Tumgik
#dimanche midi je veux bien mais le soir ça rime à rien
maviedeneuneu · 2 years
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Quand la sœur de Monsieur Comates nous propose de fêter les 2 ans de son fils le dimanche soir
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Toujours pas
Inspiré de faits réels
B.
Une jambe entravait ma cage thoracique. Mon regard remontait le long de cette délicieuse courbure, jusqu'à une auguste partie de l'anatomie d'une non moins délicieuse personne. Celle-ci s'était endormie la tête sur ma cuisse, la main dans mon caleçon. Ma tête, elle, reposait sur une surface chaude et moelleuse, encerclée par deux cuisses.
L'afflux sanguin faisait battre mes tempes au rythme de la marche de Radetzky. Une jambe de mon pantalon pendait à une des miennes, signe que j'avais dû essayer de l'enlever dans l'urgence et dans un état second. Ma chemise était à moitié déboutonnée et même légèrement tâchée. Le soleil commençait à poindre à travers les rideaux et à se réverbérer dans le blanc du plafond. Il devait être tard.
Je déposais délicatement l'obstruante jambe sur le côté, sortais l'entreprenante main de mon caleçon et tentais de me redresser. Je vis en face de moi un homme brun, hirsute, avec une barbe d'une semaine, dépenaillé, à l'air groggy.
Ainsi, je me vis dans le miroir de la salle de bains qui se situait en face de moi. Je parvins à rentrer ma jambe récalcitrante dans celle de mon pantalon, puis, après un effort surhumain, presque nietzschéen, à parcourir la distance qui me séparait de l'unique point d'eau de la pièce : le lavabo. Je ressentis un léger vertige, une nausée subite me vint, que je parvins difficilement à contenir. Je réussis néanmoins à plonger ma tête sous l'eau, ce qui eut pour effet immédiat de réactiver mes fonctions vitales, et notamment mes fonctions cérébrales.
Je ne savais pas où je me trouvais, je ne connaissais pas l'agréable compagnie qui m'entourait et surtout, j'avais du mal à m'expliquer la présence d'un raton-laveur endormi dans une bassine à mes pieds. Je me souvenais que la veille, en panne d'inspiration face à une feuille blanche, essayant de trouver quelque chose à écrire, j'avais appelé un ami, écrivain à ses heures perdues. Celui-ci m'avait convié à dîner, afin que nous réfléchissions à ma tentative de nouvelle puis que nous festoyions, ou peut-être dans l'ordre inverse, je ne me souvenais plus.
Je mis machinalement ma main à la poche et n'y trouvai pas mon portable. Je revins vers le lit et le trouvai confortablement installé le long de la poitrine de l'une de mes partenaires de sommeil. Son écran m'indiqua qu'il était 12h14. Ça ne m'étonnait pas, j'ai toujours eu un certain regain de vitalité aux alentours du déjeuner, et ce depuis ma plus tendre enfance, étant né à midi tapant. J'entrepris l'inspection des diverses notifications que j'avais reçues. Elles étaient bien évidemment nombreuses, étant donné l'heure avancée et l'étendue de mon réseau social.
Il y avait la traditionnelle notification Le Monde, annonçant ce jour-là que la nouvelle élection gambienne factice avait commencé. Quelques personnes avaient dit des inepties dans une ou deux conversations de groupe dont je ne savais plus vraiment pourquoi j'en faisais encore partie. Un ami m'avait envoyé le lien d'un questionnaire permettant de savoir si je devais voter aux primaires de gauche ou de droite ou aux deux. Enfin, une amie me demandait ingénument «T'es où ?», et j'espérais qu'elle avait depuis compris que je n'étais pas là où j'aurais dû être, c'est-à-dire là où elle m'attendait.
J'avais également un message vocal de mon ami l'écrivain, qui comme tout auteur qui se respecte, ne supportait pas d'écrire des messages au format numérique. Celui-ci me disait en substance : «Je suis rentré chez moi, quand tu es réveillé, passe me voir». J'envisageai donc d'accéder à sa demande et, à la recherche de ma veste, je sortis de la chambre en laissant mes convives dans les bras de Morphée.
Le salon était un impressionnant capharnaüm, des verres et des assiettes à demi remplis jonchaient les tables, des monticules de vêtements reposaient sur un canapé, des traces de résidus de poudre blanche, probablement du sucre, témoignaient des activités de la veille.
Je voulus sortir sur la terrasse fumer une cigarette mais, ne trouvant pas mon briquet, je me souvins que je ne fumais pas. Je sortis néanmoins prendre l'air et regarder la cité endormie : en effet, le dimanche matin vers midi, Paris ressemble davantage à une ville fantôme qu'à une fête. Quelques ombres solitaires transperçaient la brume, attirées par la lumière et l'odeur du pain bien chaud.
Transi de froid, je rentrai à l'intérieur, saisis ma veste dans le tas de hardes et quittai l'appartement. Je me dirigeais vers la Seine, mon ami auteur habitant en contrebas sur les quais, comme tout germanopratin haut de gamme. L'air frais atténuait les effets de ma gueule de bois, le délicieux parfum marin, ou fangeux, la pollution ne me permettant pas de faire la distinction, du noble cours d'eau assaillait mes narines. Je n'étais jamais allé jusqu'à prendre le risque, au retour des Champs-Elysées, de boire quelques gorgées de notre Léthé francilien, afin de vérifier si, tel son antique analogue, pour engloutir mes sanglots apaisés, il provoquait l'amnésie.
