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#Une mort très douce
prosedumonde · 1 year
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Étant assez rigide quand il s’agit de lire les publications d’un auteur que j’apprécie, je me laisse doucement porter par les titres de Simone de Beauvoir. Son premier volet autobiographique a été une immense découverte, une adhésion parfaite, puis petit à petit j’ai appris à la découvrir autrement que par son propre reflet couché sur le papier.
Après avoir lu les deux parties constituant La force des choses, le suivant était tout logiquement Une mort très douce, un très court livre autour de la figure maternelle, Françoise Brasseur.
« Riche d’appétits, elle a employé toute son énergie à les refouler et elle a subi ce reniement dans la colère. Dans son enfance, on a comprimé son corps, son coeur, son esprit, sous un harnachement de principes et d’interdits. On lui a appris à serrer elle-même étroitement ses sangles. En elle subsistait une femme de sang et de feu : mais contrefaite, mutilée et étrangère à soi. »
Pour ceux qui ont lu les volets autobiographiques antérieurs, je ne vous apprend rien lorsque je dis que la jeune Simone s’est rebellée contre sa mère et ses idéaux, elle a souhaité s’en libérer et ainsi vivre une vie non plus réglée par la croyance en Dieu, mais une vie sans contrainte.
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fieriframes · 1 year
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[THE PICKLES ARE PRETTY RECENT, BUT O’BRIAN (HARMONDSWORTH: PENGUIN, 1969) (UNE MORT TRÈS DOUCE, 1964 AS YOUR BASIC BURGER JOINT.]
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tosteur-gluteal · 1 month
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OMOFALLS ONESHOT - tulip (FR)
Ce oneshot se passe avant les évènements présents de OMOFALLS. Pour un peu de contexte, le pronostic vital de Sunny est engagé après le récital. SPOILERS OMOFALLS + les trigger warnings associés à OMORI, mention de la mort, présence de lame, et en général, les deux p'tits gars vont pas très bien. Peut-être une version anglaise plus tard, qui sait?
Elles tombaient une à une, décapitées dans la froideur de leur amer requiem. De leur corps ruisselle leur sang jaunis, un venin dont l'odeur florale étouffe, dont les épines qui grattent le fond de la gorge. De cette même gorge en asphyxie s'échappait la douce torture d'une mélodie d'un soir de décembre.
Le soir fatidique, où Basil avait tout perdu.
Basil, dont l'allure est habituellement si droite, rappelait maintenant son œuvre, tuait toutes ses fleurs sans remords. Les cisailles tranchaient les tiges comme dans du beurre, chaque fibre méticuleusement condamnée d'un coup net et mécanique. Efficace, sans flancher, sans empathie et sans inutile hystérie. Il décapitait ce glaïeul.
«…Mh…hm..»
Cette mélodie étouffée et fausse, si grinçante qu'elle s'enfonçait dans des plaies ouvertes. Son âme dont les fleurs l'ont privé d'amour. Ces maudites fleurs, toutes coupables aux regards innocents, toutes témoins, pourritures dédaigneuses qui le toisaient.
«…Lalala… La,...la la…»
Basil avait tout perdu; ou plutôt, on lui avait tout pris. Quelle malheureuse fin, quand le regret lui fut si insoutenable que la violence lui semblait être la seule issue. La grisaille dans ses yeux creusait tout ce qu'il restait de lui; un corps dont la peine avait engendré la négligence, jusque cette violence de dernier recours.  Après un énième coup, il balayait ses rares larmes d’une traite. Il ne reviendra pas, peu importe les punitions infligées à ces hypocrites de fleurs.
«…La…lala…la…lala..!»
Il haïssait cette mélodie. Elle est hors de ton, arrogante, pleine de fausse modestie et de cette maligne innocence malgré le meurtre. La mélodie d’une menteuse.
Il jeta un coup franc dans un pot de muguet.
«…La…la…la…»
A la fin, il ne resta d’un seul pot intact.
«…Sunny…»
Une seule tulipe blanche, mourrante au pas de sa fenêtre. Le froid et le manque de le lumière ont dû finir par la scarifier, la faire partir de la manière la plus atroce. Une agonie solitaire qui découvrait la perfection sous l’angle le plus laid.
Basil se demandait pourquoi. La douleur qu’il ressentait l’éteignait un peu plus chaque jour, en même temps que cette pâle imitation de perfection. La tulipe, bulbeuse, simple, modeste, parfaite. “Parfait” était un mot qui lui donnait envie de mourir. “Parfait”sonnait comme une injure. Un mot si plat qu’il en est intouchable. Il se maudissait pour avoir un jour osé appeler Sunny “parfait”. Tout ça, c’était de sa faute. Son parfait petit Sunny était mort par sa faute.
«…»
Comme cette tulipe-là qui suppliait la délivrance. 
Comme Sunny seul dans sa chambre, étranglé par ces sombres murmures aux cordes du violon.
Et Basil, au pas de la porte, qui regardait.
Basil lui avait tout pris. 
La tulipe fanée regardait la guillotine qui l’invitait.
«…»
Abréger ses souffrances – la chavirante fleur ne respirait déjà plus.
«…Je l’ai tué.»
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perduedansmatete · 4 months
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j'ai perdu le compte des jours mais finalement le deuxième soir où on voulait sortir on a fini par rester manger chez la mère d'elyas, on n'arrivait pas à partir car ses petites sœurs ne voulaient pas nous lâcher et c'était une super soirée, elles m'ont demandé plusieurs fois quand est-ce que je revenais, il y avait des chats, une quiche à la butternut et encore des cadeaux même pour moi, la plus petite sœur m'a fait un bracelet et c'est d'ailleurs à cause de ça qu'on n'a pas pu aller dans le salon pendant une heure, elle finissait tous ses petits cadeaux, on a joué à un jeu de société jusqu'à tard en entendant au loin radiohead et je sais plus quel groupe d'un des deux gars des black keys, le beau-père d'elyas s'entendrait très bien avec le mien, en fait toute la famille d'elyas s'entendrait bien avec la mienne il faut vraiment qu'on organise le retour de ma grand-mère en alsace en emmenant peut-être mon père aussi avec nous, enfin bref du coup pas de romain de strasbourg ce soir-ci j'étais un peu triste mais hier on a couru partout pour chercher les cadeaux du père noël surprise et donc j'ai passé l'après-midi à paniquer moi aussi pour lui trouver un cadeau, comme c'est vraiment une vieille personne dans sa tête elyas m'a dit que ce qui lui ferait très plaisir c'est une écharpe toute douce donc on a écumé tous les magasins du coin pour trouver la plus douce et spoiler il l'a adoré, il m'a offert une grosse boite avec plein de petits cadeaux j'étais aux anges, puis la soirée était super je me sens vraiment bien à strasbourg et avec tous ces copains, j'ai limite envie de rater mon train retour, ce qu'on m'a proposé pour passer le nouvel an ici, on a joué à des jeux encore une fois et moi je voulais toujours faire des bisous à romain mais je n'ai pas pu car encore une fois comme c'est une vieille personne il s'est couché vers deux heures, sauf que ce qu'il n'a peut-être pas vu c'est que j'avais caché un des petits canards qu'il m'a offert sous son oreiller, nous on est rentrés tard sous la pluie en marchant avec un ami compagnon du devoir que j'adore lui aussi, et je me suis réveillée tôt à cause des enfants du dessus qui crient à la mort comme chaque matin, j'ai essayé de travailler sans succès en attendant que ma soeur et elyas se réveillent car on avait dit que pour ma dernière journée on se baladait et on se faisait un resto mais il est midi et ils dorment toujours, je suis donc coincée à les attendre avant d'aller ensuite à nouveau dîner chez le père d'elyas puis de voir romain et la clique dans sa coloc et de faire nuit blanche car mon train est tôt demain matin
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A little late, but here are my February & March poems, by Benjamin Fondane (1898-1944)
Refus du poème
Les filles du chant sont venues:
-"Veux-tu de nous? Nous sommes nues,
nos lèvres sentent la lavande…"
-Je songe aux ravins de Finlande
où dorment des soldats de gel...
Les vierges de sel du poème
m'ont dit: -"Il est temps qu'on nous aime!
Nous sommes nues sous la peau."
- Je songe aux forçats d'Allemagne:
ils sont maigres sous le fouet...
Les douces mères du sommeil
me choient: "Couche-toi! Les orteils
dressés vers la pointe du somme.
La belle au bois qui dort dans l'homme
ne se nourrit que de baisers…"
-Je songe aux énormes brasiers
qui brûlent autour de la terre...
La vieille édentée de la mort
m'a dit: - "Chaque cheval a son mors.
Ton lot sur terre est la mort lente.
Que ça te déplaise ou non, chante!
Nul être n'a droit au merci...
A quoi penses-tu, ombre vague?"
- O très chère, je songe à Prague !
Je n'entends pas, je n'entends plus
les prières de ses synagogues...
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Je songe au passant qui
Traverse sans hâte la rue.
Que de fois déjà il l’a vue !
Il ne la reverra plus.
Je pense à l’homme qui
Etend dans ses draps une femme.
La vieille chanson que la femme !
Mais c’est pour la dernière fois.
Je pense au poète vieilli.
Voyez : il écrit un poème.
