Tumgik
lesombresdeschoses · 1 year
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LA BIBLIOTHEQUE
Il Ă©tait assis lĂ , sur ces marches glacĂ©es. Il ne bougeait pas, paraissant ne pas respirer. Le regard vide, l’air renfrognĂ©, semblable Ă  une gargouille. Une forte averse lui brouillait la vue, mais il restait lĂ , immobile. Ces derniers temps, il rĂȘvait les rĂȘves d’une autre. Depuis toujours, il se savait diffĂ©rent, cependant, l’expĂ©rience du moment le dĂ©rangeait, particuliĂšrement. La bibliothĂšque Ă©tait son refuge, mĂȘme s’il n’y trouvait pas toujours les rĂ©ponses Ă  ses questions les plus invraisemblables, les livres lui permettaient de s’évader de sa rĂ©alitĂ© insensĂ©e. Personne ne pouvait le comprendre. S’il en parlait, on se moquerait de lui ou pire, on le ferait enfermer en « institut spĂ©cialisĂ© ». Cette pensĂ©e le fit sourire.
Quelle rĂ©action stĂ©rĂ©otypĂ©e face Ă  un phĂ©nomĂšne que l’on ne peut cerner instantanĂ©ment. Les gens sont paresseux, ils ne cherchent pas Ă  savoir ce qui fait la diffĂ©rence. Il n'existe qu'un schĂ©ma, si l’on ne rentre pas dans une case prĂ©cise, on est Ă  exclure, voire Ă  Ă©radiquer.
Mais cette solitude finissait par peser, ainsi que le silence que tout ceci imposait.
Consulter un psy ? Il est comme tout le monde, il construit sa rĂ©flexion autour de ce qu’il connaĂźt, de ce qu’il peut contrĂŽler, aussi si je lui confiais ce que je vis en ce moment, il me prescrirait des traitements pour dĂ©saxĂ©s sociaux. Il pourrait mal interprĂ©ter mes doutes et me dĂ©clarerait schizophrĂšne !
Liam savait bien qu’il n’était pas malade. Pourtant, depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ , il se rendait compte qu’il n’était pas comme les autres et que ça ne s’arrĂȘterait pas. La bibliothĂšque Ă©tait fermĂ©e le lundi. Plus bas, sur la place face aux marches interminables du bĂątiment, quelqu’un observait le jeune homme sous son parapluie rouge. Tout Ă©tait gris. De loin, cette petite tache de couleur avait l’air d’un fruit. Il n’y prĂȘtait cependant aucune attention, plongĂ© dans sa rĂ©flexion, Liam semblait vivre dans une autre dimension. La pluie formait un halo autour de lui, accentuant cette idĂ©e d’ĂȘtre entre deux mondes. Siobhan finit par monter. S’asseyant Ă  cĂŽtĂ© de lui elle tendit son bras, les abritant tous deux sous son petit dĂŽme Ă©carlate. Ils restĂšrent un moment immobiles.
— Tu veux rentrer dans la bibliothùque ? lui demanda-t-elle soudainement.
Liam sortit de sa rĂ©flexion, tourna la tĂȘte la regardant droit dans les yeux, l’air effarĂ©, comme brusquement sorti d’un sommeil profond. Il ne su rien rĂ©pondre. Siobhan se leva lui offrant sa main pour l'aider Ă  se relever. L'Ă©tudiant la suivit. Ils gravirent les marches, puis s’abritĂšrent sous les arcades de la bibliothĂšque. Elle sortit une carte vitro-magnĂ©tique et la glissa dans le scanner fixĂ© sur le mur. La grande porte mĂ©tallique s’ouvrit sur une immense salle Ă©clairĂ©e Ă  la lumiĂšre du jour. Les murs du bĂątiment n’étaient que baies vitrĂ©es et pavĂ©s de verres. Un escalier en colimaçon aux marches transparentes dĂ©corait le hall tel une sculpture de cristal, qui semblait soutenir, Ă  elle seule, le sol en bĂ©ton brute de l’étage supĂ©rieur. La façade de l'entrĂ©e de l'Ă©difice Ă©tait recouverte d’une plaque de mĂ©tal couleur bronze, entiĂšrement percĂ©e de lettres que la lumiĂšre traversait, donnant l’illusion d’une cascade de diamants. Ce bĂątiment avait deux siĂšcles. Vu de l'extĂ©rieur, une immense coupole de verre, soutenue par l’ossature mĂ©tallique des murs vitrĂ©es, s’élevait au dessus de la salle du second Ă©tage. Liam aimait particuliĂšrement cette architecture vivante, loin de celles de son Ă©poque, aseptisĂ©s, sans personnalitĂ©. Aujourd’hui, le temple du savoir n’ouvrait ses portes que pour lui. L’accueillant dans son antre empli du mystĂšre de la connaissance. Liam se sentait privilĂ©giĂ© d’éprouver ce moment d’intimitĂ© avec ce lieu si familier dans lequel il se rĂ©fugiait presque tous les jours. Siobhan l’observait avec le sourire, elle savait ce qu’il ressentait :
— Tu as l’impression d’y venir pour la premiĂšre fois , lui dit-elle d’un ton si serein qu’il eut la sensation qu’elle lisait dans ses pensĂ©es.
Il fut surpris. Se connaissaient-ils ? C’était pourtant la premiĂšre fois qu’il voyait la jeune femme. Depuis quand travaillai-t-elle Ă  la bibliothĂšque ? Comment se faisait-il qu’il ne l’avait pas croisĂ© avant ? Il plongea son regard dans les yeux noirs de son hĂŽtesse. Il se sentit soudain enveloppĂ© d’une douce chaleur, lui donnant le sentiment de tout comprendre.
— La bibliothĂšque est tout Ă  toi , coupa-t-elle, comme si elle ne voulait pas ĂȘtre sondĂ©e, comme s’il ne fallait pas qu’il en sache plus : profites en, j’en ai pour un moment, je dois configurer les banques de donnĂ©es.
Sans dire un mot, ne voulant pas ĂȘtre sorti de ce rĂȘve Ă©veillĂ©, Liam monta l’escalier. Siobhan le regardait gravir les marches de verre pour disparaĂźtre Ă  l’étage. Partout ailleurs on utilisait les Ă©lĂ©vateurs anti-gravitĂ©, l’absence de cette technologie donnait tout son charme Ă  l'Ă©difice, plongeant le visiteur dans un autre temps.
Les heures s’écoulaient lentement, Liam s’était perdu dans ses recherches sur l’esprit et son immense potentiel. De l’ésotĂ©risme aux sciences du cerveau, il avait besoin de rĂ©ponses concrĂštes, qui lui permettraient de comprendre son Ă©tat. Il se plongea dans la lecture du TraitĂ© de la schizophrĂ©nie, Ă©crit par McArthur en 2723. Un gĂ©nĂ©ticien de renom, fĂ©ru de psychiatrie, qui avait travaillĂ© sur un cas de « remodelage gĂ©nĂ©tique de la personnalitĂ© ». Il croyait qu’en modifiant certaines sĂ©quences du gĂ©nome humain on pouvait ĂŽter au psychopathe son instinct de tueur. Son essai intitulĂ©, La gĂ©nĂ©tique du temps, dĂ©montrait la possibilitĂ© de prĂ©voir le devenir d’un individu en dĂ©cryptant son code gĂ©nĂ©tique et dĂ©mystifiait totalement le concept de divination et de mĂ©diumnitĂ©, qui selon lui n’était qu’une des nombreuses capacitĂ©s du cerveau Ă  analyser une situation en paramĂ©trant toutes les donnĂ©s perçues de maniĂšre adĂ©quate, aboutissant Ă  un rĂ©sultat prĂ©cis : une variante plausible de la rĂ©alitĂ©. Bien entendu beaucoup de ses dĂ©tracteurs Ă©tait absolument contre l’idĂ©e de rĂ©duire la vie Ă  une simple Ă©quation, prĂŽnant le paramĂštre hasardeux et la dite chance, notions trĂšs alĂ©atoires mais si attrayante par son idĂ©e d’inclure la magie dans l’existence. La magie selon McArthur Ă©tait un Ă©tat d’esprit et non un phĂ©nomĂšne, une maniĂšre d’interprĂ©ter les Ă©vĂ©nements de la vie :
« Il n’y aurait pas de progrĂšs si le scientifique ne savait pas rĂȘver d’un monde meilleur et c’est en cela que rĂ©side la magie, mais le scientifique doit rester sceptique autrement il ne pourrait aller jusqu’au fond des choses et expliquer leur fonctionnement ».
PlongĂ© dans sa lecture, les livres Ă©talĂ©s sur toute la table, Liam ne vit pas le temps passer. Siobhan se tenait debout face Ă  lui, l’observant d’un air Ă©trange. Ce jeune homme passionnĂ© Ă©tait pour elle comme une bouffĂ©e de fraĂźcheur. Il leva la tĂȘte, elle lui tendit sous les yeux un livre reliĂ© de cuir rouge, la couverture n’avait pas de titre. IntriguĂ©, Liam l’ouvrit : le livre Ă©tait vierge. Il leva les yeux vers son amie, le regard empli de questions, ne sachant laquelle poser. Il ne dit rien, mais continua de la dĂ©visager intriguĂ©.
— Tu as assez lu, Ă  toi d’écrire maintenant, c’est en Ă©crivant que viennent les rĂ©ponses.
