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banquieralpin · 9 months
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La régulation ne remplace pas l'honnêteté
Les crises financières du début du siècle ont fait revenir en force la régulation bancaire pour mettre un coup d'arrêt à des pratiques variées qui mettaient en danger l'économie et les clients des banques.
Défenseurs et critiques de la régulation échangent des arguments souvent très riches sur les vertus ou au contraire les effets pervers que les nouvelles règles induisent, qu'il s'agisse de leur effet sur l'activité économique ou sur les comportements de ceux qu'elles visent à mettre au pas. L'objet de ce post n'est pas d'y revenir mais de faire état d'une expérience plus personnelle.
Le monde de la finance et de la banque en particulier est assez éloigné de l'image que l'on peut s'en faire, c'est-à-dire d'un club de bourgeois obsédés par l'argent, sans scrupules et grossièrement matérialistes. La culture de beaucoup de salariés de banques repose sur un vrai sens du service des clients et de la maîtrise du risque. L'idée d'arnaquer madame Michu ou de prendre des positions inconsidérées sur le mode "après moi le déluge" les révulse autant que le grand public dans son ensemble. A mon sens, une grande partie de la stabilité financière et de la qualité des échanges entre banques et clients repose autant sur cette culture professionnelle que sur une quelconque régulation.
Cette régulation est néanmoins là pour servir de garde-fou et surveiller les personnes malhonnêtes (qui existent comme partout ailleurs). Mais elle me semble incapable de saisir l'ingéniosité que les escrocs et les gens peu scrupuleux peuvent déployer pour parvenir à leurs fins. J'ai vu à plusieurs occasions des moments où tous les processus mis en place ne pouvaient guère empêcher des attitudes malhonnêtes : présenter un risque sous un jour extrêmement biaisé, faire preuve de mauvaise foi à l'égard d'un client, user de sa crédibilité personnelle pour éviter de devoir rentrer dans les détails d'une situation complexe et mettre la poussière sous le tapis, profiter de son autorité hiérarchique pour dissuader des voix de s'élever... Paradoxalement, la forte réglementation crée l'illusion de la sécurité en suggérant que si les process sont formellement respectés, alors le fond de l'affaire est sain. Ce n'est hélas pas toujours le cas.
Les chefs de divisions et équipes bancaires qui veulent s'assurer de la conformité de leurs activités aux règles éthiques, prudentielles et déontologiques, doivent autant s'intéresser à la mise en place de processus décisionnels et de contrôle robustes, que faire preuve de clairvoyance humaine. Ils doivent être capable de distinguer les menteurs des honnêtes gens afin de savoir à quoi s'en tenir quand on leur affirme quelquechose. Une culture d'entreprise qui promeut la transparence et l'honnêteté, encourage la discussion et les remises en question est un rempart contre les abus au moins aussi important qu'une batterie de check-lists et de processus décisionnels alambiqués. En somme, la régulation est nécessaire mais non suffisante, et ne fonctionne vraiment qu’en tandem avec une gestion éclairée des ressources humaines et de la culture de travail.
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banquieralpin · 9 months
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Musculation minimaliste
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Simple is beautiful.
Cet article reprend et étoffe par endroits le fil Twitter que j’ai posté au sujet de mon programme de musculation et mes nombreux états d’âme en la matière.
Pourquoi un programme de muscu minimaliste ? Cela commence par trois constats :
La musculation en salle n’est pas mon truc. Les séances m’ennuient, les salles parisiennes sont généralement bondées, l’offre est bof, et, surtout, la logistique et l'organisation sont très compliquées à cause de mes horaires de boulot prenants et souvent changeants. Bref, aller à la salle relève à la fois de la corvée et de la contrainte, ce qui nuit beaucoup à la motivation.
De Reddit aux forums de go-muscus en passant par les nombreux conseils de twittos et de youtubeurs, la bro science de la musculation est richissime, souvent contradictoire, et difficile à appréhender pour soi-même. A force d'avoir trop de choix et trop d'options, on finit par se perdre et à faire du sur-place.
La seule chose qui ressort de façon cohérente de toutes les discussions sur la musculation est que les progrès prennent du temps et de la constance. (Vous me direz, c’est pareil pour apprendre d’un instrument ou une langue étrangère.)