En a-t-il écrit, des poèmes !
Mais celui-là c’est le dernier.
Je pense à l’homme qui
Eteint sa lampe et se couche.
Tant de fois il s’est endormi !
Mais cette fois c’est pour de bon.
Je pense, je pense, je pense
à la vie des éphémères
qui meurent en ouvrant les yeux.
(septembre 1943)
où sont les neiges d'antan ?
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selidren · 2 months
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Eté 1916 - Champs-les-Sims
13/15
Rose est d'accord avec moi. Lors de son séjour, et alors même qu'elle évoquait la promiscuité nécessaire qui se créé dans les hôpitaux entre les soignantes et les patients, Madame Eugénie a trouvé cela inconvenant. Rose s'est alors empressée de la rassurer. Bien entendu que Juliette, en qualité de jeune veuve, respectera son devoir chrétien et patientera un temps raisonnable avant de tenter de retrouver chaussure à son pied. C'est de toute façon une femme aussi belle qu'intelligente, qui ne manquera pas de prétendants.
Transcription :
Juliette « Après tout, il faut vous remettre en forme. »
John « Vous enfin… vous avez perdu votre mari il y a si peu. Je m’en voudrait de profiter de votre deuil Madame. »
Juliette « Vous ne profitez pas de moi si je sais ce que je fais, et c’est le cas. Comptez vous que toutes les femmes se retranchent dans une espèce de vie monachale après la mort de leur mari ? »
John « Non, bien sur que non. Mais je sais que quand ma mère a perdu mon père, elle m’a assuré avoir perdu tout goût pour les autres hommes. »
Juliette « Je ne suis pas de ces femmes là. J’aime encore mon cher Clément, mais je ne vois pas en quoi cela ne serai pas compatible avec le fait d’apprécier votre compagnie. Donnez moi votre main John. »
Juliette « Voyez ? C’est agréable n’est-ce pas ? »
John « Je n’avais jamais touché la joue d’une femme auparavant. Vous avez une peau douce et dorée telle celle de la pêche de vi... »
Juliette « Non, cessez, continuez à la caresser. Je vais laisser retomber mon bras. »
John « Je suis heureux de partager cela avec vous, Madame. »
Juliette « Appelez moi Juliette, je vous appelle John après tout. Moi aussi, je suis heureux de voir que derrière toute cette maladresse se cache un homme doux et gentil. Peut-être que quand tout cela sera fini… »
John « J’en serai très heureux. Si vous le souhaitez, je pourrai être un bon époux et un bon père pour votre fils. »
Juliette « Ralentissez donc ! Mais oui, quand je serai prête et si cela vous intéresse toujours, je serai heureuse de vous épouser. »
John « Tous les autres sont dehors. L’infirmière Lambert, le docteur Pradier, et votre sœur aussi. Cela ne vous gêne pas qu’elle nous voit ? »
Juliette « Oh elle nous a déjà vus ! Mais ma sœur n’est pas du genre donneuse de leçon, et quand bien même, je me fiche de son opinion sur notre relation. »
John « Très bien. Dans ce cas, j’ai envie de vous prendre dans mes bras. »
Juliette « Ne vous gênez pas. »
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luma-az · 8 months
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Le prince à vélo
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 16 août 
Thème : vélo/je suis en vie
. .
La terre est fraiche et douce sur ma peau. Les racines des plantes m’enlacent tendrement. Mon sommeil est paisible.
Six mois qu’on m’a tuée et qu’on m’a déposée là. Mon histoire ne débute pas ici. Mais elle ne s’y arrête pas non plus.
J’attends.
Parfois un bruit brise mes rêves de forêt. Les pas lointains d’un promeneur. Le grondement plus lointain encore d’un avion dans le ciel. La sonnette d’un vélo. Toujours trop loin pour venir me sauver. Et même ceux qui se rapprochent… tout le monde n’a pas le cœur d’un prince. Leur choc et leur horreur en me découvrant ne leur permettent pas de faire ce qu’il faut.
Peu importe. J’ai tout mon temps.
.
Ce n’est pas vraiment que j’ai perdu patience – le temps n’est qu’une information quand on est mort. C’est qu’il m’a agacée, avec son vélo.
Qu’on ne me voit pas depuis le sentier de randonnée, c’est normal – mes amis se recueillent régulièrement devant mon corps, ils ne l’ont pas installé n’importe où. Qu’on ne me voit pas quand on franchit les buissons et qu’on arrive dans l’herbe courte, c’est déjà moins banal. Mais qu’on me roule dessus sans me voir du tout ! Non mais quel toupet !
J’ai mal réagit, je m’en suis rendu compte seulement après. Mais ça faisait si longtemps que je n’avais pas ressenti la colère, moi qui dormais si bien. Je n’ai pas pu m’en empêcher. J’ai sorti une main de terre et j’ai attrapé la roue de son vélo, à cet imbécile. Dans mon état, je bouge peu, mais quand je le décide j’ai une poigne de fer : il a fait un soleil impeccable et a fini par terre.
J’aurai dû lâcher, mais j’avais envie qu’il débarrasse le plancher. Ma clairière a l’air d’être une piste de cross, peut-être ?
Je m’attendais à lui flanquer une peur de tous les diables, j’avoue. Surtout lorsqu’il aurait tenté de récupéré son vélo et qu’il aurait vu que cette étrange main sortie de terre ne bouge pas d’un pouce. Je l’aurais laissé secouer une ou deux fois avant de lui rendre sa monture.
Au lieu de ça, son premier réflexe en voyant que ce qui l’a fait tomber était une main a été de me chercher, moi tout entière. Ça n’a pas été très long. J’ai été déposée avec soin à même le sol, un peu de terre m’a recouverte peu à peu, mais je ne suis pas difficile à dégager.
Il a marqué le coup en me voyant. J’avoue que j’ai assez apprécié cette réaction. On s’attend à un vilain cadavre et on tombe sur une belle jeune fille pâle, qui parait dormir, ça fait toujours un choc, mais c’est bien la première fois qu’on se donne la peine de me contempler. Alors que j’en vaux la peine.
Il n’a pas crié. Au contraire, il m’a parlé d’une voix douce :
« Mademoiselle, s’il vous plait, pouvez-vous lâcher mon vélo ?
Tant de grâce. Tant de politesse. C’était exquis.
J’ai lâché le vélo.
Il a ajouté :
— Merci infiniment. »
Et il est reparti.
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J’ai attendu qu’il revienne. J’ai beaucoup pensé à lui dans mon rêve.
Et il est revenu.
« On dirait que je n’arrive pas à vous sortir de ma tête.
C’est très bien.
Il ajoute :
— Vos amis m’ont dit que je pouvais vous sauver. Que j’avais ce qu’il faut. Enfin, que j’étais celui qu’il fallait.
Il me prend la main, cette main qui m’avait permis d’attraper son vélo. Comme c’est romantique.
— Je vous en prie, permettez-moi… »
Je permets, je permets. La preuve, tu es encore vivant.
Enfin, il se penche et m’embrasse.
Le sort se lève.
Loin, très loin, dans une boite en bois posée sur le bureau de ma belle-mère, un battement retenti à nouveau, porteur d’une excellente nouvelle qui ne doit absolument pas la réjouir.
Je suis en vie.
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alexar60 · 8 months
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Corbeaux
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C’était une nuit calme et douce. Pourtant, je n’arrivais pas à dormir. Je pensais à cette bataille prévue le lendemain. Je savais qu’elle ne serait pas facile car l’ennemi est vicieux, fourbe et revanchard. Leurs guerriers sont connus pour être belliqueux, et ils n’ont pas peur de la mort.
La porte de ma tente s’ouvrit laissant apparaitre une silhouette féminine. J’aperçus, derrière elle, un feu crépiter autours duquel trois légionnaires trouvaient de la chaleur.
Marcus, tu dors ?
Je relevai légèrement la tête pour observer la jeune femme. Macha était une très belle femme brune au teint blanc. Je l’avais rencontré dans d’étranges circonstances. Après un énième combat, j’étais parti m’isoler près d’un lac. J’étais fatigué, alors, je m’allongeais dans une herbe grasse. Je sentais ce court soleil du nord de l’ile de Bretagne réchauffer mon visage en pensant quitter la légion. Tout-à-coup, le soleil disparut caché par un ombre venue de nulle part. Macha me faisait face. Son corps ferme et harmonieux se dessinait légèrement sous une longue robe blanche. Elle me sourit avant de dire:
Ainsi, c’est donc toi !
Je restai abasourdi par la beauté de cette calédonienne. De plus, je fus intrigué d’entendre une voix féminine parler un parfait latin. Nous discutâmes de ce qu’elle voulait dire par cette phrase. Sa réponse me surprit encore plus :
Tu es celui que je dois prendre soin. Avec moi tu connaitras la gloire et la richesse à condition que tu ne parles jamais de moi.
J’acceptais son pacte et depuis, je ne sais comment elle entre et sort du camp, sans être remarqué par les légionnaires. Elle entre comme ce soir, se couche auprès de moi. Nous discutons de tout sauf de la guerre. Nous faisons l’amour puis elle part avant le lever du soleil.
