Tumgik
lalignedujour · 4 months
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Des sièges de coiffeur, dans lesquels on peut faire des shampooings. Une affichette indiquant qu'on peut ici convertir des VHS en DVD. Des canettes de Fanta à 2€. Et pourtant, on est chez un opticien.
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lalignedujour · 4 months
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La vie, c'est un lac gelé. Tu fais du patin dessus. T'as des patins, du fais du patin, c'est tout.
Tu peux faire du patinage artistique, du patinage de vitesse, du patinage pour aller quelque-part ou non, peu importe. Mais tu fais du patin. C'est ça la vie dans mon analogie, ok ?
Et voilà. On se focalise encore sur ce qui se passe au-dessus du niveau de la glace.
Mais faut faire attention à la couche de glace. Y a des périodes où elle est fine. Faut y aller tout doucement.
Et même si t'y vas doucement, tu ferais mieux de viser les endroits avec une couche de glace suffisamment épaisse. Sinon, y a des jours où ça va craquer. Et faut pas croire que dans le fond, c'est solide, que là-dessous, l'eau est bonne. Non. C'est gelé, tu peux crever. Pas obligé, mais tu peux crever.
Pour flotter toujours toujours au-dessus du niveau de la glace, même en plein milieu du lac, quand les rives semblent hors de portée, il faut savoir se faire légèr·e. Alors, oui, c'est que de la surface : du divertissement, du rire, de la jouissance.
En attendant les plages solides, gelées sur 2 mètres de profondeur, ce sont les plaisirs de la surface qui font qu'on peut continuer à patiner.
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lalignedujour · 4 months
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Un soir, en sortant du cinéma (je sais pas si c'était juste ce cinéma ou si c'était comme ça en ex-RDA, de façon générale), j'ai discuté du film avec d'autres gens qui étaient là. Je ne sais plus qui a abordé qui, mais on considérait qu'aller voir le même film faisait de nous des gens qui avions de quoi échanger ensemble. Et c'était sans doute vrai.
Oui, parce qu'il y a eu une période, pendant mes études et même un peu après, où je pouvais aller regarder un film en Allemand. Je comprenais, et tout. Aujourd'hui, même sous-titré, je peux plus.
Et sur les marches du cinéma, un couple m'a invité à prendre un verre. La femme était cool. Le gars distant mais ça allait. Par contre, leur coloc était délire, limite flippant. Il avait pris de la drogue, je crois. Mais tout le monde se comportait normalement, comme si il était comme ça tout le temps. Comme si le bizarre était normal. Comme si c'était un enfant, en fait.
Il disait qu'il fallait pas faire attention aux murs car ils ont une quinzaine d'années maintenant, et ils commencent à avoir du duvet, c'est naturel. Pour nous rassurer, il disait qu'il allait les raser le lendemain matin. Et tout le monde était là genre ok, c'est une info banale. Ni à entrer dans son délire, ni à s'en inquiéter. Normal.
On a mangé des penne sauce tomate, ce soir là. Et la cuisson était nickel. J'ai rapé des zestes de citron. Je pensais que c'était juste pour me faire me sentir utile, par politesse. Mais après, j'ai capté que c'était vraiment meilleur avec ça.
Je me souviens avoir regardé l'appartement, les visages des gens, le plat sur la table, le renfoncement pour les fenêtres (particulièrement large, car les murs sont épais en ex-RDA) et je me suis dit "je suis là, je fais partie de ce tableau". Je sortais juste pour voir la séance de 16h50 et je suis là.
Et on s'est vraiment écouté.es, ce soir-là, je crois. J'ai eu cette impression. Je suis reparti avec le sentiment de m'être enrichi d'autres vies, et d'avoir donné un peu de la mienne. J'aime bien cette sensation, surtout quand je marche dans la ville la nuit avec. Surtout quand il fait froid. Surtout quand je suis seul. Surtout quand je fume (je fumais à l'époque, et seulement seul). Je mettais pas de mots comme ça, mais avec le recul, j'ai l'impression que ça circulait : je donne, je reçois, genre veines, artères, je traverse la route et hop je monte dans le S-Bahn.
Et maintenant, à Paris, quand le film est fini, on pousse une porte coupe feu dans une petite rue cachée. C'est sinistre, on dirait qu'on sort honteusement d'un sex-shop. On émerge juste du film et direct hop on est passant.e, c'est nul.
