Tumgik
iiimmx · 5 years
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Je me réveille tranquillement, parce que j’ai le droit de prendre le temps. Personne, et surtout pas Julien, ne viendra me brusquer. D’un regard en coin je remarque qu’il est concentré mais qu’un très léger sourire étire ses lèvres. Je présume donc que l’humeur générale n’est pas entaché par l’échange précédent. Tant mieux. Cela me force à essayer moi-même de passer à autre chose. De prendre sur moi, encore un peu, pour attendre les réponses. Je suis pourtant patiente. Peut-être est-ce seulement que j’ai besoin de réassurance.
La voix du pilote s’élève dans l’habitacle alors qu’il s’applique à garer la voiture. Le cœur de Rome est si différent de celui de Paris. Tout ici semble respirer un air différent, plus ancien. La ville en elle-même est un art et elle semble plus lumineuse et propre que notre capitale pourtant plus célèbre. Souvent, je me demande pourquoi. Même le Faubourg et le Triangle ne sont plus aussi glorieux.
La précision géographique et historique fait dresser mon sourcil gauche un peu plus haut sur mon front. Les scandales de l’époque Borgia, la corruption de l’Église qui prêche une vie pieuse mais pêche à chaque occasion. Cette hypocrisie qui dans le fond, ressemble un peu, beaucoup, à ce monde dans lequel nous évoluons. La seule différence c’est que les lettres sont aujourd’hui des sms et on monte dans une voiture comme eux montaient à cheval. Le monde ne change pas vraiment, dans le fond.
Mais, ce n’est pas ce qui m’intrigue le plus. Et Julien s’applique à poser les pièces du puzzle les unes après les autres. Faire du shopping, chez un antiquaire. Que venons-nous chercher ? Et plus encore…. « Chez nous. » Je répète d’une voix absente et c’est probablement à peine audible. Avant de venir chercher quelque chose pour « chez nous », ne devrions-nous pas en parler de ce fameux chez nous ? Parce que tout ça, c’est encore flou. Peut-être qu’il parle de chez lui, sur l’ïle Saint-Louis. Peut-être qu’il parle plutôt de Landal. Peut-être qu’il parle d’autre part. Et c’est exactement le genre de réponses que j’attends, les réponses que j’espérais obtenir un peu plus tôt.
Je me retrouve seule dans la voiture un instant et je manque de succomber à une mini crise d’angoisse relative à ce futur qui semble complètement incertain et indéfini et dans lequel il semble pourtant se projeter. Un peu comme si je me tenais au bord d’un précipice et d’un trou noir dans lequel je devais sauter seulement parce qu’il y est déjà et il me tend la main. Pour le moment, lunettes sur le nez, je dois seulement sauter en dehors de la voiture maintenant que la portière est ouverte. Lisser le tissu de ma robe qui n’en a pas besoin mais qui subit quand même seulement parce que j’essaye de regagner un minimum de maîtrise de moi. Mon Kelly retrouve sa place entre mes mains, les deux fermement accrochées à la poignée maintenant que Julien avance presque sans m’attendre.
Mes yeux s’attardent sur le bâtiment et je me demande quel genre de trésors il peut y avoir à l’intérieur. Des peintures, puisque c’est visiblement l’une d’entre elles que Julien compte acquérir. Une peinture de Saint-Michel précisément. Je cherche dans mes souvenirs mais, je ne me souviens pas de grand-chose à part de son statut d’archange. Je suis intriguée mais je ne suis pas persuadée qu’un cours de religion soit  de rigueur maintenant que Julien sonne et attend que la porte ne s’ouvre. Je ne cherche pas à en savoir plus, parce que je suis persuadée qu’une fois devant l’œuvre, Julien produira des réponses. Il parle plus quand il s’agit de quelque chose qui l’anime ou qu’il veut.  
« Est-ce que « chez nous » pourrait supporter d’autres additions, éventuellement ? » Je suis réellement curieuse car je me doute qu’on ne vient pas voir le premier antiquaire du coin. Si on est ici, c’est parce que « Santino » est probablement doué pour collecter des objets avec une histoire qui ferrait rougir certaines pièces dans les musées. Et si je n’ai rien de précis en tête, je  prends un seul instant pour m’imaginer comme l’italienne la plus célèbre de France. Avec mes flacons de parfum provenant de l’Officina Profumo Farmaceutica di Santa Maria Novella, peut-être une boîte à bijoux qui aurait sa place à la Villa Médicis. Tant qu’à faire d’être reine autant s’inspirer de celle qui fut la plus mémorable pour les arts et sa dévotion familiale.
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iiimmx · 5 years
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Marie-Charlotte gigote sur son siège et me tire de mes pensées, je me demande si elle a rêvé dans son sommeil pendant que je rêvais éveillé sur la route. Je ne lui demande pas j’ai juste souri à son réveil. Le silence entre nous ne me dérange pas mais puisque nous arrivons, pendant que je gare la voiture Via degli Acquasparta sur les places de parking du tribunal militaire je me dois de faire le guide touristique pour expliquer à Marie-Charlotte que nous allons à l’angle de la rue, dans ce tout petit palais renaissance blanc qui se démarque des bâtiments ocres tout autour. Nous sommes devant mais je le pointe du doigt quand même.
« Un antiquaire qui habite ici. Au 15ème siècle cet endroit a appartenu à une des putes de Cesare Borgia, quand il l’a largué elle à mit la main sur le Cardinal de Pavie et à sa mort il lui à tout laissé, dont ce palais. » 
Un gros drama qui est remonté jusqu’à Sixte IV, obligé de mettre son nez dans le testament, voilà pour la minute gossip. Aujourd’hui, cet endroit appartient à la famille Bennicelli et c’est là qu’habite Santino, qui étudie à l’Université Pontificale de la Sainte-Croix à quelques pas seulement d’ici. Il est aussi anticaire donc, et a déniché une oeuvre qui trouvera acquéreur bientôt. le Vatican, l’État, un musée... à moins qu’il ne termine dans une collection privée ?
  « Je vais faire du shopping, ça prendra pas longtemps. Et c’est bien que tu sois là, comme j’ai l’intention d’exposer ça chez nous tu vas pouvoir me donner ton avis. »
C’est une des deux choses qui m’importe le plus. Que je finisse par l'acheter où non le souvenir de l’avoir vu en avant première et en privé avant qu’il termine dans un musée blindé de monde en vaut la peine. Un peu d’inspiration à la veille de la cérémonie de demain est aussi la bienvenue.
Je suis sorti de la voiture, et j’ai rejoint le coté passager pour aider Marie-Charlotte à sortir par galanterie mais je ne traine pas pour avancer en direction des grilles du portique quitte à la devancer un peu. Je suis impatient et Marie-Charlotte elle, doit perdre patience. J’ai promis des réponses, en quoi est-ce que planifier la déco va lui en dire plus sur notre avenir à part peut être lui donner une meilleure idée du genre de bibelots qu’elle verra chez nous, ou une meilleure idée d’où part mon argent entre le coût de l’oeuvre et celui de sa sécurité ensuite.
« On va voir une peinture de Saint-Michel, mon saint patron. C’est encore un secret, très peu de personnes savent qu’il existe, et encore moins de gens savent où il se trouve. Santino est un ami, on à habités en collocation dans cette maison quand j’étudiais la science metaphysique et lui la théologie dogmatique à l’université d’à coté. »
Présenté comme ça, l’historique de notre amitié est surement aussi ennuyeuse que le motif de la visite. Si j’en parle c’est pour que Marie-Charlotte comprenne que nous sommes proches. C’est parce-qu’il me connait et à confiance en mon jugement qu’il fait confiance aux gens avec lesquels je souhaite m’associer. Elle ne dira rien de ce qu’elle verra ici, et il ne dira rien de sa visite en ma compagnie. Il ne la connait même pas et n’a rien demandé à son sujet quand je l’ai prévenu que je serais accompagné. Il se fiche un peu de qui elle est en dehors de ce qu’elle est à mes yeux parce-que je lui ai dit, et de comment elle se comportera chez lui.
J’ai sonné à l’entrée, sous le blason de famille Bennecelli. La main sur un barreau noir, j’attend qu’on nous ouvre pour pouvoir pousser la grille et je regarde Marie-Charlotte en souriant. Aussi banale qu’une visite chez un anticaire puisse parraître, je me réjouis que Marie-Charlotte soit de nouveau au coeur ma vie qui de toute façon, n’a rien de banale ce qu’elle sait déjà.
C’est pour ça que je n’ai rien dit quand j'ai senti l’atmosphère se dégrader dans la voiture, son "d'accord" beaucoup trop obéissant à mon goût, le genre de "d’accord" qu’elle sert à tout son entourage me confondant l’espace d’un instant avec l’un d’entre eux. Pendant qu’elle dormait - et tant mieux parce-que rien ne m’irrite plus que d’être considéré comme le commun des mortels du monde profane - j’ai passé le trajet à penser à demain, à ce qui fait de moi quelqu’un de différent, à fouiller dans ma mémoire les signes avant coureurs de la destinée qui m’est promise. J’ai repensé à mes différenrents mentors et à la manière dont ils m’ont guidés. Mon père, un prélat, le précepteur que j’avais en plus de l’école jusqu’au lycée... C'est ce dernier qui m'a donné le manuel à la reliure bleue et au titre caligraphié d'or qui conte la légende d’un temple gigantesque aux innombrables cloches englouti dans un tremblement de terre. Et pourtant même si on ne le voit plus, les pêcheurs affirment entendre les cloches du temple lorsque le balancement des vagues dans les profondeurs marines les fait tinter.
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iiimmx · 5 years
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« Ok. » C’est tout ce que je récolte et juste un instant, je le regarde désemparée. Le sourire sur ses lèvres me fait douter et pas de la meilleure façon qui soit. C’est un sourire qui semble honnête mais mystérieux à la fois. Comme si la réponse est coincée là, dans sa bouche, et qu’il fait tout pour la contenir. Je suis perdue mais ça, il ne le voit probablement pas parce qu’il est concentré sur la route. Ce n’est pas plus mal, cela nous évitera de rencontrer la rambarde de sécurité et surtout, cela me permettra de laisser le spectre de mes émotions changer aussi vite que le climat quand une tempête tropicale s’annonce.
Parce qu’un « ok » n’était pas assez, la sentence tombe. Les réponses que j’attends sont remises à plus tard et l’amertume grimpe dans ma gorge. Comme toujours, avec tout le monde ou presque, je n’ai le droit qu’au traitement du plus tard. L’excuse de la patience. Le plus souvent, dans ma famille, cela s’explique parce que l’avis de la petite dernière n’est pas important. Je ne suis qu’une enfant et ce que je pense importe peu puisque bientôt, je serai mariée ailleurs. On me juge aussi trop douce et trop naïve, alors on me préserve de tout ou de rien, cela dépend du contexte. Et puis, il y a d’autres cas, comme celui de Charles, qui me pense trop stupide pour être capable d’entendre la vérité ou qui juge que de toutes les façons, cela n’a pas d’importance.
Je regarde Julien en silence un battement de cils avant de ne rompre cette contemplation. Ce n’est pas la première fois que mes questions restent sans réponse. Ce n’est pas la première fois qu’il me demande d’être patiente. Alors que moi, pourtant, je m’applique toujours à lui répondre, à faire au mieux. Aucun mensonge, seulement l’envie d’être avec lui sans limites, de ne pas avoir de secrets. Le goût âpre dans ma bouche me pousse à serrer les lèvres et c’est une sensation similaire à la première fois que j’ai vu des marques sur mon corps après avoir été la proie des empressements de Charles.
L’humiliation. Voilà le sentiment qui s’installe dans ma poitrine alors que je me réinstalle moi-même comme il faut dans le siège face à la route. Moins près de lui, le dos droit comme lorsque je me fais remettre à ma place par mes aînés, les mains en nœud serré sur les cuisses. Je sens mon corps entier se remettre ‘à sa place’, alors que j’essaye de me convaincre que je ne devrais pas réagir comme ça.
Je ne devrais pas me sentir humiliée comme une enfant qui a été vexée, simplement parce que Julien me refuse des réponses immédiates. Pourtant, je le fais quand même. Parce que j’ai cru, peut-être naïvement, être autre chose à ses yeux. Comme je lui ai demandé dans cette tente dans le désert. Quand il me regarde, je ne veux plus être « la gentille et naïve Marie-Charlotte, celle dont on use et abuse ». Et c’est exactement ce que j’ai la sensation d’être maintenant. A tort probablement, mais à force de laisser planer le mystère et le silence, les questions se multiplient, et elles prennent parfois des chemins obscurs.
« D’accord. » Mon regard vrille et passe de mes mains à ce qui se défile derrière la fenêtre alors que mon ton est aussi neutre que possible. Je veux seulement que la conversation s’arrête là. L’ambiance est encore une fois passée du feu à la glace en un temps record et la distance établie entre nous me permet de m’isoler pour faire le tri dans les sentiments qui se pressent et éclatent comme des bulles dans mon cerveau. Je repars quelques jours en arrière. Voiture similaire, conducteur différent, paysage aux antipodes. Une atmosphère aussi lourde et violente alors que mes yeux peinent à gérer la vitesse à laquelle disparaît le décor quand mon corps bascule doucement contre le siège pour se reposer.
