Tumgik
lromarf · 6 days
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Chapitre IV (3)
Se levant pour régler, Philippe sentit que sa ceinture le serrait à la taille, et il boutonna sa veste pour dissimuler le ventre rond qui tendait sa chemise.
De son avis, il n'était pas mal, pas dégueulasse pour un mec. Les cheveux mi-longs soyeux, une barbe fournie qui cachait son menton fuyant. Un nez fort et viril. L'avantage d'être un mec, on vous autorisait plus de laideur. Fier de sa minceur, il la trouvait chic, elle s'accordait avec l'allure d'intellectuel qu'il cultivait, parlant d'un livre qu'il écrirait s'il avait le temps, il n'hésitait pas à porter des chemises cintrées d'un blanc immaculé sous des vestes de costar encore plus étroites. Mais ce jour-là, il regrettait son choix de vêtement trop serré.
Il aspira son ventre et bloqua son abdomen malgré la gêne douloureuse de son estomac. Il se reprocha les deux repas qu'il avait faits, dérogeant à ses habitudes. Son invitée avait accepté l'offre de déjeuner, et il n'avait pas passé l'après-midi dans une chambre mais dans le restaurant de l'hôtel regrettant le room service.
Double anomalie qui l'avait contrarié.
Il était maintenant gros et frustré. Et il n'avait pas proposé à Sandrine sa découverte de la journée. Il avait tenté, pas le moment visiblement. Ce DA pourrait être intéressé.
Double anomalie qui avait créé une fracture dans son quotidien dans laquelle son esprit s'engouffrait. Il y avait repensé dans le taxi, pendant le dîner, et au cours de la semaine qui allait suivre.
-Naomi Leprince.
Elle devait avoir inventé son nom. Il faudrait en inventer un autre. Trop de Noémie, Naomi sur le marché.
-Chez mon frère, à Clichy.
Elle avait un frère DJ.
Il ressassait agréablement le souvenir de sa jupe qui ne découvrait que les chevilles et de son pull d'où ne dépassaient que ses épaules. Il retraçait sa silhouette, ses formes incurvées, bombées, le pointu de ses bottes.
Lorsque le chef de salle l'avait conduite à lui avec sa morgue professionnelle, il s'était levé pour l'accueillir. Ils n'avaient pas eu d'autre contact physique que ce premier effleurement de la joue.
-Un seul shooting.
Charmante, elles étaient toutes charmantes. Incroyable, il les trouvaient toutes incroyables. Il aimait cette fascination du début comme les premières rues qu'on visite d'un pays en vacances où tout est nouveau, pittoresque, amusant. À voir si le pays fascinait autant au bout d'une semaine.
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lromarf · 6 days
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Chapitre IV (1)
À peine installés, Sandrine raconta à Philippe la proposition de Larson jusqu'à ce que le directeur de la publication repose sa coupe amusé.
-Tu as ce que tu voulais, observa-t-il calmement.
Cette conclusion ne satisfit pas Sandrine. Attisée par l'humeur détendue de Philippe, l'exaspération qu'elle avait contenue pendant la réunion la submergeait.
-Moi ? Je ne voulais pas d'un missionnaire en campagne. C'est toi qui me l'a proposé et j'ai accepté, répliqua-t-elle sèchement.
- Je suis responsable ?, demanda-t-il dubitatif.
Ce flegme horripila Sandrine qui coupa sa dorade en silence, les coups du couteau à poisson claquant sur la porcelaine. Elle savait qu'elle n'obtiendrait pas l'avis de Philippe par la colère pourtant une aigreur irrationnelle emportait son jugement.
-Les filles sont connues ?, reprit Philippe.
-Quelques unes ont défilé pour Victoria Secret, je ne suis pas sûre qu'on ait besoin de clowns en soutif, ironisa-t-elle avec le mépris de la haute couture pour le prêt-à-porter. Noémie Lenoir, Jessica White, Selita Ebanks, Emmanuela de Paula. Aucune n'a fait de campagne.
-Tu peux lui dire ça. Les annonceurs. Pas de pub, pas de magazine, pas de magazine, pas de vente, pas de vente, pas de discussion.
Elle pinça les lèvres. Certes, le problème serait réglé. Persistait toutefois le désaccord profond, le discours aux accents politiques de Larson qu'elle trouvait inacceptable, qu'elle voulait entendre condamner par son supérieur. Sa rumination l'excédait, l'idée vague qui l'irritait se concentrait, s'agglomérait en une pensée aussi claire qu'insupportable qui sortit brutalement alors qu'elle tentait d'imaginer une fois de plus cette couverture.
-Franchement des noirs maigres ça fait de la peine ! c'est comme ça, lança-t-elle en ouvrant les bras, les poignets cassés, les paumes de main ouvertes pour appuyer son évidence. C'est pas moi qui l'invente... Je ne fais pas les chiffre, conclut-elle en haussant les épaules.