Ça fait 26 ans que j'habite ici, maintenant, alors ça manque d'exotisme. J'ai mes habitudes. J'ai mes ami.es, mes collègues, mes connaissances, mes cinémas. Je rencontre rarement de nouvelles personnes, alors quand je suis dans un appartement, je me dis pas que c'est fou. Non, je l'avais prévu, je l'ai noté dans mon agenda "Pascaline jeudi 19h", j'ai pris la ligne 6, j'ai fait le digicode, c'est pas une surprise de la vie, on pourrait pas dire ça, non.
Depuis que j'ai ma maladie, je sens que mes ami.es prennent une distance. J'en parle, et les gens écoutent pour dire qu'iels écoutent. C'est une écoute-performance : "je dois être un.e bon.ne pote, donc j'écoute". Mais je leur en veux pas, je fais pareil quand ça parle tarot, horoscope et lithothérapie (sociologie, mycologie, mythologie et théologie aussi, d'ailleurs - c'est à se demander ce qui m'intéresse dans les librairies, actuellement).
Je sens qu'il y a ce silence de qualité. Pour laisser la place à mes ressentis. Mais il y a aussi cette mise à distance. Ce "il me raconte son problème, et ça n'est pas moi". Le niveau juste en-dessous, ce serait pour moi de raconter ma vie dans le métro à des gens qui voudraient seulement scroller tranquillement et pas se sentir trop coupables.
C'est pas que c'était mieux avant, non. Y a eu des moments malheureux aussi à Leipzig. Mais disons que j'ai raté un truc pour que ce soit mieux maintenant.
Ce qui me manque est relié à l'absence de vie quotidienne. C'était parce qu'il n'y avait pas de trame que je vivais des trucs cools. Je faisais rarement des courses pour la semaine, là-bas. Je devrais essayer de vivre à Paris comme si je n'y vivais pas.
Une vie de vagabondage, ce qui me permettrait aussi d'avoir cette expérience : raconter ma vie dans le métro. Peut-être qu'une foule d'oreilles peu attentives remplaceraient efficacement une paire d'oreilles attentives.
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lalignedujour · 4 months
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Tout ce qui m'attire, ce sont des choses que j'ai faites. Relire des Zweig. Et pleurer dans des villes moyennes Allemandes. Et c'est tout en fait, c'est la fin de la liste. C'est quand, la fin de la vite, svp ?
L'enfant me voit triste. Il me dit qu'il m'aime et ça me fait pleurer. Comment lui expliquer ? Je lui dis que couper l'ail fait pleurer. Et je pleure encore plus en me disant que c'est un souvenir qu'il aura de moi.
Si encore on habitait une ville moyenne Allemande.
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lalignedujour · 4 months
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On passe l'après-midi avec Louise. On regarde passer les gens, on se raconte nos meilleures histoires de la semaine. On boit et on rit.
Elle reçoit un texto, c'est le mec avec qui elle est depuis deux mois. Elle l'appelle. Elle lui dit "Amour". Il est dispo ce soir. Elle propose de l'inviter chez elle et de faire un apéro à trois. Cool, elle va enfin me le présenter, le fameux Thomas.
Apparemment, tout est super chez lui. Ça me fait plaisir pour elle. Elle était avec un connard avant ça (il tournait en ridicule le fait que je traîne sa copine en manif féministe). Et un autre encore avant (il était marié).
Et là, le gars a l'air d'un vrai gentil. Il est petit, mince, rasé. Il retire ses chaussures et son casque de trotinette et me demande avant de me faire une bise.
Mais en fait, ça reste un mec cis hétéro. Quand Louise lui dit qu'on a pris des places pour un concert dans 3 semaines, il s'étonne qu'on ne lui ait pas proposé.
Il fait des petites remarques sarcastiques "ah bah tiens, ça m'aurait étonné de toi, ça" pour montrer qu'il connait bien Louise. Ça me fait penser à la façon dont on chambre les ados, des sous-entendus pour étiqueter leurs personnalités. Un jugement tendre.
Il laisse Louise faire des allers-retours en cuisine, alors qu'apparemment il passe la moitié de sa semaine ici. Quand elle revient, il pose sa main sur sa cuisse et lui dit de rester assise avec nous.
Elle se lève pour nous servir des verres. C'est moi qui doit me lever pour nous servir (alors que je ne sais pas où se trouvent les alcools, elle m'invite rarement chez elle). Je le sers. Il lui caresse la cuisse "il est très bon ce houmous, ma chérie". Puis il chuchote "mais ce serait mieux avec une petite cuillère, s'il-te-plaît".