Les mois dĂ©filĂšrent aussi vite qu’une feuille emportĂ© par un ruisseau, Liam noircissait les pages blanche de son livre de cuir chaque fois qu’il trouvait le temps d’aller Ă  la bibliothĂšque. Chaque lundi il attendait Siobhan qui lui ouvrait les portes de son « temple de la connaissance ». Liam commençait Ă  trouver les rĂ©ponses Ă  certaines de ses questions les plus complexes et Siobhan observait l’évolution du jeune homme avec beaucoup de satisfaction.
Ce lundi 5 mai 2757, Liam attendait sur les marches de la bibliothĂšque, mais Siobhan ne vint pas. Ni ce lundi, ni le lundi suivant. Siobhan ne vint plus. Liam avait cessĂ© d’écrire depuis qu’il avait rencontrĂ© OphĂ©lia, elle ne le comprenait pas, mais l’amour avait emportĂ© son esprit loin de ses rĂ©flexions empiriques. Le jeune homme continuait cependant de frĂ©quenter la bibliothĂšque, le seul endroit oĂč il se sentait vraiment serein, mais Siobhan n’y venait plus. Une porte s’était fermĂ©e entre deux mondes. Liam avait choisi de vivre comme les autres au dĂ©triment de son Ă©volution personnelle.
*
Siobhan travaillait Ă  la bibliothĂšque. Ce jour lĂ , elle devait classer les archives du 31° siĂšcle. Elle pensait Ă  ce jeune homme qu’elle avait tentĂ© d’aider Ă  dĂ©velopper son potentiel, mais les murs du temps s’étaient refermĂ©s.
En 3035, seul un petit groupe d’humains rĂ©siste encore Ă  l’uniformisation des esprits. L’accĂšs Ă  la culture semble illimitĂ©. Pourtant, les archives regorgent de donnĂ©es et de livres interdits au public : le gouvernement mondial donne au peuple l’illusion de la libertĂ© pour mieux endormir les consciences. Chaque jour, Siobhan subit une injection d’amnĂ©site : tout est contrĂŽlĂ© dans ce monde intellectuellement monochrome. Elle est, cependant, une des rare Extensives Ă  travailler pour l'administration. En pratiquant « l’Extension De Conscience », elle peut restaurer les donnĂ©s, effacĂ©es de son cerveau par l’inoculation du produit.
Depuis toujours la nature humaine est tellement rĂ©primĂ©e par cette vie « sociĂ©tale » qui lui est imposĂ©e, que certains individus ont fini par dĂ©velopper des capacitĂ©s au-delĂ  de l’imaginable : la capacitĂ© de percevoir, de ressentir l’univers sans en devenir fou. C’est ce qu’on appelle « l’Extension De Conscience ». Certains on poussĂ© cette EDC jusqu’à la capacitĂ© d’influer sur les rĂ©alitĂ©s du continuum espace-temps. Comme Siobhan, qui tel un passe muraille, peut traverser les rĂ©alitĂ©s temporelles, si tant est qu’elle arrive Ă  trouver une connexion avec un individu ayant un potentiel EDC.
Liam a choisi l’uniformitĂ©. Il rĂȘvait les rĂȘves de l'Extensive, mais a choisit de vivre la vie d’une autre, la vie d’OphĂ©lia, la vie d’une Uniforme.
Le futur de l’humanitĂ© est compromis, mais Siobhan n’abandonnera jamais.
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lesombresdeschoses · 1 year
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SHAPES OF THINGS
« Ce sont nos choix qui déterminent ce que nous sommes. »
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lesombresdeschoses · 1 year
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A FRIEND
Il Ă©tait une fois...
A cinq ans j'avais un ami imaginaire. Enfin, au dĂ©but je croyais qu'il Ă©tait imaginaire. J'ai grandi avec lui, il est devenu mon meilleur ami. Mon confident. Il venait dormir Ă  la maison. Ma mĂšre le voyait. Il n'Ă©tait donc pas le fruit de mes rĂȘveries. J'Ă©tais une enfant solitaire. A l'Ă©cole je m'isolais dans la cour, pour observer les arbres, les oiseaux. Je voulais attraper ces instants. Il m'avait offert un appareil photo. Un jour qu'on se promenait au cimetiĂšre, profitant de la sĂ©rinitĂ© de cet endroit mystique oĂč le temps s'arrĂȘte, je fut choquĂ©e de dĂ©couvrir que le nom de mon ami Ă©tait inscrit sur l'une des pierres tombales. Alfred n'avait pas l'air d'ĂȘtre surpris. Il me disait constamment qu'il n'avait pas sa place dans ce monde. Je n'imaginais pas que c'Ă©tait au sens littĂ©ral ! Quand son double est mort ici, c'Ă©tait comme si une faille avait creusĂ© son sillon dans le tissu mĂȘme de l'espace entre les dimensions.
Le monde brûle. L'univers s'effondre. Mon ùme s'embrase. Le doute m'embrume. Je suis prisonniÚre. La folie me libÚre.
Je m’appelle Alisson Moriarty. La photographie est mon journal de bord. Le temple de mes rĂ©flexions. Mon Ă©vasion de ce monde sans saveur et le reflet de mon univers intĂ©rieur. On m'a diagnotiquĂ©e schizophrĂšne, Ă  dix-neuf ans. Mais je sais que je ne suis pas malade. Il y a d'autres mondes, lĂ -bas dans les Ă©toiles et bien au-delĂ . Je suis diffĂ©rente, la civilisation veut me normer. La communautĂ© humaine s'est perdue dans les mĂ©andres du contrĂŽle obsessionnel. La masse a englouti l'individualitĂ©. Et la sociĂ©tĂ© fut crĂ©Ă©. Au dĂ©pend de la communautĂ©. La tĂȘte est maĂźtre, devenue le geĂŽlier du cƓur, le foyer de l'Ăąme. La sociĂ©tĂ©, ce dictat, qui nous dĂ©shumanise. Ses codes alambiquĂ©s nous font croire que notre destin est tracĂ©, qu'il faut rentrer dans le rang, alors que c'est Ă  nous de l'Ă©crire, en Ă©coutant l'Ă©ther. Cet espace entre les univers oĂč la pensĂ©e sculpte la matiĂšre. On nous soumet Ă  la volontĂ© d'un Dieu cruel, pour nous faire oublier que nous pouvons nous mĂȘme devenir des dieux, crĂ©ateurs de rĂ©alitĂ©s diverses. Mais avant de devenir MaĂźtre de l'Ether, il faut apprendre. Alors je voyage. Je voyage au travers de ma folie, cherchant Ă  rĂ©vĂ©ler les mondes. Mes clichĂ©s, tĂ©moins d'une sphĂšre invisible. Ouvrant le portail de l'impossible, je vois ce que d'autre ne peuvent imaginer, enfermĂ©s dans leur bulle de certitudes. Les romans de Lawrina M. me confortent dans l'idĂ©e que je suis saine d'esprit. Un chapitre m'a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© dans son premier tome, MaĂźtre des Limbes. J'ai le pouvoir de traverser les dimentions par un biais inhabituel. Je traverse les limbes, les rĂȘves, l'illusion Ă©veillĂ©e au delĂ  de ce qui est palpable. Ils appellent ça schizophrĂ©nie.
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lesombresdeschoses · 1 year
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THE WEIRD LIFE MAGAZINE
« Je me souviens de chaque instant vécu là-bas. Dans les limbes. Ce Nexus étrange créé par ma grand-mÚre. Un trou noir qui m'engloutit pour m'ouvrir les yeux sur ma vie. Cette existence de mort. J'étais morte. Je renais. J'avais parfois l'impression de vivre la vie d'une autre. De mon double dans un autre univers. »
Lawrina Mortensen, l'ex-inspectrice de la brigade criminelle de Londres est devenue romanciÚre aprÚs son expérience insolite. Plongée, pendant trois mois, dans un profond coma, notre héroïne a expérimenté toute une existence.
L'Au-DelĂ . Dans cette sphĂšre, personne n'Ă©tait conscient d'ĂȘtre mort. Tout ce petit monde croyait vivre dans la rĂ©alitĂ©. La petite fille de l'ex-agent du MI6 Yvonne O'Donnell, belle, intelligente, mais butĂ©e, ne voulait pas comprendre que sa carriĂšre dans la police la dĂ©truisait, entraĂźnant son entourage dans cette funeste dĂ©chĂ©ance. Morgann Mortensen, sa soeur, assassinĂ©e lors d'une mission d'infiltration. Dell, l'adolescent tĂ©moin du meurtre de celle-ci. Deyn son Ă©poux a sombrĂ© dans la folie aprĂšs qu'elle l'a quittĂ©. L'inspecteur Chef Tyler Declan McKenzie, son collĂšgue, dĂ©cĂ©dĂ© des suites de ses blessures en lui sauvant la vie. De l'autre cĂŽtĂ© du miroir, Lawrina Mortensen en a vu de toutes les couleurs, il fallait qu'elle comprenne qu'il est inutile de s'accrocher Ă  une existence qui ne veut pas de vous. Une carriĂšre qui dĂ©truit tout sur son sillage. Lawrina n'est pas responsable de tout les malheurs du monde, les gens font leurs propres choix. En aucune façon, elle n'a pu impacter ces choix. Et pourtant, sa culpabilitĂ© grandissant, l'inspectrice s'acharnait Ă  vouloir corriger une trajectoire dont l'origine ne dĂ©pendait pas d'elle. Chacun est responsable de sa destinĂ©e. Personne d'autre. Lawrina ne pleure jamais. Elle ne pleure jamais les morts. Elle ne montre jamais ses sentiments. Elle ne s'attache jamais. Trop de fantĂŽmes dans sa vie. Être flic, c'est aussi porter le deuil des autres.
