Tumgik
rien-a-cacher · 10 months
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2 jours que je suis en rade, deux jours que j'ai plus ma fume, ma drogue, le A-PIHP.
Je viens de fumer enfin ma première pipe. putain, c'est bon. Au départ, je suis tombé accroc au A-PHP.
Une drogue très proche chimiquement, mais plus forte, meilleure et bien plus euphorique et stimulante que l'A-PIHP.
Une amphétamine dérivée du khat, une plante stimulante originaire du Yémen et d'Éthiopie.
Ça peut se prendre en sniff, intraveineuse ou oralement, mais le meilleur, c'est de la fumer.
Ça se présente sous forme de cailloux et à fumer le flash commence en quelques secondes, un bien-être instantané,
le À-PHP, j'en suis tombé accroc à la première pipe,
je savais que ça allait être dur de m'en passer et j'en étais qu'au début de ce gramme que j'avais acheté pour goûter 12 euros seulement. L'effet, c'est entre le crack et le cristal met, mais c'est 5 à 6 fois moins cher et généralement pas coupé.
Ça s'achetait légalement sur le net, par carte bleue, les douaniers ouvraient mes colis, mais les laissait passer sans problème.
Le A-PHP a été interdit il y a un an à peu près. On en avait profité pour décrocher avec mon ex,
j'ai tenu un an, mais là dans ma gueule un très gros coup dur et j'ai raccroché au A-PIHP,
moins fort, mais encore vendu chez un de mes sites fournisseurs, tous les autres ne livrent plus en France,
je pense qu'une loi est passée en janvier. Je me dis que ce site va devoir fermer et que je pourrais décrocher plus facilement,
mais quand ? Dieu seul le sait.
3 ème pipe, le panard, je n'ai plus mal, ma douleur psychique qui me paraissait insupportable est enfin gérable.
Je n'ai plus besoin de me forcer pour faire les choses, ça passe, je suis bien.
Sobre, je ne peux pas supporter le mal, il faut que je dorme ou que je détourne mon esprit.
Si je pense à ma situation ou que je tente de me projeter dans le futur, j'ai peur de mourir avant de me suicider, je ne veux pas être moi et maintenant. Je suis anesthésié, au diable les émotions, je suis creux pour ne pas ressentir la réalité. Seul cette drogue marche pour cette souffrance. À ce prix-là en tout cas, si c'était moins cher, je serais à l'héroïne tellement c'est difficile.
4 ème pipe, toujours aussi bon, mais je sais que sous peu, il n'y aura plus le flash, ce moment de plaisir quand une drogue commence à faire effet, je serai juste bien et c'est le principal.
Le flash, je l'aurai après mon prochain sevrage dû aux limites de stock et à l'inconvénient d'acheter sur
internet. Il faut attendre le temps de la livraison quand on se drogue en ligne.
Dans 20 minutes, il faut que je décolle, je dois retourner à la clinique psychiatrique qui est mon domicile pour le moment.
Si j'en sors, je suis fini, alors je dois me cacher, si je me fais prendre c'est la porte, alors je dois être rigoureux. Personne ne sait, personne ne voit, je ne partage mon fardeau avec personne. Seules deux copines internées sont au courant et c'est déjà trop.
Voilà, il est l'heure de rentrer, une dernière pipe libre et je vais à la clinique. J'ai tout rangé, je vais faire "mes courses", le motif officiel de ma sortie et je retourne dans le monde civilisé des être humains.
10 ème pipe, ça fait encore du bien, je suis rentré à la clinique, je n'ai même pas pu faire les courses (mon alibi pour aller chez moi) à cause d'un problème avec ma banque.
J'ai mangé et suis retourné dans ma chambre. Je me sens à part, vivre dans le secret joue beaucoup sur ma parano habituelle et le produit n'aide pas. J'aime être franc et honnête, mais là, je ne peux pas. Je n'envisage pas la possibilité de rentrer chez moi pour le moment et il est inconcevable que le personnel soignant comme mon psychiatre (à qui je dis tout normalement et c'est le principe) soient au courant que je fume une molécule qu'ils ne connaissent pas, dans une pipe en verre qui pourrait servir à fumer du crack.