Et elle se lève. Pour lui prendre. Une petite cuillère. Et elle sourit. Sincèrement. Parce qu'elle trouve ce mec super.
Je me souviens d'il y a quelques années, quand je lui ai dit que j'étais lesbienne. Elle m'a dit ok, et a répondu avec enthousiasme "ben moi, je suis hétéro !" Et je ne comprends pas pourquoi cet enthousiasme. J'y vois plutôt une malédiction.
Elle se range dans son genre. On ne rit plus. Elle sourit.
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lalignedujour · 4 months
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Les films américains s'inspirent de la vraie vie, oui.
Mais quand même, les motels américains, les flics américains, les procès américains, les écoles américaines, les petits-déjeuners américains, les bars américains, les feuilles mortes américaines, le donuts américains, difficile à croire que ce soit réel.
La preuve : dans les films de Quentin Dupieux, on peut retrouver chacun de ces éléments sans que le film soit américain.
Pour moi, c'est juste une convention de fiction. Comme les portails temporels, les animaux qui parlent, et les rêves prémonitoires.
Longtemps, j'ai cru - et je le crois encore - que les fêtes de Noël constituaient cette convention de fiction. Bien-sûr, j'ai compris que les gens se réunissent vraiment à Noël (je nourris un chien, trois chats, cinq poules et deux chevaux en l'absence de mes voisin·es ; ma boîte mail pro est calme ; mes soirées perso, aussi ; les rares maisons devant lesquelles il y a encore une voiture accueillent aussi d'autres voitures ; je ne suis pas débile).
Mais je pense que l'image d'un repas de Noël avec une nappe, une bûche, et des ingrédients incontournables, est quand même plutôt côté fiction que réalité. Pour moi, c'est un coup monté, ça n'existe pas vraiment. Et l'autre matin, j'ai entendu à la radio (un média réel) que le prix des aliments de fête a pris de l'inflation. Et parmi ces produits, il y avait la fameuse liste de convention de fiction.
Je me suis alors dit que les gens mangeaient peut-être vraiment ça pour les fêtes. J'ai été triste aussi en entendant que c'était important pour des personnes pauvres de pouvoir se payer ça pour "faire comme tout le monde". C'était présenté comme un "enjeu d'intégration dans la société".
Je ne comprends pas, parfois, comment je passe sans le vouloir à côté des choses réelles.
Je me sens comme une balle trop boulochée pour s'accrocher aux raquettes velcro bicolores, mais qui ignorerait que d'autres balles moins boulochées sont censées s'y accrocher. Elle ferait comme ça 50 aller-retours entre les raquettes (en imaginant que ce soit des enfants professionnels qui y jouent) sans jamais s'y accrocher, et personne ne la préviendrait.
Je ne souffre pas de ce statut. Je ne m'y complais pas non plus. Je cherche juste à comprendre.
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lalignedujour · 4 months
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L'une riait à gorge déployée aux gags visuels des comédies.
La suivante pleurait à chaudes larmes quand elle avait peur et réclamait des câlins d'un quart d'heure.
Une autre mangeait mes bonbons en cachette et pas moyen de la faire avouer.
La dernière avait carrément un doudou. Une fois, j'ai dû lui ramener de chez moi dans la nuit pour qu'elle puisse dormir.
Et je me souviens de ma copine de lycée qui faisait tout un cinéma dès qu'il fallait prendre une douche.
Mes exs ont tellement de traits enfantins qu'en les cumulant, je pourrais dessiner un enfant entier.
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lalignedujour · 4 months
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L'errance en ville me stimule au bon niveau. Les balades à la campagne ne me stimulent pas assez. (Et les conversations avec des connaissances, ou le temps passé sur mon téléphone, me stimulent trop, bien-sûr.)
Les trottoirs, les enseignes, les vêtements des autres, les graffitis, les trottinettes, les cris des enfants, les remarques de leurs parents, les odeurs de pain, de pisse, de planches, de pharmacie, de métal. Ça active en moi des chemins de pensée. Et je réussis à les poursuivre car je marche seul, sans musique, sans podcast.
Par ailleurs, la balade "en nature" n'a rien de plus sauvage que l'errance urbaine. Tout le cadastre est quadrillé de parcelles ayant un "usage" (pâturage, plantation de résineux, étang privé, aire de jeux pour enfants tapissée de cailloux, route goudronnée, jardin débroussaillé), si bien que je passe deux heures à circuler sur les traits du cadastre, entre les clôtures et les fossés. Et les pins maritimes m'inspirent peu. Alors autant être à Nancy, au moins je peux m'asseoir de temps en temps.