Phillipe leva un sourcil. Cette véhémence le surprit. La question n'avait jamais été esthétique mais financière ; s'il s'accordait sur le verdict, il ne partageait pas ses goûts. Comme un rayon de lumière éclaire une surface et fait apparaître une nouvelle couleur encore inconnue, cette découverte fissura l'illusion qu'il avait de leur connivence intellectuelle. L'écart qu'il perçut lui fit douter un instant des capacités de sa rédactrice en chef puis ce fugace soupçon disparut à la lumière des chiffres de ventes qu'elle avait fait progresser.
-Y en a quand même qui sont pas mal. En Martinique, se permit-il d'ajouter.
Elle ignora la suggestion, soulagée d'une idée qui lui pesait, trouvant sa gêne ridicule maintenant qu'elle avait formulé son opinion. De son côté, sentant que la ligne ne prendrait pas, Philippe abandonna son plan initial et suggéra une autre destination.
-Au Brésil aussi. C'est pas mal là-bas. Y a de quoi faire.
Elle posa ses couverts avec un bruit de carillon. L'épaisseur de cet homme ne cesserait de la surprendre. Malgré ses prétentions littéraires et son allure de philosophe, une vulgarité imprégnait ses goûts qu'elle ne lui avait jamais fait remarquer pour ne pas le froisser mais qu'elle aurait souhaité pouvoir effacer au contact de son impeccable élégance.
-Si on en fait un sur le Brésil, il faudra Bündchen, Goulart, Ambrosio. Et tu retombes dans le cirque à plume, railla-t-elle sarcastique. Mais c'est vrai qu'il avait raison, qu'en brésiliennes il y avait de quoi faire comme il disait. Elle regrettait l'époque des beautés translucides, fragiles. Des filles comme des flocons de neige.
Philippe avala une septième huître, persuadé de leur vertu aphrodisiaque, en se disant qu'il aurait pu en ajouter une autre à cette liste.
-Dans tous les cas, ce n'est pas vendeur. Tu peux toujours dire ça. C'est trop sombre. Enfin tu m'as compris. La dernière couverture... c'était le pire chiffre de 2006. Il fit une pause à nouveau contrarié par ces mauvaises ventes qui les avaient inquiétés.
Sandrine se satisfit de ce verdict. Elle l'avait amené à épouser son point de vue, tout du moins à considérer sa position comme la plus raisonnable.
-Dans ce cas-là, parle-lui, suggéra-t-elle, tu pourrais t'en occuper, nan ? Vous n'avez même pas dîner ensemble depuis son arrivée.
Sandrine lui déléguait souvent cette tâche ingrate. Souveraine, elle s'épanouissait dans le rôle de la rédactrice visionnaire admirée pour sa justesse et son style novateur. Celui de critique conservatrice lui était aussi désagréable qu'un vêtement démodé et mal coupé.
-Tu sais que ça te discrédite, précisa-t-il tout en acceptant.
Quand même, elle préférait laisser à Philippe cette tâche qu'elle jugeait plus conforme à son sexe car elle avait sur les genres, en particulier sur le genre féminin, des idées arrêtées qu'elle considérait comme naturelles pour ne pas avoir à les discuter. Bien que ses opinions entrassent en contradiction avec son poste à responsabilité, il ne lui semblait pas dénaturer son essence car son autorité s'exerçait dans un domaine féminin.
-C'est fou que je ne puisse pas l'envoyer paître.
-Ça prouve que tu as mauvaise conscience.
-C'est pour la magazine, se justifia-t-elle.
Philippe hocha la tête, néanmoins persuader qu'il avait raison, et reposa sa dernière coquille. Constatant une fois de plus qu'elle ne finissait pas sa mousseline, il lui demanda s'il pouvait. Par politesse, il lui posait la question à chaque fois et à chaque fois, elle acceptait quoiqu'elle trouva ses façons malpolies.
Ils refusèrent la carte des desserts qu'on leur proposait et terminèrent leur dîner par un café.
-Et Guy ? demanda Philippe.
Elle s'essuya le coin des lèvres.
-Tu rigoles.
-Pourquoi pas ?
-Il n'accepterait jamais une telle proposition.
-Tu ne sais pas, insista-t-il, peut-être qu'il veut se racheter une bonne image après le procès Apparel.
Elle pinça les lèvres, Philippe avait son propre sens de l'humour, douteux à ses yeux sachant que les rumeurs qui couraient sur Guy.
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lromarf · 8 days
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Chapitre IV
Après la réunion écourtée, Sandrine appela Philippe certaine qu'il comprendrait ce qu'elle n'osait formuler. Il lui répondit dès la deuxième tonalité, inhabituel lorsqu'il était bien accompagnée. Oui, il était au Mazarin, il sortait juste à l'instant, il pouvait y être dans vingt minutes.
Au début de leur collaboration, l'intérêt de Philippe pour ce milieu lui avait paru étrange, incompatible avec son désir pour les femmes. Or elle avait trouvé dans cette exception même sa réponse : cette nuée de femme en mouvement permanant autour de lui le ravissait et l'attachait à ce milieu. Ainsi elle trouvait sa justification dans le système qu'elle tenait pour vrai, conclusion qui confirmait ses croyances : le sexe féminin était fait pour la beauté et le sexe opposé pour l'admirer. Pour les autres, celles qui semblaient s'écarter de cette destinée, elles pouvaient encore faire des efforts et suivre ses conseils. Certitude qui donnait tout son sens à son travail. Guider les femmes égarées vers le chemin de la beauté.
