Tumgik
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IA : Deux lettres, conséquences profondes.
Qu’elle soit perçue comme le paroxysme de l’évolution humaine ou comme une épée de Damoclès, l’intelligence artificielle ne laisse pas indifférente. Son affolante vitesse de développement soulève une foule d’interrogations en matière d’éthique et de sécurité. Parmi les inquiétudes, impossible d’ignorer le remplacement de la main-d’œuvre au profit de systèmes d’une rigueur inégalable, le contrôle machiavélique par des éminences grises ou l’accession d’une entité supérieure, nouveau dieu des sapiens, pour qui l’efficacité primerait sur l’humanité. Sombres présages ? Délires paranoïaques ? Spirale infernale ? Tout n’est peut-être pas si noir ! Il est temps pour les experts d’établir une stratégie afin d’éviter de se retrouver au bord du gouffre en se disant : « Si seulement… »
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Obsolescence humaine
Une étude menée de concert par les chercheurs d’OpenAI, entreprise créatrice de ChatGPT, et l’Université de Pennsylvanie, révèle que « près de 80 % des emplois aux États-Unis pourraient voir plus de 10 % de leurs tâches effectuées par l’intelligence artificielle, de même que 19 % des travailleurs constateraient une diminution de 50 % des leurs »[1]. Les changements les plus marquants seront principalement dans les domaines des langues, du service à la clientèle, de l’analyse de données et de la programmation. Imaginez, un salarié avec une énergie inépuisable, une expertise infaillible et surtout, une perpétuelle rentabilité. L’humain en emploi sera-t-il obligé de se plier aux exigences déraisonnables d’un passé pas si lointain, lorsque nous devions nous estimer heureux d’avoir un « job » ? Ne serait-ce pas là une excellente nouvelle pour les P.D.G. de ce monde ultra-compétitif où la productivité tend à l’emporter sur le bien-être ? C’est une réflexion plutôt décourageante, en particulier pour nous, futurs langagiers. Permettons-nous tout de même de prendre un peu de recul face à ces données. Bien que la traduction et la rédaction seront, hors de tout doute, profondément transformées, on ne doit pas perdre de vue que l’intelligence artificielle ne possède pas encore la capacité de faire usage de la pensée critique. Elle ne peut comprendre toutes les nuances du langage naturel telles que les allusions, le sarcasme, les sentiments. Peut-être deviendra-t-elle plutôt la plus fantastique alliée que l’on puisse trouver, un peu comme Jarvis, assistant virtuel de Tony Stark, dans Iron Man.
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Propagande infinie
Néanmoins, lorsque l’on parle de technologies qui ont un potentiel de bouleversement du cours de l’histoire, le pessimisme n’est jamais bien loin. Le retour d’un climat de « guerre froide » avec la Russie et la Chine ajoute un soupçon de doute. Le conflit en Ukraine a exposé un autre effet pervers de l’intelligence artificielle, elle est susceptible de servir des causes préjudiciables. La rapidité avec laquelle elle permet de créer de la propagande est phénoménale. Imaginez le robot emplissant l’intellect des masses de son fiel, lui-même provenant de sources contrôlées par des individus sans scrupules ne désirant que satisfaire leurs propres intérêts. Le raffinement de l’hypertrucage (deepfake) donne déjà à des êtres malintentionnés la possibilité de semer efficacement le doute dans les esprits. Nous risquons de nous retrouver perdus dans un flot incessant de fausses nouvelles qui nous emmureront dans des chambres d’écho. Ah ! Radicalisme insidieux, quand tu nous tiens ! Les modèles de langage comme ChatGPT ne sont pas en reste, car eux aussi connaissent des ratés. Lors de la programmation des algorithmes, il est très difficile d’éliminer les biais humains, ce qui donne inévitablement lieu à des réponses erronées. On peut d’ailleurs faire dire à peu près n’importe quoi au robot conversationnel en lui donnant les bonnes commandes et sortir ses propos de leur contexte. Des experts ont demandé un moratoire pour tenter d’établir un cadre réglementaire. Toutefois, la boîte de Pandore est ouverte. Pouvons-nous vraiment contrôler des organismes déterminés à imposer leurs valeurs et leurs motivations douteuses ? Eh bien, peut-être avec la création de logiciels de détection encore plus puissants ! Viendrait-on de s’engager dans une « boucle infinie » ?
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Réalité dystopique
Continuons un peu sur notre lancée fataliste… Si, dans notre recherche constante de l’assistant virtuel ultime, nous arrivions à concevoir LA « super intelligence », celle qui nous surclasserait à tous les niveaux, finirait-elle par juger que nous courons à notre perte ? Déciderait-elle, dans un élan salvateur, ou non, de prendre le contrôle ? Serait-on en mesure de la « débrancher » ? Et surtout, se laisserait-elle faire ? Facile de s’imaginer dans une réalité parallèle où le Skynet de Terminator fusionnerait avec le Big Brother d’Orwell.
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Avenir inéluctable ?
Bien sûr, il faut comprendre qu’il y a une part d’exagération dans certaines des hypothèses présentées plus haut, mais un processus de gestion des risques sérieux se doit d’envisager tous les scénarios possibles afin de concevoir, au meilleur des connaissances disponibles, une stratégie d’action efficace. L’incertitude étant inhérente à toute révolution, il est difficile d’avoir une idée immuable sur ce que nous réserve l’avenir, mais je préfère penser que l’intelligence artificielle sera le salut de notre espèce, celle qui nous mènera vers de nouveaux sommets de productivité et de compréhension, celle qui nous guidera sur le chemin d’une harmonie durable avec notre environnement. En revanche, je crois fermement que l’humain doit créer, car c’est ce processus de création qui a fait de nous ce que nous sommes, l’art, la littérature, la philosophie, le cinéma, etc. Évitons le piège de donner en sous-traitance l’essence même de notre identité.  
Et vous, comment voyez-vous cette prodigieuse avancée ? Propagandiste aguerri, dictateur implacable ou assistant loyal ?
[1] (Eloundou et al., s. d.), GPTs are GPTs: An Early Look at the Labor Market Impact Potential of Large Language Models, https://arxiv.org/pdf/2303.10130.pdf, (2023, 27 mars), p. 1.
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