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blanche-page · 6 months
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Littérature mon Amour
Soir commençant, fumées courantes sur le ciel, fiévreuse première étoile, est-ce que tout, autour de nous, n'était pas aussi grave et aussi tremblant que nous-même ? Un homme, banni des éléments qui l'avaient jadis porté, rêvait amèrement...
Amèrement, -- maintenant j'en suis sûre. Il faut du temps à l'absent pour prendre sa vraie forme en nous. Il meurt, -- il mûrit, il se fixe. "C'est donc toi ? Enfin... Je ne t'avais pas compris."
Colette, Sido, 1930.
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blanche-page · 6 months
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Littérature mon Amour
"Enchantée encore de mon rêve, je m'étonne d'avoir changé, d'avoir vieilli pendant que je rêvais... D'un pinceau ému je pourrais repeindre, sur ce visage-ci, celui d'une fraîche enfant roussie de soleil, rosie de froid, des joues élastiques achevées en un menton mince, des sourcils mobiles prompts à se plisser, une bouche dont les coins rusés démentent la courte lèvre ingénue... Hélas, ce n'est qu'un instant. Le velours adorable du pastel ressuscité s'effrite et s'envole... L'eau sombre du petit miroir retient seulement mon image qui est bien pareille, toute pareille à moi, marquée de léger coups d'ongle, finement gravée aux paupières, aux coins des lèvres, entre les sourcils têtus... Une image qui ne sourit ni ne s'attriste, et qui murmure, pour moi seule : "Il faut vieillir. Ne pleure pas, ne joins pas des doigts suppliants, ne te révolte pas : il faut vieillir. Répète-toi cette parole, non comme un cri de désespoir, mais comme le rappel d'un départ nécessaire... Regarde-toi, regarde tes paupières, tes lèvres, soulève sur tes temps les boucles de tes cheveux : déjà tu commences à t'éloigner de ta vie, ne l'oublie pas, il faut vieillir !
"Éloigne-toi lentement, lentement, sans larmes ; n'oublie rien ! Emporte ta santé, ta gaieté, ta coquetterie, le peu de bonté et de justice qui t'a rendu la vie moins amère ; n'oublie pas ! Va-t'en parée, va-t'en douce, et ne t'arrête pas le long de la route irrésistible, tu l'essaierais en vain, -- puisqu'il faut vieillir ! Suis le chemin, et ne t'y couche que pour mourir. Et quand tu t'étendras en travers du vertigineux ruban ondulé, si tu n'as pas laissé derrière toi, un à un, tes cheveux en boucles, ni tes dents une à une, ni tes membres un à un usés, si la poudre éternelle n'a pas, avant ta dernière heure, sevré tes yeux de la lumière merveilleuse, si tu as, jusqu'au bout, gardé dans ta main la main maie qui te guide, couche-toi en souriant, dors heureuse, dors privilégiée..."
Colette, Rêverie du nouvel an, 16 janvier 1909.
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blanche-page · 6 months
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Littérature mon Amour
"Nous étions sorties pour contempler la neige, la vraie neige et le vrai froid, raretés parisiennes, occasions, presque introuvables, de fin d'année... Dans mon quartier désert, nous avons couru comme trois folles, et les fortifications hospitalières, les fortifs décriées ont vu, de l'avenue des Ternes au boulevard Malesherbes, notre joie haletante de chiens lâchés. Du haut du talus, nous nous sommes penchées sur le fossé que comblait un crépuscule violâtre fouetté de tourbillons blancs ; nous avons contemplé Levallois noir piqué de feux roses, derrière un voile chenillé de mille et mille mouches blanches, vivantes, froides comme des fleurs effeuillées, fondantes sur les lèvres, sur les yeux, retenues un moment aux cils, au duvet des joues... Nous avons gratté de nos dix pattes une neige intacte, friable, qui fuyait sous notre poids avec un crissement caressant de taffetas. Loin de tous les yeux, nous avons galopé, aboyé, happé la neige au vol, goûté sa suavité de sorbet vanillé et poussiéreux..."
Colette, Rêverie de nouvel an, 16 janvier 1909.
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blanche-page · 6 months
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Enfin l'oubli
Je n’ai pas vu ton nom Sous les soleils fanés Des jours qui ne sont plus Seulement le vent et ses sirènes Poussant vers l’horizon ma toison de pensées Je n’ai pas vu tomber le soleil et ses rais Et c’est vrai, vous vous en êtes allés La nuit éclate comme un grand jour Il n’y a plus personne que l’air du soir qui souffle Emporte ma mémoire à jamais Je n’ai pas vu ton dos Entendu ton pas Ta voix Dire au-revoir pour quoi ? Je n’ai pas tu la joie Le grand soupir de soulagement comme le vent soufflant en bourrasque Je l’ai lâché comme on lâche un oiseau Il a volé comme vole un oiseau Il est parti comme partent les bleus Sur mes pensées qui ne sont plus Mes souvenirs qui en ont fini de se souvenir Le ciel était immense Je n’ai pas vu la différence Comme si tu n’avais pas été
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blanche-page · 7 months
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Poème pour M #621
Tout est de plume Et de brume de joie Chaque caresse Du bout de tes dix doigts De mon front à mes lèvres Où se pose un baiser Tu me bordes de rêves De sentiers etherés Et de velours doux effleurés De plaisir je me fonds dans ton souffle et ta flamme Mon cœur bat dans ce feu qui embrase mon âme Je t'aime et je frissonne et tu me fais l'amour Et l'amour me façonne et façonne nos jours
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photo de Tabea Edelstein
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blanche-page · 7 months
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Poème pour M #620
Tu n'es plus qu'un mirage Un songe évanescent au parfum des espoirs D'avant Tu n'es plus qu'un doux rêve Un récit que je conte Comme un baume parfois Pour apaiser mes plaies A peine un souvenir Mémoire vacillante Miroitement d'émois Passés Au soleil du présent Presque effacés Qui pourrait croire amour combien je t'ai aimé
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blanche-page · 7 months
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Médiumnité
Affûtée au tranchant de la vie Forgée, formée et transformée Je suis l’œil et la serre aiguisés Le vol rapide de l'effraie Ne m'effraie plus Tremble le voile de l'aveugle J'ouvre les portes de ma pensée possédée Dépossédée de ma parole Je parle comme parlent les ans Comme un oracle comme folle La langue leste je devine Divine voix qui m'assassine Me fait revivre Me traverse
Ah ! Tous les flots que je déverse Tous les lendemains que j'expire et fait paraître Les jours défilent sur le fil de mes présages N'ai-je pas d'âge ? En moi tous les temps se confondent.