Une hauteur de cathédrale et des murs tendus d'épais tissus crème absorbaient les murmures distingués des clients ; huître et champagne pour Philippe, dorade royale et mousseline pour Sandrine. Pas d'alcool, non merci. Depuis 2001, la table 26 assistait à leurs réunions informelles , ils y avaient célébré d'excellentes ventes, pris des décisions, et réglés des problèmes de management. Ils y avaient aussi entamé une histoire éphémère qui les avait rapprochés plus étroitement que des collaborateurs, conquête terminée sans regret tous deux accaparés par des aventures plus piquantes. Ils en gardaient une complicité et un plaisir de la conversation qui profitaient à leur travail.
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lromarf · 28 days
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Chapitre III
Malgré tout leur amour pour les variations de saison et le renouvellement des collections, les rédactrices mode étaient réfractaires au changement. Souples à leur entrée, elles se coulaient dans le moule du magazine, ce contenant sans aspérité qui lissait leur créativité. Elles s'y pliaient d'autant plus volontiers que ce moulage chic et classique leur assurait une promotion. En effet, depuis le décès de la fondatrice madame Béatrice, les étapes de l'évolution en interne étaient aussi rigoureuses et respectées que celles d'une recette de macarons : les nouvelles rentraient au poste d'assistantes si elles avaient été stagiaires et les directrices le devenaient si elles avaient été rédactrices. En plus de produire des macarons réguliers, le process produisaient de loyales soldates. Or si les rangs étaient propres, soignés, fidèles, organisés, ils manquaient d'originalité et les régents s'étaient visiblement lassés de cette uniformité.
Larson avait été la réponse. Promouvoir une exception comme on aurait pris une reine étrangère pour mélanger le sang et fortifier des alliances. Ainsi n'avait-il pas été aussi bien accueilli par les équipes que par ses supérieurs. L'investiture fulgurante du nouveau DA inquiétait. Les paramètres d'accès au pouvoir été brusquement bousculés, ce qui déstabilisait les plan de carrière de chacune et angoissait d'autant plus que les nouveaux n'étaient pas clairement établis. On déplorait déjà ce changement et on s'inquiétait de cette nouvelle ère sans être capable de la définir, elle retirait du pouvoir sans qu'on sache qui allait le récupérer. Aussi chez Madame B, on attendait dans une fébrilité inquiète et suspicieuse, la première réunion du mois comme un test, une épreuve pour ce DA si distinct.
A dix-sept heure, la salle de réunion au premier étage bourdonnait d'une attente impatiente. La rédactrice mode principale, la rédactrice beauté et lifestyle, la rédactrice lingerie attendaient autour de la table ronde de la salle de réunion. Sandrine avait choisi cette table en 2002 après quelques problèmes de management pour créer plus de dialogue dans l'équipe. A travers la porte ouverte, les rédactrices guettaient l'arrivée de la rédac chef. Larson dos à la porte révisait sa proposition.
On le lui avait dit et répété, on attendait de l'audace. Une idée novatrice, du jamais vu. Dans son costume noir, il ressemblait à un élève sérieux prêt pour son oral, une pochette fermée devant lui. Son équipe, quatre cygnes blanc et minces aux yeux charbonneux bavardaient avec les rédactrices des autres départements. Cette idée l'amusait, il s'imaginait dans un ballet russe avec le mauvais rôle. Black Swann. Ou le vilain petit canard. L'une ou l'autre tant que l'histoire se terminait bien pour lui.
Les bavardages cessèrent quand Sandrine arriva avec du retard suivie de son assistante. Avec ses yeux pochés, trempés dans l'encre, sa silhouette sombre, elle pouvait obtenir le rôle. Une blouse de gaze transparente aux épaules gonflées qui montrait un soutien-gorge triangulaire opaque, une jupe crayon en cuir brillant, des escarpins vernis. Un autre genre de cygne.
-"Bien commençons." Elle s'installa à sa place habituelle. " Que voyez-vous pour octobre ?" Les plus anciennes savaient que la question était rhétorique et qu'elles ne sortiraient cette pièce que lorsqu'elles auraient explicitement formulé ce que Sandrine avait en tête. Elle ajouta pour les guider. "De la nouveauté, de l'audace, de la mode." Le programme politique habituel. Et comme en politique, les mots indiquaient les intentions, rarement la réalité ; les plus anciennes le savaient aussi.
Larson novice la prit au pied de la lettre. Il ouvrit son dossier et fit glisser les photos A4 de sept mannequins en direction des rédactrice autour de la table. "Une série sur les visages de demain comme Lindbergh en 88. Une couverture uniquement de mannequins noires et métisses."
Il sourit fier de son audace. Personne ne parlait, les rédactrices n'osaient pas toucher les portraits avant que celle en chef ne s'exprime. Elles reconnaissaient les visages pour les avoir vus défiler au compte goutte. Larson qui s'attendait à cette paralysie pesante gardait un esprit volontaire. Sandrine regarda de plus près le visage à l'expression neutre, celui d'une jeune fille de 19 ans qui avait signé l'année même chez Elite.