Aujourd'hui, l'Ecossaise - aux origine irlandaises - de trente-neuf ans a opĂ©rĂ© un changement Ă  trois-cent-soixante degrĂ©s. RomanciĂšre de talent, Le livre des rĂȘves - son recueil de nouvelles fantastiques campĂ© dans un univers de science fiction - est devenu un best-seller. Ses fans attendent la suite avec impatience. InspirĂ© par son expĂ©rience et le journal intime de sa grand-mĂšre, le premier livre est la promesse d'une longue sĂ©rie de romans passionnants.
Les héros de ses récits sont un hommage à tous ceux qui ne peuvent plus témoigner de l'extraordinaire aventure qu'est la vie sur notre belle planÚte bleue. Tyler McKenzie et Yvonne O'Donnell vivent dans le coeur de Lawrina Mortensen. L'immortalité à portée de plume.
*
Etienne Leroy. J'ai aimĂ© cet homme, mais je ne me suis jamais attachĂ©e Ă  personne, pas mĂȘme Ă  lui. L'Univers est tellement plus grand qu'une simple histoire d'amour. J'ai parfois l'impression que c'est l'Ă©go qui aime et que le cƓur vit, tout simplement.
A chacun son puzzle. Tout est intriqué et c'est ce qui fait la beauté de cette toile universelle.
Ce journal de bord, je vous le dédie. A vous, mes petites filles. Chacune de vous deux aura son parcours, ses embuches, son enfer. N'ayez pas peur. Vivez. Ne craignez pas le changement, ne craignez pas l'existence. Elle vous donne les outils pour appréhender l'univers, quand l'heure sera venue. Mourir n'est pas la fin. C'est un changement d'état. N'ayez pas peur du changement. N'ayez pas peur de laisser mourir les choses. Ne laissez pas votre esprit s'étioler dans la médiocrité du dictat social. Vivez.
Je l'aimais et pour cela je l'ai laissé mourir. C'était son destin. Son chemin. Son expérience.
Yvonne Renée O'DONNELL
*
Une belle leçon existentielle.
Alisson MORIARTY pour THE WEIRD LIFE MAGAZINE. 
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lesombresdeschoses · 1 year
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MORIARTY vs MORTENSEN
— Je suis dĂ©solĂ© pour ce que mon oncle vous a fait subir.
— Vous ĂȘtes la niĂšce de Deyn ?
— Oui.
— C'est vous qui avez tuĂ© ces filles ?
— Non.
— C'est vous qui avez incendiĂ© cet entrepĂŽt, provoquant la mort de l'inspecteur McKenzie ?
— Non.
— Alors on parle de quoi, là ?
— Il...
— Vous n'ĂȘtes pas responsable des saloperies des autres, quand bien mĂȘme ils font partie de votre famille. Vous ĂȘtes seulement responsable de vos propres actes. Et si un jour quelqu'un vous dit le contraire, crachez-lui Ă  la gueule, parce que c'est tout ce que cette personne mĂ©ritera comme rĂ©ponse de votre part.
— Hm. Merci... Bon, euh, commençons...
— Je vous en prie, c'est vous le reporter.
— Comment percevez vous le XXI° siĂšcle avec tous ces problĂšmes gĂ©opolitiques, le rĂ©chauffement climatique etc... ?
— Pour ce que ça m'intĂ©resse... la politique je la laisse volontiers aux connards narcissiques... J'ai eu un mal fou Ă  coller les criminels en taule, alors les restes du monde, trop peu pour moi. L'Ă©cologie c'est un sĂ©rieux bordel, mais l'humain est trop con pour se remettre en question, alors quand il aura tout cramĂ©, il crĂšvera dans sa merde et franchement c'est pas moi qui vais pleurer la disparition de cette espĂšce de parasites.
— La rencontre. Pour vous qu'est-ce que c'est ?
— Ouh ! De la philo ! Hum, aller vers l'autre, mais c'est pas trop mon truc... ou alors, ce moment surprenant qu'on ne s'imagine pas, mĂȘme dans ses fantasmes les plus fous.
— Avez-vous essayĂ© de vous mettre Ă  la place d'un dirigeant, que ressentiriez-vous si l'on vous donnait les rĂȘnes d'un pays ?
— Je serais dictateur. Faut pas venir m'emmerder, j'ai fait l'armĂ©e. Alors Ă  la dure, ça me va. Donc ce sera marche droit ou crĂšve. Mais Ă©vitez de me filer ce genre de responsabilitĂ©s, j'ai dĂ©jĂ  assez Ă  faire dans ma vie.
— Faut-il s'intĂ©resser Ă  la politique, avoir une instruction politique ?
— Pour Ă©viter de se faire baiser la gueule... mais pour ce que ça sert, on se fait quand mĂȘme baiser la gueule. AprĂšs, si tu veux comprendre une structure, le droit, la sociologie, l'anthropologie, si t'as que ça Ă  faire...
— La technologie, qu'en pensez-vous ?
— Tant qu'on ne me colle pas un mouchard au cul, ça me va. C'est pratique. Faut apprendre Ă  s'en servir par contre et Ă©viter de bosser avec des collĂšgues qui n'y comprenant rien, alors que c'est pas la lune. D'ailleurs, il attendent quoi Ă  la NASA pour nous faire un remake de Star Trek ? Parce que lĂ  on file plutĂŽt droit dans Un meilleur des monde Ă  la sauce 1984 !
— Que pensez-vous de la place de la culture dans le monde ?
— Je suis obligĂ©e de rĂ©pondre ?... L'Ă©cole c'est pour conditionner. Le reste de la culture c'est trop cher pour les pauvres, parce que les bourgeois et les arrivistes veulent garder leurs foutus privilĂšges. Ce monde a subit un lavage de cerveau. Il faut aimer Citizen Kane et autres conneries du genre, parce qu'un bobo a dĂ©cidĂ© que ce sont des Ɠuvres d'arts ! La Dolce Vita c'est bien plus parlant. Vous saviez que Van Gogh est mort dans la pire misĂšre ? La culture... heureusement que mon Ă©diteur ne me demande pas du Shakespeare !
— Avez-vous fait des recherches spĂ©cifiques pour les aspects techniques de votre roman ? Sciences, gĂ©ographies... ?
— Oui. La trame et le personnage sont inspirĂ©s de mon vĂ©cu mais, comme j'ai transposĂ© les rĂ©cits dans l'univers SF, il a fallu que je fasse des recherches poussĂ©es pour Ă©laborer une nomenclature Ă  peu prĂšs potable. La gĂ©ographie... des galaxies
 ThĂ©orie des cordes, thĂ©orie du chaos, les mathĂ©matiques avec les nombre magiques, pour encoder certains de mes textes, quand un personnage cherche Ă  percer un secret... Oui, je fais pas mal de recherche, j'ai l'encyclopĂ©die comme livre de chevet, puis internet pour les dĂ©tails Ă  la con. WikipĂ©dia est trĂšs bon. L’information est juste. Il doit y avoir une boulette sur dix mille. Je lis des livres, des magazines sur la physique quantique, puis je regarde des Ă©missions scientifiques, parce que Doctor Who, faudrait pas pousser !
— Quelle est la part de virtuel dans votre vie ? RĂ©seaux sociaux, games, lecture de romans...
— J'ai lu le dernier Griffiths. Behaviors, un policier plus axĂ© sur la vie des perso que sur les enquĂȘtes, j’aime bien le cĂŽtĂ© psycho. Et j'ai commencĂ© Elements d'Archer, franchement c’est sympa, un roman sur des gens avec des super-pouvoirs, ça change des comics. Sinon rien. Les rĂ©seaux sociaux c'est antisocial, que des egos dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s qui cherchent Ă  devenir le centre du monde, ces trous d'cul ! Ma part de virtuel, c'est mon nouveau mĂ©tier.
— Comment percevez-vous le journalisme ? La parole mĂ©diatique, aujourd'hui ?
— Le masse-mĂ©dia c’est de la merde sans vouloir vous offenser, mais votre job c'est pas du JT pour les bƓufs ou la gazette des bofs avec les info sur le pire du pire et les derniĂšres perles enfilĂ©es par la mĂ©nagĂšre du coin, donc...
— En effet, nous publions plutît des reportages photo, des biographies et des carnets de voyages. Un journal culturel, en somme.
— Ouais, ça me plaĂźt, j'aurais pas dit « OK » Ă  ce rendez-vous, sinon. Donc, revenons Ă  nos roastbeef... les mĂ©dias... de la merde pour voyeuristes et autres pĂ©tasses en manque de sensations fortes. Du gros myto pour dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©s.
— Comment jugez-vous le bizness du cinĂ©ma Hollywoodien, la suprĂ©matie de l'Ă©conomie sur la culture ?
— Les bons films rĂ©sistent. Les British, on n'arrĂȘtera jamais d'ĂȘtre cyniques. Chez les ricains certaines grosses productions sont pas mal. Le film d'action Ă  la Bruckheimer me manque un peu, mais il suffit d'acheter les DVD, un bon projecteur et John McLane peut venir dĂ©foncer votre salon ! Sinon, restent les sĂ©ries, qui ont pris du galon dans le monde de l'image en mouvement.
— Le manichĂ©isme, oui, non, pourquoi ?
