Tumgik
naosheart · 2 years
Text
« Adieu. »
Mes doigts entrent en contact avec la porte. La peinture écaillée s’effrite sur mon passage. De l’ongle, je gratte sur une écharde. Mes doigts tremblent, je n’arrive pas à la retirer. Tristesse, colère, dégoût. J’ai envie de vomir. Ou de pleurer. J’aimerais avoir la force de pleurer, vider mon trop plein d’émotions pour me permettre d’avancer… mais aucunes larmes n’arrivent. Mes yeux restent secs et me tiraillent à force de regarder la porte sans cligner des paupières. J’expire longuement. Lâcheté, peur, angoisse. Je n’arriverais jamais à le regarder dans les yeux. Je recule. Je ne sais même pas ce que je fais là. Qu’avais-je réellement en tête ? Comment ai-je pu oublier que j’étais la créature la plus lâche qui puisse exister sur Terre ? Un nouveau pas en arrière. Encore un autre. Mon dos rencontre la barrière. Je me frotte les yeux. Pleure ! Hurle ! Réagis ! Mais rien ne vient. Comme toujours.
« Tu ne comptes pas frapper ? »
Je ferme les yeux - terreur, surprise, excitation. Sa voix n’a pas changé. Un son rauque et grave qui m’a toujours bouleversé et secoué, jusque dans mes entrailles. Elle me rappelle la cigarette dans le creux de la nuit, le vent qui gèle les joues au sommet d’une montagne et une musique rock n’roll des années soixante. Je crois que si j’avais été encore capable de montrer que j’éprouve des émotions, j’aurais frissonné.  
Je tourne la tête. Il se tient affalé contre le lambris de la maison. Ses cheveux ont poussé et tombent désormais en légère boucle sur ses épaules. Ses sourcils se sont épaissis et foncés. Il protège un regard de feu dont les orbes sombres me fixent. Ses cernes violettes se fondent dans sa peau métissée. Son nez se fronce à ma vue - comme lorsqu’on était petit. Sa mâchoire puissante et carré est recouverte d’une barbe brune de deux-trois jours. Ses lèvres rosées semblent presque trop délicates pour un visage si puissant. Mon regard descend vers ses épaules carré - je les devine musclé à travers sa chemise à carreaux dont les premiers boutons sont ouverts sur un tee-shirt noir. L’un des pans de la chemise est coincé dans la ceinture de son jean bleu qui descend sur ses hanches. Ses bras croisés sur sa poitrine font gonfler ses biceps. Je détourne le regard.
« Qu’est-ce que tu fais là ? » me demande-t-il.
Sa voix claque. Je hausse les épaules. Qu'est-ce que je fais là ? Même moi je ne le sais pas - plus. Je presse mes paupières - des ombres dansent derrière. Je l’entends se déplacer. Les lattes de la terrasse font du bruit sous ses pas. Et son odeur me frappe : un mélange de tabac froid, de bonbons à la menthe et de citronnelle. J’ai envie de m’éloigner mais mes pieds sont figés. J’ai envie de partir en courant, de rester, de le frapper puis de l’embrasser. Quand je relève la tête, il se tient juste devant moi. Il a décroisé ses bras et remonté les manches de sa chemise au-dessus de ses coudes. Un nouveau tatouage noir orne son avant-bras gauche et remonte sous le tissu de sa chemise. Je suis des yeux les arabesques avant qu’elles ne disparaissent. 
« Tu as perdu ta langue en chemin ? »
Encore une fois, je hausse les épaules. Ai-je perdu ma langue ou tout seulement l’envie de parler ? A quoi bon parler quand les mots ne sortent pas ? Quand tout ce qu’on pense reste coincé à l’intérieur sans aucune porte de sortie. Je lève les yeux, les siens rencontrent les miens. Son regard m'hypnotise - pire, il m’empêche de bouger. Il lève le bras, je vois le tiraillement dans ses yeux, et alors que je pense qu’il va me toucher le visage, son bras retombe. Je hoche la tête - c’est sûrement mieux comme ça.
« Attends… » souffle-t-il quand je commence à me décaler pour partir.
Je gèle sur ma place. Sa voix est… suppliante. Je ferme les yeux de nouveau. Je n’aurais jamais dû venir ici. Pas après ce qu’il a fait, pas après ce que j’ai fait, pas après ce que nous nous avons fait. Et pourtant, je sens le tiraillement dans mon être, celui de rester alors que je devrais partir en courant. 