"C'est audacieux", commenta-t-elle avec visage sérieux en examinant les autres photos que les rédactrices lui passaient. Elle les étala devant elle. Les photos se chevauchaient sur la table. "Sept, c'est trop." Le visage aux cheveux courts et le sourire aux dents du bonheur furent écartés. Satisfaite, elle hocha la tête devant les cinq portraits. Puis elle se prit le menton dans la main. Quelque chose clochait. "Es-tu certain que ces filles soient assez connues? Qu'elles parlent au public ?" Il avait anticipé ce doute. "C'est à nous de leur parler, de toucher le public avec une image sincère de la beauté." Sandrine fit la moue dubitative. "- Madame B ne fait pas dans la sincérité. Tu n'es pas là depuis longtemps, mais j'imagine que tu comprends que nous représentons un idéal, un fantasme de la femme." - Exactement! Les filles de Madame B n'ont jamais ressemblé à leur public, elles incarnent une image parfaite de ce qu'elles voudraient être. C'est à nous d'inventer cet idéal à venir inventer cette image parfaite! De créer ce désir de ressemblance."
Sceptique devant la rhétorique bancale et enthousiaste de Larson, sa curiosité éveillée se transforma en agacement. Elle n'avait pas envie de ressembler à ses filles. Elle avait exprimé ses objections, il persistait. Elle émit un son nasal qui exprimait toute sa réserve. "Qu'en pensez-vous? "
Muettes, les rédactrices oscillaient entre leur opinion et ce qu'elles pensaient devoir dire. Aucune ne voulait prendre partie entre deux supérieures. L'une d'elle osa prendre la parole : "C'est ... novateur". Finalement, l'assistante de Sandrine, loyale reformula l'opinion de sa cheffe : "Je ne suis pas sûre que le public s'y retrouve, ne va-t-il pas se sentir exclu ? Va-t-il vouloir leur ressembler ?" La rédactrice beauté renchérit regardant alternativement Larson et Sandrine attendant un encouragement : "Peut-être une seule suffirait? L'idée d'une série est intéressante. Quelque chose de plus varié, non? -Dans ce cas-là autant publier la photo de Lindbergh et montrer qu'il n'y a eu aucun changement en vingt ans. C'est aussi ça l'audace, affirmer ne pas vouloir changer, répliqua Larson dont l'enthousiasme glacé devenait cassant.
Abasourdie par l'insolence de Larson, les rédactrices braquèrent leurs yeux écarquillés sur Sandrine. Travaillant dans la mode depuis 20 ans, mannequin puis rédactrice, elle avait l'habitude de collaborer avec les égos d'artistes et leurs caprices, moins de les gérer dans son équipe. Elle aimait travailler avec des gens créatifs mais elle refusait d'entrer en conflit dès le début.
Lors de leur première rencontre, il lui avait semblé plus calme. Après tout, il n'avait peut-être que le professionnalisme et l'assurance de son âge. Pourtant elle aurait chassé un caprice, il aurait pu l'amuser. mais ce n'était pas l'immaturité d'un jeune créatif. Autre chose. Une ambition au-delà la sphère esthétique. Un détail qui l'agaçait de manière irrationnelle. Un agenda politique. Cette découverte était insupportable, dégoûtante. Elle se targuait de laisser ça à l'extérieur de son champ de travail. De se concentrer sur la mode, et uniquement la mode. Elle était engagée à sa manière, attachée aux images qui lui plaisait, celles qu'elles trouvaient belles, et à l'idée qu'elle avait du magazine. La politique c'était autre chose. Chacun son métier. Elle ne l'aurait pas imaginé aussi évident, aussi missionnaire.
"Demain, je veux des propositions sur la base de l'idée de Larsen. Soyez créatives!"
Son appel à leur créativité sagement éduquée tempérerait, elle l'espérait, les extravagances de Larson et lui donnerait du temps pour trouver une réponse adaptée. Elle ne s'avouait pas qu'elle avait été dérangée par cette proposition. Les raisons pour lesquelles elle ne l'avait pas aimée lui venaient au bout des lèvres et lui déplaisaient fortement.
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lromarf · 1 month
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Chapitre II
Pima comptait ses côtes. Alignées, bombées, des lames de xylophone sur lesquelles elle glissait son doigt sans qu'une note ne s'en échappe. Elle regrettait de ne les voir que dans une certaine position, le torse tordu, les bras en l'air, le dos cambré. Debout devant son miroir en pied, elle était dans sa chambre les rideaux tirés. Les magazines jonchaient le sol et sur les murs pendaient des sacs de luxe, Chanel, Dior, Prada, une collection qu'enrichissait le Père Noël depuis se douze ans. Là où il y avait encore de la place, des collages de visages, de corps, de parfums s'entremêlaient sur le papier peint à motif fleuri qui avait disparu.
-Pima !
La voix de sa mère résonna dans le couloir.
-PIMA !
