout d'abord sur ce qu'est le fou. L'ami Robert nous informe que le fou n'est pas d'abord celui qui est atteint de troubles mentaux, mais l'individu extravagant, qui a un comportement étrange, contraire à la raison. Ainsi donc, la maladie mentale ne serait, de nos jours, qu'un sous-ordre de la folie. Ne faites pas vos vierges effarouchées : je vous entends à longueur de journée dire « il est fou ce garçon », ou encore « c'était complètement dingue ce concert », et je suis pratiquement certain que votre artiste préféré ne s'est pas déplacé jusque Saint-Anne pour jouer devant une foule en délire – littéralement.
Ainsi donc, ce que vous appelez folie, c'est la différence incompréhensible, et heureux êtes-vous de vous être placés du bon côté de la ligne blanche !
Constatant il y a plusieurs siècles de cela, que de certains individus, la compréhension vous était interdite, vous leur avez donné un nom. Les fous. Ceux qui sont  condamnés à se déplacer en diagonale sur les cases de l'échiquier. Ceux qui ressentent « trop » intensément, voient « trop » loin, veulent « trop » fort. Ceux qui vous font peur, parce qu'ils n'ont jamais prêté attention aux lignes et aux cases dont vous prétendez qu'il leur en manque puisqu'ils ne veulent pas s'y enfermer.
Contrairement à nous. La folie s'est bel est bien déjà libérée, elle est affranchie du joug de la raison. Plus légère que l'atmosphère pesante de sanité qui nous contraint sur la terre ferme, la folie s'envole vers la stratosphère, loin de toute gravité, propulsée par les sentiments. Parmi lesquels, sans surprise, on retrouve l'amour, dont le plus ardent est bien souvent celui qu'on qualifie de fou. On est dingue de quelqu'un, on en est fou amoureux, et alors l'amour ne devient plus un verrou, il devient des ailes. Libéré par l'amour, rendu aérien par son absence d'attaches, on ne regrette plus les folies que l'on commet pour l'être aimé. J'invoque une maxime que vous utilisez à tort et à travers : « l'amour a ses raisons que la raison ignore ». L'amour a des raisons qui ne suivent pas la raison. L'amour est fou. Si l'espérance est la plus grande de nos folies, et le rêve la plus douce, l'amour en est la plus belle.
Voilà le beau triolet de la folie : amour, espoir, rêve. Personne n'est plus libre qu'un amoureux transi, qu'un indécrottable optimiste ou qu'un doux dormeur éveillé. Pourtant, qu'est-ce qu'on a pu s'en prendre à ces figures, moquées, bafouées par la sacro-sainte raison ! Qu'est-ce qu'on a pu traîner dans la boue leurs noms ! Enfermer les fous dans des asiles ne nous suffisait plus, il fallait aussi les cadenasser sous le titre de la médiocrité ! L'Histoire nous apprend pourtant que ce sont eux qui ont mené les plus belles aventures, les plus beaux combats. L'amour du Christ, l'espoir de Gandhi, le rêve de Martin Luther King… Croyez-vous qu'ils auraient pu en faire tant s'ils avaient écouté les chuchotements insidieux de la raison, qui s'infiltre telle l'humidité dans les fondations des entreprises et pourrit les charpentes, jusqu'à ce qu'il ne reste que ruine et regrets ? La folie des grandeurs, ce n'est pas qu'un film de De Funès et Montand : c'est le kérosène des histoires qui ont fait des pas de géants pour l'humanité.
La folie ne nous dépasse pas seulement parce que sa compréhension ne nous est pas accessible, mais surtout parce qu'elle accomplit de plus grandes choses. Et parce que nous avons peur de l'incommensurable, nous nous sommes trouvés des maîtres. L'homme est cet animal fou dont la folie a inventé la raison, pour le restreindre, le rassurer, lui passer des œillères et un collier autour du cou.
Mais nous sommes grands, désormais, l'humanité est grande. Voyez les dommages qu'a fait la raison : nous piétinons sur place. Nous faisons des calculs, nous étudions les probabilités par peur de commettre une infime erreur, comme un enfant qui tergiverse avant de se décider à sauter du plongeoir, parce qu'un adulte « raisonnable » lui a dit que c'était dangereux, alors qu'il ne se serait même pas posé la question si on ne lui avait rien dit. Il est temps de nous retirer les roulettes du vélo et de rouler plus loin que jamais. Déchaînons les passions, exacerbons nos sens, libérons-nous.
