Tumgik
#et qui me dit que je suis maigre comme un clou
perduedansmatete · 3 months
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« bah t’as grossi toi » ah bah d’accord
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macadamiasoo · 3 years
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Jusque très tard, je pensais être moche parce que j’étais grosse
Il y a quelques mois, j’étais dans un magasin et à la caisse, un petit garçon m’a pointée du doigt et a dit à sa mère que j’étais grosse.
Il y a quelques mois, j’étais assise dans le bus. Une dame s’est posée à côté de moi et m’a demandé si je pouvais changer de place parce que je prenais tout le siège et qu’elle ne pouvait pas s’asseoir.
Il y a deux ans, on m’a humiliée à l’entrée d’un parc aventures alors que je respectais toutes les normes inscrites sur leur site.
Quand je vais voir un médecin, on me dit que j’ai mal à la gorge, à la cheville, que je n’arrive pas à respirer "parce que je dois maigrir". Résultat des courses ? J’avais de l’anémie et une fracture. Je vois déjà les commentaires, "t’as eu une fracture parce que ton poids appuie sur ta cheville."
Et bien, non. Et puis, même en quoi ça vous regarde ?
Les gens sont étonnés quand je dis que je vais faire du sport alors que j’en ai pratiqué en haut niveau pendant plus de la moitié de ma vie.
Quand on change de corps, on voit le changement de comportement des autres. Ça fait mal au début mais à la longue, ça fait surtout rire. Les gens sont tellement superficiels et ne s’en rendent même pas compte.
La prochaine fois que vous êtes dans les transports en commun (si Madame la pandémie nous laisse tranquille), regardez comment réagissent les gens quand ils voient une personne "grosse"  s’asseoir à côté d'eux. Il y a les plus courageux qui changent de place et il y a ceux qui se dandinent sur eux-mêmes parce qu'ils sont serrés et n’osent pas aller s’asseoir ailleurs.  Il y a aussi ces magasins dont les tailles commencent au 34 et s’arrêtent au 42. Bien sûr, toutes celles qui ne rentrent pas dans cette tranche sont stigmatisées. Soit on leur suggère d’aller chercher leurs vêtements au rayon enfants soit on leur propose d’aller s’habiller chez les hommes oubliant que c’est aux marques de s’adapter à la population, à toutes les morphologies et pas le contraire.
On diffuse à la télévision ces émissions de relooking qui te promettent un changement considérable dans ta vie en te faisant perdre 10 kilos. Maigrir, c’est la clé du bonheur, un portail magique qui te donnera amour, travail et argent, c’est bien connu. Le Monde est si superficiel.
C’est un comportement vu maintes et maintes fois et normalisé dans les films et séries. La typique fille ronde rejetée par le garçon qu’elle aime entamera un régime pour être enfin "digne de lui".
Des séries glorifient même la grossophobie : Insatiable par exemple. On pourrait expliquer pendant des heures et des heures pourquoi rien ne va dans cette série. Pas étonnant que de nombreux ados ronds se sentent rejetés lors de leurs premiers émois amoureux, époque où le physique est plus important que n’importe quelle autre chose. Mais est-ce que ce rejet de la personne ronde change en grandissant ? J’en doute.
Être mince ne veut pas forcément dire être sain. Être gros ne veut pas forcément dire être en mauvaise santé. La vérité, c’est qu’on préfère te voir mince (voire maigre) et au bord du suicide que gros et bien dans ta peau.
On félicite ceux qui maigrissent sans même savoir s’ils n’ont pas un problème mental, un problème sous-jacent. On occulte l’existence des troubles alimentaires. Plus tu maigris, plus on te félicite. Tu n’as qu’une envie, c’est de leur répondre : "Si tu savais. Si tu savais. Si tu savais que j’ai failli tomber 3 fois dans les pommes depuis ce matin tellement je ne mange pas, tellement je mange rien."
On insulte et juge ceux qui grossissent. Regardez ce qu’a subi Lana del Rey. J’ai lu des personne dire qu’elle n’avait que ce qu’elle méritait. "Ce qu’elle méritait" ?
Être "trop" gros ou être "trop" mince c’est comme faire partie d’un club : celui des rejetés, celui des anormaux.
Ça m’énerve profondément quand j’entends que la grossophobie n’existe pas. Elle est tellement présente partout qu’on ne la voit plus. Lorsque l’on est gros et que l’on se sent super bien dans son corps, la société et surtout l’entourage se sentent obligés de te rappeler qu’être gros n'est pas normal.