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lalignedujour · 4 months
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C'était pas une grosse fête, mais c'était avec des nouveaux gens. La musique était cool, les gens faisaient des têtes blasées, et donnaient l'air de trouver ça habituel. Alors, iels m'impressionnaient. Je voulais passer toutes mes soirées comme ça. Avec ces gens, et devenir pareil. Habituée.
Meilleure soirée. En rentrant chez moi, j'étais excitée. J'ai fait des grimaces et des voix devant mon miroir. Impossible de me mettre au lit. Heureusement, j'ai une coloc, et elle dormait. Ça m'obligeait à ne pas rester trop longtemps. J'aurais habité seule, je serais encore debout à cette heure-ci.
Je me suis endormie en me touchant sommairement. Juste de quoi flotter un peu, et laisser le sommeil prendre le relai. J'avais chaud et soif, parce que j'avais trop bu. Et j'avais pas pensé à remplir ma gourde d'eau, parce que j'avais trop bu.
Dans le rêve, je regardais avec mes parents un des sketchs que j'avais fait vers 11 ans. J'imitais en voix-off le ton des analystes politiques des années 2000. Et j'avais fait un montage avec des images de ville qui défilent. Certaines que j'avais filmées moi (donc Rennes, mais pas reconnaissable, juste des bouts de trottoirs), d'autres qui venaient de Google Images et que j'animais comme ça.
Je suis content d'avoir fait ces montages. Je les revois régulièrement, et avec le temps, c'est de moins en moins drôle, et de plus en plus attendrissant. La charge émotionnelle est constante, juste différente.
Bref, le rêve continue. Mon frère met de la musique d'un air blasé que je lui envie. Et le poste de radio a aussi une tête blasée avec sa rangée de boutons en guise de bouche plate.
Puis, je dois étendre du linge, et c'est pas le mien, ni celui de mes parents, ni celui de mon frère. C'est des vêtements de plus en plus extravagants. A un moment, y a un chapeau avec des fruits dedans. Et y a pas d'ellipse. J'étends vraiment le linge jusqu'à remplir l'étendoir, puis je rejoins mes parents.
Mon père me reparle de la vidéo. Je dis que ça aurait pu être réaliste, mais qu'à un moment (dans la version du rêve), je dis "NUPES". Donc on est forcément dans un rêve. Je passe donc en mode rêve lucide, je leur dis que je les aime car c'est sans conséquence. Ma mère insiste pour dire que c'est une vraie vidéo. Je lui coupe la parole car c'est sans conséquence :
-Mais enfin, regardez. Y a mon frère encore enfant. Le linge, on sait pas à qui c'est. On se serre dans les bras. Et la NUPES en quoi… 2004 ? On est dans un rêve, c'est tout. C'est pas grave. On va se réveiller.
Silence. Mes parents me regardent, l'air inquiet.
Et je comprends : mes parents ne pourront pas se réveiller car dans la réalité, ils sont morts. Là, je panique. J'essaie de les prendre dans les bras, mais je suis bloquée. Je hurle de longues secondes, puis je me réveille.
J'espère ne pas avoir hurlé dans la réalité. Je vais me servir un verre d'eau. Il fait jour. Mon réveil sonne dans 4 minutes.
Je m'y habituerai jamais. Pire nuit.
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lalignedujour · 4 months
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Je voulais aller à Oléron, et je me retrouve à Orléans. Putain d'auto-correct.
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Même les spectacles de fin d'année ne me donnent plus foi en l'humanité. Ça va me faire du bien d'aller voir la mer quelques jours.
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J'ai pas de haine envers les fêtes de fin d'année, ça m'indiffère, c'est tout. Idem pour la notion de famille. Si, en fait, c'est un peu négatif. Simplement parce que ça me gêne quand on me demande ce que je fais pour les fêtes. Je bredouille, je veux mettre à l'aise, je désamorce, je sais pas comment dire que le bonheur m'indiffère.
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lalignedujour · 4 months
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La carte postale revient souvent quand je m'endors. Un scooter qui prenait un rond-point dans le ventre de Barcelone.
Ça a duré quelques secondes, et puis voilà. Quelques secondes sur 5 jours à Barcelone. Mais quand on me parle de Barcelone, je pense au scooter. Et quand je vois un scooter, je pense à Barcelone.