Ces constats effectués, que faire ? Tout dépend des priorités. Si l’idée est de devenir très musclé, c’est mal barré : il faut y passer beaucoup de temps dans la semaine, et s’intéresser de près aux aspects techniques au risque de créer des déséquilibres ou des blessures.
Si en revanche le but du jeu est d’être fit, vraiment, c'est-à-dire au sens esthétique mais aussi au sens d'un exercice qui fait du bien au corps et à l'esprit (mens sana in corpore sano, tout ça), sans en faire le cœur de ses loisirs, la réponse que je veux tester désormais est, pour résumer : « simple is beautiful ». Autrement dit, il faut trouver un entraînement qui soit simple à réaliser, pas trop long et aisément adaptable pour maintenir un maximum de régularité en dépit des aléas de l’emploi du temps etc.
J’ai donc décidé de me concocter un programme qui se fasse en moins de 30 minutes, échauffement compris, 3 fois par semaine, principalement au poids du corps (même si un peu de matériel est nécessaire) avec des options de substitution et d’adaptation.
Je vous livre le programme pour le commenter un peu après. Il consiste en un superset à faire 3 fois comprenant :
Pull (tractions)
Push (pompes)
Jambes (squats)
Epaules (pompes piquées)
Abdos
On sépare bien le push des épaules pour laisser un petit peu de récup.
Les adaptations sont faciles :
Les tractions nécessitent une barre de traction mais si vous n’en avez pas lors d’un week-end ou des vacances, on peut remplacer cela avec un exercice de tirage au TRX par exemple.
Les pompes, cela s’adapte aux besoins. Pour ma part, j’ai besoin de prêter une attention particulière à cet exercice pour bien mobiliser les pectoraux : il me faut des poignées pour rehausser les mains et accroître l'amplitude basse du mouvement, les faire déclinées pour mieux solliciter le haut des pectoraux, et conscientiser le mouvement pour que l'activation ait bien lieu. Je n'ai pas la chance de ceux qui prennent deux centimètres d’épaisseur de pecs rien qu’en refermant une porte.
S'agissant des squats, on peut en adapter la forme pour travailler les jambes différemment. On peut les lester aussi (ce que je fais avec un kettlebell).
Pas très orthodoxe mais à mon sens acceptable, si on manque de temps on peut sabrer les exercices 4 et 5 : les abdos se travaillent tout le temps et les épaules sont travaillées secondairement par les pompes et les tractions.
L’essentiel à mon sens est de pouvoir glisser cela facilement dans un emploi du temps dense et changeant. Sur le moment, c’est assez intense (et il faut se reposer correctement entre chaque superset) mais cela donne la possibilité de rester très régulier dans la durée.
En option, on peut faire une séance plus longue pour mieux travailler certains mouvements (je pense par exemple à ajouter des dips ou des tirages horizontaux pour compléter) ou en faisant un quatrième superset. On peut aussi varier les exercices sur une semaine pour être plus complet. Je le garde en tête de mon côté mais pas pour tout de suite.
Enfin, comme l’a vite fait remarquer @wittgensteinien, la dimension esthétique de la musculation est indissociable d'un régime alimentaire convenable. On dit à la louche que cela compte pour 80% du résultat, il ne faut donc pas se tromper de bataille.
Micro-bilan au 23 juillet : après un peu plus d'une semaine et 4 séances, je suis content du faible temps que cela prend. En revanche le recrutement des pectoraux reste un exercice très difficile.
Photo : Diadumène de Délos, musée archéologique d'Athènes.
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banquieralpin · 3 years
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Complexe géographie française
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L'État a toujours soutenu ses territoires, Laurent Davezies (2021)
Vous avez sans doute entendu parler du livre La France périphérique de Christophe Guilluy, qui a défrayé la chronique et a prétendu trouver une nouvelle grille de lecture pour comprendre le vote populiste. Selon lui, l’abandon de pans entiers du territoire national, résultant dans un affaiblissement économique et une perte d’identité, a précipité cet engouement électoral pour, notamment, le Rassemblement national.