On te dit que vivre dans un corps trop gros, c’est promouvoir l’obésité. On te dit que tu dois aller faire du sport parce que tu montres un mauvais exemple aux jeunes. Ces mots sont généralement prononcés par des personnes qui regardent la télé-réalité.
Alors au final, comment pourrait-on se sentir bien dans notre corps ?  Comment pourrait-on se sentir bien avec nous-mêmes ? Et même avec ce texte, on va me dire que je suis en train de faire la promotion de l’obésité. Vous croyez vraiment que j’ai envie qu’une autre personne vive ça ? Certainement pas.
Dans ma vie, j’ai vécu les deux situations : être plus mince et sportive - Le pire, c’est qu’on me disait que j’étais grosse alors que je ne l’étais pas - et être plus grosse et jugée et/ou discriminée. J’ai entendu des réflexions tellement débiles et je me demande comment on a pu oser prononcer ce genre de phrases.
Du genre : "C'est bien que tu oses t'amuser", "C'est bien que tu oses danser.", “C’est bien que tu oses porter des jupes.”
Oser danser ?
Oser porter des jupes ?
Oser s’amuser ?
Être confronté à ce genre de réflexions, c’est comme entendre, c’est comme te cracher au visage que tu n’étais pas normal, que tu devais avoir honte de vivre dans ton propre corps.
Si vous n’avez jamais été humiliés parce que vous êtes gros, vous ne savez pas ce qu’est la grossophobie. Si vous n’avez jamais été humilié ou pris des réflexions parce que vous êtes trop maigres, vous ne savez pas de quoi je parle. Les réflexions du genre : "Tu es anorexique."
L’anorexie est une maladie mentale grave et sérieuse et pas un physique. On peut peser 60 kilos et être anorexique.
Une discrimination tellement inconnue qu’on dit qu’elle a été inventée par "les gros pour justifier leur paresse." C’est bien connu, si vous êtes gros, c’est de votre faute.
Alors qu’en réalité, notre corps change, notre corps grossit pour plusieurs raisons : la mauvaise alimentation, bien évidemment mais aussi les troubles hormonaux, les troubles alimentaires, les problèmes de thyroïde. Et oui, les troubles alimentaires font grossir. La boulimie fait maigrir puis grossir puis maigrir puis grossir, l’hyperphagie te fait tripler de volume.
Au final, c’est une vraie phobie, celle d’être gros. L’autre jour, je regardais un reportage sur Arté et une phrase symbolisait tout ce dont je suis en train de parler. "Une société qui fabrique le gras mais qui déteste les gros."
Il n’y a aucun film, aucune série où le personnage principal héros est gros et a une vie normale. Soit il est gros pour parler d’acceptation de soi, soit on le montre parce qu’il a maigri, soit parce que c’est la super copine ou le super copain rigolo, soit parce qu’ils sont moqués. Ils ne sont jamais normalisés. Il y a des millions de gros en France mais on les voit pas. Où sont-ils ?
Les gros existent mais sont complètement occultés de notre champ de vision. S’ils se montrent, c’est qu’ils veulent faire la promotion de l’obésité.
Beaucoup utilisent la bienveillance. Une bienveillance déguisée pour pouvoir encore plus nous humilier. De la bienveillance à coup de remarques blessantes et intrusives : "T’as pas un peu grossi ?", "Il faudrait que tu commences un régime si tu veux avoir quelqu’un dans ta vie."
Encore pire, ceux qui te font culpabiliser en te voyant manger un gâteau au chocolat en te disant : "Tu devrais pas manger ce gâteau. T’en as pas besoin !" Et si j’ai envie de manger ce gâteau, il est où, exactement, ton problème ?
Mais maintenant cette discrimination et cette humiliation se retrouvent sur les réseaux sociaux.
Instagram renforce cette impression. Sur ce réseau social, les femmes aux formes avantageuses sont celles qui ont le plus d’abonnés, ont le plus de mentions "j’aime". Pas besoin d’avoir de talent, il suffit juste d’être belle, surtout mince, de poster une photo en petite tenue ou une vidéo de vous entrain de bouger pour percer et pour avoir une carrière basée sur votre physique. Une discrimination dans le sexisme.
