L'automne se pare de brume. Bientôt sa crinière ardente se dérobe à notre regard. L'or cède sa place au nacre, l'ambre se réveille diamant. Une fois l'effeuillage terminé, la symphonie de l'arrière-saison s'évanouit. Règne alors le silence hivernal, qui n'est pas véritablement silence mais sonate funèbre, guidant la marche solennelle et irrésistible de l'aquilon.
Cette nuit-là, enveloppé dans la douce quiétude de notre amour, je me suis laissé emporter par un sommeil paisible. Un sommeil, non pas par ennui, mais par la quiétude que tu insuffles à mon être, par le réconfort que tu représentes.
Pourtant, ce sommeil, cette évasion vers un repos si désiré, s’est transformé en un écho de tristesse. Ta voix résonnait, chargée de déception et de frustration, parce que je me suis endormi comme un bébé, bercé par la sécurité de ton amour.
Je me suis retrouvé perdu entre le doux cauchemar de ta contrariété et le désir de rester dans cet état de béatitude, cet état où je me sens enfin en paix. Mes yeux clos ont été témoin de ce conflit entre le bien-être que tu m’apportes et la peine que ma sérénité a pu causer.
Je suis là, éveillé dans l’obscurité de cette nuit, me demandant comment quelque chose de si doux peut se muer en source de désaccord. La contradiction entre le bonheur ressenti et la peine infligée se mêle en un tourbillon d’émotions.
Pourtant, au milieu de cette confusion, une certitude demeure : l’amour, parfois, se perd dans le labyrinthe de nos sentiments, mais la quête de compréhension et de réconciliation reste un phare dans la tempête de nos tourments.
Parfois, ignorer quelque chose nous protège et peut même contribuer à maintenir notre équilibre. Parfois, elle nous met dans un terrible danger.
Tout le problème est de savoir - de comprendre - à quels moments il faut l'utiliser. Quand vaut-il mieux être dans l'ignorance et quand est-il préférable de savoir ?
Ils ont passés la journée au lit. Au bord du précipice, ils se tiennent, ils sont ensemble, serrés l'un contre l'autre, dans le silence profond de la montagne, indifférents à l'agitation du monde, aux cris vibrants de la ville.
Je me suis réveillée d'un coup. Je suis sortie de mon rêve comme tu es sortie de ma vie, brutalement.
Les rêves, c'est beaux et nuls à la fois. Je rêve de toi tel que tu n'as jamais été, tel que tu ne seras jamais avec moi, tendre et amoureux.
Prolonger ce rêve, c'était prendre le risque d'être mal toute la journée et te trouver de nouvelles excuses, comme si je ne t'en avais pas déjà trouvé assez.
T'aimer c'est un enfer. Mais impossible de ne plus ressentir ce que je ressens pour toi...
Les années qui passent ne changent rien. Je t'ai dans la peau, je t'ai dans mon cœur, au plus profond de moi.
Quoi de mieux qu'un anniversaire pour reprendre l'écriture de soi ? Ce mois de février 2024 marque les vingt ans de mon changement de personnalité. En février 2004, j'avais 17 ans pour trois mois encore et la dep a fait son entrée fracassante dans mon quotidien.
La dep c'est la dépression, la nommer ainsi la désacralise. Je n'ai pas une seule façon de parler d'elle, ça dépend de mon humeur (changeante). Chez moi, la dep est chronique. C'est aussi pour ça qu'elle s'appelle la dep, quoique je pourrais aussi écrire La Dep™.
J'ai écrit sur moi et sur ce que la dep a fait de moi un certain nombre de fois en vingt ans. De blogs en réseaux sociaux, jamais rien d'abouti car jamais vraiment assumé, même si j'ai fait croire le contraire. J'ai toujours été meilleure à l'écrit qu'à l'oral. Parler de moi me saoule, écrire sur moi m'aide à comprendre et, je l'espère, les autres à me comprendre. Je fais ça au calme, c'est plus facile d'y mettre les formes. Il y a des personnes qui ne saisissent pas le fait de se livrer sur Internet. Elles y voient peut-être un manque de pudeur, un anonymat rompu, peut-être que c'est juste une énorme tranche de malaise pour elles. Je les comprends, c'est humain, et leur avis m'importe. Pourtant je suis pudique et je pense que je maîtrise la situation, je choisis toujours ce dont je veux parler. La dépression affecte 280 millions de personnes dans le monde (source). Je ne suis pas exceptionnelle, même si je cumule dépression chronique et trouble anxieux généralisé + une ou deux autres merdes qui vont et viennent. Voilà pourquoi mon empreinte ne dure pas dans le temps, je stabilise assez mal mes émotions.
Vingt ans c'est long et s'il y a une chose pour laquelle je me félicite, et c'est très récent, c'est que je ne cherche plus à me débarrasser de ma maladie. Elle est là, c'est une chape, elle est chronique et elle me définit en partie. Le combat était perdu d'avance et ce n'est pas du fatalisme que de l'admettre. Je repousse les ronces de mon potager en sachant pertinemment que je ne peux pas les empêcher de revenir (oui, je jardine, c'est apaisant quoique les ronces me font vraiment chier). Le syndrome de Don Quichotte, ça suffit.
J'ai envie de reprendre l'écriture de moi parce que j'aime les choses bien rangées, que je veux voir où en est ma maturité et qu'un anniversaire, ça se fête.
Il faut bien souvent toucher le fond pour engendrer un grand virage dans notre vie.
Se libérer de tout ce que l’on traine et qui ne fait que nous ralentir.
Faire de l’espace pour ce qui vient vers nous.
Se permettre de laisser le passé là où doit rester et accueillir l’instant présent.
Mais surtout…. ACCEPTER.
Car ce qui nous arrive allait arrivé d’une manière ou d’une autre. Ça ne sert à rien les « j’aurais dont du » et les « avoir su, j’aurais ». Le chemin dans lequel vous avancez chaque jour est le bon. Chaque étape que vous vivez à un but précis.
Je sais à quel point ça peut te sembler incensé en ce moment. C’est peut-être même frustrant de me lire. Je sais et je ne t’en veux pas. J’ai aussi passé par la moi aussi… Dans les faits, j’y suis même encore.
Garde confiance… les réponses s’en viennent, crois-moi!
Filmer l'écriture, le cinéma s'en sait incapable. Leurs temporalités sont trop contraires. Il n'empêche que, çà et là, cette ambition resurgit le temps d'une scène. Le blog du Feu Sacré tâchera, au gré de visionnages, de répertorier certains de ces éclats.
Ici, le prime romancier adulé Pierre Valombreuse dont l'aise de sa vie (bientôt mise en péril de son propre chef) se cristallise dans un outil de traitement de texte.