— Non. On ne vit pas en noir et blanc. Trop simpliste. MĂȘme l'Ă©lectricitĂ© a compris le truc : plus, moins et masse. TrinitĂ©. Le pĂšre, le fils, le saint esprit. Mais que les gens ne comprennent toujours pas, ça me dĂ©passe ! C'est Ă©crit clairement dans leur foutu bouquin ! Ils continuent de croire Ă  l'Ă©ternel combat entre le bien et le mal. C'est la vie. Une expĂ©rience. La mort aussi est une expĂ©rience. Croire qu'il y a quelque chose aprĂšs, j'en sais rien. J'ai sans doute hallucinĂ© pendant mon coma. Mais l'enfer n'existe pas. C'est nous l'enfer. Tout ce que t'as dans les tripes et que tu ne digĂšres pas. Bien ou mal, ça instruit, c'est tout. On en dĂ©couvre toujours un peu plus sur soi, sur les autres, chaque jour. Tu te prends une baffe dans la gueule, tu sais que celui lĂ  c'est un connard. Rien de mal. Que de la connaissance pour avancer.
— Votre livre parle de ça ?
— Si on veut, oui. La vie. L'absurditĂ© de l'existence, si on ne lui en trouve pas un. Pour soi, Ă  partir de soi. Je vis pour moi, pas pour les autres. C'est moi qui ressens ce que j'ai dans mon esprit, pas les autres.
— Peut-on tout dire et comment ?
— Moi je dis tout sans dĂ©tour. Que ça plaise ou non, je m'en bats
 AprĂšs, il faut savoir faire la diffĂ©rence entre la vĂ©ritĂ© et les pensĂ©es. Ce qu’on pense n’est pas forcĂ©ment vrai, alors parfois il faut savoir fermer sa gueule. Blesser les gens pour se dĂ©fouler, c’est idiot.
— Quelle est la place de l'artiste, par rapport à la voix citoyenne ?
— On a eu Huxley, Orwell et beaucoup d'autres... ça change quoi ? Rien. Les gens sont cons. Ils continuent de croire que voter les rend libres. La libertĂ© est un concept. C'est dans votre tĂȘte. Tu peux vivre en taule et ĂȘtre libre. Certains ont tout, mais crĂšvent quand mĂȘme de maladies de merde, enfermĂ©s dans un corps Ă  l’agonie. Et ne me dites pas qu'ils ont la conscience tranquille, que c'est exclusivement la faute de la gĂ©nĂ©tique. Un peu facile de tout coller sur le gĂ©nome pourri des parents. L'humain n'est pas qu'un sac de chair.
— Si vous deviez rĂ©aliser un film, quel genre, quelle inspiration ?
— Le genre Blade Runner Ă  la David Lynch, pour la blague. Mais plutĂŽt en sĂ©rie, façon Au delĂ  du rĂ©el. Le Twin Peaks de la science fiction. J'imagine bien une inspectrice galactique, amie avec une hors-la-loi et... spoilers !
— Songez-vous à votre prochain roman ?
— DĂ©jĂ  en cours.
— Un indice ?
— C’est toujours sur l’inspecteur de Brixton, qui enquĂȘte sur des phĂ©nomĂšnes Ă©tranges
 Il va rencontrer une Ă©quipe d’étudiants qui font la mĂȘme chose que lui. Ils squattent une friche, dans laquelle ils se rĂ©unissent toutes les semaines pour se rĂ©partir les missions. J’en dis pas plus, sinon je risque de vendre la mĂšche sur l’intrigue.
— L’inspecteur Valentine. InspirĂ© par votre collĂšgue.
— Oui, totalement.
— Bien. Merci beaucoup de m'avoir accordĂ© un peu de votre temps si prĂ©cieux.
— Suis en vacances. Je chine pour le prochain bouquin, ça va, c'Ă©tait plutĂŽt agrĂ©able. Je sors par lĂ  ?
— Oui, je vous en prie. Merci encore.
— Oh, si vous pouviez m'envoyer la marque de votre thĂ©. C'Ă©tait paradisiaque, j'ai jamais bu meilleur !
— La prochaine fois que j'irai en Suisse, je vous en ramĂšnerai. C'est du thĂ© noir, iranien.
— Une merveille ! Au revoir, Alisson.
— Au revoir, miss Mortensen.
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lesombresdeschoses · 1 year
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A SONG OF STARS AND DUST
INFINITY
SuprĂȘme mĂ©lodie inaudible
Au fond d'une étoile effondrée.
Grande vacuitĂ© au cƓur du nĂ©ant
Imperturbable onde monocorde.
Timbre englouti
Ton enfoui.
Absolue perfection immatérielle
Rien. Le rien captivant.
Irradiante
Ubiquité
Secret infime, imperceptible.
Abysse paisible.
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lesombresdeschoses · 1 year
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PARTICULES ELEMENTAIRES
Ma moto est tombĂ©e en panne. Me voici perdue au milieu de nulle part. Des vignes Ă  perte de vue. J'aperçois une maison de pierre, Ă  l'horizon. Il ne me reste plus qu'Ă  pousser mon bolide, en espĂ©rant trouver quelque Ăąme charitable, qui m'aiderait Ă  le rĂ©parer, que je puisse reprendre ma route. J'aime rouler sans savoir oĂč je vais. Dans l'autre monde, je prenais le taxi. Dans les rĂȘves, rouler en voiture symbolise le changement, la libertĂ©. Je ne sais pas ce que reprĂ©sente le taxi. Le dĂ©sire d’ĂȘtre pris en charge, pour Ă©viter d’assumer une existence hors de contrĂŽle ? Pourtant, j'avais besoin de changer de vie. Je n'Ă©coutais pas les signes. J'ai dĂ» tout perdre pour comprendre que ma vie Ă©tait un cul-de-sac. Une boĂźte de conserve, dirigĂ©e par quelqu’un d’autre que moi. Un taxi.
En arrivant au petit manoir, je tombe sur un vieille homme en train de bricoler son tracteur.
— Bonjour, mademoiselle. Vous vous ĂȘtes perdue ?
— Bonjour. Non monsieur, je suis tombĂ©e en panne. J'ai mis de l'essence, c'est donc le moteur... mais ma bĂ©cane est neuve... je ne comprends pas.
— Parfois, les choses, ne sont pas ce qu'elle semblent ĂȘtre. Le destin a sans doute dĂ©cidĂ© que vous deviez faire une pause par chez nous.
J'esquisse un sourire. Il y a quelques années je l'aurais pris pour un vieux fou. Aujourd'hui c'est différent.
— Restez un peu. Je jetterai un Ɠil, tout Ă  l'heure, Ă  cette belle mĂ©canique. Nous organisons une petite fĂȘte pour accueillir le printemps. Venez, je vous fais visiter.
N'ayant rien de prévu, j'accepte. AprÚs la sortie de mon premier roman, son succÚs me permet, aujourd'hui de prendre des vacances. Et puis, il faut bien l'avouer, il me faut de la matiÚre pour le deuxiÚme tome et le recueil de nouvelles que je suis en train d'écrire. Le cadre est remarquablement reposant. Un pur bonheur.
— C'est quoi votre petit nom, mon petit ?
— Lawrina.
— Moi c'est Arthur.
PropriĂ©taire de ce vignoble, hĂ©ritĂ© de pĂšre en fils, le petit vieux voue un culte Ă  son art depuis tout petit. Il me raconte son histoire ainsi que celle de ces ancĂȘtres, avec une telle passion, que je ne peux m'empĂȘcher de lĂącher une larme. Une belle rencontre. Il a raison, je ne me suis pas arrĂȘtĂ©e en ces lieux, par hasard. En plus de s'adonner Ă  la production de vin, Arthur tient une petite pĂ©piniĂšre, dont il prend grand soin. Il y cultive toutes sortes de plantes, dont certaines me sont inconnues. Un lopin de paradis sur Terre.
— Venez, c'est bientĂŽt l'heure du repas. Il faut que j'aille donner un coup de main, autrement la gouvernante va encore rĂąler. Cette vieille rombiĂšre ne peut pas s'empĂȘcher de me les briser menu. Mais, que voulez vous, elle est dans la famille depuis toujours. Et elle bosse bien.
— Je peux vous aider, de quelque façon que ce soit ? Je n'aimerais pas profiter de votre hospitalitĂ©...
— Ah, bah, mon petit, on vous trouvera facilement une occupation ! Mettre la table ou je ne quel autre truc de bonne femme. Pardon pour mon langage, ce n'est pas contre vous, mais je n'aime pas trop ces choses lĂ . Les prĂ©paratifs, l'organisation...
— Vous aimez la tranquillitĂ© de vos vignes...
Arthur me regarde comme s'il apprĂ©ciait que je le comprenne aussi bien. Il faut reconnaĂźtre que je suis, moi-mĂȘme, du genre Ă  ĂȘtre en quĂȘte de quiĂ©tude. J'ai relativement en horreur les fourmiliĂšres qui brassent du monde Ă  courir dans tous les sens sous les ordres d'une « beuglante » surexcitĂ©e. En arrivant derriĂšre la maison, j'ai Ă©tĂ© servie. A peine les prĂ©sentations faites, que je me retrouve Ă  porter une bassine de couverts Ă  vous pĂ©ter le dos au premier pas. Le pauvre vieux, me lance un regard, regrettant dĂ©jĂ  de m'avoir poussĂ©e entre les griffes du cerbĂšre. Je m'en accommode assez facilement. Personnellement ce genre de « rombiĂšre », comme il dit, j'en ai matĂ© des plus coriaces. Il suffit de les laisser cracher leur venin, sans rĂ©agir. En gĂ©nĂ©ral, ça se fatigue tout seul, ces bestiaux lĂ . J'ai, par contre, moins apprĂ©ciĂ© que son fils me crie dessus d'aller plus vite.
