Tumgik
#jpp je pensais la finir vite mais à chaque fois que j'écris une scène y en a une autre qui se rajoute
trekkedin · 3 years
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Vlà un ptit aperçu de la fic sur laquelle je travaille: 
— Quand je pense qu’ils étaient à cinq mètres de moi. 
Léodagan était assis sur une souche, les yeux fixés sur les flammes dansantes qui jetaient des reflets roux dans ses cheveux gris. Arthur lui jeta un coup d’oeil au-dessus du feu de camp. Autour d’eux, les soldats s’affairaient à préparer leur départ, les uns rassemblant leurs armes, les autres répétant le plan d’attaque. Il resserra sa cape noir autour de ses épaules. Le vent était froid dans la nuit déjà bien avancée. 
— À quinze contre un, vous auriez pas pu faire grand-chose, dit-il. Et puis, vous étiez allés ramasser des fraises avec votre fille, vous auriez pas pu vous douter de ce qui se passerait. De toute façon, dès que les éclaireurs sont revenus, on part la chercher. Dans quelques heures, elle sera avec nous. 
Ce fut au tour de Léodagan de lui jeter un regard peu convaincu. 
— Vous dites ça pour vous rassurer vous, ou pour me rassurer moi ? 
Arthur haussa les épaules. Il repoussa une longue mèche noire derrière son oreille. Avoir les cheveux longs n’était pas évident pour un chef de guerre, mais il n’avait pu se résoudre à les couper. Pas encore. 
— De toutes façons, si on la ramène pas, c’est votre femme qui ira la chercher elle-même. Déjà qu’il a fallu faire tout un cirque pour pas qu’elle nous suive. 
Léodagan hocha la tête. 
— D'ailleurs, je sais pas ce que vous avez prévu de faire de l’autre, dit-il à voix basse, le regard fixé sur les braises rougeoyantes, mais si vous le tuez pas, c’est moi qui m’en occupe. Remarquez, si on le ramène vivant au château, il va pas le rester très longtemps. Vous aurez beau mettre autant de gardes que vous voudrez, ça arrêtera pas ma femme. Et vous savez comme moi que, si on le laisse partir, il recommencera. 
Arthur resta silencieux, et Léodagan n’insista pas. Ils se tinrent compagnie en silence sous les étoiles, entourés par le bruissement des feuilles, les cris des bêtes sauvages, et la mélodie d’une armée qui se prépare. 
— De toutes façons, dès qu’on rentre, je lui colle un garde du corps aux miches, non négociable, finit par dire Léodagan. 
— C’est pas moi qui vais vous arrêter, acquiesça Arthur. On peut même lui en coller deux, si ça vous fait plaisir. 
Au sein d’une petite clairière perdue dans la forêt, non loin des ruines de ce qui fut, par le passé, Kaamelott, avait été érigé un camp de fortune. Il abritait les traditionnels traîtres, renégats, lâches et autres synonymes qui, non contents d’être toujours en vie, cherchaient un moyen de reprendre le pouvoir afin d’assouvir leur soif d’ambition pour les uns, et de continuer les vieilles habitudes pour les autres. 
— Non mais, sérieusement, vous la capturez, moi, à la limite, je veux bien, dit Loth avec un grand geste du bras en direction de Guenièvre pour appuyer ses propos. Vous voulez pas la ligoter, je peux comprendre. Mais la laissez  libre avec simplement les poignets pris dans une petite ficelle, vous m’excuserez, je trouve que ça fait un peu léger. Déjà qu’il a fallu qu’elle s’échappe et qu’on lui court après pour que vous acceptiez qu’on lui attache les chevilles ! 
À quelques mètres de lui, assise en tailleur au pied d’un hêtre, sa robe blanche souillée par la boue et déchirée par les branchages, Guenièvre le regardait d’un air furieux. Une épaisse corde enserrait ses poignets posés sur ses genoux. Autour d’elle, les quelques gardes blancs restés fidèles à Lancelot, et les soldats du royaume d’Orcanie s’affairaient à ranger le campement, alors que les premiers rayons du soleil perçaient déjà les nuages à l’Est.
— D'autant que, de mémoire, c’est pas des poignets ligotés qui l’ont empêché de disparaître la première fois, ajouta Galessin. 
— Non. 
La voix de Lancelot était ferme, et sans appel. Sa main se posa sur le pommeau de son épée, en clair avertissement de ne pas insister. Et pourtant, depuis que Guenièvre avait été ramenée au camp, il ne lui avait adressé ni un mot, ni un regard. 
— Ce que l’on peut faire, dit Mevanwi, les yeux posés sur son ancienne rivale qui soutint son regard sans vaciller, c’est l’enfermer dans une jolie petite cage. Comme ça, elle ne sera pas ligotée, ce sera d’autant plus dur pour Arthur et les autres de l’en sortir, et ça vous laisse le temps de décider quoi faire d’elle en attendant. 
— Quelle bonne idée ! s’exclama Guenièvre en levant les yeux au ciel. D’autant que j’ai l’habitude maintenant, après avoir passé dix ans enfermée dans une tour. 
Lancelot fronça les sourcils. 