« Je n’aurais jamais dû venir. »
Ma voix est rauque, voilà longtemps que je n’ai pas prononcé le moindre mot. Il tressaille. Parce que ma voix à moi n’a rien de ce qu’elle était avant. Ne t’arrête pas de parler, m’avait-il dit un jour, j’aime le soleil dans ta voix. J’attends que les larmes viennent, c’est comme ça qu’un être humain normalement constitué aurait réagi mais de nouveau sa voix se répercute dans ma tête : Tu es complètement bancal, tu as été monté à l’envers. Il l’avait pressenti depuis longtemps. J’aurais dû prendre mes jambes à mon cou quand j’en avais encore le temps.
Sans attendre plus longtemps, je me retourne et dévale les marches du perron. Mes baskets claquent contre le bois. Je manque de tomber. Les graviers du chemin crissent sous mes pieds. Je grimace. Pleure, pleure, pleure ! Encore et toujours rien. Je n’ai même pas fait deux pas dessus qu’il m’attrape et me jette dans ses bras. Inconsciemment, j’entoure ses hanches de mes jambes. Il plaque mon dos contre la porte du garage qui tremble sous l’impact.
« Laisse-moi te montrer qu’on en vaut encore la peine. »
Et sa bouche s’abat sur la mienne. Ses lèvres prennent possession des miennes - elles réclament, elles ne demandent pas, elles prennent sans redonner. Il me dévore, fait de moi son pantin dont les ficelles se resserrent si fort autour de mon cou que j’ai l’impression de perdre pieds. Le monde est flou et sa bouche est mon seul amarre à la réalité. Sa langue demande l’entrée de ma bouche. Je tourne la tête. Sa bouche entre alors en contact avec mes joues. Sa langue lèche mes larmes - je pleure ! Finalement, il me lâche, à bout de souffle. Ses cheveux recouvrent ses yeux. Je frissonne.
Il a été ma personne. Celui qui m’a maintenu la tête hors de l’eau. Il a répondu à mes appels au milieu de la nuit, à tresser mes cheveux quand je n’étais pas capable de le faire moi-même et recouvert mes épaules de son manteau quand j’avais trop froid. Puis il a appuyé sur ma tête pour me noyer - je crois que je ne l’ai pas vu venir la première fois que c’est arrivé. J’ai juste bu la tasse et lui ai demandé de me prendre dans ses bras - ce qu’il a fait. La deuxième fois, j’ai pris peur et j’ai cherché une autre bouée de sauvetage pour ne pas me noyer. La troisième fois, il a failli y arriver - et je crois que je ne l’aurais pas arrêté si on ne m’avait pas tiré par le bras.
« Adieu. »
Tumblr media
0 notes
naosheart · 3 years
Text
Ressac
Cessez ce vacarme incessant, ce vacarme intérieur, ce vacarme silencieux Celui qui me vrille les tympans, vrille l'estomac, vrille l'esprit Il me cloue les pieds au sol, m'empêche de respirer, me donne envie de pleurer Il me crie d'aller à droite, d'aller à gauche, de faire demi-tour... Et moi, je me perds dans ce labyrinthe de pensées sans savoir si le ressac des vagues sera assez bruyant pour étouffer le bruit de mes idées Celles qui me hurle de me jeter à la mer, de me jeter contre les rochers, de me jeter tout court Celles qui me disent de m'envoyer en l'air, de m'envoyer dans l'eau
J'ai le coeur en peine, un bleu à l'âme et des hématomes sur les genoux Et je ne pense qu'à toi, celui qui, inconscient de l'emprise qu'il a sur moi, continue de m'oublier tout les jours
Tumblr media
0 notes
naosheart · 3 years
Quote
Tu m'as jurée tu m'as cassé la gueule, T'as dis que tu m'aimais, tu m'as cassée la gueule, Aujourd'hui je m'en vais je pense à ma gueule
Camille Lellouche, “N’insiste pas”
2 notes · View notes
naosheart · 3 years
Text
Cœur brisé
La nuit est sombre. Je n’ai jamais vu autant de brouillard. Comme si j’allais réussir à disparaître entre ces bras. En haut, les autres picolent sur de la musique de boite de nuit. J’entr’aperçois le lampadaire près duquel ils sont, à travers la brume. Avec Katie, on est en bas. A moitie nue, l’haleine alcoolisée, elle ressemble à un personne principal. Je la surveille pour qu’elle ne se noie pas dans la mer. Les vagues sont lourdes ce soir, et elle se rapproche d’un rocher qu’on distingue à peine dans le noir. Et alors que je devrais rester concentrée sur elle, mon esprit ne s’intéresse qu’à toi. Je t’imagine : tu prendrais ma main dans la tienne, je poserais ma tête sur ton épaule avant de te faire un bisou à travers ton tee-shirt - parce que tu n’as jamais froid et que tu ne portes que ça - puis je glisserais sûrement mes doigts dans tes cheveux pour caresser ta nuque, tandis que tu me prendrais dans tes bras, je te dirais que tu sens bon - parce que tu sens toujours bon -, et tu me répondrais que ce n’est que ton parfum, on s’embrasserait sûrement - un baiser volatile et doux qui font vibrer les papillons dans mon ventre parce que les baisers les plus chaud, on les garde pour nous -, et je sourirais contre tes lèvres. Puis tu as disparu parce que les autres sont arrivé en criant. Je ne t’ai pas vu à travers le flash de leurs téléphones et je crois que ça m’a brisé le cœur. Pourtant les papillons pour toi sont toujours là.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 3 years
Text
Calypso
Le vent qui frappe mon pare-chocs et mes fenêtres ouvertes, la musique qui résonne sans fin dans mes oreilles et l’adrénaline – oh l’adrénaline, la pure, la bonne, l’inoubliable qui coule dans mes veines comme la glace fond au soleil, comme le sirop d’érable recouvre les pancakes, comme les larmes d’un nouveau-né. L’adrénaline me pousse à continuer, que dis-je ! à accélérer. Encore et encore ! Jusqu’à ce que je m’éclate contre la barrière de sécurité de l’autoroute ou que je fonce dans un fossé après un virage trop serré pour ma trop grande vitesse.