Nous avons enfermé les fous, leur rappelant leur condition de prisonnier jusque dans leur nom de « fous à lier », parce qu'ils nous rappelaient ce que nous étions sans la raison. Mais malgré les barreaux, rien n'a jamais pu empêcher leur esprit de voguer sur des océans que nous refusions d'explorer. Les fous sont ceux qui sont déjà les plus proches de la liberté. Dès lors que nous leur aurons ouvert les portes des asiles et rendu leur éclat à leur nom, c'est eux qui viendront nous rendre la vraie liberté.
Alors, tels ces deux Hobbits qui, loin d'imaginer qu'il sauveraient le monde d'une désolation certaine, eurent le grain de folie de s'aventurer hors de chez eux, nous voleront, porté par les ailes puissantes des aigles qui ne craignent pas de se brûler les plumes. Ne fuyez pas, nobles fous : volez.
1 note · View note
ahphilgood · 4 years
Text
Mon père, ce héros...
Il y a de vieilles expressions qu’on connaît tous, vous voyez, celles que nous rabâche sans arrêt tatie Simone. C’est bien simple, pour chaque problème, il y a une expression qui s’impose.
« Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerai pas qu’on te fasse » quand on se comporte comme un con avec autrui...
« Tout vient à point à qui sait attendre » quand on veut ouvrir les cadeaux de Noël avant minuit...
« Le mieux est l’ennemi du bien » quand on veut recommencer la figurine en pâte à sel...
« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » quand on commence à faire des caprices parce que non vraiment, minuit c’est bien trop tard !
Mais ma préférée, ma petite madeleine a moi c’est « quand on n’a pas de tête, on a des jambes ». Parce que oui, je suis du genre tête en l’air, malgré mon métier.
Et bien que tatie Simone ne soit plus de ce monde, je l’imagine bien, index de la main droite tendu vers le ciel et main gauche posée sur la hanche...
Pourquoi diable me direz-vous ?
Parce qu’à l’heure où j’écris ces mots je suis dans le train.
Parce que dans la précipitation de la préparation des bagages de mon fils ma bataille j’ai oublié de mettre sa carte d’identité.
Parce que demain à 15h, il prend l’avion pour aller à l’étranger, pour ses dix ans, avec sa tatie à lui, qui est nettement plus cool que tatie Simone.
Parce que la madame de la Poste elle a pas voulu prendre la lettre en chronopost car le délais était dépassé de 5 minutes.
Parce que de nos jours, contrairement à l’époque où vivait le p**ain d’auteur de cette maxime débile, on ne peut pas circuler librement d’un pays à l’autre sans un bout de plastique avec une photo sur laquelle on ressemble à un repris de justice.
Et surtout et enfin, parce que le bonheur de mon fils, et sa tatie à lui, valent plus que tout le reste.
Me voilà donc dans le train. Pour un aller-retour express entre Toulon et Paris, pour emmener le Graal à son Arthur.
Non le plus chiant avec ces proverbes à la con c’est quand ils tapent juste...
0 notes
reseau-actu · 5 years
Link
L'intelligence artificielle risque de devenir un argument marketing comme un autre.
Tumblr media
L'intelligence artificielle est partout. Le secteur des hautes technologies explique à qui veut l'entendre que les machines intelligentes sont notre futur commun. Google est passé de «mobile first» à «AI first». Amazon veut faire de l'IA le cœur de son système.
Beaucoup d'entreprises affirment l'utiliser comme si c'était une technologie strictement définie. Seulement, si l'IA est mise à toutes les sauces, sa définition reste assez floue. Pour le Larousse, elle consiste en un «ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine».
«À ce stade, l'intelligence artificielle est une aspiration, elle reflète un objectif», explique Trevor Darrell, qui étudie le sujet à Berkeley et pour le Darpa, une agence de recherche du département de la Défense des États-Unis. Il voit l'IA comme un terme parapluie, qui englobe différentes technologies –notamment les algorithmes, que l'on confond souvent avec une intelligence purement robotique.