Vieille déjà à l'aube tendre Et jeune encore de mon âme éternelle Je psalmodie à en battre des ailes Les alizés que Dieu m'inspirent portent Tous les destins les horizons latents Tous les demains que tes espoirs transportent
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blanche-page · 7 months
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Poème pour M #619
Je cherche ton visage et ton rire solaire M'apaise, c'est le chant des aubes millénaires Des retrouvailles d'or à l'or d'un ciel nouveau Parsemé d'au-revoir. Et te revoir, enfin ! Pourvu que les passés, le présent à venir, Grandissent, enflent, s'envolent dans nos cœurs fidèles Et que mus par ces ailes, drapés de ces heures, Heureux nous convolions en des noces nouvelles.
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blanche-page · 7 months
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Poème pour M #618
Je te cherche des heures J'ai ton nom sur les lèvres Au creux de mes paupières Ton visage solaire Chaque fois que je pleure L'encre de ton sourire Vient pleuvoir sur mon cœur Aveugle je délire Je trace sur ma peau Tes mots à coup de griffes Ma mémoire à vau l'eau Les rejoue comme un riff Obsessif et je crache Les formules muettes Censurées, maladroites Qui encombrent ma tête J' exhale les sanglots J'expire en un soupire Qui ressemblent à ton dos Au moment de partir Je meure le sais-tu Rejouant le trépas Ne nos inabsolus Qui ne s'arrêtent pas De durer rémanents Ma pensée carrousel Tourne inlassablement Sur nos amours mortels
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blanche-page · 1 year
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Poème pour M #617
Peu importe l'hiver Le vent qui glace essore Le cœur sous les paupières Peu importe ses eaux Sur les joues qui se glacent Tant que tes bras me serrent Peu importe l'hiver Mon âme est au printemps
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blanche-page · 1 year
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Poésie d'un instant
Cet homme en veste de tweed beige a pris sa course d'une foulée étrange.
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blanche-page · 1 year
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Repos
Et puisqu'à chaque jour Suffit sa peine, dors Tu ne sais pas encore Ce que demain t'amène
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blanche-page · 1 year
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Poème pour M #616
Le soleil, se couchant Embrase à l'horizon Le ciel qui enflammé Va consumer ce jour Ces heures d'amour dernières Nous baignent d'une nuit De velours Le temps qui passe et court Ne se rattrape pas Mais peint de feu les cieux Pour s'excuser un peu
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blanche-page · 1 year
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Névroses
Si tu savais mon cœur Ce que me soufflent mes pensées Quand la nuit vient Au dehors Au dedans Si tu savais les flots déchaînés dans l'obscure et si profonde nuit Les idées noires d'être baignées de nuit Noires comme la pluie dans mes yeux lanternes folles Noires comme les lames de fond qui balaient mes joues de leurs cataractes De leurs flots tumultueux Les muscles noués je respire à peine Je me tends et j'attends Peur Angoisse La nocturne agonie de mon corps qui supplie Au supplice de mon mental Acier bourreau Pas assez pas assez Je ne dors pas La nuit me scie l'insomnie me sied Ricil cernes noir sous mes yeux Dans mes yeux corbeaux et ciels d'orage Je ne dors pas je gis.
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blanche-page · 1 year
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Filia mea
Et si le jour chancelle Je te tiens par la main Dans tes yeux qui m'appellent Je pourfends les chagrins Toi ma fille, ma belle Aux prunelles d'airain Et d'onyx ou le ciel A versé un jardin Sous l'abri de mes ailes Je te tiens, tu me tiens Tu me tends l'éternel Je te dis ton destin Viens mon ange, ma frêle Je suis là, ne crains rien Contre mon cœur fidèle Je te fais un écrin.
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blanche-page · 1 year
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Névroses
Reste avec moi quand la nuit vient, J'ai bien trop peur pour te lâcher la main Nue sur le fil de mes déséquilibres L'espoir fragil' se dérobe soudain Je me dévide et je dérive et je m'abîme Je tourbillonne entre les abysses et la cime Reste avec moi je suis sans écorce, sans rien Reste avec moi je n'ai ni branches ni racines Ni chemin Et ma terreur n'a pas de fin Je perds la raison et avine Mon âme déjà chancelante C'est la débâcle longue et lente Je me dissous dans les embruns De cet alcool qui m'hallucine Je deviens flasque de chagrin Reste avec moi quand la nuit vient Reste avec moi et me retiens Et me devine
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blanche-page · 1 year
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L'Homme allongé
L'homme de ciel étoilé Sur le sol allongé Les yeux dans les étoiles Semble rêver Devient de rêve Vol en pensée Pense à l'envol De l'effraie et se fraie Un passage secret Jusqu'à la Lune Son sourire éthéré Parle d'éternité Et d'alanguissement Sur les ailes du temps
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