L’excitation de me sentir vivante résonne en moins avec la puissance d’un double orgasme ! Si seulement les hommes pouvaient être aussi bons… Je hurle. Je hurle jusqu’à m’en casser la voix. Je hurle jusqu’à n’avoir plus d’air dans les poumons. Je hurle jusqu’à en avoir mal à la gorge. Et le temps s’allonge, il s’étend comme on pose une serviette sur le sable, comme on s’étire après une semaine de sport, comme on étend une nappe sur une table. Il s’allonge jusqu’à ce que les secondes me semblent des minutes, et les minutes des heures. Et c’est si bon ! C’est bon comme les burgers au jalapeño, bon comme les bains de minuit, bon comme une soirée trop arrosée. Ça hérisse les poils sur les bras, ça tord l’estomac, ça vide les poumons.
C’est bon à tout envoyer balader, c’est tellement bon que ça en vaut la chandelle. C’est ma théorie de la corde : tu pourras avoir une longue vie si tu ne l’abimes pas, ta corde, mais c’est en la tordant, en l’usant, en la griffant que tu vis, que tu ressens, que tu jouis. Qui veut d’une longue vie ennuyante quand on peut en avoir une courte et pleine d’adrénaline ? Ce pincement dans un coin du cerveau qui te dit de foncer à toute allure, qui te dis de te malmener par les deux bouts, qui te dis de ne jamais t’arrêter. Le même pincement au cerveau qui te dit de casser des guitares, de jouir à plein poumons, de lire des tonnes de livres et de te faire tatouer.
Et le monde explose dans une rixe de guitare. J’aplatis la pédale de frein, le souffle court. Mes bras tremblent, ma tête tourne et je n’arrive pas à respirer correctement. Mais je vais bien – même mieux que ça. Je me sens bien. Je hurle, encore une fois. Ma voix est cassée, brisée en deux – comme mes espoirs de finir dans une tornade d’éclats de ferrailles – mais je me sens plus vivante que je ne l’en ai jamais été.
Mon téléphone vibre sur le siège passager. Un message de Violette : tu vas finir par te brûler les ailes, et elle a raison. Mais je préfère disparaître dans un éclat d’adrénaline que dans de vieux draps qui sentent la cannelle et le savon de Marseille. Je souris devant son visage, peut-être un peu trop parce que mes joues me font mal, et lui répond rapidement : rejoins-moi dans les flammes, bébé, avant de redémarrer.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 3 years
Quote
Est-ce que tu peux me serrer dans tes bras ?
Noé, à Kenan
0 notes
naosheart · 3 years
Text
Ma fidèle amie
Le problème, avec la dépression, c’est qu’une fois qu’elle t’a mis la main dessus, elle ne te lâche plus. C’est une putain de sangsue, j’ai jamais vue ça. Je suis désolée si t’en ai arrivé là. Même moi, j’ai jamais voulu y être. Mais, faut croire qu’on fait partie de ceux qu’on écoute pas, toi et moi. C’est pas grave. On peut se laisser couler à deux, si tu veux. J’ai envie de voir ce que ça fait de toucher le fond.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Page blanche
Tu connais le syndrome de la page blanche ? Moi, ça m’a frappé en pleine gueule. Ca avait la force d’un boxeur anglais. J’ai même pas vu le coup venir. C’était si violent que j’en ai perdu toute mon inspiration.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Loin des yeux, loin du cœur
A l'école maternelle, j'avais une meilleure copine. Elle s'appelait Imogen et était franco-américaine. Je me rappelle parfaitement ses cheveux bruns bouclés et ses lunettes rouge. Souvent, on allait jouer près du toboggan et on s'imaginait devenir des princesses avec des robes à paillettes et de jolies couronnes - comme dans les films Disney. Quand Imogen a déménagé aux Etats-Unis alors que nous étions en grande section, j'ai essayé de convaincre mes parents de les suivre. Je me souviens de la main chaude de maman contre mes joues qui m'expliquait qu'elle ne pouvait rien faire pour me ramener Imogen et que ce n'était pas possible que nous les suivions là-bas. Elle avait sourit quand je lui ai dis qu'Imogen m'avait appris à parler anglais puis elle avait pointé un doigt vers ma poitrine en m'expliquant qu'elle serait toujours là, auprès de moi. Dans mon cœur. Alors j'avais hoché la tête, avec l'innocence et la naïveté d'une enfant de cinq ans.