Elle avait doublé de volume et atteignait cette note aigüe qu'ont certaines voix féminines en colère. Pima remit son pull ample et rejoignit sa mère dans une cuisine immaculée rarement salie par l'usage. Ce jour-là pourtant il y avait de quoi dîner : une assiette de biscuits au beurre anglais siégeait sur la table.
-Pima pourquoi y a-t-il des shortbreads sur la table ? demanda sa mère en pointant du doigt l'assiette évitant de toucher les biscuits.
L'adolescente fut surprise de voir que sa mère reconnaissait ces biscuits bourrés de beurre, trop caloriques pour qu'elle les ait jamais mangés, achetés, ou préparés.
-C'est une amie de Papa qui me les as données, elle est sympa, non ? répondit-elle en détournant l'attention de sa mère sur un autre sujet sachant qu'elle l'énerverait en mentionnant son ex-mari.
-C'est adorable! s'exclama sa mère sarcastique, vouloir t'engrosser! Tu la remercieras quand elle posera chez Madame à ta place.
La vexation fonctionna, Pima se renfrogna. Sa mère, ancienne mannequin dont la grossesse avait interrompu la carrière, avait une tendance exagérée aux soupçons, prêtaient en général aux femmes des intentions malveillantes, et attribuaient aux gens les plus ordinaires un génie stratégique dont peu eurent été réellement capables.
-Elle ne sait même pas que je veux être mannequin, donc impossible, réfuta Pima.
-Enfin je sais qu'elle me déteste, elle veut que ma fille soit grosse, répliqua sa mère d'un ton péremptoire pour balayer l'objection de sa fille. -Ce n'est pas Carla, maman ! tenta à nouveau de corriger Pima. -Peu importe, elles me détestent toutes, soupira sa mère accablée par le poids de cette haine qui n'existait pas dans le coeur de ses ennemis mais n'en pesait pas moins sur ses épaules.
Cette fois-ci, Pima s'abstint de rectifier la fausse idée que se faisait sa mère des petites amies de son père qui ne restaient pas assez longtemps pour élaborer des plans malfaisants contre l'ex-femme de ce dernier.
Sa mère interpréta son silence comme un aveu tacite, et s'approcha d'elle. Elle portait un ensemble beige, du cachemire, une sorte de tenue d'intérieure assez chic pour sortir à l'extérieur, et Pima sentit le parfum de crème chimique que sa mère appliquait sur sa peau réfléchissante plus rose qu'à l'habitude. Elle étreignit sa fille et l'embrassa sur la tempe.
"-Excuse-moi ma chérie, je suis trop méfiante mais je veux ton bien, tu le sais ça ?" Elle cherchait dans son regard un signe d'approbation. "Je ne veux surtout pas que tu fasses les mêmes erreurs que moi", poursuivit-elle d'une voix douce en l'étreignant, "je cherche à te mettre en garde." Elle dégagea le front de sa fille d'une mèche qu'elle plaça derrière l'oreille, "c'est pour toi que je fais ça ma chérie."
Ce geste agaça l'adolescente qui voulut se dégager, ennuyée par cette attention protectrice. La mère se raidit immédiatement et relâcha son étreinte blessée par l'agacement de sa fille.
-Je te dérange peut-être ? J'imagine que je suis la pire mère au monde pour vouloir essayer d'aider ma fille.
Découragée, Pima regarda sa mère les bras ballants.
-Mais maman!
-On ne m'écoute pas! personne ne m'écoute! et quand tu auras rater ta carrière ce sera ma faute parce que je ne t'aurais pas prévenue parce que je suis folle! Et ce sera aussi ma faute quand tu auras des poignets d'amour, qu'aucun magazine ne voudra de toi! Ce sera ma faute!
Sur cette funeste logorrhée, elle jeta les biscuits dodus et brillants à la poubelle et de colère envoya l'assiette avec.
-Si ton père veut t'offrir quelque chose, il peut te payer ton prochain stage de danse à Berlin.
Pima retourna dans sa chambre se laissa tomber sur son canapé. Après avoir fixé son sac préféré, le Stam de Marc Jacobs, elle pensa à celle pour qui il avait été créé. Son idole Jessica Stam. C'était son rêve. Devenir si célèbre qu'elle inspirerait à un designer un sac qui porterait son nom. Elle pinça son ventre. Une technique pro-ana qu'elle avait repérée sur TUMBLR. Pima conclut que sa mère avait raison. Elle les aurait mangés et elle n'en avait pas besoin.
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lromarf · 1 month
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Installé à son bureau, Larson contemplait la vue étroite qu'il avait sur les façades propres et les stores à l'italienne qui protégeaient les fenêtres de l'hôtel de luxe de la rue Berti-Albrecht. Il regretta que les fenêtres du magazine n'en soient pas équipées mais c'était sûrement incompatible avec le style art-déco du bâtiment. Il aimait bien ce bâtiment, et en particulier le bureau qu'on lui avait attribué au deuxième étage. Loin d'égaler celle de sa supérieure, la pièce était spacieuse ; l'absence de décoration, l'épure des murs lui donnaient un air de désolation. Un livre traînait à plat sur une étagère. Celui que Grace n'avait peut-être pas voulu emmener ou qu'elle avait oublié.