Dans le monde professionnel aussi. Prenez le journalisme sportif. Sur les plateaux télés, on accepte des femmes magnifiques, minces (mais talentueuses pour la plupart) pour attirer le téléspectateur. Si elles grossissent, on leur dira de maigrir.
Pour les gros, c’est différent. Sur les réseaux sociaux, le simple fait de poster une photo de vous ouvrira un débat sans fin. D’abord, il y aura ceux qui penseront que vous êtes un modèle pour les autres, vous vous acceptez et c’est génial. Ensuite, il y aura ceux qui penseront que vous devriez avoir un honte de poster une photo de vous parce que vous encouragez les autres à vivre le même style de vie malsain, vous leur montrez qu’être gros/grosse est normal (spoiler alert, ça l’est). Encore, il y aura ceux qui se moqueront de vous parce que vous avez le même physique "qu’une vache". Enfin, il y aura ceux qui vous diront gentiment (non pas du tout) que vous devez maigrir parce qu’être gros est dangereux pour la santé mais bien sûr, ils disent ça pour votre bien.
Bien évidement, la photo postée n’aurait suscité aucun débat si vous aviez eu un corps socialement acceptable.
Prenons le problème à l’envers : et si j’avais juste envie de poster une photo de moi sans me faire insulter, sans être érigé en modèle, sans qu’on me dise que je dois maigrir parce que "c’est pas bien pour ma santé" ? Est-ce que je t’ai demandé ton avis ? Je ne crois pas alors garde-le pour toi. Est-ce que tu m’as demandé pourquoi je maigrissais vite ? Pourquoi je ne mangeais rien ? Non alors garde tes "conseils" pour toi.
J’en ai marre d’avoir l’impression de ne rien faire pour stopper ce body shamming, de ne rien faire pour stopper ça. Je vois plein “d’inflencueurs” se vanter d’avoir perdu 9 kilos en 2 semaines. Ils partagent leurs recettes ”miraculeuses” à coup de codes promos. Des recettes ”miraculeuses" dangereuses, pas saines pour un clou qui te permettront de reprendre le double que tu as perdu (mais ça, ils ne te le disent pas).
Bien évidemment, leur argument de vente est grossophobe en plus d’être fallacieux. Un magnifique exemple de ce qu’on appelle l’ ”eating disorder culture”. Maigrir vite, n’importe comment, par n’importe quel moyen mais maigrir quand même.
La "faim" justifie les moyens.
Alors j’ai décidé d’éradiquer tous ces comptes à succès de mon champ de vision virtuel. Je les bloque, je les supprime, je les anéantis pour protéger mon espace virtuel. Espace virtuel qui empiète très vite sur notre vraie vie, sur notre santé mentale.
J’essaie d’aider les autres en leur montrant la fausseté mais surtout la dangerosité de leurs conseils. Conseils qui n’ont qu’un enjeu : nous rendre coupables d’être ce que nous sommes, faire en sorte qu’on se déteste pour le corps que nous avons. Dans le seul but de nous vendre leur produit nous créant des complexes, nous détruisant physiquement et mentalement.
Je ne dis pas que l’obésité n’est pas un problème pour la santé parce que si elle l’est.
Sachez juste que ce genre de comportements peuvent pousser vers les troubles alimentaires.
Jusque très tard, je pensais être moche parce que j’étais grosse.
Faites attention à ce que vous dites, une fois que la ligne est franchie, il est très difficile de revenir en arrière.
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cequilaimait · 7 years
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Le journal intime de Benjamin – 1. Cher Journal…
Cher Journal…
C’est bizarre. C’est la première fois que je m’adresse à toi. En fait, c’est la première fois que j’écris quelque chose pour moi. À l’école, au primaire, je faisais des fois des histoires, elles plaisaient à ma maitresse. Je suis très bon en français, aussi, c’est ma meilleure moyenne, par comme ces horribles maths que je déteste ! Du coup, j’ai rédigé des trucs avec un chevalier sans peur et sans reproche qui voulait sauver la princesse et qui y arrivait après avoir terrassé un dragon-licorne. Le dragon-licorne, c’est une espèce magique que j’ai créé et qui a le corps d’un dragon et qui se bat à l’épée avec sa corne de licorne. Au début de l’histoire, il était méchant, mais touché par mon héros sans peur et sans reproche, il est devenu gentil et il lui a servi de monture. Cette histoire est trop cool, mais à part à ma maitresse, je ne l’ai jamais fait lire à personne. Elle m’a encouragé à continuer et ma félicité pour mon effort d’orthographe. Elle m’a confié un secret : l’écriture SMS, elle est réservée aux téléphones et il ne faut pas l’utiliser quand on écrit pour de vrai. C’est même ça qui fait la différence entre les imbéciles et les têtes bien faites. Je me moque un peu, mais bon, je ne pense pas pour autant être un génie, même si je m’exprime bien. Mon histoire, elle me fait même un peu honte, alors je ne voudrais pas que mes parents tombent dessus.