Hey, mon gars, tu vas calmer ta joie, fissa. Je suis pas ta greluche !
Le repas s'est dĂ©roulĂ© dans la bonne humeur, malgrĂ© les deux pince-sans-rire de la famille. Arthur m'a assise Ă  cĂŽtĂ© de lui, et tant mieux. Ma main me dĂ©mangeait d'atterrir dans la face de se petit con, qui lui sert de progĂ©niture. Le vieux me rassure. Gavin est un bon garçon, mais ayant perdu sa mĂšre quand il avait Ă  peine quatre an, c'est Martha, la gouvernante qui s'est occupĂ© de son Ă©ducation. A la dur. Tout de mĂȘme, il faut l’avouer, une vrai concierge. La « dame de fer » n'a pas sa langue dans sa poche. Toujours Ă  critiquer tout le monde. Toujours Ă  se mĂ©fier de tout le monde. Elle s'est mis en tĂȘte que je voulais mettre le grappin sur la fortune du vieux.
Hm, madame, on ne se connaĂźt pas. Il faut sortir, de temps en temps. Toutes les femmes ne sont pas des vautours... Pas moi, en tout cas. Je n'ai jamais prĂ©vu, dans mon plan de carriĂšre, d'Ă©pouser un homme riche. Et puis, madame, j'aurais peut-ĂȘtre plus intĂ©rĂȘt Ă  lorgner sur le jeune, non ?... Les grues, je vous jure !
AprĂšs le repas, Arthur a entrepris de rĂ©parer ma moto. Rien Ă  faire, impossible de trouver la panne. J'ai dĂ©cidĂ© de rentrer en train. J'appellerai l'assureur, qu'il envoie un dĂ©panneur rapatrier mon bolide. En attendant, il faut se dire au revoir et j'ai horreur de ça. Je n'aime pas quitter les gens. J'ai l'impression que jamais plus je ne les reverrai. En Ă  peine quelques heures je me suis attachĂ©e Ă  ce vieil homme, plein d'Ă©nergie avec son petit grain de folie. Ça c'est quelqu'un de vivant. Libre.
Je quitte la ferme, le cƓur serrĂ©. Longeant la route, en direction du village le plus proche, je me rends compte qu'autre chose que mon ombre me suit.
Le fiston. Ma parole, je crois que je vais en profiter pour la lui mettre cette baffe tant méritée !
Silencieux, il me file jusqu'Ă  la gare.
Ça commence Ă  devenir inquiĂ©tant. Et avec cette tendance que j'ai d'attirer les psychopathes, ça craint !
Avant d'aller acheter mon billet, je me jette sur lui :
— Là mon gars, tu me lñche ou je te mets un kick !
— Pardon. Je ne savais pas comment vous prĂ©senter mes excuses pour mon attitude, tout Ă  l'heure. Vous allez partir avec l'idĂ©e que je suis un sale type... Mon pĂšre, c'est tout ce que j'ai. Je le surprotĂšge, un peu trop, peut-ĂȘtre...
— C'est surtout l'autre coincĂ©e du cul qui t'a tournĂ© la cervelle au vinaigre, mon pauvre gars ! Excuses acceptĂ©es. On ne peut pas faire confiance aux gens. Mais votre pĂšre n'est pas un naĂŻf.
— Je le sais. Cependant, il n'est plus tout jeune. C'est un artiste. Le cĂŽtĂ© pratique de l'entreprise, c'est moi qui le gĂšre. Les ventes, la comptabilitĂ©.
— Tant que c'est pas l'autre folle...
— C'est une vipùre, je le reconnais. Mais elle tient toute la maison. Sans elle, le petit royaume d’Arthur ne tiendrait pas une semaine.
— Faut que j'y aille... Pensez Ă  vous dĂ©tendre, de tant en tant. Papa a tout compris Ă  la vie. Ne perdez pas la votre Ă  vous prĂ©occuper de ce qu'il peut arriver de pire. Vivez.
Sur ces belles paroles, j'ai tournĂ© les talons et suis partie acheter mon ticket. L'attente, n'a pas Ă©tĂ© longue, le train est arrivĂ© Ă  peine une minute aprĂšs. En entrant dans le wagon, je me suis installĂ©e, au fond, cĂŽtĂ© fenĂȘtre. Regardant par la vitre, je repense dĂ©jĂ  Ă  l'Ă©trange aventure que je viens de vivre. Au moment ou le train dĂ©marre, je me sens lĂ©gĂšrement bousculĂ©e, par Gavin, s'asseyant prĂšs de moi.
Alors lĂ  mon coco, tu m'en bouches un coin !
Je lui ai recommandĂ© de vivre. Je n'aurais jamais cru qu'il me prendrait au mot. Le jeune homme m'avoue que j'ai provoquĂ© un dĂ©clic, en lui. Une sorte d'Ă©lectrochoc. Il avait peur que je dĂ©truise son chĂąteau de cartes. Il a rĂ©agit sans prendre en considĂ©ration qui j'Ă©tais rĂ©ellement. Il a fait avec ce qu'il voulait voir de moi. Mais il ne me connaĂźt pas. Cette inconnue a perturbĂ© toute son Ă©quation existentielle. Il avait dĂ©jĂ , depuis un moment, cette sensation de passer Ă  cĂŽtĂ©. Je dĂ©cide de sortir Ă  la prochaine station. Londres attendra. Je me promĂšne. Je me laisse porter par l'envie du moment. Il m’accompagne dans ma dĂ©couverte de l’instant magique.
— Les gens veulent possĂ©der la libertĂ©, alors qu'il faut la vivre.
Puis il me laisse partir. Il me regarde m'éloigner, pensif. Il avait déjà, depuis un moment, cette sensation de passer à cÎté de son existence.
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lesombresdeschoses · 1 year
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TROUBLE
« De l'autre cÎté de l'ascenseur. De l'autre cÎté du miroir. Le monde de nos Dopplegangers. N'y entrez pas. »
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lesombresdeschoses · 1 year
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PERSPECTIVES
C'est l'angoisse. Je dois faire un reportage sur la D.I. Lawrina Mortensen. DĂ©couvrir ce que c'est que d'ĂȘtre flic. Retracer son parcours professionnel, ce qui l'a amenĂ©e Ă  changer de vie. Un virage Ă  trois-cent-soixante degrĂ©s. D'inspecteur Ă  romancier. Des bas fond Ă  une vie de rĂȘve...
« Pour voir le monde tel qu'il est, tu dois avoir les idées claires, mon enfant... La rose ou la jaune ? Ovale, carrée, ou ronde... Pour voir le monde tel qu'il est, tu dois endormir ton cerveau... »
— STOP !!!
La schizophrĂ©nie n'est pas une maladie. C'est un Ă©tat du cerveau que l'on ne connaĂźt pas encore. Les antipsychotiques m'empĂȘchent d'ĂȘtre moi-mĂȘme. Si je ne suis pas moi-mĂȘme, qui suis-je alors ? J'ai l'impression d'avoir un super pouvoir que je ne maĂźtrise pas. Je brĂ»le tout au lieu de tenir chaud Ă  ceux qui ont froid ! Ma grand-mĂšre voyait une corde qui descendait du lustre de sa chambre, sortant d'une profondeur invisible, elle entendait des voix, chuchotant des mots inintelligibles... Moi, je suis dans le noir absolu, je vois un poteau d'une longueur infinie, s'enfonçant dans un puits sans fond. À la place des voix, des fantĂŽmes, tels des fumerolles de lumiĂšres, tournoyant autour de moi, flottant au dessus du vide abyssal, prĂšs de cette barre de mĂ©tal sans dĂ©but, ni fin... Ma grand-mĂšre avait le son, je n'ai que l'image... Et qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Elle craignait pour sa rĂ©putation. Elle craignait la souillure de l’infamie. Elle craignait le qu'en-dira-t-on.C’est la guerre qui la rendue comme ça. Je crains les gens. Ils sont mauvais. Ils ne s'intĂ©ressent aux autres que pour leur nuire. Nos hallucinations se ressemblent. Nos peurs sont similaires. Il y a peut-ĂȘtre un cĂŽtĂ© hĂ©rĂ©ditaire pour ce qui est de la maniĂšre de percevoir les choses qui nous entourent ? Je ne sais pas. Ma grand-mĂšre n'Ă©tait pas schizophrĂšne. Dans son cas, c'Ă©tait la fatigue et les mĂ©dicaments. Elle Ă©tait insomniaque. Elle faisait des cauchemars, le peu qu'elle dormait. C'Ă©tait terrifiant d'entendre son rĂąle. Un cri sortant d'outre tombe.
Le cerveau a une mécanique simpliste. Il est impressionnable, fonctionnant comme du papier argentique. Nos hallucinations sont forcément induites par ce qui nous marque l'esprit dans notre existence. Nos peurs. Nos attentes. Nos aspirations...
Pour voir le monde tel qu'il est, tu dois avoir les idées claires, mon enfant... La rose ou la jaune ? Ovale, carrée, ou ronde... Pour voir le monde tel qu'il est tu dois endormir ton cerveau... tourne, tourne en rond petite pensée obsessionnelle...