J'arrivai chez mon ami. Il m'accueillit d'une traditionnelle bise, portant son habituel assortiment veste en tweed et pantalon en flanelle, accoutrement typique du style Oxbridge devenu si mainstream sur la rive gauche de notre fleuve sacré. On s'installa dans les fauteuils Chesterfield de son salon et il me servit un whisky. Cette attention ne pouvait d'ailleurs avoir qu'un effet positif sur mon état, prolongeant mon ébriété et repoussant l'heure du sevrage.
Il avait toujours réussi à concilier littérature et mixologie, respectant à la lettre lors de ses phases créatrices un précepte qu'il disait tenir d'Hemingway, mais que je soupçonnais d'être apocryphe : «ça ne peut qu'aider». Il avait d'ailleurs beaucoup essayé de m'aider la veille au soir, d'après le souvenir diffus que j'en avais, débouchant une demi-douzaine de bouteilles. Il avait même invité quelques amies, censées me servir de muses.
Je me rendis assez vite compte que leur potentiel évocateur n'était pas à la hauteur de leurs poses équivoques et je restreignais momentanément mes ambitions littéraires à celles de ma libido, abandonnant mes réflexions sur Dostoievski pour orienter la discussion sur E.L. James, afin justement d'en savoir plus sur leurs orientations.
Je discutais avec une petite littéraire, féministe à jupe courte, bienpensante de gauche à qui j'aurais bien voulu faire ce que Hollande avait fait au pays. Elle faisait un mémoire sur la figure du diable dans la littérature du XIXe siècle et me décrivait les différentes pilosités qu'avaient prêtées les auteurs de la période romantique aux figures sataniques. Sa poitrine me lançait des regards compatissants, ayant déjà entendu maintes fois ce discours. Je lui parlais de Boulgakov et Bernanos et me retirais en pleine gloire, ayant compris que sa sapiophilie resterait platonique.
La conversation du lendemain tournait d'ailleurs autour des événements de la veille, dont mon ami était le témoin le plus lucide. Nous étions apparemment sortis avec ses amies, une fois la demi-douzaine de bouteilles vidées. Nous étions allés dans un lounge cosy, speakeasy à l'ambiance jazzy pour trentenaires trendys amateurs de décoration design. Éméchés, nous aurions ensuite décidé de terminer la soirée dans l'humble demeure des membres de notre congrégation la plus proche. A l'orée du jour, mon ami avait choisi de me laisser entre des mains expertes, lui pour qui le chemin du retour était court et l'ivresse légère.
A partir de notre second verre de whisky, nous nous remîmes à parler du sujet essentiel, ce pour quoi j'étais initialement venu : mon manque d'inspiration. Je lui parlais de mon impuissance à trouver un sujet viable, de la difficulté d'imbriquer intelligemment le récit, de mon incapacité à formuler mes phrases d'une manière qui me satisfasse. J'étais même allé jusqu'à essayer l'écriture automatique, mais le résultat était trop surréaliste à mon goût.
Lui-même avait quelques idées, des ébauches de nouvelles que j'aurais pu utiliser, mais l'écriture étant une activité si personnelle, et ne portant pas de tweed, j'aurais eu du mal à m'approprier suffisamment ses inspirations pour les retranscrire dans un récit à la hauteur de ses ambitions. Nous avons également parcouru tous les sujets classiques, développés depuis des siècles, l'amour, la guerre, le sexe, Dieu, l'ambition, la mélancolie, la trahison. Il est déjà difficile de vivre une vie qui vaut le coup d'être vécu, il est encore plus difficile d'écrire une oeuvre qui vaut le coup d'être lue.
Puis, à un moment, il lui vint une idée typique de son goût pour l'absurde : «C'est l'histoire d'un mec, qui veut écrire une nouvelle, mais il n'y arrive pas. Il est atteint de leucosélophobie, tu sais, la hantise de la page blanche. Aucune idée ne lui paraît assez bonne pour en faire une nouvelle. Alors il va voir un ami, et ils se lancent dans des péripéties qui n'ont rien à voir avec la nouvelle. C'est leur leitmotiv, presque un running gag, ils y reviennent toujours, mais jamais elle n'avance. - Mais... quel est l'intérêt ? Ca ne rime à rien ! - Justement ! Comment veux-tu illustrer un manque ? On ne peut traduire un manque que par la vacuité de tout ce qui le remplace. Ici, c'est le manque d'inspiration. Par exemple, le mec se défonce avec tout ce qui lui passe sous la main, alcool, coke, et il ne cesse de combler son temps pour oublier le vide de ses pensées. - Merci, mais c'est vu et revu, je ne vais pas réécrire le scénario de Very Bad Trip. - Mais c'est la mode ! Regarde Requiem for a dream, Beigbeder, Bret Easton Ellis, la génération X, tout ça... profites-en, ça sera passé de mode quand la génération Y commencera à lire des bouquins. Enfin, autre chose de que la fantasy, ça ils s'y sont déjà mis. - Ouais, je ne sais pas... C'est pas vraiment mon genre, c'est pas facile d'écrire sur quelque chose que tu ne connais pas... Et puis, je ne suis pas Francis Scott Fitzgerald, je ne combats pas mon manque d'inspiration avec des verres de whisky.»
Non, rien à faire, je n'avais toujours pas d'idée.
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