Il faut dire que je suis plutôt timide. Ce n’est pas ma faute, c’est comme ça. Même si j’ai plein d’idées dans la tête, je les exprime assez peu. Je ne parle pas trop. C’est plus sage, il parait. Ceux qui parlent beaucoup n’ont souvent pas grand-chose à dire. Ça se voit souvent à la télé. Les hommes et les femmes politiques, surtout ! Qu’est-ce qu’ils parlent ! Mais en fait, ils ne disent rien. Rien d’intéressant, en tout cas. Ils ne font que répéter que les autres sont nuls alors que eux, ils sont bien, même que c’est pour ça qu’il faudrait voter pour eux. Ils disent toujours avoir plein de solutions, mais quand les journalistes leur demandent de les expliquer, ils s’énervent. Mon père me dit tout le temps que ça, c’est uniquement pour le spectacle. Qu’en fait, ils sont tous copains, comme moi et les autres dans la cour de récréation…
S’il savait…
Au fait, j’y pense maintenant, mais je ne me suis toujours pas présenté. Toi, c’est facile, tu es un journal, donc on écrit et tu te tais. Mais moi, c’est plus compliqué. Je m’appelle Benjamin, j’ai eu onze ans cet été et je viens d’entrer en sixième. Mais bon, comme je ne vais pas coller une photo de moi sur la première page, laisse-moi me décrire un peu : je fais un mètre quarante-deux, complètement dans la norme, et je pèse trente-et-un kilo. Je suis plutôt maigre, en fait. Enfin, pas trop non plus, mais ça ne me dérange pas, même s’il faudrait absolument que je fasse du sport. Avant, je faisais du judo, mais je n’aimais pas ça. Faut que je trouve autre chose. Sinon, mes cheveux sont plutôt normaux, je trouve, sauf que je ne les coiffe pas souvent, donc ils partent dans tous les sens. Ils sont plutôt doux. Niveau couleur, je dirais châtain, même si en ce moment, j’ai des mèches blondes, sans doute à cause du soleil et de la piscine cet été. Là où ça devient compliqué, c’est pour mes yeux. Ils sont vairons (ça veut dire de couleurs différentes), mais même ça, c’est pas suffisant pour les définir. En fait, ils ne ressemblent à rien, mais tout le monde les trouve jolis. Le gauche, c’est un dégradé de bleu foncé vers le bleu clair, j’avoue, c’est assez sympa. Le droit par contre, c’est la fête du slip. Y a du gris, du vert, et tout est mélangé et forme des petites taches. Ça n’a aucun sens, mais les filles et les adultes aiment beaucoup. Une amie de mes parents que j’aime bien les trouve même magnifiques. Elle s’appelle Suzanne, elle est adorable. À chaque fois qu’elle vient manger à la maison, elle m’apporte un p’tit cadeau. Et tu sais ce qu’elle m’a offert cette fois-ci ? Un journal intime ! Ah ah ah !
Bon, ok, j’suis ridicule. Mais bon, je ne sais pas comment, mais elle a appris que j’écrivais un peu et comme je ne parle pas beaucoup, elle a dû se dire que ça serait une bonne idée de t’offrir à moi. Maintenant que j’y pense, ce n’est pas bête. Cela fait déjà plus de trente minutes qu’on est en tête à tête toi et moi, cher journal, et je commence déjà à apprécier notre relation. Tu ne me juges pas, tu ne me critiques pas, tu ne fais pas de commentaires… tu m’écoutes, juste. C’est une faculté rare. Trop de gens ont fini par l’oublier.
Enfin bon, Suzanne, peut-être qu’un jour je lui ferais lire mon histoire, mais il faut encore que je la retravaille, car là, j’ai vraiment honte. Personne ne doit savoir que j’écris pour le moment ! Et encore moins que j’ai un journal intime. C’est un truc de filles, normalement. Ou de pédé. Mais je ne suis ni l’un ni l’autre. Attention, hein, je ne juge pas ! Ma génération est plutôt ouverte sur le sujet, je pense. Bon, il reste toujours une minorité d’imbéciles qui gueulent plus fort que les autres et qui aimeraient que tout le monde soit pareil. Mais quoi, les filles n’ont pas choisi d’être des filles ! Héhé. Non, cherche pas, journal, j’essaie juste de faire un peu d’humour. Tu peux pas comprendre.