Cette nuit, je regardais sa robe blanche glisser le long de ses hanches. Elle approcha, releva les couvertures et se colla contre moi. Elle me laissa l’aimer. Je sentais ses cuisses me serrer m’incitant à m’enfoncer en elle. Ses ongles lacéraient mon dos. Ses yeux me regardaient avec passion. Sa bouche me réclamait. Elle aimait que je l’aime. Puis, après un long râle de plaisir, nous restâmes exténués. Je repris mon souffle pendant elle reposait sa tête sur mon épaule.
La bataille de demain sera terrible. Les dieux ont décidé de s’en mêler, murmura-t-elle.
Serais-tu une espionne ? demandai-je. Dans ce cas, je serai obligé de te faire arrêter et torturer avant de te condamner à la crucifixion.
Je cours trop vite pour que tu me rattrapes, affirma-t-elle en riant.
J’accompagnais son rire dans demander d’explications. Je ne me sentis pas m’endormir. A mon réveil, Macha avait une nouvelle fois disparu. Mon aide de camps entra alors que j’étais toujours couché. Il annonça que la légion était prête. Soudain, il ramassa quelque-chose au pied de mon lit. C’était une plume de corbeau.
Cela faisait une bonne heure que nous avancions dans une plaine déserte et encerclée de petites montagnes et de collines. Les hommes ne supportaient plus les moustiques qui suçaient leur sang. Ils marchaient à pas lent. Devant la cavalerie revenait lentement. Les chevaux appréciaient mal de galoper dans cette tourbe. Leur chef fit son rapport. Je m’étonnais d’apprendre qu’il n’y avait personne d’autre que nous.
Qui est cette femme, demanda un centurion en pointant son doigt.
En haut d’une colline, assise sur un rocher, une femme dansait avec des oiseaux. Elle écartait les bras imitant leurs ailes déployées. Elle semblait jouer avec eux. J’ordonnai qu’on envoie quatre hommes afin de la capturer pour obtenir de possibles renseignements. Je regardai les cavaliers se diriger vers la belle. Son comportement paraissait étrange, et déjà j’entendais autour de moi qu’elle était dangereuse.
Partout, il n’y avait rien d’autre que de la tourbe. Il n’y avait pas d’arbre, ni le moindre buisson. Cependant, à cause de l’atmosphère pesant, les hommes restaient sur le qui-vive. On pouvait sentir les tensions. Au loin, les éclaireurs étaient à quelques pas de la femme lorsque celle-ci se mit à chanter et à croasser.
Une nuée de corneilles s’envola avant de se jeter sur les quatre cavaliers. Ils chutèrent, hurlèrent sans arriver à se défendre. Les becs et les serres des oiseaux pénétraient et déchiraient leur chair. Le calme revint brusquement pendant que la sorcière dansait tranquillement. Un corbeau se posa sur son épaule. Son bec contenait un morceau de viande arrachée.
Cette scène mortifia les légionnaires. Ils demeurèrent muet devant tant d’horreur. Tout-à-coup, un cri provint de l’arrière, puis un second. La panique s’engouffra parmi les romains. On se débattait ! Des hurlements venaient de sous la terre. L’ennemi était avec nous. Il attendait patiemment enterré dans la tourbe, depuis le matin. Son chef avait jugé le bon moment pour sortir. En effet, nous n’avions pas la possibilité de s’organiser en bataille rangée.
Les pictes étaient pratiquement tous nus, le corps peint de bleu, certains en rouge. Ce qui voulait dire qu’ils ne feraient pas de prisonnier. Le combat fut rude et long. Je me battais au corps à corps. Je voyais mes hommes tomber, s’écrouler sous les coups de haches et d’épées de nos adversaires. Mais nous leur rendions la pareille.
La dame aux corbeaux dansait toujours avec ses oiseaux. Parfois, nous entendions des croassements, des chants venant de sa part. Elle encourageait les pictes à vaincre les soldats de la prestigieuse Rome. Finalement, nous prîmes le dessus. Nous arrivâmes à encercler la dizaine de survivants. De notre côté, je voyais des légionnaires exténués, fatigués. Nous avions perdu au moins la moitié de la légion. Alors, je me mis à parler.
Fiers guerriers de Rome ! Hier, Macha, la plus belle femme du monde m’avait annoncé la bataille serait terrible. Nous en avons payé le prix, mais aujourd‘hui, nous avons vaincu ! Merci Macha !
Les hommes se mirent à scander mon nom.et celui de Macha. Leurs voix résonnaient dans la plaine. La femme de la colline leva les bras et croassa soudainement. Dès lors, des milliers de corbeaux répondirent et j’eus l’impression que le sens de leur cri disait Macha. Nous restâmes surpris, puis tout-à-coup, des milliers de guerriers apparurent en haut des collines. Nous étions encerclés. Ils frappaient sur leur bouclier. Ils croassaient et criaient le nom de Morrigan. Ils hurlaient nous insultaient.
Dès lors, je réorganisais les centuries en trois rangs de chaque côté. Pendant ce temps, le reste de la cavalerie de chargeait des survivants de la première attaque. Le sang collait à mon plastron. J’en avais aussi sur les bras et le visage. Je restai au milieu des cohortes, attendant que les calédoniens chargent. Tout d’un coup, une voix douce susurra au creux de mon oreille.
Je t’avais prévenu de ne jamais parler de moi.
Je me tournai et remarquai au loin, sur la colline, une seconde femme à côté de la fameuse déesse Morrigan. Je reconnus sa longue robe blanche ainsi que ses longs cheveux noirs. Une larme perla sur sa joue. Elle baissa la tête. Brusquement, un corbeau noir atterrit sur mon épaule. Je restai statufié sans savoir quoi faire. L’animal se dressait avec fierté. Et au moment de croasser, les pictes se jetèrent dans la plaine en courant et hurlant le nom de Morrigan, la déesse de la guerre et du massacre.
Ce jour-là, elle fut comblée. Ses corbeaux ont été rassasiés par les milliers de morts jonchant la plaine.
Alex@r60 – août 2023
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havaforever · 4 months
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MODIGLIANI - Amedeo Modigliani (1884-1920) était un artiste italien qui a laissé une marque indélébile dans le monde de l'art du 20e siècle grâce à un travail très particulier caractérisé par des portraits élégants et allongés, une sensualité unique, et une grande simplicité. Sa carrière artistique relativement courte a été marquée par des luttes personnelles, mais son influence dans le monde de l'art moderne est indéniable.
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Modigliani est né à Livourne, en Italie, dans une famille juive sépharade. Il a étudié l'art à l'Académie des Beaux-Arts de Florence, mais il a rapidement déménagé à Paris en 1906 pour poursuivre sa carrière artistique. La Ville Lumière était le centre de l'effervescence artistique de l'époque, et Modigliani est rapidement devenu un membre de l'avant-garde artistique. Il a été influencé par des artistes tels que Henri Toulouse-Lautrec et Paul Cézanne, mais il a rapidement trouvé sa propre identité picturale. 
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Modigliani est surtout connu pour ses portraits de figures allongées, aux visages élégants et stylisés. Ses modèles, souvent des amis, des amantes ou des connaissances du quartier de Montparnasse à Paris, étaient représentés de manière sensuelle et presque idéalisée. Son utilisation de lignes pures et une palette douce a créé des œuvres d'art d'une grande élégance et d'une grande beauté. Parmi ses modèles les plus célèbres, on trouve Jeanne Hébuterne, qui a été sa compagne pendant de nombreuses années.
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L'un des aspects les plus marquants de la carrière de Modigliani est son talent pour la sculpture, en plus de la peinture. Il a créé un certain nombre de sculptures en pierre calcaire qui partagent la même esthétique élégante et allongée. 
Paul Guillaume était un marchand d'art parisien influent qui a joué un rôle crucial dans la carrière de l'artiste et son succès. Guillaume était connu pour découvrir et promouvoir de nouveaux talents artistiques, et il a rapidement reconnu le potentiel de Modigliani. Il a acheté des œuvres de l'artiste, organisé des expositions et l'a aidé à se faire connaître dans le cercle artistique parisien.
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L'association avec Guillaume a ouvert des portes à Modigliani, lui permettant d'exposer ses œuvres dans des galeries prestigieuses de Paris, notamment la Galerie Berthe Weill. Ces expositions ont attiré l'attention des collectionneurs et des amateurs d'art, contribuant à la renommée croissante de Modigliani.
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Cependant, la carrière de Modigliani a été marquée par des difficultés personnelles, notamment des problèmes de santé liés à l'alcool et à la drogue. Il est décédé tragiquement en 1920 à l'âge de 35 ans, laissant derrière lui un héritage artistique qui a continué à s'épanouir après sa mort.
Après le décès de l'artiste, Paul Guillaume a continué à promouvoir son œuvre, consolidant ainsi sa place dans l'histoire de l'art. 
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pourprecry · 11 months
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J’ai le coeur lourd aussi depuis les vacances d’avril. La chienne de mon enfance, « Fifi », est morte. Je l’ai eu quand j’avais 7 ans, on l’a recueillie parce que les gens ne voulaient pas la garder, elle avait peur au début, mais petit à petit elle a fini par nous faire confiance et nous aimer. J’ai eu un autre chien plus tard, et elle l’a bien accepté, elle lui cachait quelques croquettes dans sa couverture, parce qu’elle le savait trop gourmand. Elle était douce, et avait une sensibilité. Je l’ai aimé. Vraiment aimé.