Au milieu de ce vide impersonnel, Larson se sentit à l'aise comme dans un appartement fraîchement acquis. Il avait enlevé son manteau pourtant une chaleur traversait son corps et lui donnait envie de danser. Il y était chez Madame B, à Paris, DA.
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lromarf · 1 month
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"Bon puisque Phillipe nous abandonne je te fais visiter."
Elle avait instauré le tutoiement dès sa prise de fonction avec ses proches collaborateurs masquant la distance hiérarchique derrière une proximité de façade. Les rédactrices qui travaillaient avec diligence relevaient néanmoins la tête après le passage de leur rédac chef pour observer de dos ce nouveau venu en évitant de se faire remarquer par les deux assistantes, souris zélés qui grattaient le nez penchés sur leur blackberry à touche, sourdes aux commérages.
Larson regardait les bureaux encombrés de papier, de magazine, les employées concentrées devant leur Mac, pourtant Sandrine ne lui indiqua pas qui était là ni pourquoi. Elle préférait commenter les différentes couvertures affichées au mur. Des femmes élancées dans des positions inconfortables, des visages en clair-obscur aux contours anguleux, les cheveux froissés, le regard cerné.
Sur le dernier palier, elle s'arrêta devant une blonde aux invisibles sourcils, le regard suggestif qui portait à sa bouche une tulipe à la tige assez longue pour exciter les dendrophiles.
-Celle-ci, c'est Guy, précisa-t-elle. Tout l'étage c'est Guy. Il faut absolument que vous vous rencontriez. ça aussi d'ailleurs, et cette autre couverture avec sa mannequin fétiche. Guy est indispendable, ajouta-t-elle, sa lumière, son oeil, c'est l'ADN de Madame B.
Elle contempla l'affiche avec recueillement, puis répéta qu'elle aimerait beaucoup qu'ils se rencontrent, insistant avec gravité sur l'adverbe. Elle égrenait les moments forts de leur collaboration tandis que Larson fixait ses pieds et débattait avec lui-même d'une épineuse question. Au bout du couloir, il releva la tête, le visage sceptique.
-Ce serait très intéressant, convint-il, son travail est si inspirant. Si génial avec le tien. J'adorerais ouvrir les pages de Madame à des talents aussi visionnaires, une génération aussi inspirantes.
-Absolument, acquiesça-t-elle, comme on t'ouvre les portes de Madame B! Tu es là pour ça : un regard neuf, un nouvel horizon. Simplement ne jette pas le bébé avec l'eau du bain. Moi aussi quand j'ai commencé, je voulais tout révolutionné! elle rit de sa propre audace, mais ce n'est pas parce que Grace est partie qu'il faut virer tous les anciens.
Avant de le quitter, elle lui posa la main sur les bras, ils s'entendraient bien, elle avait hâte de travailler ensemble.
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lromarf · 1 month
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Ainsi arriva Philippe dans ce jeu de pouvoir très cordial. Il avait calculé son coup et attendu après l’arrivée du nouveau DA dans le bureau de sa rédac chef.
Il les dérangea en s’excusant de les déranger, salua Sandrine, félicita Larson. Mais non merci! Il n’avait pas le temps pour un verre, il devait filer… une réunion… rien de grave! mais il n’avait pas pu se dégager. Bien sûr il lui faisait entièrement confiance, Sandrine connaissait mieux le navire! Il salua Larson et son capitaine et décampa.
Il était plus sérieux qu’il n’en avait l’air. Il connaissait le travail de Larson. C’est lui qu’il avait proposé à Sandrine. De là, il estimait être assez intervenu risquant de froisser Sandrine, malgré sa position supérieure. À présent, il tenait à s’écarter de la scène pour les laisser travailler et cela lui suffisait.
Sa réunion était en réalité plus privée que professionnelle. Ses collaborateurs, ses employés le savaient plus ou moins et s’en fichaient. On maintenait néanmoins les apparences car il aimait avoir l’air de travailler. D’ailleurs, son esprit entretenait un certain flou entre ces deux catégories. Il s’imaginait scout, mentor, philanthrope, pygmalion, chercheur de talents. De talents féminins.
Ce jour-là, le casting privé avait lieu au Grand Mazarin, un hôtel parisien dans le premier, une petite adresse qu’il avait choisie pour la déco qui se prêtait bien aux photos. Il faisait de la photo pour ne pas faire de golf, et si les clichés n’étaient pas réussis les modèles n’étaient jamais décevants.
Souvent il leur proposait de déjeuner ensemble, elles refusaient pour leur ligne, alors c’était juste un verre, puis on montait dans la chambre.
A la manière d’un cochon truffier qui ramenait au magazine les champignons récoltés, il découvrait tous les mois de nouvelles têtes que Sandrine affichait dans le magazine si les visages lui plaisaient, ou qui posaient pour d’autres publications du groupe de presse.
Pour Larson, c’était pareil, il soumettait, elle choisissait.
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lromarf · 1 month
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Quand l’assistante de Sandrine revint avec des cafés, ils étaient installés dans le petit salon.
La rédactrice en chef présentait à son nouveau directeur artistique le book presque bouclé.