Il faut dire que cette thèse est tentante : elle oppose confortablement des élites urbaines déconnectées de la “terre”, raflant la mise de la mondialisation et se pinçant le nez devant “les beaufs” ; à un pays profond sacrifié sur l'autel de la concurrence, dépossédé de ses maigres services publics et injustement présenté comme arriéré. Bref, les bobos contre la France éternelle. Évidemment, la réalité est rarement aussi caricaturale, et ce livre a suscité beaucoup de controverses, allant des simples procès d'intention à des critiques sérieuses quant à sa méthode et à sa rigueur scientifique.
Dans L'État a toujours soutenu ses territoires, Laurent Davezies conteste en grande partie cette grille de lecture. Selon lui, les mutations géographiques, sociologiques et économiques de la France ont été très fortes et ont certes pu donner naissance à une « géographie de l’angoisse », mais l'idée d'un abandon n'est pas confirmée par les chiffres. Je ne vais pas reproduire ici tout le cheminement que Davezies effectue au cours de ses quelques cent pages, mais je souhaite m'arrêter sur quelques unes des idées qu'il met en avant et qui me paraissent particulièrement intéressantes.
D'abord, ce petit livre offre une description éclairante du phénomène de métropolisation que la France connaît depuis quelques décennies, par lequel quelques communes et leurs alentours ont drainé population, emplois et production de richesse. Sur 2007-2018, elles ont vu leurs emplois privés progresser de 8% contre 3% au niveau national. Ce phénomène de concentration, par essence inégalitaire, s'est fait surtout au bénéfice de quelques aires urbaines comme Toulouse (+22%) et au détriment d'autres (comme Metz ou Nancy). Il reflète aussi les mutations du travail en France, avec l'importance croissances des métiers du numérique, des services supérieurs aux entreprises ou encore de l'ingénierie, métiers qui s'épanouissent assez naturellement en zone urbaine. Au sein même des aires urbaines, ce sont les communes centrales qui profitent le plus de la tendance. Ainsi, Paris, qui après une période de stagnation voire de déclin en termes de nombres d'emplois privés dans les années 1990 et 2000, a vu ces chiffres repartir fortement à la hausse après 2007.
Si ce phénomène semble aller dans le sens de l'idée d'une France périphérique abandonnée, ses effets secondaires viennent fortement nuancer ce propos. En distinguant le PIB, mesure de la production, et le revenu disponible brut (RDB), mesure de ce qui reste disponible pour la consommation et l'épargne, Davezies met en lumière les nombreux transferts de richesses réalisés par les métropoles au profit des territoires frappés par une perte d'activité. Si le PIB d'un territoire est supérieur à son RDB, ce territoire contribue financièrement à soutenir les autres, et inversement. Par exemple, la métropole de Lyon génère un PIB supérieur de 8,3 milliards d'euros à son RDB. A contrario le reste du département du Rhône bénéficie d'un RDB supérieur de 1,1 millard d'euros à son PIB. Ces transferts n'ont pas lieu uniquement via les mécanismes publics de redistribution mais se produisent également sous l'effet des comportement privés.
En effet, il est important de noter que les communes centrales, si elles se taillent la part du lion en termes d'emploi et de valeur ajoutée, n'en font pas bénéficier que leurs habitants. Les transports régionaux permettent aux habitants de nombreuses communes extérieures, de se rendre dans le centre urbain pour y travailler et y percevoir leurs revenus, qui sont ensuite dépensés sur leur lieu de résidence. Ainsi, si la concentration semble inégalitaire, elle rend au contraire le marché de l'emploi plus grand et accessible à un plus grand nombre de personnes que si les emplois étaient plus dispersés. Par ailleurs, les transferts “privés” interviennent aussi grâce aux résidents des centres urbains, qui touchent des revenus conséquents et vont régulièrement les dépenser à l'extérieur de l'aire urbaine. Par exemple, les résidences secondaires des Franciliens se situent à 350-400km de leur résidence principale (et environ moitié moins pour les “Grands Lyonnais” et les “Grands Toulousains”).