Le bruit de fond se précise et ce sont des cloches que j’entends sonner au loin. Loin, très loin. Elles sont accompagnées du bruit de la mer. Ce bruit réconfortant de l’eau qui va et vient et qui m’apaise plus rapidement que n’importe quoi. Les cloches par-dessus s’agitent et semblent décidées à annoncer quelque chose. J’ouvre enfin les yeux et la vue devant moi me coupe le souffle un instant. Comme la première fois. Le soleil brille sur cette petite église et je l’identifie très rapidement.
Saint-Ronan, sur l’île de Molène. Une église humble avec une croix de pierre et plus loin, dans le fond, des moulins à vents. Cette église, je la reconnais pour l’avoir visitée avec ma Grand-Maman enfant, avoir retenu son histoire. Elle est l’enfant d’une ancienne chapelle dédiée à la vierge Marie qui fut elle-même remplacée par une église balayée par une tempête pas loin de 100 ans après sa construction. Le vitrail représente Saint Renan revenant de Grande-Bretagne et débarquant sur l’île au Vè siècle. Et, caché, dans la nef, un trésor sous forme d’horloge offert par la Reine Victoria suite au naufrage du Drummond Castle.
L’instant qui suit, je me trouve dans l’église. Les cloches sonnent toujours, comme pour un mariage et pourtant, l’endroit est vide. Il n’y a pas âme qui vive ici. Pas une seule personne, sauf moi. Aventureuse, j’avance vers l’autel, attirée par le linge aux vagues blanches et rouges surmontées par des macles d’or qui est posé sur le bois de châtaigner blanchi. Ces armes ne me rappellent rien et j’approche, curieuse.
Le cercueil est ouvert et la surprise manque de me faire défaillir. Je suis là, sous mes propres yeux, morte mais un sourire éteint sur les lèvres. Il n’y a aucun doute possible. Sur ma tête, une couronne d’or et de fleurs fraîches qui ne ressemble en rien à quelque chose de réel car le métal et la nature se mélangent à la perfection. Une robe blanche de soie et de dentelle sur le corps, une robe qui ressemble plus à celle d’un mariage qu’à la tenue du dernier voyage. Les mains posées sur l’estomac qui ne se soulève plus au rythme régulier de la respiration, mon œil est attiré par le roc de fiançailles de Charles sur ma main. Droite. A gauche, mon annulaire ne brille pas alors qu’il est pourtant habillé d’une couronne de diamants et de saphirs noirs.
Le soleil tape sur les vitaux et vient baigner d’un arc-en-ciel l’édifice. La lumière ricoche et vient illuminer les pierres précieuses. Et contre toute attente, ce n’est pas le diamant blanc et pur qui est aveuglant.
J’ouvre les yeux, presque surprise d’être ici, dans cette voiture. Ce rêve, je le fais depuis quelques jours et à chaque fois que je me réveille, c’est Avenue M. Le diable dort à mes côtés dans la pénombre et c’est le seul moment où il n’est pas effrayant. A mes côtés, pas de diable. Julien est là, derrière son volant et la lumière est presque aussi aveuglante que celle de mon rêve. Je me redresse pour constater que tout est différent autour. Pourtant, je ne dis rien. Je garde le silence parce que je sais que Rome n’est plus qu’une question de secondes. Mes réponses aussi.
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iiimmx · 5 years
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Mon attention est accaparée par la conduite, ce qui explique en partie pourquoi je n’accorde pas autant d’attention à Marie-Charlotte qu’elle m’en porte. Le fait est surtout que je ne sais pas encore où la discussion qui débute va nous mener, sue je ne sais pas encore quelle proportion de la vérité je suis disposé à lui apporter sur le trajet avant d’arriver à Rome. Pas grand chose, mais cela dépend surtout de ce qu’elle va me dire en réponse à la question que je lui ai posé à propos de l’Égypte et aux questions qui se poseront dans les heures à venir.
Elle fait donc bien de prendre son temps pour répondre, cela ne me dérange pas et ça me fait même sourire quand elle dit préférer s’assoir sur mes genoux parce-qu’en lui rapellant qu’elle prendrait place sur le trône réservé à la Reine, j’ai pensé qu’elle passerait de toute façon plus de temps assise sur ma bite. J’ai gardé ça pour moi, ce que je continue de faire d’ailleurs en plissant les yeux sur la route devant nous comme si j'essayais de mieux voir plutôt que de laisser passer ces obscenités ente mes lèvres. A ce stade elle sait qu’une partie des rumeurs à mon sujet sont vraies et que je suis chaud H23, je ne suis tout de même pas aussi obsédé que le personnage du dernier E. L. James. Ou peut être que si.
Maintenant en tout cas je ne suis pas d’humeur, principalement anxieux d’entendre ce qu’elle a à dire de Siwa. Mes deux mains se ressèrent autour du volant quand elle répond et quand je réalise à quel point je suis en panique à l’idée qu’elle n’ai plus envie de me voir après ça, je pense à la longue route qu’il reste à parcourir,  celle avant le marriage, celle jusqu’à Rome bien que celle-ci ne devrait prendre qu’une heure. Tout semble tel qu’elle le décrit, à la fois excitant et effrayant.
Je ne suis peut être pas en train de la regarder, mais j’écoute attentivement tout ce qu’elle veut me dire, le moindre mot qui sort de sa bouche, avec une attention que je ne porte qu’à mes proches. Une attention inédite quand il s’agit d’être réceptif à ma "copine". Je suis à l’opposé d’un type comme Charles, nous appartenons clairement chacuns à une des deux factions qui s’opposent, bien contre mal. Il n’en reste pas moins que je suis tout à fait gratiné et que mes exs en ont fait les frais pourtant jusqu’ici du moins, Marie-Charlotte me supporte, quand je ne lui donne pas envie de me giffler sous les voutes de Notre-Dame. Et je crois fermement que notre liaison est établie au delà de son envie de trouver quelqu’un, qui que ce soit, pour la sortir de ses fiancailles désastreuses même si son sauveur est une personne avec qui elle n'a pas le moindre avenir si elle en crois ces rumeurs. Je suis peut être complètement con, amoureux, et la voix de mon père qui à un avis très arrêté sur mes déboires sentimentaux raisonne dans ma tête.
J’évite toujours de la regarder parce-que je ne veux pas qu’elle lise dans mon regard et qu’elle se sente sous pression, dans l’obligation de donner les "bonnes" réponses plutôt que de me livrer sa vérité. La Vérité est fondamentale. Alors je l’écoute, et tout ce qu’elle dit est si pertinent que je me sens vraiment désolé de lui faire traverser ça. Depuis notre rencontre et encore plus depuis que nous sommes ensemble, j’ai passé beaucoup de temps à regretter que les choses ne soient pas aussi simple que dans un E. L. James pour le coup.
Je pourrais seulement être un riche et bel aristocrate qui ne demande qu'à sauver la première demoiselle en détresse par la mariage pour l'emmener vivre dans un châteaux dans le Limousin dans le Val d’Oise ou en Bretagne justement, où elle a liquidé tout ce qu’elle pouvait pour me le donner, du moment qu'elle consent à assouvir mes fantasmes sexuels les plus pervers. En réalité, une vie dans un des châteaux appartenant à nos familles est ce qu'il pourrait se produire de plus probable. Pour ce qui est de mes fantasmes et d'une vie menée en deux dimensions, c'est plus compliqué que ça.
Si compliqué que j'ai redouté le jour où j’aurais à m’assoir avec elle pour avoir la discussion que j’ai répeté dans ma tête un million de fois avant aujourd’hui comme on répète un discours aux oscars devant le miroir de la salle de bain et plus on s’approche du moment des révélations, moins je sais quoi dire. Je me rassure en me souvennant que c’est normal. "Since truth is supra-rational, it is incommunicable in the language of reason."
Je suis désolé mais je comprend que l’expérience ai été presque magique mais au final inquiétant, parce-que je n’étais pas disposé à lui révéler en totalité ce sur quoi je bâti ma vie, contrairement à aujourd’hui. Siwa n’était qu’un apperçu, comme on se pencherait au dessus d’un puit dont on ne voit pas le fond pour tenter d’en évaluer la profondeur quand même.
Un avant goût de mon quotidien, sans lui dire ce que ça représente pour moi. Sans lui expliquer que les choses et les gens qu’elle a vu la bas existent vraiment, que ce ne sont pas des décors et des acteurs plantés là pour constituer la toile de fond idyllique d’un épisode de the simple life dont nous serions les vedettes. Ce peuple est établi et vis là bas depuis -600 av. J-C, ce qu’elle y a vu est leur quotidien et parfois le miens aussi, est-ce si dûr à imaginer ? Pour elle, ce ne sont que des moments hors du temps, volés à son sinistre sort. C'est pour ça qu'elle ne voit pas encore les choses telles que je les voient ce que j'explique par le fait que nous ne sommes pas encore mariés, quelle a encore un pied dans un univers auquel j'ai tourné le dos quand j'en ai réalisé la vacuité.
Une vie de châtelains en France ou des voyages aux confins de la civilisation sont surement plus faciles à croire pour les avoir vécus souvent ou au moins une fois qu’une virée en tapis persan sous le ciel de cristal, pourtant, c’est précisément quand elle aborde ce sujet que son manque de foi me consterne et que pour seule réponse à sa question quand elle termine de me répondre, je tourne enfin la tête dans sa direction pour lui offrir mon sourire le plus beau et le plus énigmatique aussi. Mes rêves et le futur que je vois pour nous semble fait de tout ce qu’elle n'imagine pas encore.
« Ok. »
Challenge accepted. 
«  Je te t’expliquerais tout ce qu’il y a à savoir mais encore un peu de patience, jusqu’à ce qu’on arrive à Rome. »
Je ne peux qu’imaginer à quel point cette réponse est insatisfaisante, je suis presque encore désolé. J’espère que si je n’ai pas répondu à sa question, j’ai réussi à lui faire comprendre que malgré les apparences je suis activement en train d’essayer de lui apporter des réponses en nous y conduisant. Tout comme un hochement de la tête silencieux ne la rassure surement pas quand au fait qu’elle n’a rien apris de nouveau sur moi après m’avoir demandé deux fois déjà de quoi sera fait notre futur ensemble. Je lui dirais tout, du mieux possible, juste pas ici. Pas dans l’habitacle de la voiture pendant que je suis en excès de vitesse sur la SP8. 
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iiimmx · 5 years
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La main de Julien lâche la mienne non sans avoir été gratifiée d’un baiser. Je regrette qu’il nous sépare mais je ne dis rien. Je me contente de gigoter sur mon siège pour être de biais, flanc contre le dossier, l’attention et le corps tournés vers lui. La route m’importe peu dans le fond et la conversation que nous avons débutée semble être de celles qui ont de l’importance. Parce que j’ai l’impression de pouvoir lui poser des questions sur notre avenir de façon sérieuse pour la première fois. Et c’est pour ça que je l’écoute, attentive. Il semble si sûr que je connais ma place. Certain même. Et cela me pousse à me remettre en question. Parce que si je le lui ai demandé, c’est parce que je n’en suis pas persuadée, probablement parce que j’ai toujours eu l’habitude que l’on me dise très clairement ce qu’on attendait de moi. Attitude, décisions. Tout le contraire de ce que Julien semble attendre de moi.
Le trône aux côtés du sien… Ce trône, il semble être fait pour quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui justement, est libre au point d’être lui, sans que personne ne lui dicte comportement et choix. Suis-je cette personne ? Je n’en suis pas persuadée. Je suis sur le chemin, mais, je n’y suis pas encore. « Cela serait dramatique, si je préférais la place sur tes genoux ? » Cette perspective-là me semble pour le moment plus rassurante. Être assise en équilibre pour apprendre à tenir la place qui m’attend. La tâche n’est pas aisée mais rien ne semble impossible si c’est lui qui me tient la main.
Si je pensais obtenir des réponses à mes questions, il n’en est rien. C’est même le contraire. J’obtiens des questions qui creusent encore un peu plus les miennes. L’Égypte. Un voyage au cœur du monde ou presque, là ou le temps est différent. Là où tout et rien se mélangent. Il y a beaucoup de « ça ». Oui, mais « ça » quoi ? Parce que ce voyage est différent de tout ce que j’ai pu vivre pour le moment. Je pèse mes mots avant d’entamer une réponse. Parce que je me doute qu’une fois que j’aurai commencé, je devrai aller au bout. Parce que de l’eau a coulé sous les ponts depuis et notre conversation met les choses en perspective.
« L’Égypte, c’était à la fois excitant et inquiétant. » Je marque une pause, pas réellement persuadée que c’était la meilleure façon de m’expliquer. « Jamais je n’aurai imaginé partir dans un endroit pareil. Parce qu’il est évident qu’on ne part pas dans des endroits aussi magiques comme on part en week-end à Rome. Parce qu’on ne rencontre pas des gens comme nous avons pu en rencontrer là-bas comme on rencontre les Guyot à Landal. C’est excitant, parce que c’est inédit et parce que c’est avec toi. » Et c’est la stricte vérité. Tout le long de ce voyage, j’ai été tenue sur la pointe de mes pieds prête à basculer dans la folie exquise d’être avec celui que j’aime, à entrer un peu plus dans sa vie, dans ses mystères et secrets. Tout ce qu’il cache comme un trésor précieux. L’apothéose quand enfin, je fais partie de ses secrets qu’il possède.
Je n’ai pas terminé et je me doute que c’est pourtant cette partie qui l’intéresse peut-être plus. Peut-être que ce que je vais lui dire déclenchera des réponses à mes propres questions. « Si tu m’avais demandé comment c’était avant que je ne rentre seule… Probablement que je me serais arrêtée à excitant. Peut-être aurais-je ajouté magique. Mais aujourd’hui…. »  Je marque une pause pour pouvoir formuler le reste.