Ma mĂšre publie sous le nom de Delila Thorn, Gilmore Ă©tant un peu sulfureux, vu l'histoire de mon oncle. C'est Ayden Forbes, mon patron et beau-pĂšre, aujourd'hui, qui la publie. Il tenait un magazine avant de passer la direction Ă  sa fille, Tamsin, pour monter sa maison d'Ă©dition. AprĂšs mes Ă©tudes en photographie, Ayden m'a engagĂ©e comme stagiaire. J’étais pigiste chez Weird Life. Aujourd'hui, je m'occupe des interviews et reportages. Je monte progressivement ma carriĂšre. C’est une chance. Surtout dans mon Ă©tat. Et comme Lawrina Mortensen fait partie des romanciers de la boĂźte de mon beau-pĂšre, l'honneur me revient d'Ă©crire un article Ă  son sujet.
Je n'ai jamais connu mon pĂšre. Il est parti avant ma naissance. Ma mĂšre est une battante, mais jusqu'Ă  prĂ©sent, elle n'avait jamais rĂ©ussi Ă  trouver sa place dans ce monde de fous. C'est moi qui dis ça... Elle a enchaĂźnĂ© les jobs de merde en vivant chez grand-mĂšre. Son dernier boulot, elle travaillait avec les enfants. Elle Ă©tait douĂ©e pour raconter des histoires. L'idĂ©e lui est venue de les Ă©crire

Lorsque l'on associe son intelligence aux choses, on entre en harmonie avec la vie. Les livres, c'est pour apprendre Ă  apprendre. De la vie, on apprend par soi-mĂȘme. Personne ne peut nous aider Ă  comprendre le sens d'une existence, seulement la vivre le permet. D'oĂč l'intĂ©rĂȘt de vivre pour soi. C'est pour ça que je range, j'organise, j'archive... je vis l'instant prĂ©sent, Ă  ces moment lĂ . Mon cerveau me laisse tranquille. La ritualisation crĂ©e des modĂšles de connexions neuronaux diffĂ©rents et nouveaux, Ă  chaque fois. C'est mon Tai Chi. Pour ne pas ĂȘtre forcĂ©e de me gaver d'antipsychotiques, j'ordonne mon quotidien en rassurant mon esprit sur ce qu'il connaĂźt. Vivre l'instant prĂ©sent m’aide Ă  crĂ©er un lien avec la matiĂšre. Ce qui nous donne le pouvoir de crĂ©er des mondes. Avec elle et non, contre elle. Je ne dĂ©truis pas pour construire. J'Ă©coute la matiĂšre et la modĂšle selon mes besoins, selon sa nature. En considĂ©rant sa nature. J'entre en rĂ©sonance. Mes crises s'estompent. Parfois me servent. C'est comme pour la douleur au dos, on cherche l'origine du mal. Je cherche l'origine de mes hallucinations. 
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lesombresdeschoses · 1 year
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THE BOX
Alisson s'Ă©tire, tend le bras et cherche ses lunettes. Elle ne les trouve pas, puis se redresse dans... Son lit n'est plus. Elle regarde autour d'elle : quatre murs blancs, plafond, plancher d’un mĂštres et demi au carrĂ© chacun, environ.
C'est sĂ»rement un rĂȘve en couche d'oignon.
Alisson frappe la cloison, essayant de comprendre ce qu'il se passe. Elle s'imagine dĂ©jĂ  dans un container, perdu parmi des centaines d’autres containers stockĂ©s sur les docks. Effrayant.
Attends. Pas logique. OxygĂšne, lumiĂšre...
Alisson cherche les failles, tout est blanc, mais pas de lampe. L'oxygÚne, aucune source. Pas un courant d'air. Elle s'assoit contre la cloison. Paniquer est inutile. AprÚs la semaine merdique qu'elle vient de passer, se réveiller enfermée dans une boßte vide est plutÎt reposant.
Parce qu’aller bosser dans une boĂźte dans laquelle vos collĂšgues sont aussi utiles que des plantes en plastique... pas vraiment top, la dĂ©co. Une vraie maternelle. Chacun pointe l'autre du doigt, touchant un salaire sans faire son travail. Le pompon c'est quand ils se prennent pour plus intelligents que les autres ou pour des chefs qu'ils ne sont pas. Parfois pire : les deux. Incapables d'aligner deux mots sans erreur de syntaxe. Dans une Ă©cole ! Alors tu ramasses leur merde et la directrice te fait passer pour le CerbĂšre de service. Oui, la directrice. Aucune cohĂ©sion, aucune solidaritĂ©, aucune cohĂ©rence. Bon sang, cette semaine, quel traumatisme !
Alisson s'allonge. Ce silence lui fait du bien. Elle ferme les yeux.
Tu croyais ĂȘtre enfin dĂ©barrassĂ©e de tes problĂšmes ?
Alisson ouvre les yeux dans un sursaut d'Ă©tonnement mĂȘlĂ© Ă  un sentiment incertain d'angoisse, d'un « je ne sais quoi » d'encore plus indĂ©finissable. Elle se redresse, dubitative.
Tu te demandes...
Je me demande
 ironise la jeune femme. Bravo la science fiction ! Elle sort d'oĂč ta voix ?
Alisson cherche. Alisson scrute le moindre détail. Ses doigts caressent la surface blanche immaculée des murs, du plafond, du sol.
Si tu veux sortir de la boĂźte, tu devras rĂ©pondre Ă  une sĂ©rie de questions. Sois honnĂȘte. Si tu mens, tu restes ici. Mourir de soif n'est pas une agonie des plus agrĂ©ables.
Alisson s'assoit. Elle fait une moue de mÎme en pleine réflexion.
D'accord.
Quelle partie de ton corps mangerais-tu si c’était la seule chose qui te permettait de survivre ?
Vous ĂȘtes sĂ©rieux ?
RĂ©ponds.
Alisson réfléchit longuement.
Rien. Je me laisserais mourir. C’est ridicule de vouloir s’alimenter avec soi-mĂȘme alors qu’on risque l’hĂ©morragie fatale. Votre question est stupide !
Bien.
Alisson ouvre grand ses yeux bleu nuit, surprise que son interlocuteur invisible ne lui impose pas de conditions.
C’est l’heure de dormir.
Mais

Dors.
Alisson s’endort aussitĂŽt. L’intĂ©rieur de la boĂźte sombre dans l’obscuritĂ© totale.
Debout lĂ -dedans ! C’en est assez, de l’oisivetĂ© !
Alisson sort doucement de sa torpeur.
Qu’est-ce que
 ?
TroisiĂšme question.
Pardon ?
Pour survivre il faut que tu manges quelqu’un, qui sera l’heureux Ă©lu ?
Vous avez vraiment un problĂšme avec le cannibalisme !
RĂ©ponds.
Personne. Je meurs de faim, lance Alisson croisant les bras, excĂ©dĂ©e par l’interrogatoire de « l’homme invisible ».
Trois pauvres petites questions et tu es déjà à bout, petite fille ?
Deux. Vous avez posé deux questions.
Trois. Alors on ne sait plus compter Alisson ? C’est l’heure de dormir.
Non !

Alisson s’affale sur le sol blanc de la boüte. Serait-ce le sol ou le plafond ? Toutes les surfaces sont absolument identiques.
C’est l’heure de manger !
Alisson ouvre les yeux. Devant son visage elle trouve un bol de riz. La prisonniĂšre se redresse lourdement et saisit le contenant. Elle regarde autour d’elle, puis commence Ă  manger avec les mains. Alisson finit le riz et colle son dos contre la paroi blanche immaculĂ©e.
QuatriĂšme question.
En fait, ça me gonfle.
QuatriĂšme question.
Non mais franchement. À quoi on joue ? Ça vous mĂšne Ă  quoi de savoir qui je veux manger ? Vous pouvez me laisser mourir, ça m’est Ă©gal. Personne ne m’attend. Pas mĂȘme le bel inconnu dans le parc.
Alisson s’allonge.
QuatriĂšme question.
Alisson ferme les yeux.
Si tu devais placer quelqu’un dans la boĂźte, pour sortir d’ici, qui serait l’heureux Ă©lu ?
Alisson ouvre les yeux.
Personne.
Alisson referme les yeux.
La lumiùre blanche traverse ses paupiùres. Éblouissante. Des sirùnes de pompiers hurlent de plus en plus fort. De plus en plus prùs :
— Mademoiselle ? Mademoiselle ?
— On la perd. Mettez-la sur le brancard. Un, deux, trois.
Les sirùnes hurlent dans les rues de Londres. De plus en plus loin. Quelque part, dans l’abüme.
« C’est la fin du monde, ton Dopple[1] vient te chercher. C’est la fin du monde n’entre pas dans cette maison. C’est la fin du monde, ton Dopple te guette. C’est la fin du monde, qui t’attire dans ce piĂšge. C’est la fin du monde, ton Dopple va te tuer. Ton Dopple a pris ta place. C’est la fin du monde. »
*
— Comment supportez-vous votre traitement Alisson ? demande le psychiatre à sa patiente.
— Ça peut aller. Je me sens Ă©reintĂ©e chaque jour, mais puisqu’il le faut.
*
[1] Dopple, diminutif de DopplegÀnger : double maléfique.
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lesombresdeschoses · 1 year
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3 ANS PLUS TARD
Forbes Publishing House.
Dans le bureau d'Ayden Forbes, ancien Directeur de Weird Life Magazine, devenu Ă©diteur, Law signe des documents pour la publication du premier tome d’une sĂ©rie de romans : Le livre des rĂȘves. Le personnage principal est un inspecteur en chef de Brixton enquĂȘtant sur des crimes Ă©tranges perpĂ©trĂ©s par un tueur en sĂ©rie mystique, qui plonge la ville de Londres dans l’angoisse.