Je me souviens de la première fois où mon père l’avait ramené, j’ai vu un grand chien noir, et j’en ai eu peur (de par la couleur obscure). Mais après, j’ai très vite compris, que c’était idiot cette peur.
Il y a 3 semaines, je suis allée la voir la dernière fois. Elle était mal, ne buvait pas et ne mangeait pas depuis quelques jours. Je ne voulais pas y croire, c’était impossible qu’elle meure, qu’elle ne soit plus la. Elle qui avait 18 ans. J’aurai voulu écrire mieux, avec des belles phrases pour lui rendre hommage. Parce que c’est elle qui m’a fait aimer les chiens, et l’amour des bêtes. Parce que un chien, c’est comme un membre de notre famille, et quand il part, on ressent le vide.
Elle m’a laissé de l’amour et du vide.
Ça serait mentir si je n’ai pas chercher « chien border collie et épagneul » essayant désespérément de trouver une chienne qui lui ressemble. Mais il n’y avait pas. Alors il faut que j’accepte, que chaque être est unique, et que tous les chiens ne seront jamais elle.
A toi Fifi, j’espère que tu brilles là où t’es maintenant. Je t’ai aimé et je t’aime toujours autant❤️
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Crieront-ils mon nom ? (Jour 14)
Ce soir sera le tournant décisif de ce qu'il adviendra du reste de nos vies. Ton existence et la mienne sont étroitement liées depuis qu'ils ont appelé nos deux noms pour nous envoyer mourir là-bas. Mais nous l'avons emporté. Je n'ai jamais voulu me soumettre à personne et je ne le désire toujours pas. 
Toi et moi, on est très différents. Tu es le plus réfléchi et le plus apte à t'adapter à ce genre de situations. Les gens t'aiment facilement, tu as ça en toi. Je suis plus dans l'émotion et je suis à fleur de peau. Je n'emporte pas facilement, mais je suis une bombe à retardement. Tu ne comprends pas comment je peux être douce et piquante à la fois. 
Je ne saisis pas comment tu peux continuer à me surprendre en étant toujours le même. Comment notre couple peut-il fonctionner réellement à leurs yeux et aux tiens ? 
Explique-moi. 
Non.
Ça ne m'intéresse pas. Tout ce que je veux, c'est arrêter de survivre. Je veux et j'exige justice. J'incarne le symbole de celle-ci, sans même l'avoir cherché. 
Mais maintenant, tu es entraîné là-dedans, toi aussi. Ne pense pas un seul instant que je ne ressens rien pour toi ou pour qui que ce soit d'autre. C'est juste que je ne supporte plus de vivre pour les autres, de satisfaire tout le monde, d'être manipulée et utilisée comme une arme. Je suis l'arme et le symbole d'une révolution qui n'attendait que moi pour exploser au grand jour et se manifester après autant de temps d'oppression et de soumission. 
Mais je suis encore une fois piégée et prise dans les filets de quelqu'un d'autre. On tire mes ficelles comme on le peut, mais toi, tu me connais. Toi, tu me comprends. Toi, tu m'as vue il y a longtemps. Bien avant tout ça. Tu as vu qui j'étais, tu as lu dans mon coeur et tu perçois la véritable moi. Pas l'objet. Pas le pion que l'on envoie porter toute une idéologie sur ses épaules pour finir par se faire tuer. Si je meurs, je deviendrai un martyr. Personne ne souhaite ça. Ma vie et ma mort elles-mêmes sont entre leurs mains. Je vis car je leur suis utile, et je ne mourrai pas avant que je ne le leur sois plus.
Pourtant, ce n'est pas toi qu'ils ont érigé sur le piédestal prêt à s'écrouler à la prochaine attaque, la prochaine secousse, la prochaine bombe. C'est moi. Parce que même si nous avons tous deux notre propre façon d'avoir vécu et réagi à la soumission, l'oppression, aux ordres et à la survie, même si nous sommes complémentaires et compatibles en tous points, c'était de mon énergie, de ma voix, de mon audace qu'ils avaient besoin. C'est moi qui ait tout enclenché. Parce que je souhaitai vivre. Parce que je refusais que toi ou moi ne mourions pour eux. Soit on repartait ensemble en vie, soit on quittait cet endroit morts. 
Désormais, la nuit est tombée, le moment est venu. Je suis sur le devant de la scène et ils hurlent mon nom. Parmi eux, j'en vois qui ont désespérément tenté de me ressembler. Comme si j'étais une icône de mode, une poupée placardée derrière une vitrine d'exposition. Un vulgaire pantin qu'ils pouvaient tous manipuler, une figurine qu'ils pouvaient tous s'offrir. Mon visage sur des affiches. Une image créée de toutes pièces, basée sur ce qu'on avait décidé de montrer de moi. Ce soir, ils m'aimaient tous. Ils voulaient tous me ressembler. Ils acceptaient que je retourne me confronter à la mort, et toi aussi. 
Sans même se souvenir que s'ils s'offusquaient également que nous ne revenions pas tous les deux vivants à la fin de la partie, c'était pour leur plaisir à eux. Leur divertissement. La loi. La justice. Je n'ai jamais cru en Dieu, en aucun dieu. Car dieu est une conception humaine, et je ne fais confiance à aucun Homme. En revanche, je crois en moi. Je crois que rien n'est sûr, et qu'un battement d'ailes de papillon peut faire basculer le cour de notre Histoire. Alors, pensez-vous vraiment que je serai incapable, et lui aussi, de provoquer un ras-de-marrée au cours de cette soirée ?
Et surtout, lorsque le feu qui brûle en moi finira par s'élever de ma cage thoracique pour m'embraser totalement, me laissant à moitié morte, au milieu de la capitale détruite et à feu et à sang... qui nous regardera encore ? Qui s'inquiétera encore de si je suis maquillée ou non ? Des néons ainsi que des paillettes ? De regarder son écran de télévision ? Est-ce-que, lorsque ce moment arrivera, ils se souviendront ? Dis-moi, lorsqu'ils t'auront détruit de l'intérieur et moi de l'extérieur, lorsqu'ils nous auront balancé au coeur de la guerre qu'ils ont entamé et que nous clôturons... 
Crieront-ils mon nom ?
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penguinwriter24 · 10 months
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Chapitre 10 : You Found Me [ Fr ]
TW : juste du fluff
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Dahlia
Dahlia se réveilla dans sa chambre à Cair Paravel. Elle sourit pendant un court instant. Elle regarda tout autour d'elle, elle chercha une trace d'Edmund — si elle n'avait pas rêvé et qu'il était bel et bien de retour à Narnia, il aurait été impossible qu'elle le quitte un seul instant — mais il n'en avait pas. Elle avait rêvé, rien de plus.
Dahlia entendit toquer à sa porte, pensant que c'était ses dames de compagnies qui venaient pour l'aider à s'habiller, elle donna l'autorisation d'entrer.
-Qu'est-ce que tu fais encore au lit à cette heure-ci ?
-Edmund ! cria-t-elle de joie.
Dahlia bondit hors de son lit avant de se jeter dans les bras d'Edmund. Elle enroula ses jambes autour de sa taille et ses bras autour de sa nuque. Elle était heureuse de constater que ça n'avait pas été un mirage.
Edmund rigola mais il enroula ses bras autour de son corps pour lui rendre son étreinte. Ça lui avait manqué. Elle lui avait manqué. Sans vraiment s’en apercevoir, Edmund laissa tomber le maigre bouquet de fleurs qu’il lui avait apporté. S’il y avait bien une chose que Susan et Lucy lui avaient appris c’était qu’apporter des fleurs à une fille après ne pas l’avoir vue pendant plusieurs mois était toujours une bonne idée. Et ce, peu importe le monde dans lequel vit la fille.
-J’arrive pas à croire que tu sois réellement là ! dit-elle, Edmund comprit ce qu’elle avait dit même si sa voix était étouffée parce qu’elle avait sa tête enfouie dans son cou.
-Et pourtant, je suis bien là, ma douce.
-Oui. Tu m’as retrouvé. Tu as tenu parole…, elle se colla un peu plus à Edmund.
-Tu dis ça comme si tu étais surprise, rigola-t-il.
-J’avais perdu espoir, admit-elle.
-Je sais, ma douce. Je sais.
Edmund avait aussi perdu espoir et plus d’une fois, mais il ne le lui dirait jamais.
Ils restèrent dans les bras l’un de l’autre jusqu’à ce que les dames de compagnies de Dahlia viennent pour l’habiller et la coiffer. Edmund quitta la chambre pour lui laisser un peu d’intimité.
-Quelles robes voulez-vous porter aujourd’hui, Madame Dahlia ?
-La rouge foncée, annonça Dahlia sûre d’elle.
C’était la même robe qu’elle avait porté quand Edmund lui avait fait part de ses sentiments pour elle, alors elle voulait la porter parce que c’était un jour spécial. Edmund et elle étaient enfin réunis, ça n’avait pas d’importance pour elle de savoir pour combien de temps, elle avait appris à chérir les moments qu’ils passaient ensemble. Le vrai défi, c’était le moment des adieux. Mais, elle essayait de ne pas y penser pour le moment.
