j’aimerais être ma propre béquille
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je suis un verre vide en équilibre sur une page blanche
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Matière
j’ai peur de l’espace
de tomber
d’accoucher
de mourir
le vide en moi ne me terrorise pas mais il est
mon être constant
ma seule consistance
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Sortir du lit
je n’ai rien à dire d’important
jamais
je peux dire que mon chat est beau
que j’aime mettre mon visage dans ses poils doux
que j’aimerais avoir une meilleure machine à laver dans le sous sol de l’immeuble
une qui laverait bien les vêtements au lieu de les faire ressortir plus sales
je peux dire que des fois je m’assoie sans rien faire sur le canapé ou sur le lit
amorphe
et une lourdeur s’installe et me bloque
et je ne fais rien
et je pense à tout ce que je pourrais accomplir si je me levais
mais je reste
là
des fois je pleure
sans vraiment savoir précisément pourquoi
c’est un nuage de tout qui se niche dans la gorge
il y a beaucoup de chose à l’intérieur
des fois ça ressort
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pourquoi on crie
Echo
quand ça résonne
et pas quelque chose qu’on aimerait se faire dire encore et encore ?
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Disparaître
je relis mes textes et je me surprends à m’en supprimer
enlever des je
gommer ma subjectivité
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Ça devient une torture d’être tiraillée entre l’envie de dire et celle de se mettre en boule
dans un coin
les oreilles grandes ouvertes
la bouche scellée
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I find myself pretty when i cry
Bluetiful
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comment parler aux autres ?
je ne suis qu’une écoute fine et discrète
ma voix est un
infrason
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mon petit jardin secret
j’aimerais te le lancer à la figure
pour que tu le voies
pour que tous le voient
et me regardent être
muette et triomphante
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Excaver l’intérieur
J’existe dans l’absence de mots
je n’arrive pas à me distiller
me fondre dans les lettres
offerte aux autres
pour écrire je dois fermer les yeux
faire sortir de force les mots qui sont loin
très
loin
au fond de moi
qui ne veulent pas
sortir
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Dirigeable
Je marche dans le vide et me cogne
au même mur opaque
je respire le silence humide qui m’entoure
tout le temps
j’ai l’impression d’être dans une cage, mais les cages c’est tellement cliché
ça fait rouler les yeux au ciel et jusque dans l’espace
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