— Quoi faire d’elle? Que voulez-vous dire? 
Mevanwi le regarda d’un air surpris. 
— Elle vous a quitté deux fois déjà, dit-elle. Si vous voulez laisser passer un affront pareil, libre à vous, mais que penseront vos hommes ? D’autant que, si vous reprenez le trône, il s’agira de faire un héritier cette fois. 
Elle se mit sur la pointe des pieds, prenant appui sur les épaules de Lancelot dans une moquerie d’embrassade. 
— Ou tenez-vous vraiment à ce que le peuple vous voit comme un souverain plus incapable encore que le précédant ? souffla-t-elle dans son oreille, avant que Lancelot ne la repousse d’un air empli de dégoût, et de mépris. 
— Ah ! dit Loth en faisant un pas en arrière, les mains levées en signe d’innocence. Là, mes amis, nous atteignons, une fois n’est pas coutume, une de mes rares limites. Capturer la reine, je veux bien, c’est un coup de bâtard, donc on reste dans la routine, si on veut. Mais si on commence à parler torture et autres joyeusetés, je vais devoir vous quitter. Non parce que, c’est pas que ça me gêne, hein. Boyaux, viscères, bûchers, soyons honnêtes, c’est la routine. Mais, dans l’hypothèse d’un échec, parce que, restons lucide, tout est possible. Dans l’hypothèse d’un échec, donc, je préfère être jugé pour avoir capturé la reine uniquement. Je doute fortement que la punition soit la même si le fils Pendragon la récupère, comment dire, 'abîmée', si vous voyez ce que je veux dire. 
— Surtout faites comme si j’était pas là, hein, dit Guenièvre d’une voix si plate qu’on aurait pu douter que la discussion la concernait. J’ai l’habitude, après tout. 
— On pourrait aussi envisager de la bâillonner, ajouta Mevanwi. 
— Arthur ne la récupérera pas, déclama Lancelot, faisant mine de ne pas les avoir entendu. Et un noble chevalier ne met pas son aimée en cage comme un vulgaire animal. 
— Oui, enfin, pour la cage, vous l’avez quand même enfermé dans une tour pendant plusieurs années, remarqua Galessin. 
— Dans une tour, oui, répéta Lancelot. Pas dans une cage. 
— Dans une tour, c’est beaucoup dire, dit Guenièvre dans le vide. On parle d’une pièce d’une dizaine de mètres carré avec une pauvre petite fenêtre sur l’extérieur.
Loth fit une moue incertaine. 
— Une tour, une cage, dit-il. L’on est en droit de se demander s’il y a vraiment une différence. 
— Et puis, on est tous d'accord pour dire que l’objectif, c’est que Arthur vienne essayer de la sauver, non ? dit Galessin.
— Ah mais non, seigneur Galessin, mon brave, interrompit Guenièvre sur un ton joyeusement ironique, en fixant Lancelot qui persistait à lui tourner le dos. Ce que le seigneur Lancelot veut dire par ‘Arthur ne la récupérera pas', voyez-vous, c’est que, quitte à me perdre, comment aviez- vous dit déjà ? Ah oui ! Il préfère me tuer de ses propres mains. 
Galessin et Loth se tournèrent vers Lancelot d’un même mouvement. 
— Ah oui, dit Loth, hochant la tête. On a donc atteint des sommets que je pensais jusque-là hors de vue. Non mais, vous savez quoi, je vous laisse faire vos petites bricoles, hein, vous décidez quoi faire, et puis quand vous aurez repris vos esprits, vous me faites signe ? Non parce que, au bout d’un moment, il faut savoir rester sérieux. Si vous partez dans des divagations folles, faut le dire, et puis nous, on retourne à nos magouilles habituelles. Donc, écoutez, moi, je m’en vais, et puis on se revoit quand la raison vous retrouve ?
Mevanwi détourna les yeux de Guenièvre pour se tourner vers les autres conspirateurs, faisant virevolter sa lourde robe. 
— Suffit ! dit-elle sèchement. Personne ne va tuer Guenièvre. Pour l’instant du moins. Seigneur Galessin, vous nous trouvez une cage solide où l’enfermer, et nous partons. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que, plus nous restons ici, plus le risque que les soldats de Kaamelott nous retrouvent avant que nous soyons prêts augmente.
— Alors, oui, mais je tiens tout de même à rappeler que, parmi les connards ici présents, je suis tout de même le seul à être roi, dit Loth. Je pense que ça mérite tout de même un minimum de respect, surtout quand il s’agit de donner des ordres à mes hommes. 
— D’autant que je suis chevalier, pas serviteur, ajouta Galessin, et qu’aux dernières nouvelles, je prends pas mes ordres de la maîtresse du régent. 
Mevanwi arqua un fin sourcil. 
— Si vous avez une meilleure idée, n’hésitez surtout pas à la partager, dit-elle calmement.
Loth et Galessin échangèrent un regard. 
—Non mais, c’est le principe, expliqua Loth. Sur le fond, ma foi, on a rien à redire. Quoad Primum, après tout. Le respect d’abord. Même si, bon, au vu de cette bande d’abrutis et de traîtres, je suis pas sûr que le respect vole bien haut par ici. 
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