Être avec lui, voler ce moment… C’était parfait et ça me trouble parce que, je me dis que ça ne peut pas être comme ça tout le temps. Le simple fait de nous marier rendrait ce genre de moment différent. Je ne suis pas sûre de trouver les mots justes pour lui expliquer. Jusque-là, les moments que nous passons ensemble sont enivrants parce qu’ils ne sont que des escapades du quotidien dessinés à la perfection. C’est envoûtant. Cependant, ce voyage en Égypte a aussi eu ces moments où je ne savais pas qu’elle était ma place. Quand il s’isolait dans le silence. Quand je me posais des questions. Quand on rencontrait des gens à qui je ne faisais que sourire et dire bonjour sans avoir le temps de creuser plus malgré la curiosité. Je triture de nouveau ma main gauche mal à l’aise et je me dis que la vérité est probablement la meilleure solution.
« Aujourd’hui, quand j’y repense, ça m’inquiète. Pas parce que je n’ai pas apprécié l’expérience, bien au contraire. Elle restera gravée comme l’un de mes plus jolis souvenirs. Ça m'inquiète parce que tu me dis que c’est dans notre futur sans me dire ce que ça représente pour toi. Je n’imagine pas notre vie être un voyage sur un tapis volant. Aussi fort que j’aimerais y croire, cela n’existe pas. Ce n’est pas non plus un conte de fées dans un château breton. »  Je fronce les sourcils en me demandant si je vais trop loin. Peut-être. A moins que je ne sois en train de prendre la place qui m’attend sur le trône. « Je veux que tu répondes à ma question Julien. Sans limites. Quels sont tes rêves et quel futur vois-tu pour nous ? »
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iiimmx · 5 years
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Nous arrivons sur le quai au moment où quelqu'un dépose nos sacs de voyage dans le coffre et le sac à main sur le siège passager de la voiture, je lui souffle un remerciement lorsqu'il s'en va en passant près de moi. À notre chauffeur, celui qui a fait le trajet depuis l'aéroport pour aller chercher Marie-Charlotte, je donne une poignée de main franche. Il a un petit sourire en faisant tomber les clés de "son" véhicule de fonction dans la paume de ma main ouverte, il savait que ce n'était qu'une question de temps avant que je l’emprunte.
Marie-Charlotte s'est déjà assise dans la voiture quand je m'installe au volant, la première chose que je fais c'est de la regarder et elle répond maintenant à la question que je lui ai posée sur le pont. "Je n’ai pas été éduquée pour avoir des rêves" c'est pas la réponse que j'attendais et en même temps je n’en attendais tellement pas moins que je ne peux pas m’empêcher de penser "tu m’étonnes... et attend que je te parle de mon ex fiancée."
Mais là c’est pas le moment hein, et elle aborde le sujet notre futur à travers mes rêves puisque c’est dedans que se dessine notre avenir lointain mais aussi notre futur très proche. 
Je suis sur mon iPhone d’une main puisque l’autre est dans celle de Marie-Charlotte, je veux chercher de la musique à écouter sur le trajet mais ma playlist affiche ce que j’écoutais tout à l’heure sous la douche alors c’est ça que je relance sans hésiter dans la voiture, même si Marie-Charlotte ne connait pas encore l’origine de mon sourire, et que si elle me demandait pourquoi je souris je lui répondrais en partie la vérité. Pas la partie sexuelle évidemment, mais ce qui l’intéresse vraiment.
J’ai un travail compliqué. Et je ne parle pas de travailler avec les chevaux et les cavaliers militaires au fin fond des Pays de la loire. Le mot "Travail" à pris pour moi une signification plus proche du mot service ce qui évoque entre autres des pincipes fondateurs et un style de vie particulier dont je veux lui parler et que je veux lui montrer pendant ce voyage.
Quand au rôle qu'elle tiendra dans tout ça, je soulève sa main dans la mienne pour y poser mes lèvres avant de lâcher sa main pour commencer à conduire.
« Tu sais quelle est ta place. »
Toujours en train de professer mon amour pour elle. Et le ton sur lequel je le dit n'a surement rien de rien à voir avec celui de ceux qui lui ont déjà dit la même chose par le passé. Moi aussi d’une certaine manière je peux croire que son rêve ultime est celui de quelqu’un d’autre, mais certainement pas de cette manière patriarcale.
 « Il y à un trône à coté du mien pour que tu t’asseyes dessus. »
Elle le sait déjà, ce qu'elle ne sait pas c'est jusqu’à quel point notre vie pourrait être différente de tout ce qu'elle a connu jusqu’ici même si elle en a eu des aperçus ici et là, ce qui en dit déjà long sur l’estime que je lui porte. Si peu de gens sont au fait de ce que je compte encore lui raconter.
« On a jamais reparlé du voyage en Egypte. J’aimerais ton ressenti parce-qu'il y a beaucoup de ça et plus encore dans mes rêves donc dans notre futur. »
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iiimmx · 5 years
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Je ne sursaute pas quand j’entends la voix de Julien, je tourne seulement la tête pour le regarder. Certes, je l’attendais. Mais, c’est surtout que sa voix est aussi rassurante que le son des vagues qui viennent puis s’en vont dans cette danse éternelle. Je le regarde et si j’ai envie d’aller le toucher, je me retiens seulement pour être assez loin quand je l’observe. M’imprégner de son image en entier. Ses cheveux humides qui contrastent avec le bleu de ses yeux. Son allure toujours impeccable . Le soleil qui l’éclaire le fait briller sans réellement que je ne sache pourquoi. C’est probablement au-delà de la réalité physique.
Lui aussi il me regarde mais je n’ai pas envie de me poser de questions sur ce qu’il voit, sur ce qu’il cherche. Je tourne les yeux pour regarder plus loin. Mon plus grand rêve. Et quel rôle « on » tiendrait dedans. Je souris alors que je baisse les yeux tandis que mes mains poussent contre la rambarde pour me détacher. Cette question est si facile et compliquée en même temps. Le temps d’un trajet jusqu’à la voiture ne serait pas suffisant pour que j’ai le temps de faire le tour de la question. Je me contente d’un sourire absent alors que j’attrape sa main avec l’une des miennes, l’autre allant se serrer dans le creux de son coude, prête à le suivre alors que mes pensées sont occupées à se précipiter pour lui apporter une réponse. Et elles se précipitent, droit dans mes souvenirs.
« Viens donc par ici, Macha. » Je me stoppe devant les portes vitrées ouvertes pour approcher de ma Grand-Maman qui est assise, souriante, dans le jardin à l’Hôtel du Faubourg. Elle est à l’ombre sous un arbre, un livre en main. Elle semble paisible et je lui souris à mon tour. Elle semble aller mieux ces derniers jours, depuis qu’elle est venue chez nous. Parce que nous puisons notre force dans la présence de notre sang, comme elle le répète. Je laisse tomber mon sac au pied de l’arbre avant de ne la rejoindre, m’asseyant à même l’herbe à ses pieds. Par automatisme, sa main se fait un place dans mes cheveux. « Tu as passé une bonne journée ? » Son ton est doux et rassurant, comme celui de toute grand-mère. Elle sent bon l’Ivoire de Balmain et je suis incapable de ne pas fermer les yeux.
« Oui, c’était une jolie journée. » Et c’est la stricte vérité. « On a travaillé de nouveaux pas en classique. » Depuis mes trois ans maintenant, je m’adonne à ce plaisir qu’est la danse, une passion qui me prend aux tripes et qui fait vibrer chez moi des émotions incroyables. Une passion qui a pris le pas sur ma scolarité depuis mes 8 ans. Je me souviens encore de mon entrée à l’école de danse de l’Opéra de Paris. Le rêve devenu réalité, probablement grâce à mon nom mais aussi parce que déjà à cette époque, je m’y donnais corps et âme.
« Je suis contente que cela soit la dernière année où je suis obligée de suivre les cours standards. L’année prochaine, il n’y aura plus que la danse. » Je lève les yeux pour voir ma Grand-Maman froncer les sourcils à l’entente de ma confession. Moi, je n’attends plus que ça. L’école m’ennuie au plus haut point. Ce n’est pas que je suis mauvaise, au contraire, c’est seulement que tout cela m’importe peu. Histoire, mathématiques… La seule matière qui me fait vibrer est le français, parce que j’aime lire. Tout le reste me semble insipide mais je l’exécute malgré tout, pour satisfaire les exigences paternelles. C’est le deal entre nous. Je ne reste à l’école de danse que si mes autres notes le permettent, alors, bien évidemment que je fais tout pour être une élève modèle au bulletin irréprochable.
« Ton père ne t’a rien dit, Macha ? » Je la regarde intriguée, me demandant ce que mon père pourrait me dire qui soit en rapport avec notre conversation. J’ai probablement une moue boudeuse puisqu’elle dessine du bout de ses doigts les contours de mon visage. Son visage a elle se tord quelque peu à mon expression et son regard, aussi noir que le mien, semble devenir plus intense encore. « Non, qu’aurait-il à me dire ? » Et son sourire bienveillant devient alors désolé. Je me doute que le goût amer qui me monte dans la bouche n’annonce rien de bon.
« Ce n’est pas à moi de te le dire ma petite étoile. » Et le fait qu’elle utilise ce surnom me conforte dans l’idée que quelque chose se trame. Quelque chose qui ne me plaira pas. « Tu ne dois pas lui en vouloir, il ne veut que ton bien. » Et elle me perd dans les interrogations parce que je ne vois toujours pas de quoi elle parle. Je ne vois toujours pas ce que mon père aurait dû prendre la peine de me dire qui puisse à ce point me bouleverser. « Armelle. » Le ton de ma mère derrière nous me fait sursauter et je me retourne pour la voir. Son ton est seulement froid, mais pas plus. Elle sait très bien quelle place elle occupe dans la hiérarchie familiale et elle doit le respect à celle qui est sa belle-mère. « Sophie, il semblerait que Jean n’ait pas trouvé le temps de discuter avec Macha de la décision qu’il a prise concernant ses études. » Le fait que ma Grand-Maman insiste sur l’idée du temps me laisse seulement penser que mon père a volontairement évité la conversation.
Le regard vert de ma mère semble devenir électrique et si elle le pouvait, elle remettrait à sa place ma Grand-Maman en la contraignant au silence. « Jean est très occupé. Et je ne vois pas où est le problème. Marie-Charlotte se doute probablement depuis longtemps qu’elle retournera dans le système scolaire normal. Ces idioties de devenir danseuse étoile ont assez duré. Elle aura bientôt 15 ans, il est temps de faire face à la réalité et de laisser tomber les rêves d’enfant. » Je n’arrive pas à imprimer exactement ce qui vient de sortir de la bouche de ma mère qui s’installe elle-même dans l’un des fauteuils face à nous.
« Les rêves sont faits pour les enfants et les hommes. Marie-Charlotte ne devrait se préoccuper que de recevoir l’éducation minimale avant de se consacrer à trouver un mari qu’elle rendra heureux. Comme je l’ai fait avant elle. Comme vous l’avez fait avant nous. » Ma mère se penche vers la petite table entre nous pour se saisir d’une limonade fraîche et avant de ne tremper ses lèvres dedans, elle semble décidée à clore le sujet. « Jean est trop occupé avec les rêves de Léopold, Antoine et Guillaume pour se charger des désillusions de Marie-Charlotte qui ont déjà trop duré. Sa place l’attend au lycée Fénelon Sainte-Marie. »
Le temps semble s’arrêter alors que la nouvelle s’installe dans mon esprit. C’est à peine si je regarde l’échange glacial de regards entre ma Grand-Maman et ma mère. À peine si je remarque l’arrivée de mon aîné. La seule réalité est celle que mon rêve absolu vient d’être éteint pour des convenances et attentes qui ont probablement des centaines d’années. J’ai mal au cœur. Parce que la perte tient la main à la déception de la trahison de mon père.
Habituellement attentive, je me rends compte une fois encore que l’enveloppe charnelle a poursuivi sa route alors que le cerveau était occupé ailleurs maintenant que la porte claque et Julien est à mes côtés. C’est le moment pour les réponses probablement alors que je lisse le tissu de ma robe du bout des doigts sur mes cuisses. Dans ces moment-là, d’ordinaire, je sers à mon inquisiteur une réponse qui lui fait plaisir le plus souvent. Une réponse qui comble les attentes. Mais avec Julien, c’est l’honnêteté qui prime. Parce que cela ne peut être autrement.
« Je n’ai pas éduquée pour avoir des rêves. » C’est la vérité. Est-elle triste ? Oui. Non. Cela dépend du point de vue. Le mien est concentré sur ce qui se passe plus loin, devant. Par réflexe, ma main droite va jouer avec ma main gauche. Exceptionnellement, la montagne n’est pas à mon annulaire pour provoquer une distraction partielle de mon esprit. « Les rêves, ils ont été inculqués à mes frères. Moi… » Je marque une pause pour poser les yeux sur ma main vide, réalisant la vérité qui s’impose à moi. « Moi, on m’a presque toujours affirmé que le rêve ultime devait être d’être de celui de quelqu’un d’autre... » Et comment penser autrement dans la situation présente ?