C'est avec l'âge que je me suis rendu compte que maman avait tort : loin des yeux, loin du cœur. Les gens ne restent jamais longtemps avec toi, pas même dans ton cœur. On les garde quelque temps dans le coin de notre tête en promettant aux grands dieux que jamais on ne les oubliera mais rien à faire : leurs visages s'estompent doucement avec le temps si bien qu'ils ne deviennent que de vieux polaroïds jaunis par les années, n'ayant plus de sens à nos yeux. Chaque relation - amicale ou amoureuse - n'est basé que sur le besoin humain. J'ai besoin de toi et tu as besoin de moi alors on est amis. Quand je n'aurais plus besoin de toi ou que tu n'auras plus besoin de moi, on ne sera plus amis. C'est comme cela que les choses sont faîtes. Maman avait juste un goût trop prononcé pour les histoires à l'eau de rose et aux happy end.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Noyade
La mer s'abat sur la grève, déferlante et arrogante tandis que je frissonne à son contact glacée, l'eau coule entre mes doigts de pieds, lèche mes chevilles, caresse mes mollets. Enfin, je peux respirer. La houle est violente et les nageurs de première heure se font rares : peu de gens sont assez stupides pour affronter ce courant démesuré. Mis à part moi. Je plonge la tête la première dans l'eau limpide, savourant avec frénésie sa morsure glacée contre ma peau. Mon souffle se bloque dans ma poitrine, je me frictionne les bras en sautillant tant bien que mal sur mes pieds. Alors qu'une nouvelle vague s'abat sur la grève, j'accepte son baiser en plein visage, les yeux clos et l'envie de tout arrêter. La température polaire de l'eau ne diminue en rien la douleur dans ma poitrine, poignante. Mes jambes me lâchent, je me laisse tomber sur le sable, sous l'eau. Ici, tout me paraît plus clair, plus simple. Les bruits de la ville s'effacent d'un seul coup : je suis enfin tranquille. Même les protestions acharnés de mon cœur en panique ne suffise pas à me faire remonter. Je voudrais rester là, jour après jour. Dans l'eau, tout est bien plus beau. Je sens une algue s'enrouler autour de ma jambe, j'enfonce mes poings serrés dans le sable mouillé. Mes phalanges s'égratignent au contact des coquillages, je laisse échapper les quelques bulles d'air que j'ai encore en réserve. Je m'imprègne de cette sensation de vide totale. J'essaie de l'imprimer sous mon épiderme, de la retenir ne serait-ce que quelques secondes pour faire taire la douleur qui continue de courir sous ma peau comme un serpent serrant sans fin ma trachée. Je lâche mes dernières bulles d'oxygène. Ça y est, mon temps est écoulé : je dois remonter à la surface. Dehors, la température m'agresse aussitôt, mes mâchoires s'entrechoquent automatiquement. Je ferme les yeux. La brise me glace les veines.