L'obturateur se déclenche comme ça, de façon aléatoire quand je marche. Il y a un truc qui se grave, je ne sais juste pas quoi. A Lisbonne, c'était le pain du petit-déjeuner. A Stockholm, le magicien de rue. A Londres, une dame aux cheveux teints sur Oxford Street. A Vienne, un immeuble avec un gars à la fenêtre qui jouait de la guitare.
C'est une ville, une image. Je ne choisis pas la carte postale.
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lalignedujour · 4 months
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Il me dit que ma maison est hantée. Et que pour 80€ il peut me la nettoyer (il me fait un prix).
Moi, je ne doute pas qu'elle soit hantée. Toutes les maisons le sont.
Mais je vis bien ici. J'y vis tellement bien que je vais la hanter. Je vais y ancrer des souvenirs de ouf. Les gens qui vivront là seront grave bien ! En fait, je vais retirer du travail à toi à tes escroc-descendants.
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lalignedujour · 4 months
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Elle avait trois paires de chaussures, les trois étaient grises-noires mi-montantes. Au début, je croyais qu'elle avait toujours les mêmes, et en fait non. Il fallait bien la connaître pour les différencier.
Puisque chaque fois qu'il y a un meurtrier, les voisin·es disent que c'était un mec super poli et serviable, elle se méfiait systématiquement des mecs polis et serviables. Mais premier degré ! Elle se tendait vraiment quand quelqu'un lui disait un bonjour souriant.
Elle a encore des feuilles de brouillon du bac, alors qu'elle a 32 ans.
Elle avait un cours de gym suédoise dans un grand immeuble en face de mon bureau, de l'autre côté du rond point. La nuit était tombée, mais je pouvais voir la lumière au 8ème étage, et quelques silhouettes. Je la distinguais pas, mais je savais qu'elle était là, concentrée pas loin de moi. Et ça m'excitait un peu.
Elle prenait des bouts d'emballage cartonné de chocolat pour m'écrire des mots d'amour. On en a jamais parlé, mais je pense qu'elle savait que ça finirait en marque-pages.
En lui rendant ses affaires, je lui ai fait un mot pour pouvoir lui dire sans lui imposer un contact, sans lui faire vibrer son téléphone. C'était du papier de magazine.
En passant récupérer mes affaires chez elle, j'ai vu le bout de magazine dépasser d'un de ses livres. Dans l'entrée, j'ai vu des chaussures neuves. Jaunes et roses.
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lalignedujour · 4 months
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Dublin, le 18 décembre 2023
(Non, je plaisante, je suis chez moi.) [...]
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Côté féminin, les Parisiennes du PSG et du Paris FC, ainsi que les Fenottes de l'OL jouent la 4e journée de Women's Champions League. Les clubs parisiens sont dans des dynamiques similaires : après avoir perdu leurs deux premiers matchs, les joueuses ont gagné le troisième : le PSG a battu la Roma, et le Paris FC le Real Madrid. De quoi s'offrir un espoir, qu'il faudra confirmer… à l'extérieur, cette fois ! L'OL a déjà mis Brann a 3 points derrière, et a pris la tête du groupe B. Il s'agit de confirmer son statut, mais en Norvège, cette fois.
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Streamez mon combat contre Otto Wallin ce soir Dans le plus gros événement de boxe de l'année Le show de ce soir est plein de grands combats Alors, faites-vous plaisir Et prenez votre pay-per-view Profitez bien du show ! A ce soir !
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lalignedujour · 4 months
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Le narrateur est un négrier. Il parle trop mal. Il est abjecte. Il déshumanise les femmes et les nègres, et moi je ne veux pas l'humaniser. Il utilise le mot nègre sans guillemets, sans italique, et il y en a encore pour 280 pages. Je ne l'aime pas, je n'aime pas le lire en "je". J'espère que ça finit mal pour lui. Qu'il a le rôle de méchant.
Je sais que c'est pour de faux, mais j'aurais été plus à l'aise avec un narrateur ou une narratrice qui pense comme moi. Ici, il tient des propos problématiques, et il suggère qu'on ne peut plus rien dire.
J'attends une désamorce, je veux entrevoir l'auteurice derrière. Qu'iel me dise que c'est juste une histoire. Qu'iel me dise clairement son propos, car j'ai peur deviner une absence de propos. Un eabsence de contextualisation.
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Et les trois sont là. 38, 41 et 40 ans. En cercle autour de la théière, comme autour d'un feu. Ce soir, iels ont décidé de se voir sans leurs enfants - de se voir enfants. Iels regardent leurs yeux, et imaginent leurs visages d'enfants autour.