-Je souhaite laisser mes cheveux détachés, aujourd'hui, annonça Dahlia.
-Très bien, Madame Dahlia.
Dahlia sortit de sa chambre, ses dames de compagnies juste derrière elle. 
Edmund était adossé contre le mur qui était situé directement en face de la porte. Son souffle se bloqua dans sa gorge quand il la vit. Elle était magnifique. Elle était même encore plus belle que dans ses souvenirs. Il lui sourit avant de tendre son bras à Dahlia qui enroula son bras autour du sien et ils allèrent tous les deux rejoindre Caspian. 
-Quand est-ce que tu veux qu'on discute du futur plan d'attaque ? Parce que c'est certain que Jadis ne laissera pas passer cet affront.
Caspian et Edmund avaient convenu de laisser tomber le vouvoiement, après tout, ils avaient connus suffisamment de situation de vie ou de mort et ils avaient sauvé suffisamment de fois la vie de l'autre pour finalement se tutoyer.
-On en parlera demain, Ed. Aujourd'hui, tu profites de tes retrouvailles avec Dahlia. Demain est encore là, t'en fais pas, rassura Caspian.
Edmund ne savait pas s'il devait être heureux de pouvoir ne rien faire à part apprécier la compagnie de Dahlia ou s'il devait être en colère contre Caspian de remettre une chose aussi importante à demain.
Edmund décida d'être heureux de cette décision. Il devait rattraper le temps perdu avec Dahlia, après tout. Elle comme lui, ils avaient mérité cette journée.
Caspian regarda ses deux amis tour à tour. En réalité, il n'y avait pas de temps à perdre, Edmund l'avait bien dit, Jadis pouvait attaquer à n'importe quel moment, ils devaient se tenir prêt. Mais, il ne pouvait pas les priver d'un moment de tranquillité. Pas après tout ce qu'ils avaient traversé.
-Tant que tu es là, Edmund, tu pourras entraîner toi-même Dahlia. Elle apprend à manier l'épée, elle est plutôt bonne, mais elle serait meilleure si elle était entraînée par le meilleur épéiste de Narnia.
Edmund faillit recracher la gorgée de sa boisson favorite qu’il venait à peine de prendre. Il ne s’était pas attendu à ce que Caspian le considère comme étant le meilleur épéiste de Narnia, si on y réfléchissait bien, il avait quand même moins d’expériences que les autres chevaliers de Narnia.
Dahlia le regarda attentivement, le suppliant mentalement d’accepter la proposition de Caspian.
-Oui, oui, bien sûr.
Et donc, après le petit-déjeuner, Edmund et Dahlia se retrouvèrent dans la cour de Cair Paravel. Il avait tous les deux leur épée - Dahlia avait celle que Caspian lui avait donné et qui appartenait à l’époque à Edmund, et Edmund en avait emprunté une à l’armurerie.
Dahlia lui tendit l’épée.
-On devrait échanger, celle-là t’appartient. C’est toi qui devrais t’en servir, pas moi.
-Non, garde la. C’est une excellente épée, fais lui confiance et elle te sauvera la vie. 
-Donc, ça confirme ce que je disais, c’est toi qui devrais t’en servir. Tu en auras plus besoin que moi quand Jadis attaquera.
-Laisse-moi me soucier de ça, d’accord ? Pour le moment, concentrons-nous sur ta leçon du jour.
Dahlia hocha juste la tête. Caspian avait raison, cette journée ne devait pas être gâchée par Jadis. Elle devait l’oublier pendant les prochaines vingt-quatre heures.
-Caspian m’a fait savoir que tu avais un problème d’équilibre ?
-J’ai pas un problème d’équilibre, c’est lui qui a triché.
Edmund rigola, la mauvaise foi de Dahlia lui avait manqué. Il se positionna derrière elle.
-Je vais poser mes mains sur tes hanches, si tu te sens mal à l’aise, dis-le-moi tout de suite, murmura-t-il parce qu’il était près de son oreille.
-Hmm, c’était la meilleure réponse qu’elle avait pu lui donner.
Edmund positionna les jambes et la bassin de Dahlia pour lui assurer un maximum d’équilibre.
Quand Edmund avait posé ses mains sur ses hanches pour les orienter dans le bon sens, Dahlia avait senti le rouge lui monter au visage et les battements de son cœur avaient doublé de vitesse.
-Voilà, tu devrais avoir plus de stabilité, maintenant.
-Hmm.
Edmund sourit avant de se décaler ; il se mit en face d'elle, se mit en position aussi avant de brandir son épée.
-Essaie de ne pas me tuer, plaisanta-t-elle.
Il avait fallu de longues et embarrassantes secondes à Edmund avant de comprendre que Dahlia venait de lui faire une blague.
-Désolé, je n'avais pas compris tout de suite que tu faisais une blague, ria-t-il nerveusement.
-Je ne suis pas douée pour les blagues, c'est pour ça, s'excusa Dahlia.
-Non ! Non ! C'est moi ! Je suis réputé pour mon sarcasme, pas pour mon sens de l'humour. J'en ai aucun, à vrai dire…
-C’est noté, rigola faiblement Dahlia.
Edmund sourit avant de faire un signe de la tête à Dahlia pour lui indiquer qu’il était prêt quand elle l’était. 
Dahlia porta le premier coup et le duel commença. Edmund s’amusait comme un enfant dans une aire de jeu. Dahlia était concentrée autant qu’elle le pouvait. Elle avait le bout de sa langue qui se glissa entre ses lèvres charnues ; ses sourcils se froncèrent légèrement. Elle se donnait à cent pour cent.
Malheureusement pour elle, malgré tous ses efforts, Edmund arrivait à contrer tous les coups qu’elle portait. Elle était frustrée alors elle abaissa donc son épée.
-Qu’est-ce qui se passe, Dahlia ? Pourquoi tu t’arrêtes ? Tu t’es fait mal ? Je t’ai fait mal ? l’inquiétude s’entendait dans la voix d’Edmund.
-Non. Non. Tout va bien, elle soupira de frustration.
-Alors qu’est-ce qu’il y a ?
-Pourquoi je n’y arrive pas moi aussi ? elle fit la moue.
Edmund se moqua gentiment de son expression. Il s’avança vers elle, laissa tomber son épée par terre avant de prendre le visage de Dahlia entre ses mains, avec ses pouces il chassa le froncement de sourcil avant de déposer un baiser sur son front.
-C’est parce que tu réfléchis de trop, ma douce. Ça fait un petit moment que tu t’entraînes, maintenant, fais confiance à ta mémoire musculaire. Comme quand tu tires à l’arc, tu ne réfléchis pas à comment tu vas tirer ta flèche, tu vises et tu lâches, n’est-ce pas ?
-Oui, mais…
-Non, non ! Pas de « mais » ! Laisse ton corps et tes muscles te guider. Le moment venu, ils seront tes meilleurs alliés.
-Je ne sais pas si j'y arriverai…
-Tu y arriveras, fais-moi confiance.
Et comme si Edmund avait prononcé une formule magique, Dahlia hocha la tête et sa confiance en elle était revenue. D’un seul coup, ça ne semblait plus impossible.
Ils arrêtèrent l’entraînement quand Dahlia arriva à désarmer Edmund. Il ne l’avait pas laissée gagner pour lui redonner confiance en elle - il était persuadé que faire exprès de perdre ne servait pas à restaurer la confiance de quelqu’un - il avait juste perdu le duel et le sourire radieux de Dahlia avait compensé la blessure que sa fierté avait subie.
Edmund et Dahlia marchaient pour rejoindre une pièce libre de Cair Paravel. Ils savaient qu'ils avaient besoin de parler et pour ça, ils avaient besoin d'être seuls. La Salle à Manger était vide alors c'est là qu'ils se posèrent.
-Est-ce que tu as lu un bon livre durant ton temps passé chez toi ? demanda Dahlia pour briser le silence presque gênant qui s'était vite installé entre eux.
-Non, pas vraiment. J'étais pas vraiment dans le bon état d'esprit pour ça, avoue-t-il.
-Oh.
-Et toi ?
Ils évitaient tous les deux la vraie conversation, ils le savaient, mais ce n'était pas grave. Au contraire, c'était une bonne chose pour le moment.
-Non plus. J'ai juste lu le livre que tu avais oublié la deuxième fois que tu es venu à Narnia.
Dahlia était tellement nerveuse qu'elle commença à lui raconter l'intrigue du livre comme si Edmund n'avait pas lu ce livre une centaine de fois. Son récit était constitué de "tu savais que" et de "tu te souvenais que". C'était la première fois que Dahlia était aussi nerveuse en présence d'Edmund, et elle ne savait pas si c'était un bon ou un mauvais présage. Pour elle, ça ne pouvait rien annoncer de bon.
Bien sûr, Edmund se souvenait de tout ce qu’elle avait dit, il avait tellement lu le livre que ses soeurs et Peter s’étaient moqués de lui plus de fois qu’il ne pouvait les compter, mais il l’avait écoutée parce que le son de sa voix lui avait manqué et il savait qu’en un instant tout pouvait basculer, il pouvait ne plus jamais entendre le son de sa voix alors il voulait être sûr qu’il soit gravé à tout jamais dans sa mémoire.