Bref, physiquement, voilà quoi. Mon look est plutôt Swag, j’aime bien les t-shirts blancs aux manches trop longues, ça me donne du style quand j’en sers le bout dans mes paumes, et ça me permet aussi de cacher ma bouche et mon nez dans le col, quand je n’ai pas envie de parler. Pourtant, mes lèvres sont plutôt jolies. On me dit souvent que j’ai un sourire de fou ! Quand je souris. C’est-à-dire pas très souvent. Et que j’ai un nez de bébé, aussi. Je l’aime bien, il est mignon. Mais il parait que le nez, c’est un truc qui grandit toute la vie. Là, ça va, il a encore une taille « enfant ». Mais je n’ose pas imaginer ce que ça donnera quand je serai vieux. Il suffit de regarder tous les gens qu’on peut croiser dans la rue pour se faire une idée. La vie, c’est le passage successif de la prison de l’innocence au musée des horreurs. Entre les deux, il y a le terrain-vague de l’adolescence (pas déjà ! pas déjà ! pitié, pas déjà ! laissez-moi être un enfant encore un peu ! Hier, mon père m’a dit que, vu que je venais d’entrer en sixième, j’étais un pré-ado… Nooooooooooooon, j’veux pas devenir con ! Pitié ! Pas ça ! Pas moi !). Et l’autoroute des emmerdes (le monde adulte quoi). Yep, la vie semble vraiment mal foutue. Pour ça que moi, quand je serai grand, j’aurai un chien. Comme ça, chez moi, ça sera le chenil de l’indifférence. Et on emmerdera le monde entier.
Ah, et aussi, je porte des jeans slims, parce que c’est quand même la mode. Ça va, je ne suis pas non plus complètement un extra-terrestre. Ce n’est pas parce que je ne parle pas qu’il faut me considérer comme un Alien. Je suis un jeune collégien de mon temps ! Je passe des heures sur Facebook, j’échange des nouvelles avec les potes par texto, j’lis des bédés (t’as vu le dernier Astérix ? Nan mais il est trop cool ! Mon père a la collection complète, j’ai tout lu et relu quand j’étais petit. Mais les nouveaux, là, avec le nouveau dessinateur, c’est stylé, je me bidonne à chaque page !) et je joue aux jeux vidéo. J’ai une 2DS, car ma « hum hum » d’adorable mère que j’adoooooooore considère que la 3D, ça fait mal aux yeux. Du coup, j’ai eu le droit au modèle « chiard ». Ok, j’me pleins d’être presque un ado, mais j’admets que parfois, j’aimerais bien que mes vieux arrête de me prendre pour un simple gamin. Du coup, je joue surtout aux vieilles consoles de mon vieux. Quand il était plus jeune, il parait qu’il passait ses journées sur la PlayStation, première du nom. Je te l’accorde, niveau graphisme, c’est SUPER MOCHE. Mais vraiment. Limite, on se demande comment c’est possible que les trucs aient été si laids il y a vingt ans à peine. Par contre, niveau profondeur de jeu et gameplay, il y a des pures tueries ! Sérieusement, j’ai essayé le dernier Tomb Raider chez Maxence, mon meilleur copain depuis le CE2. Bah même s’il est magnifique et super impressionnant, il ne vaut pas un clou par rapport au premier ! Ok, Lara est moche et polygonée, et elle est tellement rigide qu’on dirait un cyborg télécommandé via un suppositoire dans le cul… Mais à côté, voilà quoi, t’es à fond dans l’aventure, tu joues, je kiffe ! Et je ne te parle même pas des vieux Fifa ou même du premier Rayman. Ah putain, il est dur celui-là ! Rien à voir avec le Run&Jump que je viens de télécharger sur mon téléphone. T’en chie, mais c’est tellement bon ! Bon, je ne vais pas non plus tous les faire, parce que si j’aborde les vieux Final Fantasy, je crois que j’arriverais au bout de ce journal avant la fin de la semaine. Mais voilà, les jeux vidéo, j’adore ça, vraiment. Peut-être même plus que les copains.