Sur le plan des transferts publics, de nombreuses zones bénéficient en réalité de filets de sécurité. Par exemple, le secteur public demeure un employeur important, et se distingue même dans certains territoires en compensant fortement l'hémorragie d'emplois privés vers les métropoles. La protection sociale a elle aussi été un amortisseur majeur dans les zones frappées par une baisse de l'activité. La dotation générale de fonctionnement aux communes agit aussi comme un instrument de péréquation au bénéfice des territoires vulnérables. Il faut aussi noter l'importance jouée par les retraités qui, après avoir cotisé dans leurs bassins d'emploi, se déplacent dans des zones économiques moins dynamiques où ils perçoivent des revenus (RDB) générés par les actifs des zones métropolitaines.
Si l'on quitte la perspective des emplois et de la production pour se pencher sur les services publics, on constate également que les idées reçues sont fausses ou du moins caricaturales. Ici, la géographie prend tout son sens puisque les inégalités territoriales sont davantage liées à la différence de densité de la population qu'à un manque de ressources pour les territoires situés en-dehors des grandes métropoles. Alors que la France compte un médecin généraliste pour mille habitants, un groupe de communes isolées identifié par Davezies bénéficie du même niveau de couverture alors que celui-ci se situe à 0,9 en Île-de-France. Sur l'éducation, les moyens déployés par élève sont les mêmes que dans le reste de la France, avec certaines régions plus favorisées (Corse en tête). Le vrai facteur discriminant est donc la densité et les distances à parcourir : il y a 80 généralistes pour 100 km2 en Île-de-France, contre 2 dans les communes isolées. Avec une pointe d'ironie sans doute destinée aux habitués du yakafokon, l'auteur souligne qu'il faudrait recruter 116.000 généralistes supplémentaires pour combler cet écart (au bénéfice de 5% de la population), alors que le pays n'en compte actuellement que 61.000.
Elargissant le débat, Davezies bat en brèche les diagnostics faux sur l'état social de la France, selon lesquels la mondialisation a conduit à une explosion des inégalités et à un recul massif des protections sociales. En tout état de cause, la dépense publique bat régulièrement des records et les amortisseurs existent et fonctionnent. De son point de vue, c'est plus la stagnation générale du niveau de vie, depuis plusieurs années, qui peut être responsable de la défiance de certains électeurs à l'égard des politiques traditionnelles.
Il me semble que le rapport entre le PIB et le RDB est un bon outil. Lorsqu'un territoire bénéficie d'un RDB supérieur à son PIB, on peut effectivement faire le constat du soutien apporté par les régions plus riches. Mais cet indicateur peut en dire davantage. Cet état de fait est peut-être pour beaucoup dans une sorte de déprime ou un sentiment de déclin, que les transferts sociaux variés ne peuvent pas vraiment compenser. Lorsqu'un bassin industriel disparaît, les transferts économiques qui résultent du phénomène d'ensemble sont sans doute une maigre consolation face au sentiment de perdre son identité, son indépendance et sa fierté.
L'Etat a toujours soutenu ses territoires est édité chez Seuil, dans la collection République des idées.
Crédits photos : Lyon vu depuis la Basilique Notre-Dame de Fourvières, par Celeda, CC BY-SA 4.0.
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banquieralpin · 3 years
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Mieux appréhender le monde avec Hans Rosling
Factfulness, de Hans Rosling et al. (2018)
« You know nothing, Jon Snow. » Et moi non plus. Même avec des diplômes, un intérêt certain pour l’actualité mondiale et les moyens d’apprendre encore plus, je ne sais pas grand chose sur le monde contemporain. Des croyances, oui. Mais du savoir ?
En réalité, notre vision du monde est définie par des schémas et des préjugés qui sont faux. Ce n’est pas tant l’existence d’aprioris qui est problématique : dans un monde aussi vaste et aussi complexe, nul ne peut espérer avaler les milliards de données et statistiques qui existent, et un peu de schématisation et de simplification sont nécessaires. L’ennui, en ce qui concerne la vision du monde que les Occidentaux peuvent avoir, c’est que ces schémas ne sont pas seulement approximatifs, ils sont structurellement erronés, souvent datés, et influencés par des réflexes qui nous éloignent de la vérité. En conséquence : un pessimisme de mauvais aloi, et une vision des choses caricaturale qui rend les décisions hasardeuses, dans les affaires comme en politique.