— Miss Mortensen, je compte sur vous pour le tome deux ! Vous ne refuserez pas une petite tasse de thĂ© ? J’ai un peu de temps.
Law acquiesce. L’homme lui indique de s’asseoir.
— Alisson, t’as une minute pour nous prĂ©parer un bon Darjiling ? lance l’éditeur en passant sa tĂȘte par la porte de son bureau.
— Bien sĂ»r, rĂ©pond la jeune femme, s’exĂ©cutant aussitĂŽt.
Forbes range rapidement son plan de travail, puis s’écroule dans son fauteuil :
— Ma belle fille. Elle fait son stage chez moi pour apprendre les ficelles de l’édition. Elle est photographe. Sinon elle travail dans une Ă©cole. Mais c'est temporaire. Un job alimentaire en attendant de se faire une bonne place chez nous. Elle fait quelques piges au Weird Life. Elle veut devenir reporter.
— C’est votre magazine ?
— C’était. Ma fille, Tamsin, en a hĂ©ritĂ©. Elle en avait assez de travailler dans un journal qui la bridait. J’ai voulu me lancer dans l’univers du roman. Que ça reste en famille, ça m’arrange. J’ai montĂ© ce magazine, partant de rien.
Alisson entre avec un plateau.
— Pose le sur la table et va te chercher une tasse. Alisson, je te prĂ©sente Lawrina Mortensen. Notre nouvelle star du roman fantastique.
L’ex-flic se lùve, pour serrer la main de la jolie rousse.
— EnchantĂ©e, lance la jeune femme, ses yeux grand ouverts, observant la nouvelle cliente de son beau-pĂšre.
L’homme bondit de son siùge, puis disparaüt derriùre la porte :
— Faites connaissance les filles, j’arrive !
Toutes deux restent plantées là, sourire aux lÚvres.
— Il est comme ça. Toujours bourrĂ© d’énergie, comme un aventurier cherchant le Graal.
— Je vois ça. C’est plaisant.
Je la connais. OĂč l’ai-je dĂ©jà
 ? Non ! Alisson ! L’amnĂ©sique ! Incroyable !
— Tout va bien, miss Mortensen ?
Law n’a pas le temps de rĂ©pondre, Forbes revient en faisant un boucan monstrueux, poussant la porte avec son dos, une chaise Ă  la main, un mug dans l’autre :
— Voilà !
Il place l’assise en face de son bureau, faisant le tour il pose le mug sur le plateau, puis indique Ă  ses invitĂ©es de se mettre Ă  l’aise. Ayden se lance dans une longue tirade au sujet des projets de sa maison d’édition, tout en servant le thĂ©. Il sait que la carriĂšre policiĂšre de sa cliente peut faire office d’un excellent argument publicitaire. Mortensen s’assombrit. L’homme la rassure :
— Je n’ai pas l’intention de faire scandale, bien au contraire ! On va redorer le blason de la police. « Celle qui vous a protĂ©gĂ©s toutes ces annĂ©es, aujourd’hui vous raconte ce que c’est que d’ĂȘtre un hĂ©ros de l’ombre » ! lance-t-il en mimant des guillemets.
Lawrina sourit. L’enthousiasme de son Ă©diteur l’amuse. Alisson boit son Darjiling, attentive. AprĂšs un Ă©change des plus crĂ©atifs, avec la petite Ă©quipe, l’ex-inspectrice prend congĂ© de ses hĂŽtes. La belle-fille retourne Ă  son travail. Serrant vigoureusement la main de sa cliente favorite, Forbes la raccompagne jusqu’à la sortie. Une fois dehors, l’ex-flic ne peut s’empĂȘcher de repenser Ă  ce moment insolite qu’elle vient de vivre :
— Le Conan Doyle des enquĂȘtes fantastiques. Il dĂ©lire ! M'enfin si ça permet de bouffer, que demander de plus ? dit-elle en regardant au loin : c’est FĂ©licia qui va ĂȘtre contente !
J'ai oubliĂ© beaucoup d'Ă©pisodes de mon existence. Écrire me permet de recoller les morceaux de cet immense puzzle. La vie est une Ă©criture et une lecture d'un tout autre niveau. Tu m'a piĂ©gĂ©e dans les limbes pour que je quitte la police, pour que je vive enfin. Nos fantĂŽmes sont nos maĂźtres d'apprentissage, nous n'avons pas Ă  en ĂȘtre esclaves. Aujourd’hui j’expĂ©rimente. Et j’aime ça.
Law, perdue dans ses pensĂ©es, s'apprĂȘte Ă  traverser la rue. Brusquement, un homme chĂątain, la quarantaine, faisant plus jeune, la rattrape, puis l'arrĂȘte :
— On regarde avant !
Surprise elle le dévisage, silencieuse, comme hypnotisée.
— Faites attention aux voitures. La taule ne pardonne pas.
Il part. Law reste figĂ©e. Elle observe l’inconnu qui continue son chemin, tel un bon samaritain prĂ©fĂ©rant disparaĂźtre aprĂšs avoir accompli sa bonne action.
— Toi, je te connais... marmonne-t-elle les yeux rivĂ© sur son sauveur, que la foule fini par absorber : Alex !
Law s’élance Ă  sa poursuite. Bousculant deux trois passant dans sa course, elle fixe son regard au loin, Ă  la recherche de son ami. Le jeune homme a disparu. Scrutant tous ces visages anonyme qui l’entour, Mortensen finit par abandonner.
Et puis, je lui dirais quoi ? Salut, tu te souviens de notre sĂ©jour Ă  Paris, le matin en amoureux, dans ton restau ? Ou, toi et moi allongĂ©s dans cette courette enveloppĂ©e de plantes grimpantes, Ă  rĂȘvasser sous la voĂ»te cĂ©leste ?
 N’importe quoi... C’est l’asile garanti...
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lesombresdeschoses · 1 year
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A LAD INSANE
La premiĂšre, ça a Ă©tĂ© un carnage. Je ne savais mĂȘme plus ou j'Ă©tais, qui j'Ă©tais. Elle Ă©tait lĂ , gisant Ă  mes pieds, dans sa marre de sang. Il y avait tellement de sang... Elle Ă©tait si belle, la mort lui allait si bien... Lawrina

Il était allongé sur le lit de sa chambre d'hÎtel et regardais le plafond.
C'est difficile de nettoyer le sang séché sur sa peau.
La troisiÚme fut plus facile à tuer. Elle rentrait chez elle et ne s'est pas méfié de Deyn. Comment pourrait-on se méfier de lui ? Bel homme, réservé, un brin timide.
Ce sont les lunettes qui doivent mettre en confiance.
La deuxiĂšme avait rĂ©sistĂ©. Elle l’a mĂȘme blessĂ©. Par chance, il avait pu effacer les traces. La plaie Ă©tait peu profonde, Ă  peine une Ă©raflure.
La quatriĂšme ne voulait pas se taire. Elle me toisait de son air accusateur.
« Tu es malade, Deyn Gideon Gilmore. Tu es bon Ă  enfermer ! On va venir te chercher. Un jour, elle viendra. Elle t’effacera de ce monde. Personne ne se souviendra de toi, Deyn. Tu n’existes pas. »
Il fallait qu’elle se taise.
Je me promenais dans les rues de Londres, tel un Jack l’éventreur en quĂȘte de sa nouvelle proie. C’étaient elles qui m’appelaient. Elles venaient Ă  moi, que je recueille leur dernier soupir.
L’homme s’enferma dans le placard de sa chambre d’hotel, tel un enfant effrayĂ© par le Bogeyman. Elles murmuraient, toutes en mĂȘme temps. Il arrivait Ă  peine Ă  discerner les paroles.
« Elle viendra te chercher. Tu porteras sa marque Ă  jamais. Perdu, tu es perdu. Ton esprit englouti dans les mĂ©andres de ta folie meurtriĂšre. Toi qui dialogues avec les ombres, mon pauvre garçon, tu n’as plus toute ta tĂȘte. »
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lesombresdeschoses · 1 year
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ECHOES
Law se promĂšne dans les rues de Londres, profitant des premiers jours de printemps. DĂ©poser sa dĂ©mission l’a rendue lĂ©gĂšre. Elle n’arrive, cependant, pas encore Ă  retrouver ses repĂšres depuis sa sortie d’hĂŽpital. En faisant visiter son appartement elle s’est aperçue qu’il manquait une chambre. Mortensen s’est installĂ©e dans le salon en attendant de voir venir. Il lui faut de l’argent et FĂ©licia est une crĂšme. Pour ça, l’ex-inspectrice ne s’est pas trompĂ©e. La personnalitĂ© de sa colocataire est identique Ă  celle dans l’autre monde.
« L’autre monde ». Quelle Ă©trange façon de voir les choses.
La rescapée reste confiante, quant à son avenir, malgré les quelques « divergences scénaristiques » entre la réalité et cette mystique existence expérimenté lors de son coma. En trois mois Law aura vécu prÚs de cinq années pleines de rebondissements.
C’est comme se rĂ©veiller d’une sĂ©rie tĂ©lĂ© Ă  la Fringe ou Life on Mars !
PlongĂ©e dans sa rĂ©flexion, la jeune femme arrĂȘte son regard sur une vitrine prĂ©sentant des romans. Sur l’un d’eux elle peut lire : D. Griffiths.