En fait, des copains, je n’en ai pas beaucoup. Certes, il y a Maxence, dont je viens de te parler, Max pour les intimes, et on est intime. Bah oui, tu veux que je te dise quoi ? Quand tu te retrouves dans la même baignoire avec un mec de ton âge en CE2, forcément, ça crée des liens. On se rend compte qu’on est fait pareil. Du coup, on peut tout se dire ou presque. Avec Max, on a passé plusieurs vacances ensemble, et on a souvent dormi l’un chez l’autre le week-end. On était dans la même classe jusqu’en CM1. L’année dernière, ça m’a vraiment manqué, mais je crois que la maitresse ne voulait pas nous avoir ensemble, de peur qu’on perturbe un peu trop le cours. Et là, rebelote. Alors qu’on s’est arrangé pour être dans le même collège, je me retrouve en sixième trois et lui en sixième cinq ! C’est vraiment trop chiant ! Du coup, on n’est presque jamais ensemble en permanence. C’est assez con, parce qu’en fait, on voulait créer un jeu de plateau typé « jeu de rôle » ensemble. Lui, il aurait dessiné les cartes et tout le bazar (il est super doué !) et moi, j’aurais écris les règles et créé l’univers. J’avais déjà une super bonne idée pour recycler mon dragon-licorne, mais bon… C’est pas gagné. Enfin, on fait bien la paire, quoi. Physiquement, il est un tout petit peu plus petit que moi et un poil plus de bide, mais ça va, hein, on reste maigre tous les deux. La différence, c’est le visage. Le mien est plutôt ovale, alors que lui, c’est un carré ! C’est marrant, moi j’ai des courbes et lui des droites. Ah, et ses cheveux blonds finissent toujours au-dessus des yeux. Y a rien à faire, s’il ne planque pas son regard derrière ses tifs, il ne se sent pas bien. En CM1, sa mère avait presque tout rasé ! Il a fait la tronche pendant six mois, maintenant, elle n’y touche plus.
Raconté comme ça, tu dois te dire que j’ai une belle vie, non ? Un bon pote, des parents aimants, des jeux vidéo… tout pour être heureux ?
Tu es stupide, journal.
Parce que si tu savais lire entre les lignes, tu aurais déjà vu mes larmes qui viennent de faire baver l’encre. Tu aurais pu sentir mes dents mordiller mes lèvres. Tu aurais deviné la crispation de mon poignet. Depuis tout à l’heure, j’ai mal aux doigts.
Oui, je sais, excuse-moi. Ce n’est pas toi le problème, c’est moi… Même si je donne l’impression de parler, je fais avec toi ce que je fais tout le temps. Je me tais. Je me tais et je garde les choses pour moi. En fait, ce qui me fait vraiment chier, seul Max le sait, mais il a juré de ne rien dire. Et je sais qu’il ne dira rien, parce que déjà, c’est un bon copain, et il n’est pas du genre à trahir. Pas son style. Ensuite, parce que ça reste un gros lâche et qu’il n’a pas envie que ce que je me prends sur la gueule lui retombe dessus. Et moi non plus je ne veux pas. Ils l’ont menacé. Ils m’ont menacé de s’en prendre à lui. Je ne l’accepterai pas.
Jusqu’à la moitié du CM2, tout le monde disait que j’étais plutôt cool à vivre, même si j’étais super naïf. Le truc, c’était que comme Maxence n’était pas dans ma classe, j’ai dû me chercher de nouveaux copains, histoire de discuter un peu et de m’amuser pendant les leçons (non, parce qu’à part les maths ou j’ai du mal, le primaire, c’est quand même super simple, pour ne pas dire ennuyeux). C’est comme ça que je me suis rapproché de Sofiane. Enfin, c’est plutôt la maîtresse qui nous a rapprochés. So, c’est le type même du cancre. Toujours au fond, à faire le con, à ne jamais rien écouter… le parfait petit merdeux glandeur. Forcément, il a fallu qu’on me le colle dans les pattes, comme si finir assis à côté de moi pouvait l’aider à se concentrer. Et moi, bonne pomme, je n’ai rien vu venir. Il faut dire qu’il a un petit quelque chose de spécial, So. Quand il te parle, même s’il écorche un mot sur deux, tu te retrouves rapidement embarqué dans ses délires. Il te donne envie de l’écouter. Il impressionne. C’est un futur caïd. Moi, il m’intriguait. Sérieusement, je pensais qu’il m’appréciait. Sa manière de me saisir par l’épaule et parfois même pas le cou, en me faisant un peu mal, son sourire prétentieux, ses délires… Il avait des choses à me montrer.