À la fin de la tirade de Dahlia, Edmund tapota ses doigts sur la table et un nouveau silence gênant s'installa encore entre eux. Bizarrement, maintenant qu'ils souhaitaient éviter un sujet de conversation en particulier, c'était comme s'ils ne pouvaient penser à autre chose qu'à ça.
-Je crois qu'il est temps qu'on arrête de tourner autour du pot, tu ne crois pas ? demanda Edmund.
-Tu as raison. Plutôt on en aura parlé, mieux ça sera pour nos pauvres nerfs.
-Je suis d'accord.
Edmund était bien conscient que c’était à lui de parler, mais il ne savait pas comment dire ce qu’il avait en tête. D’ordinaire, il parlait sans prendre le temps de réfléchir, il disait les choses comme elles venaient et c’était tout, mais là, il ne pouvait pas le faire. Et il avait peur de la réaction.
-Avant de te dire ce que j'ai à dire, je vais te poser une question, pour qu'on gagne tous les deux du temps.
-Uh…d'accord.
-Je m'excuse d'avance pour la question…est-ce que Caspian t'a trouvé un prétendant pendant mon absence ?
Il fallut plusieurs secondes à Dahlia pour comprendre le vrai sens de cette question.
-Non. Non. Enfin pas que je sache. Et, il faut aussi avouer que j'ai passé des mois très compliqués, donc chercher un mari n'était pas notre priorité.
Edmund laissa un soupir de soulagement quand il entendit la réponse de Dahlia. Il n'était pas ravi d'apprendre comme lui, elle avait été misérable, mais parce qu'il avait toujours une chance avec elle. Comme si le contraire avait pu être possible. Edmund était fait pour Dahlia et Dahlia était faite pour Edmund. C'était comme ça et rien ni personne ne pourrait changer ce fait.
-Je ne veux pas paraître grossier, mais tant mieux ! Parce que, cette fois, je compte rester à Narnia. Cette fois, personne ne me forcera  à partir. Cette fois, personne ne pourra m'empêcher de faire les choses correctement. Cette fois, je compte bien m'impliquer à cent pour cent dans cette relation. Si tu veux toujours de moi, bien sûr.
Dahlia allait répondre. Bien sûr qu’elle voulait encore de lui. Elle ne voulait que lui. Elle l’aimait plus qu’elle ne pouvait l’exprimer. Mais elle n’en eut pas l’occasion. La porte de la Salle à Manger s’ouvrit. Caspian était devant eux, il avait  un regard à la fois désolé et pressé.
-Edmund, il faut que tu viennes. Elle est là.
Edmund soupira un juron avant de se lever et  de suivre Caspian.
-Elle ne pouvait pas avoir un plus mauvais timing, celle-là, se plaignit Edmund.
-Vous étiez en pleine discussion sérieuse, n’est-ce pas ?
-Oui, mais c’est pas grave, on la continuera plus tard.
-S’il y a un « plus tard ». Elle n’est pas venue toute seule, et honnêtement, je ne savais pas qu’elle pourrait réunir autant de partisans en si peu de temps.
-C’est Jadis, il ne faut jamais la sous-estimer.
Edmund et Caspian arrivèrent sur le balcon qui donnait vue sur la forêt. Jadis était vêtue de sa robe blanche, ses cheveux attachés d’une façon dont elle seule avait le secret. Ses partisans étaient derrière elle et Caspian n’avait pas menti, ils étaient nombreux. S’ils devaient l’affronter à cet instant, ils perdraient ; ils n’avaient pas assez d’hommes. C’était du trois contre un. C’était impossible.
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miung-dreamer · 2 years
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Un songe dans le désert
Une fic Pendranievre (oui pas très original 😁 ) pour fêter les 1 an de Kv1. J’ai cette idée de one-shot depuis très longtemps. Il fait un parallèle avec une scène du livre VI (ça va pas être dur de trouver de quelle scène il s’agit). Je ne suis évidemment pas aussi douée qu’un grand nombre de gens du fandom. Mais bon, j’espère que cela plaira quand même 😊
****
Une douce bise s’engouffrait dans la tente de fortune. Le temps était particulièrement chaud en cette saison, alors un peu de fraîcheur était la bienvenue. L'ancien roi, l'illustre porteur d'Excalibur, avait la nuque et les épaules endoloris par le travail de la journée. Des pans de cuir à tanner, des peaux de bêtes à laver, nettoyer, travailler avec la seule force de ses bras. Il se dirigea, las, vers une petite bassine d'eau pour se rafraîchir un peu.
Loin était le temps où des serviteurs préparaient ses repas copieux ou apportaient ses riches tenues. Arthur Pendragon n'existait plus. Disparu, presque mort même. Son exil s'était transformé en fuite. Fuir la Bretagne, les responsabilités, les déceptions... mais surtout les échecs.
Son nom s'était révélé trop lourd. Le fils d'Uther Pendragon, celui qui pouvait retirer l'épée du Rocher, le meneur de la quête du Graal, l'homme qui avait chassé l'armée romaine. Le peuple breton avait tant attendu de lui, avec une telle espérance. Mais rien de ce qu'il devait accomplir n'eut lieu. Pas de Graal, une Bretagne se divisant un peu plus à la fin de son règne et pas d'héritier. Un échec implacable et amer.
En arrivant au wadi, il avait préféré emprunter un autre nom, il ne voulait même pas qu'on sache qu'il venait des îles bretonnes. Alors il s'était baptisé Mani et prétendait qu'il venait du sud de l'Aquitaine.
L'ancien souverain voulait oublier Arthur et conserver intact le douloureux souvenir de son meilleur ami. Comme une plaie qu'on laisse inexorablement s'infecter.
On n'aurait jamais dû revenir.
A chaque fois qu'une personne l'appelait pour une tâche ou un repas, son cœur se serrait mais c'était le prix qu'il avait choisi de payer. Il avait trahi Mani par son égoïsme, il l'avait perdu. Le temps était venu pour lui d'expier ses fautes.
La nuit tombait paresseusement dans le désert. Un fin croissant de lune et des milliers étoiles prenaient progressivement leurs places au-dessus des dunes chaudes. Certains compagnons de fortune préféraient profiter des températures plus clémentes pour jouer ou fredonner des chants dehors. Ces mélodies étrangères suppliaient pour le retour d'un foyer perdu ou promettaient des amours éternels.
Arthur s'allongea enfin sur ce qui lui servait de couche. Pas du premier confort certes mais il avait appris à s'en accommoder sans râler. Les airs chantés ce soir près de la tente étaient bien mélancoliques. Il en profita pour ne penser à rien, juste se laisser bercer tranquillement par ces paroles. Les paupières de l'esclave breton finirent par tomber.
L'homme fut traitreusement arraché à son repos par le hurlement d'un animal sauvage. Un renard ? Un rapace ? Arthur se tourna sur le côté en pestant, il dormait tellement bien ! Le cou tendu en arrière, ses yeux se posèrent sur un trou de la tente usée. Il avait préféré ne pas rafistoler cet endroit car il s'en servait pour déterminer approximativement quelle heure il était, de sa couche. A cet instant, il comprit que la nuit ne finissait pas avant un long moment. Il pouvait retomber sans se gêner dans le sommeil. Donc il se rallongea lentement sur le dos, un soupire s'échappant des lèvres. Mais il vit :
- Guenièvre?
Elle souriait dans sa robe blanche, ceinturée autour de la poitrine, la taille et ses longs cheveux ondulés ramenés sur le côté. Elle avait l’air heureuse, elle dégageait une aura solaire. Arthur, lui, était désarçonné. Son cœur battait à tout rompre. Que faisait-elle ici dans le désert ? Comment l'avait-elle retrouvé ? Non, c'était impossible !
La jeune femme se tenait assise légèrement au-dessus de lui, ses bras se posant de chaque côté des épaules du roi. Elle le regardait calmement quand elle lança : 
- Vous l’avez retrouvée ?
- De quoi ?
- Aconia. Vous l’avez retrouvée ?
Un coup de poing au visage aurait eu le même effet sur Arthur. Ses deux mondes qui se rencontraient ici, cela ne pouvait être possible. Le nom d’Aconia sur les lèvres de Guenièvre, voilà une crainte qu’il avait pris soin d’écarter. Par les mensonges, par les silences.
Arthur ne voulait pas évoquer Aconia, pas ici et pas avec Guenièvre. Sa gorge se serra sous le poids des remords. Il devait changer de conversation et vite. Il se rappela soudain qu'au cœur de la nuit, les températures pouvaient baisser drastiquement au milieu des dunes. Sa jolie robe ne semblait pas très épaisse.
- Vous avez pas froid ?
- Froid ? Non pourquoi ?
- C'est le désert, il fait nuit... Vous avez pas froid ici avec moi ?
Guenièvre fronça légèrement les sourcils, songeuse puis se tourna pour regarder quelque chose derrière elle. La reine contempla à nouveau Arthur puis en désignant de la tête une place pas loin d'eux :
- Vous ne voyez pas le grand feu dans la cheminée ?
Surpris, il tourna lentement son visage sur le côté et vit une grande cheminée en pierre ! Elle ornait un mur en vieux granit et était décorée de divers objets : un grand vase en étain qui gardait plusieurs branches d'hortensia bleue, quelques livres, un peigne en argent et une couronne de fleurs blanches.