Ils me disent que je dois me prendre tout le mal dans la gueule, pour plus tard, attendre à, petit à petit, retrouver les plaisirs de la vie. J'ai 43 ans et me drogue depuis mes 14 ans. Vingt-neuf années que je ne ressens de plaisir que quand je suis défoncé, ce n'est pas la drogue qui me donne du plaisir, c'est d'être sous produit qui me permet d'apprécier les plaisirs de la vie. Je ne supporte la sobriété que quand je ne vais pas trop mal et encore, c'est très difficile. Alors retrouver du plaisir sans drogue me parait inconcevable. Ça doit être possible, mais va me falloir du temps, de toute façon cette chute, je vais avoir du mal à m'en relever, je ne vois pas comment la digérer, ils vont avoir du mal à me récupérer, je ne sais même plus si j'y crois, je n'ai jamais eu aussi mal et pourtant j'ai perdu ma même dans un accident de voiture à 16 ans.
C'est grâce à mon ex que j'avais réussi à arrêter la fume, je parle d'amphétamines qui se fument un peu comme la meth. Avant de la connaître, j'étais à fond de A-PHP et j'avais laissé tomber l'idée de vivre. Je n'y voyais plus l'intérêt, étant seul, sans travail, sans ambition, sans activités et sans relation sociale. Seule la drogue était là pour me faire supporter le problème tout en me précipitant vers la fin d'une vie qui m'a apporté énormément de plaisirs par le passé. Elle m'a donné une raison de vivre, donné tant de plaisir et d'amour, c'était le pire et le meilleur avec elle. Maintenant, elle est partie, je suis au même endroit que quand je l'ai rencontré, donc je ne vois pas l'intérêt de rester en vie, mais en plus, j'ai perdu la femme que j'aime.
Je ne vois pas comment faire pour arrêter cette saloperie qui m'intoxique les poumons. 13 ème pipe, j'y prends toujours du plaisir, je me sens bien. Je sais qu'au bout d'un moment, je sentirais plus le flash et je devrais passer par un sevrage brutal. Je me vois mal dire aux soignants que ça fait 2 mois que j'ai repris et leur expliquer comment faire pour apaiser mes souffrances. D'habitude, c'est moi qui décide du dosage de mes médicaments et il me faut la dose spéciale pour éléphant toxicomane dans ce contexte.
3 jours à dormir minimum, sans intérêt ni envie, évidemment qu'ils se poseront des questions, je voudrais en parler, mais c'est illégal, donc je dois garder le silence. Comment faire pour  traiter correctement la douleur si ce paramètre n'es pas pris en compte. Ils veulent que j'y touche plus, mais n'ont rien à me proposer que de serrer les dents et attendre que ça passe. Je suis défoncé et je serre déjà les dents pour pas partir en sucette.
C'est comme si j'avais les deux jambes cassées et qu'on me proposait des béquilles pour marcher jusqu'à ce que ça fasse plus mal. Moi, j'ai besoin d'un fauteuil roulant avant d'essayer de marcher et ils ne peuvent pas m'en fournir. J'arrêterai quand ce sera supportable d'être sobre, regarder le plafond en attendant les médocs et la bouffe, je ne peux pas m'y résoudre, c'est une torture. Quand on a envie de rien, que même la musique n'est pas agréable... Envie de rien, c'est quelque chose qu'on ne peut pas comprendre si on ne l'a pas vécu, et quand je ne dis rien, ce n'est rien, niet, nada, que d'alle, peau d'zob. On est en boucle sur ce qui fait mal et on n'a rien pour l'éviter, c'est le pire que je connaisse. 
 J'aimerais être sobre et serrer les dents le temps que ça passe, mais là, c'est impossible. 22 ème pipe, c'est encore le pied, mais vu le stock, je ne ferai pas la journée, il est 2 h 31, on est lundi et je ne pourrai me ravitailler que jeudi en espérant que je sois livré, le bad. Mais restons sur l'instant, je suis bien et c'est tout ce qui compte.
30 ème bouffée, on peut même pas appeler ça une pipe, j'ai chauffé tout le tuyau de la pipe pour fumer ce qui restait accroché tout le long, on  dirait du goudron, c'est ignoble, je me déteste de faire ça, mais je veux garder le dernier caillou pour le fumer plus tard, quand j'aurai nettoyé la pipe au chalumeau. Oui, vous avez bien lu, je nettoie les résidus le long de ma pipe au chalumeau et après combustion, il reste le verre et quelques rayures. Il faut le monter à 1300 degrés le bordel, pour faire disparaitre le produit, je ne veux pas savoir ce que ça fait dans les bronches.