Hans Rosling, parti d’une formation de médecin et spécialisé dans la santé publique, a passé de longues années à militer pour corriger ces erreurs grossières de conception, notamment à travers sa fondation Gapminder fondée en 2005. Son livre Factfulness est une sorte de condensé de ses travaux par lequel il met au jour les faiblesses fatales de notre jugement sur le monde, en isolant dix problèmes, qui vont de la tendance à séparer les choses en deux groupes (par exemple, “nous” et “eux”) alors que la réalité est beaucoup moins binaire ; aux tendances à la négativité et au fatalisme.
En nous incitant à adopter une vision du monde plus proche des faits (la fameuse factfulness), Rosling ne s’emploie pas, au fond, à nous nourrir de données actualisées sur l’état du monde. Les statistiques sont, somme toute, relativement rares dans son livre, hormis pour démontrer comme des préjugés peuvent être faux. Il nous invite plutôt à renforcer drastiquement notre esprit critique, afin d’éviter les pièges que notre instinct et notre environnement informationnel nous tendent. Qualités que l’école et les études sont censées nous apprendre mais qui requièrent d’être affûtées régulièrement.
Tout en nous apprenant à déjouer les pièges et les biais, Rosling tente de nous présenter les grandes lignes du monde du début du XXIème siècle. Il nous peint d’abord un monde qui n’est plus divisé entre pays riches et pays pauvres, ni même en trois catégories, mais comme un ensemble beaucoup plus complexe et flou. Par exemple, l’espérance de vie ne montre pas de discontinuité particulière à l’échelle du monde, mais un continuum entre les pays en meilleures santé, un grand espace de situations intermédiaires, et enfin des pays très faibles sur ce plan. Rosling divise par ailleurs les pays en quatre catégories en fonction du revenu journalier et nous montre que l’écrasante majorité de la population mondiale (environ 5 milliards d’humains sur 7) vit dans les deux catégories intermédiaires, c’est-à-dire avec un revenu supérieur à $2 et inférieur à $32. Enfin, par des illustrations très concrètes, il douche le pessimisme ambiant en expliquant par exemple comment le passage d’une catégorie à une autre représente un changement radical de la vie quotidienne des intéressés et de leurs perspectives.
En tant que lecteur français, et donc habitué au style académique des essais publiés en France, j’ai été au départ un peu dérangé par le style oral adopté dans ce livre. On reconnaît le caractère de pédagogue de l’auteur ainsi que son recours fréquent aux anecdotes et aux expériences personnelles pour illustrer ses dires. Cela demande un temps d’adaptation et pourrait, aux yeux de certains, diminuer à tort la valeur du propos.
Par ailleurs, on ne trouvera pas dans ce livre de réponse à la question pressante, dans cette ère de faits alternatifs et de conflits d’intérêts : comment approcher de la vérité, quand celle-ci requiert des connaissances de plus en plus pointues ? quand elle fait l’objet de vives controverses scientifiques, que la presse semble ne présenter qu’en y ajoutant un peu plus de biais idéologiques ou de raccourcis ? Beaucoup de sujet contemporains font l’objet de débats politiques mais sans accord préalable sur les constats factuels : nucléaire contre EnR, agriculture bio contre agriculture conventionnelle, vaccins, et j’en passe. Faire le tri entre le vrai et le faux, par-delà ce qui relève du choix et de la prise de risque, est de plus en plus difficile, et l’exercice de l’esprit critique ne nous conduit guère qu’à un dépit général face aux difficultés à se référer à un consensus scientifique et à des sources fiables en matière de vulgarisation.
On sort de cette lecture armé à la fois de scepticisme et d’optimisme. Scepticisme face à la masse d’information que nous recevons et que nous devons traiter. Optimisme après une lecture revigorante et inspirante, qui nous invite à voir le progrès de l’humanité dans son ensemble à rebours du décroissantisme champêtre de certains ou du repli nationaliste et identitaire ambiant.
Factfulness est édité en anglais chez Sceptre et sa traduction française est éditée par Flammarion.
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