Le plus grand rêve de mon père me concernant était de me marier en se persuadant que son choix ne pouvait être que le bon, précisément car je faisais partie du rêve de celui à qui on allait me marier. Non, il ne rêvait pas d’amour. Non, il rêvait pas d’une jolie famille avec quelques enfants. Il ne rêvait que de pouvoir, qu’importe la nature. Moi, je ne suis que le rêve d’y parvenir à un moment donné, dans un endroit donné. La clé convoitée pour entrer dans certains cercles très fermés des mondains parisiens. Ce qui rejoignait le plus grand rêve de ma mère qui était de briller en société sans se questionner ne serait-ce qu’un instant sur la façon dont elle y arrivait. Peut-être que c’est avec elle que Charles devrait se marier, si ce n’était pas aussi glauque… Le scandale leur permettrait à l’un et à l’autre d’entendre leurs noms en société.
Ma main gauche s’échappe de l’emprise de ma main droite et je pars chercher celle de Julien que je serre doucement. « Mon plus grand rêve pour le moment est juste là. Et on ne tient pas dedans… On en occupe le moindre espace au point d’en déborder. » Parce que je n’ai pas d’autre rêve pour le moment que de justement nous voir mariés. Je n’ai pas envie d’espérer quoi que ce soit. Je veux seulement le vivre et en profiter avec l’impatience folle que la réalisation de ce rêve soit l’élément déclencheur des plus jolies envolées utopiques que mes désirs pourraient produire. Bien sûr que je m’interroge sur ce à quoi notre futur ensemble pourra ressembler. Bien sûr que je me demande quels sont ses rêves à lui. Si nos rêves finiront par se rencontrer.
J’inspire doucement, mon attention pleinement portée sur lui. « Plutôt que des rêves, c’est le futur… Notre futur, qui me préoccupe le plus souvent. C’est probablement ridicule, mais, cela soulève beaucoup d’interrogations. » Une confession posée dans l’habitacle entre nous alors que je le regarde. Je n’ai que l’image de son profil mais c’est déjà assez pour me donner envie de l’embrasser. Toucher du bout des doigts sa mâchoire parfaitement dessinée. « Quelle est ma place parmi tes rêves ? Quels rêves as-tu pour notre futur, pour nous ? »
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iiimmx · 5 years
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Mon front vient de rencontrer le mur devant moi un peu fort mais j'ai presque pas mal, c'est le conflit mental et physique entre plaisir frustration que j'exprime difficilement à travers mes dents serrées comme si je venait de m'ouvrir la tête.
Mon poing rejoint aussi le mur. Je déteste que Marie-Charlotte ne soit pas là, ne serait-ce que si elle était restée dans la cabine elle serait toujours proche, au moins assez pour entendre comment cette douche se passe pour moi. Elle n’est pas froide du tout.
Je plisse les yeux comme si j'essayais de voir à travers la buée sur le verre, bien vite la porte de la douche glisse et claque comme le câble qui vient de péter dans ma tête. Si c’est le type d’épisode psychotique dans lequel Marie-Charlotte me plonge je suis bien obligé d'admettre que je peux aller loin pour elle. De l'eau ruisselle de partout sur le sol de la salle de bain mais je m'en fou aussi, je suis sorti pour prendre mon iPhone et retourner dans la douche.
En passant mes doigts dans les cheveux mouillés collés sur mon front je décide que je ne montrerais pas mon visage avant qu'elle décroche à ma demande FaceTime, ce qu'elle ne fait pas. Pas de live stream non plus, je n'ai vraiment plus qu'à garder mes humeurs pour un peu plus tard.
Si je lui envoi vraiment la vidéo peut-être qu'elle devinera à quel moment je l'ai prise, comme si elle ne serait pas déjà convaincue que c'était à un moment où j'aurais préférer la prendre elle, avec tout les efforts que je fais pour l'imaginer me regarder de l’autre coté de l'objectif.
Au final, j'y arrive très bien mais ça elle ne le verra pas en video, elle le reverra quand elle viendra me chercher en personne ce qui sera bien mieux. Je ne peux qu'imaginer, et elle aussi parce-que je n'ai pas arrêté la vidéo même si je ne suis plus dans le cadre. J'ai bien sur envie qu'elle entende. Mes livres sont pleins de lyrisme amoureux sur le désir l’absence dure, il me faut la supporter. Je vais donc la manipuler: transformer la distorsion du temps en va-et-vient, produire du rythme, ouvrir la scène du langage au final, le son de ma voix sonne tellement mieux qu'aucun autre langage pourrait le faire maintenant.
Je réfléchi avant de pianoter un message sur mon téléphone. Ça ne vaut pas le coup de déranger la Capitainerie pour faire sortir ma voiture du parking où je l'ai garée sur le port. C'est proche, mais Marie-Charlotte est toujours en mode BDH. Je demande à notre chauffeur qui à déjà conduit Marie-Charlotte ici depuis l'aéroport s'il peut me laisser l'Urus. Je connais déjà sa réponse et sa réaction. Marie-Charlotte à beau être un cas de force majeure il était de toute façon évident que cette voiture ne serait pas là si je n’avais pas prévu de m'assoir derrière le volant d’une manière ou d’une autre.
Je rassemble les affaires à prendre avant de partir. Mon sac militaire est résistant mais tellement usé en comparaison du sac Hermès immaculé de Marie-Charlotte. Je pense à un cadeau pour elle dont elle pourrait se servir comme Twilly, mais ç'est pas pour ça que je regarde fixement ce sac en récupérant le plus grand au pied du lit. Marie-Charlotte me rend vraiment débile, c’est embarassant à quel point ça tombe sous le sens que j'aurais du partir faire ça depuis le début au lieu de me filmer en train de me toucher. En même temps c'est en me souvenant que je n'ai pas réussi à la joindre sur facetime que je regarde dans son sac et que j’y vois son iPhone éteint.
Je sonne à la porte O10C la porte s'ouvre et pour mieux me regarder la maîtresse des lieux enlève la paire de Pit Vipers qu’alle à sur son nez pour les caler sur le haut de sa tête. Sans tarder je plonge la main à l'intérieur du Kelly de Marie-Charlotte pour y prendre son iPhone que je lui tend. Elle le prend sans poser de questions, elle sait déjà à qui appartient ce téléphone et ce qu'elle doit faire avec.
« Combien de temps ? »
« Dix minutes. »
Je hoche la tête pour approuver puis je passe la tête par la porte pour jeter un coup d'oeil à son espace de travail.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« Burn it all. »
Elle le dit avec un aplomb terrible et le fait que c'est exactement comme ça que je l'aurais dit moi-même me rappelle encore à quel point c'est étrange de travailler avec elle.
« Je parle pas de la musique. »
J'entre sur la musique de Black Panther donc, la pièce est à la hauteur du Wakanda et elle aussi avec ses origines africaines, cheveux blancs, style cyberpunk. Je m’avance vers le flightcase ATLAS qui m’a intrigué.
« Il est verrouillé. »
« Il est à mon meilleurs ami. »
528491 click, clack.
« Quand est-ce que j’en ai un comme ça ? »
« Tu es entrainé pour ça ? »
« Je préfère les épées. »
« Et c’est tant mieux parce-que tu n'auras pas de fusil d'assaut tactique dans les bras avant longtemps. »
Je la regarde connecter l'iPhone de Marie-Charlotte, elle se penche aussi pour attraper autre chose sur sa grande table et avance dans ma direction un flightcase en tout point ressemblant a celui de Christopher mais en version miniature, pas plus grand qu'un porte documents. Elle tapotte sur la surface à mon attention.
« Mais bon, Steve Rogers est sympa il a pensé à toi. Il a pas dût avoir le temps de le faire customiser pour toi sinon il serait incrusté de paillettes de météorites quelque chose dans ce goût la ? »
« Comme les Nighfall polarisées sur ta tête ? Moques toi, je te forcerait à porter ton uniforme d’équipage. Ce serait dommage de ne pouvoir afficher un si beau tatouage. »
« Ils sont plutôt cool non ? »
Elle ne me demande pas vraiment mon avis sur ses tatouages en fait, je comprendre qu'"ils" est question des dragons. Je referme la malette après avoir inspecté son contenu, je m'apprête à partir en retournant vers la porte.
« Merci. Quand le téléphone sera prêt il retourne dans le sac à main, envoi ensuite quelqu’un nous apporter les sacs à la voiture. À demain. »
Elle acquiesce, mais je remarque qu’ "à demain" la perturbe, elle ?
« Tu seras très bien. »
Et c'est sencé me rassurer, qu’elle essaye de me rassurer ? Non non, on sera très bien personne ne va merder sur ce coup là et pas elle surtout. Est-ce à cause de l’importance de son rôle ? D’ordinaire dans sa bouche des encouragements prendraient des airs de prophécie mais c’est un voeu pieux que j’ai cru entendre et je n’en crois pas mes oreilles, il y a une faille dans l’aura de maîtrise qui la caractérise, c’est inquiétant.
« À demain "Breaker of chains" »
La vulnérabilité aura été de courte durée. On a l’habitude de se donner des surnoms dans l’équipage mais là elle vient de me dire de garder un oeil sévère sur mon ego si je veux que ça se passe bien, un rappel que plus haute est l’estime que j’ai de moi-même, plus dure sera la chute si je perd mon objectif de vue.
« Attends ! »
Pour le moment ce que je perd de vue surtout c'est ce qu'elle porte autour du cou et que je viens de remarquer. Je souris déjà d’un air moqueur c’est pour ça qu’elle me ferme la porte au nez alors qu'elle m'a bien entendue quand j'ai fait volte face et qu'elle aurait attendu si j'avais encore du travail à lui demander.
Je regarde le paysage dans la même direction que Marie-Charlotte que j'ai rejoins sur le pont. L’immensité baignée de lumière est notre royaume, dont il est impossible de distinguer la limite.
Comme le désert de Lybie avec elle, les montagnes de l'Hindu Kouch avec Christopher, maintenant nous sommes en mer. Je sais apprécier le charme humains des villes, mais les étendues naturelles sont les plus excitants endroits où se trouver sur la planète pouvoir les explorer est une bénédiction.
Je sais depuis que je suis tout petit que je finirais d'une manière où d'une autre dans une situation comme celle-là même si à l'époque, j'étais loin de me douter que je finirais par partir à l'Aventure sur un tel bateau. Je voyais une trable ronde, je me voyait y prendre place, après avoir fait le serment de trouver le Graal avec une force de conviction qui ne peut appartenir qu’à un enfant.
Je regarde Marie-Charlotte maintenant, je suis conscient que nous sommes dans mon rêve où je suis si amoureux d’elle que j'en fait ma Reine. Mais même quand je suis avec elle, c'est d'ailleurs pour ça que je suis avec elle, je suis très préoccupé et occupé à tenter de combler un sens inné de Destinée. Et elle ?
«  Quel est ton plus grand rêve et quel rôle on tiendrais dedans ? On le fera pour notre mariage. Tu as le temps de réfléchir jusqu’à la voiture elle est déjà là pour qu’on la prenne pour aller à Rome, tu me raconteras sur le trajet. »
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iiimmx · 5 years
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iiimmx · 5 years
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Seul le silence répond à mes questions. Le silence et son regard. L’ombre de Charles est toujours présente dans ses yeux qui me regardent. Il y a autre chose que je m’applique à chercher, comme je le peux. L’accès n’est pas évident. L’a-t-il jamais été ? Depuis cette rencontre des mois auparavant sous la pluie dans le jardin transformé en paradis artificiel à l’Hôtel de Rohan, ses yeux veulent tout et rien dire à la fois. La seule constante, c’est mon reflet dans les nuances, les ombres et les lumières. Mes propositions ne sont certainement pas les plus plaisantes, j’en conviens. Et je les ai regrettées à l’instant où elles ont quitté ma bouche. Pourtant, c’est presque la seule idée qui me vient. Lui montrer le bleu en forme de croix infligé par le bijou autour de mon cou. Parce que Charles s’est senti le besoin de me prouver que même Dieu ne pourrait rien faire contre sa marque. Ses marques.
Dans l’espace d’une seconde, le temps que je cligne des yeux, Julien est en mouvement sous mes yeux. Debout, en marche alors que son t-shirt va se perdre je ne sais ou dans la pièce. Je n’en sais rien pour la simple et bonne raison que je suis trop occupée à le regarder. Contempler sa peau sur laquelle j’ai envie de poser mes doigts. D’ailleurs, je laisse la croix tranquille seulement pour avoir les mains libres quand bien rapidement il m’attrape pour m’attirer à lui, entre ses bras. Le noir de mes yeux sonde toujours le bleu des siens. Le changement d’attitude est radical, encore une fois. On passe du noir au blanc avec une aisance déconcertante. Ma peau touche enfin la sienne quand les paumes de mes mains se posent à plat contre son torse. Ce si peu et tant à la fois. La sensation me réchauffe doucement le cœur et me rappelle à des souvenirs plus chauds eux aussi, plus vibrants, tout droit dans le désert.
« Julien. » Je souffle doucement son prénom à ses excuses et son explication. Si nous nous sommes rapprochés, j’ai l’impression avec ses mots que ce n’est qu’une illusion. Le rapprochement physique est limité pour éviter que la psychée ne s’en mêle. La passion est indomptable. Julien l’est aussi, malgré tous ses efforts. Cette limite, il ne semble qu’elle n’est faite que pour moi, pour que justement, je puisse le devenir aussi. Malgré sa volonté, nous sommes l’un contre l’autre et les limites qui restent sont minimes. Quelques vêtements, un soupçon de volonté. Ma tête qui bascule pour lui laisser l’accès parce que ses lèvres contre ma peau est une sensation qui me fait frémir, un léger souffle d’abandon. « Alors ne t’en empêche pas. Je suis à toi. » Un murmure qui m’échappe alors que je suis transportée bien loin seulement parce que sa bouche s’attarde contre mon cou.