Nani m'observe sur la rive, les mains sur le cœur. Je détourne le regard, je n'ai pas la force de la regarder. Pas quand elle m'observe comme ça, l'air compatissant et compréhensif. Tout ce dont j'ai besoin en ce moment c'est d'un mauvais regard du Coach, je veux qu'il me sermonne l'air enragé, j'ai besoin qu'il m'engueule de manière virulente. Hey soldat, c'est pas le moment de flancher. Je n'ai pas envie de leur compréhension. Et encore moins de leur pitié - surtout pas. Je hurle. Mon cri resonne dans la crique, se fracasse sur les rochers avec la violence des vagues poussées par le vent. Je continue de hurler pendant de longues minutes, jusqu'à avoir la gorge en feu et plus que mes yeux pour pleurer. Je pince ma peau, près de mon coude. Mon tatouage me brûle - presque - la peau. Mes yeux me brûlent aussi mais, impossible de lâcher la moindre larme. J'ai bien trop pleurer, désormais, je ne peux qu'encaisser. Et puis, la mer me recueille en son sein comme une seconde mère. Je me tourne vers Nani, oui, je sais qu'elle ne reviendra pas. Et, je plonge une nouvelle fois.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Skyline
Amandine coince un filtre entre ses lèvres. Son paquet de tabac en posé en vrac sur ses genoux tandis que ses feuilles tentent de s'échapper de sa poigne ferme. Je l'observe rouler sa clope avec des gestes mécaniques et trop habituels - d'abord la feuille entre les doigts puis le tabac, ensuite on roule après on glisse le filtre à une extrémité et on finit par rouler le tout. Finalement je l'observe passer sa langue sur la feuille pour qu'elle puisse la fermer correctement. Amandine fume depuis le collège à cause de petits cons mal dans leur peau qui lui ont enfoncé une cigarette dans la bouche en lui ordonnant de la fumer en entier.
- Il est minuit, Yan'.
Ses cheveux auburn lui tombent dans les yeux, faute à sa frange trop longue et mal coupée. Elle les dégage d'un doigt, cherchant mes yeux de son regard noisette. Amandine est une très - trop - bonne observatrice. C'est sûrement pour ça que je fuis son regard en ce moment même. Elle est encore en pyjama : un tee-shirt bien trop grand pour elle et un mini-short qui recouvre à peine ses fesses. Il faut dire qu'il faut très chaud pour un mois de juillet. Trop chaud pour un gars comme moi.
Je regarde la flamme de son briquet danser sous les brises du vent, capricieux, ce soir. Une fumée grise s'échappe de sa bouche et forme des volutes qui stagnent pendant quelques temps dans l'atmosphère avant de disparaître, dissipées par un nouveau coup de vent.
- Je vais m'casser.
Pas plus, pas moins. Mes mots prennent une drôle de réalité, quelque chose de presque tangible que je parviendrais même à toucher. Amandine acquiesce lentement de la tête. Elle a d'énormes cernes sous les yeux, ses mains tremblent légèrement, elle baille. Mon esprit me hurle d'aller la laisser dormir mais je suis un garçon égoïste alors je la force à rester près de moi.
- Et tu vas aller où ? me répond-t-elle, dubitative.
J'hausse les épaules. Où aller ? Je n'ai jamais réfléchi à ça. Il n'y a toujours eu que moi et ma moto. Un sac de fringues, quelques affaires de toilettes et tout l'argent disponible. Et puis la route. Toujours tout droit. Peut-être même que j'oserais prendre à droite à un moment mais j'en ai aucunes idées. De nouveau, Amandine hoche la tête. Sa clope est presque terminée. Elle fume vite donc elle fume toujours deux fois plus que tout le monde, un autre de ses défauts.
[...]
Amandine murmure doucement. Elle s'approche doucement de moi. Nous sommes sur le toit de son immeuble, en plein cœur de la capitale française. C'est un peu notre endroit ici. Si on cherche bien, on peut trouver nos initiales graver dans le ciment. J'aime ça, ce lien qui nous unit l'un à l'autre. Mes jambes se balancent dans le vide, Amandine en fait de même. Sa tête se pose sur mon épaule. Je plonge mon nez dans ses cheveux : elle sent bon la cannelle et le pain d'épice. C'est l'odeur de mon paradis à moi. Je lui murmure au creux de l'oreille que je reviendrais la chercher, peu importe le temps qu'il me faudra. Je la sens hocher la tête. Puis je vois sa clope tomber dans le vide alors je comprends qu'elle s'est endormie contre moi. Je dépose un baiser sur son front. Ma clope a moi n'a pas été entamée. Je la glisse dans la poche de ma veste.
Je ne sais pas combien de temps je reste là mais j'observe le ciel changer progressivement de couleurs pendant ce qu'il me semble être des heures. Je ne suis pas fatiguée. Ca fait des jours que je ne dors plus la nuit.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
De chair et d’os
Souffle erratique — juste ça. Rien d'autre. Uniquement le bruit de ma respiration. Encore et toujours. C'est une locomotive à l'arrêt, je pourrais presque sentir la fumée qui s'échappe des pores de ma peau. Respire. Mais j'ai oublié comment respirer. J'ai oublié comment reprendre mon souffle. Je ne sais pas faire, je ne sais plus faire. Un bourdonnement, ce sont mes tympans qui se brisent. Un craquement, ce sont mes poumons qui lâchent. Un sifflement, ce sont les dernières goulées d'air qui s'extirpent de mes lèvres. Souffle erratique. Paupières closes. Mains tremblantes. Et ce putain de truc dans ma poitrine. Souffle erratique. Cernes noires. Front moite. Et ces putains de pensées dans ma tête. Juste mon souffle erratique. Juste mon souffle erratique.