Je fumerai la fin du stock dans une pipe propre, je préfère. Je n'aime pas finir avec le pire gout crade du goudron résiduel de la pipe. J'aime bien le gout de ce prod, si on ne le chauffe pas trop c'est un peu chimique, mais sympa. En attendant, je m'enfume avec du goudron, c'est dégueulasse, mais ça marche, moi tant que ça marche je n'ai pas de limite de gout, texture ou odeur, l'important, c'est l'effet et il est encore présent.
32 ème pipe dans du matériel propre avec un des derniers cailloux. Une heure que je l'attends, c'est bientôt la dernière, je ne veux pas, c'est trop bon. Je fume dans du matos crade depuis hier soir, là, je prends mon pied.
Je prends mon petit dèj en écoutant les conversations de ce matin au réveil, je les enregistre par ce que les conversations à l'aube en hp, il y a des pépites et là, je trouve que c'est pas mal. Je vais me faire engueuler par l'ash par ce que je suis trop occupé pour manger et je n'ai pas ramené mon plateau.
33 ème pipe, dans du matos propre, je prépare l'enregistrement de ce matin pour le poster comme podcast sur ma chaine YouTube, je vais rester en forme toute la journée alors que je n'ai pas dormi. Les soignants ne sont pas si cons que ça, va falloir la jouer fine. Le problème, c'est que je vais être fracassé pendant ces trois jours avant le ravitaillement. J'ai fait une nuit de 19 heures la dernière fois... 5 heures d'éveil.
Mon avantage, c'est qu'ils n'ont pas de preuves, pas d'indice, ils ne peuvent pas me faire de test de dépistage, ils ne sauraient pas quoi chercher. Je ne leur ai pas dit ce que je prenais, je ne suis pas si con. Et le plus important, c'est que je suis agréable et ne  pose pas de problèmes. Donc à moins d'un flag, ils ne pourront rien contre moi. Je ne leur laisse pas d'os à ronger, ils peuvent être persuadés, ils n'ont rien et je leur suis sympathique. 
34 ème pipe, putain, c'est bon, au moins j'aurais pris mon pied jusqu'au bout, c'était la dernière, après reste plus que des miettes, juste de quoi faire un nuage, mais pas d'effet. Je vous raconterai sans doute les prochaines bouffées, je suis lancé et les effets peuvent durer 8h après la dernière prise, il est 9 h 43 et je vais commencer à avoir du mal à 18 heures donc et c'est l'heure du repas. Je ne veux pas anticiper ce qu'il va se passer, je veux rester dans le bien-être de ma dernière pipe.
35 ème taffe, j'ai bien tout fini, les restes, j'y retournerai voir parce que je suis un toxico et que je vais faire les miettes pendant la redescente histoire de bien finir mon amour-propre à coup de talon dans les dents. Dans 25 min mon podcast est prêt à être posté, moi, il me plait. Après, je vais descendre voir une copine qui a eu des idées noires un peu virulentes hier soir, et moi qui me plains parce que j'ai plus de plaisir alors que d'autre ont tellement mal qu'ils préfèrent en finir.
36 ème dessous, j'ai laissé une dernière bouffée pour après le repas, il est l'heure, je vais prendre les médocs et j'irai manger, l'après-midi va être longue.
On ne peut pas dire 38 ème, c'est crade, sans plaisir et frustrant de faire les tuyaux. Je passe le chalumeau, un Dremel.
Un bon ouvrier travaille avec de bons outils disait ma grand-mère, c'est comme pour les pipes, je ne jure que par EHLE.
Meilleur souffleur de verre pour une pipe digne de ce nom et j'en ai cassé avec cette flamme des pipes, le budget est inclus dans le forfait, uber, gaz, pipe et drogue.
Je ne me défonce pas à l'arrache, je ne veux pas de problème, le feu doit marcher, les pipes sont assez nombreuses et le ravitaillement sécure, je ne veux pas d'incidents techniques. Je passe donc la flamme tout au long de ma pipe pour récupérer les résidus de produit qui n'ont pas complètement brulé. Encore une... ça sent la fin. Le plus difficile est de savoir que le matos arrive chez moi aujourd'hui, mais je dois attendre 3  jours avant d'aller chez moi, pas de raison ni de possibilité de sortir avant. Ils ne veulent pas me laisser aller chez moi parce qu'ils ont peur que je sois tenté. On en est là…
Lien l'A-PIHP sur Wikipédia A-PIHP
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