- Bon ça par exemple c’est Grace…
Elle pointait du doigt le travail de la précédente directrice artistique sans formuler de commentaires. Critique passive qui suggérait plus qu’elle n’en disait.
Par politesse et par désaccord, Larson n’ajoutait rien à ses sous-entendus, et préférait commenter ce qu’il aimait. Cette veste Chanel par exemple !
- Génial n’est ce pas ! mais j’ai dû appeler Karl pour que la maison nous l’envoie. Le service avait « oublié »… rapporta-t-elle avec un haussement de sourcil qui exprimait son exaspération pour ces embêtements quotidiens qu’elle était obligée de régler. Bien sûr Karl a réglé le problème, il est absolument adorable quand on le connaît bien. Enfin c’est fatigant de devoir toujours intervenir, ce n’est pas mon rôle mais Karl est un ami. Elle se trouva sage et chanceuse, personne n’aurait pu mieux faire son travail avec tant de style. C’est pour ça, tes liens avec les créateurs sont tes meilleurs atouts. Tes amitiés, tes connaissances, le réseau… bref je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça ! j’imagine que tu connais tout ça, tu n’es pas là par hasard…
Le sous-entendu surpris Larson, il feignit d’ignorer la pique qui masquait mal le besoin d’autorité, et le manque d’assurance. Il souriait calme, parlant de ces modèles et du futur. Il aurait tellement aimé rencontrer Monsieur Saint-Laurent!, il regrettait d’être aussi jeune…
Elle était absolument d’accord ! C’était son grand regret, de ne pas avoir pu le rencontrer. un grand monsieur de la mode. Il s’était retiré de sa maison juste avant qu’elle ne prenne ses fonctions.
Elle émaillait leur conversation d’anecdotes flatteuses, qui la mettaient en valeur, comme les photographies encadrées sur son bureau, près des lampes qui étoffait l’aura de cette souveraine établie, admirée, entourée. De la même manière qu’elle s’était assise à son bureau lors de son arrivée pour creuser l’écart entre leurs deux positions et insister sur la supériorité de la sienne, elle mentionnait les artistes qu’elle fréquentait. Elle ressemblait un vieux général qui étale ses exploits, devant de jeunes gens qui, loin de se sentir écrasés par sa majesté, y voit des possibilités de gloire personnelle.
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lromarf · 1 month
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L’homme lui paru petit, plus petit que ceux qu’elle avait l’habitude de fréquenter. Et très noir, presque bleu… Elle songea qu’il aurait sûrement moins de rides à son âge, avantage crucial pour elle qui menait chaque jour une lutte ruineuse contre les sillons qui creusaient sa peau.
–Bienvenue Larson, je suis Sandrine, lui dit-elle en l’accueillant avec familiarité sans cesser de le juger.
- C’est un plaisir Sandrine, répondit-il sur le même ton en lui serrant la main d’une poignée souple et sèche.
Malgré sa jeunesse, elle eut une impression d’assurance et d’aisance qu’elle rencontrait rarement chez les jeunes talents. Le plus souvent, ils étaient d’une timidité empotée presque gênante ou d’une arrogance crâne insupportable qu’il les rendait peu pratiques au travail. Mais dans son regard fixe, elle ne voyait ni l’un ni l’autre.
Commença le jeu des hyperboles. C’était un rêve de travailler chez Madame! Et pour elle, un bonheur de travailler avec lui, il était si innovant chez « Mad! » cette manière de regarder la rue autant que dans les défilés. C’était vraiment fashion, tellement street wear ! Elle avait hâte de voir son génie disruptif chez Madame B ; sans préciser, car cela allait de soit, que cette disruptivité se ferait dans les limites de son pouvoir et jamais contre lui.
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lromarf · 2 months
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Tandis que Larson guidé par son assistante entrait dans le hall, dans une salle ovale du premier étage, Sandrine assise à son bureau consultait, annotait une dernière fois le book de cet été.
Elle s’y installait rarement de manière si formelle, elle préférait travailler dans son petit salon, assise sur un des fauteuils en cuir noir près de la porte fenêtre qui s’ouvrait sur l’unique balcon du bâtiment.
Cependant ce jour-là elle tenait à produire une certaine impression, celle d’une rédactrice en chef toute-puissante.
La manœuvre était peut-être hypocrite, mais pas inutile. Comme un jeune professeur s’installe sur l’estrade pour son premier cours ou un souverain sur son trône pour la visite d’ambassadeurs, elle espérait inspirer à Larson le respect et l’admiration dues à sa position.
Bien qu’elle n’en douta pas elle-même, elle voulait insister devant son nouveau directeur artistique sur son image de femme dirigeante auréolée de succès et pleine d’assurance. Sans mentir, elle forçait quelque peu le trait pour en effacer d’autres.
Malgré les bruits de talons qui résonnaient dans le couloir, elle fit mine de rester absorbée par les photos d’une jeune mannequin slave les mains plongées dans la fourrure d’un chat persan. Lorsque son assistante la prévient qu’ « il » était là, Sandrine accepta qu’il entre, laissa le jeune homme attendre une seconde au centre de son bureau, biffa une des photos, et l’accueillit enfin avec une chaleur et un enthousiasme presque sincères.