Le serpent s'enroule autour de ma gorge. Sa peau est froide. Presque glaciale. Je suis brûlante. Je m'embrase. Je brûle. Je me consume. Je sens ses dents caresser ma jugulaire et sa langue tracer le contour de ma mâchoire. Crampe musculaire. Sourcils qui se froncent. Genou qui gratte. Le serpent est parti. Souffle erratique. Juste ça. Rien que ça. Toujours ça.
Savoure. La vie est belle. Je t'aime. Ma chérie. C'est dégueulasse. L'herbe est verte. Les larmes qui coulent. Super chanson. Jolis cheveux. Souffle erratique. Hôpital. Hôpital. Hôpital. Souffle erratique. Donne ton téléphone. Tu as un copain ? Burger au jalapenõ. Juste une fois. Je t'aime. C'est cool. L'amour de la chair. J'adore. Princesse. Risque. Souffle erratique — respiration heurtée.
Ce qu'il y a de drôle dans tous ça, c'est que je ne me suis jamais sentie aussi vivante. On a qu'une seule vie. Cheveux filasses. Ventre qui gargouille. Lèvres entrouvertes. Souffle erratique. De chair et d'os. De chair et d'os. De chair et d'os.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Phoenix
Je l'observe, je la regarde, je l'admire. Elle est sur mon lit, ses membres nus à la peau laiteuse s'emmêlant doucement avec les draps blanc - blanc comme son ventre, blanc comme son âme. Ses cheveux flammes sont éparpillés tout autour de son crâne, appel à la débauche, appel à tout un tas de nuits de folies. Coupure, net et précise. Elle bouge, dévoilant à mon regard avide et carnassiers ses seins roses et recouvert des marques de mon passage. Sa poitrine se soulève un instant - elle respire putain de merde - et je m'imagine déjà goutter une nouvelle fois à la folie tandis qu'ils se dressent fièrement sous mes yeux tel deux poires. Je m'imagine mordre ses mamelons ou les malmener avec mes doigts, je m'imagine sucer la peau de son ventre ou la caresser de la pulpe de son index... Elle bouge encore. Cette fois-ci, c'est son cul qui bouge sous mes yeux et, j'ai soudainement envie de la fesser, là, très fort, de la punir pour tout ce qu'elle m'a fait subir. J'ai envie de la plaquer contre mon matelas, de la plaquer tellement fort que les lattes de mon lit se casseraient les unes après les autres, pour lui mordre la peau de son cou et casser tout ses os les uns après les autres. J'ai envie de lécher ses larmes tandis qu'elle me suppliera d'arrêter - ou de continuer. Et j'ai envie de lui faire l'amour comme personne ne l'a fait auparavant. Pas même lui. Elle bouge une nouvelle fois. Son visage s'est dégagé de ses cheveux roux. Ses lèvres pulpeuses sont encore rougies par les assauts de ma bouche, ses pommettes sont roses de plaisir, son visage recouvert de tâches de rousseurs. Mais, j'ai surtout envie qu'elle ouvre les yeux. Parce que je sais que derrière ses paupières closes se trouves les plus jolies orbes noisettes qu'il m'ait été donné de voir. Sauf qu'elle ne s'ouvre pas. Elle murmure quelque chose - un prénom - j'observe sa langue frôlé ses dents et caresser ses lèvres puis, des larmes coulent sur son visage. D'énorme larme de crocodiles translucides roulent le long de ses joues, s'aventurent dans son cou, dévalent la vallée de ses seins et terminent leurs courses folles dans mes draps blanc. Appel à l'aide, appel au secours. Personne n'ait là pour la sauver. Puis, elle se recroqueville sur elle-même, en chien de fusil, ses cheveux flammes la recouvrant quasi entièrement. On dirait une boule de feu incandescente et, j'ai peur du moment où elle explosera ou elle s'éteindra. Parce que c'est comme cela qu'elle fonctionne, semblable à de la cendre, ou elle prend feu ou elle meurt. Trop belle dans un décors aussi laid.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Dan est en bas
On ouvre ma porte en grand, Jakub se pose un instant sur le chambranle, son corps se découpe dans la lumière du couloir, elle l'encercle comme un halo tandis que les ombres de précipitent vers moi, le fuit à grand pas, coïncidence ? Il ne prononce pas un seul mot et je fronce soudainement les sourcils, parce que Jakub n'est pas du genre à ne rien dire, surtout le dimanche. Il me fixe de ses grands yeux bruns, certainement une des seuls choses que nous avons en commun.
— Jake ?