Pour cette raison, elle peut avoir une connotation extrêmement différente en fonction de la personne qui en parle. Permettre aux machines de simuler l'intelligence humaine est un dilemme philosophique. Quelle est la morale du mythe de Prométhée? Lorsqu'il vole le feu sacré de l'Olympe, commet-il une faute d'orgueil qui le mène à sa perte ou bien permet-il à l'espèce humaine de se transcender?
À lire aussiIntelligence artificielle, reproductibilité et «boîte noire»: un chaos scientifique
Même les leaders de la Silicon Valley sont divisés sur le sujet. En janvier 2018, le PDG de Google, estimait que l'«IA est le projet le plus important sur lequel l'humanité est en train de travailler. Elle promet des changements plus profonds que l'électricité ou le feu».
Elon Musk pense au contraire que, «avec l'IA on est en train d'invoquer le diable. Vous voyez ces histoires où l'on voit un type tracer un pentagramme en assurant qu'il va pouvoir contrôler le démon? Souvent, ça ne marche pas».
Argument marketing
Le vague de cette définition permet aux entreprises de promouvoir leurs produits en utilisant les représentations véhiculées par cette technologie de pointe dans l'espoir de se donner une image à la fois révolutionnaire et futuriste.
Oral-B vend depuis peu la Genius-X, une brosse à dents électrique à plus de 200 euros dotée de «technologie IA». En réalité, des capteurs détectent où et combien de temps vous passez à vous brosser les dents, puis une application vous donne des conseils.
À lire aussiLes cinq métiers de l'IA
La technologie en question peut-elle simuler l'intelligence d'un dentiste? Oui. Est-elle conforme à ce que le public attend lorsqu'on lui vend de l'IA? Rien n'est moins sûr.
Polyvalence
Un autre problème lié à l'emploi des termes intelligence artificielle tient à l'une de ses caractéristiques: sa polyvalence. Nous sommes capables d'accomplir de nombreuses actions et de nous adapter à des situations variées.
Or, les IA sont encore très loin d'être multitâches. Une intelligence artificielle passe un cap lorsque son efficacité parvient à outrepasser celles des êtres humains. Quand elle y parvient, ce n'est généralement que dans un domaine bien précis.
Prenons une IA bien connue: AlphaGo. Ce programme est conçu pour jouer au jeu de go, un exercice complexe qui a été longtemps dominé par des pros en chair en os.
Lorsqu'en 2016 et 2017, ce système informatique a battu à plusieurs reprise les meilleurs joueurs mondiaux, le Monde parlait d'une «victoire historique» pour l'IA, qui décrochait son Graal. Reste qu'AlphaGo ne sait accomplir que cette tâche unique, bien que ses talents de stratège aient été utilisés afin de battre des êtres humains à Starcraft.
Une autre IA commence à se faire un nom: le machine learning, un logiciel qui se forme lui-même à partir des données à qui lui ont été fournies. Plutôt que de lui dire ce qu'est un chat en se basant sur notre perception humaine, on lui fournit des milliers de photos de chats afin qu'il se fasse ses propres critères et apprenne de lui-même à les reconnaître.
À lire aussiLes 6 dangers de l'IA selon le MIT
Ce type d'intelligence artificielle permet de simuler la manière dont une personne déduit et apprend. C'est une prouesse technologique. Mais là encore, l'algorithme ne peut faire que ce pour quoi il a été entraîné.
Cela fait relativiser les déclarations grandiloquentes de Musk ou Pichai. Si l'on considère qu'une IA est une machine capable de simuler l'intelligence humaine, la recherche n'en est qu'à ses balbutiements et avance à coup de tentatives qui ne peuvent être que partielles.
Qu'on en trouve d'encourageantes, de très utiles ou d'impressionnantes ne doit pas occulter le fait que ces systèmes sont encore très loin d'être aboutis. Surpasser l'être humain dans un domaine précis pour l'assister efficacement ou lui voler son travail est déjà de l'ordre du réel. Quant à Skynet et Matrix, ce n'est pas pour tout de suite.
0 notes