Ce sont des vérités établies qui je lui répète doucement. De peur que quelqu’un d’autre n’entende ? Non, je sais qu’ici, il n’y a potentiellement que nous. Pas besoin de crier, il m’entend, lui. Et il écoute aussi, parce que je ne doute pas qu’il prenne la mesure de ces mots en témoigne sa main qui s’aventure entre nous, dans les couches de tissu pour glisser au sommet de mes cuisses. Je me mords les lèvres seulement pour réprimer le gémissement qui menace de s’en échapper tandis que mes yeux se ferment. Des notes entre le désir et l’angoisse alors que mes mains glissent pour s’accrocher à la naissance de son cou. Un silence d’anticipation qui me laisserait presque entendre les vagues qui tapent contre le bateau… Presque, parce que c’est sa voix à lui que j’entends.
Et même si cela devrait m’arracher un sourire, je souffle. Il me tenait littéralement entre ses bras et je me serais volontiers laissée aller à ses désirs, aux miens aussi. Il recule de quelques centimètres seulement, mais c’est assez pour que nous perdions contact. Je le cherche du regard prête à répondre à sa question probablement rhétorique. Un pas dans sa direction, seulement pour être assez proche de lui. Nous irons à Rome plus tard. Nous irons nous occuper de toute cette mise en scène plus tard. Plus tard, mais pas trop tout de même. Je n’ai qu’une hâte. Pouvoir laisser de côté tout ce qui peut toucher de près ou de loin à Charles. Pour les quelques jours à venir, il me suffira seulement de laisser mon téléphone éteint et de donner l’illusion que je suis bien à l’hôtel. Ni plus, ni moins. Mais pour l’instant, je réponds à celui qui se tient devant moi.
« Une seule, et pas trop froide pour le moment. Garde tes humeurs pour un peu plus tard. » Et bien évidemment que je joue la provocation me retenant d’une main contre lui alors que je pousse sur mes pieds pour l’atteindre et l’embrasser furtivement. Je me doute que ce petit jeu-là ne va pas lui plaire. Moi, par contre, je l’apprécie alors que je recule à mon tour, sourire sur les lèvres. Un peu plus tard. Probablement dès que j’aurai signé le registre et pris possession des clés, le temps qu’on arrive jusque dans cette foutue suite et qu’on foute dehors le maître d’hôtel qui voulait nous faire visiter la suite.
Personne - et surtout pas moi - ne pouvait imaginer qu’il réveillerait en moi les instincts primaires qu’il a provoqué il y a quelques temps déjà en Égypte quand je suis descendue de cet avion. Parce que l’épisode avec mon frère à Gouarec avait été violent psychologiquement mais rien comparé au retour à Paris. Et pourtant… Je m’empresse déjà de fouiller mon sac sur le lit pour trouver mes lunettes. Pas question d’assumer maintenant. Maintenant, il me faut prendre la fuite rapidement seulement pour pousser un peu plus fort sur le point de tension et de frustration. « Je t’attendrai sur le pont. »
Non, je ne lui demande pas la permission maintenant que j’ai mes lunettes en main et que je suis prête à sortir de là. A quoi bon ? Nous devons retrouver nos esprits juste le temps de remplir les objectifs. Séparément, pour que cela soit plus rapide. Aller voir l’horizon, cette ligne qui n’est pas vraiment définie ni indéfinie, cette ligne qui se repousse toujours. Écouter le bruit du vent qui agite l’eau. N’être qu’avec moi-même un moment. C’est le meilleur moyen de me recentrer. Se recentrer avant de partir en vrille.
Peut-être que j’aurai dû demander la permission. Ce n’est clairement pas la croisière s’amuse… Mais, c’est un peu tard maintenant que je referme la porte aussi vite que mes sandales me le permettent. Faire le chemin inverse pour retrouver la lumière du jour et la douceur du soleil sur ma peau. Les lunettes sur le nez, je suis attirée irrémédiablement par ce qui se passe plus loin. Collée à la rambarde à laquelle mes mains sont accrochées, je regarde droit devant. La Méditerranée qui brille sous le soleil m’appelle de l’air du vent qui soulève les cheveux échappés de mon chignon. Il ne manque plus que Julien pour que le moment soit parfait.
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iiimmx · 5 years
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Je regrette tellement de la sentir s'éloigner de moi et de la voir quitter mes genoux. J'accuse le coup, ma tête retombe en arrière sur le fauteuil et mes yeux se ferment, la dernière image que je garde en tête est celle de sa croix qui tournait entre ses doigts et qui continue de tourner dans mon esprit pendant que j'écoute la voix de Marie-Charlotte qui essaye de nous réconcilier. Quand elle mentionne ce que Charles lui a fait, ce qu'il en reste et qu’elle me propose de me montrer je relève la tête pour la déshabiller du regard d’un air dubitatif.
Je sais déjà ce qu'il y à sous sa robe et je suis loin d'être fasciné. Je l'ai déjà vu, je l'ai déjà entendu, mais ce que je déteste le plus c'est lorsque que tout mes sens sont en alerte quand je suis avec elle et que je la sens s’échapper entre mes mains et devenir inaccessible derrière les blocages posés là par Charles et ça, ça me rend fou. S'il me reste une question d’ailleurs, c'est celle que je me pose.
Alors que je suis supposé détester ça, je décide de quitter le fauteuil pour rejoindre Marie-Charlotte, retirant enfin mon t-shirt au passage pour le jeter en direction du lit où je le vois s'écraser sur son Kelly. Je suis désolé de ne pas l'avoir laissée profiter de moi plus longtemps alors je me rattrape maintenant, je l'attrape elle pour la faire venir dans mes bras nus. Elle doit être aussi confuse que moi qui ne sais pas bien si je veux qu'elle garde sa robe ou qu’elle la perde pour pouvoir profiter du contact de sa peau contre la mienne. Faire cela reviendrait à signer la fin de ma volonté de garder le contrôle de moi-même pour laisser libre cours à l’énergie féroce dont je peux faire preuve dans ma poursuite du triomphe du Bien sur le Mal.
« Je suis désolé, je sais très bien que je ne devrais pas te toucher mais je ne peux pas m'en empêcher. »
Je veux ce qui m’appartient: elle, ma moitié. Evidemment l’idée de passer d’un homme ultra possessif à un autre n’aidera en rien Marie-Charlotte à se détendre avec moi pourtant mes intentions restent nobles, je ne cherche qu’à réaliser l’unité intérieure de l’être, la communion parfaite avec l'être aimé dans un état de ravissement en dehors des sens en d’autres termes, j’ai besoin d’elle pour me sentir complet.
Je pense lui avoir déjà dit, elle pourrait essayer plus fort, c’est ce qu'elle pourrait faire. Enfin "essayer", c'est pas comme si je ne savais pas déjà qu’elle peux le faire et c’est pour ça que je suis si contrarié qu’elle ne le fasse pas pour moi, je teste d’ailleurs cette hypothèse en serrant sa nuque entre mes doigts pendant que je l’embrasse dans le cou. Je ne lui ferais pas mal volontairement mais aussitôt que la douleur de ce que Charles lui à fait se réveillera sous mon propre toucher elle me le rappelera à moi aussi en se raidissant entre mes doigts. Quelques soient mes intentions elle aura mal, je peux pardonner mais pas oublier parce-qu’elle n’a pas la possibilité de le faire. Je me maîtrise pour elle, pour ne pas la serrer trop fort, mais en restant collés ensembles c’est de plus en plus dur, comme moi contre elle parce-que je ne m’en cache pas. Si seulement elle ne reniait pas ma propre violence, alors qu’elle est capable de trouver la force d’endurer ce que Charles lui fait subir pour préserver l’honneur de sa famille sans pour autant avoir l’espérence que les choses changent parce-qu’elles ne changerons pas.
De son corps elle protège le cirque même dont elle essaye de s’échapper, une noblesse prisonniere des apparences du monde grossier, perdue dans une errance perpetuelle et sans résultats, mettant leurs prouesses au service de l’aquisition de pouvoirs et d’une vaine gloire purement mondaine. Pour Marc de Vulson de La Colombière il y a trois sortes de Noblesse: la divine, la mondaine et la morale. La divine regarde l’origine de l’âme qui vient du ciel, la mondaine regarde le sang et la généalogie d’une suite d’ancêtres, la morale regarde seulement la vertu que nous devons avoir pour être estimé. La divine dépend de la puissance de Dieu, la mondaine du bonheur de notre naissance, la morale de la liberté de notre esprit. Si nous pensions à l’importance de la première, nous ferions moins état de la seconde et nous nous rendrions plus capables de la troisième.
Suis-je vraiment plus dur à aimer qu’il est difficile de subir Charles pour soutenir le château de cartes dans lequel elle est née ? N’y a t’il pas une chance pour que malgré la douleur elle aime ce que je suis à deux doigts de lui faire, littéralement, une main entre ses cuisses comme si j’allais trouver la réponse au travers sa réaction lorsque je la touche. De cette manière je pourrais lui faire oublier. Complètement, si c’est combien elle est capable de se donner à moi. Je veux plus que ce que Charles lui prend de force et je veux qu’elle me le donne de son plein gré. En attendant, je contuerais de m’excuser et de garder ma braguette fermée. En voilà une sage décision que je ne me pensais pas capable de prendre.
« Combien de douches froides est-ce que je vais devoir prendre ? »
Ça me fait sourire mais je suis vraiment trop chaud et me remettre des mes émotions en sa présence est trop difficile. Je prend du recul d'un pas en arrière, j'irais même jusqu'au mini bar avant d'aller dans la salle de bain pour faire descendre la leçon de patience que je viens de prendre.
Pendant que je serais sous l'eau je vais la laisser seule dans mon espace personnel, elle y trouvera largement de quoi s'ennuyer: Ma musique sur mon iPad dont elle n'a pas le code. Un traité sur la musique "Les harmonies du ciel et de la terre" dont le marque page qui dépasse est une invitation du Collège de Méditérranée à une conférence sur les croisades et leur impact sur la mémoire collective, richement illustrée d'une miniature de Saint Louis en route pour Tunis lors de la huitième croisade. Je me souviens du chapitre auquel je me suis arrêté dans ma lecture, des citations de grands compositeurs et interprêtes au sujet de l'origine de leur inspiration.
Johannes Brahms:
"Il ny' a que peu de véritables artistes qui soient dotés à la fois de la mémoire du royaume des idées et de l'habileté à incarner cette mémoire."
Richard Strauss:
"Lorsque je compose, j'ai le sentiment de m'approprier le même esprit que celui auquel Jésus fait si souvent allusion. A mes moments les plus inspirés, quand j'ai d'authentiques visions exigeantes qui comportent un soi supérieur, j'éprouve alors le sentiment de puiser à la source de l'Infini dont vous et moi et toutes choses procédons. Pour la Religion, cela s'appelle Dieu."
Richard Wagner:
"J'ai des impressions très précises lorsque je me trouve dans l'état de transe qui est nécessaire à tout effort de création véritable. Je me sens uni à cette Force vibrante, j'ai le sentiment qu'elle est omnisciente, et que je peux puiser en elle jusqu'à un point qui n'est déterminé que par ma propre capacité de le faire."
En fouillant il y a bien quelques secrets ici et là dans ma cabine mais le meilleurs est ailleurs.
« Ensuite on ira à Rome et tu pourras t'enregistrer à l'hôtel. »
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iiimmx · 5 years
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J’ai les sourcils qui se froncent bien fort sur mon front et je suis persuadée qu’une ride doit se dessiner. Ça, je ne m’y attendais pas et je ne sais pas sur quel pied danser. Il est visiblement clair que je n’en saurai pas plus sur ce qui m’attend demain et cela me panique un peu. Un peu, seulement, parce que je suis plutôt chiffonnée de la façon dont il le fait savoir. Comme si j’étais une enfant trop impatiente et qui ne méritait pas de réponse. Et plutôt que de lui servir de l’incrédulité, je rentre dans le jeu, affichant une moue d’enfant fâchée et vexée de ne pas avoir de réponse immédiate à ses demandes. On est loin, tellement loin même de mon caractère habituel. Loin de la Marie-Charlotte qui se contente d’acquiescer, un sourire de Joconde sur les lèvres. Une peinture du bonheur qui n’en est pas une. Une image laissée à l’interprétation de chacun.
Je me tends à peine quand il évoque l’idée d’avoir ce qu’il veut, quand il le veut. Oui. Et non. J’aurai bien des exemples à lui servir, moi en première position. Moi, en contradiction à tous les plans et envies qu’il peut avoir. La liste peut être longue. Entre les plans qui ne peuvent être réalisés pour le moment, les limites à tenir, les sacrifices déjà faits…. Tant de paramètres qu’il ne semble pas prendre en compte et que je n’ai pas le temps de réellement prendre en compte moi-même puisqu’il est occupé à me distraire de nouveau, son souffle volant le mien.
La sensation de ses mains qui guident les miennes n’est pas désagréable et pourtant, elle n’est pas non plus évidente. Comme si, d’un moment à l’autre, c’est lui tout entier qui pouvait prendre le contrôle de mon corps. L’envie et la raison se disputent une nouvelle fois quelque part dans mon cerveau sans que je ne le veuille. Si je devais choisir, bien sûr que j’enverrai la raison se faire foutre. Je n’ai pas pris un avion pour venir ici dans le seul but de regarder Julien dans le blanc des yeux en attendant que le temps passe. Si je suis ici, c’est pour être avec lui, autant que je le peux. Respirer avec lui. Prier avec lui. Vivre avec lui. N’aimer que lui. Ne désirer que lui. N’être qu’à lui. Mais, la raison n’est pas là par hasard.