Et, il s'installe à mes côtés, toujours sans bruit, ses bras derrière sa tête, ses jambes allongés le long des miennes, ses yeux fixent les craquelures que je regardais auparavant, boum boum, je sens mon cœur battre le long de mes tempes, il déglutis, il cherche ses mots, les pèse dans les mains de sa conscience mais je déteste ça, qu'il prenne des pincettes avec moi, qu'il réfléchisse au sens de ses phases, je préférerais qu'il me balance ses mots pèle-mêle à la figure pour que je puisse en saisir chaque sens.
— Dan est en bas.
Bam, gifle en pleine face, des mots balancés but en blanc, pourquoi ça fait si mal ? alors que c'est justement ce que je voulais, qu'il parle sans prendre de pincettes. Dan, Dan, Dan, Dan. Baume au cœur, bleu à l'âme. Dan est en bas. Pourquoi. je. n'arrive. plus. à. respirer ? Et soudain, j'ai l'impression que les étoiles me tombent sur le visage, j'ai envie que les fissures m'engloutissent toute entière dans leur nuit abyssal, que leurs bras m'entourent et me cachent pour ne plus jamais me laisser repartir. Je me redresse soudainement. Dan est en bas.
[...]
— Tu veux que je lui demande de partir ?
Partir ? Non, je ne veux pas qu'il parte, pas encore une fois. Je secoue la tête négativement en jetant des regards inquiets autour de moi. Non, non, surtout pas partir, qu'est-ce que je ferais, moi, sans lui ? Je cherche tant bien que mal quelque chose à enfiler, quelque chose de présentable, quelque chose de regrettable, je veux que son cœur palpite autant que le mien quand je le verrais, je veux que ses yeux s'embuent à ma vue, je veux qu'il se lève l'œil hagard, je veux qu'il me demande pardon, je veux tout ça à la fois mais surtout, je le veux lui, avec ou sans excuses, avec ou sans discussions, je le veux simplement pour qu'il me serre dans ses bras, pour que je me sentes aimée, pour que je me sentes désirée, pour me sentir protégée. Jakub est à mes côtés, sa présence m'apaise autant qu'elle me rend nerveuse. Il est de profil, toujours allongé sur le lit. Son nez aquilin, sa mâchoire carré et sa bouche pulpeuse se découpe dans le noir. Je lie mes doigts aux siens, il serre ma paume contre la sienne, caresse le dos de ma main à l'aide de son pouce, trace des ronds et d'autres multiples dessins, je me laisse porter, enfin quelque chose de tangible, quelque chose de réel, quelque chose à laquelle je puisse me rattacher.
— Surtout, ne me laisse pas tomber. — Jamais.
[...]
Hors de question que je l'écoute me déblatérer d'autres mensonges plus grotesques les uns que les autres, les mensonges qu'il me servait auparavant sur un plateau d'argent avec un bouquet de « je t'aime » plus factices que les pommettes de ma mère et des boites - des caisses - de « tu es la seule » digne des meilleurs prestations des vainqueurs des oscars. Ma tête me hurle de me gaver de crêpes quitte a toutes les finir mais, mon mon cœur, plus capricieux, rêve d'entendre de nouveau ses louanges, c'est comme s'il hurlait des « achève moi à coups de mots d'amours et de promesses d'avenir fou ».
[...]
Ma chambre me semble moins avenante, l'ombre de nos ébats me reviennent en pleine figure et, je crains que ses morsures dans mon cou, ne resurgissent si j'osais y mettre un pied. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'y jeter un coup d'œil - juste un dernier coup d'œil, histoire de dire c'est terminé, histoire de dire j'ai abandonné. Coup d'œil à gauche, Dan m'embrasse les omoplates alors que je me laisse aller entre ses mains avenantes et expertes. Coup d'œil en face, Dan me plaque durement contre le matelas, mes jambes sont croisés dans son dos alors que je l'entends gémir dans le creux de mon cou. Coup d'œil à droite, Dan me tient fermement sur le bureau alors qu'il me palpe - oh putain oui, me découvre pour la première fois. Je ferme les yeux alors que ma toute première fois se déroule sous mes yeux : j'hésite presque entre les frissons qui progressent le long de ma colonne vertébrale et les diverses réprimandes que me susurre ma conscience. J'avance mon pied en avant : pleine hésitation, mon coeur n'attend que ça, se replonger dans nos souvenirs, se laisser bercer par ses douces illusions pour oublier oh combien il a saigner quand il a découvert la vérité, ma raison, elle, me pousse à me rouler en boule dans les draps de Jakub pour respirer son odeur masculine et tellement rassurante, une odeur tangible que je peux presque toucher du bout des doigts. C'est elle qui m'appelle à deux pas de moi, elle me murmure il est en bas, et je cours me réfugier dans ses draps.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Dilemme
La voiture crisse devant moi ; carrosserie sombre, vitres teintées, jantes noires. Je frissonne. La vitre s'abaisse. Pourquoi ai-je soudainement l'impression de faire les trottoirs ? J'ai quelques sous pour vous sur ma banquette arrière, mademoiselle. Kurtis est au volant - toujours aussi diablement sexy. Son coude est appuyé avec nonchalance contre le volant, il repousse ses lunettes de soleil sur sa tête négligemment. A côté de lui, un garçon que je n'ai encore jamais vu ; mâchoire proéminente, cheveux courts de type militaire, peau pâle, pupilles bleues. Et je comprends, I understand. Il est le cerveau de l'opération, l'érudit séducteur. Le serpent qui s'apprête à mordre, la mygale qui s'apprête à piquer. Il tourne la tête vers moi. Regard glacial, il est le cœur même de cette mascarade, le leader technique dans le vestiaire de football, le Mengele de Kurtis. Il sourit doucement, le genre de sourire à glacer le sang - mâchoire qui se contracte, lèvres qui bougent, dents qui crissent. Et, je sens presque déjà sa morsure dans le creux de mon cou. Ce gars là, c'est la peste, c'est le voyou qui vient de la haute. Il va me mordre à la jugulaire. J'ai la tête qui tourne.