Mais quelle était cette magie ?
- Alors rassuré ?, se moqua gentiment Guenièvre.
Arthur resta bouche bée, perdu dans sa confusion. Son épouse prit finalement un air plus sérieux et poursuivit avec un air mutin :
- J'ai jamais froid avec vous.
Il y avait beaucoup de douceur mais également quelque chose de résolu dans sa voix. Une certitude assumée.
Le crépitement du bois remplissait la pièce pendant que les deux époux s'observèrent calmement. Elle était belle là, avec ses longs cheveux châtains et ses yeux noisette. Arthur eut peur qu'elle parte, alors il leva sa main vers le visage de Guenièvre. Ses doigts caressèrent délicatement son petit menton et sa joue. L'ancien roi ne pouvait cesser ce toucher alors il continua son exploration. Sa main progressa vers le cou de la reine puis sa nuque délicate. Il désirait juste que ce moment inespéré ne prenne pas fin tout de suite.
Guenièvre fermait parfois les yeux, visiblement réceptive au contact d'Arthur. Elle se laissait faire et sa respiration semblait un peu plus rapide.
- Je suis désolé.
La reine sortit de sa rêverie, étonnée par les mots de son époux. Elle ne comprenait pas à quoi il faisait allusion :
- A quel sujet ?
- Tout, murmura-t-il en baissant son regard.
- Vous savez, y a pas de honte à en avoir marre des responsabilités. Regardez moi par exemple, ma mère me sermonne depuis des années sur l’héritier... Y a des jours où j’ai juste envie de faire un baluchon et partir sur le continent !
Arthur resta silencieux. Il ne se sentait pas vraiment à l’aise parce que son épouse était toujours restée. Malgré ses parents, malgré leur mariage calamiteux, malgré les critiques et la solitude. Elle avait tenu le cap, envers et contre tout. Seule la trahison avec Mevanwi avait ébranlé son incroyable résilience.
- L’avantage c’est que maintenant vous êtes tranquille avec tout ça. Par contre, les cheveux longs... euuh c’est nouveau ?
Le breton aperçut un sourire en coin habillé les lèvres de Guenièvre.
- Non parce que ça, ça fait pas tellement breton... Je dis pas que ça ne vous va pas ! ... Disons que... ça change. Vous voulez ressembler aux dames du château ?
Il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel et secouer sa tête. Non mais où allait-elle chercher ces idées ? Il se pinça pour ne pas sourire. Vraiment elle avait le don pour sortir de ces trucs des fois.
Elle l'ignorait mais il songeait souvent à elle et particulièrement la nuit. Il aimait contempler les étoiles au calme. Il pouvait laisser sa tête voguer partout et nul part. Arthur était obligé d'admettre que la reine de Bretagne occupait une place constante.
Alors il n'hésita pas à interroger :
- Et vous ? Vous allez bien ?
La jeune femme se figea et finalement se pencha contre son torse puis caressa avec précaution sa joue. Leurs corps n'avaient jamais été aussi près l'un de l'autre. Son mari, troublé, ne fit aucun geste de peur de briser ce moment. Est ce qu'ils auraient pu connaître ces émotions si tout avait été différent ? La Bretagne était loin, rien ne les ramènera là-bas désormais.
Guenièvre profita du silence pour apprécier les traits bien dessinés d'Arthur : son nez, ses paumettes, ses lèvres. Puis d'un regard impénétrable, elle souffla :
- Tous les deux... nous savons bien que vous ne voulez pas connaître la réponse.
La reine passa délicatement une main dans la chevelure brune d'Arthur, les doigts s'amusant avec les bouclettes. Son époux voulait hurler que c'était faux, se lever pour jeter les hortensias dans l'âtre ardente ou sortir de cette tente suffoquante. Mais ses yeux ne pouvaient fuir le regard perçant de sa femme. Elle comprenait. Elle comprenait toujours.
- Ne vous inquiétez pas pour moi, Arthur. Le plus important, c'est vous.
Guenièvre offrit le plus doux des sourires, une lumière, un oasis dans ce monde perdu. Aucun jugement ni amertume ne résonnait dans sa voix. Simplement une évidence.
Ses yeux se promenèrent une nouvelle fois sur les lèvres de son bien-aimé, une main frôlant délicatement une tempe. Elle menait ici la danse et Arthur se laissait porter, immobile. La princesse de Carmélide semblait soudain hésiter, pourtant son visage s'approchait.
Embrassez-moi, Guenièvre.
- Mani !!!!!!! Tu te lèves ou quoi ?
Arthur se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Les yeux dans le vague, il ne savait plus vraiment où il était. Les yeux et les lèvres de Guenièvre. Ses sourires et son corps contre le sien. Tout hantait son esprit et il ne voulait pas oublier.
- Allez, magne toi ! Sinon il ne va plus rester de quoi grailler !
- Oui, lâcha le breton entre deux soupirs, oui j'arrive.
Son compagnon secoua la tête, impatient, avant de quitter les lieux. Après avoir essuyé son front en sueur, il se leva avec raideur. Il examina les alentours de sa couche, apeuré. Pas de cheminée. Et des morceaux de rêve qui s'échappaient de son esprit. Qu'y avait il dessus déjà ? Arthur se rappelait aisément des hortensias mais le reste ? Il était sûr que d'autres objets ornementaient le foyer mais quoi...
Il fut frappé par ce besoin urgent de ne pas oublier ce rêve, ni l'image radieuse de Guenièvre. Il voulait les protéger et les nicher dans un recoin de son cœur pour ne jamais les égarer. Elle avait l'air plutôt heureuse dans le songe, était-ce un signe qu'il n'avait pas à s'inquiéter ? La reine était probablement au même moment près de ses parents en Carmélide ou en visite chez sa tante. Comme elle le faisait tant jadis. C'est ça. Elle allait bien et cette vision était venu le rassurer.
Et pourtant son cœur n'était étrangement pas aussi léger qu'il l'aurait pensé. Arthur préféra ne pas s'y arrêter et se traina vers l'entrée de la tente pour aller rejoindre les autres esclaves. Une nouvelle journée commençait.
Il venait tout juste de mettre un pied dehors que son cœur se serra violemment. Une voix familière sembla comme murmurer au creux de son oreille :
Tous les deux... nous savons bien que vous ne voulez pas connaître la réponse.
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sango691 · 11 months
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Voila la petite fiche de mon Oc Mc Helena Drake _ Hogwarts Legacy Background:
Helena est issue d'une très ancienne famille de sorciers que seules les vieilles et grandes familles connaissent. Cependant la maison Drake était crainte par les autres en raison qu'ils possèdent une armée de dragons dans leur domaine et leur capacité à dompter ces créatures.
Mais depuis plusieurs siècles les Drake ont vécu éloigné de la société magique afin de ne pas se mêler des affaires du monde magique, mais aussi ils étaient mal vus du fait qu'une grande famille de sorciers reste proche du monde moldu.
Ils étaient rares de les voir en société, mais ils demeuraient très discrets cherchant à rester dans l'ombre.
Depuis cette famille était presque oubliée, mais pour les connaisseurs la maison Drake était sources de nombreux mystères et de rumeurs que beaucoup s'interrogent.
Helena et son frère Nolan ont eu un parcours pas des plus communs, la famille Drake étant proche du monde moldu a décidé que les deux enfants doivent avant tout commencer par une éducation moldu avant de suivre une scolarité magique.
Par la suite, ils auraient pu suivre les cours magiques à la maison, mais une sage de la famille a jugé qui serait bon pour eux de les envoyer à Poudlard afin qu’ils trouvent les réponses à leurs questions et à découvrir leurs destins par eux-mêmes.
À son arrivée à Poudlard, elle ne connaissait que très peu du monde magique sauf sur les dragons, car sa famille élève et protège des dragons. On peut dire qu'à sa 5e année, elle avait quasiment le même niveau qu’un né moldu .
Caractère :
Helena est une personne douce et sociable. Derrière son apparence toujours souriante et élégante, elle demeure parfois mélancolique en raison d'un secret qui la met dans le doute. Elle perd parfois confiance en elle quand on lui rappelle ses ancêtres. Elle a peur d'échouer ou de ne pas être à la hauteur de sa famille.
Elle aime écouter les autres. Aussi elle est assez protectrice, car depuis son jeune âge, elle a eu pour devoir de veiller sur son frère qui partait souvent à l’aventure non sans danger. Nolan aimait chercher les trésors et histoire que leur famille cachait dans les environs.
Elle n’aspira pas à devenir une grande sorcière du genre Auror, mais plutôt à une vie simple et tranquille comme professeur ou même libraire comme elle adore lire des livres de tout genre.
Relations :
Helena est très proche de sa famille qu’elle adore, Nolan son frère aîné de quelques mois qui est en vrai son demi-frère (ils n’ont pas la même mère biologique), les deux sont très complices et proches.
Sa mère biologique est morte alors qu’elle n’avait 4 ans par l’attaque d’une terrible sorcière ennemie de sa famille. Reyna, la mère biologique de Nolan, a adopté Helena et l'a élevé comme sa propre fille biologique.
Le personnel de sa famille lui manque beaucoup, elle essaye d’envoyer une lettre à l’ensemble des domestiques pour leur donner des nouvelles.