Malgré tout, malgré la raison qui hurle que je devrai être raisonnable, je me laisse faire et j’apprécie le voyage. Mes mains se détendent et que le bout de mes doigts effleure sa peau d’une caresse lente et douce. Mon corps qui gigote sur ses genoux pour me rapprocher de lui quitte à le pousser contre le dossier de ce foutu fauteuil, mes mains qui glissent pour aller attraper l’ourlet de ce t-shirt que je suis décidée à lui retirer. Et bien sûr que lorsqu’il nous stoppe, la seule chose qu’il rencontre, c’est un gémissement de désapprobation. Quand bien même il souligne l’évidence. Bien sûr que ça me plaît. Et heureusement que ça lui plaît à lui aussi, parce que mes envies sont en adéquation avec les siennes.
Le goût de lui sur ma langue est toujours une douceur divine qui me semble inégalable. Rien ne serait capable de surpasser ces sensations que je ne peux réellement définir. Des étincelles qui partent de la nuque et qui se propagent partout à la vitesse de la lumière. Je ne saurai faire mieux maintenant que ces étincelles remettent en action mes mains qui semblent déterminées à lui faire perdre son t-shirt. Du moins, j’y ai cru.
Ce coup-ci, pas de bluff, pas d’autre réaction que celle de l’incrédulité quand ses lèvres quittent les miennes et que j’entends ses excuses avant même d’avoir pu ouvrir les yeux pour réaliser qu’il n’est plus « là ». J’ouvre les yeux perdue et le reste de mon corps se met en action rapidement. Le buste qui bascule en arrière pour me reculer, mes mains qui quittent sa peau comme si ça me brûlait. Et ça me brûle, parce que dans ses yeux, même si il n’en est pas conscient, j’ai l’explication du pourquoi.
Je déglutis difficilement. « Non. Pardonne-moi. » Et j’insiste volontairement sur les mots alors que je m’échappe, retrouvant le sol sous mes deux pieds. Non, je ne fuis pas. Je veux seulement recouvrer mes esprits et nous permettre de nous remettre de nos émotions. Je recule d’un pas encore, les bras presque croisés, une main qui joue de façon absente avec la croix autour de mon cou. Je suis à deux doigts de lui demander de me pardonner d’être abimée, de ne pas être encore totalement à lui, d’être responsable de cette situation où il pense à quelqu’un d’autre que nous, à celui qui me fait porter des chaines qui nous empêchent d’être libres. Voilà ce qui se passe. En réclamant ma liberté à Julien, je l’ai entraîné avec moi et je lui ai volé la sienne.
La honte s’installe sur ma poitrine comme un éléphant s’assiérait sur une souris. C’est lourd, écrasant et ça coupe le souffle. La croix tourne entre mes doigts. Elle est à la fois punition et pardon. Problème et réponse. « Je… » Suis hésitante sur la suite et malgré tout, je prends mon courage à deux mains parce que c’est la seule solution que je vois pour essayer de sortir de l’impasse. Prendre le taureau par les cornes et me traiter comme un cadavre à la morgue. « Si je te montre ce qu’il m’a fait. Si… Si je te laisse regarder, toucher et poser les questions que tu veux. On pourra passer à autre chose après ? »  En parler pour lever le tabou ou je ne sais quoi. Oublier les marques de Charles qui n’ont aucune portée sur les sentiments que j’ai pour Lui. Contempler l’œuvre de Satan pour n’y trouver aucun intérêt si ce n’est celui de s’appliquer à suivre le chemin de Dieu et réaliser des miracles qui mènent droit au Paradis. « Dis moi ce qu’il faut que je fasse pour te faire oublier.  »
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iiimmx · 5 years
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Je savais ce que je faisais en m'appliquant pour l'embrasser en premier. Pourtant, je me mords quand même les lèvres quand je la regarde balancer ses émotions pour garder la tête froide. Je réprime un sourire de grande satisfaction, fier mais coupable d'avoir provoqué une escalade en flêche et de lui avoir donné le tournis. Le rush que cela à provoqué en valait la peine que j'ai aussi à me débattre avec mes pulsions maintenant. M'embrasser encore, c'est flirter avec le tempérament instable que j'ai quand je suis avec elle.
Mon envie de sourire à disparue pour laisser place à la même expression que celle que j'ai toujours eu sur le visage quand on me demande d'être patient. Pour penser à demain, encore. J'y pense depuis toujours a vrai dire et j'attend ça avec impatience. Il y aura un comité très restreint pour participer à cette cérémonie d'ordre religieuse et militaire. Mon premier cercle sera présent: Mon père, Christopher, quelques personnes qu'elle ne connait pas et qu'elle ne recontrera pas non plus. Elle sera l'unique audience, invitée exceptionnelle parce-qu'elle compte autant pour moi. Je ne lui ai encore rien dit, mais elle n'aura pas l'obligation de venir si elle est mal à l'aise. J'y vois une occasion de faire d'elle la spectatrice de ce qui nourrit mes intentions.
« Si tu veux, je te racontes tout maintenant ? »
Je ne lui en voudrais pas de vouloir en savoir plus sur ce qui doit se dérouler. Ou bien, comme le ton sur lequel j'ai posé la question et comme mon regard le suggèrent, je n'ai pas vraiment l'intention de tout lui dévoiler maintenant de toute façon, et elle n'a qu'à montrer un peu de patience elle-même. "Tout" est plus long à raconter que la patience qu'il me reste à moi. Je fais mine que mon humeur s'assombrit considérablement pour pas qu’elle me prenne au sérieux et me demande quoi que ce soit d’autre. Je me veux direct, le regard franc.
« Je suis Roi. Que ça te plaises ou non, j'ai ce que je veux quand je veux l'avoir. »
Je ne fais que plaisanter avec elle, dans le rôle d'un Roi dont la favorite se refuserait un peu trop longtemps à son goût, peut être Henry VIII à Anne Boleyn. Je doute que ce changement d'humeur même joueur la fasse rire, c'est pour ça que je "m'excuse" en l'embrassant encore et en guidant ses mains avec les miennes sous mon t-shirt cet obstacle gênant. Ça la déstablise quand je me laisse aller alors je lâche plus de prise sur mes instincts. Si elle ne le fait pas je vais forcer son cerveau à s'éteindre s'il ne s'arrête pas de poser des questions.
« Heureusement que ça te plaît, parce-que je te veux maintenant. »
Bravo. Fuck l'intérêt de tout ça qui est quand même de répondre à toutes les questions. Ma bonne volontée est partie loin, comme moi. C'est mon cerveau qui semble éteint.
Le péché qui entrainera ma perte. Ne pas pouvoir garder ma braguette fermée a déjà provoqué tellement de problèmes, c'est même de plus en plus chaud.
A cause de la drogue puissante et addictive que j'ai prise pour la première fois en Egypte. Notre union c'est le raccourcis vers le Paradis terrestre même temporel, et je me comporte avec elle comme un junky devant un fix. Bien sûr que ce n'est pas si simple. C'est même pathétique vraiment, au sens poétique du terme.
Je me souviens de la première fois, du goût amer que la drogue m'avait laissée et dont je me suis rendu compte après être redescendu. Je m'étais dit que ce serait tellement mieux si je pouvais la libérer de ses chaines. Rien n'a changé, peut-être même que c'est pire ?
Je suis rappelé à l'ordre parce-que je ne suis pas assez délicat avec Marie-Charlotte ? Ma mâchoire se crispe, je n'en reviens pas que le mauvais goût me revienne maintenant, ça me fait mal. On dirait que le message c'est que j'ai de plus grands obstacles à surmonter qu'un t-shirt. Charles me contamine le cerveau comme un putain de virus, ça m'apprendra à me droguer. On dit que "je souffle le chaud et le froid" je suppose que c'est fondé et ça devient aussi une habitude chez moi de m'excuser d'essayer de faire l'amour à cette fille.
« Pardonne-moi. »
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iiimmx · 5 years
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Deux petites questions anodines. Rien de plus. Ces questions, je les ai posées en attendant une réponse vague, à l’image de celles servies quand il était question d’aventure au pays des pyramides. Un programme probablement digne d’un séjour touristique rondement ficelé et dont les touristes raffolent. Histoire et monuments, culture. De quoi se bourrer le crâne d’informations que beaucoup oublient ou laissent de côté car ils sont trop occupés à prendre une photo avec leur iPhone accroché à une perche. Et Julien ne se trahit pas, il me surprend, comme souvent, en m’offrant des mots et des émotions différents de ce que j’attendais. Dans d’autres contextes, je mettrais cela sur le compte de ma candeur ou de mon jeune âge. Ma vie à peine entamée et l’expérience réduite que j’ai des Hommes. La surprise vient de l’intensité que prennent ses yeux, la teneur de ses propos allant frapper tel un éclair droit dans mon cœur.
Oui, j’ai prié ardemment pour que Dieu envoie quelqu’un illuminer ma vie, éclairer mon chemin alors que je marchais tout droit vers les Enfers. Une lumière divine baptisée halo et portée en couronne par le Roi, révélé à Notre-Dame, pas moins. Je soutiens son regard, parce que je sais que là que tout se passe. Les yeux sont le miroir de l’âme et même la Bible le mentionne en termes différents. Et je ne lâche toujours pas ses yeux quand il confie se voir dans les miens. Qu’il s’y voit et surtout, qu’il réalise tout ce qu’il est pour moi. Qu’il se voit maître de mon cœur, possesseur de mon âme. Je sais que pour le moment, les images sont encore floues, brouillées par la présence de certains démons, la noirceur de certains ténèbres empêchant une lecture claire. Mais, il l’a justement dit. J’ai prié pour lui, et puisqu’il est l’Élu, il sait que son triomphe n’est qu’une question de patience.
Si je reste silencieuse face à ces vérités, c’est simplement parce que je n’ai rien à ajouter, j’y suis déjà convertie. Pourquoi mettre des mots sur ce qui n’en a pas besoin. Je ne serai pas ici, à risquer gros, peut-être jusqu’à ma vie si ce n’était pas pour l’évidence. Bien sûr qu’il le sait. Je lui ai dit et répété sous différentes formes. De notre devise bretonne à des « je t’aime » sincères prononcés dans le sourires ou dans les larmes. Les humeurs changent, les sentiments non. Des vérités aussi constantes que l’astre solaire dans l’univers.
Mon attention est cependant piquée alors qu’il m’annonce le programme de demain. Une cérémonie de réception. Si la seule chose qui m’inquièterait à Paris, aux côtés de Charles, serait ma tenue ; je m’inquiète ici surtout de ce que cela peut bien vouloir signifier. Que peut-il recevoir qui nécessite une cérémonie ? Je n’en sais rien, je suis interpelée par le fait  qu’il désire ma présence pour cela. Comme si je devais être témoin, son témoin. Un rôle inédit qui fait pleuvoir les questions dans mon esprits, mais, il ne me laisse pas le temps de joindre l’envie à l’exécution. Son visage approche du mien et les quelques mots soufflés semblent me capturer et la prise d’assaut de mes lèvres me fait capituler.
J’ai la tête qui tourne, pas seulement par manque d’air, mais parce que je prends de plein fouets une vague de sensations qui électrisent mon corps. J’ai le cœur qui se serre alors que mon sang agité tape contre mes veines. J’aurai presque oublié l’effet, le pouvoir de Julien sur ma personne. Presque, parce que je sens le feu se rallumer dans ma cage thoracique, lui qui attendait simplement une brise légère pour enflammer les braises rouges qui étaient cachées là.  Les flammes qui reprennent rapidement et qui sont prêtes à tout ravager sur leur passage. La main qui était jusque-là sagement posée à la naissance de sa nuque se referme contre ses cheveux alors qu’il nous sépare pour prêter serment. L’autre se crispe doucement contre le textile qui sépare sa peau de ma main.
« Julien. » C’est à mi-chemin entre la supplication et la colère. La supplication, parce que je n’attends que cela de traverser l’Enfer avec lui. Traverser l’Enfer pour trouver le Paradis. Tel un Christ dans le désert, à bout de forces après une épreuve aussi longue, renier le Diable et ses tentations pour être consacré. En colère, parce qu’il s’est échappé trop tôt. Parce qu’il m’a provoquée avec ce baiser et que maintenant, je veux plus. Je lui ai dit, que je n’aurai jamais assez de lui. Malheureusement, je sais aussi que les désirs qu’il fait naître en moi sont douloureux parce que je suis l’esclave de ceux d’un autre. Le grand écart psychologique est intense et il me ferrait tomber au sol si je n’étais pas fermement installée contre lui, sur la place de choix que sont ses genoux.