— Monte.
Kurtis parle - il m'ordonne. Mâchoire qui se serre, yeux qui se plissent, doigts qui se contractent. Il attend patiemment que j'obéisse. Je recule, d'abord un pas, puis deux. La vitre arrière s'ouvre, Brad est là, lui aussi. Je pars au quart de tours : je suis un animal effrayé, un animal blessé, un animal pris au piège, ils m'éclairent de leurs fards surpuissants et, je ne peux rien faire que les regarder, apeurée. Le cobra me fixe de ses yeux translucides. Mon cœur palpite trop fort. L'entend-t-il ?
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Est-ce que tu as déjà eu une peine de cœur ?
Certains garçons ont laissés des marques éphémères sur son cou, sur sa poitrine, sur ses cuisses mais d'autres, plus vilains, ont osés laissés des marques indélébiles sur son cœur. C'est de ces marques là, qu'elle a peur. Peur que la douleur ne parte jamais vraiment, qu'elle ressente toujours un pincement quand l'un de leur prénom est prononcé, qu'elle n'ose plus jamais les regarder dans les yeux. Elle a peur que les bleus deviennent violets puis noir, et enfin, elle a peur que les plaies pourrissent pour ne laisser que… du vide.
Tumblr media
0 notes
naosheart · 4 years
Text
Ô Papa,
Le temps me semble long sans toi. Comme un fil élastique que l'on tire, et tire..., sans que jamais il ne casse. C'est terrible, le temps. Ca te colle à la peau comme un chewing-gum sale, ça laisse une impression de manquement, de dérangement. J'ai l'impression d'avoir tout raté depuis que tu n'es plus là pour me dire que le mieux est l'ennemi du bien. J'ai bien voulu me le faire tatouer sur la peau mais de quoi aurais-je alors eu l'air ?
J'ai parfois l'impression ne ne plus suivre le bon chemin - ou du moins, de faire des zigzag sur la route. Il faut que je m'érafle les genoux sur le bas côté de la route pour comprendre que le bitume de l'allée centrale ne m'a jamais semblé aussi lisse. Ô Papa, si tu savais à quel point mes jambes ressemblent à des aquarelles : j'ai tendance à trop tombé à terre. Parfois, c'est parce qu'un garçon m'a demandé de me mettre à genoux - seul Dieu pourra juger de mes péchés et Maman, peut-être aussi - mais souvent, c'est parce que je me prenais les pieds dans mes lacets. J'ai peut-être trop tendance à me faire des coups bas, seule, aussi. Après tout, qui est là pour me pousser à faire mieux ?
Sais-tu que parfois j'ai l'impression que la réalité se déchire comme du papier ? Maman ne me croit pas quand je lui dis que ça ne va pas. Sûrement pense-t-elle que je pense à toi mais je sais que c'est plus que ça. Et je suis trop vieille pour encore croire aux monstres sous le lit. Je sais que c'est ma tête : elle crie "à l'aide" si fort que j'ai parfois l'impression que mes tempes vont exploser. Peut-être que je le souhaite aussi. Parce que lorsque ma vision se brise… ça fait mal. Tellement mal, dans ma tête. C'est pire que les bleus que j'ai sur les jambes, Papa. Ô bien pire que ça. Maman pense que je suis sous le choc. Je crois que je fais de l'anxiété. Je ne me sens jamais aussi bien que lorsque je suis sous médicaments.
Tumblr media
1 note · View note