L’enfoiré. Le connard. Le salaud. Je le hais. Je le hais. Je le hais. Je le hais. Je le hais. Je le hais. Je le hais. Je le hais. Je le hais. Je le hais.
Je le hais tellement fort que j’en chiale, putain ! Pourquoi il m’a traîné là-bas ? Pourquoi il y avait ses deux putains de potes avec lui ? Pourquoi ils m’ont tapé ? Pourquoi ils m’ont demandé de virer mon t-shirt et de me foutre à genoux ? Pourquoi ils m’ont craché dessus ? Pourquoi ils se sont acharnés sur moi jusqu’à casser leurs putains de règles ? Ça fait mal, bordel ! Et ça laisse des traces ! J’avais le dos tout rouge ! Et des bleus sur les flancs ! Pourquoi j’ai fermé ma gueule aussi ? Pourquoi j’ai accepté leur jeu débile du chien et des maîtres ? Pourquoi j’ai gardé ça a fond de ma gorge ?
Ouais, journal. Ouais… Tu dois me trouver minable. Tu sais quoi ? T’as raison. Mais est-ce que j’ai le choix ? Une fois que t’es dans le « jeu », c’est dur d’en sortir. Disons que le remède est pire que le mal. C’est qu’ils cognent fort. Je leur donne dix euros et ils me foutent la paix. Sinon, un gage. Le pire, je crois, ça a été d’embrasser le cul de Sofiane. Ça… ça, si j’avais pu… je l’aurais mordu plus fort. J’aurais arraché une partie de la chair et je l’aurai recrachée. Il aurait hurlé encore plus. Et peut-être qu’après, il aurait eu tellement peur qu’il ne m’aurait pas tabassé jusqu’à ce que j’accepte de lécher le derch de ses deux potes. Putain… Putain… Mais putain, quoi…
Au moins dix fois, ils me firent le coup, avant les vacances d’été. Tout mon argent de poche y est passé. Et moi, je n’avais rien à dire. J’devais juste me taire. Alors j’me suis tu. Et j’ai parlé de moins en moins, à l’école comme à la maison. Pas envie. Pas envie. Pas envie. Résultat ? Mes parents m’ont engueulé. Normal. Ma mère m’a même menacé de m’envoyer chez le psy. Voilà. Super. Comme si ça pouvait changer quelque chose.
Enfin, après tout, c’était avant les vacances, non ? Même si j’ai passé mon mois de juillet en t-shirt manches longues à la plage pour pas qu’on voit les marques, c’était bon, j’étais libéré de cette merde. Tu dois donc te dire que le pire est derrière moi, hein ? Tu parles ! Sofiane est dans ma classe ! Et ses deux potes en quatrième dans mon collège !
Nan mais c’est ça le plus drôle. Mes vieux me foutent dans l’établissement le plus privé et catho du coin, et je tombe sur ces merdes ! Le bahut, un machin, bon cul, belle gueule par excellence, avec les profs tous plus cons et stricts les uns que les autres, et les surveillants, de vrais SS ! C’est leur surnom, d’ailleurs. Je ne savais même pas ce que c’était avant de regarder sur internet, mais en effet, ça y ressemble.