Il me faut un instant, les yeux fermés, pour reprendre mes esprits. Calmer mon corps qui ne veut que fusionner avec le sien. Apaiser ma psyché qui angoisse d’une proximité pareille. Inspirer tranquillement et prendre une bouffée de son odeur comme anxiolytique. En cet instant, c’est lui la tentation. Pourtant, j’ouvre les yeux, prête à de nouveau être la Marie-Charlotte douce et candide, curieuse et intriguée. « En attendant la traversée de l’Enfer… »  Je ne me coupe que pour l’embrasser furtivement, comme une promesse que le sujet n’est pas clos, que nous y reviendrons, mais pas maintenant. Maintenant, retournons aux questions que j’avais avant qu’il ne m’embrasse. Une seule, pour le moment. Une seule, mais qui, sans l’ombre d’un doute, en soulèvera d’autres. « Qui sera là demain ? » Parce que mon intérêt est piquée à vif mais aussi parce que l’angoisse pointe son nez. Qui est susceptible d’être là et de se demander pourquoi moi, je suis là ? Qui est susceptible d’être témoin de ma présence et d’en tirer des ragots à rapporter dans les soirées mondaines ?
-- Spotted, l’héritier de Rochechouart aux honneurs avec Marie-Charlotte de Rohan au premier rang dans une robe aux couleurs de la plus vieille maison de France. -- Personne ne serait prêt pour ça. Et surtout pas pour les conséquences. Le rouge de la maison de Rochechouart sur une robe semblerait bien insipide à côté du rouge sang sur le textile.
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iiimmx · 5 years
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D’accord pour le Rome Cavalieri, quand à Captain America il est dans un avion qui le fera attérir à Rome tard ce soir. J’ai presque un sourire quand elle le mentionne parce-qu'ils se trame de plus grands projets en ce qui les concerne tout les deux. Il aurait simulé son enregistrement à l’hôtel de bon coeur mais il n’est pas encore là. Bien que la situation de Marie-Charlotte soit chaude, pour le moment cette tâche ne nécessite pas les forces spéciales et n'importe qui d'autre fera l'affaire. Je vais m'en occuper, tout à l'heure quand j'aurais terminé d’essayer de répondre à ses questions. La seule chose que j’ai pu prévoir pour nous est de l’emmener à Rome, nous en profiterons pour passer à son hôtel.
Je prends une inspiration les yeux fermés, je ne pensais pas que ce jour arriverait Autant que j’avais hâte d’être avec elle, j’ai appréhendé ce moment longtemps, depuis que nous sommes ensemble et l’anxiété est montée ces derniers jours au fil des heures qui nous rapprochaient jusqu'à ce que nous soyons collés ensemble maintenant. La question de ce que nous allons faire pourrait être annodine et simple si je ne savait pas pourquoi elle est à Rome avec moi. 
Je me demande encore si le voyage en Egypte l'a travaillée, nous n'en n'avons pas reparlé. Ce voyage a été ma première tentative de l'introduire dans mon existence, par amour. Parce-que je suis cavalier et que nous partageons une passion pour les chevaux, je l'ai emmenée rencontrer le miens et monter avec moi. Comme ce geste romantique nous a emmené dans une Oasis séculaire elle s'attend peut être à une autre aventure en me rejoignant à Rome. Comme qu'il n'est généralement pas question d'aller essayer de faire fondre une carte en titane dans les TPE des magasins de luxe de la ville elle n’est pas là pour ça. Pour quoi, qu’est-ce qu’il y a d’autre à faire et qu’est-ce qu’on fait là ?
« Tu m'as prié c'est pour ça que je suis là. »
Je suis complètement sérieux. Ce qui est ironique, c’est qu'elle m'ai souhaité avec une volonté encore plus profonde que celle de sa mère. Les rumeurs, les méfaits avérés à mon sujet, elle ne devait pas se douter qu'en priant au secours c'est moi qui lui serait envoyée. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit elle non plus.
- - -
Le nom du secrétariat s'affiche sur mon iPhone qui sonne, il fait parti de mes appels prioritaires.
« Bonjour Julien j'appelle pour rendre service a votre mère qui n'arrive pas à vous joindre. »
Effectivement ma mère ne fait pas parti de mes appels prioritaires et m'a laissé des appels en "absence". Je l'aurais rapellée plus tard mais elle sait que je décroche toujours pour le secrétariat qui travaille aussi pour elle. Ça signifie le caractère urgent de ce qu'il se passe et je regrette déjà de ne pas avoir décroché quand c'est elle qui m'appellait.
« Elle doit RSVP pour les fiancailles de Marie-Charlotte de Rohan et voudrait savoir si vous allez "daigner descendre de vos grands chevaux pour passer du temps avec elle ? »
C'est donc pour ça qu'une soirée de fiancailles à ses yeux c'est important, elle souhaite que nous passions du temps ensemble. Je sais qu'il y a une part d'affection qui me fait d'autant plus regretter d'éviter ses appels alors par culpabilité j’y réfléchis sérieusement avant de donner ma réponse. Je sais aussi que ma mère aime afficher son fils beau et noble, et si c'est pour impressionner les Seigneurs de Bretagne je comprend qu'elle insiste pour que je vienne.
Je ne pense pas qu'ils seraient impressionés. Nous faisons parti de ce même cercle depuis assez longtemps pour qu'ils croient me connaître sur les faits d'une vie qui m'a ceci dit toujours parrue mensongère. Occupé à représenter la véritable noblesse, je n'ai pas la moindre envie d'impressionner qui que ce soit en société.
« Julien ? »
Mon silence s’éternise parce-que j’ai réalisé qu'il s'agit des fiancailles de Marie-Charlotte de Rohan. Un flashback des années plus tôt quand il arrivait déjà à nos familles de se fréquenter et que je la regardais parce-que je ne trouvais rien de plus interessant que son regard, pendant qu'une autre essayait d'attirer mon attention parce-que ses parents l'avaient envoyée pour le faire.
« On ne m'a pas dit à qui elle se fiançait ? »
« Charles d'Anglemont de Tassigny »
Ça me fait grincer des dents. Lui je ne le connais pas mais elle... Les circonstances on voulues que nous ne nous soyons pas vraiment rencontrés plus tôt mais je sens tout de même la jalousie et je me demande pourquoi nous n'avons pas étés formellement présentés, la Maison de Rohan appartennant à ce premier cercle déjà très fermé. Quelque chose me dérange, comme si...
« J'ai raté quelque chose avec les de Rohan. »
« Un repas dominical ? Vous cherchiez un cheval à l'étranger. »
- - -
« Je me vois dans tes yeux. »
La beauté de l'être aimé est le miroir ou l'amant peut contempler la manifestation de la beauté divine ainsi que le miroir où Dieu se contemple lui même.
« Tu peux me voir tel que je suis. »
Tel que je n’ai jamais laissé personne d'autre me voir. Ma famille, Christopher, Ra Al Dee... Eux me voient depuis longtemps mais c’est différent, ils font parti de mon cercle le plus proche et ils ne sont pas mon amante non plus. Elle l'est, et nous allons nous marier.
J'ai la vie de Roi qu'on me connait faite de voyages exotiques, de jouets très chers, de femmes toutes plus belles les unes que les autres. Et la vie du vrai Roi, comme celle que j'ai ici et qu'elle va découvrir.
«  Je serais en service. Demain je participe à une cémonie de réception à laquelle tu vas assiter. C’est privé. »
C’est le moins qu’on puisse dire. Un nombre de personne si restreint, tous bienveillants à son égart. A la fois si peu intéressés par le scandale de notre relation, et totalement dévoués à ce que volonté soit faite avec grand sens moral. Avant qu’elle me demande quoi que ce soit d'autre à propos de demain, je me redresse pour pouvoir l'embrasser. 
« J'ai aussi prié pour te voir et tu es là. »
Elle est comme une légende personnelle pour moi. Béatrice de la Divine Comédie, Blanchefleur du Conte du Graal, Iseut, Sophia... des histoires qu'elle aura peut-être lues, ou dont elle aura entendu parler. Les contes de chevalerie de mon enfance dans lesquels l'objet de l'amour du héro est d'une importance capitale. Je lui dirais tout de la profondeur de ce personnage, de ce qu'elle représente pour moi. Elle est aussi belle que les chansons la décrivent et jai pour elle un désir ardent, le cuer d’amours espris. Mon esprit s'égare sur le souvenir d'une page de manuscrit de 1457, c'est assez anticlimatique pour que je cesse le baiser que je lui donnais.
« Je te ferais traverser l'Enfer. »
Sous entendu pour l'emmener ailleurs. Il faut une sacrée dose de confiance en soit pour dire une chose pareille tout en étant opposé au mal.
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iiimmx · 5 years
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Lorsque j’ai laissé entendre que je désirais savoir comment Julien avait occupé les jours que nous avons passés loin de l’autre, je ne m’attendais pas, en premier lieu, à une confession concernant son passé. C’est anodin pour beaucoup de gens d’être baptisé. Beaucoup ne le sont pas, ou alors, ils ne le sont que pour répondre à une exigence familiale, comme Léopold, mon aîné. Et si je porte une attention particulière à ces quelques mots, c’est simplement parce que je me rends compte que, dans le fond, Julien et moi n’avons jamais vraiment pris le temps de parler de tout, de rien, de nos passés respectifs, nos familles même… Quand j’y pense bien, nous ne connaissons la famille proche de l’autre que parce que nous nous côtoyons depuis des années sans réellement chercher à se connaître réellement les uns et les autres. Mais, dans le fond, que connaissons-nous de la famille de l’autre en dehors de ce que l’on a pu se raconter, ce que l’on sait par les « on-dit » ? Pas grand-chose. Voilà ce qui ressort lorsque j’apprends qu’il a été baptisé à Reims, alors que, notre foi est pourtant ce qui nous a rapproché, un des piliers de notre relation, sans aucun doute.
Je prends aussi la mesure de ce que cela signifie, en réel. Reims, ce n’est pas n’importe quelle cathédrale. Au-delà de la beauté architecturale, l’ancienneté du bâtiment aussi vieux que nos deux familles… Reims, c’est la cathédrale des rois. Pour le commun des mortels, c’est un lieu historique ou certains privilégiés se permettent le luxe d’un baptême, une communion ou un mariage. Une cérémonie ridicule polluée par la présence des touristes. Ridicule aussi, parce qu’il faut en connaître du monde pour remplir la Dame. Malgré tout, je n’imagine pas une seule seconde le baptême de Julien de cette façon. C’est presque un bond historique qui s’opère alors que je l’imagine poupon, baptisé selon une tradition aussi vieille que son aïeule la Montespan.
A l’heure actuelle, mes rencontres avec les prêtres ne sont que des mascarades pour répondre à ces traditions alors que tout le monde sait, eux les premiers, que ce qu’ils prêchent n’est qu’une illusion à notre époque. Ses doigts d’ailleurs contre la peau de mon cou font monter en moi un frisson irrépressible qui ne devrait pas exister si nous nous tenions, l’un et l’autre, à ces enseignements reçus dès notre plus jeune âge, à l’école ou bien à la catéchèse.
« Marie-Charlotte, il nous reste encore quelques points à aborder, bien que je ne doute pas de votre engagement. » J’hausse un sourcil alors que mon attention se pose sur le prête face à moi. Un homme d’une soixantaine d’années probablement: je lui donne l’âge d’être mon père. Son regard est bienveillant et il me regarde comme si j’étais sa fille. Dans le fond, je le suis, mais ce débat ne semble pas être sa préoccupation. Du moins, pas dans ce sens-là. « Oui ? » Je l’interroge d’une voix douce mais pourtant, je suis suspicieuse. Quels points sont encore à voir, alors que nous avons déjà vu l’engagement envers l’époux, l’engagement envers Dieu. La volonté que j’ai, aussi, de vouloir élever les enfants que j’aurai dans la foi.  
« Ce sujet-là est plutôt délicat, mais… » Il me regarde en scrutant mon regard avant de poser sa main sur les deux miennes installées sur mes genoux. Je me demande ce qu’il cherche dans mes yeux et je lui offre probablement un regard innocent et perdu. Je me demande un instant s’il serait capable de lire dans mes émotions les plus profondes. Ces parenthèses bien cachées que personne ne peut voir, sauf Julien, et Dieu. Je le regarde, droit dans les yeux, appliquée à essayer de percer moi aussi le mystère quand soudain les mots surgissent de sa bouche. « Nous devrions parler du devoir conjugal, de la fornication. » Et je suis soufflée, probablement les joues rouges à l’instant même où les sons se répercutent dans mes oreilles. « Oh. » C’est tout ce que je suis capable de laisser échapper de ma bouche avant de me mordre les lèvres.
« Je ne doute pas de votre bonne volonté Marie-Charlotte, et je doute encore moins de votre foi, de votre engagement. Cependant… » Sa main tapote doucement mes poignets comme pour me rassurer. J’ai la sensation d’être une enfant à qui il compte apprendre la vie. Pourtant, le sujet ne m’est pas inconnu et je dirais même que j’en ai un peu trop appris. Peut-être aurais-je été reconnaissante si Charles avait eu la patience d’attendre après le mariage. Mais cela n’aurait fait que repousser la vérité le concernant. Son impatience, sa violence, son caractère. « Je sais combien les hommes sont soumis à leurs désirs. Et, une jeune enfant, douce comme vous, qui souhaite faire plaisir à tout le monde, son futur époux en premier… » Et je sais exactement ce qu’il cherche. Savoir si oui, ou non, j’ai fauté. Et il n’a pas idée. Je ne suis plus innocente, par la volonté de mon futur époux, comme il le dit, celui pour qui je dois me préserver. Mais, lui, m’a-t-il préservée ? Et la réponse est non, bien sûr que non. Au point où, je lui suis infidèle par la volonté de Dieu.