Elle est aussi proche de ces femmes de chambre qui lui racontent ce qui se passe pendant leurs absences comme le nombre de fois où tous les domestiques retiennent Kyle le père d’Helena et de Nolan a ne pas débarquer à dos dragon à l’école pour des histoires inutiles. Le père est très papa poule et Helena est sa princesse adorée. Il serait prêt à ramener une armée de dragons si on fait du mal à ces enfants (aussi le doyen de la famille et les domestiques empêcheront les parents à employer cela pour des bêtises de parents poules.)
Capacités spéciales:
Elle peut parler les langues des dragons, la première dite commune aux humains où elle peut communiquer avec un dragon par le langage humain.
Quant à la deuxième langue des dragons c’est le “vieux dragonic ” une langue très complexe, qui se parle avec des dragons au haut rang. Helena connaît les bases, mais ne la maîtrise pas complètement.
La capacité à dompter les dragons de famille , Helena ne la maîtrise pas, car elle n’a pas encore reçu l'initiation à cela . Ce ne serait pas avant la fin de ces études à Poudlard, car c’est une maîtrise très difficile et dangereuse qui peut lui coûter la vie.
Niveau magie
Elle a un niveau de magie correct. Elle est plus sur la magie défensive et l’analyse d’une stratégie que l’attaque .
Elle préfère soigner et soutenir les gens que d’attaquer qui n’est pas son point fort.
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ekman · 2 years
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C’est qu’il leur faut leur dose quotidienne de catastrophisme, à tous ces connards. Réchauffement démentiel, covid sournois, inflation weimarienne, Russes cannibales... allez, allez ! Qui en veut ? En voilà, c’est gratos ! C’est tellement drôle de les lire sur les rézossociaux, conscientisés à mort, prêts à laisser tomber les entrecôtes, les voyages à Bali et leur auto fumante. Ils étaient “Charlie”, ils portaient leur masque bleu en étendard et maintenant, c’est le drapeau ukrainien qui masque l’affligeant fanion de leur ignorance. Trop mignons. En vérité, arrivé à un certain stade de développement, l’homo occidentalis réalise jusqu’à quel point il a contribué à saccager le jardin d’Eden juste en faisant ses courses chez Intermarché. Bien sûr, il ne se le dit pas comme ça, mais il se sent tellement coupable d’avoir échangé une nature qu’il a toujours imaginé douce et amicale contre l’illusion du confort et de l’aisance faciles. On l’aide bien d’ailleurs, puisqu’on lui vend dorénavant des hochets zéro carbone en lui mentant sur toute la ligne. Mais il s’en fout : ce qui compte le soir venu, c’est de pouvoir fermer les yeux dans son petit lit Ikea sans cauchemarder à un monde qui brûle et s’effondre avec sa famille au milieu des flammes. La publicité domestique ses terreurs, elle est d’ailleurs là pour ça. Il n’y a pas de Grand Remplacement, mais que des voisins blacks super sympas qui font plein de petits métis recomposés entre deux barbecues sans charbon. Pas du gros Congolais à dos argenté, non. Du café au lait tout propre, avec une bite normale et une dentition sans crocs ni carries. On laisse le marron très foncé à Omar Sy, le nouveau Lupin. Lui, c’est un colosse bien sympathique et pas bête, c’est sûr. Pas un voisin potentiel, mais une figure cinématographique. On peut donc prendre la liberté de trouver “trop cool” son faciès de pub Banania, d’en faire le copain anti-raciste préféré des Français. Il faut dire qu’il a aussi un cœur “gros comme ça”, le frangin qui paye ses impôts en Californie. Pareil pour l’auto à moitié électrique “qui vous offre le meilleur des deux mondes”. Sauf que l’enfumé gagne trois cents kilos de batterie et de quincaillerie à étincelles pour vingt-cinq kilomètres de roulage électrique effectif. Il a perdu un tiers de volume de réservoir, et un autre tiers de volume de coffre. À la fin du mois, son budget carburant a bondi de 25 %. Mais il est content, d’une certaine façon. Il se dit “tant pis, on ira à Royan en train”. C’est ça, la nouvelle route du progrès. Susciter la terreur pour aider le péquin à tourner la page d’une consommation facile et bon marché, c’est la recette de nos amis de la Finance. On redessine un univers totalement factice, fait de bisounourseries plus ou moins écolo-bio et pas agressives pour un sou. On s’aime, on communique, on fait des “hugs” comme ces débiles d’Américains dégénérés. Tout est fluide, facilité, entendu, compris et digéré avec le sourire béat du saint dans la Lumière. On a quitté le monde du “vroum” pour l’univers du “fwizzz”. Tout va déjà mieux. Moins de fumée, de particules, de bruit, d’invective, d’obligations, de responsabilités, de devoirs. Juste penser à rembourser les crédits. Ah oui: pas déconner avec ça. La banque vous a d’ailleurs vendu une assurance pour qu’en cas de malheur, on ne jette pas votre famille à la rue après lui avoir tout pris. Drôle de penser que l’assurance rapporte plus à la banque que le prêt “qu’elle vous a consenti” – merveilleuse formule ! Ce monde est devenu la banlieue de l’enfer... “en plus chaud”, ajouta Yannick Jadot. J.-M. M.
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printempsetautomnes · 10 months
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La mort chez les Chinois
Hello, ça fait longtemps ?
J'ai récemment subi le décès de mon père. C'est une épreuve très dure, mais qui est, je trouve, soulagée par les pratiques/croyances chinoises. Je me suis dit qu'en parler ici serait peut-être intéressant, permettrait de faire comprendre une facette importante de notre vie et nos rites à une communauté qui ne les connaît certainement pas ou peu. Et pourrait offrir une vision plus douce de la mort à des personnes qui ont perdu des proches, récemment.
Encore une fois, je rappelle que mes pratiques, mon point de vue, n'engagent peut-être pas tous les Chinois de la même façon et sont peut-être plus spécifiques à ma région et ma culture (Hong Kong, culture hakka et cantonaise, très grande importance accordée aux ancêtres).
Famille et vénération des ancêtres
Tout d'abord, il faut comprendre la part très importante que joue la famille dans la vie des Chinois. J'en ai déjà parlé dans de précédents articles, mais la piété filiale est une valeur cardinale dans notre culture traditionnelle (certainement moins aujourd'hui, où elle est parfois décriée pour les travers qu'elle entraîne). Tout est centré autour de la famille, c'est le socle de la société chinoise. Il faut respecter et honorer ses parents, ses ancêtres. Ça s'applique aussi à ses proches décédés. Il n'y a pas une profonde séparation entre vie et mort comme on peut le trouver dans le christianisme : les esprits des ancêtres sont toujours là, pour influencer, aider, guider leurs descendants. Si ça vous parle mieux, pensez au film Coco et au Jour des morts mexicain ! L'au-delà chinois en est proche dans l'idée, les ancêtres continuent de vivre et aller bien dans l'au-delà, tant qu'ils ont des personnes qui se rappellent d'eux, leur font des offrandes, prient pour eux. C'est pourquoi nous leur offrons nourriture, thé, alcool, brûlons argent funéraire, encens, bougies et autres symboles d'objets du quotidien qu'ils aimaient, c'est pourquoi nous les incluons dans notre vie de tous les jours, allons les saluer pour les fêtes et occasions importantes. Les morts ne sont jamais vraiment partis et en veillant à leur bien-être dans l'au-delà, ils continuent de veiller en retour sur nous. C'est une vision extrêmement apaisante de la mort et du deuil, qui m'aide personnellement beaucoup à traverser cette dure épreuve.
Rites, communauté et souvenirs
De nombreux rites entourent des funérailles chinoises. Les nombres et couleurs à éviter (pas de nombres pairs, pas de couleurs vives), les aliments à choisir et préparer (poulet, porc, poisson, fruits, thé, alcool), les enveloppes à recevoir (blanches) et donner (rouges), etc. Tout est très codifié. Si j'avais connaissance de certains rites grâce à mes visites aux tombes de ma famille ou à leurs autels, organiser des funérailles était une toute autre affaire. Et vivre en Europe demande de faire des sacrifices : pas possible d'engager un prêtre taoïste pour officier la cérémonie, pas possible d'enterrer dans une montagne.
La force, le soutien et l'aide de la communauté chinoise a été sans pareil. Je suis profondément reconnaissante de faire partie d'une communauté qui a montré tant de respect et d'affection pour mon père, célébré sa vie, offert prières et bénédictions pour que son départ s'effectue au mieux. Et pour ma famille et mes proches restés au pays, je sais qu'ils sont soulagés de me voir perpétuer les traditions, de me voir construire un autel pour mon père, allumer de l'encens, lui parler, prier, guider son esprit. Savoir que je prends soin de son esprit les apaise et leur apporte du réconfort.
En bref
Le deuil n'est pas une étape facile à vivre, surtout quand il s'agit de la perte d'un parent. Mais la vision chinoise de la mort, de l'au-delà, des esprits des ancêtres, a quelque chose de très doux et réconfortant. Les esprits des ancêtres ne sont jamais vraiment partis, et tant qu'on prend soin d'eux comme eux ont pris soin de nous dans notre vie, ils continueront d'aller bien et veilleront sur nous depuis l'au-delà. La mort est simplement une étape de la vie.
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