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lromarf · 2 months
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Chapitre I
Le matin du 27, une berline noire descendit l’avenue Hoche et s’engagea rue Beaujon. Lorsqu’elle ralentit devant la façade bombée du siège, une jeune femme élancée sortit avec hâte du bâtiment et se planta devant la voiture maintenant garée.
La porte arrière s’ouvrit. Une jambe chaussée d’un mocassin noir vernis apparut, puis une deuxième, et tout un corps vêtu avec la même élégante sobriété.
- Monsieur Larson. Bienvenue chez Madame B. Je suis Virginie, votre assistante.
Elle hésitait entre un accueil poli et distant, et un ton plus familier et chaleureux. N’ayant pas déterminé à qui elle avait affaire, elle sourit aussi largement qu’elle le put et plongea pour saluer celui qui dicterait sa vie pour les mois à venir. Seul un plissement de paupière trahit sa nervosité.
- Enchanté, Virginie, c’est vous qui organiserez mon emploi du temps pour les mois à venir.
Il la salua, et la remercia d’une voix douce qui lui aurait semblé presque timide, si elle n’avait pas eu cette gravité, cette profondeur, qui lui donnaient une assurance réservée. L’assistante se détendit. Ce serait un professionnalisme poli.
Avec application, elle lui déroula d’un souffle la liste des activités de cette première journée.
« Tout d’abord rencontre avec Madame Rotteman, puis la visite des bureaux, suivi du déjeuner avec Monsieur de Sévigny, enfin installation et rencontre avec l’équipe.
- Je vous suis. »
Sa cordialité avait une fermeté qui masquait ses émotions comme son costume impeccable et opaque ne trahissait rien si ce n’est le soin qu’il portait à son allure, qualité attendue chez le nouveau directeur artistique de Madame B.
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lromarf · 2 months
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Prologue II
C’est ainsi qu’une des figures imminentes de ce petit milieu fut limogée après 10 ans de direction artistique. Grace, qui ne regardait jamais la télé appris la nouvelle par sa fille qui l’appela pour lui demander si c’était vrai. Après, vérification, c’était vrai, elle était renvoyée, remerciée, répudiée sans délai jusqu’à l’île de Ré pour jouir d’une retraite reposante.
Personne ne pleura le sort de cette sexagénaire démodée mais les rangs de la rédaction, les stylistes des maisons, les mannequins, photographes et directeurs commerciaux bruissernt d’excitation à la nomination de Larson, 22 ans, identifié comme un prodige de la mode.
Un an auparavant, le jeune directeur artistique avait été approché par Philippe de Sévigny, directeur de la publication du groupe B. alors qu’il était rédacteur mode dans un autre magazine, moins établi et plus innovant.
Il y avait fait ses classes et s’y était fait un nom qui avait attiré l’attention.
Philippe avait proposé ce candidat à la rédactrice en chef. Certaine de son pouvoir, soutenue par son directeur, applaudie pour ses ventes, aucune voix ne critiquait son règne. Alors pourquoi pas Larson ? Sandrine avait accepté la proposition de son directeur ce nouveau, DA dénoterait parmi sa collection d’employées porcelaine.
Un étranger Larson avait été intronisé par la puissante rédactrice en chef, Sandrine Rothman et son discret seigneur Philippe Sévigné le 27 juin 2007 jour de la sortie du premier téléphone tactile.
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lromarf · 2 months
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Glouglouglou
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lromarf · 2 months
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January Jones as Betty Draper in Mad Men S03E08: “Souvenir”
Then I can have something to look at when I tell the story about the time we went to Rome.
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lromarf · 2 months
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Le Colisée d’or
Betty effleura le pendentif. Du bout des doigts elle caressa la contrefaçon miniature du réel. Ces ruines romaines moquaient celles de son mariage. Une antiquité, un reliquat de son bonheur.
Le cadeau de Don ne dissipait pas son insatisfaction. Au contraire, il insistait cruellement, lui semblait-il, sur ce qu’elle ressentait si rarement, ce qu’elle avait retrouvé à Rome et qui était déjà révolu, un vestige de joie dans un océan de mécontentement comme une lumière floue qu’elle apercevait à la surface qui aurait pu lui donner de l’espoir mais qui lui rappelait si elle était tentée de l’oublier qu’elle était enfouie dans son malheur comme dans son mariage.
Cette breloque représentait ce que sa vie n’était pas, et tout ce qu’elle aurait souhaité qu’elle fût, remplie de voyages et d’aventures, de suites d’hôtel et de week-ends romantiques, elle évoquait l’amour de Don : un souvenir abîmé qui pendait à son poignet.
Elle le regarda déçue. Dans les yeux, elle lui débita son plan de publicitaire « Then I can have something to look at when I tell the story about the time we went to Rome. »
Sa remarque était désagréable. Qu’avait-il fait de mal ? le sentiment de son impuissance le rendit malheureux. Il avait voulu lui faire plaisir. il avait échoué.
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lromarf · 2 months
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Prologue
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Straight8 Cannes 2024
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