Et bah ces abrutis qui ne jugent que par les notes et qui s’en foutent complètement de ta gueule, ils ont accepté Sofiane ! Et ils l’ont foutu dans MA putain de classe. Ah son sourire le jour de la rentrée… Mais j’en ai chialé rien qu’en le voyant. Il était tellement content ! Il rigolait tellement gras ! Et dès la sortie, il m’a choppé par le col ! Alors qu’enfin, j’avais plus de traces, lui et les deux autres connards m’ont refait un bleu de malade au niveau des hanches ! Et après, ma mère se plaint que son fils ne l’aime plus parce que je hurle quand elle essaie d’entrer dans la salle de bain ! MAIS MERDE ! J’veux pas qu’elle voit ça ! J’veux pas qu’elle sache ! Je suis trop minable, putain. J’suis un déchet, un moins que rien… J’veux pas que mes parents l’apprennent, c’est normal, non ? C’est normal que je refuse qu’ils apprennent que leur fils est un minable pareil. Et puis, j’suis pas stupide non plus ! J’sais très bien que si je l’ouvre, ça sera encore pire ! J’ai essayé, j’te jure journal, la première semaine ! J’suis allé voir le SS en chef et j’lui ai dit. « On m’emmerde. » « Qui ça, on ? » « Bah on…enfin… ». Le mec a jamais voulu me croire. Normal, j’voulais pas donner de noms. J’suis pas taré. Et tien que de m’avoir vu fricoter avec un adulte, les trois connards m’ont déchiré la gueule. Ah ça, maintenant, je sais quel est le goût du bitume, j’l’ai bien léché. Et c’est dégueulasse… J’suis une merde, putain…
Tu dois te demander pourquoi je te parle de ça, non, journal ? Surtout que je n’en ai jamais parlé à personne d’autre que Max et que je n’en parlerai jamais à personne. J’ai trop honte. Et un peu peur aussi. J’peux pas le dire. J’peux pas me ramener et dire « au fait, je suis le chien de Sofiane, Fabio et Anthony. Ils me rackettent et me tapent, et moi, j’aboie pour leur faire plaisir. » Ça va. Je pleure déjà assez comme ça. J’vais pas non plus m’afficher. Et puis voilà, t’as vu. Si je l’ouvre, c’est pire après. Y a rien à faire, si ce n’est leur filler le fric qu’ils demandent et fermer me gueule en serrant les dents quand je ne l’ai pas. Voilà. C’est tout. C’est comme ça. C’est ma putain de place dans cette foutue vie. Et c’est notre secret à tous les deux, journal. Même si j’ai tout mouillé ton papier, tu dois me promettre de ne jamais être lu par personne. Sinon, j’en mourrais. T’es le seul à qui je peux le dire. Le seul…
N’empêche… ça fait du bien. J’respire là. Bon, j’ai pleuré, c’est sûr, mais fallait que ça sorte… Merci… Suzanne avait raison. Te parler va me faire du bien. Je crois.
Enfin bon, là, il est tard. Presque vingt-heures. Maman va bientôt m’appeler pour manger, donc je vais devoir te laisser. Heureusement que tu étais-là, sinon, je crois que j’aurais passé un très mauvais diner.
Ah, au fait, pendant que j’y pense… J’t’ai déjà dit que j’étais pas terrible en math ? (Ouais, j’crois bien). Bon, la semaine dernière, la première note est tombée. 3/20. J’ai jamais vu papa blanc comme ça. Il en a parlé ce week-end à Suzanne (la dame qui t’a offert à moi !), quand elle est venue pour le déjeuner à la maison. Elle lui a suggéré une drôle d’idée : demander à son neveux qui est en première S de venir me donner des cours !
Si je me souviens bien, il se nomme Kilian. Quand j’étais tout petit, je crois qu’on a joué plusieurs fois ensemble, des trucs trop cools. Dans mes souvenirs, il était encore plus blond que Maxence. J’ai du mal à me rappeler de tout, parce que ça fait super longtemps que je ne l’ai pas vu, mais il était super gentil, et d’après Suzanne, il l’est toujours… Le seul truc dont je me souviens bien, c’est la couleur de ses yeux. Verts. Ils étaient trop beaux. Même que du coup, je lui ai dit que j’aurais voulu être son p’tit frère pour les voir plus souvent (J’étais jeune et con, hein ! On est tous passé par là !). Lui, j’crois qu’il m’aimait beaucoup. J’avais quoi ? Entre cinq et sept ans ? (la dernière fois que je l’ai vu, je devais en avoir huit ou neuf, à un mariage). J’me rappelle aussi qu’on jouait au ballon ensemble ! Il faisait exprès de rater ses tirs pour me faire rire et me laisser gagner. Je crois que je l’aimais bien… Mais voilà, quoi. J’m’en fous un peu. Enfin, du coup, papa l’a appelé, et il semblerait d’accord. Après, est-ce que ça va changer quelques choses ? J’en sais rien du tout. J’vois mal comment quelqu’un pourrait me faire aimer les maths un jour, mais bon… Il doit venir lundi, on verra bien. Tant qu’il ne me gave pas et ne me pose pas trop de questions…
Et voilà, maman crie que ça va refroidir. Bon, cette fois-ci, j’te laisse pour de vrai. Encore merci d’être là. C’est cool d’avoir un ami à qui se confier, même si, en réalité, il n’existe pas.
Benjamin.
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