Le petit s’en est vraiment sorti. Il a pris le nom de son demi-frĂšre, bien vu ! Le Bourreau est mort. Tout ça, c’est du passĂ©.
Elle s’adosse Ă  la baie vitrĂ©e, une larme force Ă  venir, puis finit par couler sur sa joue. L’ex-enquĂȘtrice en phĂ©nomĂšnes bizarres se remĂ©more FĂ©licia la dĂ©guisant en romanciĂšre. Ce vĂ©cu semble si rĂ©el, mais ne s’est jamais produit. Rien ne l’empĂȘche de donner vie Ă  ces souvenirs, quelque soit leur origine, ils existent en son cƓur.
— Et Mac aura une seconde chance. Qu’il ne soit pas mort pour rien, murmure-t-elle en observant l’horizon.
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lesombresdeschoses · 1 year
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ADIEU
Quand les souvenirs reviennent, c’est comme un tison brĂ»lant qui vous traverse chaque membre en mĂȘme temps. Tyler n’est plus. Sur la tombe de l'inspecteur on peut lire : Mort en service. Un classique du genre pour un flic. Mais il Ă©tait bien plus que ça. Mortensen reste un moment devant la pierre. Pourquoi l’a-t-il suivie jusqu’à Londres lorsqu’elle a tout quittĂ© pour qu’on l’oublie ? Pour oublier. Mais ce genre de choses ne s’oublie pas. On vit avec. Un flic doit apprendre Ă  nĂ©gocier avec ses fantĂŽmes. Le mĂŽme s’en sort, finalement, et le meilleur des hommes repose six pieds sous terre. Une lĂ©gĂšre brise lui caresse la peau.
— Deyn ?
Lawrina se retourne, Ă  peine surprise.
— Je ne vais pas me rendre Ă  la police
 annonce-t-il, plantĂ© lĂ , impassible.
— Tu...
— Laisse-moi finir, s’il te plaüt.
L’inspectrice l’observe. Elle ressent le vide. Aucune Ă©motion, pas mĂȘme la colĂšre, ne l’anime.
— Je suis malade. Ma maladie n'excuse en rien ce que j'ai fait, mais... ces voix... il fallait que je les arrĂȘte. Je n'ai pas su. Elle continuent de me chuchoter des choses. Je vais me faire interner.
— Deyn. Je suis dĂ©solĂ©e... pour tout ça.
— Tu n'y es pour rien. Je me demande seulement pourquoi tu m'as Ă©pousĂ© ?
— Je t’aimais. J’ai sans doute cru que tu me sortirais de ma mĂ©lancolie. Tu Ă©tais passionnĂ©, altruiste
 Je n’aurais jamais dĂ» partir comme ça.
L’atmosphĂšre est imprĂ©gnĂ©e d’une froideur abyssale. Il s’éloigne vers la sortie du cimetiĂšre.
— Deyn ! Ne fais pas de conneries, lance-t-elle, brusquement.
— Ne t'inquiùte pas, je ne vais tuer personne.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire...
Gilmore sourit.
— Je veux vivre ! Tu ne me connais pas, en fin de compte. Moi non plus, je ne te connais pas. Deux Ă©trangers ont vĂ©cus ensemble sans se rendre compte qu'ils n'Ă©taient pas Ă  leur place. Des gens sont mort Ă  cause de ça.
— Tu parles de destin ?
— Je ne sais pas de quoi je parle.
Je n’ai pas compris ma rĂ©action. Ou plutĂŽt, mon absence de rĂ©action. Il a raison, des gens sont morts et moi je suis restĂ©e plantĂ©e lĂ , apathique. J’aurai dĂ» me jeter sur lui, je cogner, l’insulter. Tyler n’est plus. A cause de lui. A cause de moi. Parce que je me suis toujours laissĂ©e porter. Je me suis laissĂ©e aller aux grĂ© des choses, sans jamais dĂ©cider de ce que je voulais vraiment. Ma O’Donnell a essayĂ© de m’ouvrir les yeux sur mon attitude irresponsable envers moi-mĂȘme. Des innocents ont payĂ© pour ma bĂȘtise. Tout est liĂ©. Nous sommes tous connectĂ©s les uns aux autres. ReliĂ©s par un fil rouge. Invisible, mais bien rĂ©el. Nos actes se rĂ©percutent sur l’existence de chacun. Nous devons prendre soin les uns des autres. Non pas au sens oĂč on l’entend, mais prendre soin de notre destinĂ©e pour ne pas impacter celle de l’univers. Être responsable c’est vivre et expĂ©rimenter pleinement ce don du ciel. Survivre, c’est la mort. Une pandĂ©mie de mort. Deyn a raison, il faut vouloir vivre. Je vais vivre.
Lawrina Mortensen, ex-flic de Londres, dĂ©pose l’agenda rouge sur la stĂšle de Tyler Declan McKenzie, DĂ©tective Inspecteur Chef de Brixton.
Tout ceci est bien rĂ©el. C’est finit.
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lesombresdeschoses · 1 year
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DEJA VU
Ste Mary’s Hospital.
Lawrina reste assise un instant sur le lit. Elle ne se sent pas prĂȘte Ă  rentrer.
Rentrer, oĂč ça ? Dans un appartement vide ?
Soudain la porte s’ouvre. FĂ©lix Beaumont, infirmier en chef de la « rĂ©a » vient s’enquĂ©rir de l'Ă©tat de sa patiente.
— Vous ne cherchez pas une colocation par hasard ? lance-t-elle, avant mĂȘme qu’il n’ait le temps de poser son regard sur elle.
— Ça fait quelques jours que je dors à l'hîtel, effectivement, ça commence à faire cher. Mais comment vous savez ?
— Une intuition. J'ai hĂ©ritĂ© de l'appartement de ma grand-mĂšre. J'ai une chambre qui ne sert Ă  rien, si ça vous dit ?
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lesombresdeschoses · 1 year
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A LA UNE
La DĂ©tective Inspecteur Lawrina Mortensen, qui enquĂȘtait sur l'affaire du tueur en sĂ©rie sĂ©vissant sur Londres depuis des mois, vient de sortir du coma. C'est en tentant d'apprĂ©hender le suspect que la tragĂ©die est arrivĂ©e. Cette fois-ci, le tueur avait enlevĂ© sa victime, un homme, changeant ainsi radicalement de Mode OpĂ©ratoire. Aux derniĂšres nouvelles, il ne s'attaquait qu'Ă  des femmes rousses, d'une trentaine d'annĂ©es.
Le 2 mars 2009, il est neuf heures, la police reçoit un coup de tĂ©lĂ©phone. Deyn Gilmore, mĂ©decin urgentiste, est au bout du fil, terrorisĂ©. Le tueur dĂ©fie le DCI McKenzie et la DI Mortensen de retrouver sa victime avant dix-neuf heures, ce mĂȘme jour. Tous les effectifs de la police sont rĂ©quisitionnĂ©s. À dix-huit heures, la brigade d'intervention se rend Ă  Croydon, dans un hangar dĂ©saffectĂ©. Mais l'assaut tourne au cauchemar. Le rendez-vous Ă©tait un guet-apens. L'endroit Ă©tait piĂ©gĂ©. Un incendie s'est dĂ©clarĂ©, aussitĂŽt que les deux inspecteurs ont pĂ©nĂ©trĂ© les lieux, les encerclant sans leur laisser aucune chance de se sortir du brasier. Le DI McKensie y laissa la vie en tentant de sauver Gilmore et Mortensen. Plus tard, la police scientifique retrouve dans les dĂ©combres du hangar, deux corps calcinĂ©s. Le rapport d'analyse conclut qu'il s'agit des cadavres de Deyn Gilmore et d'un certain Brydon Miller, connu des services de polices pour meurtre et agressions multiples. Londres peut enfin dormir tranquille. Le serial killers ne terrorisera plus notre belle citĂ©.
Le DI McKenzie, lors de ses obsÚques, reçut une décoration posthume pour son courage et son sacrifice pour la communauté.
La DI Mortensen est sortie, le 10 juin, du St Mary's Hospital, d'un coma de prÚs trois mois. Elle devrait recevoir les honneurs et reprendre du service sous peu. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement et présentons à la police de Londres nos plus sincÚres condoléances, pour sa perdre tragique.
Tamsin Forbes pour le Weird Life magazine.
*
Dell Byronn pose le journal sur la table basse de son salon. Perdu dans sa réflexion, il prend son mug entre ses deux mains, puis avale quelques gorgées de son Pu-er matinal. Lawrina avait été dans le coma. Il ne le savait pas, tant il était préoccupé par la promotion de son dernier roman. Cela faisait maintenant six ans qu'ils se connaissaient. Dell a mûri, depuis. Son obsession pour la détective n'est plus qu'un vague souvenir.
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lesombresdeschoses · 1 year
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ET MAT
Les premiers rayons de soleil Ă©clairent timidement la capitale du Royaume Uni. La pluie a lessivĂ© Londres, toute la nuit, sans s'arrĂȘter. Les rues scintillent comme parsemĂ©es de diamants. L'odeur de terre humide embaume l'atmosphĂšre et les oiseaux chantonnent leur mĂ©lodie rituelle.
Lawrina ouvre la porte de son bureau :
— Yvonne ?
Ren se retourne. Elles se regardent fixement. Ren comprend, elle esquisse un léger sourire l'air de dire :
« Échec et mat en cinquante-cinq coups. Bien jouĂ© ma petite. C'Ă©tait une belle partie. »
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