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Je reviens sur Terre alors que la peau de celui que j’aime effleure doucement celle de ma joue. Ou dois-je être ? Je le lui ai déjà dit. Ma location ne dépend que des personnes concernées. Pour tout le monde, ou presque, je dois être au check-in de ce foutu hôtel à Rome. Pour Jules et Léopold, qu’importe où je suis, tant que je suis loin de Charles. Je présume que cela s’applique aussi à Julien, en partie. « Au Rome Cavalieri. »  Je lui souffle du bout des lèvres alors que je m’affaire à pousser une mèche de ses cheveux qui menace de tomber sur son front. M’imaginer ailleurs en cet instant est douloureux alors je préfère passer rapidement à autre chose, essayer de trouver une alternative pour ne surtout pas risquer de briser notre bulle. « C’est le moment de me dire si Chris ou n’importe qui d’autre est là, prêt à éventuellement récupérer mon Amex pour aller prendre possession de la chambre en mon nom. » J’essaye d’avoir le ton léger, comme si ce n’était qu’une farce, mais cela serait dans le fond une aubaine. Ne pas avoir à quitter les genoux de Julien, ne pas avoir à quitter cette cabine. Laisser quelqu’un d’autre valider la présence de Marie-Charlotte de Rohan dans la suite Petronius. Donner l’illusion qu’elle est là et qu’elle ne souhaite être dérangée sous aucun prétexte pour ne pas dévoiler la mascarade.
Et c’est un peu le cas. Je ne veux être dérangée sous aucun prétexte. Parce que j’ai des milliers de questions à poser à Julien. Parce que j’ai envie de n’être qu’avec lui. Tant de questions qui me démangent maintenant qu’il a fait frémir le rideau derrière lequel se cache son histoire. En Égypte, je n’ai eu qu’une version courte et terriblement superficielle. Et si son passé est encore à découvrir, je me suis surprise, aussi, à essayer de savoir ce qu’il attendait de notre futur tous les deux. Jusqu’alors, j’ai eu la foi et je n’ai jamais douté que nous finirions ensemble une fois que le Premier Aveu avait été mis entre ses mains. Mais, la route est encore longue jusqu’au mariage. Elle l’est déjà jusqu’aux fiançailles, bien que techniquement, nous soyons déjà promis l’un à l’autre, sans le consentement de personne d’autre que nous. Pourtant, je ne peux m’empêcher de m’interroger.
Et plutôt que de me poser des questions sur la rupture de mes fiançailles avec Charles, la réaction de ma mère qui suppliera mon père de me faire enfermer après l’humiliation, celle de mon père qui ne pourra plus me parler ou me regarder sans que son cœur ne lui rappelle la douleur d’avoir sacrifié sa fille et le déshonneur qu’elle cause à son nom… Je n’ai que le bonheur de Julien en tête. J’ai une faible idée de ce à quoi il a renoncé, pour moi, parce que je l’ai supplié au cœur de Notre-Dame, dans les profondeurs dont il m’a ouvert les portes. J’ai pu constater aussi, ce qu’il avait enduré pour me revenir à Gouarec. Mais, encore une fois, je n’ai qu’une partie des informations. Et dans le fond, j’ai mal de savoir qu’il se retient, que nous ne partageons pas tout.
« Qu’as-tu prévu ? Pourquoi sommes-nous ici ? » Je lui demande avec l’espoir que peut-être, nous allons avoir du temps pour justement partager ce qui est encore flou entre nous. Passé, présent, futur. Parce qu’il ne voulait pas de limites entre nous. J’ai envie de lui parler de moi enfant, l’entendre me raconter ses souvenirs dans sa campagne. Peut-être en apprendre plus sur ses relations avec ses parents, en savoir plus sur eux aussi. Si j’ai peur de la réaction des miens quand je vais basculer leur plan, je me doute que chez lui, ce n’est pas non plus le monde des bisounours. Les histoires de Julien sont connues et l’avenir tracé par ses parents probablement aux antipodes de celui qu’il s’était dessiné à l’époque et qu’il dessine encore aujourd’hui.  Je ne suis pas un choix idéal, je le sais. J’ai même quelques vagues souvenirs de ma mère, tentant de m’introduire sous les yeux de celle de Julien en espérant peut-être qu’en obtenant la faveur de la mère, j’obtiendrai celles du fils.
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Le ventre rond de Diane ne trahit personne et le sourire qu’elle porte sur les lèvres non plus. Antoine est à ses côtés, souriant lui aussi. Moi, je les regarde, intriguée. L’image du bonheur qu’ils renvoient est impeccable. Aussi lisse qu’une ouverture de magazine. Elle est jolie avec ses boucles blondes et son air radieux et le regard que mon frère porte à celle qui est sa femme est de ceux qui rendent jalouse n’importe quelle autre femme. Sauf moi. Moi, je me contente de trouver ça attendrissant alors que mon père approche et passe son bras autour de mes épaules. Je ne me fais pas prier pour tomber doucement contre lui, un main contre son flanc. La proximité de mon père est douce et je la chéris. Ses lèvres se posent sur mon front avant qu’il ne plante son regard aussi noir que le mien sur la Bretagne devant nous. Il fait grand soleil sur Gouarec aujourd’hui, la chaleur est écrasante, et je sais qu’il se voit déjà aller naviguer après le déjeuner. Aussi fort que j’aime monter à cheval, lui, il préfère le tempo de la mer.
Nous sommes différents et pourtant similaires. Discrets mais avec un sens de la famille indéniable. C’est peut-être pour cela que notre relation est étrange. Nous ne sommes pas proches, et pourtant, pas étrangers l’un à l’autre, comme le prouve notre proximité. Il entretient avec moi une relation différente que celle qu’il entretient avec mes frères. Eux, il les tient fermement dans un chemin tracé pour faire briller le nom de Rohan. Moi, il se contente de me regarder sourire, de loin le plus souvent.
« Madame Charlotte a encore les faveurs. » Je lève les yeux pour voir que ceux de mon père lui roulent dans la tête. Guillaume fait son apparition dans un short et un t-shirt qui lui donnent des airs de touriste. Il est loin de la classe d’Antoine ou du sérieux de Léopold qui arrive à son tour. Je sais que Guillaume aimerait une relation moins conflictuelle avec notre père, mais, ce qui lui arrive, il le cherche en allant à l’encontre de tout ce qui a toujours été attendu de lui. « Macha a toujours les faveurs. » C’est Léopold qui tente de clore la conversation avec son regard perçant rivé sur son benjamin, mais le dernier mot revient au patriarche. « Macha aura toujours les faveurs. Elle me fait moins de cheveux blancs que vous tous. » Une façon gentille de rappeler à mes frères qu’ils sont cause de soucis pour lui. Léopold qui traîne dans ses études et qui n’est toujours pas marié. Antoine qui lui, ne brille pas assez en société et qui préfère son métier de médecin aux mondanités. Et enfin, Guillaume. Guillaume, l’enfant sauvage qui a refusé les études de droit que mon père lui destinait. Guillaume, qui enchaîne les soirées et les conquêtes, au risque d’entacher sa réputation et le nom de Rohan par la même occasion.  Et puis, il y a moi. Dernière de la fratrie, l’enfant que personne ne voulait vraiment, l’enfant de la dernière chance pour un couple à la dérive six ans après celui qui devait être le dernier.
« Marie-Charlotte aura bien vite fait d’en être la cause. » La voix de ma mère retentit derrière nous, et par instinct je présume, nous nous séparons mon père et moi. Si la relation avec mon père est étrange et complexe, celle avec ma mère est simple. Je ne suis qu’une complication à ses yeux. Dans les miens, à côté du bonheur de Diane et Antoine, quand mes parents se retrouvent ensemble, je ne vois qu’une image en solde du bonheur. Malgré tout, ils essayent et je présume que c’est aussi cela, l’amour.
« Et pourquoi donc ma petite Charlotte me causerait des cheveux blancs ? » Mon père semble certain que je ne serai jamais un fardeau pour lui et je sais que je m’appliquerai toujours à faire de mon mieux pour le satisfaire. Ma mère prend ma place contre mon père, mais l’interaction est froide, comme de vieux réflexes alors qu’elle l’entraîne vers la table pour le déjeuner. « Elle a 16 ans et c’est à peine si elle suscite l’intérêt. » Et le venin sort de sa bouche comme un bonjour. Parce que mes 16 ans sont un problème pour elle. Je suis une copie de ce qu’elle était, avant. Grande et relativement fine, de longs cheveux blonds angéliques. Seuls mes yeux noirs du Rohan trahissant mon appartenance à la maison bretonne. Je baisse les yeux alors que je suis le mouvement pour aller m’installer à table. Léopold qui s’assoit à mes côtés se contente de m’offrir un sourire réconfortant.
« Elle a le temps, Sophie. Encore un an ou deux. »  Si mon père ne semble pas inquiet, il ne semble pas comprendre la vraie motivation de ma mère a me voir partie rapidement. Celle d’être la seule femme présente dans la vie de mon père de façon quotidienne, la seule de Rohan a briller. Car c’est bien là, le but de sa vie. « Non, justement. On m’a rapporté que le fils de Rochechouart était de nouveau célibataire. » Je tourne les yeux, sourcils froncés pour regarder ma mère qui s’installe, posant impeccablement sa serviette sur ses genoux croisés. L’information a l’effet d’une bombe, car lorsque je tourne la tête, je vois dans ceux de mon père qu’il ne sait pas comment réagir à cette nouvelle. « En même temps, il fallait bien se douter que son histoire merdique avec une bonniche ne pouvait pas durer, franchement… Surtout pour lui. » Guillaume semble certain de ce qu’il avance avec une nonchalance qui lui est propre. Il est le roi des rumeurs et je me doute qu’il en sait plus que ma mère sur le sujet. « Guillaume. » Mon père le rappelle à l’ordre d’un ton sec et l’enfant indiscipliné rentre dans le rang. « Toujours est-il qu’ils viennent déjeuner dimanche prochain. »
L’annonce de ma mère semble ferme, et je n’ai de toutes les façons pas mon mot à dire concernant ses projets. La main de Léopold se serre contre mon poignet et je me tourne pour le regarder. Le sourire qu’il m’offre est sincère et je sais que lui aussi, on lui impose un tel cirque. Lui, malgré tout, on lui laisse un minimum le choix. Mon père semble perdu un moment alors qu’il regarde droit dans les yeux de ma mère à l’autre bout de la table, ses yeux noirs troublés. « Peut-être, alors, que Marie-Charlotte sera la cause de ma mort si elle se marie à Rochechouart. »
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iiimmx · 5 years
Text
Je trouve qu'au contraire ça à beaucoup de sens qu’elle se sente mieux ici quand elle a quitté l’enfer du monde des hommes qu’elle à décrit comme étant "les pires" pour être ici.
Elle s’est sentie mieux dès l’instant où la porte s’est refermée sur nous et que l’atmosphère à changée comme pour nous isoler du reste du monde et elle trouve enfin la liberté de se défaire de certaines attaches liée à l’extérieur pour se permettre de se rapprocher de moi.
Elle ne peut pas se défaire de toutes ses chaines et Charles aura fait en sorte qu’elle s'en souvienne où qu’elle aille et quoi qu'elle porte, même si elle ne porte rien. Mais si elle va porter ces couleurs alors il y sera mit un terme effectivement pour que bientôt, ce ne soit plus que nous.
« J'ai été baptisé à Reims. »
Je pense à voix haute. Les lieux de cultes ont la part belle, nos destins se croisent dans les lieux sacrés comme à Notre-Dame, et ça retient mon attention comme son pendentif que je découvre en carressant son cou. Je ne me préocuperais pas d'un bijou si celui-ci n'étais pas d'une valeur si véritable que je pourrais supplier Marie-Charlotte de m’emmener à l'église maintenant. On ne peut pas se permettre de perdre Valor dans un incendie à la hauteur de nos péchés, alors je laisse sa croix tranquille non sans renouveler silencieusement mon engagement envers Marie-Charlotte à qui elle appartient et demander faveur pour cet équipage qui n'existe que pour aller contre le mal, et une bénédiction divine ne peut pas être de trop. Paradis contre Enfer.
« J'ai prié aussi. »
Beaucoup. D'autant plus que Rome est une ville parfaite quand il s'agit de trouver le meilleur endroit pour le faire avec de l'influence. Des heures de contemplation plus tard, partir en croisade avec la foi de mettre un terme à la guerre sous la protection de votre bouclier. Régler le problème de Charles, et puisqu’elle en parle régler mes propres problèmes aussi.
« Et travaillé. »
Le business familial. Je ne saurais pas par où commencer si j'avais l'intention d'en parler maintenant. Marie-Charlotte n'est pas idiote et elle mérite de savoir ce qui se passe dans ma vie et je lui en parlerais plus tard. Même sans en savoir beaucoup elle doit se douter vu ses propres fiancailles que les conséquences son grandes à vouloir les rompres. Je ne me détourne pas des miennes facilement non plus, ça ne s'est pas améliorée et j'en suis responsable, ça me prend du temps de résoudre les problèmes que j'ai crées pour pouvoir me marier avec Marie-Charlotte enfin, parce-qu'il n'y a qu'elle.
« Et j’ai autant pensé à toi, j’avais hâte de te revoir. »
J’ai prié, travaillé, pensé à elle. C’est très superficiel pour répondre à ses questions, tout comme j’effleure seulement sa joue de la main. Je la regarde comme si moi non plus je n'avais plus envie de penser à autre chose qu'être avec elle, mais si la réalité nous rattrape jusqu'ici parce-qu’elle a planifié sa couverture ce n'est pas quelque chose que j'ai envie d'ignorer.
« Où dois-tu être ? »
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