Nous nous sommes promenés sur des routes d'une blancheur d'acier, jetées comme des passerelles sur l'abîme des ténèbres. La campagne engourdie dans les rougeurs du crépuscule est entrée sous nos yeux dans cet état somnambulique où les arbres rêvent tout haut en remuant la tête, où les prés frissonnent comme des dormeurs sous leurs draps, où l'eau bredouille de sa voix secrète des paroles incohérentes qu'on n'entend pas dans le tintamarre du soleil. Le ciel noir répand sa grâce mystérieuse sur la terre que le sommeil a rendue attentive. Tout dort et tout écoute. Libérée des grossières illusions du jour, l'âme n'aspire plus qu'aux choses invisibles; elle se rappelle ce qu'elle pensait n'avoir jamais connu; lorsque le corps s'agitait dans la lumière de midi, elle demeurait plongée dans une torpeur protectrice; à présent elle s'éveille doucement, tout heureuse et tout étonnée, dans son grand paradis nocturne.
Julien Green, Minuit
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Virginia Woolf, A Room of One's Own
[originally published 1929]
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I am jealous of those who think more deeply, who write better, who draw better, who look better, who live better, who love better than I.
-Sylvia Plath
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Charles Bukowski, "hurry slowly," from Come On In!
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