Elle a été abandonnée par sa mère à 4 ans et a été élevée par son père, comme il pouvait. Sa mère est réapparue vingt ans plus tard, comme une fleur, pour voir ses petits-enfants. Elle ne les aura vus qu'une seule fois.
Il a été moins que moins-que-rien dans la cour de récréation, de la maternelle au lycée. Ses parents ne voulaient jamais lui payer de glace (jamais jamais). Et pour Noël, il avait des jouets pas pertinents, pour des enfants plus jeunes que lui, auxquels il jouait secrètement quand même.
A partir de ses 8 ans, sa mère travaillait à partir de 21h dans un bar. Le plus souvent, il n'y avait personne pour les garder, lui et sa petite sœur. Sa mère cuisinait, tout le monde mangeait, elle mettait au lit la petite. Et à 20h40, elle partait. Lui, il avait le droit de jouer encore un peu, puis il se lavait les dents, il lisait une histoire et il dormait. Il se tenait bien. Il respectait presque les horaires. Mais un soir, sa sœur s'est réveillée, et elle a avalé des produits ménagers. Il était absorbé par son circuit de train, et il a rien vu. Heureusement, il a appelé les pompiers à temps. Tout s'est bien passé, mais il s'est senti coupable. Personne ne lui a jamais dit que c'était pas sa faute.
Ces trois-là ont longtemps cru que leur couple était suffisant, pour que leurs connaissances restent des connaissances. Ce soir, iels vont aller au cœur, iels vont devenir des ami·es.
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La cathédrale est illuminée. On y projète des animations. Les adultes filment avec leurs téléphones. C'est quand même leurs impôts. Les enfants filment... avec leurs yeux, je suppose ?
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lalignedujour · 4 months
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Je ne réponds plus sincèrement quand on me demande si ça va. Je ne réponds plus aux inconnu.es qui entrent dans la pharmacie et disent "bonjour messieurs dames" à l'envolée. Ni d'ailleurs si je suis au bureau de poste ou à la boulangerie.
Enfin, je ne fais plus aucun effort. Toute ma journée est tendue vers un point : la nuit.
J'attends à coups de siestes et de lectures de n'importe quoi. J'attends l'heure à laquelle je pourrai danser et tout oublier.
Danser au milieu des autres, mais ne sentir ni leur regard, ni leur sueur. Danser dans un son qui pourrait endommager mes tympans, mais n'entendre les acouphènes qu'une fois dehors. Danser en bougeant si vite, si fort, et ne sentir les courbatures que le lendemain.
C'est seulement dans cet état que je ne sens plus rien. Mes émotions s'apaisent, mes réflexions se taisent, et je n'ai plus aucune douleur physique. Mais ça revient dès le lendemain. Alors encore, j'attends, pharmacie, tabac, médiathèque. Pas de bonjour, pas d'au revoir, j'attends. Pour m'exprimer, j'attends de n'être qu'une silhouette.
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lalignedujour · 4 months
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Le rêve s'est terminé avec une boule à la gorge. Le jour a commencé avec des larmes sur l'oreiller. Il m'arrivait de faire des rêves érotiques, et de me réveiller excité. Là, j'ai fait un rêve lacrimal.
Au petit-déjeuner, ça continue à couler. Le goutte à goutte est plus rapide que celui du café filtre. Si je fais la soustraction, je me déshydrate.
Les mots flottent dans la tête. Ceux du rêve, ceux du réveil. L'idée de lui écrire une lettre. L'idée de ne plus lui écrire. L'idée de lui écrire que je ne lui écris plus. L'idée de lui donner encore de l'amour. L'idée de ne plus la lire. Voilà. Pour commencer.
Je me calme. Je pose la tasse sur une feuille vierge. Ça fait un rond de café, c'est joli. Je connais son adresse par cœur. Elle trouvait ça joli les ronds de café. Je me remets à pleurer. Oui, pourquoi pas lui écrire une lettre.
Mais les mots ne sont plus en moi. Ils partent en larmes. Ils perlent sur le papier. Oui, pourquoi pas lui envoyer juste ça. Le rond de café et les perles de larmes.
Envoyer n'importe quoi, mais envoyer quelque-chose. Le timbre en dirait trop. Je lui déposerai dans sa boîte aux lettres une lettre panonyme (je marque mon adresse au dos) mais vierge. Ne rien y mettre, seule solution pour ne rien omettre.
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